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La Coordination Informelle desPrisonnier-e-s en Résistance estune forme et un espaced’organisation pour tous ceux etcelles qui ont été brimés ettorturés par la machineriepénitentiaire, qui n’est rien d’autreque le bouclier de la structureétatique qui lui permet de seperpétuer et de se maintenir sur labase des intérêts les plus viles etmesquins ; la prison est uneaffaire commerciale d’État car enmême temps elle terrorise etmaintient la domination par lechantage, la peur et l’intimidation.Elle pratique l’exploitation desprisonnier-e-s et fabrique la«délinquance» par son biaisutilisant les filtres, la subornationet la corruption pour maintenirl’environnement social souscontrôle.

L’intention de cette coordinationinformelle de prisonniers n’est pasla recherche de sensationnalisme,il s’agit de la compréhensiontotale de notre conditiond'esclaves de la société. Nousavons choisi le chemin del’inconnu et de l’insoumission, del’exploration libre de la vie sansmédiateurs ou représentants.

C.I.P.RE

Coordination Informelle desPrisonnier-e-s en Résistance

( C.I.P.RE )

Ville de Mexico 2015

Nous en avons ras le bol d’être stigmatisés et limités parl’ostracisme pratiqué à notre encontre ; l’état constant denon défense dans lequel nous nous retrouvons tous enraison de l’existence de ces structures vaines, inutiles, quesont les prisons.

Nous autres nous n’acceptons pas leurs « traitements »parce que nous ne reconnaissons pas la légitimité«morale» de ces bandits et voleurs organisés en syndicatsdu crime qui fondent leur critère sur l’acceptation de lasoumission et de l’obéissance de nous envers eux et elles.Nous disons : « ça suffit » et c’est pour cela que nous nousorganisons pour faire cesser la répression et la torture,l’exploitation à laquelle nous sommes soumis, pour que nese répètent jamais plus les situations similaires, ni enprison ni dans aucun autre lieu occupé par l’avant gardefascistoïde déguisée en gouvernement démocratique.

Nous disons : ça suffit !

Coordination Informelle des Prisonniers en Résistance

Écrits de prison

Chronologie d'une révolteanti-carcérale

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Déclaration collectiveLa Coordination Informelle des

Prisonnier-e-s en Résistance se déclareen Grève de la faim [Extrait]

Le 27 juin 2015, huit prisonnier-e-s de différentesprisons de la ville de Mexico ont débuté une grèvede la faim, ces prisonnier-e-s, se sont organisé-e-s enCoordination Informelle en Résistance pourprotester contre les mauvais traitements, lestortures, les extorsions et la corruption qui règnentà l’intérieur des prisons de la ville de Mexico.

Il ne fait aucun doute que le désintérêtgénéral et l’indifférence des “autorités” ontfait de mesures violentes comme la torture,l’abus de pouvoir et les mauvaistraitements, des procédures ordinaires del’activité pénitentiaire.

Dans ce contexte de répression silencieuseet cachée, nous avons commencé diversesactions pour ne pas reconnaître cespratiques autoritaires et dénoncer, avanttout, les irrégularités dont nous sommesl’objet. En effet, certains de noscompagnons ont déjà par le passé portéplainte au niveau pénal contre desserviteurs et fonctionnaires de l’État quin’ont pas respecté le règlement et lesarticles de la Constitution, tels que nosgaranties et droits humains consacrés dansla Constitution et les traités internationaux.

Nous reprenons le slogan “la réinsertionsociale n’existe pas”, puisqu’en prison secrée et se fomente la fabrication de la“délinquance” à des fins d’exploitationpolitique et économique, qui la convertiten un commerce de l’État. En prison, onextorque la population carcérale par desponctions financières et on fait payerillégalement les prisonniers pour êtreinscrit sur la liste des prisonniers autorisésà recevoir des visites et il y a bien d’autresirrégularités.

La cruauté, la torture, l’enfermement et lasur-population n’apportent aucunesolution au problème majeur de l’inégalitésociale, de l’opulence de certains et de lamisère de la majorité.

Ils nous ont menacés et intimidés pournous réprimer et nous essouffler, et pourque nous retirions nos dénonciations etnos plaintes. C’est pour cela que nousrendons responsables de notre intégritéphysique et psychologique les autoritésadministratives pénitentiaires de laprison où nous nous trouvons – la PrisonPréventive des Hommes Nord – sondirecteur Lic. Rafael Oñate Farfán, lesous-secrétaire du Système PénitentiaireHazael Ruiz et le chef de gouvernementde la ville de Mexico Miguel ÁngelMancera, puisqu’à partir du 27 juin 2015et de manière indéfinie, nous nousdéclarons en grève de la faim, moyenpacifique et légitime de protester face àl’arbitraire auquel nous sommesconfrontés : en effet, nous ne sommes pasdisposés à tolérer ni à accepter plusd’abus ni de violations institutionnelles.

C’est pour cela que nous disons :

« ça suffit ! »Parce que la solidarité entre

prisonniers n’est pas un simple mot !

Communiqué de la C.I.P.RE(Coordination Informelle des

Prisonniers en Résistance)[après 48 jours de grève de la faim]

L’intention de cette coordinationinformelle de prisonniers n’est pas larecherche de sensationnalisme, il s’agitde la compréhension totale de notreréalité comme esclaves de la société.

Nous sommes conscients que dans cesystème, nous ne pouvons aspirer à êtrelibres et donc à exercer l’auto-détermination : la vie « civilisée », cettetentative de « société » de babiole pour

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ceux qui ont le pouvoir, pour ceux quipeuvent jouir de cela ce n’est pas une vie,c’est une façon de végéter, d’êtrecondamné aux chaînes étouffantes del’esclavage domestique et du travail.

Nous refusons de devenir des serfs docilesd’un quelconque système autoritaire, quelque soit celui qui essaie de nous enfermeret nous faire taire

Nous avons choisi le chemin de l’inconnuet de l’insoumission, de l’exploration librede la vie sans médiateurs oureprésentants.

Nous sommes ceux qui essaient de vivreaux dépens des riches et de leurs usinesd’esclaves et ceux qui n’acceptons pasd’être apprivoisés, ceux qui font face à lasociété avec les mêmes armes, sansbaisser la tête; parce que cela reste lamanière la plus digne de faire face à cetteréalité pourrie et comme il n’y a pasd’avenir mais une autodestructionsilencieuse, nous décidons d’attaquer et dedétruire le système qui a attaqué et détruitnos vies et nous a condamnés à l’esclavagecarcéral.

La révolte ne se prépare pas, ni nes’organise, elle surgit comme sa natureviolente et désordonnée, nous faisonsréférence à l’éclatement d’insurrectionsquotidiennes propagées de manièrediffuse par les rebelles qui se trouvent entous lieux.

La révolte est une réalité sociale qui existedans chaque coin de la terre et l’intentionest de pouvoir la coordonner et ainsi lapropager et canaliser les énergiescollectives contre la vraie cause qui gênel’être humain : l’État.

C’est cela la base de l’organisationinformelle et diffuse, laissons de côté « lesacronymes » et « les sigles ».

Nous ne nous connaissons pas, et si ça setrouve nous n’aimons même pas lesmêmes choses, mais nous nousreconnaissons comme oppressés et cetteseule affinité, quand elle nous prend et

nous fait coïncider, nous rend sensibles àl’autre et par conséquent nous ressentonsle besoin de dire à l’autre qu’il n’est passeul, que même devant la soumission laplus abjecte, il existe quelqu’un quipartage encore le plaisir exquis de ladignité et de la révolte.

Pour cette raison, nous nous solidarisonsavec le compagnon Jessi AlejandroMontaño.

Face à une action, une autre répond ;parce qu’ainsi nous communiquons etnous nous renforçons les uns les autres.

À partir du 10 août 2015 nous cesseronsd’ingérer des liquides et nous nousdéclarons en désobéissance, comme unmoyen de revendiquer notre liberté etnotre droit à l’autodétermination face àn’importe quel système qui abuse del’individu.

Les « compas » [compagnons] en grève dela faim qui participent à cette action sont :Julián López Barrón, Fernando BárcenasCastillo depuis la prison nord de la ville deMexico, et nous invitons ceux qui désirentse joindre à ce jeûne solidaire de 3 jourspour dénoncer les conditions d’isolementet de répression psychologique etphysique que subissent ceux qui osent serebeller et résister aux tortionnaires etdomestiqueurs.

Pour l’extension de la révolte !

Parce que la solidarité entreprisonniers ne reste pas lettre morte.

Coordination Informelle desPrisonniers en Résistance – C.I.P.RE.

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La grève de la faim, une stratégie delutte, Fernando Barcenas

Nous devons voir la grève de la faimcomme un outil de lutte à disposition desprisonnier-e-s, une façon de commencer lecombat qui se développera au sein de laprison. C’est aussi une fenêtre versl’extérieur, que nous pouvons utiliserpour étendre et propager la lutte anti-carcérale.

En ce sens la grève de la faim organisée demanière informelle à l’intérieur desprisons du District Fédérale [Ville deMexico] et qui a commencé le 27 juindernier avec 8 compagnons, cherche àêtre une incitation à l’action précise, toutde suite et maintenant !

C’est un cri de guerre contre les autoritéspénitentiaires, un cri de ras-le-bol dedevoir survivre enterré vivant, et qui viseaussi à clamer que malgré la soumissionet le servilisme de la masse carcérale, il yen a certain-e-s qui se rebellent quandmême et résistent et refusent d’êtrerabaissé-e-s et humilié-e-s.

Parce que la société tente de dominer nosvies et que nous ne voulons pas l’accepter,parce que malgré cela il existe encore plusde dignité, de sensibilité et de compassionpour ce qui est humain et pour la vie, dansles coeurs de ces rebelles solitaires maissolidaires.

J’espère que ceux et celles qui lirons cesparoles pourront comprendre que monintention réelle et personnelle decoordonner une grève collective à traversla proposition informelle de laCoordination Informelle des Prisonnier-e-sen Résistance (C.I.P.R.E.) étaitprincipalement de sortir du calmeroutinier de la prison. Une initiative oùchacun et chacune des personnes qui yont participé comme à bien d’autresactions que nous avons mises en place àl’intérieur, a pu exprimer cette élévationexquise de la rébellion par le corps etl’esprit, aspirer à avoir la capacité réellede s’auto-déterminer, être libre et oserdéfier les chaînes et les barreaux tantphysiques que mentaux qui nousentravent et nous emprisonnent.

La majorité des prisonnier-e-s marginalisé-e-s nous nous retrouvons dans lacompréhension réelle et consciente de laprison, comme mécanisme de contrôlepolitique et d’exploitation économique.L’ordre social, tel que celui qui existe dansla rue, est de tendance mafieux, ainsi ceux-celles qui contrôlent la drogue et le paysagesocial par la corruption, contrôlent laprison, devenant les oppresseurs depopulation carcérale, tant pour le pouvoirque cette pratique leur apporte, tant pourl’argent provenant de la corruption qui sertà payer le silence et la complicité desautorités qui bénéficient le plus de cela, eneffet cela permet à ces dernières d’auto-réguler les prisons et les fonctionnaires duplus haut niveau hiérarchique en sontrécompensés. Cela a pour conséquence quela plus grande partie de la population (nousparlons de 90%) vit marginalisée parcequ’elle n’a pas de ressources économiquespour survivre et obtenir le plusélémentaire, déjà elle doit en premiercouvrir les frais des taxes illégales pourpouvoir commencer à générer de l’argent. Àcause de cela nous avons tant defonctionnaires, de gardiens et detrafiquants de drogues qui exploitent lesautres pour profiter de leur travail et deleur effort.

Avec toutes ces actions nous cherchons, nonseulement à amplifier l’agitation àl’intérieur des prisons et à amplifier ladiffusion, mais aussi et surtout à montrernotre désir d’une action réelle et concrètecontre les prisons. Hélas le mouvementanti-carcéral est très faible et il n’y a pasd’interaction réelle et/ou communicationentre individus et/ou collectifs de supposéetendance libertaire ou anti-autoritaire.

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À cause de cela, à plus d’une occasion, lesdifférentes actions et batailles desprisonnier-e-s se perdent dans l’oubli etl’isolement, devant affronter toujours plusdes répressions plus violentes etpermanentes et des menaces de mort de lapart de l’administration pénitentiaire, quia fait des offres économiques à différentsprisonniers pour intimider et/ou attaqueravec des couteaux et d’autres armes lesprisonnier-e-s qui refusent de se rendre,d’être rabaissé-e-s et humilié-e-s ou qui ontdénoncé les abus des gardiens et destechniciens des prisons.

Face à cela naît l’idée de coordonner lesactions directes des prisonnier-e-s contrel’institution carcérale de façonrevendicative pour éviter ainsi qu’ils-ellessoient isolé-e-s et que l’administrationpénitentiaire puissent les cacher. Il s’agitd’amplifier et d’étendre la solidarité réelleentre les opprimé-e-s et diriger lesénergies collectives contre le spectrecarcéral.

La Coordination Informelle desPrisonnier-e-s en Résistance n’est pas uncollectif formel, nous réitérons doncl’incapacité de l'auto-dénommé « BloqueLibertario » de comprendre la situation etle caractère informel de cettecoordination. Ainsi nous dénonçons lesagissements autoritaires de ce « Bloque »qui a altéré et retiré une page complète dela publication anticarcérale N°3 du journal« El Canero » . Ils ont déjà pris l’initiatived’altérer le contenu réel pour y mettre dela propagande en leur faveur, ce quireflète clairement leur protagonisme. C’estpour cela que nous ne reconnaissonsaucun exemplaire de ce journal qui a été

altéré par ce groupe de personnes, et nousdémentons l’existence d’une page Facebookde la Coordination Informelle desPrisonnier-e-s en Résistance et nousexigeons des créateurs de cet espace virtuelqu’ils l’éliminent immédiatement, carcomme nous l’avons souligné, la C.I.P.R.E.existe uniquement de manière informelle etdans les actions coordonnées. En plus, celareprésente un enlisement et une déviationmédiatique de ce qui se passe en réalitédans les prisons du D.F [DistrictFédéral/Ville de Mexico] , ce contre quoi lacoordination se bat de manière effective.

Un autre point à traiter est que certain-e-sont attaqué et critiqué la lutte desprisonnier-e-s parce qu‘elle a un caractère «légaliste » (exiger de meilleures conditionset traitements à l’intérieur des prisons),cependant cela ne veut pas dire que le butde la plupart de ceux et celles quirevendiquent nos actions en tant queC.I.P.R.E ne soit pas l’abolition et ladestruction totale des prisons. Mais nousdevons nous situer dans le paysage et le lieuoù nous nous trouvons, où nous sommesnous devons agir avec stratégie et nonaveuglément par « idéologie », quelle qu’ellesoit. En plus, s’il est vrai que ces luttescommencent sur une ligne réformiste des «droits humains », cela ne veut pas direqu’elles restent enlisées dans les actionsdites institutionnelles, mais qu’il s’agitd’analyser le paysage et en même tempsd’augmenter l’intensité de la confrontationinstitutionnelle pour finir par la nier entant « qu’autorités ».

Cela est commun et déborde la plupart dutemps parce que tout-e-s les prisonnier-e-sles plus marginalisé-e-s et exploité-e-s, nousnous sentons profondément pénétré-e-s parle mépris et la rancoeur de souffrir del’impuissance, de l’injustice et des abus lesplus lâches que l’homme peut imaginer.

Enchaîné-e-s quotidiennement, nos âmesdénudées face à la volonté des maîtres dumonde, dirigé-e-s quotidiennement selon lescaprices de l’administration fasciste quimaintient les privilèges de ceux quigouvernent. Un coeur trop serré par tantde mal peut héberger en son sein rancoeur,haine et vengeance.

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Comment oublier qu’ils nous retiennentcontre notre volonté et nous massacrentsilencieusement ? Comment ne pas penseravec haine quand on entend le compagnonse faire battre, les pleurs de son âmeblessée à mort dans son orgueil, cetenterrement de l’humanité, ces barreaux,ces grilles, ces regards moqueurs etindifférents, ces mitards ? Comment oublierces mateurs violeurs d’intimités défloréesodieusement à travers les barreaux d’unecellule, ces dénigrements des personnescaptives pour les pousser au suicide, à lafolie ou au désespoir ? Comment un êtrehumain peut-il survivre à cela et êtrenormal ?

Cependant, qui s’intéresse à ce qui se passeen prison ? Réellement personne. La sociétén’a pas à se préoccuper de ce qui arrive àune poignée de « délinquant-e-s » nuisibles.Et surtout nous tou-te-s, qui sommesregroupé-e-s, vivons à ses dépends.

Peut-être qu'ils ont le droit de nousmépriser et d’être avides de vengeance unefois qu’ils-elles nous tiennent entre leursmains.

Cependant nous ne leur reconnaissons pasle droit de se nommer «honnêtes citoyens».Nous ne leur reconnaissons pas le droitd’être libre selon leurs lois alors qu’eux-mêmes collaborent ensemble pourcommettre un nombre incalculable dedélits inscrits dans leur code pénal.

Ceux et celles qui dirigent leur haine contrenous ne font que se haïr eux-elles-mêmes àcause de leur immonde lâcheté.

Pour tout cela, j ’espère que ce texte nousfera réfléchir un peu sur l’organisation etl’agitation extérieure. Elles ne doivent pasêtre activées uniquement dans les périodesde grève de la faim des compagnon-ne-s enprison, quand le temps est compté et que lamort peut surgir à chaque heure. Beaucoupvoient de fausses victoires et cela fait quel’on ne pense pas à de nouvellespropositions et réflexions sur ce qu’il fautfaire réellement. Il est triste que pour quecertains se mobilisent, il faille que soient

déjà passés 20 ou 30 jours de grève de lafaim. Cela démontre qu’il y a des failles etdes défaillances dans les formes decommunication et d’organisation.

J’espère, donc, par ces réflexions, pouvoirapporter une graine libertaire qui donneles fruits d’une plus grande réflexionpour agir avec plus d’efficacité etd’effectivité contre tout ce qui nousempêche d’être nous-mêmes.

Avec amour et rébellion

Fernando Barcenas Castillo

***

Mexico: Communiqué de la C.I.P.R.E,fin de la grève de la faim

17 août 2015

Aujourd’hui, nous les prisonniers enrésistance qui nous maintenons en grèvede la faim depuis le 26 juin de cetteannée, nous avons pour le quatrième jourconsécutif reçu une quantité de plus enplus petite de miel, qui depuis samediavait été réduite au minimum. Unequantité qui ne représente même pas unecuillère à soupe de cet apport en calorievital pour nous. C’est clairement uneréponse au jeûne que nous maintenonsdepuis déjà plus de 50 jours et à lasituation critique très avancée danslaquelle nous nous trouvons à cause de lagrève.

Il faut signaler qu’on nous a refusé lapossibilité d’ingérer des bonbons, de l’eauaromatisée ou même du glucose sous leprétexte du Protocole de Malte, que noussuivons (avec de l’eau, du miel et des

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citrons), cependant la quantité limitée deglucose auquel nous avons accès tous lesjours – en effet ils ne permettent pas àceux qui nous visitent d’en faire entrer –met en évidence la ferme intention del’institution de freiner à peu de frais cetteforme de protestation.

La diminution de la quantité de miel quenous recevons par jour et qui doit nousdurer 24 heures, a fait que certains d’entrenous, afin d’en obtenir plus, ont dûprendre d’autres mesures de pression. Desmesures tel que le refus de prendre desmédicaments, le refus des examens vitauxet même le refus de prendre le miel qu’ilsnous avaient fourni les jours précédents.Cependant, ils nous ont ignorés, en effet lepersonnel médical et de la cuisine selimitent à dire que cela n’est pas de leurressort et que ce sont les instructions dudocteur, en d’autres termes ils se refilentla patate chaude.

Dans ce contexte, nous annonçonsaujourd’hui l’arrêt de cette grève de lafaim, car dans l’état où nous noustrouvons, il est très compliqué pour nousde faire l’effort de lutter pour du glucosesans glucose et avec tant d’autres bâtonsdans les roues pour nous faireabandonner cette grève, telle que nous lafaisons aujourd’hui.

C’est un fait que nous étions, sans aucundoute, très près de l’arrêter, maiscertainement pas aujourd’hui, c’estpourquoi l’unique satisfaction qui nousreste est que c’est avec des méthodes sipeu éthiques et sans aucun principe qu’ilsont réussi, après que nous avons résisté 52jours à leurs pièges minute après minuteet le plus important. Quelle est la suite ?Nous sommes déjà en train de penser ànos prochaines actions anti-carcérales etimpatients déjà de les commencer.

Premièrement nous allons nous remettresur pied, ici où peu importe où ils nousenverront, parce que nous sommes prêtspour ce qui suit. Une fois que nous auronsrécupéré, nous redémarrerons à fond pardes actions directes à l’intérieur de laprison en cherchant à réduire le joyau leplus précieux du monde carcéral : lacorruption.

Important !

Ceci est le communiqué officiel de l’arrêtde notre grève de la faim à l’intention dupeuple en général de manière sincère etfraternelle. En effet, nous n’élaboronsaucun écrit pour cette institution, commenous nous refusons à le faire depuis ledébut.

C.I.P.RE

Communiqué du transfert des compagnonsde la C.I.P.RE vers la prison Nord de la ville

de Mexico et rapport médical.Par Fernando Bárcenas [Extrait]

". . .Dans la nuit du 31 août, ils sont venus nousinformer de notre sortie de l’hôpital. Cela a étédécidé arbitrairement par le personnel de sécurité,sans la moindre explication d’un médecin. J’aicontesté cette procédure : comme le médecin n’estjamais venu, j ’ai refusé de manière pacifique dequitter l’hôpital. Les matons de Tepepan ontrépondu comme d’habitude par l’intimidation ;comme nous ne cédions pas à leur chantageinstitutionnel, ils ont appelé des renforts enprovenance de la zone féminine ainsi que desagents de sécurité de l’unité de réaction immédiate(URI). Au total, nous étions entourés par environhuit matons accompagnés de la sous-directrice dela prison ; tous ont essayé de nous faire sortir maisface à notre refus, ils m’ont poussé par terre avecun autre compagnon.Une fois par terre, ils nousont tabassés à plusieurs reprises, sur le dos, lesjambes et la tête ; ils ont essayé de nous séparermais nous nous sommes serrés les uns contre lesautres. Ils nous ont relâchés un moment en nousdisant que nous allions tous y passer.. . En arrivantau « ReNo » [la prison Nord] j ’ai été accueilli par lecommandant Jaramillo à qui j ’ai expliqué que monétat de santé n’était pas rétabli et que la décisionadministrative prise à l’hôpital de Tepepan étaitarbitraire, ce à quoi il a répondu que je devais merendre à mon dortoir car je n’étais plus en grèvede la faim.. ."

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Résultats de cette grève de la faimcollective [Extrait]

Le but principal a été atteint, puisque nousavons montré tant à nos bourreaux qu’auxcompagnon-nes de même affinité quenous, nous les prisonnier-es, même dansdes conditions brutales d’internement,nous gardons l’initiative de nousorganiser, de nous solidariser et de nouslancer dans la lutte pour rejeter et ignorerceux qui nous torturent quotidiennementet essaient de nous humilier pour nouscontrôler et pour nous domestiquer.. . Cemouvement s’est forgé au sein de la prisongrâce à la cohérence et la détermination decertain-e-s prisonnier-es en lutte qui n’ontpas trébuché et qui ont donné naissance àce que, aujourd’hui, nous connaissonscomme la Coordination Informelle dePrisonniers en Résistance. [CIPRE]

Des victoires partielles suite à la grève dela faim collective :

• Irwin García Freyre a réussi à obtenir saliberté, même s’il a trahi les compagnonsen donnant des informations au directeurde la prison ; il a atteint son objectif.

• Luis Lázaro Urgell a réussi à obtenir saremise de peine, ce qui veut dire que dansquelques mois il obtiendra sa liberté.

• Julián López Barrón a obtenu d’êtretransféré au Centre d’Exécution desSanctions (Annexe de la prison Nord), où ilaura un travail rémunéré. En plus de cela,il a obtenu la fusion de ses 2 peines, ce quipeut lui permettre de sortir sous caution lemois prochain.

• On a réussi à élargir la diffusion dujournal de combat « El Canero » àl’intérieur et à l’extérieur de la prison,grâce aux compagnon-ne-s solidaires qui lediffusent dans les rues et parmi lapopulation de la prison Nord.

• On a réussi à «  okuper  » à nouveau unecellule dans la zone d’Arrivée, ce quipermet de soutenir grandement lescompagnons punis ou les nouveaux

arrivants, les plus vulnérables à laviolence carcérale. Actuellement, cetespace est maintenu par le compagnonJulio César Núñez, qui continue la grèvede la faim dans la prison Nord pourgarder cette « okupa » occupation.

Voilà : le panorama est toujours un peuoppressant, mais une bataille nous laissetoujours une forte impression. En effet, laguerre sociale et la lutte contre ce qui estimposé ne sont pas et ne peuvent pas êtremesurées comme une marchandisecapitaliste, c’est-à-dire selon les standardséconomiques (gagner ou perdre), puisquetoute bataille que nous dépassons, nousapporte de l’expérience pour continuer àconspirer et à organiser l’extension de larévolte qui est déjà devant nous tou-te-s.

On se secoue, on se met debout et onprépare la phase suivante.

Note: La direction de la Prison Nord a entravé leprocessus de repos et de récupération entamé parFernando après la grève de la faim, en le plaçantdans la zone de population générale et en luichangeant de dortoir. C'est pourquoi, depuis lejeudi 10 septembre 2015, le compagnon FernandoBárcenas s'est à nouveau déclaré en grève de lafaim.

ABAJO LOS MUROS !Sources: Croix Noire Anarchiste de Mexico

http://www.abajolosmuros.org+ d'info en français sur la C.I.P.RE et

Fernando Barcenas - Les trois passants:https://liberonsles.wordpress.com

Traductions: Les trois passants, Caracol

Solidario et Amparo

Corrections: Valérie, Myriam et Val