2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

download 2016-04-25  Texte français - version finale.pdf

of 40

Transcript of 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    1/40

    1

    Recherches archéologiques récentesdans les grottes et sites de plein air de l’Holocène Ancien et

    Moyen du Nord du Maroc(1) (2)

    Jörg LinstädterUniversity zu Köln

    Introduction

    Les rapports entre les processus de néolithisation du Portugalet de l’Afrique du nordsont de plus en plus évidents. D’un point de vue générale, les deux régions s’intègrent dansl’expansion du mode de vie néolithique, d’orient vers l’occident, expansion intervenant au VI e millénairecal BC ( Zilhão, 2001 ; Manen et al., 2007). A l’époque prénéolithique, les deux régionsétaient peuplées de chasseurs-cueilleurs dont la connaissance, aussi bien des répartitionsspatio-temporelles, que des autres aspects archéologiques, a connu un essor remarquabledurant la dernière décennie. Son impact sur la formation du néolithique demeure un sujet àcontroverse. Au Portugal, un déclin de la population mésolithique, malgré la permanence dequelques groupes parait probable, par exemple à Muge, déjà pendant le néolithique (Carvalho,en cours d’édition ). La connaissance de ce processus du côté africain est encore limitée, mais dessites comme Hassi Ounezga, dans la région orientale du Maroc, attestent d’une permanencedes sociétés épipaléolithiques avec de successives adoptions d’inn ovations néolithiques( Linstädter, 2008 ). Une deuxième caractéristique commune est la façon dont des groupes

    pleinement néolithiques s’installèrent dans les régions considérées. Dans chaque cas,émergent deux enclaves néolithiques vers le milieu du VIe millénairecal BC : en Algarveoccidental, au centre de l’Estremadure portugaise, dans la Péninsule Tingitane, et sur lelittoral du Rif oriental, au Maroc. Bien que le système économique néolithique s’élargisse auxrégions adjacentes au Ve millénairecal BC au Portugal, les développements ultérieurs restentencore peu clairs du côté africain. Il est probable qu’une détérioration du milieu naturel soitresponsable d’un certain déclin de la population dans certaines régions du Maghrebméditerranéen (Zielhofer et Linstädter, 2006).

    Une affinité palpable entre le nord-ouest africain et le sud-ouest ibérique consistera dansce que fut qualifié par Manenet al. (2007) de recomposition du « package néolithique » ausud de la Péninsule Ibérique. En effet, certaines caractéristiques du Néolithique ancien del’Andalousie et du Portugal diffèrent considérablement de celles de la région de Valence et dudomaine de distribution du «Cardial franco-ibérique » plus àl’Est. En ce qui concerne la

    (1) Traduction vers le Portugais du texte original en Anglais par António Faustino CARVALHO

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    2/40

    2

    céramique, il existe des similitudes notoires entre le nord-ouest africain et le sud-ouestibérique, telles que les bases coniques, les engobes obtenues par desmélanges d’argile etd’oxyde de fer ( almagra ), ou encore les diverses techniques gravées ou incrustées. Lescaractéristiques communes au niveau de la technologie lithique, de leur côté, consistent dansle traitement thermique du silex et le débitage par pression. Par ailleurs, les pointes de

    projectiles du type segment sont plus répandues que dans d’autres inventaires « cardiaux » oudans l’Epipaléolithique précédent. Comme source de ces nouveaux éléments, Manen et al. (2007) supposent des développements autochtones ou des influences venues du continentafricain. Concernant la technologie lithique, la région capsiennen’est pas retenue commeorigine probable (Manen et al. 2007 : 147), et les caractéristiques citées pour la productioncéramique semblent pointer vers des sites de l’Est marocain (Manen et al. 2007 : 148). Cessuppositions exigent cependant une confirmation dans le suivi de la recherche. Comme basede travail pour ces objectifs futurs, on présentera ici l’état de la recherche au Maghrebméditerranéen.

    La zone d’étude

    Le Maghreb est limité au nord par la Méditerranée, à l’ouest par l’Atlantique et au sud parla bande septentrionale du Sahara. Le paysage marocain est défini, en large mesure, par sesvastes montagnes, parmi lesquelles on distingue le Haut-Atlas, avec une étendue de 3.000 kmet des sommets au-dessus des 4.000 m. La côte méditerranéenne est dominée par lesmontagnes du Rif, lesquelles dépassent l’altitude de 2.500 m (Mikesell, 1961 :12). La lignecôtière algérienne et nord tunisienne est de nature rocheuse dans le prolongement de l’AtlasTellien, lequel est l’extension oriental du Haut -Atlas marocain. L’Atlas Tellien est doté d’unecouverture arboricole allant jusqu’à une altitude de 1.600 m, et laissant place à des plaines etvallées fertiles. Mais au sud se développe une série d’autres plaines, en partie situées sous leniveau de la mer et appelées « chotts ».

    Le climat actuel est typiquement méditerranéen, avec une période humide qui s’étendsurtout d’octobre au printemps, et qui est le fruit d’un déplacement des vents en directionnord-ouest/sud-est (Allen, 1996 :308). Les précipitations se limitent principalement auxrégions littorales, déclinant de façon exponentielle vers le sud. En fonction de l’altitude, lesmontagnes enregistrent de fortes précipitations et une baisse de température, avec des valeurs

    moyennes au-dessous de 15°C en hiver. Pendant la période estivale, le climat est dominé parle déplacement vers le nord des hautes pressions subtropicales, accompagnées detempératures élevées et de rares pluies, provoquant des sécheresses sporadiques (Allen,1996 :307). La position géographique du Maghreb, entre les climats tempérés et subtropicauxet sous les influences atlantiques et continentales, donne naissance à un climat très complexeet varié, avec des fluctuations considérables dans le temps.

    La zone concernée par le projet exposé dans cet article se situe dans les provinces de Taza,Al Hoceima et Oujda, allant du piémont oriental Rifain, à l’ouest, à la pl aine alluviale de laMoulouya, à l’Est, et entre la Méditerranée, au nord, et la région de Guersif, au sud (Fig.1).Le projet de recherche « Archéologie du Rif oriental, Maroc », entrepris par la Komission fürdie Archäologie aussereuropäischer Kulturen , de l’Institut Archéologique Allemand (KAAK,Bon, Allemagne), et parl’Institut National de Science de l’Archéologie et du Patrimoine(INSAP, Rabat, Maroc), a débuté en 1995 et centré sur la plaine de Guerrouaou, s’élargissant

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    3/40

    3

    aux zones limitrophes dans les années qui suivirent (Fig.1, carte b). En 2006 on a créé mis sur pied deux autres projets qui ont élargi la zone de recherche vers le nord et l’Est,respectivement vers la côte méditerranéenne ─ le projet KAAK/INSAP nommé « Le Néolithique du littoral marocain» ─ et vers la vallée alluviale du fleuve Moulouya. Cedeuxième projet trouve sa source dans le projet geoarchéologique intitulé « Paysage et

    occupation du territoire semi-aride du nord-est du Maroc pendant le Quaternaire tardif »,lequel projet est financé par la Fondation Volkswagen et chaperonné par l’Université deCologne.

    L’état de la recherche en Méditerranée occidentale

    Du côté européen de la Méditerranée occidentale (Italie, France et Espagne) lesrecherches ont porté sur quelques centaines de sites aussi bien épipaléolithiques,

    mésolithiques que Néolithiques anciens, quoique les fouilles soient souvent restreintes et à petites échelles (Schumacher, 1994 ; Manen, 2000 ; Zilhão, 2001 ; van Willigen 2006).Toutefois, nos connaissances concernant le côté africain de la Méditerranée sont encore tropsommaires. Les sites du Néolithique ancien du nord-ouest de l’Afrique méditerranéenne nesont connus que dans quelques régions bien spécifiques. Trois d’entre eux ont fait l’objet derecherche dès la fin du XIXe siècle (Balout, 1955 ; Vanfrey, 1955 ; Souville, 1972 ; Camps,1974). Il s’agit de la Péninsule Tingitane, à la limite nord -ouest du Maroc (Koehler, 1931 ;Tarradell, 1954, 1955 ; Jodin, 1958/59 ; Gilman, 1975 ; Otteet al ., 2004); de l’Oranais aunord-ouest de l’Algérie (Pallary, 1893, 1896, 1900 ; Doumergue, 1921 ; Goetz, 1964 ;Aumassip, 1971) ; et du littoral atlantique du Maroc. Toutes ces zones ont des centres urbainsà partir desquels les travaux archéologiques ont été conduits par des chercheurs français ouespagnols avant l’indépendance des deux pays. Ce n’est que 100 ans plus tard que lesrecherches archéologiques ont été étendues aux régions voisines, par exemple dans la partieorientale du Maroc.

    Contrairement au côté européen de la Méditerranée occidentale, le nombre de projetsarchéologiques a été revu à la baissé durant les dernières décennies et se sont confinés auterritoire marocain (Wengler, 1983/84, 1985 ; Grébénart, 1974, 1995 ; Daugaset al ., 1989,1998 ; Searight, 1998). Ainsi, aussi bien le volume de données archéologiques que le niveaude développementdes modèles sont très contrastés des deux côtés de la Méditerranée.

    Vu l’énorme quantité de données disponibles, y compris beaucoup de d atationsradiométriques pour le Néolithique ancien, on a développé assidument pour la partie orientalede la Méditerranée une grande variété de modèles sur la diffusion du mode de vie néolithique(Ammerman et Cavalli-Sforza, 1971, 1973 ; Lewthwaite, 1987 : 738 ; Roudil, 1990). Mais, àcontre-courant de la perspective proche-orientale, les chercheurs espagnols ont développé, pendant le deuxième tiers du XXe siècle, des modèles qui soutenaient une influence africainesur le processus de néolithisation du sud-ouest européen (Bosch-Gimpera, 1932, 1967 ;Martinez Santa Ollala, 1941). Ces modèles représentaient alors une alternative à la conceptiondominante d’une origine orientale de l’agriculture. Plus tard, les résultats des fouilles d’AreneCandide (Bernabò Brea, 1950) sont venus étayer une fois de plus la provenance orientale du Néolithique de la Méditerranée occidentale (van Willigen, 2006 : 28).

    Évaluer tous les modèles de néolithisation qui ont été développés ces dernières décenniesn’est pas l’objectif de cet article. Des révisions détaillées et étoffées sur cette matière sontdisponibles dans d’autres ouvrages (van Willigen, 2006). Cependant, il est important de

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    4/40

    4

    signaler que, pendant la seconde moitié du XXe siècle, on été publiées des données quisituaient en Espagne les plus anciennes tracesd’innovations néolithiques, comme ladomestication animale et végétale ─ Cueva de la Dehesille (Acosta et Pellicer, 1990) et CovaFosca (Olaria, 1988) ─ et la poterie par des chronologies anté rieures au milieu du VIe millénaire cal BC. La découverte de ces éléments très anciens a renforcé l’hypothèse d’un

    développement local de la production céramique et de la domestication animale (Estévez,1988).

    L’article de Zilhão (2001), marque une avancée importante, au niveau méthodologique,en remettant en cause toutes les anciennes chronologies au radiocarbone, et en montrantl’inadéquation de celles-ci à cause de l’effet de bois ancien ou de réservoir océanique ouencore parce qu’on ne dispose p as de références claires quant à leur position stratigraphique.Zilhão (2001 :14181) conclut à l'inexistence d'innovation néolithique qui puisse se rapporter àun contexte mésolithique non perturbé et bien daté. Son modèle de « colonisation pionnière par voie maritime» décrit une société pleinement néolithique dont l’expansion se fait par

    cabotage le long des côtes européennes de la Méditerranée occidental. Sa répartitiongéographique n’est pas continue, parce que ces navigateurs avaient fondé, les uns ap rès lesautres, des villages basés, pour leur majorité, dans les deltas des grands fleuves, par exemplele Rhône (van Willigen, 2006), ou dans les régions de Valence (Schuhmacher, 1994 :65) etCadix (Ramoset al ., 2000 : 147). En conformité avec les datations au radiocarbone, soumisesau crible de la critique, les groupes néolithiques s'étaient faits signalés en Ligurie aux abordsde 5.8 ka cal BC, ayant traversé le Levant espagnol aux environs de 5.6 ka BC, ils ont rejointle Portugal vers 5.4 ka cal BC.

    A partir de ces villages initiaux, les innovations néolithiques se sont répandues dans leszones environnantes. Ce processus de diffusion culturelle se trouve décrit dans ce qu’on a

    appelé le « modèle dual » (Juan-Cabanillas, 1990 ; Bernabeu, 1996 ; van Willigen, 2006),selon lequel les groupes néolithiques nouvellement arrivés auraient maintenu leur mode de vietout en établissant des contacts avec les communautés locales de chasseurs-cueilleurs. Ces populations autochtones ont preservé aussi l'essentiel de leur mode de vie traditionnel et lesdeux ont coexisté pour un certain temps. Toutefois, les populations de chasseurs-cueilleurscommencèrent à adopter progressivement certains composants du package néolithique. La poterie fut facilement intégrée, alors que l’adoption des espèces animales et végétales a requisune période beaucoup plus longue, vu son impact sur les structures sociales et économiques.

    Ce modèle a été développé pour rendre compte des rapports entre les complexes culturels

    épipaléolithiques et néolithiques dans la région de Valence, mais, selon Zilhão (2001 :14184),ses caractéristiques générales peuvent aussi être extrapolées à d’autres régions, telle que lacôte portugaise.

    D’autres auteurs estiment que le modèle devra ê tre reconsidéré pour le sud de laPéninsule Ibérique et le Maghreb méditerranéen (Manentet al . 2007). Une simple distributiond'Est en Ouest du package néolithique et une adoption graduelle de ses éléments par deschasseurs-cueilleurs locaux n’explique pa s à elle seule la composition particulière des culturesmatérielles du Néolithique ancien du Portugal méridional, de l’Andalousie et du Maroc, nileurs écarts par rapport à celles de l’Est espagnol. Le package néolithique aurait, probablement, subi une recomposition au cours du passage du Levant espagnol au Portugal.Des traits particuliers du Néolithique ancien occidental, comme les bases coniques ou lacéramique imprimée et certaines techniques de débitage de la pierre taillée, sont très raresdans les inventaires de l’Est espagnol. Pour certains chercheurs, ces faits viennent appuyer lesanciennes hypothèses d’influences africaines sur le Néolithique de la Méditerranée

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    5/40

    5

    occidentale, entendues comme transfert partiel d’idées (Manen et., 2007 :148). Ainsi, lesrésultats des recherches en cours sur les sites côtiers du Maroc sont cruciales pour tester detelles hypothèses.

    L’épipaléolithique et le Néolithique ancien

    au nord- ouest de l’Afrique méditerranéenne

    La recherche jusqu’à la fin du XX e sièclePendantle Quaternaire récent, une vaste zone du nord de l’Afrique était couverte par le

    Sahara, alors hyperaride et plus sec et étendu que de nos jours. Au vu de sa positiongéographique et topographique, le Maghreb méditerranéen offrait des conditions favorables pour une occupation préhistorique. En termes culturels, la fin du Pléistocène au Maghrebseptentrional est caractérisée parl’Iberomaurusien (18 -9.5 ka AC), lequel peut être classé endeux sous-catégories: L’Ibéromaurusien ancien et final. Les datations au radiocarbone

    disponibles, dont le nombre croît rapidement au cours de la phase la plus récente del’Ibéromaurusien, dénotent une correspondance remarquable avec les stades de Bǿlling etAllerǿd, tels qu’ils sont définis pour l’Atlantique nord à travers les ice-cores GRIP.L’Ibéromaurusien final a vu le jour, approximativement, au cours du Dryas récent de l’Europeseptentrionale.

    En comparaison avec beaucoup d’autres régions du monde, les changements climatiquesqui ont eu lieu au nord-ouest de l’Afrique vers la fin de la période glaciaire et au cours del’Holocène ancien sont mal connus et très controversés, ainsi que le processus culturelcorrespondant. Les quatre millénaires initiaux de l’Holocène, soit jusqu’à l’émergence du Néolithique, se définissent à travers deux complexes culturels: l’Epipaléolithiqueméditerranéen et le Capsien.

    Le Capsien (9.5 – 5 ka cal BC)Bien qu’encore vague, la connaissance tant de la chronologie, de la distribution

    géographique, de la stratégie de subsistance, que des développements internes de la périodeque nous appelons Epipaléolithique méditerranéen, les caractéristiques du Capsien soncontemporain sont mieux connues, grâce aux récentes publications (Nehren, 1992 ; Lubell etSheppard, 1997 ; Rahmani, 2004). En accord avec ces études, le Capsien daté de 9.5 à 5 ka calBC et sa distribution géographique est limitée à certaines zones de l’Algérie et de la Tunisie

    (Fig. 2). Contrairement aux idées reçues sur une évolution indépendante du Capsien, aussi bien Nehren (1992) que Lubell et Sheppard (1997 : 326) défendent une origine se rattachant àl’Ibéromaurusien. Nehren démontre en plus la filiation des faciès locaux, telle que l’« Horizonde Collignon», à l’Ibéromaurusien, ainsi que la connexion du Kérémien au Capsiensupérieur.

    Le Capsien peut être subdivisé en deux complexes : le « Capsien typique » et le« Capsien supérieur ». Les premiers modèles (Bagout, 1955 ; Anfray, 1955) entendaient cesdeux complexes comme des phases consécutives, mais, face aux datations radiométriques, ilssont aujourd’hui considérés comme contemporains (Lubell et al ., 1976 ; Camps, 1974). Alorsque le Capsien typique est limité à une zone frontalière Algéro/tunisienne, le territoire duCapsien supérieur est beaucoup plus étendu, couvrant de vastes étendues du Saharaseptentrional et de l’Atlas Tellien, à l’ouest. Certains des plus importants sites du Capsien ─ par exemple: Relilai, Ain Misteheyia et Kef Zoura D ─ contiennent des dépôts des deuxtraditions capsiennes. Selon les travaux de Lubell et autres, nous savons que les deux

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    6/40

    6

    complexes diffèrent clairement de par leurs industries lithiques, leurs matières-premières, la production de supports et les outillages retouchés. On considère que le Capsien supérieurreprésente des communautés avec un haut degré de mobilité. Alors que dans la zone nucléairedu Capsien, à Gafsa-Tébessa (Fig.2), les matières-premières de bonne qualité sontabondantes, elles sont, dans les zones les plus reculées, d’une quantité et d’une qualité

    inférieures. L’acclimatati on à ces zones géographiques reculées a été facilitée par desinnovations technologiques du Capsien supérieur (Rahmani, 2004:97), telles qu’unediversification des matières- premières, l’utilisation de nucléus pré -préparés avec un taux élevéde productivité et une stylisation consécutive des outillages retouchés (lamelles à dos,microlithes).

    Les deux traditions capsiennes semblent s’être bien adaptées à leur milieu environnant.De cette façon, les groupes ont pu maintenir leur mode de vie jusqu’à 5.0 ka ca l BC, malgrél’établissement, quelques siècles auparavant, d’économies néolithiques dans d’autres régionsdu Maghreb (Lubell, 1984 : 54).

    L’Epipaléolithique méditerranéen (9.5 -4.9 ka cal BC)Comme nous l’avons déjà signalé, nous classons l’Ibéromaurusien comme Paléolithique

    supérieur. C’est le dernier techno -complexe de la fin du Pléistocène. L’Epipaléolithique stricto sensu succède à l’Ibéromaurusien aux environs de 9.5 ka cal BC et conclut avec ledébut du Néolithique (Fig. 3). La limite inférieure citée, de 9.5 ka cal BC, est bien définie parla datation la plus tardive au radiocarbone de l’Ibéromaurusien : l’échantillon Eri -4394, de10.022 ± 80 BP/ 9.610 ± 190 cal BC (couche 4, K16; charbon), d’Ifri N’Ammar (Mose r,2003 : tab. 21). Les plus anciennes dates relatives aux restes épipaléolithiques (Fig.2) sontconnues dans les sites du Kef Taht el Ghar, près de Tetouan (Daugas et alt., 1998), avec 9.520± 235 cal BC (Ly-7287 : 9.910 ± 50 BP, charbon), et 9.375 ± 90 cal BC (Ly-7695 : 9.965 ±75 BP, charbon), et de Marja (Oued el-Hay), de 9.491 ± 157 cal BC (Gif -6188 : 9.930 ± 90BP, charbon) et Chaâba Bayda, de 8.962 ± 167 cal BC (Gif – 6828 : 9.560 ± 100 BP,charbon), dans la régiond’Oujda .

    Quant à l’ Epipaléolithique méditerranéen, le volume de données archéologiques, tellesque les datations au radiocarbone, est limité, ce qui a amené les chercheurs à supposerl’existence d’un hiatus temporel importantentre l’Ibéromaurusien et le Néolithique ancien, dumoins dans certaines aires régionales. La majorité des faciès culturels cités par Gabriel Camps

    dans son étude « Les Civilisations préhistoriques de l’Afrique du nord et du Sahara » (1974)sont limités au Maghreb oriental (l’Elassolithique ou le Kérémie n) ou au Maghreb central (leColumnatien). La stratigraphie du site éponyme de Columnata est essentielle pour laconnaissance de l’Epipaléolithique méditerranéen et de son rapport au Capsien. En effet, lesite a révélé des ensembles ibéromaurusiens et néolithiques, lesquels se trouvent séparés pardeux niveaux bien distincts avec du matériel lithique épipaléolithique, désignés commeColumnatien et Capsien supérieur. Le Columnatien se caractérise par des pourcentages élevésde lamelles à dos, de pièces avec entailles et denticulées, ou encore de microlithes. Tous ceséléments appartiennent indubitablement à l’Epipaléolithique méditerranéen, raison pourlaquelle le rôle du Columnatien en tant que faciès local indépendant doit être reconsidéré. Demême que pour le matériel lithique classé comme Capsien supérieur. En accord avec ce que Nehren (1992, vol. 2 : 159) a déjà mentionné, ce matériel se trouve insuffisamment diffusé etne devait pas être inclus dans le Capsien.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    7/40

    7

    Toutefois, il existe divers sites, plus à l’Ouest, qui peuvent être attribués àl’Epipaléolithique par des chronologies au radiocarbone et des ensembles artefactuels. Les plus importants sont les sites de Bou Aichen (Goetz, 1967) et Oued Guettara (Camps 1967),dans l’Oranais, ainsi que deux sites de la région d’Oujda, Chaâba Bayda et Marja (à Oued el -Hay) (Wengler et Vernet, 1992) et, dans la Péninsule Tingitane, les deux impotants sites de

    Gar Cahal (près de Ceuta) et Kef Taht el Ghar (près de Tetouan). En raison de la découvertede céréales au même niveau, le matériel du dernier site fut classé comme « Néolithique sanscéramique » (Daugaset al. , 1998:350). Concernant le site de Ma Izza, il n’existe pas dedatations absolues, mais, au vu du résultat des fouilles, il serait probablement judicieux del’attribuer à l’Epipaléolithique (Berthélémy et Accart, 1987).

    Le phénomène le plus problématique est l’apparition de la céramique dans un contexteépipaléolithique (Nehren, 1992 : 184). Le problème principal étant la documentation lacunaire provenant d’anciennes fouilles, en particulier dans l’Oranais et dans la grotte de Gar Cahal, près de Ceuta. En outre, la majorité des sites n’est pas datée par la méthode du radiocarbone et

    les industries lithiques de l’épipaléolithique et du Néolithique sont tr ès similaires. En raisonde cette limitation, certains chercheurs ont soutenu que la céramique est une marque culturelledistinctive, comme il a été démontré à Ma Izza ou Gar Cahal. Toutefois, donner suite à cetargument revient à courir le risque de tomber dans un raisonnement circulaire.

    En bref, nous affirmons que l’Epipaléolithique méditerranéen court sur une duréed’environ 4.000 ans et couvre le territoire central et occidental de l’Ibéromaurusien. La basede données est réduite et sa qualité laisse à désirer ; pour y remedier, nous travaillons avecune image de basse résolution. L’épipaléolithique méditerranéen se base sur une technologielaminaire de petite dimension qui provient d’une tradition ibéromaurusienne. Les outillagesretouchés semblent s’ê tre à peine altérés. Les lamelles à dos sont encore le type lithiquedominant, quoique leurs pourcentages décroissent, tandis que d’autres types, tels que les

    pièces entaillées et denticulées ou microlithiques, augmentent (Nami, 2008). Dans l’étatactuel de nos connaissances, on ne peut ni confirmer ni infirmer la présence de la céramique.

    Le Néolithique ancien (5.8-4.9 ka / BC)Dans la zone de recherche, le Néolithique ancien est mieux connu que l’Epipaléolithique,

    en raison de la solidité de la base de données disponible du côté européen de la Méditerranéeoccidentale. Les sites du Néolithique ancien au nord-ouest de l’Afrique méditerranéenne

    semblent être concentrés sur le même territoire de l’Epipaléolithique méditerranéen, dont troisrégions s’avèrent importantes : la Péninsule Tingitane, le littoral atlantique et le littoral del’Est marocain (Fig.4). Dans la zone Capsienne, les innovations néolithiques n’apparaissent pas avant le Ve millénaire cal BC (Lubell, 1984 : 54).

    Bien que la recherche archéologique ait commencée en même temps dans la PéninsuleTingitaneque dans l’Oranais ─ dans les grottes d’El Khril (Buchet, 1907 et dans la grotte desidoles (bichet, 1907; Koehler, 1931) ─, nous disposons d’une bonne base de données. Lesstratigraphies et les ensembles archéologiques de Mugharet es-Safiya, Mugharet el Aliya etMugharet el Khail ont été fouillés par des archéologues professionnels américains dans lesannées 1930 et 1940 (Henchen, 1948 ; Howe, 1949) et les résultats ont été dûment publiés parGilman (1975). En outre, des sites fouillés anciennement, tels que les grottes d’El Khril C etKef Taht el Ghar, près de Tetouan (Tarradell, 1954, 1955), ont été revisitées à partir de 1984

    par l’équipe franco -américaine de la« Mission préhistorique et paléolithique française au Maroc » (Daugas et al. 1989, 1998). Plusieurs nouveaux sites, tels que Wadi Tahadart (Zych,

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    8/40

    8

    2004), Boussaria (El Idrissi, 2001) et Benzu (Ramos Munoz et Bernal, 2006), ont, entretemps,fait l’objet de recher che.

    La céramique et l’évidente production alimentaire sont des aspects essentiels et cesderniers ont été démontrés, notamment, par la présence d’ensembles fauniques de la zone deTanger. Les ossements de Mughret el Aliya ont été identifiés initialement par Glover M.Allen (Howe, 1967) et les restes fauniques des grottes d’Ashakar par Camille Arambourg(Gilman, 1975). Complétés par leurs propres analyses de Gar Cahal, Boussaria et Kef That elGhar, ces résultats ont été compilés par Ouchaou (2004), qui uniformisa aussi la taxinomiedes diverses espèces, en facilitant de cette façon la recherche future. Les datationsradiométriques sont, malheureusement, rares. Des données précises existent exclusivement pour Kef Taht el Ghar. Ici, le mouton (Ovis aries ) et la chèvre (Capra hircus ) apparaissentcomme premiers indices de domestications dans la couche F1. La couche G, sous-jacente, estclassée comme paléolithique. D’autres espèces domestiques, comme le porc ( Sus scrofa cf . domesticus ) et le bœuf ( Bos primigenius cf . taurus ) apparaissent dans la couche E, sus-

    jacente.D’autres ensembles sont aussi classés généralement comme « néolithiques ». A Mugharetel Khail et à Mugharet el Alyia, mouton, bœuf et porc apparaissent associés dans les couchesnéolithiques les plus profondes : H et 4, respectivement. A Mugharet es- Safiya, le mouton està peine visible dans la couche E, la plus profonde, tandis que le porc, la chèvre et le bœufapparaissent dans la couche C. A Gar Cahal, les espèces domestiques apparaissent dans lamême séquence, avec le mouton et la chèvre dans la couche V, en plus du bœuf dans lacouche IV et le porc dans la couche IIIb. On connaît un registre semblable sur le site deBoussaria, récemment fouillé (El Idrissi, 2001) : mouton et chèvre apparaissent dans lacouche 4a, la plus profonde, tandis que le bœuf et le porc surviennent immediatement dans lacouche 3c (Ouchaou, 2004 : tab. 4). Les espèces domestiques sont présentes dans la majoritédes inventaires néolithiques de la région (Gilman, 1975 : 86). Dans certains sites, le fantômed’espèces domestiques apparaît de forme successive : le mouton et la chèvre marquent ledébut dela domestication et sont suivis par le bœuf et le porc.

    Les découvertes de plantes domestiques sont très rares. La plus ancienne publicationconcernant la découverte de plantes domestiques doit être analysée méticuleusement (Daugaset al ., 1998 : 350). Eneffet, les auteurs attestent l’occurrence de Triticum dicoccum, Triticummonocuccum et Triticum ӕstivum / triticum durum dans une couche de Kef Taht el Ghar datéede 9.520 ± 235 cal BC (Ly-7287 : 9.910 ± 50 BP, charbon) et 9.375 ± 90 cal BC (Ly-7695 ±

    75 BP, charbon). Étant donnée la présence de ces céréales, les auteurs attribuent un caractère« néolithique » à cette couche et la qualifient de « Néolithique ancien régional ». En raison decette chronologie reculée et de l’absence de céramique, cette couch e a été désignée précédemment comme Epipaléolithique méditerranéen.

    Ballouche et Marinval, ayant analysé le matériel, le qualifient de « cardial initial » (2004 :78) et le situent entre 7.000 et 5.450 cal BC (Ballouche et Marinval, 2003 : 50). Cettechronologie, bien que très ancienne, est plus plausible compte tenu de la plus récente preuved’agriculture mésolithique en Europe centrale (Tinner et al ., 2007) et au sud de la France (vanWilligen, 2006). Outre les céréales, sont aussi documentées des légumineuses, comme lechicharo ( Lathyrus ochrus ) et le haricot (Vicia faba ).

    Dans la couche cardiale suivante, datée entre 5.450 et 4.350 cal BC, la quantité d’espècesdiminue, mais la présence deTriticum dicoccum, Triticum ӕstivum / triticum durum, ainsi que

    Lathyrus ochrus, confirment un contexte néolithique. Bien que la conservation du pollen soitdéficiente (la couche du Néolithique ancien n’a gardé que 3% du pollen céréalier), les

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    9/40

    9

    données disponibles paraissent appuyer les analyses carpologiques (Ballouche et Marinval,2004 : 78).

    La situation à la côte atlantique est comparable à celle de la Péninsule Tingitane, en dépitde la rareté des sites du Néolithique ancien. La recherche archéologique a commencé tôt avecla Grotte des Contrebandiers, près de Rabat (Roche, 1969). La plus récente fut réalisée par la

    Mission préhistorique et paléontologique française au Maroc (Daugaset al ., 1989 ; Raynaletal. , 2004). Une céramique imprimée, classée comme néolithique par ces auteurs, est connue àHarhoura 2 (Débénath et Sbihi-Alaoui, 1979) et dans la grotte des Contrebandiers (Daugasetal ., 1998) et El M’nasra (Lacombe et al. , 1991).

    Les premières recherches sur les sites du littoral du Maroc oriental ont été menées par desarchéologues espagnols aux Iles Chafarinas, près du delta de la Moulouya (Beliver et Bravo,2003). Les contextes de plein air fouillés dans ce secteur révèlent une population néolithiquequi exploitait une large variété de ressources, comme la chasse de mammifères marins etterrestres, la pêche, lacollecte de fruits de mer et l’élevage de bétail. La seule espèce

    domestique confirmée est le mouton (Beliver et Bravo, 2003 : 82). Les céramiques trouvéessont décorées dans un style varié y compris des impressions au cardium. Concernant les IlesChafarinas, on ne dispose que d’une seule date fiable au radiocarbone (Fig.3), de 4.422 ± 37cal BC (KIA-17373: 5.600 ± 30 BP, charbon), mais l’apparition de la céramique imprimée aucardium suggère une occupation antérieure au néolithique ancien.

    L’Epipaléolithique avec céramique (5.6 -4.9 ka cal. BC)Des contextes avec céramique dans l’Oranais existent sur le site de Columnata, dans la

    chaîne montagneuse près d’Oujda et dans le Rif oriental (la vallée du bas Moulouyacomprise), lesquels ont été catalogués depuis longtemps comme néolithiques à cause de la présence de la céramique. Cependant, de récentes recherches dans le Rif oriental etl’évaluation de matériaux d’anciennes fouilles ont montré que ces sites, datés de la deuxièmemoitié du VIe millénaire cal BC, ont été probablement occupés par des groupes de chasseurs-cueilleurs. Les analyses des matériaux lithiques confirment la tradition épipaléolithique de sesgroupes (Fig. 7). Afin de distinguer ces sites de ceux occupés par des groupes pleinementnéolithiques, comme ceux décrits précédemment, on pourra les ranger dans l’Epipaléolithiqueavec céramique.

    Malheureusement, ce terme a été utilisé pour des sites plus anciens et des restes avec

    céramique qui ont été considérés antérieurs à la seconde moitié du VIe millénaire cal BC,lesquels seront discutés maintenant.

    Un des sites les plus connus de cet ensembleest la grotte d’Oued Guettara (Camps,1967). Sa couche V, surmontée par trois couches néolithiques (Camps, 1974 : 263), est datéede 8.240 ± 230 cal BC (code de laboratoire non connu). En se basant de la pierre taillée,Camps classe cette couche comme « post-ibéromaurusien ». Un vase lisse de facturegrossière, à base conique, appartient à cette couche. Un autre exemple est l’amas coquillier de plein air du Chemin de Kristel. Outre quelques lamelles à dos, grattoirs, perçoirs et lamellesavec entailles (Goetz, 1964 : abb. 12), quelques fragments céramiques lisses ont été retrouvés.Le site est daté de 6.703 ± 135 cal BC (Alg-40 : 7.760 ± 190 BP, coquilles).

    Un autre site est Bou Aichem (Goetz, 1967 ; Neheren, 1992 : 225), qui dispose d'un richeoutillage lithique, comprenant lamelles à dos, grattoirs, pièces entaillées et microlithesgéométriques. Au total, on a recensé 25 fragments de céramique, dont deux pendant la fouille.Ces fragments sont lisses, friables et sans dégraissants notoires. Les fragments restants

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    10/40

    10

    (récupérés en surface) ont une meilleure cuisson et sont dotés d’une décoration plastique etune impression digitale (Goetz, 1967 : 19). La chronologie de ce site est éminemmentcontroversée, vu la présence de deux datations au radiocarbone, qui sont cependant peufiables à cause de leurs grandes gammes d’écart : 8.265 ± 400 cal BC et 7.750 ± 400 cal BC).L’auteur class e le site comme « néolithique ».

    Afin de compléter cette description, examinons rapidement le site de Ma Izza(Berthélémy et Accart, 1987), qui, jusqu’à ce jour, marque la limite sud -ouest del’Epipaléolithique méditerranéen (Fig. 1). Malheureusement, nous ne disposons d’aucunedatation au radiocarbone. La partie stratigraphique de la base est classée commeibéromaurusienne (couche B), étant surmontée par deux couches (A1 et A2) avec céramique.Certains fragments sont imprimés aucardium (Berthélémy et Accart, 1987 : 77, abb. 3). Lematériel lithique diffère à peine parmi les divers niveaux (Berthélémy et Accart, 1987 :tab :1), ce qui peut traduire une occupation du site par des groupes épipaléolithiques locauxqui ont acquis dela céramique à des phases plus tardives.

    Les prospections archéologiques dans l’Oranais ont débuté entre la fin du XIXe

    siècle(Pallary, 1893, 1896, 1990) et le début du XXe siècle (Doumergue, 1921), quelques fouillessporadiques ayant été réalisées vers le milieu du siècle passé (Goetz, 1964, 1967 ; Roubet,1955 ; Camps, 1966, 1967, 1974). Hormis les analyses des céramiques menées par Aumassip(1971), les recherches récentes sont insuffisantes et les datations au radiocarbone sont rares.L’état actuel de la recherche est discuté dans Linstädter (2004).

    Les plus connus des sites de pleinl’air sont la Batterie Espagnole et l’escargotière, parallèlement à la Grotte de la Forêt, la Grotte de la Guethna, la Grotte de Troglodytes, laGrotte du Cuartel, la Grotte du Polygone et la Grotte à ciel ouvert, dans la région de GebelMurdjadjo, dans l’Oranais.

    La majorité des sites connus actuellement dans la région d’Oujda, entre la Moulouya et lafrontière algérienne, ont été découverts et étudiés par B. et L. Wengler dans les décennies de1970 et1980. Les sites les plus importants sont la Grotte d’El Heriga (Wengler, 1983/84 : 86),l’Abri Rhirane (Wengler et Wengler, 1979/80 ; Wengler, 1985), Jorf Akhdar, Oued BenSéguir, la Grotte de Rhafas, Oued Béni Méliarene et Jorf el Annaga (Wengler et Vernet,1992). Les datations au radiocarbone disponibles (Fig. 6) démontrent l’occupation de ces sitesà partir des environs de 4 ka cal BC, en accord avec la date de 4.013 ± 159 cal BC de laGrotte de Rhafas (Gif-6185 : 5.190 ± 100 BP, charbon ; Wengleret al ., 1989 : 513. Les rares

    pièces de céramique de la Grotte d’El Heriga, Jorf el Annaga et la Grotte de Rhafas

    (Wendgleret al ., 1989 : fig. 9) affichent de fortes analogies avec la céramique entaillée du Néolithique de l’Oranais et de Hassi Ouenzga (Linstäd ter, 2004 : fig. 58), sites où elles datentdu VIe millénaire cal BC.

    Au Rif oriental (Maroc), l’étude des sites de cette période n’a commencé que trèsrécemment (Mikdatet al ., 2000). Le présent article traite du plus important site, abri et habitatà l’air libre, d’Assi Ouenzga, qui sera décrit dans le chapitre suivant.

    Projets récents del’Institut d’Archéologie allemand et de l’Université de Cologne

    « L’Archéologie du Rif oriental »L’équipe germano -marocaine du KAAK et de l’INSAP a débuté son projet en 1995, dont

    l’objectif est la reconstitution de la Préhistoire, du Paléolithique inférieur à l’âge des métaux,

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    11/40

    11

    dans cette région du Maroc qui se trouvait jusqu’alors inexplorée (Mikdad et al ., 2000). Aucours du projet, des centaines de sites furent prospectés dont certains ont été fouillés. Les plusconnus sont les sites ibéromaurusiens d’Ifri N’Ammar (Moser, 2003) et Ifri el Baroud (Nami,2008), aussi bien que le site épipaléolithique et néolithique de Hassi Ouenzga (Linstädter,2004) (Fig. 4).

    Comme nous l’avons mentionné précédemment, les fouilles les plus récentes sur des sitesépipaléolithiques ont été réalisées dans le cadre de ce projet commun germano-marocain.Trois de ces projets ont révélé des occupations épipaléolithiques. Bien que les matériaux d’Ifriel Baroud (Fig.5) se trouvent déjà publiés (Nami, 2008), les analyses des matériaux de TaghitHaddouch (Mikdad, en préparation) et de l’habitat à l’air libre de Hassi Ouenzg a(Holzkämper, en préparation) sont en cours d’élaboration.

    Le site de Hassi Ouenzga est d’une extrême importance pour la connaissance desscénarios de la transition de l’Ibéromaurusien à l’Epipaléolithique et de l’Epipaléolithique au Néolithique (Fig.3).L’Ibéromaurusien tardif fut fouillé en 2003 dans le secteur à l’air libre

    (Fig. 6), et comptant avec quatre datations au radiocarbone de 12-9.5 ka BC. Quant àl’occupation épipaléolithique, elle est définie à travers deux datations : la plus ancienne, de8.614 ± 91 cal BC (Erl-9993 : 9.350 ± 65 AP, charbon) appartient à une couche du secteur àl’air libre ; la plus récente, de 6.857 ± 133 cal BC (KIA-433 : 7.930 ± 30 BP, charbon)concerne une couche de l’abri fouillée en 1996 et 1997. Bien que le matériel du secteur à l’airlibre soit encore en cours d’étude (Holzkämper, en préparation), l’inventaire de l’abri sousroche se trouve déjà publié (Linstädter, 2003, 2004).

    Le matériel de l’Epipaléolithique avec céramique est daté au moyen de neuf datations, de5.6-4.9 ka cal BC (Linstädter, 2004: fig. 31). L’analyse détaillée des 314 fragments decéramique a permis l’identification de trois groupes céramiques synchroniques avec

    différentes décorations : décorations entaillées similaires à la céramique des régionsd’Oran etd’Oujda (Fig. 9, n° 12 -16) ; vases décorés avec des impressions variées, représentant un stylelocal (Fig. 9, n° 6-11) ; et céramique à impressions cardiales (Fig. 9, n° 1-5). Les restesfauniques concernent exclusivement des animaux sauvages, les animaux domestiques, telsque le mouton et la chèvre, n’apparaissant que dans les phases les plus tardives (Linstädter,2004).

    «Paysage et occupati on du terr itoire semi -ar ide

    du nord-est du M aroc pendant l e Quaternaire récent »La basse vallée de la Moulouya (Fig. 10) est la zone cible de ce projet de recherche

    geoarchéologique. Ce projet de trois ans est financé par la Fondation Volkswagen et dirigé pardes scientifiques de l’Université de Cologne.

    Notre groupe de travail se penche sur les réactions humaines aux modificationsenvironnementales, en procédant au test critique des perspectives déterministes. Un des

    principaux paradigmes d’analyse est la corrélation entre les changements climatiques et lesmodifications du comportement humain. Toutefois, des registres climatiques globaux, commeles résultats des ice-cores ou de sédiments marins, peuvent à peine être en corrélation deforme indirecte via des modèles chronologiques. Toutefois, le degré d’incertitude associé auxdatations disponibles rend difficile la reconnaissance des relations causales; d’autre part il estdifficile de savoir comment des modifications globales auraient affecté des régions

    particulières. L’approche adoptée dans ce projet s’appuie sur l’analyse des séd imentsalluviaux et des sites archéologiques contenus dans ces dépôts (Fig. 11). La corrélation

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    12/40

    12

    stratigraphique entre les données climatiques et les événements locaux latents dans le matérielarchéologique enfoui fournit la clé pour relever ces défis.

    Pour comprendre la géomorphologie de la plaine de la Moulouya et identifier les sectionsgéologiques et les sites archéologiques appropriés, à environ 50 km en amont del’embouchure du fleuve, a été prospectée de forme extensive une superficie d’environ 100

    km2, ce qui a permis l’identification de cinq zones -clé où les dépôts alluviaux et les sitesarchéologiques se trouvent exposés. Dans chaque zone-clé furent recueillis des échantillonsde sédiments pour prouver la corrélation stratigraphique entre preuves géomorphologiques etarchéologiques. Les dépôts sédimentaires, d'une puissance de presque 15 m, couvrentl’intervalle de temps entre le début de l’Holocène et le présent. Dans les cinq zones -clé ont étédocumentés et fouillés un total d’environ 40 sites arch éologiques et ont été prélevés diverséchantillons de sédiments, de mollusques ou de charbons. En fonction de l’âge des dépôtsalluviaux, on a localisé des sites de l’Epipaléolithique, du Néolithique, de l’âge des métaux oude la Préhistoire, ainsi que dela période islamique. Les sites les plus riches datent d’entre

    l’Epipaléolithique et le Néolithique (entre le Xe

    et le IIIe

    millénaires cal BC), appartenantdonc à l’Holocène ancien et moyen, une période lors de laquelle les conditionsenvironnementales étaient relativement favorables. Les données disponibles montrent endivers sols un taux de sédimentation indiquant des conditions relativement stables, perturbées par quelques inondations.

    Les sites épipaléolithiques à l’air libre sont appelés « escargotières », c’est -à-dire, desdépôts formés par une énorme quantité de gastéropodes terrestres qui témoignent del’importance de la collecte d’escargots dans cette communauté de chasseurs -cueilleurs, plusqu’à n’importe quelle autre période postérieure. L’indust rie lithique est également très riche,avec comme matière-première des galets en silex prélevés dans leurs propres dépôtsalluviaux, et il est très fréquent de trouver plus de 500 pièces par m2. Dans les dépôtsnéolithiques on observe un fort déclin des mollusques et des pièces lithiques ; à leur place,apparaît la céramique.

    La période suivante de 2.000 ans (2.000-0 cal BC) est caractérisée par la présence dequelques foyers, notamment associés à du matériel archéologique pauvre et peu significatif.Les données géomorphologiques indiquent des taux élevés de sédimentations et l’absenced’indices de formation de sols indique un climat plus instable et sec.

    La quantité de matériel archéologique augmente à partir du Moyen-âge. Au vu de l’âge plus récent de ces dépôts, les restes fauniques et botaniques (comme les céréales) sont mieux

    préservés que dans les niveaux inférieurs. D'autre part, les données sédimentologiquesmontrent, à nouveau, des taux de sédimentation plus faibles, ce qui signifie probablement uneamélioration des conditions environnementales pour les 2.000 dernières années.

    Les analyses se trouvent encore à leur début, mais les résultats préliminaires confirmentune tendancereconnue dans les fouilles des sites en grotte et à l’air libre non localisés dans la

    plaine de la Moulouya, à supposer l’existence de conditions favorables pendant l’Holocèneancien et moyen au nord-ouest de l’Afrique méditerranéenne. Même au IV e et IIIe millénairescal BC, pendant l’assèchement progressif du Sahara, le Maghreb méditerranéen enregistreencore une occupation humaine, bien que la zone occupée se trouve en nette régression.Toutefois, en 2.000 cal BC, la crise climatique atteint aussi la région. Certains sites, mineurset dispersés par les dépôts alluviaux, ainsi qu’un certain nombre ─ difficile à dater ─ detumuli , témoignent encore d’une occupation humaine. Cependant, il semble s’agir de populations réduites et très mobiles. Durant les millénaires autour de notre ère, la région setrouve dans la zone d’influence des phéniciens et, plus tard, des romains, dont les villages

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    13/40

    13

    étaient confinésau littoral, étant donnée la connaissance limitée de l’arrière -pays. La zone esthabitée par différentestribus amazighes qui entrent dans l’histoire essentiellement àl’occasion de leurs luttes contre les tribus et empires arabes à partir du VII e siècle.

    Faire lalumière sur l’archéologie et l’histoire de l’ hinterland méditerranéen du Maghreb,entre la findu Néolithique et le début de la période islamique, est l’une des préoccupations del’Archéologie de cette région.

    «L e Néol i th ique de la côte mar ocaine »Le projet germano-marocain dans le Rif oriental procède, dès 2006, à des fouilles de trois

    grottes à l’ouest de Melilla, dans les voisinages du delta de l’Oued Kert. Ces trois sites,appelés Ifri Ouzabour , Ifri Oudadane et Ifri Armas , ont révélé du matériel appartenant au Néolithique ancien (Linstädter, en cours de publication). Sa découverte a eu lieu pendant lestravaux de voirie du « projet de désenclavement » de cette zone, mis en œuvre par le

    gouvernement marocain. Les sites ont été partiellement fouillés dans les années 2006 et 2007,raison pour laquelle toutes les analyses sont encore à leur phase initiale. Bien quel’information disponible soit préliminaire, quelques remarques sont déjà importantes. Lesinventaires sont très riches en céramique, en particulier celui d’Ifri Oudadane, et montrent unegrande variété de décorations imprimées du Néolithique ancien. Des animaux domestiques ─

    bœuf, mouton, chèvre, porc et chien ─ sont présents depuis la base jusqu’au sommet de lastratigraphie. Les datations au radiocarbone, de la première moitié du VIe millénaires cal BC,renseignent donc sur la présenced’une communauté néolithique bien implantée dan s cetterégion. Par conséquent, les modèles expliquant la néolithisation du nord-ouest du Maroc en

    passant par Tanger doivent être reconsidérés. Des contacts directs entre l’Est du Maroc etl’Andalousie sont aussi très probables; cependant, parce qu’on connaît mal ces réseauxtranscontinentaux pendant le Néolithique ancien, ces contacts doivent être creusés davantage.

    La forme et dimensions originelles de la grotte d’Ifri Armas sont difficiles à reconstituer.La section préservée est une cavité d’environ 15 m de large, remplie avec 5 -6 m de sédiments, probablement du pléistocène. On ne connaît pas encore l'amplitude de sa profondeur, maisdiverses diaclases et autres cavités aux alentours laissent supposer qu’ Ifri Armas fait partied’un système karstique beaucoup plus étendu. Les sédiments holocènes, de couleurs brun -sombre à noires, forment un dépôt supérieur d’environ un mètre d’épaisseur (Fig. 13), àl’intérieur duquel on a pu distinguer cinq couches qui dif fèrent par la couleur, la texture et la

    quantité de matériaux grossiers. Les quatre datations au radiocarbone obtenues à ce jourindiquent des occupations allant du Néolithique ancien à sa période finale.La céramique existe depuis la base des sédiments holocènes. Une rapide observation de

    ce matériel révèle différents décors imprimés, telles que des impressions digitales ou avec desobjets non encore identifiés (Fig. 14). De la céramique Oranaise, incisée portant des motifs encroix (Camps, 1974, fig. 80.9-80.10 ; Camps et Camp-Fabrer, 1972 : plate 11.5 et 11.7 ;Balout, 1955 : plate LXX), apparaît juste à la base de ces sédiments. Aux niveaux supérieursse trouve la céramique typique du Néolithique final, décorée avec des impressions au peigne, bien connues dans la région sur les sites de Taghit Haddouch ou Hassi Ouenzga (Linstädter,2004 : fig. 57).

    Les ossements sont comparativement bien préservés. Les analyses archéozoologiques ont permis l’identification d’animaux domestiques, tels que le bœuf, le mout on, la chèvre, le porcet le chien, dès le début du néolithique. Outre ces espèces, on a aussi enregistré la chasse àl’aurochs, au Mouflon à manchette, au lapin, au renard, à la tortue et à différentes espèces de

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    14/40

    14

    gazelle (Hubert Berke, com. pes.). Sont aussi prouvées la collecte et l’élevage de mollusquesintertidaux (Darren Fa, com. Pes.).

    Les analyses du pollen, du charbon et d’autres micro -résidus botaniques ne sont pasencore disponibles, mais l’existence de céramique et d’animaux domestiques fait supp oserune communauté néolithique où la chasse et la cueillette étaient encore d'usage. Les datations

    au radiocarbone de 5.979 ± 49 cal BC (Erl-9995) et 5.659 ± 39 cal BC (Erl-9996) semblenttrop anciennes ; du moins celle de 5.9 ka cal BC, qui est de 300 ans plus ancienne quen’importe quel autre ensemble néolithique du nord -ouest de l’Afrique méditerranéenne. Lesdatations furent obtenues à partir d’échantillons de charbon de Pistacia , qui n’est pas uneespèce peu longève. Toutefois, le spécialiste qui a identifié l’espèce fait remarquer quel’échantillon provientde petites branches d’une sous -espèce de Pistacia qui, d’après sonexpérience, atteint rarement une cinquantaine d’années. (Werner Schoch, com. pes.). De son point de vue, un effet de bois ancien ne devra pas être, donc, tenu responsable pour la datationélevée. Et, puisque le laboratoire de radiocarbone de l’Université d’Erlangen n’a détecté

    également aucune trace de contamination de l’échantillon, nous acceptons provisoirement lerésultat obtenu àconfirmer par davantage de données et d’informations. Les dépôts néolithiques d’Ifri Oudadane ont une épaisseur de 2,5 m, c’est pourquoi, pour

    le moment, ne peuvent être présentées que les données des couches supérieures. Au début desfouilles on a dû enlever 0,5 m de détritus avant de pouvoir atteindre les dépôts de la surfaceoriginelle (Fig. 15). On n’a pas pu observer non plus si, dans la tranchée de 8 m2, des couches plus récentes avaient été enlevées avant la déposition de ces détritus. De même qu’il estdifficile de reconstituer les conditions à l’extérieur de la grotte.

    Les datations au radiocarbone disponibles jusqu’à présent placent la partie supérieure dela stratigraphie dans un contexte néolithique ancien évolué. La stratigraphie elle-même estsubdivisée en diverses couches, fosses et foyers, dont la compréhension générale, requiert uneanalyse plus extensive non encore disponible.

    Le matériel archéologique est extrêmement riche. La céramique apparaît à travers detoute la stratigraphie (Fig. 16) ; et une industrie osseuse, des ornements composés de restesosseux, de restes botaniques et des mollusques ont été aussi retrouvés. Ainsi qu’à Ifri Armas,les analyses fauniques montrent la présence d’animaux domestiques dès les niveaux les plusanciens (Hubert Berke, com. pes.), mais le gibier (gazelles) domine clairement. La pêchesemble être la seule à être pratiquée de forme plus extensive. Malheureusement, l’industrielithique y est très pauvre.

    Une brève observation des céramiques dénote une prédominance des pièces décorées parimpression aucardium aux niveaux des bases ; aux niveaux intermédiaires, la céramiquerévèle fréquemment une décoration obtenue selon une technique d’estampillage de typerocker . Les niveaux supérieurs sont dominés, une fois de plus, par des impressions au peignesimple (p. ex., des motifs en « arête de hareng »), tels que décrits pour le niveau supérieurd’Ifri Armas.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    15/40

    15

    Un modèle d’occupation du territoire pr opr e au M aghreb médi ter ranéen

    Comme indiqué plus haut,l’Ibéromaurusien prend fin au X e millénaire cal BC, ce qui esten concomitance avec la fin du processus d’accumulation d’épais dépôts de grottes. Leregistre archéologique devient rare dans la zone de l’ibéromaurusien antérieur et des preuves

    d’une continuité se retrouvent sur certains sites aujourd’hui attribuables à l’Epipaléolithiqueméditerranéen. La frange septentrionale du Sahara (soit, au sud du territoire traditionnel del’ibéromaurusien) est maintenant occupée par le Capsien.

    La transition de l’Ibéromaurusien à l’Epipaléolithique et le développement du Capsiencoïncident approximativement avec le début de l’Holocène, lequel est marqué ─ dans notrezone d’étude ─ aussi bien par une élévation soudaine de la température (Johnson et al ., 2001 ;Cachoet al ., 2001) que des précipitations (deMenocal, 2000). Les données polliniques (Lamet al ., 1995, Combourieu-Nebouet al ., 1999) indiquent une expansion de la couvertureforestière à la zone méditerranéenne et les registres limniques (Swezeyet al., 1999 ; Gasse,

    2000), montrent, à leur tour, la présence de lacs dans les zones semi-arides au sud.La majorité des modèles relatifs à la transition de l’Ibéromaurusien à l’Epipaléoli thiquerenforcent l’idée d’une continuité (Nehren, 1992 ; Lubell et Sheppard, 1997 : 326 ; Rahmani,2004). Une partie de la population ibéromaurusienne antérieure se maintient sur son territoire,où elle s’adapte aux nouvelles conditions environnementales (p. ex., à l’expansion des forêts)et accomplie une mutation culturelle quiconduit à l’épipaléolithique méditerranéen. Cestransformations environnementales autorisent de nouvelles zones de peuplement au sud, oùl’eau est désormais disponible dans des lacs formés récemment. Une partie de la populationibéromaurusienne s’adapte à un environnement légèrement plus sec au sud, colonisant cettezone et donnant lieu au Capsien.

    La chronologie de ces transitions culturelles coïncide avec le grand changementenvironnemental du début de l’Holocène. Le système climatique et ses bouleversementsrapides sont, donc, les déclencheurs de la transition Paléolithique-Epipaléolithique. Mais, peut-on appliquer aussi cette approche interprétative à la transition Epipaléolithique- Néolithique? Autant qu’il nous est permis de savoir à traver s les registres climatiques, lesconditions du milieu ambiant sont encore très favorables avant le refroidissement modéré et la

    baisse des précipitations qui sont caractéristiques de l’Holocène moyen. Toutefois, le début du Néolithique ne correspond à aucune modification dans le registre climatique. L’événementmajeur de 8.2 ka BP ─ qui a eu, probablement, un fort impact sur le processus de

    néolithisation de la Méditerranée orientale, (Weninger et al., 2006) ─ a précédé d’environ undemi millénaire l’arrivé e au Maghreb des premières innovations néolithiques. Ainsi, lesraisons qui conduisirent à l’expansion de l’agriculture vers la Méditerranée occidentale nesont pas encore totalement élucidées.

    Cette phase climatique plus favorable se termine au IVe millénaire cal BC, à la fin de cequ’on appelle la Période humide africaine, au moment où commence le processus dedésertification graduelle du Sahara (Kuper et Kröpelin, 2006 ; Kröpelinet al ., 2008).

    Le développement culturel peut se décrire synthétiquement en quatre phases (Fig. 17) :

    1. La Fin de l’Ibéromaurusien, ~ 9.5 ka cal BC (Fig. 9.1) Diverses datations au radiocarbone et la formation de dépôts culturels massifs ─ tels

    qu’Ifri N’Ammar, dans le Rif oriental (Moser, 2003) ─ marquent l’Ibéromaurusien tardif, quicoïncide avec les interstades Bǿlling et Alerǿd de l’Europe septentrionale. Le Dryas récent,qui s’en suit, est associé, au nord de l’Afrique, à une raréfaction des données archéologiques.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    16/40

    16

    2. L’Epipaléolithique méditerranéen et Capsien ~ 9.5 -5 ka cal BC (Fig. 9.2)Avec le début de l’Holocène, ont eu lieu de grands changements environnementaux et

    culturels. La hausse des précipitations durant la Périodehumide africaine facilite l’occupation de l’ancien Sahara hyperaride. La population ibéromaurusi enne se scinda alors en deux

    grandes unités : une unité, que nous appelons Epipaléolithique méditerranéen, qui reste surson territoire traditionnel et s’adapte aux transformations environnementales (expansion desforêts) ; la deuxième unité, le Capsien, colonisa les zones jusqu’alors semi -arides du Saharaseptentrional. Le Capsien peut être subdivisé en deux complexes contemporains, bien définis par une différenciation dans les cultures matérielles : le Capsien typique et le Capsiensupérieur. Alors que le premier se confina à une zone qui longe la frontière algero-tunisienne,le second s’étend sur un territoire beaucoup plus vaste comprenant l’Atlas Tellien et des parties du Sahara septentrional. La population du Capsien supérieur se caractérise par unemobilité plus prononcée, reconnaissable par une utilisation plus versatile des matières

    premières et par une technologie lithique plus efficace (Lubell et Sheppard, 1997 ; Rahmani,2004). Aux environs de 5 ka cal BC, le Capsien cède la place à ce qu’on appel le le Néolithique de Tradition Capsienne (NTC), transition qui naît sous l’influence des culturesnéolithiques voisines : le Néolithique méditerranéen, au nord-ouest, et le Néolithiquesaharien, au sud. Les détails sur la façon dont ce processus s’est déro ulé requièrent plusd’investigation.

    La transition de l’Ibéromaurusien à l’Epipaléolithique méditerranéen demeure obscure.On ne rencontre plus de grands sites en grotte et, dans certaines régions, les indicesd’occupation humaine sont tellement ténus et d ifficiles à distinguer que les chercheurssupposent très souvent l’existence d’un hiatus d’occupation. Il n’y a déjà plus de modèle

    culturel suprarégional, mais de simples ensembles isolés à caractère local, comme leColumnatien. Des changements environnementaux significatifs, telle l’expansion des forêts,

    peuvent avoir affecté l’occupation du territoire, à l’image de ce qu’on a observé à plusieursreprises à propos de la transition du Paléolithique supérieur européen (Magdalénien) àl’Epipaléolithique (Flo ss, 1994). La disparition progressive des troupeaux de grandsherbivores exige de nouvelles stratégies de chasse et de subsistance, maintenant adaptées auxanimaux de la forêt, a également entrainé des changements au niveau de la mobilité. Cesnouveaux moyens de subsistance correspondent aux notions de cueilleurs et de fourrageurs,tels qu’ils sont définis par Binford (1983). Les premiers s’installent dans des campements

    résidentiels de longue durée (facilement détectables par l’archéologie) et se déplacent à partirde là pour s’adonner à des activités spécifiques, comme la chasse et la cueillette (mobilitérésidentielle). Les fourrageurs, au contraire, doivent déplacer ses campements résidentielsquand les ressources exploitées localement menacent d’épuisem ent (mobilité logistique). Cetype de déplacements et les campements temporaires qui en sont le corollaire, sont beaucoup plus difficiles à détecter; raison pour laquelle on ne peut transposer qu’avec certainesrestrictions ce modèle à la situation au nord-ouest de l’Afrique méditerranéenne (Listädter,2004) de façon à expliquer le manque de sites et la rareté d’ensembles épipaléolithiquesméditerranéens.

    3- Le Néolithique ancien et l’Epipaléolithique avec céramique, 5.8 -4.9 ka cal BC (Fig. 9.3)Le Néolithique ancien de la zone méditerranéenne partage avec l’Epipaléolithique

    antérieur des conditions environnementales favorables. Toutefois, sa phase initiale n’estmarquée par aucun changement climatique significatif.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    17/40

    17

    Sur la base de données économiques, la zone méditerranéenne peut être divisée en deuxrégions à cette période: la Péninsule Tingitane, d’un côté, et, de l’autre, la côteméditerranéenne jusqu’aux Iles Chafarinas et l’hinterland de l’Est marocain, y compris le Riforiental, la rivière Moulouya et les régions d’Oujda et d’Oran.

    Les plus anciens sites du nord-ouest de l’Afrique méditerranéenne sont repartis le long dela côte. Les communautés de cette zone géographique semblent disposer d’une économie desubsistance pleinement néolithique, y compris une importante composante marine. La

    présence d’animaux domestiques est prouvée pour la région de Tanger (Ouchaou, 2004), auxIles Chafarinas (Bellver et Bravo, 2003) et dans les sites en grotte d’Ifri Oudadane et IfriArmas, à l’ouest de l’Oued Kert , comme décrit ci-dessus (Hubert Berke, com.pes.). Leregistre paléobotanique est encore très lacunaire, mais les analyses de Balouche et Marinval(2004) ont permis de confirmer la présence de plantes domestiques dans la région. Ladécoration de la céramique est dominée par l’imp ression aucardium , issue cependant detraditions très diverses. Le matériel de Tanger partage beaucoup de points communs avec

    celui de la Catalogne, comme l’avait déjà signalé Gilman (1975 : 124). Toutefois, lacéramique imprimée au cardium des sites littoraux, comme les Iles Chafarinas ou IfriOudadane, ne présente pas d’analogies avec celle de Tanger, mais plutôt avec les sitesandalous. Un matériel comparable provient, par exemple, de sites comme Cueva de Nerja, àMalaga (Pellicer et Acosta, 1997), et Cabecicos Negros, près d’Almeria (Camalich et al., 2004). Une propagation des innovations néolithiques suivant un modèle de colonisation parvoie maritime semble, donc, très probable. L’origine de ces populations néolithiques serait lelittoral ibérique, comme on peut le reconnaître à travers la céramique décorée aucardium , qui provient clairement de cette région. Ce sera à travers des contacts transcontinentaux que lesinnovations néolithiques sont parvenues au nord de l’Afrique. Cependant, l’hypothèse sel onlaquelle Tanger représenterait la principale tête de pont d’une diffusion du paquet néolithiquevers l’Est, comme l’a proposé, par exemple, Roudi (1990), ne peut plus être soutenue, à causedes datations plus anciennes obtenues sur les sites en grotte du Maroc oriental, comme, parexemple, à Ifri Armas (Linstädter, en cours de publication).

    Dans la deuxième zone considérée (l’Est du Maroc et l’Ouest algérien), on ne retrouve nianimaux ni plantes domestiques. Les chasseurs-cueilleurs locaux, identifiables par leursindustries lithiques, sont dans la tradition épipaléolithique. En conformité avec le « modèledual» (par exemple, van Willigen, 2006), le processus d’adoption des innovationsnéolithiques par des groupes préexistants aurait commencé avec l’importation de la céramique

    et continuerait plus tard avec l’introduction d’animaux domestiqu es. Il semble que ce modèle peut être appliqué à cette région, où des styles décoratifs propres sur céramique furent alorsdéveloppés en contexte épipaléolithique, en dehors de tout contact préalable avec du matérielcomparable à décor incisé typique de la région d’Oran (cf. Manen et al ., 2007 ; Linstädter,2004). A ce sujet, la région la plus complexe semble être l’Est du Maroc. Sur le site d’HassiOuenzga, on peut reconnaître la superposition de diverses influences : il y a la présence de :a) céramiqueincisée d’Oran ; b) céramique à décors imprimés dans un style clairement local(cf. le «groupe d’Hassi Ouenzga » chez Linstädter, 2004) : 129), etc) céramique imprimée aucardium . Au vu des contacts encore existants avec la Péninsule Ibérique, la décorationcéramique continue à être influencée peut-être par un processus que Manenet al., (2007)décrivent comme transfert de connaissances ; transfert qui remonte à des réseaux de contact prénéolithiques entre la côte nord-ouest de l’Afrique et l’Andalousie et induira probablement,du côté ibérique, une recomposition du paquet néolithique avant son expansion, plus àl’Ouest, vers les côtes atlantiques de l’Afrique et de l’Europe (Manen et al., 2007).

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    18/40

    18

    4- Néolithique moyen et final (fig. 9.4)La connaissance du développement interne du Néolithique présente encore de grands

    défis. Sur le littoral atlantique sont connues les grandes nécropoles de Rouazi ou El Kiffen,mais les sites avec habitat sont rares. Dans l’Est du Maroc, on connaît quelques sites du

    « Néolithique moyen-récent », mais le matériel appartenant à cette phase reste mal défini. Plusà l’Est, on ne connaît pas d’indices du phénomène qu’on pourrait qualifier de Néolithiquemoyen.

    Remerciements

    L’auteur est profondément redevable à l’Institut National des Sciences de l’Archéologieet du Patrimoine du Maroc et à Mr. Abdesalam Mikdad pour ses autorisations pour laconduite de travaux de terrain, pour l’appui et coopération sur le terrain, ainsi que pour avoir permis de publier ces résultats. Ces r emerciements s’étendent à l’Institut ArchéologiqueAllemand et à son représentant, Dr. Josef Eiwanger, responsable du projet et codirecteur de la

    Kommission für die Archäologie Außereuropäischer Kutuen , pour son soutien.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    19/40

    19

    Bibliographie

    Acosta , P. & Pellicer, M. (1990) - La cueva de la Dehesilla (Jerez de la Fontera) . Jerez.

    Allen , H. D. (1996) - Mediterranean Environments. In: Adams,The physical geography of Africa . (Goudie, W.M. &. A. R. Orme ed.). Oxford University Press, Oxford: 307-325.

    Ammerman , A. J. & Cavalli-Sforza, L. L. (1971) - Measuring the rate of spread of early farming in Europe. Man 6 (1): 674-688.

    Ammerman , A. J. & Cavalli-Sforza, L. L. (1973) - A Population Model for the Diffusion of Early Farming inEurope. In:The Explanation in Culture Change: Models in Prehistory (Renfrew, C. ed.). Duckworth, London :343-357.

    Aumassip , G. (1971) - La poterie préhistorique d'Oranie d'après les documents déposés au Musée Demaeght àOran. Libyca XIX : 137-162.

    Ballouche , A & P. Marnival (2003) - Données palynologiques et carpologiques su la domestication des planteset l’agriculture dans le Néolithique ancien dans le Maroc septentrional (site de Kaf Taht el -Ghar). Revued’Archéométrie 27, 2003: 49-54.Ballouche , A & P. Marnival (2004) - At the origin of agriculture in the Maghreb. Palynological and carpologicaldata on the early Neolithic of Northern Morocco. Acts of the XIth congress of panafrican association , Bamako7.-12-2.2001, 2004 : 74-82.

    Balout , L. (1955) - Préhistoire de l'Afrique du Nord. Essai de chronologie . Arts et Métiers Graphiques, Paris.

    Bellver Garrido, J. A. & A. Bravo Nieto (2003) - Una estación neolitíca al aire libre en la Islas Chafarinas : ElZafrín. Primera datación radiocarbónica. Akros - la revista del museo 2 : 79-85.

    Bernabeu , J. (1996) - Aspectos de la neolitizacion en la fachada oriental de la Peninsula Iberica.Trabajos de Prehistoria 53 : 37-54.

    Bernabo Brea, L. (1950) - Il Neolitico a ceramica Impressa e la sua diffusione nel Mediterraneo. Rivista di Studi Liguri 3 : 25-36.

    Berthélémy , A. & R. Accart (1987) - Ma Izza, site néolithique marocain. Bulletin de la Société Préhistorique Française LXXXIV : 75-82.

    Binford , L. (1983) - In pursiut of the past : Decoding the archaeological record . London : Thames & Hudson,1983.

    Bosch -Gimpera, P. (1932) - Ethnologia de la Peninsula Iberica .

    Bosch -Gimpera, P. (1967) - Civilisation Mégalithique Potrugaise et Civilisations Espagnoles. L'Anthropologie71 : 1-48.Buchet , G. (1907) - Note préliminaire sur quelques sépultures anciennes du Nord-Ouest du Maroc. Bull. Géogr.hist. et descript: 396-399.

    Cacho , I., Grimalt, J.O., Canals, M., Sbaffi, L., Shackleton, N.J., Schönfeld, J. & R. Zahn (2001) - Variability ofthe western Mediterranean Sea surface temperature during the last 25,000 years and its connection with the Northern Hemisphere climatic changes. Paleooceanography 16: 40-43.

    Camalich , M.D., Martin-Socas, D., Gonzalez, P., Goni, A. & A. Rodriguez (2004) - The Neolithic in Almeria. Documenta praehistorica XXXI : 183-197.

    Camps , G. (1966) - Le Gisement de Rachgoun (Oranie). Libyca XIV : 161-188.

    Camps , G. (1967) - Fouilles de la grotte II de l'Oued Guettara (Brédéa, departement d'Oran). Libyca XV: 382-384.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    20/40

    20

    Camps , G. & H. Camps-Fabrer (1972) -L’Epipaléolithique récent et le passage au Néolithique dans le nord del'Afrique. In : Die Anfänge des Neolithikums vom Orient bis Nordeuropa (Schwabedissen, H. ed.). BöhlauVerlag, Köln, Wien : 19-68.

    Camps , G. (1974) - Les civilisations préhistoriques de l'Afrique du Nord et du Sahara . Paris.

    Combourieu Nebout, N.; Londeix, L.; Baudin, F.; Turon, J.-L.; von Grafenstein, R.; Zahn, R. (1999) -Quaternary marine and continental paleoenvironments in the western mediterranean (Site 976, Alboran Sea):Palynological evidence. Proceedings of the Ocean Drilling Program, Scientific Results 161: 457- 468.

    Carvalho , A.F. (no prelo) - O Mesolítico tardio em Portugal. II Reunión sobre Mesolítico de la cuenca del Ebro y Litoral Mediterráneo. El Mesolítico Geométrico: el desarrollo de las industrias líticas geométricas del VIII-VII milenio a.C. Zaragoza: Universidad de Zaragoza (Salduie; 8).

    Daugas , J.-P., Raynal, J.-P., Ballouche, A., Occhietti, S., Pichet, P., Evin, J., Texier, J.-P. & A. Debenath (1989)- Le Néolithique nord-atlantique du Maroc : premier essai de chronologie par le radiocarbone.Compte Rendu del'Académie des Sciences 308(2) : 681-687.

    Daugas , J.-P., Raynal, J.-P., El Idrissi, A., Ousmoi, M., Fain, J., Miallier, D., Montret, M., Sanzelle, S., Pilleyre,T., Occhietti, S. & E.-J. Rhodes (1998) - Synthèse radiochronométrique concernant la séquence néolithique auMaroc. In: Actes du Colloque "C14 et Archéologie" 1998: 349-353.

    DeMenocal , P.; Ortiz, J.; Guilderson, T.; Adkins, J.; Sarnthein, M.; Baker, L.; Yarusinsky, M. (2000) - Apruptonset and termination of the African Humid Period: rapid climate responses to gradual insolation forcing.Quaternary Science Reviews 19, 347-361.

    Débénath , A. & F. Sbihi-Alaoui (1979) - Découverte de deux nouveaux gisements préhistoriques près de Rabat(Maroc). Bulletin de la Societé Préhistorique Française LXXVI : 197-198.

    Doumergoue , F. (1921) - Inventaire des Grottes Préhistoriques des Environs d´Oran. Bulletin TrimestrielSociété Géographique Archéologie d´Oran XLI : 104-127.

    El Idrissi , A. (2001) - Néolithique ancien du Maroc septentrional . Rabat.

    Estévez , J. (1988) - Estudio de los restos faunisticos. In :Cova Fosca. Un asentamiento meso-neolítico decazadores y pastores en la serrania del Alto Maestrazgo (Olaria, C. ed.). Servicio de Publicaciones Diputacón deCastellón, Castellon: 281-337.

    Floss , H. (1994) - Rohmaterialversorgung im Paläolithikum des Mittelrheingebietes . Bonn : Dr. Rudolf Habelt.

    Gasse , F. (2000) - Hydrological changes in the African tropics since the Last Glacial Maximum.QuaternaryScience Reviews 19: 189-211.

    Gilman , A. (1975) -The Later Prehistory of Tangier, Morocco . Peabody Museum of Archaeology andEthnology, Harvard University, Cambridge.

    Goetz , C. (1964) - Quelques foyers néolithiques à poterie unie des environs d'Oran. Bulletin de la Société Préhistorique Française LXI : 512-539.

    Goetz , C. (1967) - La Station de Bou-Aichem (Oran). Libyca XV : 15-63.

    Grébénart , D. (1974) - Matériaux pour l'étude de l'Épipaléolithique et du Néolithique du litoral atlantiquesaharien du Maroc. In :Colloque international, l'Epipaléolithique Méditerranée (Aix-en-Provence 1972). Aix-enProvence 1974, 151-188.

    Grébénart , D. (1995) - Le Néolithique de l'Adrar N'Metgourine (Région d'Akka, Maroc). In: L'Homme Méditerranéen (Chenorkian, R. ed.). Aix-en-Provence 1995: 101-111.

    Hencken , H. O. (1948) - The Prehistoric Archeology of Tangier Zone, Morocco. Proceedings of the American Philosophical Society 92, 1948:281-288.

    Holzkämper , J. (em preparação) - Le site Iberomaurusien de Hassi Ouenzga plein-air. Beiträge zur Archäologie Aussereuropäischer Kulturen . Verlag Philipp von Zabern, Mainz am Rhein.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    21/40

    21

    Howe , B. (1949) - A programm of excavations in the stone age of Northwestern Africa. Archaeology II (2): 76-83.

    Howe , B. (1967) -The Palaeolithic of Tangier, Morocco. Excavations at Cape Ashakar, 1939-1947 . Cambridge,Massachussets: Peabody Museum of Archaeology and Ethnology, Harvard University.

    Jodin , A. (1958/59) - Les grottes d'El Khril à Achakar, province de Tanger. Bulletin d'Archéologie MarocaineIII: 249-313.

    Johnsen , S. J.; Dahl-Jensen, D.; Gundestrup, N; Steffensen, J. P.; Clausen, H. B.; Miller, H.; Masson-Delmotte,V.; Sveinbjsrndottir, A. E.; White, J. (2001) - Oxygen isotope and palaeotemperature records from six Greenlandice-core stations: Camp Century, Dye-3, GRIP, GISP2, Renland and North GRIP. Journal of Quaternary Science16(4): 299-307.

    Juan -Cabanilles, J. (1990) - Substrat épipaléolithique et néolithisation en Espagne : apport des industrieslithiques à l'identification des traditions culturelles. Rubané et Cardial. Actes du colloque de Liège 1988 : 417-435.

    Koehler , R. P. H. (1931) - La céramique de la grotte d'Achakar (Maroc) et ses rapports avec celles descivilisations de la péninsule ibérique. Revue Anthropologique XLI: 156-167.

    Kröpelin , S., Verschuren, D., Lézine, A.-M., Eggermont, H., Cocquyt, C., Francus, P., Cazet, J.-P., Fagot, M.,Rumes, B., Russel, J.M., Darius, F., Conley, D.J., Schuster, M., Suchodoletz von, H. & D.R. Engstrom (2008) -Climate-Driven Ecosystem Succession in the Sahara: The last 6.000 years.Science 320 :765-768.

    Kuper , R. & S. Kröpelin (2006) - Climate-controlled Holocene occupation in the Sahara: motor of Africa’s evolution.Science vol. 313 :803-807.

    Lacombe , J.-P., El Hadjraoui, A. & Daugas, J.-P. (1991) - Etude anthropologique préliminaire des sépulturesnéolithiques de la Grotte d'El M'nasra (Témara, Maroc). Bulletin de la Société d'Anthropologie du Sud-OuestXXVI, 163-176.

    Lamb , H. F. & S. van der Kaars (1995) - Vegetational response to Holocene climatic change : pollen and palaeolimnological data from the Middle Atlas, Morocco.The Holocene 5,4 : 400-408.

    Lewthwaite , J.C. (1987) - Essai dans le cadre du néolithique ancien méditerranéen pour extraire de sa coquille le"facteur social". In : Guilaine, J., Courtin, J., Roudil, J.-L. & J.-L. Vernet (Hrsg.) : Premières communautés

    paysannes en Méditerranée occidentale. Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier 1983) . Paris1987, 737-743.

    Linstädter , J. (2003) - Le site néolithique de l'abri d'Hassi Ouenzga (Rif oriental, Maroc). Beiträge zur Allgemeinen und Vergleichenden Archäologie 23 : 85-138.

    Linstädter , J. (2004) - Zum Frühneolithikum des westlichen Mittelmeerraumes - die Keramik der FundstelleHassi Ouenzga. AVA-Forschungen Band 9, 188 p.

    Linstädter , J. (no prelo) - Recherches recentes sur les sites en grotte du Neolithique ancient dansl’Ouestmarocain. Memoires de scéance: Organisation et fonctionnement des premieres societes paysannes – structurede production ceramique de la Ligurie a la Catalogne . Toulouse 11-12.5.2007.

    Lubell , D., Hassan, F. A., Gautier, A. & J. L. Ballais (1976) - The Capsian Escargotières.Science 191: 910-920.

    Lubell , D. (1984) - Palaeoenvironments and epipalaeolithic economies in the Maghreb (ca. 20.000 to 5.000 BP).In: From Hunters to Farmers: Considerations of the causes and consequences of food production in Africa(Clark, J. D. &. S. A. Brandt. ed.). University of California Press, Berkley: 41-56.

    Lubell , D. & P. J. Sheppard (1997) - In: Josef, O. V. (ed.) Encyclopedia of Precolonial Africa. Archaeology, History, Languages, Cultures and Environments . Altamira Press, London : 325-330.

    Manen , C. (2000) - Le Néolithique ancien entre Rhône et Ebre : analyse des céramiques décorées . École desHautes Études en Sciences Sociales, Thèse de doctorat Nouveau Régime, Toulouse.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    22/40

    22

    Manen , C., Marchand, G. & A. F. Carvalho (2007) - Le Néolithique ancien de la péninsule Ibérique : vers unenouvelle évaluation du mirage africain ? Actes du XXVIe congrès préhistorique de France – Avignon, 21-25.7.2004 . 2007 :133-151.

    Martinez Santa Olala, J. (1941) - Esquema paletnológico de la Península Hispánica.Corona de Estudios de laSociedada Espanola de Antropología, Ethnografia y Prehistorica 1 : 141-166.

    Mikdad , A. (em preparação) - La grotte de Taghit Haddouch dans la région du Rif oriental (Maroc). Beiträge zur Archäologie Aussereuropäischer Kulturen . Verlag Philipp von Zabern, Mainz am Rhein.

    Mikdad , A. ; Eiwanger, J. ; Atki, H. ; Ben-Nacer, A. ; Bokbot, Y. ; Hutterer, R. ; Linstädter, J. ; Mouhsine,T.(2000) - Recherches préhistoriques et protohistoriques dans le Rif oriental (Maroc). Rapport préliminaire.

    Beiträge zur Allgemeinen und Vergleichenden Archäologie 20: 109-167.

    Mikesell , M.W. (1961) - Northern Morocco. A Cultural Geography . Berkeley, Los Angeles: University ofCalifornia Press.

    Moser , J. (2003) - La Grotte d´Ifri N´Ammar. Tome 1 : L´Ibéromaurusien . Lindensoft, Köln.

    Nami , M. (2008) - Les techno-complexes ibéromaurusiens d´Ifri El Baroud (Rif Oriental, maroc). Beiträge zur Allgemeinen und Vergleichenden Archäologie 27.

    Nehren , R. (1992) - Zur Prähistorie der Maghrebländer (Marokko-Algerien-Tunesien). Materialien zur Allgemeinen und Vergleichenden Archäologie 49.

    Olaria , C. (1988) -Cova Fosca. Un asentiamento meso-neolitico de cazadores y pastores en la serrania del Alto Maestrazgo (Castelló) 1988.

    Otte , M., Bouzouggar, A. & J. Kozlowski (2004) - La Préhistoire de Tanger. ERAUL 105, Liège.

    Ouchaou , B. (2004) - Les mammifères des niveaux néolithiques et protohistoriques des gisementsarchéologiques de la péninsule tingitane. In : La Préhistoire de Tanger (Otte, M., Bouzouggar, A. & J.Kozlowski eds.). ERAUL 105, Liège : 93-100.

    Pallary , P. (1893) - Deuxième catalogue des stations préhistoriques du département d'Oran. Madrider Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts , XXIIe Congrès de l'A.F.A.S. Besonçon: 647-652.

    Pallary , P. (1896) - Troisième catalogue des stations préhistoriques du département d'Oran. In : XXVe Congrèsde l'A.F.A.S . Carthage-Tunis. 1896, 494-500.

    Pallary , P. (1900) - Quatrième catalogue des stations préhistoriques du département d'Oran. In : XXIXe Congrèsde l'A.F.A.S . Paris. 1900, 770-775.

    Pellicer , M. & P. Acosta (1997) - El Neolitico y calcolitico de la Cueve de Nerja en el contexto andaluz . Nerja,1997.

    Rahmani , N. (2004) - Technological and cultural change among the last Hunter-Gatherers of the Maghreb: TheCapsian (10.000 BP to 6000 BP). Journal of World Prehistory 18(1): 57-105.

    Ramos Muñoz, J. & D. Bernal Casasola (2006) - El proyecto Benzu, 250.000 anos de historia en la orilla Africana del Circulo del estrecho . Cadiz 2006.

    Ramos Muñoz, J., Castañeda Fernández, V., Pérez Rodriguez, M., Lazarich Gonzaléz & M. Montanéz Cabalero(2000) - Contributions to the study of the spezialized hunter-gatherer production mode and to the beginning ofthe production economy in the Atlantic coast of Cadiz (Southern Spain). In:Gibraltar during the Quaternary(Finlayson, J. C., Finlayson, G. & D. Fa eds.). 2000: 135-158.

    Raynal , J.-P., Sbihi-Alaoui, F. Z., Magoga, L., Mohib, A. & M. Zouak (2004) - The lower palaeolithic sequence

    of Atlantic Morocco revisted after recent excavations at Casablanca. Bulletin d'Archéologie Marocaine 20 : 44-76.

    Roche , J. (1969) - Fouille de la Grotte des Contrebandiers, Témara (Maroc). Palaeoecology Balkema IV : 120-121.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    23/40

    23

    Roubet , F.E. (1955) - Les foyers préhistoriques de la crique des Pêcheurs, à Bou-Aichem près de Kristel (Oran).In : Actes du IIe Congrès Panafricain de Préhistoire, Algier 1952 (Balout, L. ed.). Paris 1955, 655-657.

    Roudil , J.L. (1990) - Cardial et Néolithique ancien ligure dans le sud-est de la France. In: Rubane et Cardial(Cahen, D. & M. Otte eds.). Liège 1990: 383-391.

    Schuhmacher , TH. (1994) - Zur Frage der Neolithisierung im Pais Valenciano. Madrider Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts 35 : 33-68.

    Searight , S. (1998) - Un campement préhistorique à Tarfaya : Le site Letan. Bulletin d'Archéologie MarocaineXVIII : 109-124.

    Souville , G. (1972) - La céramique cardiale dans le nord de l'Afrique. In: Die Anfänge des Neolithikums vomOrient bis Nordeuropa (Schwabedissen, H. ed.). Köln, Wien 1972: 60-71.

    Swezey , C.; Lancaster, N.; Kocurek, G.; Deynoux, M.; Blum, M.; Price, D.; Pion, J.-C. (1999) - Response ofaeolian systems to Holocene climatic and hydrologic changes on the northern margin of the Sahara: a high-resolution record from the Chott Rharsa basin, Tunisia.The Holocene 9,2, 141-147.

    Tarradell , M. (1954) - Noticia sobre la excavatión de Gar Cahal.Tamuda II: 344-358.

    Tarradell , M. (1955) - Avance de la primera campana de excavatiónes en Caf Taht el Gar.Tamuda VI: 307-321.

    Tinner , W., Nielsen, E. H. & A. F. Lotter (2007) - Mesolithic agriculture in Switzerland? A critical review ofthe evidence.QSR 26, 2007: 1416-1431.

    Willigen van, S. (2006) - Die Neolithisierung im westlichen Mittelmeerraum. Iberia Archaeologica 7.

    Vaufrey , R. (1955) - Préhistoire de l'Afrique. Tome 1 : Maghreb . Publications de l'Institut des Hautes Études deTunis, Tunis.

    Wengler , L. (1983/84) - La grotte d'El Heriga (Maroc Oriental). Bulletin d'Archéologie Marocaine XV : 81-89.

    Wengler , L. (1985) - Un gisement néolithique du Maroc oriental : l'abri Rhirane, environnement et stratigraphie. Bulletin de la Société Préhistorique Française LXXXI : 284-288.

    Wengler , B. & L. Wengler (1979/80) - Abri Rhirane: premiers résultats. Bulletin d'Archéologie Marocaine XII :23-44.

    Wengler , L., Delibrias, G., Michel, P. & J. L. Vernet (1989) - Sites Néolithiques du Maroc oriental : cadrechronologique, archéologie et milieu naturel. L'Anthropologie 93 Nr.4: 507-534.

    Wengler , L., & J.-L. Vernet (1992) - Vegetation, sedimentary deposits and climates during the Late Pleistoceneand Holocene in eastern Morocco. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology 94, 141-167.

    Weninger , B.; Alram-Stern, E.; Bauer, E.; Clare, L.; Danzeglocke, U.; Jöris, O.; Kubatzki, C.; Rollefson, G.;Tordorova, H.; Ander van, T. (2006) - Climate forcing due to the 8200 cal yr BP event observed at Early Neolithic sites in the eastern Mediterranean.Quaternary Research 66: 401-420.

    Zielhofer , C. & J. Linstädter (2006) - Short-term Mid-Holocene climatic deterioration in the WestMediterranean region: climatic impact on Neolithic settlement pattern? Zeitschrift für Geomorphologie N. F.Supplement Vol. 142: 1-17.

    Zilhão , J. (2001) - Radiocarbon evidence for maritime pioneer colonization at the origins of farming in westMediterranean Europe. PNAS 98: 14180-14185.

    Zych , R. (2004) - Neolithic pottery associated with the human remains from Tahadart. In : La Préhistoire deTanger (Otte, M., Bouzouggar, A. & J. Kozlowski eds.). ERAUL 105, Liège : 171-174.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte français - version finale.pdf

    24/40

    24

    Fig 1 . Carte a) : la zone des projets de recherche allemands mentionnés dans le texte, au Maroc oriental. Carte b): lesdomaines du projet: "Archéologie du Rif oriental, Maroc" ("Oriental Rif Project "), se concentrent dans la plaine duGerrouaou de la région de Saka à l’aval de l'Oued Kert, au nord ; "Le néolithique de la côte marocaine" (" Coastal Neolithic

    Project "), à environ 70 km sur la ligne côtière à l’Ouest de Melilla; et "le paysage et l'occ upation du territoire semi-aride duMaroc du Nord-Est au cours du Quaternaire récent" (" Moulouya Project "), qui se concentre sur une section, d’environ 50 kmde long, de la basse vallée de la rivière Moulouya.

  • 8/17/2019 2016-04-25 Texte