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    Mardi 7 juillet 2015 - 71eanne - No 21918 - 2,20 - France mtropolitaine - www.lemonde.fr Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directeur : Jrme Fenoglio

    Algrie180 DA, Allemagne 2,50 , Andorre 2,40 , Autriche 2,80 , Belgique 2,20 , Cameroun 1 900 F CFA,Canada 4,50 $,Cte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD,Espagne 2,50 , Finlande 4 ,Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 ,Grce 2,50 , Guadeloupe-Martinique 2,40 ,Guyane 2,80 , Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 , Italie 2,50 ,Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 ,Malte 2,50 ,Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 ,Portugal cont. 2,50 ,La Runion 2,40 , Sngal 1 900 F CFA,Slovnie 2,50 , Saint-Martin 2,80 ,Suisse 3,50 CHF,TOM Avion 450 XPF,Tunisie 2,50 DT,Turquie 9 TL,Afrique CFA autres 1 900 F CFA

    Je suis prt taider, mais aide-moi taider , a expliqu, di-manche soir, Franois Hollande Alexis Tsipras. Le premier minis-tre grec a appel le chef de lEtatpeu aprs lannonce des rsultatsdu rfrendum. M. Hollande aexpliqu au chef du gouverne-ment grec la gravit de la situa-tion. Une majorit dEtats euro-pens veut expulser la Grce dela zone euro et, mme si laFrance ne le souhaite pas, elle nepourra pas longtemps sy oppo-ser si Athnes nenvoie pas lEu-

    rope des gages de bonne volontpolitique et budgtaire. PourlElyse, le risque dune sortie dela Grce de la zone euro est rel . Paris veut tout fairepour lviter , mais Franois Hol-lande privilgie un accord avecAngela Merkel. Il faut une ana-lyse convergente des deux pays,rien ne serait pire dans le momentactuel que dapparatre dsunisentre Franais et Allemands .

    LI RE PA G E 8

    Hollande veutaider Tsipras

    sans se brouilleravec Merkel

    POLITIQUEathnes- correspondance

    A la fte dimanche 5 juillet au soir,Yanis Varoufakis quitte pourtant lenavire ds lundi matin. Cest duntweet laconique Minister no more ! (Je nesuis plus ministre) que le ministre grec desfinances a annonc sa dmission.

    Peu de temps aprs lannonce des rsul-tats du rfrendum, on ma inform dunecertaine prfrence de plusieurs membres delEurogroupe et de partenaires associs ()pour que je ne sois plus aux runions ; uneide que le premier ministre[Alexis Tsipras] ajuge potentiellement utile lobtention dunaccord. Pour cette raison, je quitte le minis-tre des finances aujourdhui ,crit M. Va-roufakis dans un court article publi sur sonblog personnel, lundi 6 juillet au matin.

    Le message est clair : les cranciersauraient demand et obtenu sa tte. Et voilVaroufakis qui se pose en hros et victimede la machine europenne. Selon le polito-logue Elias Nikolakopoulos, les choses sontcependant un petit peu plus compliques.

    Tsipras et Varoufakis ont ngoci pourtrouver ce compromis et permettre au se-cond de faire cette dclaration qui sauve sonhonneur, mais, au fond, Tsipras tait furieuxde ce que le ministre des finances a fait hiersoir ,dit M. Nikolakopoulos. Au mpris delusage politique grec, M. Varoufakis a pris laparole avant le premier ministre.

    Il a parl sur un ton donneur de leons ettriomphaliste, alors que M. Tsipras attendaitpatiemment son tour pour lancer un mes-sage mesur et dappel lunion nationale.a ne se fait pas ! ,ajoute lanalyste.

    ada guillot LI RE LA SU I TE PA G E 7

    Varoufakis contraint la dmissionAlexis Tsipras a sacrifi son exubrant ministre des finances

    Rassemblement des partisansdu non, Athnes, placeSyntagma, le soir du 5 juillet.AURENCE GEAI/SIPA POUR LE MONDE

    ALLEMAGNELES GRECS ONT COUP LES PONTS

    AVEC LEUROPE, SELONSIGMAR GABRIEL LIRE PAGE 3

    GRCE :LA QUESTIONDE CONFIANCE LI RE PA GE 2 8

    ATHNES ON A DCIDDE MOURIR COMMEON LENTEND LIRE PAGE 5

    CONOMIELE SORT DES BANQUESGRECQUES DPEND

    DE LA BCE LI RE PA G ES 6 ET 7

    Merkel et Hollande veulent tirer ensemble les premires consquences du rfrendum, lundi, lElyse. Le Grexit est jug plus probable que jamais

    bruxelles -bureau europen

    Q ue vont faire les Europens delclatant non 61,3 % sortides urnes grecques, lissue du

    rfrendum qui sest tenu dimanche5 juillet ? Vont-ils, comme lespre le pre-

    mier ministre grec, Alexis Tsipras, accep-ter de reprendre la ngociation engagedbut 2015 et concder une aide finan-cire sans toutes les rformes daustritquils exigeaient jusqu prsent ? Accep-ter une restructuration de lnorme dettegrecque ? Ou vont-ils fermer la porte et

    laisser la Grce, dont lconomie sas-phyxie grande vitesse, faire dfautauprs de la Banque centrale europenne,le 20 juillet, et, bon gr mal gr, choisir le Grexit , sortir de la zone euro ? Un sc-nario inimaginable, que les traits euro-pens nont dailleurs pas envisag

    Lundi matin, les tenants de la reprise dudialogue, Paris, la Commission euro-penne, taient pessimistes. Le prsi-dent de la Rpublique va tudier quellessont les voies possibles pour la reprise dudialogue avec Athnes et la recherchedune solution. Mais, en Allemagne, les po-

    sitions politiques sont trs fermes, y com-pris du ct des sociaux-dmocrates. Celarisque dtre difficile , confiait une source lElyse.

    ccile ducourtieuxet jean-pierre stroobants

    LI RE LA SU I TE PA G E 2

    ANGELOS CHRISTOFILOPOULOS/AP

    AVIGNON

    UN ROI LEAR LAGONIE

    POUR OLIVIER PY PAGE 22

    APRS LE NON GREC, LEUROPE INFLEXIBLE

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    2 | europe MARDI 7 JUILLET 20150123L A C R I S E G R E C Q U E

    LEUROPE ESTCONFRONTE

    UN DILEMME :JUSQUO PEUT-ELLE

    IGNORERUN VERDICTPOPULAIRE ?

    LEurope dfiepar le non massif

    des GrecsFranois Hollande et Angela Merkel devaientse runir lundi 6 juillet au soir pour esquisser larponse europenne au rejet par les Grecs du plan rformes contre argent frais de lUE et du FMI

    suite de la premire page

    Ce choix de relancer le dialogue ou pas, va de-voir tre fait dans les heures et les jours quiviennent. Cest une nouvelle folle squence

    politique qui sengage, lundi 6 juillet, avecune rencontre dcisive entre Franois Hol-lande et Angela Merkel dans la soire Paris,et, ds mardi 7 juillet, une runion avec les 19ministres de la zone euro, puis un sommetde la zone euro dans la foule. Ce choix, entout cas, engage la fois lavenir de la Grce etcelui de la zone euro, qui va vivre un mo-ment de vrit historique et potentiellementdramatique.

    Qui va lemporter, entre ceux qui vont con-sidrer que le non massif des Grecs davan-tage daustrit, dans un pays dj laminpar la crise et les coupes budgtaires, est enralit un non leuro ? Qui vont estimer quele gouvernement populiste grec na pas dit lavrit ses concitoyens : savoir que pourappartenir leurozone, pour en recevoir delaide, ils devaient accepter un nouvel ajuste-ment conomique ?

    Ou est-ce les autres, Paris et Rome peut-tre, qui, eux, vont plaider pour la prserva-tion de lintgrit de la zone euro, qui vont

    vouloir viter une dcision aux consquen-ces gopolitiques potentiellement graves. Etqui vont dfendre un changement des rglesdu vivre ensemble dans leurozone, pour unpetit pays de 10 millions dhabitants, alorsque dautres, lEspagne, le Portugal, lIrlande,Chypre, sy sont plis, quand, dans les m-mes circonstances, ils avaient urgemmentbesoin de largent europen pour viter labanqueroute ?

    Les pays ny croient plus beaucoup , glisseune source europenne proche des ngocia-tions. Au mieux, on va proposer Tsipras derecommencer discuter sur la base de laccordrformes contre argent frais qui tait sur la ta-ble quand il a annonc son rfrendum. Lur-gence, maintenant, cest la mise en placedune aide humanitaire pour la Grce , expli-que auMonde, lundi, une source europennebien informe. Cest au gouvernement grecde faire des propositions , a rpt lundi ma-tin le ministre des finances Michel Sapin, quia prcis que lEurope va montrer quelle estforte dabord en se protgeant elle-mme .

    La rponse cette question aider la Grcecote que cote, ou sen sparer fera detoute faon des dgts politiques considra-bles. Car Alexis Tsipras est dot dun mandatpopulaire indniable, qui, a priori, na pas

    pour but de couper les ponts avec ses parte-naires de leurozone. Il la nouveau martel,dimanche soir : le rsultat du rfrendum nemarque pas du tout une rupture avec lEu-rope , mais au contraire un renforcement

    du pouvoir de ngociation des Grecs, a raf-firm le jeune leader de la gauche radicale.

    Yanis Varoufakis avait mme affirm lachane amricaine CNBC en fin de semainedernire quune fois le non acquis, la rengo-ciation pourrait tre boucle en vingt-qua-tre heures Et sa dmission surprise, annon-ce lundi matin, est considre comme unsignal des bonnes dispositions dAthnes, letrs mdiatique ministre des finances grecayant russi liguer lensemble des 18 autresgrands argentiers de la zone euro contre lui.

    LEurope est galement confronte unautre dilemme. Jusquo peut-elle ignorerun verdict populaire. Elle a dj malheureu-sement prouv quelle ne savait pas rpon-dre de manire adquate aux prcdentsscrutins, contribuant au dsamour dsor-mais alarmant des citoyens vis--vis du pro-jet europen.

    TRAUMATISME

    Il y a dix ans, elle avait dj feint dignorer le

    verdict dautres consultations. Les Franaispuis les Nerlandais avaient rejet le projet deConstitution europenne. La question taitmal pose : les Franais avaient dit non plusde libralisation et une perte de souverai-net au profit des institutions de Bruxelles ;les Nerlandais avaient traduit un malaiseexistentiel d deux assassinats politiques, la nostalgie du florin et au sentiment duneperte didentit. Pourtant, le texte a finale-ment t adopt, Nicolas Sarkozy ayant ngo-ci le trait de Lisbonne qui reprenait les-sentiel des points de la Constitution sans de-mander leur avis aux citoyens.

    Ce rendez-vous politique rat de mai 2005,dnonc tort ou raison comme un dni dedmocratie, reste un traumatisme en Franceet ailleurs en Europe. Le fait de ne pas avoirtenu suffisamment compte du verdict deslecteurs a durablement abm le lien entreles citoyens et lEurope. Depuis, de scrutin enscrutin, le dsamour envers les institutionseuropennes et le refus de rgles communes,pourtant prsumes assurer un avenirmeilleur, nont cess de grandir. Une rponsetrop violente de lEurope au non des Grecs,sera un argument de choix pour les partisdextrme droite hostile leuro.

    LEurope ne fait plus rver. Elle est vuecomme un monstre technocratique, incapa-ble de trouver une rponse coordonne auchmage, la monte des ingalits ou lim-migration. Timide et divise lorsquil sagit dese confronter aux grands enjeux dun mondeperu comme de plus en plus menaant. Grande avec les petits sujets, petite avec lesgrands , comme le disent ses dtracteurs.

    Un peu partout, en France mais aussi enFinlande, au Danemark, aux Pays-Bas, enAutriche ou en Grce, des forces populistessouvent unies seulement par leur dtesta-tion de lEurope ont glan de nombreusesvoix. Et elles ont profit des crises conomi-que et morale que connat lUnion pour d-noncer en bloc son fonctionnement. En

    mai 2014, les eurosceptiques et europhobessont entrs en force, au Parlement europen.Marine Le Pen a mme russi crer songroupe politique, le premier du genre danslassemble de Strasbourg.

    Entre 2010 et 2014, les plans de sauvetagede pays en quasi-faillite se sont succd en Ir-lande, en Espagne, au Portugal et Chypre,sans que, aucun moment, les populationsne soient consultes. Le premier ministregrec Georges Papandrou a failli sy risquer,en 2011, mais les chefs dEtat de la zone euro notamment le prsident franais NicolasSarkozy, et la chancelire allemande AngelaMerkel lui ont tordu le bras pour viter cescrutin.

    et les autres Europens, M. Hollande etMmeMerkel se sont beaucoup consults. Ilscampaient jusqu prsent sur la mme li-gne : fermet lgard dAthnes, mais vo-lont daider le pays. Que vont-ils finalementdcider ? Daccorder un gouvernement cequils lui ont refus pendant cinq mois, cest--dire une rengociation de la dette grecque(322 milliards deuros environ), quitte en ra-battre sur les rformes structurelles exigesjusqu fin juin, avant la rupture des ngocia-tions ? Et au risque de dstabiliser les gouver-nements espagnols, portugais, etc. qui, eux,

    ont jou le jeu ?Hollande ne pourra en tout cas pas prendreseul la dfense de Tsipras. Je suis prt taider, mais aide-moi taider , a expliqudimanche soir Franois Hollande AlexisTsipras. En laissant de ct ses promesses mi-rifiques aux Grecs, et en prsentant, en ur-gence, une requte mme dtre valide parses 18 partenaires de leurozone, cest--direavec une demande de prts, pour viter labanqueroute, mais aussi, une liste de rfor-mes structurelles crdible. Verdict pour laGrce, et lUnion tout entire dans les joursqui viennent. p

    ccile ducourtieux

    et jean-pierre stroobants

    Mais la lgitimit dmocratique des votesgrecs se heurtent celle des autres pays euro-pens. La Slovaquie et les pays baltes conti-nuent dadopter une attitude peu conciliantesur les plans daides un pays qui reste plusriche queux. La grande nouveaut de cesdernires annes, ce nest pas la division entreles peuples et Bruxelles, mais la division entreles peuples , souligne Yves Bertoncini, direc-teur de linstitut Jacques-Delors.

    ASPHYXIE

    Le 30 juin, la Grce a fait dfaut vis--vis du

    Fonds montaire international, le pro-gramme daides qui lui tait destin sestachev le mme jour faute daccord entreAthnes et ses cranciers, un contrle des ca-pitaux, qui asphyxie son conomie, a t ins-taur le 28 juin. Si rien nest fait, elle fera d-faut vis--vis de la BCE le 20 juillet, qui elledoit 3,5 milliards deuros. Linstitution deFrancfort sera alors contrainte de faire cesserle financement durgence quelle pourvoitencore aux banques grecques. Lintroductiondune monnaie parallle, prlude une sortiedu pays de la zone euro, sera invitable pourviter un effondrement conomique et fi-nancier total.

    Depuis le dbut du bras de fer entre Tsipras

    LES CHIFFRES

    61,31 %de non

    La question pose, dimanche5 juillet, lors du rfrendum or-ganis par les autorits grec-ques, portait sur lacceptation ounon des rformes exiges par lescranciers dAthnes : Faut-ilaccepter le plan daccord soumis

    par la Commission europenne,la Banque centrale europenneet le Fonds montaire internatio-nal lors de lEurogroupe du25 juin ? Mais pour une partiedes dirigeants europens,ce rfrendum posait aussila question de lappartenancede la Grce la zone euro.

    62,50 %de votantsCest le taux de participation deslecteurs grecs au rfrendum,dimanche 5 juillet.

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    0123MARDI 7 JUILLET 2015 europe | 3

    En haut : des partisansdu non ragissentaux premiers rsultatsdu rfrendum, placeSyntagma, dimanche5 juillet, Athnes.PETROS KARADJIAS/AP

    En bas : un employde banque parle avecdes retraits qui veulentretirer les 120 eurosautoriss par semaine,

    lundi 6 juillet.EMILIO MORENATTI/AP

    LAllemagne, furieuse, ne veut rien cderAngela Merkel, attendue lElyse lundi soir, ne sest toujours pas exprime aprs le vote grec

    berlin - correspondant

    Entre la Grce et lAllema-gne, le divorce est pro-nonc. Alors qu Ath-nes le gouvernement af-

    firme tre dsormais en positionde force pour ngocier avec lesEuropens, les Allemands pen-sent exactement linverse. Pournombre dentre eux, il ny a plusrien ngocier, si ce nest la sortiede la Grce de la zone euro. Certes,il faut tre prudent. La chancelireAngela Merkel ne devrait sexpri-mer sur le sujet que lundi 6 juilleten fin de journe, lors de sa ren-contre avec Franois Hollande lElyse. Il est peu probable quecelle-ci fasse le dplacement Pa-ris pour se prononcer en faveurdun Grexit , sachant que leprsident franais y est hostile.

    Nanmoins, il fait peu de dou-tes quAngela Merkel va se mon-

    trer trs dure lgard des Grecsdans les jours et semaines venir.Les dclarations du vice-chance-lier allemand, Sigmar Gabriel, mi-nistre de lconomie et prsidentdu parti social-dmocrate, leprouvent. Selon lui, le premierministre grec, Alexis Tsipras, a coup les derniers ponts aveclEurope. Aprs le refus des rglesdu jeu de la zone euro, tel quil sex-prime par le vote non, des ngocia-tions sur des programmes daidechiffrs en milliards paraissent dif-

    ficilement imaginables , jugemme M. Gabriel dans un entre-

    tien au quotidien Tagesspiegel.En raison du silence de leur chef,la plupart des dirigeants delUnion chrtienne-dmocrate(CDU) sont rests muets diman-che soir. Julia Klckner, une pro-che dAngela Merkel, juge que M. Tsipras ne devrait pas croirequil peut mettre lEurope sous pres-sion avec le rsultat du rfren-dum. Encore plus svre, AndreasScheuer, secrtaire gnral delUnion chrtienne-sociale en Ba-vire (CSU), estime que les ma-tres chanteurs de gauche et ceuxqui mentent leur peuple commeTsipras ne peuvent pas parvenir leurs fins avec leur sale tour .

    Peu dimpact

    Alors que les prts de lAllemagne la Grce se montent dj plus de88 milliards deuros, les dputs

    vont tre plus que jamais rticents faire de nouvelles concessions.Tout nouveau programme daidedevrait dsormais passer par leMcanisme europen de stabilit(MES), et celui-ci ne peut accorderde prts un pays que sil y a un risque systmique . Or, je nevois pas ce risque ,avait indiqu le1er juillet Gunther Krichbaum(CDU), prsident de la Commis-sion des affaires europennes auBundestag, jusquici connu poursa modration.

    Mme si la Bundesbank sin-quite, selon le quotidien

    Handelsblatt, des consquencesdun Grexit sur son propre bi-lan, les Allemands sont dautantmoins prts faire des conces-sions quils sont convaincusquune sortie de ce pays de lazone euro aurait assez peu dim-pact sur lAllemagne.

    Dans un sondage publi ven-dredi 3 juillet par la chane ARD,24 % seulement des Allemandssinquitent des consquencessur lconomie allemande dunefaillite de lEtat grec. Ils sont peine plus nombreux, 31 %, sin-quiter des consquencesquaurait une telle faillite sur lacohsion de lUnion europenne.Pour eux, il est clair que ce sontles Grecs qui seraient les premi-res victimes dune telle situation.

    Mme les milieux conomiquesmisent dsormais sur une sortie

    de la Grce de la zone euro. UnGrexit est et reste la pire optionpour la Grce, mais il devient tou-jours plus vraisemblable , r-sume linfluent prsident de lins-titut conomique dAllemagne(DIW), Marcel Fratzscher. Il nedoit pas y avoir de compromis pa-resseux, la Grce ne peut pas rester tout prix dans lUnion , jugeUlrich Grillo, prsident de la fd-ration des industries (BDI), le Me-def allemand. Tout se passecomme si, avec la victoire du non,

    le Grexit , qui tait dj, pourbeaucoup, une ncessit cono-mique, tait dsormais devenuaussi une ncessit politique.

    Selon le Spiegel, Angela Merkelaurait confi aux dirigeants de laCDU, avant le rfrendum,quAlexis Tsipras mne son paysdroit dans le mur en toute connais-sance de cause .Pour la chance-lire, ce non constitue un checsans prcdent.

    Le vote des Grecs est galementun non une certaine ide alle-

    mande de lEurope. Celle-ci revtune double caractristique. PourAngela Merkel, lUnion doit trecomptitive. Sinon, elle dispara-tra. LEurope, cest 7 % de la popu-lation mondiale, 25 % de la ri-chesse mondiale et 50 % des d-penses sociales mondiales , a-t-elle longtemps expliqu. Unequation qui nest viable que silEurope prserve ses parts demarch en dfinissant des objec-tifs de bonne gestion des denierspublics.

    Certes, Angela Merkel ne veutpas dune Europe allemande. En

    revanche, elle nimagine pas uneEurope qui ne suive pas les recet-tes qui ont permis son paysdtre actuellement au mieux desa forme : des rformes sociales etune stricte orthodoxie budg-taire. En lisant un gouverne-ment runissant lextrme gau-che et lextrme droite, les Grecsavaient une premire fois dit non MmeMerkel, qui ne jure que parle centre. En votant non ce diman-che, ils ont nouveau tourn ledos au compromis et aux rfor-mes prconises par lAllemagne.

    Que lon considre, comme lagauche europenne, quAngelaMerkel incarne la rigueur ouquon la voie, comme les conser-vateurs, comme une centriste tou-jours la recherche du compro-mis, la chancelire est donc unedes grandes perdantes de ce di-

    manche soir. Elle va avoir dautantplus de mal les convaincrequelle na pas forcment la bote outils ncessaire. Depuis cinq ans,des centaines de milliards deurosont t prts par les Europens etle Fonds montaire international la Grce, les comptes publics ontt redresss, et, malgr cela, lepays subit une crise conomiqueet sociale sans prcdent. Un para-doxe quAngela Merkel na jamaislucid. p

    frdric lematre

    Trois scnarios possibles au lendemain du rfrendumReprise des ngociations, divorce lamiable ou sortie dsordonne de leuro : tout est encore envisageable

    bruxelles- bureau europen

    L e premier ministre grec,Alexis Tsipras, a russi sonpari : dire non aux condi-tions trop svres de laccord r-formes contre argent frais ngo-cies depuis des mois avec lescranciers du pays, la Banque cen-trale europenne (BCE), la Com-mission europenne et le Fondsmontaire international (FMI).

    Sa victoire sera-t-elle totale ? Un Grexit , une sortie du pays de lazone euro, peut-il tre vit ?Point sur les scnarios possiblesaprs le oximassif du peuple grec.

    Premire hypothse : la

    ngociation dun nouvel accord

    Cette voie parat complique,mais pas impossible. Le chef de ladiplomatie italienne, Paolo Genti-loni, a assur que les Europensdevaient recommencer cher-cher un accord pour sortir du labyrinthe grec . Paris est sur lamme ligne et pourrait disposerdu soutien de Donald Tusk, le pr-sident du Conseil europen.

    Sur quelle base discuter ? M. Tsi-pras, fin juin, tait prt accepterla liste des rformes ngocies(augmentation de la TVA, rformedu systme des retraites), maisexigeait aussi un allgement desconditions de remboursement delnorme dette publique (322 mil-liards deuros). La question de ladette sera donc au centre des nou-velles ngociations. Un efface-ment pur et simple de la valeur dela crance tant inacceptable vis-

    -vis des pays anciennement sou-mis un plan daide (Espagne,Portugal, Irlande), il reste loptiondallonger la maturit de la dette,aujourdhui de seize ans enmoyenne, ou de baisser des tauxdintrt (2,36 % en moyenne).

    Deuxime hypothse :

    le dpart lamiable, le Grexit

    Le 29 juin, Jean-Claude Juncker, leprsident de la Commission euro-penne, avait prvenu les Grecs : Il faut voter oui ()parce que lescitoyens grecs responsables en Eu-rope, honorables, et juste titre,

    fiers deux-mmes et de leur pays,doivent dire oui lEurope. PourBerlin, Madrid, Bratislava ou Lis-bonne, le non est la preuvequAthnes naccepte pas les r-gles du jeu europen. Athnes r-clame laide financire de sescranciers sans accepter les rfor-mes exiges en contrepartie.

    Les dirigeants europens pour-raient alors, collectivement, assu-mer une sortie de la Grce de lazone euro. Athnes se rangerait leur avis, estimant que le pays sensortirait mieux en quittant lamonnaie unique, mais en restantdans lUnion europenne (UE) eten conservant le soutien techni-que et politique de celle-ci. Hans-Werner Sinn, le patron de linsti-tut allemand Ifo, dfend une telleoption depuis des mois.

    En thorie, lconomie grecquepourrait, en cas de rintroductionde la drachme, profiter dunemonnaie dvalue. La comptiti-vit de ses entreprises serait re-gonfle, les touristes, dont le pou-voir dachat serait dop, afflue-raient, tandis que la banque cen-trale de Grce injecterait desdrachmes dans le systme mon-taire afin dviter sa faillite.

    Pendant cette phase de transi-tion, le contrle des capitaux se-rait maintenu tandis que la BCEcontinuerait de soutenir les ban-ques hellnes. LUE apporteraitlaide technique ncessaire pourlimpression des pices et billetset la conversion en euros des con-trats financiers, obligations pri-ves et publiques existantes.

    Certains, au Parti populaireeuropen (PPE, conservateurs),rflchissent mme la mise enplace dune aide humanitairedurgence en Grce pendant cettepriode de transition difficile.

    Troisime hypothse : la sortie

    dsordonne, le Grexident

    De retour la table des ngocia-tions, les dirigeants europenspourraient camper sur leurs posi-tions : pas question de faire unchque en blanc Alexis Tsipras.Le montant de laide, estime parle FMI 50 milliards deuros sur

    trois ans, ferait bondir en Allema-gne o lopinion publique rechi-gne prter encore Athnes,donnant lieu des dbats inter-minables. Une nouvelle liste derformes serait sur la table, aumoins aussi radicales que cellesngocies avant la convocationdu rfrendum et la question de ladette ne serait pas tranche.

    En attendant, le scnario du Grexident , une sortie de laGrce de la zone euro par accident,pourrait simposer. La BCE atten-

    dra le 20 juillet, date laquelleAthnes doit lui rembourser3,5 milliards deuros, avant dagir.Aprs cette date, face lincapacitde la Grce dhonorer sa dette,linstitut montaire serait amen rduire, puis suspendre ses li-quidits durgence aux banques.

    Cette dcision prcipiterait lafaillite des tablissements hell-nes. Accul, lEtat grec serait tenude les nationaliser pour endiguerla panique des pargnants. Ruin,incapable de verser les retraites et

    les salaires des fonctionnaires,lEtat naurait dautre choix quedimprimer des reconnaissancesde dette, peu peu acceptescomme une monnaie parallle.

    Une monnaie dconsidre quiaurait tt fait de seffondrer face leuro. Le prix des produits impor-ts flamberait, le pouvoir dachatdes Grecs seffondrerait et cesttoute lconomie du pays quiplongerait dans labme. p

    ccile ducourtieuxet marie charrel ( paris)

    Mme les milieux

    conomiquesmisent dsormais

    sur une sortie

    de la Grce

    de la zone euro

    PAR LAUTEUR DES MDUSES, LA NOUVELLE PPI TEDU CINMA ISRALIEN, POTIQUE ET BURLESQUE !

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    4 | europe MARDI 7 JUILLET 20150123

    L A C R I S E G R E C Q U E

    Laudace rcompense dAlexis TsiprasLa large victoire du non conforte le premier ministre grec, qui promet de reprendre les ngociations

    athnes- correspondance

    Cest une victoire au-del de tous leurs es-poirs. Dimanche5 juillet, le non la

    emport lors du rfrendum grec,avec 61,3 % des suffrages expri-ms contre 38,7 pour le oui. Uncart norme. Loin, trs loin desestimations qui, tout au long de lasemaine, donnaient le non et leoui au coude--coude. Alexis Tsi-pras et son gouvernement ontdonc gagn haut la main le paririsqu quils avaient lanc en ap-pelant le 26 juin un rfrendum.

    Sur le balcon dun htel de luxede la place Syntagma, au curdAthnes, le ministre dlgu larforme de la fonction publique,Georges Katrougalos, polyglottechevronn, multipliait, dimanchesoir, les interviews aux tlvi-sions du monde entier quiavaient pos l leurs camras. Nous tions srs que nous allionsgagner, mais plus de 60 %, cest unrsultat magnifique et qui montrela dtermination de notre peuple dire non laustrit et oui lEu-rope, mais une Europe sociale etsolidaire , se flicite le ministre.

    Quand le premier ministre,Alexis Tsipras, sexprime, il esttrs sr de lui mais vite touttriomphalisme. Etant donn lescirconstances difficiles lheureactuelle, vous avez fait un choix

    trs courageux, annonce-t-il auxGrecs. Jai tout fait conscienceque le mandat que vous mavezconfi nest pas celui dune ruptureavec lEurope, mais un mandatpour renforcer notre position auxngociations afin de rechercherune solution viable.

    Alexis Tsipras promet donc dereprendre au plus vite les ngocia-tions. Ds dimanche soir, il sestentretenu avec Franois Hollandeet Angela Merkel. Il apporte dslundi matin un gage pour lesEuropens, en sacrifiant son mi-nistre des finances, Yanis Varoufa-

    kis, qui avait annonc un peu plustt quil serait en mesure de pr-senter un nouveau plan en moinsde vingt-quatre heures aux cran-ciers. Il tait devenu un point decrispation pour les autres minis-tres des finances de la zone euro.M. Tsipras entend cette fois-ci po-ser la question de la dette grecque sur la table des ngociations . Une ncessit que reconnatdailleurs le dernier rapport duFonds montaire international dily a deux jours ,affirme-t-il.

    Sur quoi se basera ce nouveauplan grec ? Sur les propositionscontenues dans la lettre, signe dela main de M. Tsipras, envoyemardi 30 juin la Commissioneuropenne ? Ce peut tre unbon dpart de ngociation, r-pond Georges Katrougalos, mais la condition expresse que nous ob-tenions une rengociations de ladette. Dans une ultime tenta-tive, Alexis Tsipras avait indiququil tait prt accepter de largespans du programme de la Com-mission, mais lAllemagne avaitdclin loffre, prfrant attendreles rsultats du rfrendum.

    Lheure est la clbration

    La vice-ministre des finances, Na-dia Valavani, a quant a elle affirmsur une chane de tlvision di-manche soir quaprs un tel r-sultat, on ne retournera pas l onous en tions rests la semaine

    dernire, surtout maintenant quele FMI a confirm que la dette pu-blique grecque ntait pas viable .

    Les propositions que le gouver-nement grec dfendra lors dunEurogroupe, mardi 7 juillet Bruxelles, et durant le sommet dela zone euro qui suivra seront-el-les acceptes par laile gauche deSyriza ? Nous nous attendons ce quelles soient assez proches dece que Tsipras proposait depuisquelques semaines, ce qui nousalarme. Nous les avions dj criti-ques fortement les prcdentes se-maines car nous trouvions que Tsi-

    pras allait trop loin dans le compro-mis. Nous attendons de voir , ex-plique un membre de ce courant.

    Depuis dbut juin en effet, denombreuses voix staient levesau sein de la turbulente majoritparlementaire du gouvernementpour contester la stratgie de n-gociation dAlexis Tsipras. Cest cequi lavait conduit organiser lerfrendum. Pour le ministreGeorges Katrougalos, ces probl-mes de division ou de disciplineau sein du parti ne se renouvelle-ront pas. A condition que nous nerevenions pas les mains vides etque nous obtenions une rengocia-tion de la dette trs court terme.

    Lanalyste politique Georges Se-fertzis est, lui, moins optimiste. Je crains que, renforc par ce nonpopulaire, laile gauche du parti nefasse pression sur Tsipras pour re-fuser des compromis auxquels iltait jusquici prt , explique-t-il.Vainqueur en janvier avec 36 %

    des suffrages, il largit considra-blement sa base en remportant cerfrendum avec plus de 60 % dessuffrages. Il peut opposer cette l-gitimit aux rsistances internes.

    Le premier ministre nen nestpas encore l. Avant de le prsen-ter au Parlement, encore faut-il ar-racher cet accord. Il sest engag lobtenir dans les prochaines qua-rante-huit heures et, pour tenircette promesse, un coup de pouceest ncessaire. Alexis Tsipras adonc dcid de convoquer ds

    lundi matin une runion deschefs des partis politiques grecs.Afin de les consulter et de re-cueillir leurs propres propositionssur la conduite tenir Bruxelles.

    Dans la rue, le cur est joyeux etlheure la clbration, mais raressont les manifestants ne pasvoquer les difficults du jourdaprs. Les banques vont-ellesrouvrir ? ; LEurope va-t-elle ac-cepter de discuter avec nous ? ; Tsipras va-t-il vraiment tre en-tendu pour reprendre la ngocia-tion ? Des questions qui revien-nent systmatiquement entredeux sourires et la convictionque, de toute faon, dire oui taitpire car ctait accepter, de nous-mmes, de nous appauvrir encoreplus , comme le dit Zaroula,29 ans, jeune chmeuse.

    Sur la question de la rouver-ture des banques, le ministre duredressement productif, Panayio-tis Lafazanis, chef de file de laile

    Alexis Tsiprassadresse la pressedans le bureaude votedu quartierde Kypsli, Athnes,o il vote,dimanche5 juillet.LAURENCE GEAI/SIPA

    POUR LE MONDE

    Etant donn

    les circonstances

    difficiles lheure

    actuelle, vous

    avez fait un choix

    trs courageux

    ALEXIS TSIPRAS

    gauche de Syriza, avouait quellesne pourraient rouvrir que si laBanque centrale europenne ac-ceptait ds lundi de relever leplafond des liquidits durgence[ELA] injectes dans le secteurbancaire grec . La BCE devait seprononcer lundi.

    Le gouvernement reste prudentet a conscience de lampleur de latche qui lattend Bruxelles,mais aussi pour redonner de lacohsion au pays, alors que les d-bats lectoraux ont vu ressurgirdes clivages qui rappelaient ceuxde la guerre civile. Nous sommescertes arrivs en tte, mais prs de39 % des Grecs ont vot pour le oui,explique-t-on dans lentouragedAlexis Tsipras.Il est donc nces-saire aujourdhui de ressouder lanation, et consulter les partis en-voie le message vers ceux qui nontpas vot pour nous que nous lesentendons aussi. p

    ada guillot

    ce fut la surprise de la soire. La ce-rise sur le gteau , dclarera mme, unrien moqueuse mais rellement heureuse,une source gouvernementale. A lannoncede la dfaite du oui, Antonis Samaras, lan-cien premier ministre (juin 2012-jan-vier 2015) et prsident du parti conserva-teur de la Nouvelle Dmocratie (ND), a sou-

    dainement annonc sa dmission.Un aveu dchec cinglant pour cethomme qui a recherch le pouvoir pen-dant des dcennies et lavait finalementobtenu au plus fort de la crise, en juin 2012,en formant un gouvernement de coalitionavec les socialistes du Pasok.

    Dj au lendemain de la victoire de Sy-riza aux lections lgislatives du 25 janvier,M. Samaras avait t trs contest en in-terne. Plusieurs dauphins officieuxavaient alors tent douvrir un processusde succession. Mais les rangs staient viteresserrs et la contestation fut touffe aunom dun objectif sacr : rester unis en-core quelques mois au cas o Syriza

    chouerait gouverner le pays et que denouvelles lections seraient convoques. Nous ne pouvions pas afficher nos divi-sions et entrer dans un processus de recon-figuration du parti, qui prend du temps,alors que nous pressentions que Tsipras nersisterait pas longtemps, reconnat undput du parti. Mais nous avions tous

    conscience que lre Samaras tait termi-ne. Trop discrdite aux yeux des Grecs,qui sanctionnent, scrutin aprs scrutin,lancienne classe politique principale-ment ND et le Pasok , accuse davoirmen le pays limpasse. Le dputEvangelos Memarakis, 62 ans, a t dsi-gn comme prsident intrimaire deNouvelle Dmocratie.

    Plusieurs candidats sur les rangs

    Mme sils ne se sont pas encore officielle-ment dclars il faudra attendre la convo-cation dun congrs du parti , plusieurscandidats sont dj sur les rangs depuisdes mois. Sans surprise, au centre droit, on

    retrouve la dpute et ancienne mairedAthnes Dora Bakoyiannis, 61 ans. Maisaussi son jeune frre, Kiriakos Mitsotakis,47 ans, et qui fut entre 2013 et 2014 le mi-nistre charg de la rforme administrative.Nikos Dendias, qui fut tour tour, entre2012 et 2014, ministre de la protection ducitoyen, de la croissance et de la dfense, a

    aussi plac ses pions au sein du parti cesderniers mois.Enfin, une partie de la base du parti reste

    trs fidle lancien premier ministreCostas Caramanlis (2004-2009), notam-ment en raison de son nom. Cest le neveude Constantin Caramanlis, le trs respectpremier ministre qui a ramen en douceurla Grce vers la dmocratie la chute de ladictature des colonels, en 1974. Il est nette-ment plus centriste que M. Samaras, maisil est aussi lhomme en grande partie res-ponsable davoir dissimul ltat rel des fi-nances publiques grecques aux Europensavant 2009. p

    a. gu. (athnes, correspondance)

    Antonis Samaras, victime collatrale du rfrendum

  • 7/24/2019 20150707_QUO

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    0123MARDI 7 JUILLET 2015 europe | 5

    On a dcid de mourir comme on lentend Les partisans du non, qui ont ft les rsultats au pied du Parlement, mettent en avant leur fiert retrouve

    REPORTAGEathnes -envoye spciale

    Ils attendaient cette date, cer-tains avec fbrilit, dautresavec ferveur, tous avec impa-tience. Neuf jours aprs la

    dcision surprise du premier mi-nistre Alexis Tsipras de soumettre une consultation populaire leplan de rformes propos par lescranciers du pays, les bureaux devote, installs dans les coles pri-maires du pays, ont ouvert leursportes dimanche 5 juillet ds7 heures du matin.

    Devant le bureau de Kypsli, unquartier du nord de la capitalegrecque, cest leffervescence. Vers10 h 30, Alexis Tsipras est venu d-poser son bulletin dans lurnesous les applaudissements et les

    cris de la foule. Oxi, oxi, oxi[non] !, scandaient les quelquesGrecs prsents, noys parmi lafoule de journalistes internatio-

    naux venus couvrir lvnement.Les lecteurs appels se rendredans la salle 661, la mme que lepremier ministre, ont t aveu-gls par les flashs des photogra-phes. Personne ne peut ignorer ladtermination dun peuple pren-dre son destin entre ses mains , araffirm M. Tsipras la sortie delisoloir.

    A la mi-journe, les rues dAth-nes la bouillonnante semblaientbien silencieuses. Install sur uneterrasse proche, un groupe de re-traits sirotent doucement leurscafs. Quelques tables plus loin,Christa, 43 ans, est avec des amis.Elle ne veut pas dire quelle caseelle a coche. Elle avait vot Syrizalors des lections gnrales de jan-vier. On est pay 3 euros delheure. Si lon travaille quatre heu-

    res par jour, a nous fait 12 euros.On fait quoi, avec cette somme ?On ne sort pas, on ne va pas au res-taurant On ne vit pas. On nest

    femme, tous deux gs dunesoixantaine dannes. Le premierarbore firement un autocollantorange sigl dun oxi sur la poi-trine, la seconde, un badge rosbarr dun nai [oui]. Personnenest autoris exprimer verbale-ment son opinion dans la salle devote, mais les observateurs ont ledroit dafficher silencieusementleur prfrence.

    Dimitris, lui, est tenu au silence.Mais il montre un vieux posterscotch aux murs de ltablisse-ment qui fait rfrence au 28 octo-bre 1940. Ce jour-l, considrcomme historique en Grce,lautocrate Ioannis Metaxas avaitrpondu dun non ferme lulti-matum du rgime fasciste deBenito Mussolini, qui exigeait delaisser la libre circulation aux trou-

    pes italiennes sur le territoire grecet de cder des points stratgiques.Ce non-l avait suscit le rallie-ment de toutes les catgories de la

    socit et reste jusqu ce jour unmotif de fiert. Cest un peu notretat desprit aujourdhui , glisse-t-il dans un sourire.

    Dans lattente dun verdict incer-tain, les partisans du parti de gau-che radicale au pouvoir Syriza ontdcid de se runir ds 19 heuresplace Klafthmonos, la place des gens qui pleurent . Ce sont fina-lement des larmes de joie qui cou-lent sur les joues, lorsque, aux en-virons de 21 h 30, les estimationstires du dpouillement de la moi-ti des bulletins crditent le non deprs de 60 % des voix.

    Cest la fiert retrouve qui rem-plit les yeux de Panos. Ce vieilhomme de 78 ans ne peut pascontenir son motion. Notre es-prit de rsistance renat enfin , l-che-t-il, la voix entrecoupe de

    sanglots. Il a choisi de clbrer cemoment historique au pied dela Vouli, le Parlement grec, placeSyntagma, comme quelques cen-

    taines de milliers de personnes,ges ou jeunes, parents ou en-fants. La foule rassemble toutesles gnrations, comme ctaitdj le cas deux jours plus tt, lorsdu dernier rassemblement en fa-veur du non.

    Les Adonaki sont venus en fa-mille : Vassiliki, 67 ans, ses deuxfilles, Evagelia, 44 ans, Tatiana,41 ans, et ses deux petits-fils, Vas-silis, 14 ans, et Yanis, 7 ans. Onveut un meilleur avenir pour nosenfants , explique Tatiana. Auson du bouzouki, le luth grec, etsur des airs rvolutionnaires, laplace semplit peu peu. Si onavait dit oui, ils nous tuaient. Enchoisissant le non, on se suicide.On a dcid de mourir comme onlentend , scande le mgaphone.Lheure est la fte, mme si de

    nombreux Grecs sont conscientsque tout se jouera demain . Lejour daprs. p

    aude lasjaunias

    A gauche :rassemblementdes partisansdu non, dimanche5 juillet, placeSyntagma, Athnes.A droite : Platon,

    conomiste, etMary, professeure luniversit,partisans du oui,ont suivi, dpits,les rsultats la tlvision.LAURENCE GEAI/SIPA

    POUR LE MONDE ;

    MYRTO PAPADOPOULOS

    POUR LE MONDE

    La peur des lendemains qui dchantentA Athnes, les tenants du oui dnoncent la dmagogie et lintolrance des partisansde Syriza. Ils redoutent un chaos montaire et une sortie de lUnion europenne

    REPORTAGEathnes- envoye spciale

    Ils regardent la tlvision et seservent un verre. Ils car-quillent parfois les yeux pour

    mieux voir lcran un sondage,un graphique, ou la carte de Grcequi ne cesse de rosir, mais ils neragissent gure. Ou alors lgre-ment. Un sourire ironique, untrs lger soupir. Si lon ne savaitquils avaient tous vot oui, etquils assistent en ce moment ladfaite cuisante de leur camp, oncroirait de lindiffrence. Maisleur sang est bouillant. Et le curcogne dans les poitrines. Tout lheure, Mary, lhtesse de la soi-re, professeure luniversitcomme lensemble de ce petitgroupe damis, et depuis toujours gauche, laissera mme appara-tre quelques larmes en se disanttente par lmigration. Ils ne pen-saient pas gagner. Mais tout demme ! 61 % de non ce maudit

    rfrendum, cest comme uncoup de massue. a assomme.Platon, conomiste, se veut phi-

    losophe. Au fond, 39 % dentrenous acceptaient le mauvais ac-cord propos par lEurope. Et 61 %ont vot pour un meilleur accord.Vu de cette faon, tout le monde agagn, non ? Non, il leur sembleau contraire que toute la Grce aperdu. Et ils sont mduss. Je necomprends pas, soupire Yorgos.Comment Tsipras a-t-il russi ca-pitaliser les voix ?

    Avec des banques fermes !Cest a qui est incroyable !

    Propagande, populisme, natio-nalisme et discours sentimental.Cest simple !

    Navait-il pas contre lui la quasi-totalit des mdias privs qui mi-litaient pour le oui ? Justement !Le public na aucune confiancedans ces mdias doligarques. Ilsont desservi le oui, incapables dumoindre dbat de fond. Et les lea-ders europens qui se sont adres-ss aux Grecs pour leur dire quoivoter ? Ils ont fait lunanimitcontre eux. Une catastrophe !

    On y perd ses amis

    Impossible pour eux tous de sedpartir de limpression que cevote massif est une gigantesquetromperie. Et ils avouent leur peurdevant un Syriza au plus hautdans les urnes, intolrant, intimi-dant, et terriblement diviseur. Avec nos collgues Syriza de luni-versit, il ny a pas de place pour lesnuances, affirme Costas. Tu esavec moi ou tu es mon ennemi. Tu

    es grec ou tu es collabo. Comme lpoque de la guerre civile. Et lon yperd ses amis. Quiconque, luniversit, affiche la moindredistance lgard du gouverne-ment ou montre pour lEuropeune trop grande sympathie sex-pose brimades et ennuis. Cestpourquoi ils prfrent quon nepublie pas leur nom de famille. Vous avez cout la radio duparti ? Elle sappelle En rouge eton se croirait la grande poquedun pays sovitique. Derrire Sy-riza, perce lidologie nationalistedune gauche trs rtrograde.

    Mary est bouleverse. Cen estfini de la Grce dans lEurope. Ilsvont nous foutre dehors, et ilsauront raison. Ils tourneront sansnous, dlests, et nous dgringole-rons. Car cette semaine, elle nendoute pas, les vrais ennuis com-mencent : saisie sur les comptesen banque, non-paiement des sa-laires, pnurie de monnaie, de pro-duits dpicerie et de mdica-ments Mon pre, qui a fait desconomies toute sa vie, ma dit cettechose sidrante : Heureusement

    que ta mre nest plus en vie. Jenaurais plus les moyens dassurerles cots de sa maladie. Et je croisque ma fille peut faire une croix surson anne dtudes Erasmus.

    Pnlope, qui enseigne Chy-pre, a dj perdu toutes ses cono-mies dans la crise financire de2012-2013 et crois revivre le film. Ils mentent, au peuple et lEu-rope, depuis le dbut. Ils manquentde comptence et de vision, maisils ont de larrogance. Ils ont jousur le fait que dire non est toujoursplus naturel pour les Grecs. Notrehistoire est faite de non. Mais cette

    fois, on va vers le chaos. Un espoir ? Elle ose peine le

    dire mais ils lont tous en tte :que le peuple, gorg despoir ce di-manche soir, dchante et dgriserapidement. Banques fermes,ngociations en panne Le voiletombera et Tsipras, accul, partiradans un norme fracas. Je luidonne trente jours ! Costas, lui,craint la violence. Elle est djsous-jacente, dit-il, les positionsse sont fortement radicalises.Quant Spiros, qui enseigne laphilosophie en Crte, il a les yeuxrivs sur lextrme droite. Elle esttapie dans lombre, prte rcu-prer les grands dus de Syriza .Le gouvernement, lui, a le dos aumur et va tout droit vers lingra-ble. En suscitant une fusion despatriotismes de droite et de gau-che, il a jou avec le feu.

    Couvrant les voix de la tl, ungroupe de jeunes dextrme gau-che dfile sous les fentres avecdes drapeaux rouges. Peuple,

    prends ta situation en main. Eu-rope et FMI, buvez votre sang ! Les universitaires changent dessourires amuss, fatalistes. Maisau tlphone, un banquier se veutrassurant. Un grand oui auraitpeut-tre t pire en forant Tsipras la dmission, avant de nouvelleslections. Nous ne pouvions nouspermettre le luxe dune telle va-cance. Car cest maintenant unequestion dheures. Il vient dannon-cer vouloir runir les Grecs et ngo-cier dans le cadre de leuro Allez !Jai encore un peu despoir. p

    annick cojean

    Lextrme droite

    est tapie dans

    lombre, assure

    Spiros, prte rcuprer

    les grands dus

    de Syriza

    pas des esclaves, on est un peupleavec la tte haute.

    Yorgos, 53 ans, chauffeur de taxi,est all voter non, ds 7 h 05 : Lesgens ne parlent que du rfrendumdepuis une semaine. Il en est cer-tain : le camp du non va gagner. a ne sera pas un plbiscite, serisque-t-il avancer. Les gens ontpeur. A ses yeux, lEurope, cestcomme une famille dont la Grceserait loncle fauch : Il agace,mais au final, on devrait laider.

    Les gens ont peur

    Dans lcole primaire dAgios Pan-teleimonas, vers midi, la valse deslecteurs sintensifie. Cestlheure qui veut a : les retraitssortent de lglise, les familles com-mencent venir. On attend les jeu-nes en fin de journe , explique

    Dimitris, le secrtaire prsentpour aider Nikolas, lavocat res-ponsable du bureau. A leurs ctsse tiennent un homme et une

    LES RACTIONSColre et intransigeance dans le nordet lest de lEuropeSigmar Gabriel, le vice-chancelier social-dmocrate du gouverne-ment dAngela Merkel, a t lun des premiers ragir au rejetmassif par les Grecs des conditions exiges par les cranciers. Lepremier ministre grec, Alexis Tsipras, a coup les derniersponts avec lEurope, a-t-il estim. Traditionnellement trs criti-que lgard dAthnes, le ministre slovaque des finances, PeterKazimir, a abond en ce sens, jugeant quun Grexit une sor-tie de la Grce de la zone euro tait dsormais un scnario ra-liste . Les Slovaques ne perdront pas un euro cause des Grecs ,a ajout Robert Fico, premier ministre slovaque, tandis que sonhomologue finlandais, Juha Sipila, jugeait que les Grecs [avaient]choisi un chemin incertain pour btir leur avenir . Le gouverne-ment grec, au lieu de dire la vrit son peuple (), a pouss vo-ter contre les rformes ncessaires , a regrett la prsidente litua-nienne, Dalia Grybauskaite. Cela naugure rien de bon pourlavenir de peuple grec , a tweet le premier ministre estonien,Taavi Roivas. Plus svre encore, Ewa Kopacz, premire ministrepolonaise, pense que les Grecs ont dit non laide [europenne]donc ils ont dit non aussi la zone euro .

    Angoisse des pays dEurope du SudSi Pablo Iglesias, le chef du parti antilibral espagnol Podemos,alli du grec Syriza, a estim que la dmocratie la emport enGrce , le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, napu masquer son effroi, convoquant une runion exceptionnellede la commission dlgue aux affaires conomiques. Affol, leParti socialiste (PS) portugais, dans lopposition, a appel uvrer en faveur dune solution rapide la crise grecquepour viter les consquences dun sisme grec pour le Portu-gal. Il y va de lintrt national , a prvenu Porfirio Silva, por-te-parole du PS. Les Europens doivent recommencer cher-

    cher un accord , pour sortir du labyrinthe grec , a de son ctragi le ministre italien des affaires trangres, Paolo Gentiloni,dans un tweet dimanche soir.

    Confusion des dirigeants europensLe prsident de lEurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a jug que lersultat du rfrendum tait trs regrettable pour lavenir de laGrce . Pour la reprise de lconomie grecque, des mesures diffi-ciles et des rformes sont invitables , a-t-il affirm. UnGrexit peut tre vit, mais lEurope nacceptera pas de chan-tage , a ajout lAllemand Manfred Weber, prsident du Partipopulaire europen (PPE, droite) au Parlement europen. Quelleque soit lissue du scrutin, nous ne laisserons pas tomber lesgens en Grce , avait toutefois assur plus tt le social-dmo-crate Martin Schulz, prsident du Parlement europen, dans lescolonnes du journal allemand Welt am Sonntag.

  • 7/24/2019 20150707_QUO

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    6 | europe MARDI 7 JUILLET 20150123

    L A C R I S E G R E C Q U E

    Grexit : la BCE lheure des choixLinstitut de Francfort a le pouvoir de faire sortir la Grce de la zone euro, un rle quil rpugne endosser

    Cest lheure de vrit.

    Celle o larbitre doit,malgr lui, siffler, ounon, la fin de la par-

    tie. La Banque centrale euro-penne (BCE) tient aujourdhui lesort des banques hellnes entreses mains. Et par extension, celuide la Grce. Dsormais, tous lesyeux sont tourns vers elle , ana-lyse Diego Iscaro, conomiste chezIHS Global Insight.

    Lundi 6 juillet, les 25 membresdu conseil des gouverneurs devai-ent se runir pour faire le point surle dossier grec. Auparavant, le pr-sident de la BCE, Mario Draghi, sesera entretenu avec le prsident dela Commission, Jean-Claude Jun-ker, le prsident de lEurogroupe,Jeroen Dijsselbloem, et lactuelprsident du Conseil europen,Donald Tusk. Avec sur la table, unequestion cl : alors que le peuple

    grec a rejet laustrit et que laperspective dun accord rapide en-tre Athnes et ses cranciers sloi-gne, faut-il maintenir les finance-ments du rgence ELA ( Emer-gency liquidity assistance ) accor-ds aux banques du pays ?

    Cr dibilit en pril

    Une question dterminante, caraujourdhui, ces tablissementssurvivent uniquement grce laperfusion de linstitut montaire.Selon nos informations, les ban-ques seront court de liquiditsds mardi 7 juillet, jour o ellessont censes rouvrir leurs portesau public. Inquite, la Banque deGrce a dailleurs demand lins-titut de Francfort, dimanche5 juillet, daugmenter encore sesELA, aujourdhui plafonnes 89 milliards deuros

    Lennui, cest quen thorie, laBCE rserve ses aides durgenceaux banques solvables. Cela laplace face un choix cornlien,d-

    crypte un fin connaisseur de lins-titution.Elle ne veut pas tre cellequi expulse la Grce hors de la zoneeuro, mais elle ne peut pas mettresa crdibilit en pril en soutenantle pays outre mesure.

    Linstitution refuse de prendre

    une dcision qui doit incomber,selon elle, aux responsables politi-ques. Mais dans ses murs, la r-volte gronde. Le gouverneur de la

    banque centrale allemande, JensWeidmann, juge que le soutien ap-port la Grce est la limite dumandat de linstitution, et sou-haite quil prenne fin.

    Malgr ces pressions, la BCEpourrait attendre le sommet de la

    zone euro de mardi 7 juillet avantde se dcider. Et peut-tre mme le20 juillet, date laquelle la Grcedoit lui rembourser 3,5 milliardsdeuros. Si Athnes choue, la ban-que centrale ne pourrait guremaintenir ses aides longtemps en-core. Elle commencerait probable-ment par augmenter la dcote surles collatraux cest--dire sur lestitres quelle demande en garantieen change des ELA. Cela intensi-fierait la crise de liquidit ban-caire , jugent les analystes de RBS.

    La suspension des ELA, qui netarderait pas suivre, prcipiteraitle pays en terres inconnues. Acourt dargent, il en serait rduit imprimer des reconnaissances de

    dette (les IOU en anglais, pour I Owe You ) afin de payer lesfonctionnaires et retraits. CesIOU finiraient par tre utilissdans les commerces, et forme-raient de fait une monnaie paral-lle. Sans accord rapide, le pays

    pourrait glisser vers une sortie dela zone euro, le Grexit .

    Insuffisances institutionnelles

    Autant dire que dans ce dossier, laBCE se retrouve confronte deuxproblmes de fond. Le premier estque, du fait des insuffisances ins-titutionnelles de lunion mon-taire, elle se retrouve en premireligne alors quelle devrait rester encoulisse.

    Second problme : la victoire dunon la contraint un choix dlicat.En juillet 2012, en plein cur de lacrise des dettes souveraines, sonprsident Mario Draghi avait d-clar quil tait prt tout ( whatever it takes , en anglais)

    pour sauver leuro. Mais sauverleuro implique-t-il dy garder laGrce tout prix ?

    Il y a dix jours encore, cela ne fai-sait aucun doute. Jusqu ce queBenot Cur, membre du direc-toire de la BCE, dclare dans Les

    Echosdu 30 juin : La sortie de laGrce de la zone euro, qui tait unobjet thorique, ne peut malheu-reusement plus tre exclue. Est-ce dire que linstitution envisage,elle aussi, un Grexit ?

    Difficile dire. Mais une choseest sre : elle se prpare au pire. Nous utiliserons nos instrumentspour faire plus si ncessaire , aainsi dclar M. Cur, dimanche5 juillet, aux rencontres conomi-ques dAix-en-Provence. De fait,elle a dj largi son plan dassou-plissement quantitatif, le 2 juillet,aux achats dobligations de soci-ts publiques europennescomme la SNCF. Un outil de pluspour augmenter sa puissance de

    La rengociation de la dette, sujet tabou mais incontournableDepuis cinq mois, les cranciers rejettent la demande de la Grce de lier ltalement des remboursements avec la mise en uvre de rformes

    bruxelles- bureau europen

    L e sujet de la dette grecqueavait jusqu prsent tsoigneusement vit parles pays de la zone euro et par lesprincipaux cranciers dAthnes lexception notable de laFrance. Aprs la victoire du nonau rfrendum du dimanche5 juillet, il va venir la table desdiscussions en cas de nouvellesngociations.

    Une rengociation de cette dette

    est en effet une priorit du pre-mier ministre grec, Alexis Tsipras,et de son gouvernement. Surtout,elle fait sens alors que de plus enplus dconomistes, mais aussi leFonds montaire international(FMI), jugent draisonnable depenser que la Grce parviendraun jour rembourser un montantcolossal de 322 milliards deuros soit 177 % du produit intrieurbrut (PIB) du pays tout en re-nouant avec la croissance.

    Durant les cinq interminablesmois de pourparlers avec Ath-nes, les cranciers du pays la

    Banque centrale europenne(BCE), la Commission de Bruxelleset le FMI ont refus de mener defront une discussion sur un nou-veau train de rformes mettreen uvre en Grce en change denouvelles tranches daides et unengociation sur lallgement desconditions de refinancement dupays. Ils voulaient dabord les r-formes. Et aprs la dette. Ils dou-taient de la volont dAthnes derellement rformer son cono-mie, dquilibrer un systme de

    retraites pesant 16 % du PIB (inte-nable, selon eux), dinstituer unsystme efficace de collecte delimpt, de lutter contre le client-lisme dans les administrations

    Les blocages taient aussi politi-ques. En Allemagne, lopinion pu-blique est globalement trs re-monte contre lide de donnerun euro de plus la Grce, alorsquen 2012 plus de la moiti delardoise a dj t efface (envi-ron 107 milliards deuros). A lpo-que, ce sont les bailleurs de fondsprivs qui avaient accept une d-cote de 50 % et de 75 % de la valeur

    faciale de leurs crances.Aujourdhui, la dette grecque estessentiellement dtenue par descranciers publics : plus de75 % par le FMI, la BCE, le Fondseuropen de stabilit financire(FESF) et les autres pays membresde la zone euro.

    Dialogue de sourds

    En Espagne, en Irlande, au Portu-gal, les chefs dEtat et de gouver-nement assuraient ces derniersmois quaccepter une rengocia-

    tion de la dette grecque tait im-possible. Tous ont t sous pro-gramme daide financire pen-dant la crise, tous se sont vus im-poser de trs dures politiquesdaustrit ; aucun na bnficidune rengociation de sa dette.

    Lattitude de M. Tsipras et de sonimptueux ministre des finances,Yanis Varoufakis ce dernier a d-missionn, lundi 6 juillet, au len-demain du rfrendum , na pasaid arrondir les angles. Ds f-vrier, ils ont rclam un efface-ment de la valeur nominale de ladette, un tabou complet pour

    leurs cranciers pourtant prts rallonger les maturits de cet en-dettement et en abaisser encoreun peu les taux. Mais dEurogrou-pes en inutiles sommets de lazone euro, les discussions ont virau dialogue de sourds.

    Seule la France et dans une cer-taine mesure la Commissioneuropenne militait pour quon laisse un espoir M. Tsipras,selon lexpression de plusieurssources europennes Athnes.Et quon inscrive noir sur blanc,

    dans l accord global qutaitcense signer la Grce avec sescranciers, fin juin, un engage-ment ouvrir une discussion surla dette dans les mois qui vien-nent. Paris avait mme prparun modle daccord, et le prsi-dent de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait propos lemois doctobre 2015 pour com-mencer ngocier. Mais leurstentatives se sont heurtes aunein de Berlin.

    Si le dialogue est renou, Ath-nes pourra, cette fois, utiliser lar-gument du FMI pour forcer la

    main de ses partenaires. Le FMI, qui la Grce doit encore 21,2 mil-liards deuros, a sem le trouble, le2 juillet, en publiant une note faisant la vrit sur les besoinsfinanciers de la Grce dans les an-nes venir, et assurant que lepays avait besoin de 50 milliardsdeuros daides supplmentairesdici 2018 et dun allgement desa dette de grande ampleur .

    Cette position, le FMI la dfen-dait depuis des semaines dans lehuis clos des ngociations, mais

    jusqu prsent navait selonplusieurs sources pas tap dupoing sur la table pour exiger desEuropens quils acceptent deparler de la dette.

    Un pays proche de la rcession

    Il avait continu, selon nos infor-mations, exiger des rformesstructurelles exigeantes pour laGrce (retraites, taux de TVA). Se-lon lagence Reuters, des respon-sables europens ont fait pressionsur le FMI pour quil ne publie pascette note. Une source euro-penne a confirm au Monde,

    vendredi, que les cranciers euro-pens avaient fait savoir leur m-contentement Washington, esti-mant que cette note du FMI pour-rait perturber le vote grec.

    De plus en plus dconomistes etdobservateurs le disent : la donnea chang en Grce ces derniersmois. Dbut 2015, le FMI etlUnion europenne prvoyaientencore un taux de croissance duPIB de 2,5 %. A ce rythme, lnormedette paraissait soutenable .

    Mais lincertitude politique ac-

    tuelle a gel les investissements etla reprise conomique. Et les rem-boursements au FMI ont vid lescaisses de lEtat. Aujourdhui,lconomie grecque est en passede retomber en rcession. Il fautune restructuration de la detteaujourdhui, pour prvenir le be-soin, plus tard, dune restructura-tion plus importante encore. Cestautant dans lintrt des cran-ciers que dAthnes , relve lco-nomiste Ashoka Mody, du thinktank bruxellois Bruegel, dans unbillet post le 4 juillet. p

    ccile ducourtieux

    Devantla banque

    centralegrecque,

    Athnes,lundi 6 juillet.

    MYRTO PAPADOPOULOS

    POUR LE MONDE

    frappe. Et teindre une ventuellecontagion aux autres pays de lazone euro, en particulier lEspagneet le Portugal.

    Reste une question cl : com-bien un dfaut grec coterait-il ?Dans Target 2 , le systme assu-

    rant le rglement des oprationsdes banques centrales nationalesde la zone euro, et par lequel tran-sitent aussi les paiements entrebanques commerciales, la banquecentrale grecque affiche un soldedbiteur de 110 milliards deuros.Quelle pourrait avoir du mal rembourser si la crise saggrave. Mais cela naurait pas de cons-quences dramatiques : les simula-tions montrent que la BCE a la ca-pacit dabsorber un dfaut grec ,juge Christophe Boucher, cono-miste luniversit de Lorraine. Sacrdibilit, elle, serait en revanchedurement affecte. Tout ce quelleredoute p

    marie charrel

    Le FMI attend la raction des Europens

    Le Fonds montaire international (FMI) sest refus commenter lenon massif des Grecs au rfrendum du dimanche 5 juillet. La si-tuation est trop mouvante et trop sensible , expliquait lundi matinune source proche de la direction. Le FMI avait fait savoir samediquil laisserait les Europens, les premiers concerns par ce casse-tte politique, sexprimer dabord. Nous attendrons de voir ce qui sepasse dans lUnion europenne avant de nous exprimer , commen-tait-on de mme source. Contrairement une partie des autrescranciers dAthnes, le Fonds est acquis un allgement de ladette grecque mais la condition cest tout le problme que lesautorits engagent effectivement des rformes.

  • 7/24/2019 20150707_QUO

    7/28

    0123MARDI 7 JUILLET 2015 europe | 7

    YanisVaroufakis

    sort de larneSous la pression de M. Tsipras,le ministre des finances, devenu labte noire de Bruxelles, dmissionne

    suite de la premire page

    Pour autant, outre cela, Alexis Tsi-pras savait en effet quil ne pouvaitpas retourner Bruxelles avec Va-roufakis, dtest par tous les parte-naires, poursuit M. Nikolakopou-los. Simplement, il lui tait difficilede sen dfaire, car lconomiste esttrs populaire en Grce. Ce man-quement ltiquette a t la

    goutte deau qui a fait dborder levase.

    Tt lundi matin, Alexis Tsipras aruni sa garde rapproche et sestnotamment longuement entrenuavec le vice-prsident du gouver-nement, Yannis Dragassakis,lhomme qui a dessin la stratgieconomique de Syriza ces deuxdernires annes. Les nomsdEuclide Tsakalotos, lactuel chefde lquipe de ngociation Bruxelles, ou encore de GeorgesStathakis, ministre de lconomieet de la croissance, ou mme deDragassakis lui-mme, circulaientlundi matin comme successeurspotentiels de Yanis Varoufakis.Tous des hommes prochesdAlexis Tsipras et dj associs auprocessus de ngociation depuisle dbut. Car il va falloir aller vite.Le premier ministre a promis aux

    Grecs de ramener un accord dansles quarante-huit heures. Un Euro-groupe, auquel la Grce devra en-voyer un ministre des finances, estprogramm pour le mardi 7 juillet.

    En cinq longs et laborieux moisde ngociations, Yanis Varoufakisnaura jamais russi se glisserdans le moule bruxellois. Troptroit pour lui depuis le dbut ,ragissait lundi matin lune de sesconnaissances. Il a choqu, d-plu par sa franchise et son opini-tret dire que la voie du tout-aus-trit tait une impasse. Et pour-tant, il a raison ! Regardez ce qui sepasse aux Etats-Unis : ils ont re-trouv 10 points de PIB depuis lacrise financire de 2008 et nous, enEurope, on stagne. Quelle suffi-sance et dogmatisme de la part desEuropens de ne pas avoir vouluutiliser Yanis.

    Pourquoi cet conomiste de 54

    ans, rput srieux, cosmopolite,sest-il mis dos tous ses pairs delEurogroupe ? Ds ses dbutsdans le nouveau gouvernementde la gauche radicale grecque, fin

    janvier, le style nonchalant de Va-roufakis, crne ras, sac au dos etcol de chemise ouvert, dtone Bruxelles. Cest surtout son atti-tude qui exaspre. Juge arro-gante, dplace. Un donneur deleons insupportable , dnonce-t-on assez rapidement dans lescouloirs de la Commission euro-penne.

    Quand il est nomm, Varoufakis

    a une mission claire : plaider pourune rupture radicale avec la politi-que daustrit mene depuiscinq ans en Europe. Il a la con-fiance et mme ladmirationdAlexis Tsipras. Il na certesaucune exprience de gouverne-ment, mais une forte lgitimit il est le mieux lu des dputs Sy-riza, lors du scrutin lgislatif du25 janvier. Et une forte reconnais-sance en temps que thoricien de la crise grecque.

    Depuis des annes, il dcrypte,de confrences en plateaux de t-lvision, les erreurs commises enGrce par la troka , lanciennom des cranciers. Conseiller,entre 2004 et 2006, de lex-pre-mier ministre socialiste GeorgesPapandrou, il critique ds le d-but la rponse europenne lacrise financire, qui a consist

    endetter la Grce au-del du rai-sonnable.

    Un fort ego

    Il enfonce le clou, en 2010, dansson livre Modeste Propositionpour rsoudre la crise de la zoneeuro. Une version de cet ouvrageractualise (dition Les Petits Ma-tins), avec des ajouts de lcono-miste James K. Galbraith, en 2014,propose de relancer linvestisse-ment en Europe par linterm-diaire de la Banque europennedinvestissement, une ide qui afait son chemin et est, en partie,reprise par lactuel prsident de laCommission europenne, Jean-Claude Juncker. Peu de ministresdes finances sont aussi dous enconomie que lui , estime le PrixNobel, Joseph Stiglitz. Personnena travaill comme Varoufakis

    pour rsoudre la crise en Europe ,ajoute M. Galbraith.

    Devenu ministre, Yanis Varoufa-kis veut bousculer ces rgles. Sor-tir du strict cadre du respect dun

    programme de rformes qui, se-lon lui, a conduit la Grce laruine. Et commencer trs vite unediscussion sur une restructura-tion de la dette du pays. Mon ho-mologue allemand Wolfgang

    Schuble na jamais accept deparler de ce sujet, confiait-il auMondeil y a quelques mois. Pourlui, les rgles ont un caractre di-vin. Il ne cesse de nous renvoyer au

    respect du programme au lieu dediscuter du fonds du problme.

    Mais tre ministre des finances,cest faire de la politique. Et mani-festement, M. Varoufakis refusaitde jouer le jeu. Que pouvais-je

    faire dautre que faire la leon ? ,se dfendait dj lintress lpoque Il fallait bien que je mar-que mon dsaccord avec la faondont lEurope a gr la crise. De-

    vrais-je jouer au lobotomis parceque lon ne veut pas mentendre ?

    Le fort ego de M. Varoufakisaura finalement jou contre lui. Beaucoup pensaient au partique Tsipras laurait gard au

    moins jusqu la conclusion dunaccord , affirmait lundi unesource au parti de la gauche radi-cale Syriza. p

    ada guillot

    Les banques grecques au bord du gouffreUn dfaut dAthnes ferait fondre les fonds propres, constitus de crdits dimpts diffrs

    A ffaibli et court dargentdepuis que les capitauxfuient en masse le pays,le systme bancaire grec ne doit sasurvie qu lEurope et aux liqui-dits durgence dnommes ELA (Emergency Liquidity As-sistance) fournies depuis le moisde fvrier par la Banque centraleeuropenne (BCE) la Banque deGrce.

    De ce strict point de vue, il nepouvait y avoir pire scnario quele non au plan des cranciers,sorti des urnes dimanche 5 juillet.De fait, ce rsultat bascule le payset la zone euro dans linconnu,tout en crdibilisant lhypothsedun Grexit une sortie de laGrce de leuro. Il va conduirelautorit montaire europenneet son conseil des gouverneurs is-sus des Etats membres de lunionmontaire dont lAllemagne et laFrance se poser, ds lundi6 juillet, la question du maintiende ces liquidits. Donc, en creux,celle de leur suppression moyen

    terme Il sagit dun enjeu vitalpour la Grce, qui psera sur lasuite des vnements et sur lesngociations sur le plan daides etles rformes.

    Si les banques parviennent rouvrir mardi 7 juillet commeprvu, aprs une semaine de fer-meture lie linstauration duncontrle des capitaux, malgr lapnurie et le risque de paniquebancaire, leur avenir est sus-pendu la dcision de la BCE deproroger ou non cette perfusion.Ce sont en effet ces aides dur-gence qui maintiennent en vie un

    secteur bancaire doublement fra-gilis par la crise conomique et lafuite croissante des dpts depuis2010 (prs de 100 milliardsdeuros seraient partis versltranger, en particulier vers lAl-lemagne). Elles permettent auxbanques de fonctionner au quoti-dien, avec des ratios de liquiditsconformes aux rgles, et dappro-visionner le pays en euros.

    Comme le manque de capitaux,les crises de liquidits sont fatalesaux tablissements bancaires. Lechoc de 2007 et la chute de la ban-que amricaine Lehman Brothers,le 15 septembre 2008, lont mon-tr. En Grce, les ELA ont t misesen place en fvrier, aprs larriveau pouvoir de Syriza et la remiseen cause du programme daidesdont bnficiait le pays depuis2012 et qui lautorisait se refinan-cer taux bas auprs de la BCE.

    Marges de manuvre tnues

    Lundi 6 juillet, une runion duconseil de cette dernire devait se

    tenir pour rflchir lavenir etexaminer la demande expressede relvement du plafond des ELAaccordes Athnes, et formuleds dimanche soir par la Banquede Grce, la banque centrale parqui transitent ces liquidits. Cestune demande complique ho-norer. Le scnario le plus probableest celui dun maintien des liqui-dits leur niveau actuel de89 milliards deuros.

    Et demain ? Les marges demanuvre de la BCE, qui agit se-lon des rgles strictement tablies,sont tnues. Ainsi, en vertu des

    textes, ces prts durgence doiventrpondre trois conditions sinequa non : que les banques aidessoient solvables, avec un niveau decapitaux propres acceptable ; queles actifs bancaires apports en ga-rantie soient de bonne qualit ;enfin, que les liquidits ne serventpas financer lEtat

    Or, avec le non du 5 juillet, le ris-que de dfaut de la Grce sur sadette publique, ou une partie desa dette, promise restructura-tion, se renforce. Comme les ban-

    ques grecques dtiennent unepart importante de ces crances,pour un montant susceptibledentraner leur faillite dans un telscnario (30 milliards deuros,lessentiel tant dtenu par lesEtats de la zone euro, la BCE et leFonds montaire international),le risque dinsolvabilit du sys-tme bancaire crot lui aussi. Cequi compromet thoriquementlune des trois conditions nces-saires loctroi daides durgence.

    Tout sera fait pour viter la ca-tastrophe , confiait une sourceproche de Francfort, dimanche,

    tandis que la population grecquesortait dans les rues pour dire sondsir de voir ltau sur le pays sedesserrer. Mais dans le mmetemps, linquitude montait dansles sphres financires sur sonmaintien dans leuro. Dans cesmilieux, le oui avait t vivementespr avant le week-end. Il auraitouvert la voie la reprise du dialo-gue, donc aux rformes, donc auretour de laide internationale etau refinancement de lEtat grec.

    Dans son quitte ou double pourobtenir un meilleur accord politi-que avec les cranciers, le gouver-nement dAlexis Tsipras a-t-il tenucompte des banques et de leur d-pendance leurosystme ? La-t-il sous-estim ?

    Une chose est sre : le systmebancaire grec, supervis la BCE,est le talon dAchille de la Grce.Dans un scnario extrme de Grexit , les analyses divergentsur la capacit dAthnes fonc-tionner en autarcie, en arrtantde rgler ses dettes pour profiter

    dune situation dexcdent bud-gtaire primaire (solde positif en-tre recettes et dpenses).

    Mais sur le sort des banquesgrecques, il y a consensus. Cel-les-ci semblent difficilement via-bles. Un dfaut grec provoqueraitchez elles des pertes sches et fe-rait fondre leurs fonds propres,constitus pour partie de crditsdimpts diffrs. Ce capital tom-berait si lEtat ntait plus solvable.Pour ce dernier, le cot de la reca-pitalisation du secteur serait in-supportable. p

    anne michel

    Les crises

    de liquidits

    sont fatales aux

    tablissements

    bancaires.

    La chute de

    Lehman Brothers

    la montr

    YanisVaroufakis,

    le 5 juillet, Athnes.

    JEAN-PAUL

    PELISSIER/REUTERS

    Ds fin janvier,

    le style

    nonchalant

    de M. Varoufakis,

    crne ras,

    sac au dos et col

    de chemise

    ouvert, a dton

    Bruxelles

    Malgr le non, lesmarchs restent calmesLes Bourses europennes ne paniquaient pas,lundi, mais la semaine pourrait tre agite

    Cette fois, on y est. Le scna-rio du Grexit , redoutpar les marchs depuis des

    mois, des annes mme, semblaitprendre corps, lundi 6 juillet aumatin, dans une zone euro d-boussole par le non massif desGrecs, la veille, laustrit.

    De quoi laisser imaginer des sc-nes de panique sur les marchs fi-nanciers la sortie de la Grce delunion montaire ayant t par-fois compare un Lehman Bro-thers europen.

    Lundi matin, pourtant, rien detel. Certes, les Bourses europen-nes ouvraient leur sance sur unrepli marqu, perdant gnrale-ment plus de 2 % louverture,dans le sillage des marchs asiati-ques. Quant aux rendements desemprunts dEtat espagnols et ita-liens ex-maillons faibles de lazone euro , ils se tendaient.

    Mais on est loin du chaos de lacrise des dettes souveraines : alorsque les taux espagnols avaientculmin 7,5 % en juillet 2012, ilsstablissaient 2,3 % lundi.Leuro, lui, tait quasiment stable 1,10 dollar.

    Paradoxalement, un oui au r-frendum aurait probablementdclench de nouvelles lections,avec les incertitudes associes. Alinverse, la dmission du ministregrec des finances, Yanis Varoufa-kis, signale peut-tre la volont demodration dAthnes , estimeSylvain Goyon, responsable de la

    stratgie actions chez Natixis Glo-bal Research. Et de souligner que la vritable chance est le20 juillet [quand Athnes devrarembourser 3,5 milliards deuros la Banque centrale europenne(BCE)] et dici l, les ngociationspeuvent reprendre .

    Puissants anesthsiants

    Les pare-feu mis en place ces der-nires annes par la BCE pour li-miter les risques de contagion fi-nancire sont galement pourbeaucoup dans le calme relatifdes investisseurs. Le programme OMT (oprations montairessur titres), qui permet thorique-ment linstitution de Francfortde racheter sans limite des titresde dette souveraine si un pays de-mande un plan daide europen,et surtout le fameux quantita-tive easing (QE) font leffet de

    puissants anesthsiants.Enfin, lexposition des banqueseuropennes la Grce est dsor-mais quasi nulle et la situationmacroconomique de la zoneeuro va en samliorant. Autantde bonnes nouvelles que les mar-chs semblaient avoir choisi deprivilgier, lundi.

    Il ny a pas de panique pourlinstant. [Mais] la semaine san-nonce encore confuse et agite ettout pourrait sacclrer dans lesprochains jours ,prviennent lesanalystes dAurel BGC. p

    audrey tonnelier

  • 7/24/2019 20150707_QUO

    8/28

    8 | europe & france MARDI 7 JUILLET 20150123

    L A C R I S E G R E C Q U E

    Je suis prt taider, mais aide-moi taider , a expliqu di-

    manche soir Franois Hol-lande Alexis Tsipras. Di-manche 5 juillet, le premier

    ministre grec a appel le chef delEtat peu aprs 20 heures et lan-nonce des rsultats du rfren-dum. La conversation en anglaispuis en franais entre les deuxresponsables a t directe etM. Hollande a expliqu au chef dugouvernement grec la gravit dela situation.

    Une majorit dEtats europensveulent dsormais expulser laGrce de la zone euro et, mme sila France ne le souhaite pas, ellene pourra pas longtemps sy op-poser si Athnes nenvoie pas lEurope des gages de bonne vo-lont politique et budgtaire. Tsipras doit absolument mon-trer quil est prt discuter , con-fie une source gouvernementale.

    Pour lElyse, le risque dune sor-tie de la Grce de la zone euro est rel . Paris veut tout faire pourlviter , mais cest aux Grecs demontrer leur volont de discuter ,explique lentourage de M. Hol-lande. Cest au gouvernementgrec de faire des propositions , arpt lundi matin le ministre desfinances, Michel Sapin, qui a pr-cis que lEurope va montrerquelle est forte dabord en se prot-geant elle-mme .

    Enferm dans son bureau lEly-se, Franois Hollande sest entre-tenu toute la soire de dimanchepar tlphone avec la chancelireallemande Angela Merkel, le pr-sident de la Commission euro-penne Jean-Claude Juncker, leprsident du Parlement europenMartin Schulz, et Donald Tusk, leprsident du Conseil europen.

    Sil ne sest pas exprim aprs lalarge victoire du non en Grce, leprsident de la Rpublique aprvu de recevoir lundi ParisMme Merkel pour un entretiensuivi dun dner de travail afind valuer les consquences du r-frendum . Les deux chefs dEtatont demand la tenue mardi dunsommet extraordinaire de la zoneeuro sur la Grce, et ils sont dac-cord sur le fait que le vote des ci-toyens grecs doit tre respect , aprcis dimanche soir un com-muniqu de la chancellerie.

    Mais lAllemagne nentend paspour linstant dvier de sa posi-tion trs ferme contre le gouver-nement grec. Une intransigeanceque partage de plus en plus laFrance. Cette nouvelle crise euro-penne a contribu rapprocherParis et Berlin, alors que la ligne tenir face Athnes a pu appara-

    tre brouille ces derniers jours. Comme chaque fois que la si-tuation est difficile en Europe, il

    faut en revenir aux fondamentauxsolides, cest--dire le couple fran-co-allemand, sans qui rien nestpossible , explique lElyse. LaFrance veut tablir une lecture etune stratg ie communes faceaux vnements grecs. Il fautune analyse convergente des deuxpays ; rien ne serait pire dans lemoment actuel que dapparatredsunis entre Franais et Alle-mands , explique un proche deM. Hollande.

    Un problme de confiance

    La semaine dernire, le jusquau-boutisme de M. Tsipras a mis endifficult le prsident de la Rpu-blique, qui stait jusqualors ins-tall dans la posture du facilita-teur, partageant globalement surle fond la position de MmeMerkelet de la Commission euro-penne, mais tentant, par une

    approche plus ouverte sur laforme, de ramener la Grce versun compromis.

    Lappel voter non lanc parM. Tsipras a plac au pied du murM. Hollande, dautant que selonlElyse, cette dcision du pre-mier ministre grec ne correspon-dait pas aux assurances donnesdans le mme temps par Ath-nes. Il y avait lespoir dun ac-cord la condition que les propo-sitions grecques puissent tre tra-duites rapidement et qu ce mo-ment-l, laccord fasse tomber lerfrendum. Or, dans le mmetemps, le premier ministre Tsiprasa raffirm la date du rfrendumet confirm le non la questionquil avait pose, et qui navaitdailleurs plus de caractre pr-cis , sest agac le chef de lEtat le1er juillet depuis Cotonou, o iltait en visite officielle. Le prsi-dent la alors clairement nonc son quipe : Il y a un problmede confiance.

    Le chef de lEtat est sous pres-sion politique en France, tant sagestion de la crise grecque jus-qu prsent est critique de tou-tes parts. Lopposition lui repro-che de stre dmarqu de lAlle-magne en manquant de fermet lencontre de M. Tsipras. LaGrce seffondre, un premier mi-nistre dextrme gauche fait nim-porte quoi et cest le moment quechoisit Franois Hollande pour sediviser avec Angela Merkel ? ,

    sest indign Nicolas Sarkozy sa-medi. A linverse, la gauche radi-cale comme les cologistes accu-

    sent M. Hollande davoir lch laGrce face Berlin. La responsa-bilit de Franois Hollande est ma-jeure car il sest dsinvesti de laquestion europenne et a laiss lagestion Merkel , estime leuro-dput EELV Yannick Jadot.

    M. Hollande doit galementfaire face de fortes attentes jus-que dans son propre camp politi-que. La victoire du non en Grce arelanc le dbat au sein du PSdune rorientation de lEu-rope. Les socialistes dfendent lemaintien de la Grce dans la zoneeuro et plaident pour une ren-gociation de sa dette. Mais plu-sieurs responsables veulentaussi profiter de la crise actuellepour que la France fasse enten-dre une voix plus forte et diver-gente face lAllemagne.

    Le prsident de lAssemble na-tionale Claude Bartolone, qui a

    Le non grec bouscule le paysage politique franaisLe PS redoute que le rsultat du rfrendum de dimanche enflamme le dbat sur la rorientation conomique

    A u lendemain du rfren-dum grec, chacun enFrance cherche voirdans la victoire du non en Grce letriomphe sinon de ses ides, toutdu moins de sa stratgie. Auxdeux extrmits de lchiquierpolitique, le Front de gauche et leFront national se sont rjouis du

    rejet du plan daide des cran-ciers. La droite en a elle profitpour dnoncer la mauvaise ges-tion du dossier par Franois Hol-lande. La gauche a pour sa partadopt une attitude prudente, sa-luant le choix des Grecs pour vi-ter de voir en son sein lmer-gence dun front du non.

    La gauche radicale jubileDs lespremiers rsultats, le Front de gau-che a appel un rassemblementplace de la Rpublique Paris pourfter la victoire de son alli grec Sy-riza. Jean-Luc Mlenchon a estim

    quune nouvelle page souvraitpour lEurope : On doit arriver un moratoire sur la dette grecque,peut-tre un dlai de grce, une p-riode pendant laquelle on ne paiepas, pour que les gens reprennentleur souffle.

    Pour le secrtaire national duParti communiste, Pierre Laurent,

    Bruxelles doit maintenant respec-ter le choix des Grecs : Les chan-tages financiers et mesquineriespolitiques nauront pas eu raisondu souffle de dignit et de libertqui a envahi le berceau de la dmo-cratie. ()Je mets en garde contretoute nouvelle entreprise de pres-sions politiques et financires sur lepeuple grec.

    Lextrme droite prdit la fin dela zone euro Le Front national ade son ct tent de rcuprer lecrdit de la victoire de la gaucheradicale. Au-del du message an-

    ti-austrit, lextrme droite serjouit surtout de la fragilisationde la zone euro : Cest un non delibert, de rbellion face aux dik-tats europens qui veulent impo-ser la monnaie unique tout prix,via laustrit la plus inhumaine etla plus contre-productive , aragi Marine Le Pen, la prsidente

    du FN.

    La droite charge Franois Hol-landePour le parti Les Rpubli-cains (LR), si la victoire du non estune mauvaise nouvelle politique,elle est surtout loccasion de criti-quer le chef de lEtat. Avant mmelannonce du rsultat dimanchesoir, Nicolas Sarkozy avait attaquson successeur, samedi 4 juillet,lui reprochant de navoir pas deplan A, ni de plan B pour trouverune issue la crise. Franois Hol-lande dit quil faut chercher descompromis. Mais pas avec nim-

    porte qui et pas avec nimportequel compromis. La droite meten garde contre toute concessionfaite au gouvernement dAlexisTsipras dans les ngociations ve-nir. Nous devons redire avecforce que le rfrendum grec en-gage les Grecs, et seulement eux.Franois Hollande na pas de man-

    dat pour imposer aux Franais unenouvelle pression fiscale, tale surdes dcennies pour satisfaire auxcaprices de M. Tsipras , a vive-ment ragi Nathalie Kosciusko-Morizet, la numro deux du parti.

    Pour LR, les vnements enGrce ne doivent surtout pas treun prtexte un relchement desefforts en France. Cest mme lecontraire selon Alain Jupp, quiplaide sur son blog pour une plusgrande matrise budgtaire : Nous ne pouvons continuer laisser notre dette se rapprocherdes 100 % de notre PIB, faute de

    matriser nos dficits. La moindrehausse des taux dintrt nousconduirait la catastrophe budg-taire. Une autre politique cono-mique simpose.

    La majorit joue les funambu-les Le Parti socialiste a accueilliavec circonspection les rsultats

    du rfrendum. Les lments delangage ont rapidement circul :respect du choix des Grecs, reprisedes ngociations, ouverture desdiscussions sur la dette. La majo-rit ne veut surtout pas laissersimposer lide que se rejoue enson sein la guerre du non, commeen 2005 lors du rfrendum sur letrait constitutionnel. Il sagitdonc de boucher lespace politiquedes frondeurs, qui se sont empres-ss de se fliciter de la victoire poli-tique de M. Tsipras et de Syriza. Ar-naud Montebourg, lancien minis-tre de lconomie, a ainsi imm-

    diatement ragi sur Twitter : Hommage au peuple grec, quisait dfendre non seulement sonjuste intrt mais galement lint-rt de tous les Europens.

    Pour le PS, lenjeu est galementde ne pas se couper de ses parte-naires en se ralliant trop ouverte-ment la position allemande

    dans les ngociations. EuropeEcologie-Les Verts a en effetadopt en conseil fdral une r-solution de soutien la dmar-che dmocratique de M. Tsipras,prnant une baisse du poids de ladette et une attnuation des poli-tiques daustrit. Soutenir un al-lgement de la pression sur laGrce, tout en vitant que le dbatsur la rorientation de la politiqueconomique nenflamme nou-veau ses rangs : la victoire du nonplace une fois de plus la majoritface ses contradictions. p

    nicolas chapuis

    Franois Hollande et Alexis Tsipras, le premier ministre grec, lElyse, le 4 fvrier. SBASTIEN CALVET/DIVERGENCE

    Face aux

    vnements

    grecs, la France

    veut tablir

    une lecture et

    une stratgie

    communes

    avec lAllemagne

    Hollande exhorte Tsipras inflchir sa positionParis, qui sest rapproch de la fermet allemande, ne croit plus gure la possibilit dun accord avec la Grce

    toujours critiqu depuis 2012 lordo-libralisme de M meMe-rkel, a demand dimanche soir

    que les efforts rclams lco-nomie grecque soient amen-ds , car si lEurope senttedans ses drives, les effets rcessifsdes politiques daustrit conti-nueront produire le ressenti-ment populaire au sein de nom-breux pays . Une position parta-ge par laile gauche du PS, quijuge qu il est temps dsormaisque le prsident de la Rpubliquechoisisse un chemin, celui attendupar les Franais qui lui avaientconfi le mandat en 2012 , expli-que Pouria Amirshahi. Pour le d-put socialiste, le rsultat du r-frendum est loccasion politiqueet historique de promouvoir avecrsolution un autre cours euro-pen . Pas sr que Franois Hol-lande soit prt sy engagerseul. p

    bastien bonnefouset david revault d'allonnes

    GREXIT

    POUR La Grce nest plus en mesureaujourdhui dassumer les disci-plines de la zone euro. Nous de-vons laider organiser sa sortie,sans drame. Ce qui ne veut pasdire quelle doit aussi sortir delUnion. Alain Jupp, candidat la primaire des Rpublicains.

    Il faut quil y ait beaucoup dini-tiatives de la part de la zone euro,sans la Grce, pour regarder quel-les consquences tirer, et poserla question de savoir si on accom-pagne la Grce vers sa sortie deleuro, puisquelle la dcide cesoir. Eric Woerth, charg du pro-jet prsidentiel des Rpublicains.

    CONTRE La Grce doit rester dans lazone euro. Le Parti socialiste sou-haite donc que des ngociationssouvrent immdiatement, per-mettant la Grce dhonorer sesengagements immdiats. Jean-Christophe Cambadlis, premiersecrtaire du PS.

    Personne na exprim de souhaitqui consisterait dire quil fautmettre la Grce dehors. On doitdiscuter.[Encore]faut-il quechacun prenne la mesure delenjeu. Stphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.

  • 7/24/2019 20150707_QUO

    9/28

    0123MARDI 7 JUILLET 2015 europe | 9

    En Espagne, M. Rajoy sous la pression de PodemosA quelques mois des lections lgislatives, le premier ministre est fragilis par le rsultat du rfrendum grec

    madrid - correspondance

    La victoire du non au rf-rendum grec narrangepas les affaires du chef dugouvernement espagnol.

    Ds les premiers rsultatsconnus, le conservateur MarianoRajoy a convoqu pour ce lundi6 juillet une runion exception-nelle de la commission dlgueaux affaires conomiques, quirunit plusieurs de ses ministreset conseillers. Ils aborderont laquestion grecque, ses possiblesconsquences financires et poli-tiques quelques mois des lec-tions lgislatives ainsi que la pos-ture adopter lors des prochainesrunions europennes.

    Ces derniers temps, la crisegrecque semblait tomber pointpour le Parti populaire (PP,droite). M. Rajoy lutilisaitcomme argument de prcampa-

    gne pour vanter sa propre politi-que conomique et le retour de lacroissance en Espagne. Il la men-tionnait aussi pour fustiger leradicalisme de Syriza et de son ami espagnol, le jeune partide la gauche anti-austrit Pode-mos. Elle lui servait enfin pourcritiquer lirresponsabilit duParti socialiste ouvrier espagnol(PSOE), qui a offert plusieurs mai-ries Podemos-Syriza , dontcelle de Madrid, lissue des lec-tions locales de mai.

    Un oui au rfrendum aurait tune victoire pour M. Rajoy, d-montrant quil ny a pas dalterna-tive aux plans daustrit quil alui-mme appliqus en Espagne.Dimanche midi, avant les pre-miers rsultats, M. Rajoy stait

    montr prudent quant lavenirdAthnes. La Grce fait partie de

    lUnion europenne et de la zoneeuro. Jespre que cela continuera ,avait-il dclar lors du discours declture du campus de la Fonda-tion pour lanalyse et les tudessociales (FAES, le cercle de r-flexion du PP). Quel que soit le r-sultat du rfrendum, que le oui oule non lemporte, lavenir sera diffi-cile, avait-il prvenu. Il sera sansdoute meilleur si le oui lemporte,mais pas facile. Pourvu que les ci-toyens grecs fassent le bon choix !LEurope a t solidaire, mais il nepeut pas y avoir de solidarit sansla responsabilit de tous.

    Un modle pour Podemos

    Devanant de probables turbu-lences sur les marchs, il a aussiexprim ses craintes : Ce qui sepasse en Grce peut sans doute af-fecter lEspagne et dautres pays de

    lUnion europenne, mais cela af-fectera beaucoup moins lEspagnegrce aux rformes de ces derni-res annes.

    Cette ambigut tranche avec lesdclarations, beaucoup plus clai-res, faites le 30 juin. Si [le pre-mier ministre grec Alexis] Tsiprasperd le rfrendum, ce sera bonpour la Grce, parce que les Grecsauront dit quils veulent rester dansleuro et lon pourra ngocier avecun nouveau gouver