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1 • GRAINS DE SEL 45 Novembre Décembre 2016 À la suite du Grenelle de l’environnement, nous avions quelques espoirs d’être davan- tage entendus par les pouvoirs publics, voire de co-construire certaines politiques publiques avec les services de l’État ou les grandes col- lectivités. Force est de constater que notre voix n’est pas toujours prise en considération. En matière de réalisation de documents régle- mentaires, nous sommes même sciemment écartés du jeu. L’exemple de l’élaboration des PPRT en est une parfaite illustration : ces plans de prévention des risques technologiques sont définis pour l’essentiel entre les industriels à la source du risque et les services de l’État (la DREAL) et nous n’avons quasiment pas voix au chapitre, en tout cas nos préconisations ne sont jamais retenues dans les documents officiels. Le schéma est le même pour la conception des PPRL, ces plans de prévention des risques litto- raux pensés par l’État, où là encore l’avis des associations agréées pour la protection de l’en- vironnement ne semble destiné qu’au classe- ment vertical ! On ne s’étonnera pas ensuite de la façon dont ces documents sont reçus par la population : à Gravelines, une réunion d’infor - mation a failli tourner au pugilat ! Dans les campagnes non plus, nous ne sommes pas entendus. Nous dénonçons un modèle d’élevage intensif qui nuit à l’environnement, au bien-être animal et à la santé des consom- mateurs ; pourtant les autorités continuent de promouvoir cette manière de produire. À l’échelle européenne, nous avons rejoint les millions de citoyens opposés à la signature des grands marchés transatlantiques que sont les TAFTA et CETA, sans trop d’écoute de nos déci- deurs qui s’obstinent à vouloir continuer les négociations. Au sein de la Commission euro- péenne, les lobbies industriels sont davantage écoutés que les ONG. Localement aussi, il semble que nos positions restent lettre morte. En matière d’aménage- ment du territoire, les élus locaux persistent à artificialiser les terres pour des projets de centres commerciaux comme au Faubourg de Cassel, aux portes de Bergues. Côté dévelop- pement économique, notre littoral continue d’accueillir des usines retraitant des produits dangereux, sous le prétexte fallacieux d’écono- mie circulaire comme pour le projet Indachlore. À propos des importations de gaz de schiste en France, notamment par le terminal métha- nier de Dunkerque, la ministre de l’environne- ment Ségolène Royal clame partout qu’elle n’y est pas favorable et qu’elle sera vigilante sur ce sujet, ça tombe bien nous aussi ! Parlera-t-on cette fois d’une même voix ? Nicolas Fournier Difficile de se faire entendre 2 - Gravelines et ses réacteurs en suspens • 3 - Submersion marine • 4 - Canal de Furnes • 5 - Quand l’agriculture devient fête • 6 - Le Goût à l’école des ânes • 7 - Mille vaches • 8 - La maladie de Lyme • 9 - La Bistade va-t-elle encore prendre de la hauteur ? • 10 - L’intelligence collective à l’honneur avec BES • 11 - La foire aux n’importe quoi • 12 - Éolien en mer • Het Reuzekoor Rien voir, rien entendre

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1 • GRAINS DE SEL

n°45Novembre Décembre2016

À la suite du Grenelle de l’environnement, nous avions quelques espoirs d’être davan-

tage entendus par les pouvoirs publics, voire de co-construire certaines politiques publiques avec les services de l’État ou les grandes col-lectivités. Force est de constater que notre voix n’est pas toujours prise en considération.

En matière de réalisation de documents régle-mentaires, nous sommes même sciemment écartés du jeu. L’exemple de l’élaboration des PPRT en est une parfaite illustration : ces plans de prévention des risques technologiques sont définis pour l’essentiel entre les industriels à la source du risque et les services de l’État (la DREAL) et nous n’avons quasiment pas voix au chapitre, en tout cas nos préconisations ne sont jamais retenues dans les documents officiels. Le schéma est le même pour la conception des PPRL, ces plans de prévention des risques litto-raux pensés par l’État, où là encore l’avis des associations agréées pour la protection de l’en-vironnement ne semble destiné qu’au classe-ment vertical ! On ne s’étonnera pas ensuite de la façon dont ces documents sont reçus par la population : à Gravelines, une réunion d’infor-mation a failli tourner au pugilat !

Dans les campagnes non plus, nous ne sommes pas entendus. Nous dénonçons un modèle d’élevage intensif qui nuit à l’environnement, au bien-être animal et à la santé des consom-mateurs ; pourtant les autorités continuent de promouvoir cette manière de produire. À l’échelle européenne, nous avons rejoint les millions de citoyens opposés à la signature des grands marchés transatlantiques que sont les TAFTA et CETA, sans trop d’écoute de nos déci-deurs qui s’obstinent à vouloir continuer les négociations. Au sein de la Commission euro-

péenne, les lobbies industriels sont davantage écoutés que les ONG.

Localement aussi, il semble que nos positions restent lettre morte. En matière d’aménage-ment du territoire, les élus locaux persistent à artificialiser les terres pour des projets de centres commerciaux comme au Faubourg de Cassel, aux portes de Bergues. Côté dévelop-pement économique, notre littoral continue d’accueillir des usines retraitant des produits dangereux, sous le prétexte fallacieux d’écono-mie circulaire comme pour le projet Indachlore.

À propos des importations de gaz de schiste en France, notamment par le terminal métha-nier de Dunkerque, la ministre de l’environne-ment Ségolène Royal clame partout qu’elle n’y est pas favorable et qu’elle sera vigilante sur ce sujet, ça tombe bien nous aussi ! Parlera-t-on cette fois d’une même voix ?

Nicolas Fournier

Difficile de se faire entendre

2 - Gravelines et ses réacteurs en suspens • 3 - Submersion marine • 4 - Canal de Furnes • 5 - Quand l’agriculture devient fête • 6 - Le Goût à l’école des ânes • 7 - Mille vaches • 8 - La maladie de Lyme • 9 - La Bistade va-t-elle encore prendre de la hauteur ? • 10 - L’intelligence collective à l’honneur avec BES • 11 - La foire aux n’importe quoi • 12 - Éolien en mer • Het Reuzekoor

Rien voir, rien entendre

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Gravelines et ses réacteurs en suspens

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a, sans surprise, rendu son verdict : le réacteur n° 1

de la centrale nucléaire de Gravelines peut fonctionner 10 ans de plus suite à son dernier examen décennal, soit une autorisation d’ex-ploitation jusqu’à ses 40 ans ! Pourtant, au mo-ment où nous écrivons ces lignes, plus d’une centaine d’intervenants, dont des Américains et des Suédois, s’affairent avec fébrilité sur un

chantier inédit dans le monde et qui concerne ce même réacteur n° 1 ; une première mondiale sur laquelle EDF tarde à communiquer : la répa-ration définitive de la pénétration de fond de cuve que l’on savait fissurée !Il s’agit là d’une opération à haut risque, une opération de la dernière chance pourrait-on dire car, si elle échoue, la cuve et donc le réac-teur 1 seront rendus inutilisables… Technique-ment, il s’agit de poser un bouchon au fond de la cuve du réacteur, au sein du circuit primaire maintenu sous eau – radioactive – et sachant que l’opération doit être exécutée à sec. Seuls des robots sont capables d’intervenir dans ce milieu des plus hostiles, robots conçus spécia-lement pour l’occasion ! La soudure du bouchon

ne coûte pas moins de 50 millions d’euros et nécessite près de 2 mois de travail, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Beaucoup de moyens humains et financiers engagés pour sauver un réacteur déjà vieillissant ! Faut-il parler d’achar-nement thérapeutique ?Autre problème à Gravelines : la pose de nou-veaux générateurs de vapeur sur le réacteur n° 5. C’est dans ce monstre d’acier de 20 mètres de hauteur qu’est générée la vapeur qui fera tourner la turbine produisant l’électricité. Dans cette pièce maîtresse se croisent circuit primaire (eau radioactive) et circuit secondaire (eau non radioactive). Il faut donc que leur fia-bilité soit éprouvée et que des certifications d’aptitude soient délivrées par l’ASN. Or sur le réacteur n° 5, ce n’est pas le cas ! L’un des nou-veaux générateurs de vapeur aurait comme un défaut ! Impossible en l’état de l’installer, de quoi retarder le redémarrage du réacteur 5.Il y a donc aujourd’hui quelques points d’inter-rogation quant à la poursuite de l’exploitation des tranches 1 et 2, ainsi que des tranches 5 et 6 (car celles-ci sont couplées techniquement et administrativement) ; on a rarement autant été dans l’expectative à Gravelines. Par ailleurs, de nombreux générateurs de vapeur doivent être auscultés ailleurs en France pour les mêmes rai-sons : un taux de carbone trop important dans leur acier ! C’est en partie à cause de ces exa-mens imprévus que 21 réacteurs sur les 58 du parc électronucléaire français ont été mis à l’ar-rêt. Pourtant nous avons toujours du courant, ce qui montre bien le surdimensionnement de nos capacités de production. Il est donc largement possible de mettre à l’arrêt définitif quelques-uns de nos plus anciens réacteurs et de réaliser enfin la transition énergétique.

N.F.

Gaz à retardement...Sa mise en service était fixée à la mi-2015. Après des essais à rallonge ponctués par un sérieux incident, aux dernières nouvelles le terminal méthanier de Loon-Plage devrait en-trer dans sa phase productive à la fin de cette année. C’est-à-dire un an et demi après ce qui était prévu. Ce retard à l’allumage a peut-être aussi pour cause, qui sait ? le fait que le mar-ché du gaz est particulièrement déprimé. Un article récent du journal Le Monde du 4 sep-tembre dernier notait que pétrole et charbon étant relativement bon marché, le gaz natu-rel liquéfié (GNL) se vendait mal et que « les terminaux de regazéification (ne sont) utilisés qu’au quart de leur capacité en Europe. » EDF n’a déjà pas de chance avec ses EPR, pourvu qu’il ne soit pas de même avec son terminal.

Xavier Bertrand frondeurLe président de la région Hauts-de-France s’est fendu, le 16 juin der-nier, d’un courrier aux représentants du monde économique dans lequel il invite ses interlocuteurs à se mobiliser et « à lui trans-mettre la liste des procédures qui ajoutent concrètement des délais trop lourds aux projets d’extension ou d’implantation d’activités. » Et de préciser : « l’objectif est simple : pouvoir déroger, dans le cadre prévu par la loi, aux réglementations trop contraignantes qui pèsent sur les entreprises, notamment en matière d’urbanisme, d’environ-nement. »

Elle était quand même chouette, n’est-ce pas M. Bertrand, l’époque où les “entrepreneurs” pouvaient polluer, mettre en danger leurs sa-lariés et les populations environnantes sans la moindre contrainte. L’âge d’or du libéralisme en somme dans le cadre prévu par la loi ! Qu’en pensent la Dreal, l’ASN et autres qui œuvrent pour que santé et sécurité passent avant rentabilité ?

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3 • GRAINS DE SEL

Submersion marine

avis de grand chaud dans les décennies futuresEn 2016 Dunkerque, la septentrionale, a

connu l’année la plus chaude depuis 1880. En cause, explique le professeur Amara de l’Université du Littoral (ULCO), le changement climatique qui, la chaleur aidant, a notamment pour effet d’accélérer le processus en cours d’élévation du niveau des mers. Et le scienti-fique d’ajouter que si l’humanité ne met pas un frein au réchauffement, on pourrait connaître à terme dans le nord un climat identique à celui observé dans le sud du pays. De beaux jours en perspective pour le vignoble d’Hondschoote !Vous en doutez ? Participez donc à une partie de pêche en Mer du Nord et vous constaterez que des espèces hantant les mers chaudes commencent à remonter jusque chez nous. Et ce n’est pas seulement à cause des rejets d’eau chaude de la centrale nucléaire de Gravelines ! Le métabolisme des organismes marins, leur ectotherme, indique M. Amara, explique que, puisque les océans se réchauffent, on assiste à une modification sensible de la répartition géo-graphique des espèces qui les habitent.Fermons la parenthèse. On ne saurait en effet imputer à la seule montée des eaux, imper-ceptible d’ailleurs, le risque de submersion marine. Celui-ci peut être amplifié par les dé-règlements climatiques, les tempêtes, les tor-nades, comme celles que le littoral a connues en 1949 et en 1953. Elles surviennent dans le monde beaucoup plus fréquemment que par le passé. Il ne se passe plus de mois en effet sans qu’une catastrophe, accompagnée souvent d’inondations, survienne ici ou là sur la planète (Haïti, sud des États-Unis, Bangladesh, etc.) Le

dérèglement climatique, générateur d’effets collatéraux dommageables, n’est pas une lubie de scientifiques. C’est une réalité qui, si on n’y prend garde peut nous mettre à l’épreuve, nous qui partageons avec les Belges et des Néerlan-dais un vaste polder arraché à la mer.

Coup de semonce en Vendée

Pour le professeur Héquette, qui enseigne dans le même établissement universitaire, la hausse du niveau de la mer, facteur d’érosion des côtes, n’est pas la même partout. Des secteurs perdent du sable, d’autres en gagnent. Ainsi le trait de côte évolue dangereusement non loin de chez nous, par exemple dans la baie de Wissant où le rivage a reculé de 150 m. Plus près encore, les dunes d’Oye-Plage ont été sévèrement grigno-tées avant de se stabiliser à nouveau suite à des travaux dits de défense de côte.Pour lui il faut rehausser les digues, qui pro-tègent surtout le bâti à l’arrière des plages, quand celui-ci est menacé. Quant au recharge-ment en sable des plages, comme on le connaît à Dunkerque, il donne d’excellents résultats à condition de le renouveler périodiquement.Moralité : la question de la submersion marine est loin d’être anodine. Or, a constaté Nicolas Verlynde, doctorant à l’ULCO, le public ne s’est pas encore vraiment soucié du problème. Ce devait être aussi le cas à La Faute-sur-mer en Vendée où une nuit de février 2010, 29 per-sonnes périrent noyées lors du passage de la tempête Xynthia.

Jean Sename

Aux Pays Bas, on com-mence à aménager des maisons flottantes.

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GRAINS DE SEL • 4

Un Canal de Furnes à risques ?

Plan de Prévention des Risques LittorauxEnquête publique du 18 octobre au lundi 21 novembre 2016

Le projet vise à réduire le risque “inondation” en Flandres belge et française, suite à une

augmentation très sensible des débits, par la réalisation des infrastructures suivantes :• stations de pompage en Flandre ;• vanne sur le site des Quatre Écluses à Dun-

kerque permettant un transfert d’eau douce jusqu’à 2,5 m3/s.

Le projet côté français est en cours d’instruction administrative pour des travaux prévus en 2017.

La Commission Permanente du SAGE du Delta de l’Aa a émis un avis favorable accompagné des remarques suivantes :• élaborer un protocole évolutif des gestions

des eaux en y intégrant tous les acteurs : les membres de la Commission insistent sur le fait qu’un protocole mettant à jour les conventions bilatérales existantes doit être signé avant les travaux ;

• les conditions de fonctionnement des diffé-rents ouvrages doivent être définies en fla-mand et français ;

• surveiller la qualité des eaux qui seront pom-pées temporairement en Belgique pour ne

pas détériorer l’état sanitaire des eaux de baignade du Dunkerquois.

Pour quelle raison l’Adelfa se mobilise ?

La particularité des habitants de Rosendael vi-vant à proximité du canal de Furnes est de se trouver dans une zone très basse.En effet, la cartographie des zones exposées aux submersions marines, présentée par les services de la Préfecture du Nord indique des zones particulièrement basses sur le secteur de Rosendael bordant le canal de Furnes.C’est d’ailleurs à peu près sur ces mêmes zones que lors des derniers épisodes pluvieux d’octobre à décembre 2012, a pu être consta-tée une remontée significative de la nappe phréatique dans les caves des habitations du quartier, nécessitant des pompages par les par-ticuliers.Il faut savoir que le niveau de cette nappe est lié au niveau du canal et que son abaissement ne peut être effectif qu’avec un niveau normal du canal de Furnes (niveau de navigation).Envisager un apport d’eau supplémentaire dans le canal de Furnes coté français avec le risque de rendre plus difficile un “écrêtement” gravitaire de la nappe n’est pas acceptable sans garantie de non-aggravation de la situation.L’ADELFA estime que le secteur français ne doit pas avoir à supporter les conséquences des imperméabilisations, voire des méthodes de culture intensive constatées en Belgique.La situation de Rosendael est un peu compa-rable au secteur de la Citadelle où le port se doit de limiter le niveau des bassins à flot à (+ 5,70 Côte marine Dunkerque) pour ne pas inonder les sous-sols des habitations et com-merces.

Michel Mariette

Vue l’importance que représente pour tous les habitants de ces trois communes, l’enjeu de

ce plan de prévention contre le risque de submer-sion marine, nous invitons les habitants et les membres des associations qui les représentent à venir consulter dans une des trois mairies le dossier d’enquête publique correspondant.L’ADELFA participera à cette enquête considé-rant que notre territoire est doublement me-nacé par le risque nucléaire, le risque SEVESO seuil haut d’une part et le risque submersion susceptible d’être aggravé simultanément par

des crues venant de l’intérieur d’autre part. En 1949 et 1953, dates des derniers phénomènes de submersion servant de référence, il n’y avait ni port industriel avec sites SEVESO s ni cen-trale nucléaire.Sans être pessimiste, nous devons habitants et associations prendre notre part de responsabi-lité dans l’élaboration finale de ce projet en es-sayant d’influer quant aux choix des mesures de protection à mettre en place avec à la clé, les incidences financières qui en découleront.

M.M.

Écluse de Furnes

Canal de Furnes

Canal exutoire

Futur ouvrage

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5 • GRAINS DE SEL

Quand l’agriculture devient fêteDifficile de ne pas faire le rapprochement

entre “la Fête Paysanne”, organisée en septembre sur les rives du lac du Puythouck à Grande-Synthe et la dérive d’un éleveur de Pi-tgam décidé d’implanter un poulailler géant de quelque 92 000 poulets qui, par rotation tous les deux mois environ, atteindront sur une an-née le chiffre abracadabrantesque de 500 000 poulets transitant par la petite commune fière, paraît-il, de son patrimoine !On a déjà dénoncé dans ces colonnes d’autres apprentis sorciers établis en Flandre, mais force est de constater que ce village devenu de surcroît un important carrefour gazier par la grâce du terminal méthanier de Loon-Plage, est en passe d’être encore plus défiguré par ce nouvel avatar de l’élevage industriel.En l’occurrence il s’agit d’un élevage dit “d’in-tégration”, ce qui signifie en clair que l’on y aura affaire à des poussins belges qui, une fois engraissés, retourneront au pays natal pour se faire estourbir et commercialiser. Au bout du compte, fructueux pour l’engraisseur français et les commanditaires belges, pas d’emplois créés localement, la malbouffe assurée et surtout des tonnes de fientes qu’il s’agira de disperser dans la nature. Pas en Belgique bien sûr, mais dans notre terroir où les eaux notoi-rement polluées par les nitrates doivent être assainies aux frais de la collectivité !

Une image d’avenir

C’est évidemment une tout autre image, enga-gée, responsable, moins mercantile, une image d’avenir en somme qu’a offerte “la Fête Pay-sanne”. Celle d’une agriculture à l’échelle hu-

maine, ayant opté pour une production de qualité et non de quantité, offrant aux consommateurs des légumes et des fruits sans pesticides, de la viande sans intrants toxiques, où l’on privilé-gie la haute valeur ajoutée plutôt que le bas de gamme. Managée notamment par la Confédéra-tion paysanne, cette “première” qui a réuni beau-coup de visiteurs a été marquée par un temps de réflexion et d’échanges passionnant. En furent les acteurs : Hervé Kempf, ancien journaliste au Monde et président de Reporterre, François Lé-ger, ingénieur agronome, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération Paysanne et Damien Carème, maire de la ville.On en retiendra quelques phrases chocs : « on a changé de métier. On n’est plus là pour nourrir, on est là pour produire. Les primes offertes au monde agricole vont à la quantité et non à la qualité. » (Laurent Pinatel). Et encore : « il faut changer de modèle, ce que nous nous efforçons de faire à notre niveau à Grande-Synthe avec les jardins partagés, le bio à 100 % dans les cantines scolaires, la ferme urbaine, en plan-tant des arbres fruitiers plutôt que simplement décoratifs… Car, comme l’affirmait Pierre Rha-bi : montrer l’exemple, ce n’est pas une manière parmi d’autres de convaincre, c’est la seule. » (Damien Carème).“La Fête Paysanne” sera rééditée en 2018.

J.S.

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Dans la série (Re) Vivre à la campagne, après l’épisode consacré à l’odorat, je vous propose de découvrir un troisième sens pour goûter à la vie, en ce mois d’octobre paradis pour les cueillettes automnales…

« Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles » À la ferme des ânes on teste, on essaye, bref, on goûte aux multiples saveurs de la vie ter-restre : sucré, salé, amer ou acide, tout est ques-tion de goût :Notre prédilection pour le goût des mots : la poésie, l’art, l’expression, pour exis-ter, pour nous forger un chemin vers les autres.

Le goût des autres : en bonne compagnie les paroles se savourent souvent avec délectation et gourmandise, mais avec les détracteurs de mauvaise foi elles peuvent dégoûter et même vous faire vomir… bêerk !

Le goût de la terre : il est rare de nos jours de voir un jardinier tester d’un bout de langue la terre du jardin et pourtant… C’est bien de là que vient notre nourriture… Personnellement je ne testerai pas la terre du voisin.Le morceau de pain tendu à celui qui a faim ou en signe de bienvenue, c’est un message à goûts multiples : fraternité, solidarité ce de-vrait être au goût du jour.

Un “Goûter partagé avec les lombrics” : Où va ce qui ne reste pas dans nos estomacs ? Question pour grands et petits que l’on pose à l’école des ânes…

Avez-vous déjà goûté la saveur de votre peau après un bain de mer ou une balade sur la jetée arrosée par les embruns ? C’est le sel de la vie.Et à L’automne !

Goûter le jardin : mangez l’herbe et les écorces, mâchonnez les brindilles ! C’est la fête des papilles et des papillons : un régal de fram-boises, de pommes et de poires, mais aussi la valse des légumes… et de champignons… étranges êtres.

Et le goût de la viande… a-t-elle souffert avant de s’offrir dans nos assiettes ? Qu’a-t-elle mangé elle-même avant de nous nourrir ? A-t-elle vécu heureuse dans de verts pâturages ?

(Re)-vivre à la campagne

Le Goût à l’école des ânes

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7 • GRAINS DE SEL

Et le goût de vos lèvres gorgées de soleil, ou inondée de pluie la mèche longue de vos che-veux ?N’avez-vous jamais renversé la tête et ouvert la bouche pour goûter l’averse ?goûtés aux grandes bolées de vent qui coupent le souffle et gonflent les manteaux ?

Vous ne connaissez pas ce que vous apprêtez à manger ou boire ? Abstenez-vous alors, mieux vaut jeûner que de s’empoisonner, c’est cela aus-si que l’on tente d’apprendre à l’école des ânes !

Anne Delcorde, La Ferme des Ânes

Mille vaches : la lutte continueLe 11 septembre 2016 se déroulait la troisième

fête des anti-mille vaches et de l’élevage industriel en général à Drucat - Le Plessiel. L’Adelfa était présente en soutien à l’associa-tion Novissen créée en 2011 pour s’opposer à la plus grande ferme-usine de France près d’Abbeville.

Dans un premier temps, un cortège parti de la salle polyvalente de Drucat s’est rendu aux portes de la ferme des mille vaches où en guise de symbole de cette lutte, une stèle “mobile” a été inaugurée en face des portes de la “ferme” où chacun a pu y accrocher ses revendications, tout ça bien sûr sous l’œil vigilant des services d’ordre qui protègent un projet privé et hors la loi… De retour aux abords de la salle poly-valente, plusieurs interventions se sont tenues dont une conférence animée par Fabrice Nico-lino sur le thème : “l’agriculture industrielle, comment s’en sortir ?”.

Mais combien y a-t-il de vaches actuellement sur le site ? difficile à dire… L’exploitation bo-vine de Drucat - Le Plessiel était initialement conçue pour mille bêtes et 750 génisses. Sa

capacité autorisée avait été ramenée à 500 en février 2013 par la préfecture, mais fin de juil-let 2015, elle en comptait 794… depuis on ne sait plus très bien !

Aux dernières (et bonnes ?) nouvelles, Ségo-lène Royal a envoyé un courrier à la Préfecture signalant que la procédure actuelle du projet de “mise en conformité” d’un regroupement de cheptels (de 500 à 880 vaches laitières) n’est pas conforme et qu’un nouveau dossier avec une nouvelle étude d’impact doit être déposé.Pour le moment le méthaniseur associé au pro-jet pour “transformer” la bouse en électricité n’est pas opérationnel : L’ensemble des rejets est épandu sur les terres avoisinantes.

Ce projet nous montre clairement le passage en force des grands producteurs de l’agroali-mentaire qui n’attendent pas les autorisations pour agir et par là même détruire une agricul-ture que nous voulons respectueuses de l’envi-ronnement, des bêtes et bien sûr des hommes qui s’en nourrissent… Mangeons moins mais mangeons bon !

Jacky Bricout

le mauvais goût

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GRAINS DE SEL • 8

La maladie de LymeLa maladie de Lyme est une maladie infectieuse

transmise par les tiques. Elle est de plus en plus fréquente, mal appréhendée, et jusqu’ici peu prise en compte par les scientifiques et les pouvoirs publics mais, enfin, un “Plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les autres maladies transmises par les tiques” vient d’être présenté de 29 septembre 2016. Mieux connue, elle sera mieux reconnue, et reconnue tôt elle guérit facilement. Après c’est beaucoup plus compliqué.

Les tiques qui mesurent de 4 à 6 mm à jeun, vivent dans des endroits fermés (habitats d’animaux) ou à l’air libre, toujours à proximité du sol, dans des endroits sombres et humides, sur des herbes folles où elles attendent leurs proies. Elles sont disséminées. Il y en a dans toutes les régions. Il semble qu’elles soient plus actives au printemps et en début d’au-tomne. Les raisons de leur prolifération ne sont pas connues exactement.

Elles s’accrochent sur leur proie, choisissent un endroit propice et enfoncent leur rostre dans la peau et suce le sang ; c’est indolore car il y a un anesthésiant dans leur salive. Plus elles restent longtemps plus il y a de chance de transmettre les bactéries, virus et autres parasites qu’elles hébergent. 25 % environ des tiques sont infec-tées par la bactérie de la maladie de Lyme ap-pelée Borrélia. Il en existe de nombreuses es-pèces. Si on ne parle que de Borrélia, elle peut aller absolument partout dans l’organisme, et peut passer inaperçue. Les tests de dépistage sanguin ne sont pas toujours très performants. Les tiques peuvent aussi transmettre d’autres bactéries plus ou moins proches des Borrélias, des virus voire des parasites.

La maladie de Lyme classiquement se déroule en trois stades

Le premier est celui qu’il faut repérer. Dans le mois qui suit la piqûre, dans 50 à 80 % des cas de transmission, apparaissent au niveau de la piqûre une rougeur et un anneau rouge à distance de la piqûre et qui a tendance à s’en éloigner. C’est l’érythème migrant qui doit conduire à consulter. En même temps on peut trouver des ganglions à la racine du membre. S’installent aussi éventuellement fatigue, fièvre, courbatures, maux de tête. Si un traitement antibiotique long est prescrit à ce moment, le malade a toutes les chances de guérir. Mais parfois ces manifestations n’existent pas. C’est donc seulement le repérage de la morsure qui peut conduire au diagnostic.

Le deuxième stade et le troisième stade témoignent de la dissémination de l’in-fection. Apparaissent quelques semaines à quelques mois après la morsure essentielle-ment des atteintes neurologiques et articu-laires mais aussi cutanées et cardiaques qui s’aggraveront sans traitement.

Donc la prévention et le dépistage précoces sont importants

Lors de vos promenades en forêt ou en zone rurale, portez des vêtements qui couvrent bras et jambes serrent les poignets et les chevilles de préférence de couleur claire pour repérer les tiques. Mettez des chaussures claires. L’efficacité des répulsifs n’est pas démontrée. Après ces promenades, pensez à inspecter tout votre corps

© Centers for Disease Control/ James Gathany

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9 • GRAINS DE SEL

La maladie de Lyme

Le centre de stockage et d’enfouissement de déchets de La Bistade, géré désormais aux

confins du Nord et du Pas-de-Calais (1) par Opale-Environnement, avait suscité bien des oppositions lors de sa création dans les années 1980. Le projet de désenfouir des déchets vieux de 30 ans et de porter la hauteur du tumulus de 17,50 à 32 m. est en train de faire renaître la polémique. Nous donnons la parole à ce pro-pos à Thierry Lurson, président de l’association “La Bistade Environnement”, qui représente l’Adelfa au sein du Comité de Suivi de Site (CSS) instauré réglementairement au sein de cette entreprise.

Lors de la dernière réunion du CSS du 7 juin 2016, la société Opale-Environnement a pré-senté son projet du site d’enfouissement à la Bistade jusqu’en 2032.Des 17,50 mètres décidés par arrêté préfecto-ral jusqu’en 2020, le seul et UNIQUE projet de la société passe à une hauteur de 32 mètres. Au Conseil de la Communauté de Communes du 6 juillet, le problème a été abordé et il est apparu que pour certains l’argent est devenu le vecteur principal d’une déshumanisation.Nous nous retrouvons devant l’archétype de ce qui a provoqué tant de problèmes et de souf-frances pour lesquels la justice a rendu un ver-dict favorable aux riverains, en élargissant le périmètre des nuisances jusqu’à 200 mètres des habitations.L’un des préfets, parmi ceux qui se sont succé-dé, avait dénoncé l’ineptie de cette activité pol-luante sur ce lieu. Nous sommes en zone rurale

et il serait temps de lui rendre son identité.Les habitants de Sainte-Marie-Kerque n’étaient pas demandeurs de l’implantation de cette activité polluante, elle nous a été imposée. Rappelons que la société Opale Environnement est enclavée dans une zone humide où les infrastructures routières sont peu adaptées, sans possibilité d’accéder à du foncier, à 1,20 mètre sous le niveau de la mer et en bordure de la rivière l’Aa. Quant aux 32 mètres annoncés, l’appréciation des hauteurs dans l’espace est tout à fait subjec-tive, notamment pour les riverains qui ont la décharge à la limite de leurs jardins. À chaque CSS, nous n’avons eu de cesse de demander que soit associé à d’éventuels projets de dé-veloppement celui d’une délocalisation du site. Nous n’avons jamais été entendus. Dans les perspectives annoncées par ce nouveau projet, il est dit : “pas de risques identifiés”. À chacun de mesurer la valeur de ce propos, surtout quand on évoque le mot “excavation”. Pour tous les habitants de notre village, nous aurions pu espérer une autre perspective de vue et de vie que cette verrue malodorante en plein milieu d’un hameau.

Thierry Lurson

1) Le centre de déchets est situé sur le territoire de Sainte-Marie-Kerque (Pas-de-Calais) en face de Saint-Pierrebrouck (Nord)

pour trouver les tiques, y compris au niveau des aisselles, des plis du genou, des organes géni-taux et du cuir chevelu. Idem pour les enfants.

Si vous constatez la présence de tiques, n’appli-quez aucun produit d’emblée, mais retirer les tiques en utilisant un tire tiques (pharmacie) ou une fine pince à épiler en agrippant l’insecte au plus près de la peau et en tirant doucement mais fermement avec un léger mouvement cir-culaire. SI le rostre reste en place ne vous in-quiétez pas. Désinfecter après le retrait. Il peut apparaître une rougeur dans les 24 heures Ce n’est pas grave. Par contre si de 3 à 30 jours après, au niveau de la morsure vous voyez apparaître une plaque rouge, consultez votre médecin. C’est un signe de la maladie. Sous an-

tibiotique elle guérira sans problème à ce stade. Certaines personnes (femmes enceintes, enfant de moins de 8 ans, immuno déprimées ou per-sonne mordue à plusieurs endroits ou depuis plus de 36 heures) doivent aussi consulter.

Pour aller plus loin : Lyme sans frontière, France Lyme, LYM’PACT et Plan de lutte contre la mala-die de Lyme et autres maladies transmises par les tiques.

Le Groupe Environnement Santé de Flandre demande la présence de pan-neaux explicatifs à l’entrée des chemins de promenade et de randonnée, en forêt ou en pleine nature.

Eveline Lelieur

La Bistade va-t-elle encore prendre de la hauteur ?

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GRAINS DE SEL • 10

BES ? Entendez “Bâtisseurs d’Économie Solidaire”, un club citoyen pour la troisième

révolution industrielle, implanté sous forme d’éco-zone pilote sur une friche proche de l’usine Lesieur à Coudekerque-Branche.Ses promoteurs avaient convié, le 24 sep-tembre, la population à un rendez-vous “ci-toyens et solidarités”, histoire de voir comment le site naguère en perdition renaît autour d’un objectif de revitalisation engagé, responsable, solidaire.La grande foule ne s’est pas déplacée pour l’occasion. Dommage, car indépendamment de l’intérêt que présente désormais cette éco-zone, elle aurait entendu un discours chaleu-reux et humaniste du président Louis Mon-teyne, ainsi que les témoignages probants de porte-parole d’initiatives comparables.Le président a donc rappelé que (je cite) « c’est un endroit où la parole est libre, sans hié-rarchie ni relation de subordination, où l’on traite d’égal à égal, forts de nos différences, avec la co-consruction comme mode d’élabora-tion. L’objectif est autant de favoriser la partici-pation citoyenne que d’aboutir à des actions en faveur de l’environnement dans une démarche altruiste. »

Comment cela se traduit-il sur le terrain ?

Sous le hangar, l’autre BES “Bois environne-ment Services” exposait le savoir-faire de ses salariés : bois de chauffage, de construction de cabanes, chalets et équipements de jardin, de compostage mobilier urbain, etc., bref la mise en œuvre diversifiée des filières bois et bois-énergie.Sur le vaste terrain, avec les panneaux photo-voltaïques, l’éolienne, la pompe à chaleur, le chauffe-eau solaire, le centre de ressources, on rentrait de plain-pied dans la recherche appli-

quée aux énergies renouvelables. Pas éton-nant dès lors que le lieu soit fréquenté par des étudiants de l’ULCO qui bénéficient ainsi d’un complément de formation sur le terrain.S’y ajoutent des actions de boisement sur le terrain auxquelles contribuent les écoliers coudekerquois.Le 24 septembre, BES avait invité à s’exprimer tout ce que l’on compte ou presque régiona-lement d’entrepreneurs solidaires : Scop, Ener-coop, Soleil du Nord, la Fabrique Verte, CPIE, de Troquet en Troquet, Coudekerque-Entre-prendre, etc. Un large mouvement qui prend racine.Comme le soulignait Louis Monteyne : « par-tout se mettent en place d’autres modes de fonctionnement où l’on redonne du sens aux circuits courts, à la sobriété énergétique, à l’économie circulaire, des lieux où les mots convivialité, bio, éducation, préoccupation so-ciale, préservation des ressources, transition énergétique, réchauffement climatique ne sont pas considérés comme des gros mots. »

J.S.

L’intelligence collective à l’honneur avec BES

photo Xavier Vilain

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11 • GRAINS DE SEL

La foire aux n’importe quoiIndaver ne rime pas avec circulaire

Qui ne serait pas favorable à l’économie dite circulaire, lorsqu’il s’agit d’utiliser les résidus produits par une entreprise pour en faire la matière première d’une usine voisine ? Sur le papier c’est une démarche intelligente et ver-tueuse, positive pour l’environnement.Le problème toutefois est que des intrus s’en-gagent dans le processus au prix de pratiques contestables. Ainsi, à en croire la presse mu-nicipale (1), en est-il du groupe Indaver qui, ayant pour projet d’implanter à Loon-Plage une usine récupérant des déchets réutilisables serait, excusez du peu, “l’apôtre de l’économie circulaire”.Pourquoi ? Certes le projet vise au bout de la chaîne à la transformation de 40 000 tonnes de résidus chlorés en 130 000 tonnes d’acide chlorhydrique utilisables par l’usine voisine Ecophos. Cerises sur le gâteau : la vapeur pro-duite lors de cette transformation serait ache-minée chez Ryssen, tandis qu’Indachlore, nom de baptême de l’entreprise, créerait 20 em-plois. Impec !Où le bât blesse, c’est que la firme, moins di-serte sur la question, irait chercher par trains et camions ses 40 000 tonnes de résidus ex-clusivement à l’étranger. Pays cités : Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande, etc., qui bien sûr se situent à large distance de Loon-Plage, l’hospitalière. D’où évidemment une circulation à tout va, pas circulaire du tout, génératrice de pollutions, de gaspillage éner-gétique et accidentogène. Rien d’écologique assurément…L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions. Ne voilà-t-il pas en effet qui accentuerait en-core un peu plus l’image altérée de notre litto-ral, déjà “champion toutes catégories du traite-ment des déchets dangereux”.

Énergies non-renouvelables en berne

Voilà qui devrait faire réfléchir, si cela leur est encore possible, les chantres du nucléaire à gogo. Gravelines, dont la direction veut pous-ser les feux jusqu’à 60 ans, connaît actuel-lement des problèmes structurels au point que, courant octobre, il n’y avait plus que 2 réacteurs en activité sur 6 ! Because : une visite décennale et un rechargement de combustible normalisés pour deux d’entre eux. Par contre, les deux derniers accusaient de graves défauts, à savoir une fissuration sur un tube, appelé pé-nétration de fond de cuve, sur le réacteur n° 1, une anomalie de fabrication (excès de carbone dans l’acier) sur un générateur de vapeur (GV) à placer dans le réacteur n° 5. Ce qui vient d’ail-

leurs de faire l’objet de la part de l’Autorité de Sûreté Nucléaire d’un signalement à la Justice.On se situe dans les deux cas en zone hyper-ra-dioactive fragilisant les équipements. Le bou-chage du tube fuyard sur le n° 1 nécessitant la mise en œuvre de robots et devant coûter au bas mot 50 millions d’euros sans même que les opérateurs soient sûrs du résultat ; quant au GV déficient, comme d’autres le sont sur une vingtaine de réacteurs en France, est inuti-lisable en l’état.Chaque industrie s’interroge un jour sur le vieil-lissement de ses installations. Chez EDF c’est plutôt le déni et la rentabilité qui prévalent.

Ne pas confondre odorisation et autorisation

En campagne, des galettes de station d’épura-tion, aux pulvérisations “préventives” de l’au-tomne… Voilà un cocktail bien fourni d’odeurs nauséabondes… La seule chose qui devrait être odorisée en est bien le gaz (de schiste ?) qui cir-cule dans le gazoduc des “Hauts de France-2” ?Pour rappel le gazoduc “Hauts de France-2” représente un risque plus important pour 4 communes entre Le Clipon et Pitgam, sur ce tronçon GRT/Gaz a souhaité que le gaz trans-porté ne soit pas odorisé pour des raisons de compatibilité avec nos voisins belges.Ce n’est pas un problème pour GRT/Gaz qui in-siste sur le fait que les canalisations sont équi-pées (au dessus) d’un filet de protection, voire d’un grillage renforcé et que vu l’épaisseur de l’acier, une pelle hydraulique ne pourrait pas créer de brèche dans les canalisations.

Le 30 juillet 2004 dans la commune de Ghis-lenghien à proximité de Ath en Belgique lors de travaux de terrassement sur une zone d’ac-tivité, une pelle a perforé une installation du même type transportant du gaz non odorisé : bilan 24 morts et 132 blessés…

Disons que GRT Gaz a entendu les remarques des associations de défense de l’environne-ment en apposant un bel autocollant sur les jalons du gazoduc.Nous proposons d’utiliser cette nouvelle ap-proche de la sécurité industrielle en apposant ce type d’autocollant sur tous les sites à risques de notre beau pays du dunkerquois.

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Éolien en mer : l’avis du GON Flandre maritime

Les 40 ans d’Het Reuzekoor

Bien que favorable de ma-nière générale au dévelop-

pement des énergies renou-velables, le choix de la zone susceptible d’accueillir un parc éolien en mer au large de Dunkerque est incompa-tible avec la stratégie euro-péenne en faveur de la biodi-versité à plusieurs titres.

En effet cette zone est située au cœur du site Natura 2000 en mer, les bancs des Flandres. Le périmètre de ce site Natura 2000 a été défini dans le cadre de la Directive oiseaux en raison de son importance majeure au niveau européen pour la migration postnuptiale et prénuptiale. Chaque année, des centaines de milliers d’oi-seaux y transitent ou y passent la mauvaise saison. Étant donné la proximité avec le détroit du Pas-de-Calais, deux voies migratoires s’y croisent, l’axe côtier nord-est / sud-ouest, pri-mordial pour les anatidés, les plongeons, les grèbes et certains laridés, et l’axe pélagique im-portant pour les alcidés, les labbes, le pétrel ful-mar, la mouette tridactyle et l’océanite culblanc. C’est également une zone de nourrissage pour au moins 4 espèces patrimoniales, 3 espèces de

sternes et le grand cormoran. 25 espèces d’oi-seaux ont justifié la désignation de la ZPS Bancs des Flandres au titre de la Directive oiseaux.La proximité du parc éolien, entre 5 et 17 km des côtes, présenterait un risque de collision trop important en regards de la conservation de ces espèces déjà fragilisées par d’autres facteurs.La présence du marsouin commun, du phoque gris et du phoque veau marin a justifié la dési-gnation de la SIC Bancs des Flandres au titre de la Directive habitat faune-flore, mais au total 14 espèces de mammifères marins ont été re-censées dans cette zone. L’installation du parc éolien, puis son exploitation pourraient engen-drer des perturbations (vibrations, ondes para-sites) susceptibles d’entraîner des échouages.Les parcs éoliens offshores belges, néerlandais et allemands sont bien plus éloignés des côtes. Les plus proches de Dunkerque, au large de Zeebrugge sont à 28 et 46 km des côtes.Les études préliminaires réalisées par la Ligue ornithologique hollandaise ont montré que pour limiter l’impact des projets éoliens sur la faune, une distance de 22 km était nécessaire.

http://www.belwind.eu/fr/flore-et-faune/Thierry Ryckelynck

40 ans ! Un âge respectable. C’est le cap que vient de franchir Het Reuzekoor, une asso-

ciation patrimoniale membre de l’Adelfa qui a porté très haut le renom du chant et de la musique traditionnelle flamande sur le littoral dunkerquois. On ne compte plus les concerts donnés par ces choristes qui ont entretenu la flamme, obtenu nombre de distinctions dont en 1986 un Grand Prix de l’Académie Charles Cros en catégorie Patrimoine.

Leurs retrouvailles amicales entre membres an-ciens, présents et nouveaux s’est effectuée à l’Hô-tel de Ville de Rosendaël un soir d’octobre où pen-dant plusieurs heures, l’association dunkerquoise entourée de nombre de groupes d’instrumentistes musiciens, chanteurs, interprètes du folklore régio-nal et local a fait revivre des pièces, des arrange-ments empruntés à Edmond De Coussemaker, Marieke, André Devynck, etc. Pour tous, le plaisir, la joie de renouer avec le meilleur de nos racines.

Directeur de la publication : Nicolas Fournier

Réalisation : François Vandenbunderimprimé sur papier recyclé

Le prix de l’abonnement : 5 €

ISSN 1293-5484

Maison de l’Environnement106, avenue du Casino 59240 DunkerqueTél. 03 28 20 30 40

www.adelfa.org

L’ADELFA bénéficie du concours de la ville de Dunkerque, de la Communauté Urbaine de Dunkerque

© Johan Buckens

photo Jean-Paul Couche