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    Vendredi 25 janvier 2013 - 69e anne - N21156 - 1,80 - Francemtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Mry

    Et soudain leuro redevient un probl-meEncedbutdanne2013,cenestplusladconfituredelamonnaieuni-quequi inquite.Au contraire. Leuro

    seportebien.Tropbien,peut-tre.Cette devise que lon croyait moribonde

    sapprcielentement,doucement,maissre-ment:+10%ensixmoisfaceaudollar,+25%faceauyenjaponais.A1,33dollar,onestenco-reloin dusommethistoriquede 1,60,atteinten 2008. Mais le niveau actuel est dj pro-pre susciter linquitude de nos exporta-teurs.Alorsquelacrise,ledclinindustrielet

    la perte de comptitivit hantent le pays, lahausserampantedeleuronestpasunebon-nenouvelle.Ni conomiqueni politique.Ellepourrait saper les efforts du gouvernementvisant enrayerla chutedu commerceext-

    rieurfranais.LaFrancenestpas,etdeloin,laseulevicti-

    me. Pour les pays du sud de lEurope, tou-jours encalmins dans la rcession, la

    vigueurretrouvede lamonnaieuniqueris-que fort de compromettre les douloureuxefforts dajustementmensdepuis de longsmois.

    A premire vue,le coupable esttout trou-v: la Banque centrale europenne (BCE).Trop nave peut-tre, trop fair-play sre-ment, lautorit montaire se tient lcartdela guerrequicouve nouveau surlemar-chdeschanges.AuJapon,auxEtats-Unis,enChine ou en Suisse, les banques centrales sedmnent pour soutenir la croissance. Ellesfonttournerla planche billets,provoquantla chute de leur devise. Quitte laisser dect leur sacro-sainte indpendance etaccompagner ouvertement la stratgie co-nomique du gouvernement, comme vientdelefairelaBanquedu Japon.

    La BCE, elle, reste drape dans ses princi-pes. La politique montaire est une affairetropsrieusepour treconfieauxhommespolitiques. Elle a peut-tre raison de le pen-

    ser.Uneguerredesmonnaiesesttoujoursunjeusommenulleolesexcdentscommer-ciaux des uns se traduisent en dficits chezles autres. La doctrine du G20 est claire: les

    tauxde change doivent tredtermins parle march pour reflter le plus possible lesfondamentaux conomiques. Mario Draghilareditdbutjanvier.

    Sansdouteest-ce,pourlepatrondelauto-ritmontaireeuropenne,unefaonderap-pelerquelarmedeladvaluationnestpaslasolutionultime pourrtablirsa comptitivi-t. Celle-ci se joue sur les prix, mais aussi etsurtout sur la qualit et linnovationde lin-dustrie.VoilbienpourquoilAllemagnepar-vient conserver son titre de championneeuropennedesexportationsquelquesoitleniveau dutaux dechange.

    LaBCEa faitson travail.Ellea sauvleurodelacatastrophe.Silamonnaieuniquegrim-pe aujourdhui, cest parce quelle inspire nouveauconfiance. Les investisseursdAm-riqueetdAsiequiavaientfuilecontinentaurisque de lasscher sont de retour. Largentafflue nouveau. Le prix payer est cetteapprciationdeleuro.Unehausseencorerai-

    sonnable qui sonne comme une incitationpour les pays de la zone France en tte dcuplerleurs efforts.p

    LIRENOS INFORMATIONSPAGE14

    SERGEDASSAULTAUCURDETROISENQUTESJUDICIAIRESSOCITLIREPAGE12

    PerquisitionschezBernardTapieetStphaneRichardSOCIT LIREPAGE13

    HAUTE COUTURE :INVITATION AU VOYAGECULTURE&STYLES LIREPAGE24

    DavidCamerondfielEuropeLepremierminis-trebritanniqueafranchilepasqueleseurosceptiquesattendaient.En pro-mettantun rfren-dum,ilaccentuelerisquedinstabilitdans lUnion.INTERNATIONALP.4

    Arctique:larchipeldela discordeLeSpitzberg,soussouverainetnorv-gienne,attiselesconvoitisespoursesrserves enpois-sonetenptrole.Jusquici,lesaccordsinternatio-nauxtiennentbon.PLANTE P.6

    M.Schrameckrevient aupremier planCesten familierdescoulissespolitiquesque lex-directeurdecabinetdeLionelJospin MatignonprendsesfonctionsdeprsidentduConseilsuprieurde laudiovisuel.ENQUTE P.17

    FlorenceCassez:coupdethtreetretourParis

    DITORIAL

    AUJOURDHUI

    8580+#0+%0)4'%*$%0%&$'"""

    !4'%03*$%.($0!2*,

    7.-, /4-0,0+%1.&)*+.3-00+56

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    6-$ 80+*-%$ .# 8*'w(0

    Sondageexclusif

    DequoilaFranceapeur

    tLa grandeenquteIpsospourLeMondervledes crispationsalarmantes

    LE MONDEDES LIVRESFemmes rebellesdu Nigeria

    Guri, leuroserait-il devenutropfort?

    UK

    price

    1,7

    0

    LE REGARD DEPLANTU

    Un Franais sur deux considreaujourdhuiqueledclindelaFran-

    ce est inluctable. Une propor-tionqui monte 77% chezlespartisansduFrontnational.Ilssontgalementtrsnom-breux considrerla mondialisationcom-me une menace, juger que la Francedoit seprotger,et quellea besoindunvrai chef. Les politiques, lislam et... lesjournalistessont vousaux gmonies. Lesconclusions de la grande enqute IpsospourLeMonde,raliseavecleCevipofetlaFondationJean Jaurs,montrent que,chezlesFranais,leressentimentcdelhostili-t,etlereplilagrandecrispationidentitai-re.Untableautrssombreanalysparlhis-torien Michel Winock et comment parJos Bov, Pierre Laurent, Sgolne Royal,Jean-Louis Borloo, Jean-Franois Cop etMarineLePen.p LIREPAGES8-10

    a Autour deton cou,treize nouvelles deChimamanda Ngozi Adichie

    aMireille Delmas-Marty:larme franaise au Mali,de quel droit?SUPPLMENT

    LEEMAGE

    tLa Franaisecondamne auMexique60ans

    deprison pour troisenlvements a tlibre aprs7 ansde dtention. Ellea toujoursclamsoninnocenceVNEMENT, PAGES 2-3

    Mercredi 23 janvier,FlorenceCassez

    aupiedde lavionquilaramne enFrance.

    REUTERS

    Algrie 150DA,Allemagne 2,20,Antilles-Guyane 2,00,Autriche 2,40,Belgique 1,80,Cameroun 1 600FCFA,Canada 4,25$,CtedIvoire 1 600FCFA,Croatie 18,50Kn, Danemark 28KRD, Espagne 2,00, Finlande 2,80,Gabon 1 600FCFA,Grande-Bretagne 1,70,Grce 2,20,Hongrie 750HUF, Irlande 2,00, Italie 2,20, Luxembourg 1,80,Malte 2,50,Maroc 12DH, Norvge 28KRN,Pays-Bas 2,20,Portugalcont. 2,00,Runion 2,00,Sngal 1 600FCFA,Slovnie 2,20,Sude 35KRS,Suisse 3,20CHF,TOMAvion380XPF,Tunisie 2,00DT,Turquie 6,50TL,USA 3,95$,AfriqueCFA autres1 600FC FA,

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    LesseptansdemalheurdelaprisonniredeTepepan Les indgivrables XavierGorce

    FlorenceCassez:lalibrationsurpriseLaCoursuprmeduMexiqueareconnuquelesdroitslmentairesdelaFranaisenontpastrespects

    MexicoCorrespondance

    Le verdict est tomb: Libert!Mercredi 23janvier, la CoursuprmeduMexiqueaordonnla sortie de prison de FlorenceCassez, condamne soixanteansdedtentionpourtroisenl-

    vements, crime organis et port darmeprohib. La Franaise, qui criait son inno-cencedepuisplusdeseptans,sestvunoti-fiersalibration immdiate et absolue,avant de franchir la porte du pnitencierde Tepepan, au sud de Mexico. Relchepar la plus haute instance judiciaire duMexique,elleaprislavionpourParisdanslasoireen compagniedeson pre.

    La sentence a t accueillie par uneexplosionde joie: Justicea tenfinren-

    due!, sest exclam, la sortie de la ses-sion, Franck Berton, son avocat franais.Cestunjourhistoriquepourelle,maisaus-sipourtouslesMexicains,aajoutsoncol-lguemexicain,AgustinAcosta.

    Ensancepublique,troisdescinqmagis-trats de la premire chambre de la Couront annul la condamnation de MmeCas-sez, reconnaissant que ses droits fonda-mentaux avaienttviols.

    Leur dcision a t une surprise, puis-que le projet initialde sentencede la jugeOlga Sanchez proposait le renvoi du dos-sierdevantun jugedappel.Son argumen-tairesebasaitprincipalementsurlirrece-vabilitdestmoignagesetdespreuvescharge, en regard de leurs contradic-tionset de leurmanque de fiabilit. Ilprcisait aussi la violation des garantiesconstitutionnelles de la Franaise, dontlaprsomptiondinnocence, lassistan-ce consulaire et la mise dispositionimmdiate devant le ministre public,lieau montagede sonarrestation.

    Le8dcembre2005,MmeCassezavaitt

    interpelleencompagniedesonamiIsraelVallarta,accusdtre lechef dun gang dekidnappeurs. Elle avait t maintenue ausecret, avant dtre conduite au ranch deM.Vallarta, situ dans la priphrie de

    Mexico. Le lendemain, son arrestationavaitt miseen scnedevantles camrasde tlvisionslorsdune oprationprten-dumentendirect,aucoursdelaquelletroisotagestaient librs.

    EffetcorrupteurLecoupdethtrede mercrediestvenu

    du juge Arturo Zaldivar, qui a choisi decamper sur sa proposition de librationimmdiate, dj examine par ses pairs,le 21mars 2012. A lpoque, son rapportaffirmait que le montage de larrestationavait eu uneffet corrupteur sur toute la

    procdure pnale, violant les droits l-mentaires de Mme Cassez. Mais seuls lesjuges Zaldivar et Sanchez avaient vot enfaveurdeceprojet.Fautedunemajorit,lajuge Sanchez avait t charge dlaborerun nouveauprojetde sentence.

    Cettefois,lapositiondeM.Zaldivaratsoutenue par un troisime juge, AlfredoGutierrezOrtiz Mena.Le 1erdcembre2012,cedernieraremplaclemagistratquiavaittle plus oppos lareconnaissance des

    violationsdesdroits deM meCassez.Face au rejet de son projet par quatre

    magistrats,MmeSanchez,quistaitpronon-ce pour la libration de la condamne, apris soncomptele projet Zaldivar.Puis-quune majorit reconnat lexistence des

    graves violations des droits de la condam-neet quela Cour se doit de les corriger,levote porterasur les arguments avancs enmarsdernier,a-t-elleexpliqu,enbrandis-santlancienrapportde soncollge.

    Linnocencede MmeCasseznest paspr-cisedanslarsolutionadopteparlaCoursuprme, qui juge uniquement la confor-mit des procdures la Constitution.Mais elle est compltement blanchie aunom de la prsomptiondinnocence, prci-se sonavocat,M. Acosta. Cettedcisionhis-torique permettra que de tels abus ne sereproduisentplus.

    Lenon-respectdes droitsrelevdansledossier Cassez seraitcourant au Mexique.Selonune enqutesur lapopulationpni-tentiaire,raliseen2011parleprestigieuxCentre de recherche et denseignement

    conomiques (CIDE), les violations desgaranties des interpells sont systmati-ques: 49% des dtenus ont t menacspar la police dtre inculps par de fauxchefs daccusation. Prs de la moiti ontmisleurpremiredclarationsanslapr-sencedunavocat.Lesprisonssontpleinesdinnocents,victimes dunsystme policieret judiciaire qui fabrique des coupables,dnonceJosAntonioOrtega,prsidentduConseil citoyen pour la scurit publiqueetla justicepnale.

    PourlancienministredelajusticeIgna-cioMoralesLechuga, laffaireCassezpour-rait faire date dans lhistoire mexicaine

    pour construire enfin une justice digne decenom. Lasentencereplace lesdroits delhomme aucentre desprocdures.

    Pour que le cas Cassez fasse jurispru-dence, quatre autres affaires similaires

    devront tre juges lidentique par laCoursuprme. Dans les semaines venir,les hauts magistrats pourraient recevoirunepluiede recours.p

    FrdricSaliba

    Portrait

    MexicoCorrespondance

    Jervedeneplusmhabillerenbleu!, ironisaitsouventFlorenceCassezderrirelesbarreauxde saprisonde Tepepan,au suddeMexico. Maintenantlibre,ellenauraplussupporterlacouleurdeluniforme desdtenues, aprsuncalvairede septlonguesannes.Lajeunefemmeaapprissalibra-tionen prsencede sonpre,Ber-nardCassez,et duconsulde Fran-ce,GraldMartin.Dessoutiensdepoidspour supporterlapression,aprsdeuxprocsperdusetunpourvoien cassationrejet. Cha-quefois,jaiessay derester digne

    pourne passombreret pouvoircontinuermon combat, confiaitlaFranaise danslebrouhahadelimmenseparloiro lesprisonni-resreoiventleursvisites.

    Assise satableenplastique,ellea vudfilerdesdizainesdejournalistes,responsablespoliti-quesetdfenseursdesdroitsdelhomme,reprenantsans se lasserlesdtailsdu jourmauditdedcembre2005o lapolicelaarrteavecun anciencompa-gnonsurune autorouteen pri-phriede Mexico.Ellenajamaiscessde crier soninnocence.

    Illuiafalluducouragepourintervenirpar tlphone, enfvrier2006, depuissa prison,afindednoncer lamiseen scnede soninterpellationlors dunemissionde tlvision en direct.Cejour-l,elleobligelechefdelapolice,prsentsurle plateau, reconnatre lesfaits avecembar-ras. Je naijamaissupportlesinjustices, expliquait cettehype-ractiveen passantsa maindansseslongscheveuxblondroux.

    Nele17 novembre1974 Lille,ellearrtelelyceetquittelefoyer

    familialds lge de16 ans.Peu stu-dieusemaisacharneautravail,elledbutedansunmagasindusi-nede sonpre. Sonnergiedbor-danteluipermetdevitegravirleschelons dunegrandeenseigneCalais,au pointden devenirladirectrice. Maisjavaisatteintun

    plafondquine me donnaitplusdeperspectivesdvolution .

    DautresinnocentsenprisonLapropositionde sonfrre andelerejoindreauMexiquetombepic.Une bonneoccasion pourelledapprendrelespagnol. Elle tra-vailleun tempspourlui, quiimportedes machinespour insti-tutsde beaut,avant devoler desespropresailes. EllerencontreIsraelVallarta, quidevientsonpetitami.Aprsleur sparation,Florencereparten France.Mais netrouvantpas travail,elle dcide deretournerauMexiqueetdemandeIsraelVallartadelhberger.

    Noustionsjustedebonsamis, insistait-ellepourrfuterlesarticlesfaisantdellela petiteamiedun kidnappeur. Aumomentdeleur arrestation,elledmnageaitsesderniresaffairesduranchpourunappartementMexicoetun emploidansunluxueuxhteldelacapitale.

    Jtais K.-O., racontait-elleleslarmesaux yeux.Jaidabord pen-squonallaitsapercevoirde lampriseavantde comprendrequebeaucoupde Mexicainssont victi-mesdes manipulationsde lapoli-ce. Poursupportercette preuveduranttant dannes,FlorenceCassezsoignaitson apparence,fabriquaitdes bijoux,peignaitetdvoraitleslivres deFredVargasoude StefanZweig.Saprincipaleraisonde tenir,assurait-elle,taitlespoir que [son] cas serve sor-tirdautres innocentsencoreen

    prison.pF.Sa

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    10 octobre2012

    14 juillet2013de 11h 19 h, sauf le mardi et le jeudi

    35 bis, rue Paul Valry 75116 Paris Tl.: 01 45 00 91 75www.dapper.fr

    Rcit

    MexicoCorrespondance

    Aprs deux procs perdus etunpourvoiencassationreje-t, les magistrats de la plus

    hauteinstancejudiciairedu Mexi-queontmisfinlacaptivitdeFlo-renceCassez,quiavaittcondam-ne soixanteans de prison.Lpi-logue dun imbroglio juridique etpolitiquequiadivislesMexicainset provoqu une crise diplomati-queentrelaFranceetleMexique.

    Le matin du 9 dcembre 2005,les Mexicainsdcouvrent au jour-nal tlvis le visagede la Franai-se, arrte enflagrantdlit auxcts de son ami Israel Vallarta,accus dtre le chef dun gang dekidnappeurs. Trois otages sontlibrsdansle ranchde cedernier,prsde Mexico.

    En ralit, tous les deux onttinterpells la veille sur une auto-

    route, non loin de l.Je nai rienfait! , martle la jeune Lilloise.Mais pour des millions de Mexi-cains, Florence Cassez devientlasecuestradora (la kidnappeuse),incarnationdun flaunational.

    Le 5 fvrier 2006, la jeune fem-me dnonce pourtant cette miseenscnelorsdunemissiontlvi-se,dont linvit nestautre quelechef de la police, Genaro GarciaLuna,contraintdavoueren directlamanipulation. Maisdans lafou-le, deux des trois personnesretrouvesdansleranch,quiassu-

    raientnavoirjamaisvulaFranai-se, laccusent subitement. Cesdclarations pseront lourd lorsde son procs, le 27 avril 2008. Le

    juge la condamne quatre-vingt-seizeansdeprisonpourtroisenl-vements, crime organis et portillgal darme.

    EnFrance,uncomitdesoutienestcr parses parents,avec laidede lavocat Franck Berton. Lappuide Nicolas Sarkozy leur redonneespoir. Une visite officielledu pr-sidentfranaisestprvueauMexi-que, le 9 mars 2009. Sept joursavantsarencontreavecsonhomo-logue mexicain, Felipe Calderon,laCour dappelinflige laFranai-seunepeinedesoixanteansdepri-son.AMexico,M.Sarkozyprendsadfenselorsdundiscourspronon-c au Snat,critiquvivementparlapresse.

    En coulisses, le transfrementen France de la condamne nenestpasmoinsvoquparles deuxchefs dEtat, selon la convention

    de Strasbourg, dont les deux payssont signataires. Mais trois moisplus tard, cette option est publi-quement rejete par M. Calderonsur le motif de lincompatibilitdespeinesentrelesdeuxpays.

    Lanne suivante, le vent sem-bletournerenfaveurdelaFranai-se. Le parquet gnral reconnatenfin le montage de son arresta-tion.Mieux, le 30novembre 2010,la confrencepiscopaledu Mexi-que annonce labsolue innocen-ce delajeunefemme.Sanscomp-ter lappui de la Commission desdroits de lhomme de Mexico quidnonce les violations des garan-tieslmentairesdelacondamneparla police.

    Le 10fvrier2011,les jugesrejet-tentpourtantsonpourvoiencassa-tion.Legouvernementfranaissin-surge, dnonant undni de jus-

    tice.Unmoisplustard,M.Sarkozyannonce que lAnne du Mexiqueen France, qui a dbutle 3 fvrier,sera ddie Florence Cassez. Unedcision inacceptable pour le gou-

    vernement mexicain,qui rpliqueparlannulationdesaparticipationaux festivits. Lopinion publiquemexicainefaitblocderrirece boy-

    cottage. Lcrivain Carlos Fuentesaffirmeque M.Sarkozy se compor-tecomme undictateurdunerpu-bliquebananire.

    Desassociationsde luttecontrelinscurit montent aussi au cr-neau. En tte, Alto al Secuestro(Halte aux enlvements), dirigeparIsabel Miranda de Wallace qui,

    laveilledurejetdupourvoiencas-sation,appelle lepouvoirjudiciai-re et le gouvernement() ne pas

    cder auxpressionsde laFrance.Pourquoi un tel blocage ? Lemontage de larrestation de

    Mme Cassez rvle les manipula-tions mdiatiques de Genaro Gar-cia Luna, devenu ministre de lascurit publique du gouverne-ment Calderon, explique JenaroVillamil, journaliste dinvestiga-tion lhebdomadaire de gauche

    Proceso.On le surnomme GL Pro-ductionspoursesmontagestlvi-ssdarrestation,dont cellede Cas-sezest loindtreuneexception.

    Et Jorge Castaeda, ancienministredes relationsextrieures,dajouter:DifficilepourCalderonde dsavouer son ministre chargde mener la guerre contre les car-tels de la drogue,qui a fait plus de

    25000 disparuset 65 000 morts .En face, Florence Cassez ne

    dsarme pas. Le 7mars 2011, son

    avocat mexicain dpose unrecours pour inconstitutionnalitdevant la Cour suprme du Mexi-que, qui se dclare comptentepour lexaminer. Un an plus tard

    jourpourjour,lejugeArturoZaldi-var, rapporteur de son cas, propo-se publiquement sa librationimmdiatequi sera examine

    deuxsemainesplus tard.La tension est soncomble laveille de louverture de la campa-gne pour llection prsidentielle,le 30mars 2012. Le cas est passdune affaire franco-mexicaine unevritable affairedEtat,dclen-chant une bataille mdiatiqueentre ceux qui veulent rformerune justice dfaillante et ceux quisoutiennent la police , raconteJos Antonio Ortega, prsident duConseil citoyen pour la scuritpublique et lajusticepnale.

    Des juristes renomms et desdfenseurs des droitsde lhommesemobilisentpourla librationdela condamne. Mais Mme Mirandade Wallace, candidate la mairiede Mexico du Partidaction natio-nale(PAN, droite),la formationduprsident Calderon, mne unecampagne nergique contre la

    Franaise, au nom du respect dudroit des victimes. Le 13mars, elledpose une contribution criteaux cinq juges, en compagnie dedeux des trois victimes prsu-mes. Sans compter les pressionsexerces par des reprsentants dela prsidence, du parquet et duministre de lintrieur, qui ontrencontrles juges.

    Le21mars2012,leshautsmagis-trats ne parviennent pas unaccord. Toutefois, quatre, sur lescinq, reconnaissent les irrgulari-

    ts de procdure. Le cas est ren-voy un nouvel examen. Dixmoisplus tard,ce derniera abouti la libration de Florence Cassez,dansuncontextebienplusfavora-ble lanciennecondamne.

    Deux vnements intervenusle 1er dcembre ont jou en safaveur: la nomination la Coursuprme du juge Alfredo Gutier-rez Ortiz Mena, qui a vot pour salibration, et la fin du mandat duprsidentCalderon. Aladiffren-cede sonprdcesseur,le nouveau

    prsident, Enrique Pea Nieto, duParti rvolutionnaire institution-nel(PRI, centre), a plac le respectdes droits de lhomme au cur desonprogrammeenmatiredescu-ritpublique ,souligneAnaLauraMagaloni, professeur de droit auCentrede rechercheet denseigne-mentconomiques(CIDE).

    Le17octobre2012,lorsdelaren-contre Paris entre le prsidentluduMexiqueetFranoisHollan-de, M.Pea Nieto stait engag laisser la justice suivre son cours.Les alternances ont t propices la libration de la Franaise, maisaussilarelancedesliensdiploma-tiquesentrelesdeuxpays.p

    Frdric Saliba

    Analyse

    LaFrancea commisdeuxfoislammeerreur, lgardde laColombie,puis du Mexique.Len-lvementde laFranco-Colombien-neIngridBetancourtpar lagu-rilla desForcesarmesrvolution-nairesde Colombie (FARC,extr-megauche),en2002,avaitprovo-quun sursautdesolidaritaveclanciennecandidatedes Vertslaprsidencede laColombie.Descomits de soutienstaientfor-ms.Le premierministre Domini-quede Villepin,qui lavait connueParis,a mmelancune piteusequipedes services pourlarcupreren Amazoniebrsilien-ne,au risquede froisserBrasilia.LElyse,Matignon,le QuaidOr-saysont restsmobiliss pendantdesannes.

    De sonct, Bogotaregrettaitlabetancourisation desrelations

    bilatrales.Toute ladiplomatiedelaFrance en directionde lAmri-que latinetaitsubordonneauseulobjectifdobtenirla libra-tionde lotage, quitte prendrelangueaveclesFARCet envisa-gerleur reconnaissance commebelligrants.

    Lednouement de laffaire,en2008,a montrque Parisavaittoutfaux : cestlarmecolom-bienne,sur ordredu prsidentAlvaroUribe,qui a finalementlibrIngridBetancourt etdautresotages,sains et saufs.

    Entretien lElyseDesprochesde Florence Cassez

    et lavocatfranaisFrankBertonse sontinspirsdu prcdentcolombienpour politiserlaffairede laFranaiseemprisonne auMexique,mme sicela pouvaitparatreparadoxal: en effet,IngridBetancourttait victime

    dunenlvementtransformenprise dotage politique,tandisqueFlorence Casseztaitinculpedekidnapping crapuleux.

    Malgrcesdiffrences,lesamisdela Lilloiseont mobilisdes luslocauxet rgionaux,sensibilislopinion travers Internetet fina-lementdcrochun entretienlElyse.NicolasSarkozy,alorsquiltaitministrede lintrieur,avaitassisten premireligne,pendantun dplacement Bogo-ta,aupataqusamazoniendesonrivalDominiquede Villepin.Celane meseraitjamaisarriv,confiait-il sonentourage.

    Pourtant,M. Sarkozy faitde laf-faireCassezune causenationale,aupointde compromettreles rela-tionsavec ladeuxime puissancemergente dAmriquelatine.Ddierles manifestations de lAn-neduMexiqueenFranceFlo-renceCasseztait une provoca-

    tion quia annuldesmanifesta-tionsculturelles prparesde lon-guedate.Prendre partie leSnatlorsdune visitedEtat Mexicotaitune ingrencequi a prolon-gla dtentionde laFranaise.

    Pourquelapagedesimprovisa-tionset maladressespuissetretourne,ila fallula doublealter-nance, Parisavec FranoisHol-lande,et Mexico,avecle prsi-dentEnrique PeaNieto. Larela-tionbilatrale,dsormaisapaise,a favoris uneissue positive,mmesilederniermotrevenaitlaCoursuprmedu Mexique.

    Samedi26et dimanche 27jan-vier,le premier ministre,Jean-MarcAyrault,doitreprsenterlaFranceau sommetUnioneuro-penne-Amriquelatine, Santia-godu Chili.Uneoccasion demon-trerque ladiplomatiene selimitepasauxcoupsdementon.p

    PauloA.Paranagua

    Quandladiplomatiefranaiseestpriseenotage

    Dansune allocution, leprsi-

    dentFranois Hollandea rendu

    hommage,mercredi23 janvier

    toutescelleset tousceux()

    quiont tauprsde Florence

    pendanttoutes cesannes,quiontlutt leurniveau pourque

    cette dcisionde laCour supr-

    mepuisseun jour intervenir.

    Aujourdhui,nous pouvonsdire

    quentrela France etle Mexique,

    nous avons lesmeilleuresrela-

    tionsquilsoit possibledta-

    blir, a poursuiviM. Hollande.

    Je veuxenfindirequetous

    ceuxqui sebattentpartoutpourlalibrationde noscompatriotes

    peuventtreencourags par cet-

    tedcision. Florence,voustes

    labienvenuedansvotrepays.

    Florence,vous tesla bienvenuedansvotrepays

    Degauche droite:lejugeJorgeMarioPardoRebolledoannoncela librationdeFlorenceCassez,le 23janvier.DRFranckBerton(aucentre),et Agustin

    Acosta( droite), lesavocatsdela dfense.HENRYROMERO/REUTERS

    Florence Cassezquittela prison,dansla soire.CHRISTIANPALMA/AP;

    ALFREDOESTRELLA/AFP

    DespoliciersfdrauxgardentlaroportdeMexico.HENRYROMERO/REUTERS

    Le30novembre2010,laconfrence

    piscopaleduMexiqueannoncelabsolueinnocence

    delajeunefemme

    UnlongfeuilletonjudiciaireetpolitiqueLaffaireCassezadivislopinionmexicaine,excdeparle flaudesenlvementscrapuleuxet lamontedesviolences

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    OSP- CESSATIONS DEGARANTIE

    COMMUNIQUE - 101687En application de larticle R.211-33du livreII ducodedu tourisme,

    LASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

    dont le sige est situ : 15, ave-nue Carnot - 75017 PARIS, an-nonce quelle cesse daccorder sagarantie :

    OFFICE DE TOURISMEDE LA CHAISE DIEU

    IMMATRICULATION :IM 043 10 0012ASSOCIATION

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    Lassociation prcise que la cessa-tion de sa garantie prend effet 3jours suivant la publication de cetavis et quun dlai de 3 mois estouvert aux clients pour produireles crances.

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    Sige social :5, place de la Libration

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    92 avenue Edouard Millaud,69290 CRAPONNE

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    Rsistance, 93100 MONTREUIL

    Succursale garantie : 248, rue de

    Paris, 93100 MONTREUIL

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    international

    Lepremierministrebritannique, David Cameron, lors desondiscours le23 janvier, Londres. MATTDUNHAM/AP

    LondresCorrespondant

    Le discours sur lEurope pro-

    nonc par David Cameron,mercredi 23janvier Lon-

    dres,est historique deux gards.Pour la premire fois depuis laconsultation de 1975, un premierministre britannique promet unrfrendum sur le maintien duRoyaume-Uni au sein de lUnioneuropenne (UE). Et en senga-geant organiser ce scrutin dici la fin 2017, aprs la ngociationdun nouvel accord avec les parte-naires, lhte du 10DowningStreetsacrifiele principalpilierdela diplomatie doutre-Manche surlautelde lapolitiqueintrieure.

    Le timing de cette interventionest surprenant. Aucune chancelectorale ne pointe lhorizon.Les lections europennes aurontlieu en 2014. Le scrutin gnralaura lieu au plustard lami-2015.Legouvernementdecoalitiontory-libral-dmocrateest certesimpo-pulaire et divis, mais suffisam-ment solide pour terminer sonmandat de cinqans. Si, dans lessondages, le Parti travaillistedevance les conservateurs, sonchef,Ed Miliband,a du mal sim-poserdans lopinion.

    Parailleurs, croire linstitutdesondage Ipsos Mori, la construc-tioneuropennenevientquausei-

    zime rang des proccupationsdes Britanniques, domines parlconomieet lemploi.Seulement5 % des personnes interrogesconsidrent cette question com-

    me prioritaire, moiti moinsquen2005, quandCameron avaittlulattedeladroite.

    A couter Ian Birrell, ancienneplume du premier ministreaujourdhui chroniqueur autablod europhobe Daily Mail,par temprament, David Came-ron se passerait bien de parler delEurope, mais il a voulu une fois

    pour toutes crever labcs dunequestion qui obsde son parti

    depuisvingtans.Enoffrantcerf-rendum son aile ultra, il esprepouvoirse concentrersur les rfor-mesfondamentales, lasant, lco-le, les retraites, pour obtenir un

    deuximemandat.Autre motif, le Parti conserva-

    teuravirversladroite,tandisquele gouvernement, en coalitionavecdes libraux-dmocratestrseurophiles,estpluttaucentre.Orles dputsconservateurs de basesinquitent de la monte specta-culaire du Partide lindpendancebritannique(UKIP).Ledernierson-dage Ipsos Mori publi le 16jan-vieraccordecetteformationpro-

    testataire,qui milite pourune sor-tie de lUE, 9% des intentions devotecontre30% auxtories.

    Ce parti, qui mord sur llecto-rattraditionneldela droitedans le

    paysprofond,peutfairela diffren-ce entrevictoire et dfaite danslescirconscriptions marginales lorsduscrutin gnral, souligne JohnCurtice, politologue de luniversi-t du Strathclyde. Mme si, lchelle nationale, lUKIP souffredu mode de scrutin uninominal un tourqui renforce le bipartismetory-Labour,sapercenepeutquecompliquerla qutedune majori-t absolue conservatrice lissue

    du prochain scrutin.Dautant quele dcoupage lectoral est dfavo-rableaux tories.

    En outre, cette concurrenceempche David Cameron de pren-dretotalementlamesuredelafonc-tion de premier ministre, estimeSimon Atkinson, directeur dIpsosMori:Il est populaire titre per-sonnel,maisil nest gure convain-cantsur leplan politique, linversedeThatcheroudeBlair.

    DavidCameronestsouventpr-sent comme lhritier dHaroldMacmillan, le premier ministreconservateur,dbonnaire, consen-suelet charmeur,aux commandesentre1957 et 1963. Pour Ian Birrell,cette comparaison avec le chef dugouvernement dont la demandedadhsion la Communaut co-nomiqueeuropenneavaittreje-tepardeGaulleen1963esttrom-peuse.

    Notre interlocuteur affirmeque lactuel locatairede NumberTenest lepluseurosceptiquedespremiers ministres en postedepuis ladhsion en 1973, Marga-ret Thatcher comprise. DavidCameronestulcrparle poidsdesdirectives communautaires. Ilapparat sesinterlocuteurseuro-

    penssans asprit,sans agressivi-t.Maisilna jamaist touchparlagrceeuropenne

    Quesepassera-t-ilsilUE,enpar-ticulier laxe franco-allemand,nentendpas se remettre lheuredeBigBen?DavidCameronestres-tvaguesurlaquestion.Ilsestbor-n affirmer sa volont de ngo-cier un nouvel accord avec lUEcentrsur lemarchunique quisera soumis rfrendum. Il napas prcis les exemptions rcla-mes mme si les domaines derapatriement de comptencesocial,pche,justiceapparais-senten filigrane.

    Je nesuispasun isolationniste.Je ne veux pas juste un meilleuraccordpour laGrande-Bretagne.Jeveuxun meilleuraccordpourlEu-ropeaussi,a-t-ildit,enrptantlenvisonsouhaitde voirson paysrester dans lUnion europenne.

    DavidCameronaaussirendunom-mment hommage ses allis ausein de lUE, commencer parlAllemagne. Il a cart le scnariocher aux europhobes tory de seretrouver dans la mme situationque la Norvge et la Suisse et areconnu limportance du main-tien du Royaume-Uni dans lUEaux yeux des Etats-Unis, de laChineou delInde.p

    MarcRoche

    LetournanteuropendeDavidCameronLepremierministrebritanniqueprometunrfrendumsur lemaintienounonduRoyaume-UnidanslUE

    FranoisHollandeprvient:LEuropedoitseprendretellequelleest

    Rester auseinde lUE ouensortir compltement

    BruxellesBureaueuropen

    Unaccueiltrsrserv,etpeu deconcessionssurle fond:lesEuro-pensnontt nirassurs,niconvaincus,parle discoursdu pre-mierministrebritannique,DavidCameron,et sesontempresssdemettreen gardecontreune Euro-

    pe la carte. Vudescapitaleseuropennes,le dirigeantconser-vateura surtoutcherch gagnerdutemps,en promettantun rf-rendumsur lappartenancedesonpays lUnion europenne,encasde secondmandatet aprsune redfinitiondes liensentreBruxelleset Londres.Mais person-nenestvraimentprtrengo-cierla placede la Grande-Breta-gneau seindes Vingt-Sept, lheu-reo lazoneeuroavance aucontrairevers plusdintgration.

    AngelaMerkelet FranoisHol-landese sontappliqus vitertoutconflitouvert, sanspourautantaccepterla perspectivedundivorce lamiable.La chan-celire allemandesest ditenatu-rellementprte discuterdessou-haitsbritanniques touten insis-tantsur lancessitdun com-

    promisloyal . Le prsidentfran-aissestmontr plusintransi-geant: LEurope,elledoit sepren-dretellequelleest.On peutlafairevoluerdemain,maison nepeut

    paslabaisser, la diminuer,sous

    prtextede proposerdy rester.Mmeles allistraditionnelsdeLondresontpris leursdistances.

    MarkRutte,le premier ministrenerlandais,pourtantfavorableauretour de certainspouvoirslchelonnational,sestdmar-qudu dirigeantbritanniqueenmettanten causela multiplica-tiondes drogations rclamesparce dernier.

    NgociationsbudgtairesA Bruxelles,linquitudeest

    toutaussiforte,mmesi JosManuelBarrosoou HermanVanRompuyont gardun silenceembarrass.MichelBarnier,lecommissairechargdumarchintrieuret desservicesfinan-ciers,souvent en premirelignefaceaux demandesbritanniques,avertit: On peutcomprendrelesoucide changerles traits,maiscestpour renforcerlEurope pas

    pourlaffaiblir.

    Avantla perspectiveencorelointainedun rfrendum,plu-sieurstestsse profilentpour Lon-dres.Dabord,lesngociationsbudgtaires,avecun Conseileuro-pencrucial, les7 et8 fvrier.Fran-ceet Allemagneont entreprisderapprocherleurspoints de vuepourforgerun compromis.MaisDavidCameronse batpourdfen-drele rabais britannique,et rdui-reau maximumlesdpensescommunautaires.

    Autresujet de tensions rcur-rentes,lesliens entrela Grande-Bretagneet lazone euro.Le Royau-

    me-Unicraintquuneintgrationpluspousseentre paysde leurone dfavorisela City,au dtri-mentde lintgritdu march uni-que,lune desralisationsmajeu-resdes Europenssur laquelleLondresvoudrait voirlEuropeserecentrer.

    Enfin,la cooprationjudiciaireetpolicire.Le 15octobre,le gou-vernementbritanniqueannon-aitson intentionduserdesaclausedexemption(opt-out)pour130 mesuresinclusesdansletrait de Lisbonne.Et en premierlieule mandatdarrteuropen,quipermet dacclrerles proc-duresdexpulsion de dlinquantsprsumsvers un autreEtatmem-bre.Londresannonaitvouloirrevenirensuiteaucas parcasdansdes domaines relevant,selonle gouvernementCameron,de lintrtnational.

    Ladcision adepuistvive-mentcritiquepar despoliciersetdesmagistratsbritanniquesquiontestim quellemettraitenprilla luttecontrele terrorismeet desformes de grandecriminali-t.La commissaireeuropennelajustice,VivianeReding, lavait,elle,qualifiede sotte et souli-gnses dangers.p

    PhilippeRicard,

    avecJean-PierreStroobants

    DavidCameronaaffirmsavolont

    dengocierunnouvel

    accordaveclUEcentrsurlemarchunique

    Dansun discoursprononcmer-credi23 janvierLondres, lepre-

    mierministrebritannique,David

    Cameron,a promis,silestrlu

    auxlectionsqui aurontlieuau

    plustard en2015, dorganiser

    dici 2017unrfrendumsur

    lappartenanceduRoyaume-Uni

    lUnioneuropenne (UE).

    Quandnousauronsngoci un

    nouvelaccord[surles relations

    duRoyaume-Uniavec lUE],nous

    offrironsauxBritanniquesunrf-

    rendumavec unchoixtrs sim-

    ple: resterau seinde lUEsur cet-

    tenouvellebase ouen sortircom-

    pltement.Ce seraun rfren-

    dumsur lappartenanceou non

    lUE. ()Sinousnerpondons

    pasaux dfis,le dangerestque

    lEurope choue etque lesBritan-

    niquesdriventvers lasortie.

    4 0123Vendredi25 janvier2013

  • 7/24/2019 20130125_QUO

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    international

    ASvar,auMali,le 22janvier,le bras dune victimedexactions prsumesde larmemaliennedcouvertdans unterrainvague duquartierde Miliionkin.SYLVAINCHERKAOUI/COSMOSPOUR LE MONDE

    P rincipale force politique dunouveaumonde arabe,celuiqui a t remodel par lesrvolutions de lanne 2011, lemouvement des Frres musul-mans a ragi en ordre relative-ment dispers lopration fran-aiseauMali.Silamaisonmredela confrrie, fonde en Egypte lafin des annes1920, a critiqucet-te intervention militaire,les diff-rentesbranches de cette organisa-tiontransnationale,nont pastou-tesragi lunisson.

    Au-del dun rflexe de dfian-celgarddecequilsvoientcom-me une nouvelle intrusion occi-

    dentaleenterremusulmaneatti-tudefaciliteparlefaitquelasitua-tionauNord-Maliestsouventmalconnue les nouveaux pouvoirsdoivent composer avec leur opi-nionpubliqueetleursintrtsgo-politiques,parfois divergents.

    Jeudi 17janvier, dans un com-muniqudelUnioninternationa-le des oulmas, quil prside, lesheikh gyptien Youssef Al-Qara-dawi, considr comme le guidespirituel de fait de la confrrie,avait jug lentre en action dessoldatsfranaisprcipite.Cl-bre dans tout le monde musul-manpourlmissionLachariaetla vie, sur la chane qatarieAl-Jazira, ce prdicateur staitmudesconsquencesdangereu-ses delopration,avantdexhor-ter les parties rgler la crise parledialogue.

    Quatre jours plus tard, le prsi-dent gyptien Mohamed Morsi,haut dirigeant de la confrrie,stait son tour dit hostile audploiementdesforcesfranaises.Celavaattiserleconflitdanscettergion, avait-il dclar.Linterven-tion doit tre pacifique et () des

    fondsdoivent tre investis dans ledveloppement.

    M.Morsisestdautantplusfaci-lementralliauxvuesdutlcora-niste dAl-Jazira, que ses rivaux

    salafistes tentent de mobiliser laruecontreloprationServal.Le18janvier, plusieurs dizaines deradicauxmusulmansavaientpro-test devant lambassade de Fran-ce auCaire, stigmatisant ce quilsvoient comme une interventioncoloniale. A quelques moisdlectionslgislativesetalorsquelexercice du pouvoir entamelaura de son parti, le prsidentMorsi se devait doccuper le ter-rain, mme si la question malien-ne reste trs secondaire dans lesproccupationsdes Egyptiens.

    Le Qatar, qui hberge le cheikhQaradawietdontlesaffinitsavec

    les Frres musulmans sont notoi-res,sestluiaussidissocidelinter-ventiontricolore. Je nepensepasque la force rglera le problme ,avait dclar le premier m inistre

    de cet opulent mirat, le cheikhHamad Ben Jassem Al-Thani, quiavait propos de contribuer unemissiondemdiation.

    Ce positionnement en ruptureavecParis,avecquiDohaentretientpourtant des lienstrs troits,tantdiplomatiques quconomiques, aaussitt relanc les spculationssur un financement des islamistesduNord-Malipar leQatar.Des all-gationsformulesnotammentpar

    Le Canard enchan, qui dans unarticle du mois de juin 2012 citaitune source au sein des renseigne-ments militaires franais.

    En critiquant lattaque franai-se,leQatartrahirait-ilsesprfren-ces? La thse ne convainc pas lechercheur Nabil Ennasri, bon

    c on na is se ur d e l a g az o-monarchie.Outrelefaitquelacol-lusion entre Doha et les insurgsdu Nord-Mali na jamais t for-mellementtablieetquelaFrancea toujours rejet ces imputations,il estime que le Qatar na guredintrt remettre en cause sarelationavecParispour uneques-tion priphrique. Le souci de

    Doha, cest de ne pas appara trecomme le suppltif dune opra-tion taxe de coloniale, dit-il.Lesdirigeants qataris se sont beau-coupmouillsdanslaffairelibyen-ne et syrienne. Ils jugent plus pru-dentsderevenirleurpostureorigi-

    nellede mdiateur.EnTunisie,dirigeparlemouve-

    mentEnnahda,unpigonedesFr-res musulmans,le calcul est diff-rent. Mme si la population, sur-tout dans les milieux salafistes,voitdunmauvaisilledbarque-ment des troupes franaises, lepouvoir, aprs un temps dhsita-tion, a ditcomprendrela dci-sion de Paris. La peur de la conta-gionislamisteetlesoucidenepasendommager la relation avecParisont assurment jou.

    La Libye, o les Frres musul-mansconstituentladeuximefor-ce politique, a elle aussi apportsonsoutien lopration Serval.Selonune sourcemilitairefranai-se,des forcesde scurit libyennesauraient mme arrt des l-mentsislamistes,quifaisaientrou-te vers le Mali. Une attitude moti-veparlhostilitcommunedeTri-polietBamakolgarddesreven-dications touaregs et par le soucide reprise en main scuritaire,aprslattaquedjihadiste contreleconsulatamricainde Benghazi.

    Selon le chercheur Jean-PierreFiliu, ces ractions divergentesconfirmentlanationalisationdu

    politiquedansla priodepost-rvo-lutionnaire. Dsormais, lopinion

    publiquepse. pBenjaminBarthe

    LagalaxiedesFrresmusulmans

    divisesur loprationfranaiseauMaliSilEgypteestcritique, laTunisieditcomprendre ladcisiondeParis

    Svar(Mali)Envoy spcial

    C est un grand terrain vague,qui sert toutes sortes dechoses la fois, tout prs ducentre de Svar. En bordure, desportesdecampsmilitaires.Aucen-tredeWallird(quisignifiedpo-toir, en langue peule), se trouve,en effet, une dcharge, mais aussiun cimetire, des constructionsqui poussent au petit bonheur etdespuits.

    Sur les rebords de lun dentreeux, des traces de sang.En bas, unmonticule de terre qui ne permetpasdedistingueraveccertitudecequi sy trouve. Mais tous les pas-sants, tous les voisins sont unani-mes: cest au bord de cette fosseimprovise que des hommes ontt excuts, avant dy tre jets.Un par ici, deux autres par l, lacomptabilit est difficile effec-tuer. Mais cest le secret le moinsbiengarddetoutSvar.

    Un jeune homme qui passe enmotosarrtepourfournirplusdedtails,unriverainvousguidejus-qu un autre puits prs duquelflotte une odeur de dcomposi-tion, un autre voisin fait le rcit:Ctait il y a six jours[ peu prsaumomentolesrebellesislamis-tes prenaient la ville voisine deKonna et menaaient Svar].Onaentendupan!pan!pan!etonavu que des militaires jetaient uncorpsdansce puits.

    Plus loin entre les herbes folles,lesdtritusdiversetlessacsenplas-

    tique, deux autres puits sont bou-chsavec de laterrequi a tame-

    netoutrcemment.Plusieursvoi-sins affirment que ce rebouchagehtif est luvre du propritairedes puits, et pas de larme, avecpour seule proccupation la salu-britdeslieux.Personnenesouhai-te donner son nom. Il habite, luiaussi, dans le voisinage immdiat,maisredoutedtreidentifi.

    ExcutionssommairesLe quartier est la fois proche

    du minuscule centre de Svar ettoutdesuitelapriphrie.Justect se trouve la gare routire, unsite de dplacs du nord du pays.Et des camps militaires. Lun delarmede terre,lautre delarmede lair. A proximitde ce dernier,un corps se dcompose sous unefine couche de terre. Que sest-ilpass? A nouveau, les voisinsdcrivent une scne dexcutionpar des hommes en uniforme. Auphotographe duMondequi a prisun clich de ce corps, un officiermalien dira: Mais quest-ce quetucrois quon faitavec lessuspectsquonchope?Onleszigouille!

    LessuspectsSvarsont,pourcommencer, les personnes soup-onnes de soutenir les rebellesislamistes, de faire partie dun deleurs groupes en voie dinfiltra-tion ou dtre un de leurs espions.Selon les rsultats dune enqutede fond ralise par une journa-liste de lExpress, des excutionssommaires ont eu lieu au coursdes mois couls. Des fosses com-

    munespourraientsetrouveraussiaux alentours de la ville, dans des

    zones qui sont rendues inaccessi-blesauxjournalistespardesbarra-gesdesforcesdescurit.

    Svar a vcu, depuis la percede la rbell ion touareg, enavril2012, suivie par la prise decontrle du nord par des mouve-ments arms proches dAl-Qaidaau Maghreb islamique, dans lapeur dune attaque. Cest aussidans cette ville, qui fait partieadministrativement de Mopti,que se trouvent les bases de lar-memalienneoseprparelop-ration de reconqute de la partienorddupays. p

    Jean-PhilippeRmy

    ASvar,larmemaliennezigouilledessuspectsLestmoignagessemultiplientsurlexcutiondislamistesprsums

    Lestats-majorsdesforcesausolpiedduvre

    Lesdirigeantsarabesdoiventcomposeravecleuropinionpubliqueetleurs

    intrtsgopolitiques,parfoisdivergents

    DNORMESQUANTITSdarme-mentetdeblinds,dontdescanonslongueporte,sontpartisdeToulonpourlethtremalien,mercredi23janvier,bordduDix-mude, btiment porte-hlicopt-resetdecommandement.LaFran-ceachvedinstalleruntrspuis-santdispositifmilitaireauMali,appeldpasserles3000hom-mesausol.Soixantevolsdegrosporteursontdjtralisspourprojetercesforces.Cesdeuxder-niersjours,cettemiseenplacesestacclre,tandisquedescoupssrieuxtaient,selonlessourcesmilitaires,portscontreAQMI Tombouctou.

    Larmefranaiseaannoncqueles tats-majorsdes forcesintervenantau Maliprenaientpla-ce.Dabord100militairesfranais,souslaconduitedu gnralGrgoi-redeSaintQuentin,tat-majordebrigade bas Dakaret Bamako.Ilcoiffela partieterrestrede lopra-tionServaletsonvoletarien(diri-gNDjamena,pourdesavionsbassauTchad,auSngal,enCtedIvoire).Ensuiteltat-majordela forceafricaine,la MISMA,80officiersetmilitairesdehuitpays,basAbidjansouslautoritdugnralnigrianShehuAbdulk-adir.Mercredi,1500soldatsafri-cainstaientpiedduvre

    Bamako,Markala(olesBurkina-bsrelventlesFranais)etNia-mey(Nigrienset Tchadiens).

    Sens desresponsabilitsLtat-majormalien, Bamako,

    estdirigparlegnralmajorIbra-himaDembl.Enfin,celuidelamission europenneEUTM Mali,quiseralanceBruxellesle12fvrierafinde formerquelque5000 soldatsmaliens,seratenuparlegnralfranaisFranoisLecointre.AucunQGsupranecoifferacet ensemble.Parisa prci-squune coordinationadhocseratablieavec lesTchadiens,quinefontpaspartiedelaCdao.

    Faceauxaccusationsdexactionsdelarmemalienne,Parisa faitpartmercredisoirdesa proccu-pationBamako.Ladfenseindi-quenavoir aucunindicece

    jour. La Francecomptesurlesensdes responsabilitsdes cadresdelarmemaliennepourvitertouteexaction ,avaitdclarplustt,sur France24,Jean-YvesLeDrian,le ministre dela dfense.Ilyadesrisques.Jeledispouraujourdhui,maisjele disaussi

    pourdemain, parceque les Toua-reg,saufceuxquise sontlaisssembrigaderpar des groupesterro-ristes ()sontnos amis. p

    NathalieGuibert

    50123Vendredi25 janvier2013

  • 7/24/2019 20130125_QUO

    6/28

    Deschercheurssurveillentlaqualit deseauxde larchipelduSpitzberg. XAVIERCERVERA/PANOS/RA

    Tromso(Norvge)Envoyspcial

    L oin des yeux de tous, larchi-pel du Spitzberg, mi-che-min entre le cap Nord et leple Nord, est en train de devenirunenouvellezonedebagarreinter-nationale sur fond dexplorationptrolireet dedroitsde pche.Lesujet anime largement les dbatsde la confrence Artic Frontiers,qui se tient toute la semaine Tromso, en Norvge, jusquau25janvier.

    LetraitdeParisde1920aaccor-d Oslo la souverainet de ceta rch ipel peupl d pein e3000habitants, etqui couvre unesurface quivalente la rgionCentre franaise. Sa richesseconsiste en sa zone maritime de800000km2,richeenpoissonset,croit-on,en hydrocarbures encoreinexploits.

    Un trsor potentielauquel plu-sieurs pays dont le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Russie nentendent pas renoncer, prts se lancer dans une rude bataillejuridique.

    En contrepartie de sa souverai-net sur le Spitzberg, la Norvgeesten effettenuedaccorder tou-tes les parties au trait de Paris une quarantaine dEtats, dont laFranceunegalitdetraitementconcernant la pche et lexploita-tiondetouteentrepriseindustriel-le, maritime, commerciale danslensembledelarchipeletdansseseaux territoriales (jusqu 12 mil-lesmarinsdesctes).

    Le texte international prvoitaussiquelesimptsperusnesontdestinscouvrirquelesdpensesdadministration du seul Spitz-

    berg.Lataxationyestdonctrsbas-se et le resterait pour les activitsptrolires, face aux 78% de taxesprleves par lEtat norvgien surles bnfices des compagnies acti-vesenmerduNord.

    Une manne que les Norvgiensnepeuventsersoudreabandon-ner. Ils considrent donc que lesdroits des autres pays signatairesdu trait de 1920 ne sappliquentpasdanslazoneconomiqueexclu-sive (ZEE) jusqu 200 millesmarins des ctes , mais unique-mentsur lesactivitsterrestresduSpitzbergetdanslazonedes12mil-les,invoquantlefaitqueleconceptdeZEEnexistaitpasen1920.

    La dmarche dOslo nest guresoutenue.LaNorvgeatentdob-tenir laide dautres nations, maisen vain jusqu prsent, constateGeir Ulfstein, professeur de droit

    international luniversitdOslo,prsentArcticFrontiers.Laques-

    tiondu Spitzberg, prcise-t-il,cestcomme un lphant dans unmagasindeporcelaine.LesBritan-niquessont entout cas les plusenpointe pour contrer loffensivenorvgienne, arguantque le traitdeParisdevaitvaloirsurlaZEE.

    La bataille du Spitzberg relanceles rivalits dans le Grand Nordalors que la hache de guerre sem-blaitavoirt(unpeu)enterre.

    Aprs le branle-bas provoqupar lexpdition russe qui taitalle,en 2007,planter un drapeausous le ple Nord, les pays rive-rains de locan Arctique (Canada,Danemarkvia le Groenland, Etats-Unis, Norvge et Russie) staientdcids,ds2008,rglerleursdif-frends par la voie de la ngocia-tion, afin dviter toute ingrencedansleurclub trs ferm.Avec un

    certainsuccs.RunisauseinduConseilArcti-

    que un forum informel dotdepuis2013dunsecrtariatinstal-l Tromso ces cinq pays, aux-quelssajoutentlaFinlande,lIslan-de et la Sude, semblaient vouloircalmerlejeu.

    Preuve de ce nouvel esprit, laNorvgeetlaRussiesesontmmemises daccord en 2010 pour dli-miter, aprs quarante ans de dis-cussions acharnes, leur frontire

    maritime en mer de Barents, bor-dantles eauxduSpitzberg.

    Entreen vigueuren 2011, cettenouvelle ligne a permis aux com-pagniesptroliresdepartirexplo-rer la zone frontalire jusque-lconteste. Du coup, elles lorgnentaussi sur les eaux du Spitzberg.DestlgrammesrvlsparWiki-leaksen2011avaientdvoillint-rtdesEtats-Unispour lesujet.

    Le jour o la Norvge dcideradouvrir les eaux du Spitzberg lexplorationptrolire,nuldoutequela bataille juridique commen-cera, car les enjeux conomiquessontloin dtrengligeables.

    Le rchauffement climatiqueprovoque en effetun dplacementde stocks importants de poissonsvers ces eaux nordiques, notam-ment de la morue de lAtlantique.Mais une dispute sur le ptrole

    pourrait avoir des consquencesnfastessurla gestiondes droitsde

    pche qui fonctionne jusqu pr-sent relativement bien, en dpit decertains incidents,estime le pro-fesseurUlfstein.

    AParis,pourlemoment,ontem-porise, rappelant qu ce jouraucun Etat na sollicit la rvisiondutraitdeParis.Etquaucunautretexteinternationalnentreendisso-nanceavecses dispositions.

    Lune des alternatives envisa-ge parle professeurUlfsteinravitentoutcaslesdfenseursdelenvi-ronnementen Arctique: imaginerun Spitzberg sans exploration

    ptrolire.pOlivierTruc

    international plante

    NewDelhiCorrespondantrgional

    P armi les menaces qui psentsurlascuritdelInde,leter-rorisme hindou dextrmedroite doit-il tre pris au srieux?Le ministre de lintrieur indien,Sushil Kumar Shinde, le croit, et ilvientdelefairesavoirdunemani-requi enflammela polmique.

    Lopposition du Bharatiya Jana-ta Party (BJP) droite nationalistehindoue a vivement ragi aprslespropos tenus,dimanche 20jan-vier, par M.Shinde accusant le BJPet le Rashtriya Swayamsevak San-

    gh(RSS)lamaisonmredunatio-nalismehindoudepromouvoirleterrorisme hindou traversleurs camps dentranement. LeBJP a appel des manifestationsde rue partir de jeudi 24janvierafin dobtenir la dmission duministre.

    Dans sa dclaration, faite lorsdunerunionduPartiduCongrs(centre-gauche) au pouvoir

    NewDelhi,M.Shindeacitce ter-rorisme hindou dansunelistedemenaces scuritaires compre-nantgalementles infiltrationsde groupes arms au Cachemire partir du Pakistan, les insurrec-tions ethniques du nord-est dupays (peupl de m inorits tibto-birmanes) et lextrme gauchemaoste prosprant sur lalina-tion des populations tribales ducentrede lInde.

    Si lexistence de groupesarmsserclamantdelidologiedel hin-dutva ( lhindouit) nest nieparpersonneen Inde, lefaitde lesassocier formellement des orga-nisationslgalesayantpignon surrue, tels le BJP et le RSS, est haute-mentsensible.En outre,M. Shindea embarrass jusqu ses propresamis en accolant ladjectif hin-dou au mot terrorisme. Un

    porte-paroleduPartiduCongrsalgrementprissesdistancesavecles propos du ministre de lint-rieur en soulignant que leterro-rismenestli aucunereligion.

    Au sein du Parti du Congrs,dautres personnalits ont toute-fois pris la dfense de M.Shinde,quinefaitleursyeuxqunonceruneralitdjtabliepardespro-cdures judiciaires en cours. Lesaffairesauxquellesfaisaitrfren-celeministreconcernentunelon-gue srie dattentats perptrs MalegaondanslEtatduMaharash-

    trale8septembre2006(37morts),dansle train Samjhauta-Express PanipatdanslEtat delHaryanale18fvrier2007(68morts), Hyde-rabad dans lEtat de lAndhra Pra-desh le 18mai 2007 (14 morts), Ajmer dans lEtat du Rajasthan le11octobre 2007 (troismorts), puis nouveau Malegaon le 29sep-tembre 2008 (7morts). Tous cesattentats avaient t initialementimputs par la police des grou-pesdjihadistes,entranantdemul-tiples arrestations de jeunesmusulmans.

    Or, les diverses enqutes ontfinipardvoilerque lesauteursetinspirateurs de cette vague de ter-reurvenaientenfaitdelamouvan-ce nationaliste hindoue. Parmieux figurent un chef religieux duGujerat,SwamiAseemanand quiprchait la stratgie de bombepour bombe en reprsailles auxattentats djihadistes antrieurs ,ou un lieutenant-colonel de lar-me, Shikrant Purohit, parrain dugroupe ultranationaliste AbhinavBharat.SelonlaNationalInvestiga-tion Agency (NIA), lquivalentindien du FBI amricain, aumoinsdixdesinculpsdanscettesrie dattentatssont associs unniveauou unautre auRSS,lamatricedumouvementnationa-listehindou.LeBJP,quiadiriglIn-deentre1998et2004,estunema-nationdu RSS.

    Les propos de M. Shinde sont

    dautantplusexplosifsquilslex-posent laccusation defaire lejeu du Pakistan, critique dj aucurdelariposteduBJP.LePakis-tan a en effet toujours cherch escamoter sa responsabilit dansdes flambesterroristes affectantlInde,notammentlesassautsdji-hadistes sur Bombay en novem-bre2008 (166 morts), en pointantlexistence parallle dun terro-rismehindou.

    Hafiz Saeed, le chef du Lash-kar-etaiba(LeT),groupeextrmis-te pakistanais mis en cause danslattaque de Bombay, ne sest paspriv de tirer aussitt parti desdclarations de M.Shinde. DeL a ho re, o l e L eT es t b a s ,M.Saeedaappellacommunautinternationale qualifier lIndedEtat soutenantle terrorisme.

    Cette violente controverse sur-

    vient un moment o les rela-tions entre lInde et le Pakistansont nouveau entres en crisedbut janvier, la suite dchan-ges de coups de feu le long de lafrontirecontesteduCachemire,qui ont cot la vie trois soldatspakistanais et deux soldatsindiens. Ce coup de froid marqueun arrt brutal du processus depaix pniblement redmarr en2011 aprs les trois annes de gla-ciationayantsuivilesattentatsdeBombay.p

    FrdricBobin

    Lazonemaritime,quistendsur

    800000km2,richeenpoissons,leseraitaussi

    enhydrocarburesinexploits

    Londresveutdesrglesaminimapourleptroleoffshore

    Ladroitenationalistehindoueaappel

    desmanifestationspourobtenir

    ladmissionduministredelintrieur

    Lextrmedroiteindienneaccusedesoutenirle

    terrorismehindouLesdclarationsduministrede lintrieursuscitentlapolmiqueau seindelopposition

    CoreduNord

    LergimedePyongyangditvouloirprocderunessainuclaireSOUL.LaCoredu Norda annonc,jeudi 24janvier,sonintentiondeprocder unnouvelessainuclaireen signe dedfiaux Etats-Unis,son ennemijur,et enrponseauxsanctionslargiesdelONUaprslelancementdunefuseconsidrepar Washingtoncommeun missi-le balistique.La Commissionde dfensenationale,dansun messagedif-fuspar lagenceofficiellenord-corenneKCNA, a assurque les diff-rendsavecles Etats-Unisse rglentpar laforce,pas parles mots.Ce texte,intitul Engagerune confrontationtotale pour sauvegarderlasouverainetdelanationetdupeuple,necontientaucuneindica-tionquantla date laquelle cetessaipourraittreeffectu.La CoreduSuda profondmentregrettlannoncenord-corenne.En visiteSoul,lenvoyspcialamricain pourlaCoredu Nord,Glyn Davies,aestimquun essainuclaire seraituneerreuret uneoccasion rate.

    (AFP.) p

    Limites des juridictions desEtats (ligne des 200 millesmarins)

    DANEMARK

    RUSSIE

    RUSSIE

    NORVGESUDE

    FINLANDE

    GROENLAND

    Ple Nord

    SOURCE :ATLASGOPOLITIQUEDESESPACESMARITIMES,D.ORTOLLANDETJP.PIRAT,TECHNIP,2010

    Mer de

    Kara

    Mer de

    Barents

    Cerclepolaire arctique

    Spitzberg

    Zone concerne par le litigeentre la Norvge et la Russie(rsolu en 2011)

    Nouvelle frontiremettant fin au litige

    EnArctique,larchipelduSpiztbergattiselesconvoitisesinternationalesLaNorvgeseraitprte lancerunebataillejuridiquepour lexploitationdeseauxdesonterritoire

    LondresCorrespondance

    Depuisdeuxans,le Royaume-Unimettoutenuvrepourrduirelaportedesnouvellesrgleseuropennesde scuritpourlesplates-formesptroliresen mer,quisontencoursdengociation.

    Le Monde aeuaccsunesriededocumentsconfidentiels,dansles-quelsLondresexposesa position:lestextesmontrentunevolontsystmatique dadoucir limpactdela nouvelle directive,qui estencoursde finalisation.

    Sibienquecelle-cinechangerafinalementpasgrand-chosesurleterrain: Le projetde directiveactuelest trssimilaire ce quise

    fait djau Royaume-Uni,sefli-citeMalcolmWebb,le directeurdeOilandGasUK,lassociationregroupantles producteursbri-tanniquesdhydrocarbures.

    Lebesoinderglesde scuritrenforcessestfait sentiraprs lamarenoiredanslegolfeduMexi-queen 2010.Craignantquune tel-

    le catastrophepuisse arriverenEurope,les lgislateursont dciddintroduiredes normespaneuro-pennespour lesplates-formesoffshore.Jusqu prsent,lenca-drementntait quenational.

    Lespays producteurs,Royau-me-Uni entte,touten affirmantleursoutienau processus,se sontalorslancsdansuntravaildelob-bying intensif.Les ngociateursbritanniquessont ultra-actifs,fai-santdu zle tous lesniveaux,seplaintunesourceprochedesdiscussions.

    Abolir lextra-territorialitAuParlementeuropen,Lon-

    dres a russi verrouillerlesngociations: sile rapporteurdelacommission industrie,qui exa-minele dossier,est belge,troisdesquatre rapporteurs fictifs(quisuiventle sujetpour lesdiff-rentes couleurspolitiques)sontbritanniques.Une situationraris-sime.Londresveutnotammentmettrefinlunedesmesureslesplusambitieusesdes nouvelles

    rgles:lextraterritorialit.Enclair,les normessappliqueraientauxentrepriseseuropennesdanslemondeentier.Ilneseraitpluspossibledutiliser desstan-dardssrieuxenmerduNordmaisdelesrelcherdanslegolfeduNiger,parexemple.

    Unetelledcisionauraitunnormeimpact,notammentsurlArctique.Celaforceraitlescom-pagniesptroliresprendredetrsimportantesprcautionsdansleurs nouvellesexplora-tions.Inacceptable,pour lesBri-tanniques,qui craignentque celanaffaiblissela comptitivit desentreprises europennes.Le 8jan-vier,dansundocumentdengo-ciation,le gouvernementbritanni-quedemandait lasuppressionpureetsimpledecetarticle.

    Dansle mmedocument,Lon-dressinsurgeaitcontreuneautreproposition,qui force lesentre-prises prendreen compte ledlaiderponseencasdemarenoiredansdes zonesdiffi-ciles.Dans descoinsreculsde la

    merdu Nordpar exemple,sui-vantlesvagueset levent,il peutsepasserplusieurssemainesavant depouvoirenvoyerunequipe dintervention.

    Maisles Britanniques rpli-quent quelinclusiondu dlaiderponse nestpas ncessaire,carle ptrolepeuttre efficacementdispersparle ventet lactiondesvagueset quecesten tantqueteluneformeefficacede rponse.

    LeRoyaume-Uninestpasseuldanssaluttecontreles nouvellesrgles.LaNorvge,quinestpasmembre delUnion Europenne(UE)mais appliqueses directives,estgalementtrsactive,demmequeleDanemarketlesPays-Bas.

    Mais,entantquepremierpaysproducteurdeptroleetdegazoffshore danslUE,grce lamerduNord,leRoyaume-Unijoueunrlecl.Ilsembleenpassederus-sir:ladirective,quidevraittreadopteen avril,est dsormaisloinduprojetinitial.p

    EricAlbert

    6 0123Vendredi25 janvier2013

  • 7/24/2019 20130125_QUO

    7/28

    plante

    Davos(Suisse)Envoy spcial

    Comme chaque anne, lesgrands dirigeants politi-ques,conomiqueset finan-

    ciersdelaplanteontposleursac Davos, au cur des montagnessuisses. Depuis mercredi 23jan-vier,lesdbatsetlesdiscoursillus-trentuneobsession:lelongterme,alorsque la crise conomique,quisest aggrave en 2012, a conduitlesgouvernementset lesentrepri-ses privilgier les recettes et lesinvestissements effetimmdiat.

    Chacun pose la question samanire: dans une salle les gou-

    verneursdesbanquescentralesetles conomistes sopposent sur lerisque long terme de politiquesmontairestrs gnreuses; dansune autre, des experts de lenvi-ronnement sinquitent du reculdes investissements privs etpublics en matire de prventiondes risques.

    Inquitant,aumomentoceux-cisemultiplient,destempteshis-toriques aux scheresses recordset aux tempratures extrmes.Laccentest misence momentsurles investissementsde court terme,au dtriment du reste,reconnatDaniel Glaser, le PDG de Marsh&McLennan,grandesocitamri-

    cainede conseil et dassurance.Une situation dautant plusfcheusequelerapportannuel Glo-bal Risks, que le forum de Davosvient tout juste de publier,met enlumireune autre dimension:lin-terpntrationcroissanteentreris-ques conomiques et environne-mentaux. En 2011, le tsunami Fukushima ou les inondations enThalande ont dmontr leffetsystmique dune catastrophe

    surune conomiemondialise.Plusrcemment,louraganSan-

    dy qui a ravag New York endcembre2012 et cot plus de70milliards de dollars (52,6mil-liards deuros) la ville et lEtatdu New Jersey, a aussi paralys lecurfinancierde Wall Streetpen-dantdeux jours.

    Lesquelque milleexperts inter-rogsdanslerapportontclassune

    cinquantaine de risques de touttype en fonctionde leur probabili-t dapparition dans les dix ans veniretdeleurgravit.

    Pourcesspcialistes,lesdangersles plus probables sont laccroisse-ment des ingalits de revenus, ladrive desbudgetset lahausse desmissionsdegazeffetdeserre.Entermes dimpact, le risque le plusgrave serait une faillite financiregnralise;ledeuxime,unecrise

    de lapprovisionnementen eau; etle troisime, la drive budgtairedesEtats.

    Ce mlange de risques pousseles auteurs imaginer le perfectstorm, la tempte absolue quirsulterait de la conjonctiondune catastrophe conomique etdun accident environnemental.Cest alors toute la structure delEtat, sa gouvernance qui pour-

    raientvaciller.Cest pourquoi, de lavis dex-perts comme Richard Samans, ledirecteur gnral du Global GreenGrowthInstitute,ledbatnestpasseulementdesavoirsilfautrdui-re les missions de gaz effet deserre. Ceseraituneerreurdrama-tique de ne pas prendre aussi desmesuresdadaptation auchange-mentclimatique,insiste-t-il.

    Parmicelles-ci,le renforcement

    desinfrastructures,des ponts, desrseaux lectriques, pour sassu-rer que ces quipements peuventsupporter le passage dun oura-gan. Un chantier norme.Il faut

    pourcela rnoverle conceptde lin-vestissementconjointpublicet pri-v,ajoute Judith Rodin, la prsi-dentede la Fondation Rockefeller.

    Autrepointclpourrussircet-te transitionvers une conomie et

    une socit capables de rsisterauxchocsduclimat,selonlcono-miste britannique Nicolas Stern:le changement de comportementdes individus et des communau-ts. Pour lui, cette volution nepeutpasuniquementpasserparlelevierdesprix,maispardenouvel-lesrgles et normessociales,com-me cela a t fait pour lalcool auvolantou letabac.p

    PhilippeEscande

    OSP - CESSATIONSDE GARANTIE

    La socit CNP CAUTION dont lesige social est situ 4 Place RaoulDAUTRY - 75716 Paris Cedex 15,fait savoir que la garantie nancirequelle a dlivre la socit :

    ARMANET MONCENIS

    IMMOBILIER

    Socit Responsabilit limite aucapital de 8 000 euros

    Dont le sige social est situ CROLLES (38920) Immeuble

    Les Portes de Crolles

    inscrite au R.C.S de Grenoble sous lenumro 411 144 967

    pour les activits de Transactionimmobilire vises par la loi du 2janvier 1970, cessera trois jours francsaprs la publication de la prsenteparution.

    Les crances ventuelles se rapportant cette activit doivent tre produites ausige de la socit CNP CAUTION : 4,Place Raoul DAUTRY - 75716 ParisCedex 15, dans les trois mois compterdela datede publicationdu prsentavis.

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET

    DAPPLICATION N 72-678 DU 20JUILLET 1972 -ARTICLES 44

    QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honor

    21 Rue Balzac 75406 Paris Cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale de

    QBEInsurance(Europe)Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que,

    la garantie nancire dont bnciait la :

    AEXCO SARL

    22 Rue Mathieu de la Drme - 26100

    ROMANS - SIREN : 479 931 545

    depuis le 1erjanvier 2007 pour ses activitsde : TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE AVEC

    PERCEPTION DE FONDS cessera de por-ter effet trois jours francs aprs publicationdu prsent avis. Les crances ventuelles se

    rapportant ces oprations devront tre pro-duites dans les trois mois de cette insertion

    ladressede lEtablissementgarant sisEtoileSaint-Honor 21 Rue Balzac 75406Paris Cedex 08. Il est prcis quil sagit de

    crances ventuelleset quele prsentavisneprjuge en rien du paiement ou du non-paie-

    ment des sommes dues et ne peut en aucunefaon mettre en cause la solvabilit ou lho-

    norabilit de la SARLAEXCO SARL.

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678 DU 20

    JUILLET 1972 -ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honor 21 Rue Balzac 75406 Paris Cedex 08(RCS Paris 414 108 708), succursale deQBEInsurance(Europe)Limited, PlantationPlace dont le sige social est 30 FenchurchStreet, London EC3M 3BD, fait savoir que,la garantie nancire dont bnciait la :

    BELAIR IMMO SARL

    43 Rue de lAurore

    78100 SAINT GERMAIN EN LAYE

    SIREN : 535 011 225

    depuis le 6 octobre 2011 pour ses activitsde : TRANSACTIONS SUR IMMEUBLESET FONDS DE COMMERCE cesserade porter effet trois jours francs aprspublication du prsent avis. Les crancesventuelles se rapportant ces oprationsdevront tre produites dans les trois moisde cette insertion ladresse de lEtablis-sement garant sis Etoile Saint-Honor 21Rue Balzac 75406 Paris Cedex 08. Il estprcis quil sagit de crances ventuelleset que le prsent avis ne prjuge en rien dupaiement ou du non-paiement des sommesdues et ne peut en aucune faon mettre encause la solvabilit ou lhonorabilit de laSARL BELAIR IMMO.

    Gazdeschiste,CO2 :silencedanslesrangsauBRGM

    DjakartaEnvoy spcial

    Attaquer les nuages laroquette pour chasser lapluie? Cest lune des hypo-

    thses envisages par le gouver-neur de Djakarta, Joko Widodo,afin de prmunir la capitale indo-nsiennecontredenouvellesinon-dations.

    Jeudi 17janvier, des quartiersentiers de la ville ont t recou-vertsparlesflots.Lebilanslve15 morts et 18 000 habitants va-cus. Le centre-ville na pas tpargn: on a vu, dans la presse,desphotosdu chefdelEtat,SusiloBambang Yudhoyono, les piedsdans leau dans le jardin du palaisprsidentiel, pantalon retroussjusquaux genoux

    Jaidonndesinstructionspourquelesnuagessoientpousssverslamer, au nord, a dclar, mardi22janvier,legouverneurdevantungroupe de journalistes runis lamairie. M.Widodo na pas prcislesdtailsde lopration,seconten-tant dindiquer quil tait possiblede contrler les nuages par desmoyens technologiques.

    Selon le mtorologue indon-sien Armi Susandi, il est en effetpossibledenvoyerdansle cielunefuse remplie de substances

    hygroscopiques,qui,tel lechloru-re de sodium, absorbent lhumidi-t.Lexpertrestecependantscepti-que quant aux chances relles derussite: Lapluierisquederetom-berquand mmesur laville.

    Les inondations dans Djakartasont un problme rcurrent. En2007, la capitale avait fait face une monte des flots encore plusmeurtrire: 50 morts et 300000personnesdplaces.Selonlessp-cialistes, il faudrait canaliser lestreize rivires qui irriguent la cit,construire des canaux et des tun-nels dvacuation et installer despompesdanslenorddelaville,surlefrontdemer.

    CeintureverteLe gouverneurJokowiWidodo a

    reconnu, mardi, que lutter contrelesinondationstaitune tche desplus ardues: Cest un problmetrs compliqu. Les Hollandais[anciens colonisateurs] avaientconstruittroiscentsbarragesetlacs,maisilnenresteplusquecinquanteaujourdhui. Les marcages, les

    fortset autreszonesvertesdu nordde la ville ont laiss la place descomplexes immobilierset commer-ciaux.Vousnepouvezpaslesdmo-lir,tout at construitlgalement.

    Alors que les mtorologuesredoutentdautrespluiesdiluvien-

    nes dici la fin de la mousson enmars,laluttecontrelamontedeseaux reste donc un problme sys-tmiquedans cetteville engorge,surpeuple et au trafic infernal.

    Un expert en cologie de lamangrove, Sukristiono Sukard-jo, a publi,mercredi, une tribunetrs pessimiste dans le quotidienThe Jakarta Post, confirmant lescraintes du gouverneur: Aunord,la villeabriteune concentra-tion exceptionnelle dune dizainedemillionsdepersonnestrsvuln-rables lamonte duniveau de lamer. Etce nestquunequestion detemps avant que les mangroves[quiservaientpongerletrop-plein des eaux]naient complte-mentdisparu dela carte.

    Lexpert pointe du doigt lacontradiction entrelindustriali-sationetlurbanisationeffrneini-ties par le gouvernement qui, enmme temps, se dit proccup parlquilibrecologique .

    Legouverneursera-t-illahau-teur de sa rputation? Elu en sep-tembre2012 ce poste, cet hom-mede52ansstaitvuattribuer,lamme anne, le prix du troisi-me meilleur maire mondialparle World Mayor Project pour ses

    performances en tant quancienmairedelavilledeSolo,aucentrede Java. La mise en place dune

    ceinture verte Solo auraitempchquedenouvellesinonda-tions affectent la ville, commecela avait t le cas en 2005. MaisDjakarta reprsente un dfi beau-coupplus considrable.p

    BrunoPhilip

    AuForumdeDavos,laquestiondesrisquesnaturelsravivelesenjeuxdulongtermeLacriseconomiqueaconduitEtatsetentreprisesprivilgierlesrecettes effetimmdiat

    Levraidbatdevraitportersurlesmesures

    prendreparles

    Etatspoursadapterauchangementclimatique

    Unegrandetensionsestins-talleentrela pressescien-tifiquefranaise etle

    Bureaude recherchesgologi-queset minires(BRGM),suspec-tde censurerseschercheurs.

    SylvestreHuet, prsidentdelAssociationdes journalistesscientifiquesde lapressedinfor-mation(AJSPI)[ laquelleappar-tientlauteurde ceslignes],etjour-nalisteLibration, a adress,mi-janvier, uneprotestationcri-te laministrede lenseigne-mentsuprieuretde larecher-che,Genevive Fioraso,dplo-rantuncomportementinaccep-table duBRGMdans sesrelationsaveclesjournalistes.Laffairea clat aprs queplu-

    sieursmembres delAJSPIse sontplaintsde difficults interrogerdesscientifiquesde ltablisse-mentpublic spcialiste desappli-cationsdes sciencesde laTerresurdessujetscommele gazdeschisteou le stockagegologiquedudioxydedecarbone(CO2).Enparticulierlorsquele projet

    europende squestrationdeCO2Ulcos taitcenspermettre demainteniren fonctionnementleshauts-fourneauxde Florange(Moselle),plusieursjournalistesdemandantdes informationstechniquesse sontvu interdirelaccsauxchercheursdu BRGM.Choseinhabituellepourun

    organismederecherche,le servi-cede pressede cedernierest assu-rparHill+Knowlton,une agen-cede relationspubliques.Daprsdeschanges decorrespondancerenduspublicsparlAJSPI,Hill+Knowltondemandeaux journa-listesdenvoyerdesquestionscrites,y comprissurdes sujetspurementtechniquescomme lestockageduCO2En2011,lAJSPI voulaitorgani-

    serune rencontreavecdes scienti-

    fiquesdu BRGMsurle thmedugazde schiste:impossible.Uneconfirmationdinformationsurles ressources aurifres enFran-ce? Impossible.Une ractiondegologuesaprs la condamnation

    deleursconfrresitaliensdansleprocsde LAquila? Impossible.Unchercheurde linstitutionestjointdirectement? Ildemandeaussittau journalistedepasserparHill+Knowlton, fautedequoiilne peutsexprimer,mmesanstrecit Laplupartdutemps,les relations aveclesjour-nalistesse passentbien, rpond-oncependant lagence.

    Non-communicationPierreVassal,directeurde la

    communicationduBRGM,assu-requeles chercheursdu BRGMsontlibresde sexprimer,dans lerespectdes partenariatsquiexis-tentavecdautresstructures.Surnombrede sujets,lorga-

    nismetravailleen effet avecdesentreprises.Des courrielsinter-nesdatsdu 14janviercitsparleprsidentdelAJSPIsur sonblog (sciences.liberation.fr),etqueLe Mondea puconsulter,montrentpourtant quela prsi-denceduBRGMassumepleine-mentsapolitiquede communica-tion oude non-communica-tion.Nimportequel journalistenepeut pasjoindrenimportequelchercheur commecela,pr-cisedansunmessageinterneleprsidentde lorganisme,quiajoute:Organisme publicneveut pasdire quelonest obligdecommuniquerau public.Pourtant,selon lentouragede

    laministreGeneviveFioraso,le BRGMestsoumisauxmmesrglesde communicationque lesautresorganismes publicsderecherche.p

    StphaneFoucart

    Chasserlesnuagesoucontrlerlurbanisation,legouverneurdeDjakartafaceaudfidesinondationsLedveloppementanarchiquede lacapitaleindonsiennemetendanger10millionsdhabitants

    ScuritsanitaireUnepropositionde loisurles lanceursdalerteadopteencommissionpar lesdputsLesdputsont adopt,mercredi23 janvier, en commissionune propo-sitionde loivote ennovembre2012parle Snatvisant protgerleslanceurs dalerteet renforcerlindpendance de lexpertiseen matiredesant etdenvironnement.Soumise parle groupeEuropeEcologie-LesVerts,elle institueraitune Commissionnationalede la dontologieetdes alertes.Les dputsmembresde la commissiondes affairessocialesy ontajout une dfinitionde lalerte: Toutepersonne physi-queou moralea ledroit derendrepublique oude diffuserde bonnefoiuneinformationconcernantun fait,unedonneou uneaction,dslorsquela mconnaissance() luiparatdangereuse pourla sant oulenvi-ronnement. (AFP.)

    Climat JacquesLapougenommambassadeurdeFrance chargdesngociations surle climatLambassadeurde France en Afrique du Sud,JacquesLapouge,a tnomm,mercredi23janvier,en conseil desministres,ambassadeurdeFrance chargdes ngociationssur le climat.Il remplaceSerge Lepel-tier,mairede Bourgeset ancienministre de lenvironnementdu gou-vernementRaffarin,qui occupaitce postedepuis2011. (AFP.)

    PcheLespetitspcheurs de thonet danguilleenMditerraneprts entrer danslillgalitLespetitspatronsde pchede Languedoc-Roussillonse disentprtspcherle thonetlanguillesanspermis,sansquotaset endehorsdespriodesdouverture.Ilsentendent ainsiprotestercontreles restric-tionsadministrativesqui leursont, seloneux, imposes. (AFP.)

    70123Vendredi25 janvier2013

  • 7/24/2019 20130125_QUO

    8/28

    france

    ont beaucoup progress ont un peu progress sont rests au mme niveau

    ont un p eu d c li n ont b eauc oup d c li n

    Puissanceconomique

    73

    3555 %

    Rayonnementculturel

    4

    23

    10

    40 %

    22 % 78 %

    39 % 61 %

    34 % 66 %

    23

    Sondage Ipsos Public Affairs pourLe Monde, Fondation Jean-Jaurs et Cevipof, ralis par Internet du 9 au 15 janvier,auprs de 1 016 personnes constituant un chantillon reprsentatif de la population franaise ge de 18 ans et plus, selon la mthodedes quotas (sexe,ge, profession de la personne de rfrence du foyer,rgion et catgorie dagglomration).

    Les Franais, entre dfiance et frilosit

    CONFIANCE

    DCLIN

    Diriez-vous que, ces dix dernires annes, la puissance conomique franaiseou le rayonnement culturel franais...

    Avec laquelle des deux affirmations suivantes tes-vous daccord ?

    On peut faireconfiance

    la plupart des gens

    On nest jamais assezprudent quand on a

    affaire aux autres

    La mondialisation

    est une opportunitpour la France

    La mondialisation

    est une menacepour la France

    Les communauts sont plutt

    quelque chose de positif :elles permettent aux gens de

    sintgrer et davoir

    une vie sociale

    Les communauts sont plutt

    quelque chose de ngatif :elles isolent les gens et les

    conduisent au repli sur soi

    Enqute surlepopulisme

    Analyse

    On savait les Franais pessi-mistes,inquiets de lavenir

    et persuads du dclin dupays.On avaitbiencomprisquelaFrance estune socit de dfian-ce , aprs les travaux dAlgan etCahuc en 2007 ou les enqutesdcennalessur lesvaleurs condui-tes sous la direction de Pierre Br-chon depuis 1981. Enfin, maintssondages ont tmoign du juge-mentsanspitides Franaissurlapolitique, de leur rticence crois-sante envers lEurope ou de leurcrainte de lamondialisation.

    Lenqute dIpsos, intituleFrance2013: les nouvellesfractu-resetraliseavecleCentredtu-despolitiquesde SciencesPo (Cevi-pof)et laFondationJean-Jaurs,neconfirme pas seulement ces ten-dances lourdes de lopinion publi-que.A lvidence, lacrise conomi-que et sociale de ces dernires

    anneslesa consolides.Cest le cas pour la tentation durepli national. Ainsi, un Franaissurdeux(etjusqu77%dessympa-thisants du FN) considre aujour-dhuique le dclinde laFrance estinluctable, en matire conomi-quecommedansledomainecultu-rel. Mais ils sont plus nombreuxencore troissurcinq voirdansla mondialisation une menace

    pour la France et juger quelaFrance doit se protger davantagedumonde daujourdhui.

    Quant lEurope,sil ne se trou-veque28%dessondspoursouhai-terunesortiede lazoneeuroet unretour au franc, deux sur trois, enrevanche,souhaitent renforcerles

    pouvoirs de dcision de notre pays,mmesi celadoitconduire limiterceuxdelEurope .

    Dans un autre registre, celui de

    la vie politique, lirritation atteintgalementdes sommets. Nonseu-lement le systme dmocratique

    fonctionne plutt mal en France

    (72%),maisleshommesetlesfem-mes politiques agissentprincipale-ment pour leurs intrts person-nels (82%)et laplupart dentre

    eux sont corrompus (62%).Comme cest le cas depuis unevingtaine dannes, les mdiassontmisdanslemmesac.

    Maiscetteenqute vaplusloin.Elle dresse du pays un portraitbeaucoup plus sombre. Sur biendespoints,en effet,la socit fran-aisesembletaraudedanssespro-fondeurs:elleglissede ladfianceau rejet, de linquitude lanxi-t, du repli sur soi la peur delautre,dupessimismeaucatastro-phisme.Leffet de la crise nest

    pas surprenant, mais il est saisis-

    sant, tant linquitude est dsor-mais profonde, analyse PascalPerrineau,le directeurdu Cevipof.A sesyeux,lepoujadismequisestenracin depuis une trentainedannes est en train de changerde nature: le ressentiment cde la

    place lhostilitet, sur de multi-ples valeurs, la crispation est trsnette. Cette crispation est, lafois,autoritaireet identitaire.

    Lademandedautoritnestpasune surprise: depuis les annes1990, les enqutes Brchon surles valeurs des Franais tmoi-gnaientque lidologieantiautori-taire des annes 1960-1970refluait de faon spectaculaire,notamment gauche. En 2008,

    Etienne Schweisguth lanalysaitcomme une demande dordrepublic , quilibrant et compen-sant laspiration davantage

    dautonomie et de libert indivi-duellesdansla sphreprive.

    Cettemutationest plusviden-te que jamais: 86% des sonds

    (sanscartssignificatifsentregau-cheet droite,jeunes et vieux)esti-ment que lautorit est unevaleur trop souvent critique. Et,pour la premire fois, elle trouveexplicitementsatraductionpoliti-que:87%dessondssontdaccordpour dire que l on a besoin dunvrai chef en France pour remettredelordre.Laquestionestbrutale,larponse aussi.

    Quantlacrispationidentitaire,elle nest pas moins impression-nante. Depuis une trentaine dan-nes, elle stait cristallise sur laquestion de limmigration.Celle-cinesestpasefface,loindel:70%dessonds(etjusqu83%lUMP)jugentquilya tropdtrangersen

    France et62%quelon nesesentpluschez soicommeavant .

    Mais le point de fixation de ce

    rejet massif sest dplac du ter-rain conomique vers le terrainreligieux. Ce nest plus, majoritai-rement, le travailleur immigr,susceptible deprendre le travaildes Franais qui est point dudoigt, mais le musulman, volon-tiers assimil lintgriste, etdont la religion est juge, par 74%desFranais,intolranteetincom-patible avecla socit franaise.

    Les ingrdients dun populismemassif sont donc runis: le tradi-tionneltous pourris!, lappel auchef et la dsignation de boucsmissaires.Cenestpasnouveauenpriodedecriselourde,rappelleuti-lement lhistorien Michel Winock.Mais si lHistoire ne se rptejamais,elleinvitesoulignerlerledangereux de ceux qui, loin de lesapaiser,attisent ces peurs. Ils trou-verontdanscetteenqutelajustifi-

    cation de leurs philippiques. Ilsferaient mieux dy voir le rsultatde leurtravail dincendiaires. p

    GrardCourtois

    LescrispationsalarmantesdelasocitfranaiseUnsondageexclusifmetenvidencelatrsfortedemandedautoritetlatentationdureplinational

    Chacunen a faitlexprience:il est des sujets quil vautmieux viter daborder avec

    ceux qui ne votent pas commevoussouspeinededisputeshom-riques; ilen estdautres,en revan-che, qui peuvent faire natre desententes inattendues entre lec-teurs de partis rivaux. LenqutedIpsos ralise pourLe Mondeenfournitmaintsexemples.Il en res-

    sortune cartographie de la socitfranaise assez complexe, faite defractures et de porosits quibrouillent parfois singulirementlesfrontiresquibornentlesdiff-rentesfamillespolitiques.EntreUMPetFN,desconvergen-

    ces frappantes Cest lun despoints les plus frappants de cetteenqute: la trs forte proximitidologiquedes sympathisants delUMPetdeceuxduFrontnationalsur le terrain des thmatiquesidentitaires. Cette convergenceest frappante quand on pose laquestion de limmigration: 83%des lecteurs UMP et 99% de ceuxdu FN estiment quil y a tropdtrangers en France . Elle lestencoreplus quandon pose celledelislam. 83% lUMP et 93% au FNaffirment ainsi quelislam nest

    pas tolrant , 81% lUMP et 94%au FN quil nest pas compatibleaveclesvaleursdelasocitfranai-se . Enfin,99 % des lecteurs FN et89%deceuxdelUMPpensentquelislam cherche imposer sonmodede fonctionnement.

    Concernantlademandedautori-t,les lecteursde droiteet dextr-me droite partagent galement lemme avis. Ils sont ainsi 98 % lUMPet 97% auFN penserquelaFrance abesoin dun vrai chef quiremettede lordre. Cesconvergen-

    cesfontapparatreune ddiaboli-sation frontsrenverss:ce nestpas le FN qui va vers lUMP mais lecontraire.Les lecteursde droitenesont pas sduits par les nouvellesposturesdu FNsur lconomie etlesocial, mais bien par les fonda-mentaux dupartifond parJean-Marie Le Pen en 1972. Entre un FNquirefusedesediredextrmedroi-te et une UMP dont le prsident,

    Jean-Franois Cop, revendiqueltiquette de droite dcom-plexe, la frontire est particuli-rementporeuse.

    Des divergences demeurentnanmoins. Elles portent dabordsur la mondialisation. Ainsi, 51%des lecteurs UMP estiment quelamondialisationestuneopportu-nitpourlaFrance,tandisqueseu-lement 18% de ceux du FN parta-gentcetteopinion.Alaquestiondesavoirsi laFrancedoit se protgerdavantage du monde daujour-dhui, 92% des sympathisants FNrpondent par laffirmative, alorsquilsnesontque53%lUMP.

    LEurope est le second point declivage. Dansle climat deuroscep-ticisme gnralis que confirmeltudedIpsos,84 % dessympathi-santsdu FN jugent quil fautren-

    forcer les pouvoirs de dcisions denotrepays audtrimentdelEuro-pe, contre 57% lUMP. A proposde leuro, le dsaccord est encoreplus profond: 62% des lecteursdu FN pensent que la Francedevrait en sortir, soit 50 points deplus qu lUMP. Ce nest pas enmilitantpourlabandondelamon-naieunique,thmecentraldespre-miers mois de sa campagne prsi-dentielle, que Marine Le Pen peutesprer rallier les lecteurs delUMP.

    La relative confiance des lec-

    teurs degauche Lespoir est tou-jours de gauche. Contrairement llectoratdedroite,lessympathi-sants du Parti socialiste et duFront de gauche conservent unecertaine confiance dans lavenir.A 60 %, ils estiment que le dclinde la France nest pas inluctable,mme sils jugent que la puissan-ce conomique franaise a forte-

    mentpli.Logiquement, ces deux lecto-

    rats se retrouvent sur plusieursfondamentauxde gauche,commeladfensedesservicespublicsetlerefus de stigmatiser les immigrscomme les chmeurs. Ils parta-gentlaconceptiontoutemitterran-dienne de largent qui cor-rompt,mmesi commelensem-ble des Franais, ils considrentdansunmmetempsquilest bonde vouloiren gagner beaucoup.Et, une crasante majorit, ilsjugent que pour tablir la justicesociale, il faut prendre aux richespourdonner aux pauvres.

    Sileursvisionsdelamondialisa-tiondivergent,ces deuxlectoratssont plus partags sur lEurope.Alors que 72 % des sympathisantsduFrontdegauchesouhaitentren-forcer les pouvoirs de la FrancefacelEurope,ilssont58%parta-gercetavisdansllectoratsocialis-te lemmetauxqulUMP.

    Divise, comme la droite, ausujetde lEurope etde lamondiali-sation,lagauche(commeladroite)partage en revanche un mmepoint de vue sur lautorit: 74 %deslecteursduFrontdegaucheet70%deceuxduPSpensentaujour-dhui que la France a besoin dunvrai chefpour remettre de lor-dre.

    LeFront degauche, unlectorat

    part Sans surprise, cest sur lamondialisation,quilsconsidrentcommeunemenace,lasouveraine-t nationale,quils souhaitentren-forcer, les mdias, quils criti-quent,etlemondepolitique,quilsjugent volontiers corrompus, quese font les points daccords entrelextrmegaucheetlextrmedroi-te.

    Plus complexe est le rapportquentretiennent ces lectoratsavec les valeurs dites identitai-res. Sils divergent fondamenta-lement sur lide quil y a tropdimmigrs en France (46% dessympathisants du Front de gau-chepartagentcetaviscontre99 %de ceux du FN), le dsaccord estmoindre quant la question poseestcelledelamain-duvreimmi-gre.Ainsi,si unecrasantemajo-rit des sympathisants FN (98%)jugent quon peut trouver unemain-duvre en France sansavoir recourir limmigration,ils sont prs de 70% porter lemme jugement dans llectoratdu Frontde gauche.

    Lautre point de convergenceconcerne le rejet de lislam. 79%des sympathisants Front de gau-chepensentque lareligionmusul-mane cherche imposer sonmode de fonctionnement. Cest20 points de moins que le FN, cer-tes, mais 15 points de plus que lePS. Un exemple de plus qui mon-tre que, sur le front des valeursi de n ti ta ir es , l e g ra di en tgauche/droite offre une grille delecture imparfaitepourdcoder lasocit franaise. pRaphalleBesseDesmoulires,

    BastienBonnefous,Abel Mestre

    etThomasWieder

    Fonctionpublique LesFranais ne crient pasharosurles fonctionnaires Certes,42 % dentreeux jugentquily enatrop,avecun clivagetrsprofondentrela gauche(25%) etles sympa-thisantsUMP(73%). Mais43 % estimentquil nyena nitrop,nipasassez et16%quilnyena pas assez,dont36%auFrontdegauche.

    Administration Lallergie auxrglementations nestpascrasante Unenettemoitidessonds(56%)jugequilya,enFran-ce,tropde rglementationssur tout, cest insupportable.Mais44%(et51% gauche)estimentquelles sontutileset lpournousprotger.

    Mdias

    LacritiquedesFranaisestmassiveenverslesjournalistes

    Depuisune vingtainedannes,lejugementportsurles mdiasest aus-sisvreque lejugement lgarddeshommespolitiques.Cetteenquteleconfirme.Prs detroisFranaissurquatre(72%,etjusqu79%chezlesplusde60ans)jugentquilssontcoupsdesralitset neparlent pasdesvraisproblmesdes Franais.Demme,73%jugentquelesjourna-listesne sontpas indpendants etonttendancecderauxpressionsdupouvoirpolitique.Surcesdeuxquestions,les sympathisantsdu FrontdegaucheetceuxduFrontnationalsontlesplus critiques.Enfin,58 % desFranaisestiment que les journalistes

    font assezmal (42%)ou trsmalleurtravail (16%). pSOURCE : SONDAGE IPSOS JANVIER 2013

    Aujourdhui en France, diriez-vousque les mdias (tlvision, presse,radio) font...

    Trsbienleur travail

    Assezbienleur travail

    Assezmalleur travail

    Trs malleur travail

    3

    42 %

    39

    16

    Lasocitfranaisesembletaraudedanssesprofondeurs:elleglissedelinquitude

    lanxit,dureplisursoilapeurdelautre

    LesfrontiresentrefamillespolitiquessesontbrouillesLtudemontrela porositentrellectoratUMPet FN,saufsurlconomieet lamondialisation

    Argent

    LambivalencedelopinionlgarddelargentestspectaculairePlusde quatrepersonnessurcinq(82%) jugentque largenta corrom-

    pules valeurstraditionnellesde la socitfranaise ; seulsles sympathi-santsde lUMPsontun peumoinssvres(69%). Alinverse,71% dessonds(etjusqu86% lUMP)assurentque cestbiende vouloir

    gagnerbeaucoupdargent. Ilestvraiquele pouvoirdachatest,derri-rele chmage (56%), la seconde proccupationdes Franais(41 %).Demme,une nettemajorit(58 %)estimeque pour tablirla justice socia-le,il faudraitprendreauxrichespourdonner aux