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Cahier du « Monde » N o 21918 daté Mardi 7 juillet 2015 - Ne peut être vendu séparément OFFRES D’EMPLOI CHAQUE LUNDI PAGE 7 FINANCE L’INDE VA MIEUX, LES ENTREPRISES S’INTRODUISENT EN NOMBRE À LA BOURSE DE BOMBAY LIRE PAGE 3 PERSPECTIVES Le travail entre salariat et précariat D es chauffeurs de taxi furieux renver- sent des voitures pour défendre leur profession. Des migrants s’échouent en masse sur les côtes pour trouver un emploi en Europe. En France, la prochaine élection présidentielle se jouera en grande partie sur le chômage. Partout la question du travail oc- cupe les esprits et préoccupe les politiques. Normal, depuis que les sociétés humaines se sont affranchies de l’esclavage, puis de la féoda- lité, qui reléguaient le travail aux couches basses de la société, cette notion s’est retrouvée au cœur de nos existences. Elle se déploie dans trois di- mensions. Economique, bien sûr, on travaille pour subvenir à ses be- soins, mais aussi sociale et philosophique. Un emploi est le plus sûr moyen de s’insérer dans une communauté et de trouver, le plus souvent, un sens à son existence. C’est la raison pour la- quelle le Cercle des éco- nomistes a choisi ce thème cette année pour ses rencontres d’Aix, qui se sont achevées diman- che 5 juillet. Avec une idée qui taraude les esprits en ce moment : sommes-nous à la veille d’un changement majeur du mode de travail, de sa ré- partition, de sa qualité ? La situation européenne nous montre que le chômage n’est pas une fatalité. Des pays majeurs comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne sont retournés au plein-emploi après avoir connu des récessions plus profondes que celle de la France. Mais à quel prix ? Celui du développe- ment de ce que l’on pourrait appeler le « préca- riat ». Ce travail aléatoire et faiblement rému- néré, souvent indépendant, qui a fait sortir de l’inactivité des millions d’individus. A l’inverse, les pays qui ont freiné ce mouvement vers les « mini-jobs » allemands ou les « contrats zéro heure » britanniques, comme la France ou l’Ita- lie, continuent de connaître des taux de chô- mage à deux chiffres. Précarité et emploi contre stabilité et chômage. La Grande-Bretagne a fait son choix, et va plus loin en revoyant entièrement le rôle de l’Etat. Chacun sa réponse. La France en trouvera une autre, plus conforme à son histoire, à sa culture. Il reste que, dans une économie ouverte et de croissance modérée, la précarité est la transition indispensable pour éradiquer le chômage de masse. Et, dans nos sociétés largement tertiari- sées, le stock d’emplois disponibles se trouve dans les services à basse qualification. Comme l’ont préconisé les économistes à Aix, pour contrer le développement d’une société à deux vitesses, il est impératif de revoir toute la chaîne de l’emploi, du stage au CDI en passant par le travail indépendant. Mais aussi de fluidi- fier le marché à l’échelle européenne, et d’inves- tir massivement en formation. Cette révolution copernicienne de la mobilité sociale est en train de se faire, officiellement et sous le manteau. Il est de notre intérêt d’accompagner le mouve- ment, plutôt que d’avoir à le subir. p philippe escande LIRE LE DOSSIER PAGES 4 ET 5 Champagne et Bourgogne au Patrimoine mondial L a France a désormais trois régions viticoles inscrites au Patrimoine de l’huma- nité. Le comité de l’Unesco, réuni à Bonn, a retenu, samedi 4 juillet, les deux candidatures présen- tées par la France. D’abord celle des « climats du vignoble de Bourgogne », puis celle des « co- teaux, maisons et caves de Champagne ». Deux votes à l’unanimité pour ces fleurons du patrimoine viti- cole français, classés dans la caté- gorie « paysages culturels ». La juridiction de Saint-Emilion, dé- clarée Patrimoine mondial de l’Unesco en 1999, avait ouvert la voie. Pour le vignoble bourguignon, le comité a reconnu la « valeur universelle exceptionnelle » de ses 1 247 climats, ses parcelles de vigne aux noms inscrits en place de choix dans la carte des vins, comme romanée-conti, corton, clos-de-vougeot, ou encore mon- trachet, musigny ou chambertin. Dans le Champenois, l’Unesco a été sensible à la mise en avant de l’unicité du système de produc- tion agro-industrielle du cham- pagne imaginé au XIX e siècle en pleine révolution industrielle. p LIRE PAGE 2 Les banques recrutent toujours mais perdent des emplois File d’attente lors d’une journée de recrutement de la banque LCL, en 2014, à Paris. HAMILTON/REA Le secteur bancaire a engagé 35 000 person- nes en 2014, dont les deux tiers en CDI, se- lon le bilan an- nuel de la Fédé- ration française des banques L’effectif total est en baisse de 0,9 % Face aux mu- tations numéri- ques, les établis- sements restent prudents sur les embauches LIRE PAGE 2 PORTRAIT LE TRÈS ATYPIQUE NOUVEAU CHEF ÉCONOMISTE DE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT LIRE PAGE 8 CETTE RÉVOLUTION COPERNICIENNE DE LA MOBILITÉ SOCIALE EST EN TRAIN DE SE FAIRE, OFFI- CIELLEMENT ET SOUS LE MANTEAU J CAC 40 | 4 727 PTS – 1,68 % j DOW JONES | 17 730 PTS – 0,16 % j EURO-DOLLAR | 1,1061 J PÉTROLE | 59,74 $ LE BARIL J TAUX FRANÇAIS À 10 ANS | 1,22 % VALEURS AU 06/07 - 9 H 30 Toshiba recommande Windows. Pour en savoir plus : www.toshiba.fr/Z20T DÉTACHÉ DE TOUTE CONTRAINTE. LE PC PORTABLE QU'IL VOUS FAUT. LA TABLETTE QUE VOUS MÉRITEZ. 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Cahier du « Monde » No 21918 daté Mardi 7 juillet 2015 - Ne peut être vendu séparément

OFFRESD’EMPLOI

CHAQUE LUNDI

PAGE 7

FINANCEL’INDE VA MIEUX, LES ENTREPRISES S’INTRODUISENT EN NOMBRE À LA BOURSE DE BOMBAY→ LIRE PAGE 3

PERSPECTIVES

Le travail entre salariat et précariat

Des chauffeurs de taxi furieux renver-sent des voitures pour défendre leurprofession. Des migrants s’échouenten masse sur les côtes pour trouver

un emploi en Europe. En France, la prochaineélection présidentielle se jouera en grande partiesur le chômage. Partout la question du travail oc-cupe les esprits et préoccupe les politiques.

Normal, depuis que les sociétés humaines sesont affranchies de l’esclavage, puis de la féoda-lité, qui reléguaient le travail aux couches bassesde la société, cette notion s’est retrouvée au cœur

de nos existences. Elle sedéploie dans trois di-mensions. Economique,bien sûr, on travaillepour subvenir à ses be-soins, mais aussi socialeet philosophique. Unemploi est le plus sûrmoyen de s’insérer dansune communauté et detrouver, le plus souvent,un sens à son existence.

C’est la raison pour la-quelle le Cercle des éco-nomistes a choisi cethème cette année pour

ses rencontres d’Aix, qui se sont achevées diman-che 5 juillet. Avec une idée qui taraude les espritsen ce moment : sommes-nous à la veille d’un changement majeur du mode de travail, de sa ré-partition, de sa qualité ?

La situation européenne nous montre que lechômage n’est pas une fatalité. Des pays majeurscomme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne sont

retournés au plein-emploi après avoir connudes récessions plus profondes que celle de laFrance. Mais à quel prix ? Celui du développe-ment de ce que l’on pourrait appeler le « préca-riat ». Ce travail aléatoire et faiblement rému-néré, souvent indépendant, qui a fait sortir del’inactivité des millions d’individus. A l’inverse, les pays qui ont freiné ce mouvement vers les « mini-jobs » allemands ou les « contrats zéro heure » britanniques, comme la France ou l’Ita-lie, continuent de connaître des taux de chô-mage à deux chiffres. Précarité et emploi contrestabilité et chômage.

La Grande-Bretagne a fait son choix, et va plusloin en revoyant entièrement le rôle de l’Etat. Chacun sa réponse. La France en trouvera uneautre, plus conforme à son histoire, à sa culture. Il reste que, dans une économie ouverte et decroissance modérée, la précarité est la transitionindispensable pour éradiquer le chômage de masse. Et, dans nos sociétés largement tertiari-sées, le stock d’emplois disponibles se trouvedans les services à basse qualification.

Comme l’ont préconisé les économistes à Aix,pour contrer le développement d’une société àdeux vitesses, il est impératif de revoir toute la chaîne de l’emploi, du stage au CDI en passant par le travail indépendant. Mais aussi de fluidi-fier le marché à l’échelle européenne, et d’inves-tir massivement en formation. Cette révolution copernicienne de la mobilité sociale est en train de se faire, officiellement et sous le manteau. Il est de notre intérêt d’accompagner le mouve-ment, plutôt que d’avoir à le subir. p

philippe escande

→ L IRE LE DOSSIER PAGES 4 ET 5

Champagne et Bourgogne au Patrimoine mondial

L a France a désormais troisrégions viticoles inscritesau Patrimoine de l’huma-

nité. Le comité de l’Unesco, réunià Bonn, a retenu, samedi 4 juillet,les deux candidatures présen-tées par la France. D’abord celledes « climats du vignoble deBourgogne », puis celle des « co-teaux, maisons et caves de Champagne ».

Deux votes à l’unanimité pources fleurons du patrimoine viti-cole français, classés dans la caté-gorie « paysages culturels ». Lajuridiction de Saint-Emilion, dé-clarée Patrimoine mondial de l’Unesco en 1999, avait ouvert la voie.

Pour le vignoble bourguignon,le comité a reconnu la « valeur universelle exceptionnelle » deses 1 247 climats, ses parcelles devigne aux noms inscrits en placede choix dans la carte des vins,comme romanée-conti, corton,clos-de-vougeot, ou encore mon-trachet, musigny ou chambertin.

Dans le Champenois, l’Unesco aété sensible à la mise en avant del’unicité du système de produc-tion agro-industrielle du cham-pagne imaginé au XIXe siècle en pleine révolution industrielle. p

→ L IRE PAGE 2

Les banques recrutent toujours mais perdent des emplois

File d’attente lorsd’une journée de

recrutement de labanque LCL,

en 2014, à Paris.HAMILTON/REA

▶ Le secteur bancairea engagé 35 000 person-nes en 2014, dont les deux tiers en CDI, se-lon le bilan an-nuel de la Fédé-ration française des banques▶ L’effectif total est en baissede 0,9 %▶ Face aux mu-tations numéri-ques, les établis-sements restent prudents sur les embauches→ LIRE PAGE 2

PORTRAITLE TRÈS ATYPIQUE NOUVEAU CHEF ÉCONOMISTE DE L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT→ LIRE PAGE 8

CETTE RÉVOLUTIONCOPERNICIENNE DE LA MOBILITÉ SOCIALE EST EN TRAIN DE SE FAIRE, OFFI-CIELLEMENT ET SOUS LE MANTEAU

J CAC 40 | 4 727 PTS – 1,68 %

j DOW JONES | 17 730 PTS – 0,16 %

j EURO-DOLLAR | 1,1061

J PÉTROLE | 59,74 $ LE BARIL

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2 | économie & entreprise MARDI 7 JUILLET 2015

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La banque recrute mais perd des emploisSelon le bilan annuel de la Fédération française des banques, 3 000 postes ont été supprimés en 2014

Le secteur bancaire est ungros recruteur, principa-lement en contrat à duréeindéterminée (CDI). L’en-

semble des banques de détail, d’investissement, commercialeset mutualistes, ont recruté plus de35 000 personnes en 2014 en France, dont les deux tiers en CDI,contre 31 000 en 2013, soit une hausse de 12 % sur un an, qui poursuit la tendance des années précédentes.

Mais, en 2014, les banques ontaussi détruit de l’emploi pour la deuxième année consécutive. C’est ce que révèle, lundi 6 juillet,la Fédération bancaire française(FBF) dans son bilan 2014. L’effec-tif total est en baisse de 0,9 % : soitquelque 3 000 salariés de moinsen un an. « Il n’y a pas d’ajuste-ment brutal sur l’emploi, y comprisdans la banque de marché, mais on ne remplace pas tous les dé-parts par des embauches », af-firme Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale de la FBF.

La dynamique de l’emploi dansle secteur bancaire est guidée d’une part par un fort turnover et,d’autre part, par les changements liés à l’environnement fiscal et ré-glementaire et la transformation numérique.

« C’est classiquement un secteuroù les embauches sont nombreu-ses, notamment du fait de la pyra-mide des âges, note Marie-AnneBarbat-Layani. Sur le périmètre AFB [l’ensemble des banques, hors mutualistes], sur les 12 000 départs en 2014, 45 % ont été des départs à la retraite. » Les plus de55 ans représentent 17 % de l’effec-tif total et l’âge moyen de départ àla retraite est de 60,9 ans dans le secteur, indique la fédération. Ce qui correspondrait, dans l’absolu, à quelque 63 000 départs sur cinqans.

Pour l’ensemble du secteur, lesautres motifs de départ sont les li-cenciements, économiques ou non, et les ruptures convention-nelles pour près de 15 %, les dé-missions pour 20 %, les 20 % res-tants correspondant aux départs avant la fin de la période d’essai etaux mobilités interbancaires.

« Le turnover et les départs à laretraite sont des motifs très pré-gnants dans le secteur de la ban-que-assurance, où ils représentent 60 % et plus des intentions de re-

crutement », précise Jean-MarieMarx, directeur général de l’Asso-ciation pour l’emploi des cadres(APEC). La Société générale, parexemple, dont l’évolution de l’ef-fectif total sur un an affiche un solde positif en 2014, a recruté 5 372 personnes en France pour 4 883 départs au cours de l’année.

Ce turnover n’est pas une spéci-ficité française. Il est bien plus important au niveau des grou-pes. Ainsi, la Société générale au niveau du groupe a recruté25 814 personnes en 2014, dont16 061 CDI (en hausse de 21 % surun an), pour 18 212 départs, dont 11 471 démissions, 3 422 licencie-ments et 2 248 départs à la re-traite. « Le turnover est effective-ment beaucoup plus élevé à l’in-ternational et correspond auxpratiques des marchés de l’emploilocaux », explique la Société gé-nérale.

Transformation numérique

Le recrutement est essentielle-ment du « remplacement », es-time l’APEC. Et il cible plutôt les moins de 30 ans, les femmes et lesplus diplômés. Pour l’ensemble des banques non mutualistes, lapart des femmes dans les embau-ches est de 55,9 %. Et 46 % des ca-dres sont des femmes, contre 29,6 % dans les grandes entrepri-ses françaises, souligne la Fédéra-tion bancaire française. « On em-bauche à plus de 80 % à bac + 2, mais les recrutements au niveaubac + 5 et plus sont aussi à la hausse », indique Marie-Anne Barbat-Layani.

« Le secteur étant de plus en plusréglementé, les besoins augmen-tent sur les métiers juridiques et deconformité [pour intégrer l’évolu-tion des réglementations entrées

en vigueur depuis 2008]. On a également de plus en plus d’em-plois de conseils à forte valeurajoutée, car les clients arrivent en agence avec toute l’information debase trouvée sur Internet », expli-que-t-elle.

La transformation numérique afait évoluer les usages et a aug-menté les besoins des banques en profils IT et digital natives. Mais face aux incertitudes portées par le développement du numérique, les banques sont aussi plus pru-dentes sur le recrutement. « La fré-quentation des agences est à la baisse », explique Marie-Anne Bar-bat-Layani. En 2013, il y en avait 1 400 de moins qu’en 2008 : leur nombre est passé de 39 400 à 38 000.

L’Agence pour l’emploi des ca-dres qualifie la situation du sec-teur de « très contrastée ». En 2014,le nombre d’offres d’emploi pour la gestion-finance-administra-tion a augmenté au point de trou-ver difficilement preneur. Il estpassé de 17 566 au premier trimes-tre 2014 à 23 537 au premier tri-mestre 2015.

Le temps entre l’offre et le recru-tement proprement dit s’est al-longé, le « taux de tension » quimesure l’inadéquation entre l’of-fre et la demande d’emploi a aug-menté, à 59 % en 2014 contre 50 %en 2013, porté notamment par la proportion des recrutements très difficiles (24 %, contre 11 % un an auparavant). Le déséquilibre de l’offre et de la demande d’emploi

était favorable aux candidats. En 2014, « le vivier de candidaturesétait moins important », explique l’APEC, dans sa note de conjonc-ture du 23 avril (« Note de con-joncture trimestrielle de l’APEC »,n° 51).

« Prudence »

La proportion des entreprises qui disent avoir recruté au moins uncadre dans le secteur banque-as-surance au premier trimestre 2015 est toutefois encore très éle-vée, à 83 %, et toujours à la hausse : elle était de 79 % un an auparavant.

Mais les intentions d’embauchepour 2015 s’inscrivent légèrementà la baisse : 71 % des entreprises dela banque-assurance prévoyaient

Journée de recrutement organisée par LCL dans son siège, boulevard des Italiens à Paris, en 2014. HAMILTON/REA

« Il n’y a pas

d’ajustement

brutal, mais on

ne remplace pas

tous les départs

par des

embauches »

MARIE-ANNE BARBAT-LAYANI

directrice générale de la Fédération bancaire française

La Bourgogne et la Champagne entrent au Patrimoine mondialLes vignobles de Saint-Emilion avaient déjà été distingués par l’Unesco en 1999

L a France a désormais troisrégions viticoles inscritesau Patrimoine de l’huma-

nité. Le comité de l’Unesco, réunià Bonn, a retenu, samedi 4 juillet,les deux candidatures présen-tées par la France. D’abord celledes « climats du vignoble deBourgogne », puis celle « les co-teaux, maisons et caves deChampagne ». Deux votes àl’unanimité pour ces fleurons dupatrimoine viticole français clas-sés dans la catégorie « paysagesculturels ». La juridiction deSaint-Emilion, déclarée Patri-moine mondial de l’Unesco en 1999, avait ouvert la voie.

Le lien au terroir. Cette richesseunique, qui a fait de la Bourgogneun modèle dont s’inspirent nom-bre de vignobles, a été consacréepar la décision de l’Unesco. Ellereconnaît la « valeur universelleexceptionnelle » de ses 1 247 cli-mats, ses parcelles de vigne auxnoms inscrits en place de choixdans la carte des vins, commeRomanée-Conti, Corton, Clos de Vougeot, ou encore Montrachet,Musigny ou Chambertin. Cette

mosaïque de crus s’étend tout aulong de la côte de Nuits et de lacôte de Beaune, sur les 60 kilo-mètres reliant Dijon à Santenay.

C’est l’ensemble de cette géo-graphie mais aussi les villes de Beaune et de Dijon qui ont étédistingués. Le rayonnement desvins de cette région s’enracine,en effet, dans son histoire, dansle travail de valorisation des ter-res et des vignobles mené par lesmoines cisterciens et clunisiens au Moyen Age en soutien politi-que des ducs de Bourgogne.

Protection du patrimoine

Une victoire pour Aubert de Vil-laine, président de l’Associationdes climats, porteur du projet de-puis 2006. « Vigneron en Bourgo-gne depuis le milieu des années1960, j’ai pris conscience dans ladurée de l’extraordinaire richessede l’histoire viticole de la Bourgo-gne, de sa place de modèle dans laviticulture mondiale. En mêmetemps, je voyais que, avec la tech-nologie moderne, on pouvait pas-ser à côté de l’idée de terroir, de respect du vin. Dans un monde où

le raccourci et les visées à courtevue prévalent, il fallait trouver unmoyen de faire prendre cons-cience aux vignerons qu’ilsavaient quelque chose d’extrême-ment précieux entre les mains à transmettre dans son intégrité à leurs enfants », explique le copro-priétaire de la Romanée-Conti,un domaine de prestige cultivéen agriculture biologique depuisplus d’un quart de siècle. Il évo-que la protection qu’offrent lesAOC, mais aussi leurs limites.

M. de Villaine, qui souligneavoir bénéficié d’emblée du sou-tien du ministre du travail, Fran-çois Rebsamen, alors maire deDijon, se félicite d’avoir fédéré60 000 personnes autour de cette candidature. Une mobilisa-tion qui devrait contribuer, selonlui, à un état d’esprit, une volontérenforcée de protection du patri-moine gérée au niveau local. Desactions concrètes ont déjà étémenées : « Près de 300 panneauxde signalisation illégaux qui en-laidissaient le paysage ont été supprimés », précise M. de Vil-laine.

La sauvegarde du « petit patri-moine », comme les murets, fait aussi partie des priorités. « Pournous, l’objet de l’inscription au Pa-trimoine mondial n’est pas d’avoirdes retombées économiques ou une reconnaissance de la Bourgo-gne. C’est avant tout une prise de conscience de la valeur de ce terri-toire. C’est une victoire qui ouvre sur l’avenir », conclut M. de Vil-laine.

Il est vrai que les vins de Bour-gogne ne souffrent pas d’un manque de notoriété. Même si cevignoble ne représente que 3 % des vignes françaises, avec ses

28 334 hectares, il pèse 1,4 mil-liard d’euros. Dont 733 millionsd’euros à l’exportation, selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne.

Laisser mûrir le projet

Les vins de Champagne n’ont pasnon plus à faire la démonstrationde leur réussite économique.Avec un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros, ils se sontimposés, en 2014, comme la loco-motive des exportations françai-ses de vins et spiritueux avec un total de 2,4 milliards d’euros. Unepuissance de feu qui n’a pas em-pêché le Comité Champagne de s’interroger. « Tout le monde con-naît le champagne, mais on con-naît moins la Champagne. Noussommes en retard en matièred’œnotourisme », explique PierreCheval, président de l’associationPaysages de Champagne, qui adéfendu la candidature de la ré-gion auprès de l’Unesco.

Mais décrocher la reconnais-sance de Patrimoine mondialn’était pas une mince affaire. « Il n’était pas question de mettre

sous cloche 35 000 hectares et320 villages », souligne M. Cheval,viticulteur (domaine Gatinois) etélu d’Aÿ. Fidèles à la réputation dela « méthode champenoise », lespromoteurs ont joué le jeu d’unsavant assemblage et ont laissémûrir le projet. Tournant le dos àune approche paysagère, ils ontdécidé de mettre en avant l’uni-cité du système de productionagro-industrielle du champagneimaginé au XIXe siècle en pleinerévolution industrielle.

Avec trois éléments-clés : les co-teaux historiques autour d’Eper-nay (Marne), dont ceux d’Hau-tvillers, où se trouve l’abbaye quiabrita le moine Dom Perignon, présenté comme l’un des instiga-teurs du champagne, la collineSaint-Nicaise, à Reims, avec sescrayères exploitées pour stocker et vinifier et, enfin, l’avenue deChampagne, à Epernay, où s’ali-gnent les prestigieuses maisons de négoce et leurs caves creuséesdans la craie. Des sites prêts dé-sormais à ouvrir plus largementleurs portes aux touristes. p

laurence girard

d’embaucher au moins un cadreau deuxième trimestre 2015, alorsqu’elles étaient 78 % un an plus tôt. Un résultat que la Fédération bancaire française attribue à « uneprudence des banques » relative-ment nouvelle sur le recrute-ment.

Près de 70 % des 370 300 em-plois du secteur sont dans la ban-que de détail. Or, « l’environne-ment fiscal et réglementaire s’est alourdi. La taxation sur les salairescoûte 2 milliards d’euros par an »,explique Marie-Anne Barbat-Layani. « La rentabilité des ban-ques de détail devient une préoc-cupation », insiste-t-elle. Les ban-ques seraient-elles devenues fri-leuses sur l’emploi ? p

anne rodier

Les vins

de Champagne

se sont imposés,

en 2014, comme

la locomotive

des exportations

françaises

de spiritueux

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0123MARDI 7 JUILLET 2015 économie & entreprise | 3

Les entreprises indiennes s’emballent pour la BourseUn nombre impressionnant de sociétés ont décidé de lever de l’argent en s’introduisant sur la place de Bombay. Un nouvel appétit qui signe l’embellie de l’économie du pays

new delhi - correspondance

L’ économie indienne seporte mieux et, commec’est le gouverneur de la

Reserve Bank of India qui le dit, le diagnostic mérite d’être pris au sérieux. En poste depuis bientôtdeux ans, Raghuram Rajan ne manquait pas jusqu’ici d’épingler le gouvernement de Narendra Modi, jugeant l’optimisme de ce-lui-ci exagéré. Mais après avoir dé-claré à la faveur d’une baisse des taux directeurs, début juin, qu’ilne se faisait « aucune illusion » surl’accélération de la croissance – l’exécutif parie tout de même sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) supérieure à 8 % cetteannée –, le gouverneur a indiqué, jeudi 2 juillet, « observer des signesde reprise de l’investissement en capital ».

De fait, indiquent les chercheursdu Centre for Monitoring Indian Economy, le deuxième trimestre 2015 a enregistré une hausse de 33 % par rapport à la même pé-riode de l’an dernier, avec un ni-veau d’investissement des entre-prises de 1 150 milliards de roupies (16,4 milliards d’euros). Même constat à la Bourse de Bombay.

Certes, l’euphorie n’était pas demise ces derniers jours, comptetenu notamment des incertitu-des en Grèce et de la hausse atten-due des taux américains, qui ris-que d’entraîner à moyenne échéance une désaffection pourle marché indien. Après avoir tou-ché un plus haut historique début

mars, l’indice phare de la place, le BSE Sensex, a perdu plus de 12 %depuis. Pour autant, jamais les in-vestisseurs institutionnels n’ont acheté autant d’actions qu’aucours des trois derniers mois : le total des sommes injectées par lesfonds de pension et les compa-gnies d’assurance sur le marché actions ont représenté 131 mil-liards de roupies (1,9 milliardd’euros), alors que ces opérateursétaient majoritairement ven-deurs depuis 2008.

L’Inde est-elle en train de se ré-veiller ? Le climat des affaires sem-ble en tout cas s’améliorer, si l’on en juge par la courtoisie qui a do-miné la rencontre entre le premierministre et le patronat, mardi 30 juin. C’était la première fois queNarendra Modi rencontrait les re-présentants de la Confédérationde l’industrie indienne et de la Fé-dération des chambres de com-merce et d’industrie. Les deux or-ganisations ont certes pointé « le coût trop élevé du capital, la faible

croissance du crédit et les difficul-tés des PME à développer leur acti-vité ». Mais si elles trouvent « trop lent » le rythme actuel des réfor-mes, elles reconnaissent que letravail réalisé par New Delhi de-puis un an « va dans le bon sens ».

C’est dans ce contexte qu’après« des années d’hibernation », pourreprendre une expression em-ployée cette semaine par The Eco-nomic Times, un nombre impres-sionnant d’entreprises de taille moyenne a décidé de lever de l’ar-

gent frais en rejoignant la Bourse. Depuis le début de l’année, huitsociétés ont été cotées à Bombaypour un total de 40 milliards de roupies, soit presque le triple du montant atteint en 2014 (15 mil-liards de roupies, pour seulement six introductions en Bourse).

IndiGo prépare son introduction

En outre, une vingtaine de socié-tés ont obtenu le feu vert des autorités de régulation pour faire de même et, fin juin, une ving-taine d’autres ont officialisé leur projet en déposant à leur tour undossier. Parmi elles, la chaîne derestauration rapide Cafe CoffeeDay, la banque RBL, le fabriquant de cartes de téléphone CellularMatrix, le gestionnaire des aéro-ports de Bombay et Bangalore GVK et, dernière en date, la com-pagnie aérienne à bas coûts In-diGo. Au total, ces opérations pourraient représenter 200 mil-liards de roupies.

La plus importante de l’année, àce stade, est celle d’IndiGo. Lesfondateurs de la compagnie aé-rienne, l’homme d’affaires Rahul Bhatia et l’ex-patron d’US Airways,Rakesh Gangwal, prévoient à la fois une augmentation de capital par l’émission de 30 millions de ti-tres et la cession de titres d’un cer-tain nombre d’actionnaires ac-tuels pour un montant équiva-lent, soit un total de 25 milliards de roupies. Il s’agirait de la plus grosse introduction en Bourse ja-mais réalisée par une compagnie aérienne indienne.

Jamais les

investisseurs

institutionnels

n’ont acheté

autant d’actions

qu’au cours

des trois derniers

mois

Lancée en 2006, IndiGo est unesuccess story dans un pays oùAirAsia (filiale de Malaysia Airli-nes), lancée il y a un an, peine àtrouver sa place. Un pays, égale-ment, qui a assisté à la faillite de Kingfisher Airlines en octo-bre 2012 et qui a bien cru à la dis-parition de SpiceJet début 2015, avant que le fondateur de cettecompagnie, Ajay Singh, reprenne le contrôle du capital et des com-mandes pour la sauver in extre-mis.

Aujourd’hui, IndiGo occupe en-viron un tiers du marché domes-tique de l’Inde. Elle est la seulecompagnie à bas coûts à dégager des bénéfices, et ce depuis main-tenant sept ans. En 2015, elle es-père engranger l’équivalent de 130à 160 millions d’euros de profits, quand son concurrent le plus sé-rieux, GoAir (groupe Air India), prévoit au mieux 14 millions d’euros de résultat net, et que tousles autres – SpiceJet, Jet Airways, AirAsia… – risquent d’essuyer cha-cun des pertes comprises entre 100 et 300 millions d’euros. Répu-tée pour la qualité de ses services et la ponctualité de ses vols dans un secteur majoritairement défi-citaire et très endetté, IndiGo avait annoncé, en octobre 2014,son intention d’acquérir 250 Air-bus A320Neo, pour 23 milliards d’euros. Depuis, la période de né-gociation a expiré mais ses diri-geants assurent être toujours « endiscussion active pour l’achat po-tentiel d’un nombre significatifd’appareils ». – (Intérim.) p

AUTOMOBILERenault dévoile la TalismanLe constructeur automobile français Renault présente, lundi 6 juillet, la dernière-née de sa marque, la Renault Ta-lisman. Avec ce modèle, la marque au losange entend repartir à l’assaut du difficile segment des berlines moyen-nes supérieures. La Talisman est destinée à avoir une voca-tion internationale bien au-delà du Vieux Continent, en particulier en Chine, un mar-ché qui est encore friand de « berlines statutaires », indi-que-t-on de source proche du constructeur tricolore. Ce nouveau modèle sera assem-blé à Douai (Nord), dans la même usine et sur la même plate-forme modulaire que les récents « Crossover » Es-pace et Kadjar. - (AFP.)

BOURSEL’action Toshiba dévisse fortement sur la place de TokyoL’action du conglomérat in-dustriel japonais Toshiba dé-vissait de 5 %, lundi 6 juillet, en séance à la Bourse de To-kyo. Le quotidien économi-que nippon Nikkei a affirmé que le groupe industriel pourrait avoir à défalquer plus de 150 milliards de yens (1,1 milliard d’euros) sur ses comptes de cinq exercices passés à cause d’erreurs dont l’ampleur s’annonce plus im-portante que le groupe ne l’a reconnu jusqu’à présent. Si le montant de 150 milliards de yens avancé par Nikkei était juste, cela représenterait en-viron 10 % des bénéfices d’ex-ploitation déclarés par Toshiba durant la période considérée. - (AFP.)

Hélicoptères : Airbus s’allie avec Mahindra

L’avionneur européen Airbus et l’indien Mahindra ont annoncé, vendredi 3 juillet, la création d’une coentreprise qui produira des hélicoptères en Inde afin de répondre aux besoins de l’armée du pays. Celle-ci doit remplacer des équipements militaires vieillis-sants. « Une coentreprise sera mise en place dans les mois à venir, qui aura pour objectif de devenir le premier fabricant d’hélicoptè-res privé indien », ont annoncé les groupes dans un communiqué commun. « Elle fournira aux forces armées indiennes des hélicop-tères de pointe fabriqués en Inde, d’une grande fiabilité », a dé-claré Guillaume Faury, PDG d’Airbus Helicopters. Les deux grou-pes n’ont pas indiqué le montant de cet investissement. – (AFP.)

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4 | dossier MARDI 7 JUILLET 2015

0123

Le Royaume-Uni réinvente l’EtatLe budget annuel, présenté mercredi 8 juillet, doit réduired’ici à 2020 le poids de l’Etat à son plus bas niveau depuisla seconde guerre mondiale. Véritable transformation de son fonctionnement ou dangereux retrait du secteur public ?

Des employées du NHS,le système de santé

publique britannique,ont manifesté contre

les coupes budgétairesle 20 juin, à Londres.

LONDON NEWS PICTURES/ZUMA/REA

éric albertlondres – correspondance

Mercredi 8 juillet, GeorgeOsborne va triompher.Le chancelier de l’Echi-quier britannique, enposte depuis cinq ans,va présenter son pre-

mier budget 100 % conservateur. Jusqu’à pré-sent, il était obligé de partager le pouvoir au sein de la coalition avec les libéraux-démo-crates. La majorité absolue remportée par les tories, à la surprise générale, lors des élec-tions législatives du 7 mai, en grande partie sur son bilan économique, lui a permis de se débarrasser de ce désagrément.

Désormais la bride sur le cou, il entend re-lancer les coupes budgétaires. Avec un objec-tif ambitieux – idéologique, accusent ses op-posants : réduire le poids de l’Etat à 36 % du PIB d’ici à 2020. S’il y parvient, ce sera le plus faible niveau depuis la seconde guerre mon-diale (à égalité avec l’année 1999), quand le premier ministre Clement Attlee avait, en 1946, posé les bases de l’Etat-providence conçu par l’économiste William Beveridge :santé gratuite pour tous et des aides sociales qui protègent « du berceau à la tombe ».

LE CONCEPT DE « BIG SOCIETY »

Sept décennies plus tard, les allocations so-ciales vont être particulièrement visées dans le budget de mercredi. Le premier ministre David Cameron a promis pendant la campa-gne électorale d’y réaliser des économies de 12 milliards de livres (17 milliards d’euros), concentrées sur les aides aux personnes acti-ves (les retraités ne seront pas touchés). Cela représente une baisse de 10 % du budget. Les aides au logement et les crédits d’impôt pour les familles pauvres devraient être visés.

A en croire les partisans de MM. Cameron etOsborne, il s’agit bien plus que d’une simple politique d’austérité. Ce serait une réinven-tion de l’Etat. « En partie sous l’impulsion des coupes budgétaires, la façon dont l’Etat fonc-tionne est en train d’être complètement modi-fiée », estime Phillip Blond, le directeur du think tank ResPublica, l’un des grands inspi-rateurs de ces réformes.

Selon Eudoxe Denis, directeur des études àl’Institut de l’entreprise, il faut suivre de trèsprès ce qui se passe outre-Manche : cela pour-

rait avoir une très profonde influence sur le reste du monde. « Le Royaume-Uni est sou-vent le modèle du futur, que tout le monde suit, explique-t-il. Il a créé l’Etat-providence. Ensuite, Margaret Thatcher a changé la donne,en réformant par le haut et retirant l’Etat des affaires économiques. Et maintenant, nous avons ces nouvelles réformes, qui vont avoir beaucoup d’impact. »

Curieusement, M. Cameron ne parle pasbeaucoup de cette transformation de l’Etat.Juste après sa première élection en mai 2010,il a bien tenté de promouvoir le concept de« Big Society ». Son idée : l’Etat ne peut pas tout, et la société a un rôle primordial à jouerdans l’organisation de la solidarité. Il s’agis-sait d’un pied de nez à Thatcher, qui avait

lancé un jour, défiante : « La société n’existepas, seuls existent les individus. » Lui, répli-que : « La société existe, ce n’est juste pas la même chose que l’Etat. » Il fait le constat que le renforcement du poids de l’Etat n’a pas nécessairement réduit la pauvreté ni les iné-galités. Une autre solution peut être trouvée,selon lui, en faisant appel à la société civile, que ce soit par les associations caritatives, les initiatives locales, les coopératives… Cela doit s’accompagner d’une large décentrali-sation des pouvoirs, loin de l’Etat central.

Politiquement, le flop a été complet. LesBritanniques n’ont pas compris ce qu’étaitcette fameuse « Big Society ». Mais les idées qui la sous-tendent n’ont pas disparu, loinde là. Plusieurs ont discrètement été mises

en œuvre ces dernières années. Et ce qui res-semblait à un simple travail de coupes bud-gétaires commence à s’apparenter à un changement durable.

Un bon exemple de cette nouvelle appro-che concerne le suivi des chômeurs de lon-gue durée, le Work Programme. L’Etat a non seulement choisi de le sous-traiter à des en-treprises ou à des associations locales, mais ces dernières sont aussi payées… au résultat. En clair, elles touchent initialement quel-ques centaines d’euros quand elles prennentun chômeur en charge, mais elles décro-chent une prime de plusieurs milliers d’euros quand celui-ci retrouve un emploi.

Alors que, sous le gouvernement travailliste(1997-2010), la sous-traitance était étroite-

POUR DAVID CAMERON L’ÉTAT

NE PEUT PAS TOUT, ET LA SOCIÉTÉ

A UN RÔLEÀ JOUER DANS

L’ORGANISATION DE LA SOLIDARITÉ

après la victoire de la droiteaux élections législatives du 18 juinet la formation d’un gouverne-ment minoritaire dix jours plus tard, le nouveau premier ministre libéral danois, Lars Lokke Rasmus-sen, a promis que le secteur public continuerait à croître dans les an-nées à venir, revenant sur ses pro-messes électorales.

Pendant la campagne électorale, ilétait apparu que les quatre partis qui composent le bloc de droite avaient des conceptions différentesdu rôle du secteur public. D’un côté,l’Alliance libérale et le Parti conser-vateur prônaient une réduction desdépenses publiques. A l’opposé, le Parti du peuple danois (DF, extrêmedroite) réclamait une hausse des dépenses publiques de 0,8 % par an,soit plus que ce que promettaient les sociaux-démocrates, tandis que

le Parti libéral de M. Rasmussen a fait campagne sur une croissance zéro des dépenses publiques.

Après l’écrasante victoire de DF,devenu le premier parti à droite, la balance a penché en leur faveur et lors de sa présentation de la plate-forme gouvernementale, le 28 juin,le premier ministre libéral a con-cédé que le secteur public conti-nuerait à croître, même s’il s’estabstenu de chiffrer cette hausse.

Pression de l’extrême droite

Le gouvernement, là aussi sous lapression de l’extrême droite, vatrouver cet argent en réduisantl’aide internationale et celle auxétrangers. Le nouveau gouverne-ment a toutefois lancé l’idée d’une « allocation de redéfinition des priorités », par laquelle les commu-nes devront fournir 1 % par an de

leur budget à l’Etat durant les qua-tre ans à venir, ce qui a déjà provo-qué de fortes critiques de la partdes communes, qui s’inquiètent des répercussions sur l’accueil de la petite enfance, l’école et la prise en charge du handicap.

En septembre, le Cepos, Centred’études politiques, économiques et sociales, a publié un rapport comparant les réformes réalisées depuis la crise de 2008 par le gou-vernement de droite en fonctions jusqu’à 2011 et par le gouvernementde gauche qui lui avait succédé. Se-lon le Cepos, l’amélioration des fi-nances publiques a été de l’ordre de 2,75 % du PIB, 90 % de cette amélio-ration revenant à la droite et le resteà la gauche. Les principales réfor-mes menées par la droite étaient la réforme de la retraite anticipée et de la retraite normale (l’âge de la re-

traite va progressivement augmen-ter), une croissance zéro du secteur public entre 2011 et 2013, une pé-riode d’indemnisation du chômageréduite de quatre à deux ans et une augmentation des taxes. Sur le plande l’emploi notamment, le niveau de revenu exigé pour avoir droit aux allocations-chômage en cas de perte d’emploi avait été élevé.

Les sociaux-démocrates, au pou-voir entre 2011 et 2015, avaient poursuivi la politique d’austérité entamée sous la droite. Fin mai, l’ex-première ministre sociale-dé-mocrate Helle Thorning-Schmidt avait pu solennellement déclarer que la crise économique était ter-minée. La croissance devrait appro-cher 2 % en 2015 et l’emploi est à sonplus haut niveau depuis 2009. p

olivier truc

(stockholm, correspondance)

Avec la crise, le Danemark redéfinit son modèle social

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0123MARDI 7 JUILLET 2015 dossier | 5

ment encadrée, avec des centaines d’objectifs précis à atteindre, les conservateurs ont choisi de ne pas trop s’occuper de la méthode,pourvu que les résultats soient au rendez-vous. L’idée est que le retour à l’emploi ne se fait pas de la même façon d’une localité à uneautre, d’une campagne à une grande ville, et que chaque intervenant local est le mieux placé pour juger de la meilleure méthode.

Les résultats sont cependant mitigés. Le Na-tional Audit Office (NAO), équivalent de la Cour des comptes, estimait en 2014 que l’effi-cacité du Work Programme était similaire aux précédents programmes d’aide au retourà l’emploi. Il permet en revanche de réaliser quelques économies modestes : environ 55 millions d’euros, soit 2 % du coût total. Le paiement au résultat n’en est pas moins de plus en plus utilisé, du soutien aux familles en difficulté à l’aide internationale dans les pays les plus pauvres.

ÉDUCATION, FONCTION PUBLIQUEDans un genre très différent, mais relevant dela même idée de décentraliser les pouvoirs, lesystème éducatif connaît un changement ra-dical avec l’émergence des free schools. Ces écoles « libres » ne dépendent pas des collec-tivités locales, comme c’est normalement le cas. Elles sont créées par qui veut : un groupe de parents ou d’enseignants, des associationscaritatives ou religieuses… Leur financement est public et le tronc de base du cursus sco-laire est le même, mais les établissements bé-néficient de très larges marges de manœuvre,que ce soit dans la manière d’enseigner, le re-crutement des professeurs ou leurs salaires… Il en existe désormais plus de 4 000, concer-nant trois millions d’élèves. La réforme avait été mise en œuvre sous une forme un peu différente sous Tony Blair et a été accélérée depuis que les conservateurs sont au pouvoir.

Autre idée originale : pousser les fonction-naires à quitter l’Etat pour créer leur propre coopérative. Ils continuent à fournir le mêmeservice, mais deviennent les propriétaires de leur « mutuelle » et signent un accord de sous-traitance avec l’Etat. Sur le papier, celapermet de donner plus de flexibilité à la fa-çon dont le service est géré, et les employés ont leur mot à dire. Il existe désormais unecentaine de coopératives de service public, employant 35 000 personnes, avec un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros.

L’un des exemples les plus spectaculairesconcerne MyCSP, l’organisme qui gère le paiement des retraites d’une partie des fonctionnaires (environ 600 000 d’entreeux). Gêné par son coût de fonctionnementjugé trop élevé, le gouvernement a décidéen 2011 d’en faire une coopérative : 25 % de la participation ont été transférés gratuite-ment à ses 400 employés, 40 % ont été ven-dus à une entreprise privée et le reste est de-meuré aux mains de l’Etat.

En 2013, le NAO estimait que ce transfert depouvoirs avait permis de fournir le mêmeservice pour 25 % moins cher. Cet apparent succès a cependant été terni en 2014, quand MyCSP a connu de sérieuses difficultés : de très graves ennuis informatiques ont bloqué le paiement des retraites.

Aussi originales que soient ces idées, leurapplication reste de faible ampleur. En revan-che, le système des allocations sociales a connu un véritable chamboulement sans doute moins novateur, mais aux conséquen-ces beaucoup plus fortes. En cinq ans, une trentaine de réformes ont été introduites.

L’objectif : que le travail rapporte toujours plus que l’inactivité. Comme en France, les al-locations sociales britanniques étaient deve-nues une jungle complexe. Parfois, reprendreun travail faisait perdre le droit de bénéficier de certaines d’entre elles, si bien qu’il était plus intéressant de rester sans emploi. « On connaît l’effet désastreux du chômage de long terme, sur la pauvreté, mais aussi la santé, ainsi que les répercussions sur les enfants, ex-plique M. Blond. Il fallait briser cela. »

Pour y arriver, le gouvernement britanni-que a mis en œuvre une politique très dure. Les allocations sociales ont été plafonnées : désormais, aucune famille ne peut toucher plus de 26 000 livres (36 000 euros) par an, soit le salaire moyen britannique. Ce pla-fond va prochainement être abaissé à 23 000 livres. Environ 100 000 familles de-vraient être touchées, en majorité cellesayant plusieurs enfants qui vivent à Londreset reçoivent en conséquence d’importantesaides pour payer des loyers très élevés.

Dans le même temps, les sanctions se sontmultipliées contre les bénéficiaires des allo-cations. Un chômeur a, par exemple, l’obliga-tion de se rendre à un certain nombre de ren-dez-vous avec son conseiller ou d’accepter une offre d’emploi. En cas de refus répétés, ousi un rendez-vous est manqué, la sanction tombe presque automatiquement : tout ou partie de l’allocation n’est pas versée.

Cette approche n’est pas entièrement nou-velle. « Au Royaume-Uni, les allocations so-ciales sont devenues conditionnées à des cri-tères à respecter depuis les années 1990 », rappelle Eudoxe Denis. Mais la tendance s’est accélérée. L’effet est souvent brutal. Les banques alimentaires sont remplies de per-sonnes sanctionnées, qui se retrouvent sou-dain sans aucun revenu. Les sanctions abusi-ves sont légion : comme cet homme, qui a manqué un rendez-vous parce que safemme faisait une fausse couche, et qui aperdu ses aides, ainsi que cet autre, qui avait fait une crise cardiaque ce jour-là…

DE NOUVEAUX EMPLOIS, MAIS PRÉCAIRESCette approche fait dire à Paul Hackett, di-recteur du Smith Institute, un think tank classé à gauche, que M. Osborne n’a rien in-venté de nouveau. « Ses réformes n’ontguère de cohérence. Le seul objectif est de re-tirer l’Etat au maximum. Son approche est :le secteur public, c’est mal, le privé, c’estbien. » Néanmoins, les effets de cette politi-que dure se font sentir sur le marché del’emploi. Non seulement le chômage achuté à 5,5 %, mais le taux d’emploi atteintaussi un niveau record. En clair, contraire-ment aux Etats-Unis, la crise n’a pas provo-qué un retrait de pans entiers de la popula-tion du marché du travail.

Ces bons résultats apparents sont balayéspar M. Hackett, qui souligne la précarité des nouveaux emplois. « Bien sûr que la baisse duchômage est la bienvenue, mais quel genre de société veut-on avoir ? Les gens ont du travail, mais nous nous retrouvons dans une écono-mie avec des salaires faibles et des emplois à faible valeur ajoutée. Nous devenons un pays de centres d’appels téléphoniques et de cafés.Notre productivité est très mauvaise. » Pour lui, l’idée que le fonctionnement des autori-tés publiques est réinventé n’est que de la « propagande ». Peut-être. Mais si le poids de l’Etat revient effectivement à son niveau de laseconde guerre mondiale, le changement sera durable et profond. p

depuis 2012, les détenus con-damnés à des peines de moins d’un an qui sortent des prisons de Peterborough, au centre de l’Angleterre, peuvent choisir dejoindre un nouveau programme de réhabilitation, coordonné parl’association Social Finance. Enapparence, celui-ci n’a rien de particulièrement nouveau : pré-paration de la sortie, suivi social, aide à trouver un logement, un emploi…

L’approche est cependant origi-nale car elle implique cinq asso-ciations différentes, ce qui per-met de couvrir tous les problè-mes potentiels. Les résultats, sans être spectaculaires, sont au rendez-vous : pour les premiersmille prisonniers suivis, le taux de récidive a été plus faible de 8,5 % par rapport à un groupe té-moin, servant de comparaison. Il a été de 142 %, contre 155 % pour le groupe témoin (une même personne peut être condamnéeplusieurs fois).

La vraie nouveauté de ce pro-gramme est cependant dans son financement. L’argent est venu d’une « obligation d’impact so-cial » (social impact bond, SIB). Enclair, des investisseurs privés ont avancé la somme, en l’occurrencecinq millions de livres sterling (7 millions d’euros).

A terme, comme pour les obli-gations sur les marchés finan-

ciers, ils espèrent se repayer, avecintérêts. Leurs revenus viendrontde l’Etat britannique. Celui-cis’est engagé à payer une certaine somme si l’objectif d’une baisse de 7,5 % de récidive était atteint.Au-delà de 10 %, il est prêt à payerplus. Au maximum, les investis-seurs peuvent compter sur 3 mil-lions de livres d’intérêts au bout de huit ans.

Consensus politiqueSi l’Etat est prêt à débourser cet argent, c’est qu’il réalise lui-même une économie. Moins de récidives entraînent moins de coûts pour les cours de justice et les prisons, et moins de dégâts so-ciaux. Ces obligations d’impact social demeurent une niche, maiselles commencent à se dévelop-per. Au Royaume-Uni, il en existe une trentaine, qui vont de l’aide aux jeunes déscolarisés de 14 à 16 ans au suivi de préadolescents en rupture avec leur famille.

Selon Alisa Helbitz, directrice dela recherche à Social Finance, le marché des SIB s’élève à 120 mil-lions de dollars (108 millions d’euros), essentiellement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Pour Mme Helbitz cependant,cette nouvelle approche du finan-cement social n’est pas destinée àapporter des économies à l’Etat. Selon elle, les SIB permettent de meilleurs résultats sur le terrain.

Dans la mesure où l’Etat neprend pas de risques financierspuisqu’il ne paie qu’en cas de ré-sultats, il laisse plus de marge demanœuvre à l’association qui pi-lote le projet. « Alors que, quand l’Etat passe un contrat de sous-traitance à une association, il im-pose toute une série d’indicateursà suivre obligatoirement, ce quilimite la flexibilité. C’est dom-mage, alors que la meilleure mé-thode de travail en 2012 n’est pasforcément la meilleure méthodeen 2015 et qu’il faut pouvoir s’adapter. »

Cette approche fait un quasi-consensus politique au Royau-me-Uni : les premiers SIB ont étésignés par le gouvernement tra-vailliste et les conservateurs, ac-tuellement au pouvoir, ont suivi.

Pour l’instant, cependant, lesinvestisseurs qui mettent leurargent dans ces programmes sont pour l’essentiel des associa-tions caritatives ou des groupes chargés de financement social.Et à Peterborough, le pro-gramme a dû être interrompu :le gouvernement a annoncé qu’il allait mettre en œuvre un grand programme national deréhabilitation des anciens pri-sonniers. Le travail de Social Fi-nance sur place devient super-flu. Preuve que l’Etat reste aucentre du jeu. p

e. a.

Le privé remboursé en cas de succès

30

40

35

45

50

1948 1950 19601955 1965 19751970 1980 1985 19951990 2000 2005 2015

Prévisions

20192010

SOURCE : INSTITUTE FOR FISCAL STUDIES PHOTOS : CARL COURT, AFP ; LEON NEAL, AFP ; JAMAL WILSON, AFP ; AP

1948

La santé gratuite pour tous est introduiteavec la création du National Health Service.Le Royaume-Uni met en place l'Etat-providencetel qu’il est énoncé par l’économiste WilliamBeveridge.

1979

Election de Margaret Thatcher.La « Dame de fer » retire l'Etatde nombreux domaines économiquesavec d'importantes privatisations.

1997

Election de Tony Blair,qui lance une décennied'investissements de l'Etat.

Le retour à un Etat maigre

2010

Election de David Cameron,qui entame un grand plan d'austérité.Si son programme aboutit, en 2020,l'Etat sera allégé comme à la findes années Thatcher.

2008

Crise financière

DÉPENSES DE L’ÉTAT DEPUIS LA SECONDE GUERRE MONDIALE,

EN % DU PIB

0

2,5

5

7,5

2000 13121110090807060504030201 2014

2000 13121110090807060504030201 2014

SOURCE : ONS

75

72,5

70

Taux d’emploi recordEMPLOI, EN % DE LA POPULATION TOTALE EN ÂGE DE TRAVAILLER (DE 16 À 64 ANS)

TAUX DE CHÔMAGE, EN % DE LA POPULATION ACTIVE, ET TAUX D’EMPLOI PRÉCAIRE

(PART DES CONTRATS À ZÉRO HEURE DANS L’EMPLOI), EN %

Taux d’emploi précaireTaux de chômage

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6 | management MARDI 7 JUILLET 2015

0123

QUESTION DE DROIT SOCIAL

« Congés payés » : de vraies « vacances » ?

C ongé payé » constituait, il y a un siè-cle, un oxymore : rémunérer uneabsence au travail, était-ce bien rai-

sonnable ?« Tout ouvrier, employé ou apprenti a droit

à un congé annuel continu payé d’une durée minimum de quinze jours. » Ce congé payé ne figurait pas dans les accords Matignon : Léon Blum et son sous-secrétaire d’Etat auxsports et à l’organisation des loisirs, Léo La-grange, l’ont créé le 20 juin 1936, boulever-sant la vie des 600 000 ouvriers partis en vacances dès l’été 1936, et inventant le tou-risme de masse.

Au sein de l’Union européenne, la direc-tive de 2003 prévoit que « tout travailleur bénéficie d’un congé annuel d’au moins qua-tre semaines » : treize pays en sont restés àces vingt jours, il est vrai parfois compenséspar de nombreux jours fériés : quinze à Chypre, huit au Royaume-Uni. Et la Cour de justice de l’Union européenne veille : « Il appartient à l’employeur de prendre les me-sures propres à assurer au salarié la possibi-lité d’exercer effectivement son droit à congé. » Elle a ainsi censuré, le 16 mars 2006, la pratique anglaise des « rol-led-up holiday pay » incluant l’indemnisa-tion des congés dans le salaire versé, incita-tion à ne pas se reposer.

En France, tout salarié a droit à cinq semai-nes depuis 1982, chaque mois travaillé ouvrant droit à 2,5 jours ouvrables de congé.Pendant ses « vacances », le collaborateur ne peut travailler pour un autre employeur et, a fortiori, un concurrent.

Problème aujourd’hui : si en 1936 la loi dela pesanteur empêchait le métallo de termi-ner sa Ford T noire en dehors de l’usine, combien de cadres partent aujourd’hui en « vacances » en laissant ordinateur porta-ble et autre BlackBerry sur leur bureau ? Se-lon l’étude Randstad du 25 juin, 43 % des sa-lariés français estiment devoir rester joigna-bles, contre moins de 30 % des Suisses ou des Danois. Ces adeptes des vacances labo-rieuses sont-ils des « workalcolics » incapa-bles de déconnecter de leur doudou d’adulte ? Des exploités devant effectuer des télétravaux forcés ? Des passionnés par un travail valorisant ? La majorité veut d’abord éviter que les premiers jours de la rentrée ne soient consacrés aux 50 courrielsjournaliers × 21 jours = 1 050 messages : la Toile, au sens arachnéen.

Que faire ? Mener une réflexion collectivesur les questions posées, suivie d’une charte de savoir-vivre au pays de TIC avec dix recommandations puis d’un accord col-lectif fixant des règles opposables : « Un col-laborateur n’a pas à envoyer des courriels pendant une période de suspension du con-trat de travail (congés payés, arrêt maladie).Il n’a pas à répondre aux courriels envoyés par un collaborateur en suspension de con-trat de travail » (accord du mutualiste Réu-nica, février 2014). Sans aller jusqu’à effacer automatiquement les courriels reçus pen-dant les vacances comme chez Daimler, un courtois message d’absence avec les coor-données de la personne à contacter opère déjà une sélection salutaire. p

Salariés associatifs, entre engagement et précariatSalaire a minima, horaires à rallonges… Une dure réalité qui semble la norme au sein des organisations

L’affaire a sévèrementécorné l’image du sec-teur associatif. Débutjuin, le dévoilement

d’un rapport choc de l’inspectiondu travail concernant les salariésde la Croix-Rouge française révé-lait que plus de 3 000 infractionsà la législation sur le temps detravail avaient été commisesen 2014 au siège parisien de l’éta-blissement. Les salariés se voyaient régulièrement effectuerdes journées marathon de plus de dix heures, avec des durées detravail hebdomadaires dépas-sant régulièrement les 48 heures.

Ces révélations ont fait boulede neige : à leur tour, les salariésde dix établissements de laCroix-Rouge en Midi-Pyrénées ont fait grève le 25 juin pour dé-noncer leurs conditions de tra-vail. « On doit travailler la nuit et le week-end, sans compter les heures supplémentaires, le tout pour le smic, pointe Joël Saint-Vi-teux, le délégué du personnel desétablissements concernés. On aobtenu 0,01 % d’augmentation endeux ans, contre 7 % pour les plusgros salaires. Nous sommes du sous-prolétariat, une variable d’ajustement pour la direction. »

Ce n’est pas la première fois quede tels conflits ébranlent le mi-lieu associatif. En 2010, les sala-riés d’Emmaüs s’étaient déjà misen grève pour dénoncer leursconditions de travail. « La Croix-Rouge n’est pas un cas isolé, con-firme Matthieu Hély, sociologuespécialiste du travail associatif.Dans leur ensemble, les salariésdu secteur associatif évoluentdans des conditions plus difficilesque dans le privé. »

« Se sacrifier par générosité »

Salaire a minima, horaires à ral-longes… Une dure réalité qui semble la norme au sein des as-sociations, tous secteurs ettailles confondus. Selon une en-quête menée par le réseau Re-cherches & Solidarités publiée début 2015, le salaire moyen an-nuel d’un salarié du secteur asso-ciatif s’établit à environ20 000 euros. Soit 5 000 eurosde moins par an que la moyennedes Français. Alors qu’il repré-sente un emploi privé sur dix, les

contrats précaires pullulent dansce secteur : la part d’embaucheen CDI n’était que de 4 % en 2013,indique Recherches & Solidari-tés.

Sans surprise, cette précarité fi-nit même par user les salariés les plus engagés. « On s’entend dire que nous devons accepter de noussacrifier par générosité », fustige Guillaume Ferré, délégué syndical au sein d’Espoir 35, une associa-tion d’une vingtaine de salariés qui accompagne des personnes en situation de handicap psychi-que. Malgré l’attachement à son métier, le responsable exprime une « réelle fatigue » face à la dé-gradation de ses conditions de tra-vail. En 2014, les salariés de l’asso-ciation se sont mis en grève après s’être vu supprimer dix-huit jours de congés sans concertation avec la direction. « Il est désormais question d’augmenter le nombre d’accompagnés par salarié, expli-que-t-il. On se retrouve à devoir ac-célérer les rendez-vous, sans tenir compte des besoins des personnes. On vient quantifier ce qui est diffi-cilement quantifiable lorsqu’il s’agit d’accompagner l’humain. »

A ses yeux, le problème vientdu décalage entre les souhaitsdes instances dirigeantes et lescontraintes de terrain : « Les rela-tions avec le conseil administratifpeuvent être assez compliquées, estime-t-il. Ses membres ont desambitions pas toujours réalisa-bles. »

Dans les associations, c’est gé-néralement le conseil d’adminis-tration bénévole qui possède les pouvoirs disciplinaires de l’em-ployeur. Ses membres se retrou-vent à gérer des salariés, presque à leur corps défendant. « Dans lespetites structures, les employeurs sont peu formés au management et à la gestion, souligne FrédéricAmiel, secrétaire général du syn-dicat Asso. L’encadrement des sa-lariés est rarement formalisé.Cette situation peut générer des conflits quand les tâches de cha-cun sont mal définies, notam-ment lorsque se côtoient salariéset bénévoles. »

Les contraintes économiquessont également source de ten-sions au sein des associations, pe-tites et grandes. Ainsi 15 % des res-ponsables associatifs interrogés

se disaient dans une position fi-nancière très difficile, contre 10 %un an avant, dans l’enquête me-née par Recherches & Solidarités. En cause : une mauvaise gestion,mais aussi une baisse de moyens.

Comme des entreprises

« Nos financements sont fixés par l’Etat, rappelle Alain Vancaper-nolle, président du conseil de surveillance des établissementsméditerranéens de lutte contre l’exclusion de la Croix-Rouge.Nous sommes dans un contexte fi-nancier contraint, qui nous im-pose d’optimiser notre organisa-tion. »

A l’instar de la Croix-Rouge, lesassociations sont de plus en plusappelées à se gérer comme desentreprises, avec des indicateurs de performance et des objectifschiffrés à la clé. « La baisse des do-tations aux collectivités locales serépercute sur les associations,souligne M. Amiel. Il leur est de-mandé de toujours faire plus avecmoins. Cette situation pèsed’abord sur les salariés. »

Dans les organisations à butnon lucratif, ces contraintes derentabilité sont encore plus malacceptées lorsque s’ajoute le sen-timent d’être dans une grande structure déshumanisée, loin desvaleurs recherchées. « Alors queles associations sont de plus en plus amenées à compenser l’affai-blissement de la fonction publi-que, ces conflits salariaux posent la question de la place du travail non marchand dans notre so-ciété », conclut M. Hély. p

catherine guignon

LE COIN DU COACH

par sophie péters

Travail : je t’aime,

moi non plus

Il y a parfois au cours d’une vie profes-sionnelle des blessures aussi intimes et profondes que dans la vie sentimen-tale. Un départ mal négocié tout autant qu’une arrivée mal gérée, un sentiment diffus mais tenace de ne pas être, ou avoir été, apprécié à sa juste valeur, une amertume liée à la conviction que cela aurait pu être une belle histoire…si seulement.Si seulement quoi ? Ou plutôt qui ?La conduite des hommes, au sens large du terme, est un art qui requiert pourle moins l’attention et le respect, au mieux une vigilance constante. Cons-truire une relation de confiance exige un certain niveau d’engagement et de bonne volonté.Le manque de clarté, les silences, ou, pire, les arguments avancés dont cha-cun sait qu’ils ne sont pas valables pour tout le monde, qu’untel bénéficie par exemple de passe-droits, augmente la défiance et l’insécurité des salariés en les démotivant profondément.C’est comme un lien invisible rompu faute d’avoir su aller au-delà des procé-dures et d’une pseudo-objectivité des analyses. Pour aussi toucher les salariés aussi bien sur le plan affectif qu’intel-lectuel et leur présenter des arguments convaincants qui les incitent à adhérer au changement organisationnel.Dans l’entreprise, le lien qui se forme ne trouve pas seulement sa valeur dans un échange de données mais égale-ment dans la présence à l’autre. Tout contact peut éviter maints ressenti-ments et devenir un élément de recon-naissance. Ainsi l’on aide les individus à se concentrer sur le futur plutôt que sur ce qui est perdu. p

¶Jean-Emma-

nuel Ray

est professeurà l’école de droit de Paris-I-Pan-théon-Sorbonne

SANDRINE MARTIN

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Page 7: 20150707_SCQ

REPRODUCTION INTERDITE MARDI 7 JUILLET 2015/LE MONDE/7

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Le Mémorial de la Shoah a ouvert ses portes au public en janvier 2005,au cœur du marais à Paris. Il est à la fois un musée, un lieu de mémoireet un centre de documentation qui rassemble un fonds de plus de trentemillions de documents d’archives et cent mille photos. Commenttransmettre la mémoire de la Shoah au XXIe siècle ? Cette question estau cœur de la mission du Mémorial. Témoins, historiens, chercheurs,formateurs mais également écrivains, cinéastes, producteurs…animent la vie de ce lieu de rencontre entre tous les publics.

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(H/F - Catégorie A)

Très proche collaborateur du Président et du directeur généraldes services, membre du comité de direction, travaillant en lienétroit avec la présidente et les membres de la commissionanimation et jeunesse, le directeur général adjoint met en œuvreun ensemble de politiques publiques majeures pour lacollectivité : l’éducation (les collèges) et la jeunesse, le sport etles associations, la culture (l’archéologie, le patrimoine,les affaires culturelles, les archives départementales, et labibliothèque départementale).

Modalités de recrutement : Poste à pourvoir immédiatement

Recrutement statutaire, avec détachement sur emploi fonction-nel de directeur général adjoint (cadre d’emploi des attachés,des administrateurs ou des ingénieurs territoriaux), ou par voiede détachement. A défaut, recrutement contractuel. Régimeindemnitaire attractif, véhicule de fonction.

La iche de poste détaillée est consultable sur le site duconseil départemental du Calvados (www.calvados.fr).

Les candidatures (lettre de motivation + CV) doivent êtretransmises à : Monsieur le Président du conseil départementaldu Calvados, Service emplois et compétences, BP 20520,14035 CAEN CEDEX 1, avant le 31 juillet 2015.

Function: • You will be responsible for the implementation, development,

monitoring and reporting of the HR Strategy related activities in France, in good

cooperation with the other managing directors and team members and according

to the Group HR Strategy and the Group Business Strategy. • The position will

report to the Southern Europe General Manager, as well as to the Chief HR Officer.

• You analyse the organizational situation (strategy, personnel and financial related

situation) and make development suggestions. • You will work in a changing

environment and will define the roles and tasks for HR in France according to the

business targets. • You coordinate the local HR team. • You take care of the roll-

out of projects in a matrix organization such as Performance Management, Talent

Management, Reward policy, Employee Survey, … • You are responsible for the

group and local long- and short-term incentive systems, annual compensation

reviews and analysis and for the succession planning system. • You are in charge

of policy and contract management, labour law and supervision of payroll and

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Hr director FranceDIRECTEUR GÉNÉRAL H/F (AD 15)

Direction générale Justice et consommateurs, BruxellesCOM/2015/10360

La direction générale de la justice et des consommateurs vise à faire valoir et renforcer les

droits des personnes résidant dans l’Union européenne, qu’elles agissent en qualité de citoyens,

d’entrepreneurs, de consommateurs ou de travailleurs, où qu‘elles se trouvent dans

l’Union européenne.

La Commission européenne cherche un Directeur général pour sa direction générale de la

justice et des consommateurs qui sera chargé en principal de la direction stratégique, de la

gestion et de la gouvernance de la DG.

Vos responsabilités :

Conduire la direction stratégique et l’action politique dans le domaine de la justice et des

consommateurs à l’échelle européenne ;

Planiier et gérer eicacement les activités de la direction générale, déinir ses orientations,

superviser et contrôler ses résultats ;

Veiller à la cohérence et à la compatibilité des politiques relevant de la direction générale

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D’excellentes capacités managériales et d’autorité pour diriger et motiver une direction

générale composée de professionnels hautement compétents ;

Un talent avéré de négociateur et une solide expérience de négociation, de façon à pouvoir

représenter la Commission européenne à haut niveau, ainsi qu’une capacité à créer et à

maintenir d’excellentes relations avec des parties prenantes ;

Une expérience tant de l’élaboration que de la mise en œuvre de politiques et une capacité

à saisir les enjeux dans les domaines de la justice, des consommateurs et de l’égalité.

Veuillez consulter le Journal Oiciel C218A du 3.7.2015 pour l’annonce détaillée et

les critères d’admission.

Les candidats qui souhaitent postuler doivent s’inscrire en ligne sur le site :

https://ec.europa.eu/dgs/human-resources/seniormanagementvacancies/

La date limite d’inscription est ixée au 31.7.2015 à 12h00 heures, heure de Bruxelles.

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT H/F (AD 15)

Secrétariat général de la Commission européenne, BruxellesCOM/2015/10361

Le secrétariat général est l’un des services centraux de la Commission européenne, dont il

facilite le fonctionnement harmonieux et eicace. Placé au service du Président, du Collège

des commissaires et des directions générales de la Commission européenne, il gère les

processus décisionnels et veille à la concordance entre les politiques de l‘Union et les priorités

politiques de la Commission européenne.

La Commission européenne cherche un Secrétaire général adjoint qui contribuera aux activités

du service dans leur ensemble. Le candidat retenu sera responsable, en particulier, de la

supervision des relations de la Commission européenne avec les autres institutions ainsi que

des questions de protocole.

Vos responsabilités :

La représentation de la Commission européenne aux réunions du Coreper et au Parlement

européen et l’entretien des contacts avec le Comité économique et social européen, le

Comité des régions et les parlements nationaux ;

La gestion globale de la direction chargée des relations avec les autres institutions et du

service du protocole.

Vos compétences :

Une expérience professionnelle solide en matière d‘encadrement et de communication, et

une capacité de diriger et de motiver des équipes, d‘établir des priorités et de prendre

des décisions ;

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D‘excellentes compétences de négociateur, complétées idéalement par une expérience

internationale à haut niveau ;

Une bonne connaissance générale des activités de l’Union européenne, y compris de ses

relations interinstitutionnelles.

Veuillez consulter le Journal Oiciel C218A du 3.7.2015 pour l’annonce détaillée et les

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Page 8: 20150707_SCQ

8 |0123 MARDI 7 JUILLET 2015

0123

« JE VAIS POUVOIR RÉCONCILIER

L’ACCOMPAGNATEUR D’ENFANTS DE LA RUE,

LE CONSULTANT DE BANQUES QUE J’AI ÉTÉ

ET LE CHERCHEUR EN ÉCONOMIE QUE JE SUIS »

Gaël Giraud, la foi dans le développement

Normalien, jésuite et partisan d’une économie qui ferait la part belle aux sciences sociales et aux

sciences dures, le nouveau chef économiste de l’Agence française

de développement afficheun parcours hors norme

PORTRAIT

Il a joué du piano. Et c’était sûrementdebout. A 45 ans, Gaël Giraud, le nou-veau chef économiste de l’Agence fran-çaise de développement (AFD), a euplusieurs vies : normalien, pauvreparmi les pauvres dans le sud du

Tchad, expert en mathématique financière à New York, spécialiste de la théorie des jeux rê-vant de refonder scientifiquement l’écono-mie… L’homme est inclassable. Entier, radical,mais pas rebelle. A moins que, pour le jésuitequ’il est aussi, la forme suprême de la rébel-lion, ce soit l’obéissance…

Les dirigeants de l’AFD ont apprécié les « to-pos » de cet intellectuel exigeant, conseillerscientifique de la Fondation Nicolas Hulot. « Comme chef économiste, je vais pouvoir ré-concilier l’accompagnateur d’enfants de la rue, le consultant de banques que j’ai été, et le cher-cheur en économie que je suis », se réjouit-il d’une voix douce. Le voilà chargé d’aider àpenser le développement, l’aide publique au développement (APD) et le rôle de l’AFD, lui que deux années de coopération en Afrique ont à jamais ouvert à ces questions et à celles du changement climatique.

Nommé en février à la tête d’un service de80 personnes, il n’a pris ses nouveaux quar-tiers qu’en juin, après s’être délesté d’une séried’occupations. Il reste, entre autres, chercheurassocié au Centre d’économie de la Sorbonne et titulaire de la chaire énergie et prospérité que devrait héberger l’ensemble X-Ensae-ENS.Mais il a abandonné le conseil scientifique duLaboratoire de régulation financière et de Fi-nance Watch, l’observatoire européen de la fi-nance dont il est cofondateur. « Je ne peux pastout faire », s’excuse-t-il, désolé, confiant dansun sourire que son « supérieur » lui demande de moins travailler.

Dans son bureau de l’AFD, derrière la gare deLyon, à Paris, quatre dessins de son père, une photo des Alpes suisses et une carte en tissu du Tchad rappellent son itinéraire. Comme lesparents de Thomas Piketty – son camarade depromo rue d’Ulm, mais pas son ami –, sa mère,suisse, et son père, originaire de la Creuse, ont fait Mai 68. « C’étaient des soixante-huitards sobres qui ne sont pas devenus des requins néo-libéraux. Ils continuaient après 68 à se deman-der comment faire la révolution. On en parlait à la maison. » Un oncle maternel, vicaire géné-ral de la Suisse centrale passé par le collège Germanicum de Rome et aumônier des chas-seurs alpins, lui a appris le plaisir de « discuter théologie à 4 000 mètres ». A 19 ans, reçu à l’Ecole normale supérieure, il se fait accompa-gner, sur le plan spirituel, par un jésuite.

EXTRÊME DÉNUEMENT

Parti au Tchad avec la Délégation catholique pour la coopération, il enseigne les maths et laphysique au collège à Sarh, dans le sud du pays, une ville de 110 000 habitants construiteau bord du fleuve Chari, se bat contre la situa-tion faite aux femmes en prison et crée un centre d’accueil pour les enfants orphelins à Balimba. « Ma vocation religieuse s’enracine chez les enfants de la rue, explique-t-il paisible-ment. Ils m’ont enseigné la joie… » De retour decoopération en 1997, il frappe une première fois à la porte de la Compagnie de Jésus. A l’époque, il vient de perdre son père. « Occu-pe-toi de ta mère et de ton petit frère », lui ré-pondent les « Jez ».

Entré au CNRS, il est débauché quelquetemps par la Compagnie parisienne de rées-compte et par l’équipe de Jean-Michel Lasry, un as de la mathématique financière, pour former des traders à New York. Trois soirs desuite, le patron d’une salle de marché l’invi-tera dans les meilleurs restaurants new-yor-

kais pour le convaincre, à grand renfort de montrachet, d’embrasser la carrière de trader.Il accepte le bourgogne mais décline la propo-sition boursière. Jésuite et pauvre il veut être. Jésuite et pauvre il sera. De retour en France, ilsoutient son doctorat, enseigne et obtient, en 2004, l’habilitation à diriger des recher-ches. La même année, il commence son novi-ciat. En 2009, une fois achevées ses études de théologie, les « Jez » lui demandent de pour-suivre ses travaux d’économiste et de devenirdirecteur de recherche au CNRS. Il obtempère avec joie.

Est-ce son expérience de l’extrême dénue-ment au Tchad ? Ou son passage par la banqued’investissement et une finance transformée en idole qui pourrait tant pour les plus pau-vres ? Gaël Giraud peut être tranchant. « Il est sans concession. Il manie les arguments lesplus percutants. Mais il est toujours respec-tueux des personnes. Ce n’est pas économiste hétérodoxe, c’est un spécialiste de la théorie desjeux qui a le souci de nourrir un dialogue in-terne avec ses pairs. Il rêve d’une économie arti-culée aux sciences sociales et aux sciences du-res », décrypte une de ses amies, Cécile Re-nouard, spécialiste de l’éthique en entre-prise… et religieuse, avec laquelle il a écritVingt propositions pour réformer le capita-lisme (Flammarion, 2009).

De l’économie mainstream, Gaël Giraud ditqu’« elle est construite sur un modèle qui n’a quasiment pas bougé depuis 1870 et qui est faux, incohérent, scientifiquement pas tena-ble ». « C’est un modèle d’équilibre dans lequel iln’y a ni grands krachs, ni monnaie, ni dette pri-vée et qui néglige l’énergie », observe-t-il, ironi-que. Avec un de ses thésards, l’auteur d’Illu-sion financière (Editions de l’Atelier, 2014) a donc traduit L’Imposture économique (L’Ate-lier, 2014) de l’Australien Steve Keen, l’un desmeilleurs critiques de la pensée néoclassique.

A l’AFD, où le modèle macroéconomiquemaison, « Jumbo », a pris des rides, il a re-monté avec huit doctorants « un modèle hors équilibre, dans lequel il y a de la monnaie, de la

l’économie bas carbone. Ils présenteront à la ministre de l’énergie du Maroc et à une ving-taine de ses homologues d’Afrique subsaha-rienne différents outils de financement inno-vants (fonds vert, taxe sur les transactions fi-nancières, droits de tirage spéciaux, etc.) pour aider à la transition au Sud. Une problémati-que au cœur des rendez-vous onusiens d’Ad-dis-Abeba, du 13 au 16 juillet, et de New York, en septembre, sur le financement du dévelop-pement, et de la COP21 en décembre à Paris.

Penser la prospérité du Sud sans énergiesfossiles ; penser celle du Nord sans croissance et sans énergies fossiles : telle est au fond la tâ-che à laquelle s’attelle Gaël Giraud. L’AFD n’estpas la pire des institutions pour le faire. Bien que la France ne tienne pas ses engagements d’aide au développement, l’agence reste un grand bailleur international. Elle a pris le tour-nant environnemental, il y a quinze ans, et emploie d’excellents chercheurs en biodiver-sité. La division qu’y dirige l’économiste, or-donné prêtre en 2013, est pluridisciplinaire.Rien de tel que le regard décalé d’un anthropo-logue, d’un sociologue, d’un urbaniste ou d’un biologiste pour aider à bien faire de l’éco-nomie appliquée et à ouvrir des perspectives nouvelles, se félicite Gaël Giraud. A ses heuresperdues, dont on ne voit pas très bien où il lescase, il trouve l’énergie de prendre sa plume. Ilvient de remettre au Parlement européen un rapport sur le coût, astronomique, du futurkrach bancaire dans la zone euro… p

claire guélaud

dette privée, des inégalités, des ressources natu-relles, etc. ». Surnommé « Gemmes », il devraitêtre utilisable en décembre pour un premier pays. L’autre grand objectif du chef écono-miste est de faire partager sa conviction que l’aide au développement n’est pas « un sous-sujet pour le week-end ».

« APPRENDRE DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE »

« Les pays du Nord et ceux du Sud vivent la même chose. Dans une génération, Bordeaux aura le climat de Séville. Quand on travaille surla sécheresse, sur le stress hydrique, on acquiertdes compétences utiles à tous. Nous avons à apprendre de l’économie circulaire, de l’écono-mie de la fonctionnalité, du “buen vivir” latino », insiste-t-il.

Et si, comme il en est convaincu, le dévelop-pement n’est pas le parent pauvre de l’écono-mie, alors il y a place pour une coconstructionNord-Sud des modèles de société : « Nous de-vons bâtir des institutions qui protègent et pro-meuvent ces biens communs mondiaux que sont, par exemple, la faune halieutique, mais que pourraient être aussi, si les politiques le dé-cidaient, la monnaie, l’énergie, l’éducation… ». L’intérêt d’un tel travail, c’est qu’il déplace leséconomistes vers les institutions, un champ qu’ils connaissent mal.

Le 12 octobre, Gaël Giraud doit accompagnerà Rabat, au Maroc, son ami Alain Grandjean, patron de Carbone 4, cabinet de conseil et d’étude sur le carbone, et coauteur avec PascalCanfin d’un rapport sur le financement de

MATTHIEU RONDEL/HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

1970Naissance à Paris.

1999Intègre le CNRS.

2004Obtient l’habilita-tion à diriger des recherches. La même année, il entre dans la Compagnie de Jésus.

2009Directeur de recherche au CNRS.