Ab Al al-Jubb et son livre al-Maqlt* Hassan Ansari

Ab Al Muammad b. Abd al-Wahhb b. Salm al-Jubb (n 235/849-50; mort Bassora 303/915-16) figure parmi les plus importants thologiens mutazi- lites.1 Adhrant la branche basrienne de la Mutazila, ses thses attirrent ce-pendant jusqu lattention des mutakallimn sunnites ; le fait quAbu l-asan al-Ashar (m. 324/936) ait t son lve a galement contribu sa renomme. Pourtant, dans la thologie mutazilite tardive, les thses dAb Al furent clip-ses par celles de son fils Ab Hshim (m. 321/933), qui se dmarqua de son pre sur dimportantes questions thologiques.2 Les thses thologiques dAb Hshim, dont lcole est connue sous le nom de Bahshamiyya, furent admises par Ab Abd Allh al-Bar (m. 369/980) et par le clbre Q al-Qut Abd al-Jabbr al-Hamadhn (m. 415/1024), ainsi que par la majorit de leurs disciples contemporains et postrieurs, parmi lesquels on compte certains mutakallimn zaydites tels que les frres Hrn, Abu l-usayn Amad (m. 411/1024) et Ab

* Je tiens remercier Dr. Hossein Masoumi Hamedani et Gregor Schwarb pour leur aide lors

de la prparation de cet article. 1 Pour sa vie et ses uvres, voir Abu l-Qsim al-Balkh, Maqlt al-islmiyyn, dans Fal

al-itizl wa-abaqt al-Mutazila, d. F. Sayyid, Tunis [1974], p. 74; Ibn al-Nadm, al-Fihrist, d. Ri Tajaddud, Thran 1350/1971, pp. 217-18 et 218 n. 2; Abd al-Jabbr, Fal al-itizl wa-abaqt al-Mutazila wa-mubyanatuhum li-sir al-mukhlifn, dans Fal al-itizl, pp. 281-96; al-Dhahab, Siyar alm al-nubal 1-23, d. Shuayb Arnat, Beyrouth 1993, vol. 14, pp. 183-84; Ibn ajar al-Asqaln, Lisn al-mzn 1-7, Beyrouth 1971, vol. 5, p. 271. Voir galement U. R. Kala, Mujam al-muallifn. Tarjim muannif al-kutub al-arabiyya 1-15, Beyrouth s.d., vol. 10, p. 269; Sabine Schmidtke, Jubb, Ab Al, dans Dnishnma-yi Jahn- Islm, vol. 9, pp. 540-44. Les doctrines thologiques dal-Jubb sont discutes dans Al F. Khushaym, Al-Jubbiyyn. Ab Al wa-Ab Hshim, Tripoli 1968.

2 Lun des points sur lesquels Ab Hshim se dmarque des positions de son pre porte sur le clbre concept des tats (awl) dcrivant le statut ontologique des attributs de Dieu et des tres cres. Voir Richard M. Frank, Beings and Their Attributes. The Teachings of the Ba-srian School of the Mutazila in the Classical Period, Albany 1978, idem, Al-madm wal-mawjd. The non-existent, the existent, and the possible in the teaching of Abu Hashim and his followers, Mlanges de lInstitut Dominicain dEtudes Orientales du Caire 14 (1980), pp. 185-210 [rimpr. dans idem, Early Islamic Theology. The Mutazilites and al-Ashar. Texts and Studies on the Development and History of Kalm, ed. Dimitri Gutas, Aldershot 2007, no. IV]; idem, Abu Hashims theory of states. Its structure and function, dans Actas do quarto congresso de estudos rabes e islmicos, Coimbra-Lisboa, 1 a 8 setembro 1968, Leiden 1971, pp. 85-100 [rimpr. dans loc.cit., no. V; Frank a rcemment admis que le terme tat se r-vlait dans la plupart des cas une traduction inadquate de l; cf. son Y kalm, dans idem, Philosophy, Theology and Mysticism in Medieval Islam. Texts and Studies on the Develop-ment and History of Kalm, Vol. I, ed. D. Gutas, Aldershot 2005, I p. 5.]; Daniel Gimaret, La thorie des awl dAb Him al-ubb daprs des sources aarites, Journal asiati-que 258 (1970), pp. 47-86; Ahmed Alami, Lontologie modale. Etude de la thorie des modes dAb Him al-ubb, Paris 2001, pp. 205-19.

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lib Yay b. al-usayn (m. 424/1033) et, un peu plus tard, le savant iranien al-kim al-Jishum (m. 494/1101). Ceci explique labsence dintrt que les muta-kallimn zaydites du Ymen montrrent pendant les sicles suivants lgard de Ab Al al-Jubb, et ce dautant plus quaprs le 6me/12me sicle, lcole bahs-hamite fut supplante peu peu par celle dAbu l-usayn al-Bar (m. 436/1045). Ds lors, la plupart des auteurs zaydites, dont nous ne mentionnerons qual-Imm al-Muayyid bi-llh Yay b. amza (m. 749/1348), se rfrrent principa-lement aux uvres dAbu l-usayn al-Bar et de Rukn al-Dn Mamd Ibn al-Malim (m. 536/1142).3

En ce qui concerne les uvres dAb Al al-Jubb, le Fihrist dIbn al-Nadm (m. circa 380/991), source principale de connaissance des crits mutazilites an-ciens, nest pas de grand secours, les manuscrits contenant les chapitres traitant des auteurs mutazilites tant trs endommags.4 En revanche, Ibn ajar al-Asqaln (m. 852/1449) mentionne lexistence de soixante-dix ouvrages dal-Jubb cits dans le Fihrist, ce qui suggre que le texte du Fihrist dont il disposait tait plus complet que celui qui nous est parvenu.5 Bien quaucune uvre dAb Al al-Jubb ne semble avoir survcue, Daniel Gimaret a russi compiler dans les deux articles quil a consacrs la bibliographie des Jubbs, les intituls de plus de quarante de ses crits, partir des rfrences faites ses uvres dans dautres sources.6 On ne trouve cependant ni chez lui, ni dans les autres sources anciennes et modernes jusquici tudies, trace dun ouvrage dal-Jubb intitul al-Maqlt.7

3 Voir Abu l-usayn al-Bar, Taaffu al-adilla. The Extant Parts Introduced and Edited by

Wilferd Madelung and Sabine Schmidtke, Wiesbaden 2006; Rukn al-Dn Mamd al-Malim al-Khwrazm, Kitb al-Mutamad f ul al-dn. The extant parts edited and in-troduced by W. Madelung and Martin McDermott, London 1991; S. Schmidtke, The Ka-raites Encounter with the Thought of Ab l-usayn al-Bar (d. 436/ 1044). A Survey of the Relevant Materials in the Firkovitch-Collection, St. Petersburg, Arabica 53 (2006), pp. 108-42.

4 Voir Josef van Ess, Die Mutazilitenbiographien im Fihrist und die mutazilitische biogra-phische Tradition, dans Ibn al-Nadm und die mittelalterliche arabische Literatur. Beitrge des Johann Wilhelm Fck-Kolloquium (Halle 1987), Wiesbaden 1996, pp. 1-6. Pour un tat gn-ral de la recherche sur le Fihrist, voir Devin J. Stewart, Scholarship on the Fihrist of Ibn al-Nadm. The Work of Valeriy V. Polosin, Al-Uur al-Wusa 18 i (April 2006), pp. 8-13.

5 Ibn ajar al-Asqaln, Lisn al-mzn, vol. 5, p. 271. Voir aussi Johann Fck, Neue Mate-rialien zum Fihrist, Zeitschrift der Deutschen Morgenlndischen Gesellschaft 90 (1936), p. 317.

6 Voir Daniel Gimaret, Matriaux pour une bibliographie des ubb, Journal Asiatique 264 (1976), pp. 277-332; idem, Matriaux pour une bibliographie des Jubbai. Note com-plmentaire, dans Islamic theology and philosophy. Studies in honor of G.F. Hourani, d. Mi-chael E. Marmura, Albany 1984, pp. 31-38.

7 La seule exception est dal-Jundr (m. 1337/1918), qui cite normalement les sources plus anciennes. Dans la notice biographique quil a consacre al-Jubb (voir Tarjim al-rijl al-madhkra f Shar al-azhr, repris dans lintroduction dIbn al-Murta, Sharh al-azhr 1-4, an 1400/1980, vol. 1, p. 35), al-Jundr crit: wa-lah Maqlt mashhra f l-awwaln. Il est peu probable, nous semble-t-il, qual-Jundr entende par cela un ouvrage. Il est sans doute question des doctrines thologiques dal-Jubb.

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Cela dit, certaines raisons nous incitent penser quil avait rdig une uvre portant ce nom. Ainsi, Abd al-Jabbr, au dbut de son livre Fal al-itizl, cite-t-il plusieurs passages dal-Jubb qui ont trait aux questions dhrsiographie.8 En outre, sur un point prcis, il compare la thse dal-Jubb celle dAbu l-Qsim al-Balkh (m. 319/932).9 Puisque, dans le cas de ce dernier, il sagit de son livre sur lhrsiographie intitul Kitb al-Maqlt, on peut supposer que le livre dal-Jubb cit par Abd al-Jabbr ait aussi trait du mme thme et se soit gale-ment intitul al-Maqlt, linstar des autres uvres de cette poque appartenant ce genre de littrature.

De plus, un passage de Ysuf b. Muammad al-ajr (premire moiti du 7me/13me sicle) dans son ouvrage intitul Rawat al-akhbr wa-kunz al-asrr, se rvle particulirement clairant sur la question. Al-ajr crit en effet: wa-Ab Al al-Jubb al-Bar Muammad b. Abd al-Wahhb annafa f l-Maqlt, indiquant ainsi quAb Al al-Jubb aurait compos un ouvrage intitul al-Maqlt.10 Par ailleurs, Sulaymn b. Muammad al-Muall (milieu du 6me/12me sicle), savant zaydite de la branche muarrifite, dans son ouvrage indit intitul al-Burhn al-riq, mentionne un Kitb al-Maqlt dAb Al al-Jubb.11 On trouve gale-ment, chez un autre savant zaydite du Ymen, quelques pages dun Kitb al-Maqlt quil attribue explicitement al-Jubb. Il sagit de louvrage intitul al-Iqd al-nad de Fakhr al-Dn Abd Allh b. al-Hd b. Yay b. amza (m. ca. 793/1391).12 On peut donc dduire qual-Jubb a compos un livre traitant dhrsiographie intitul al-Maqlt et que, jusqu une date assez tardive, ce livre a t la disposition de certains auteurs zaydites du Ymen.

De fait, le copiste dun vieux manuscrit de Kitb al-Tarsh conserv la biblio-thque de la mosque Shahra (Ymen) et dont lauteur nous semble tre irr b. Amr (m. circa 200/815)13 cite en premire page le Kitb al-Maqlt dal-Jubb (f. 59a) : qla Ab Al al-Jubb f Kitb al-Maqlt m lafuh wa-kna waaa yan irr f tilka l-ayym Kitb al-Tarsh wa-kna irr kfiyan nibiyan f kalm awl dhakara fih annahu tba al yaday Al al-Aswr. De faon intressante, on trouve dans le mme recueil de textes un trait dhrsiographie (ff. 115a-172b) dont la premire feuille, et par consquent lintitul et le nom de

8 Voir Fal al-itizl, pp. 142-43, 146, 149, 153, 158-59. 9 Fal al-itizl, p. 142. 10 Ab Muammad al-ajr, Rawat al-akhbr wa-kunz al-asrr wa-nukat al-thr wa-

mawi al-akhbr, MS Maktabat Muammad Muammad Zayd al-Mufarra (Yemen), vol. 3, f. 132b.

11 Sulaymn b. Muammad b. Amad al-Muall, al-Burhn al-riq al-mukhalli min war al-mayiq, MS an, al-Jmi al-kabr, al-Maktaba al-sharqiyya, no. 673, f. 229b.

12 Abd Allh b. al-Hd, al-Iqd al-nad, MS Maktabat al-Ghlib (Yemen), p. 677. 13 Nous nous sommes intresss cet ouvrage par ailleurs; voir Hassan Ansari, Kitb-i

Kalmi az irr b. Amr, Kitb-i Mh-i Dn 89-90 (1383-84/2004-5), pp. 4-13.

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lauteur, ont t perdus.14 On y rencontre cependant les phrases dal-Jubb dj rapportes par le copiste la premire page du Kitb al-Tarsh, ce qui peut nous conduire dune part identifier lauteur de ce trait, et dautre part supposer que le copiste tenait pour certaine son identit.15 Par ailleurs, ce trait fut corrig partir dun autre manuscrit, comme en tmoignent les notes marginales tout au long du manuscrit. La date de copie ne nous est pas connue, mais tant donn que ce trait se trouve juste aprs le Kitb al-Tarsh, et quil a t crit de la mme main, il est fort probable quil ait t copi peu prs la mme date que le Kitb al-Tarsh, cest dire environ en lan 540/1145.16 Ce recueil de traits fait vraisemblablement partie dune collection de manuscrits rapporte au Y-men en 541/1146-47 par le savant zaydite iranien, Zayd b. al-asan b. Al al-Bayhaq (m. circa 543/1149).17 Ainsi, les auteurs zaydites ymnites que nous avons dj signals sappuyaient-ils probablement sur le manuscrit dont il est question ici, puisque celui-ci se trouve actuellement au Ymen.

Les autorits qui se trouvent au bout de la chane de transmission des tradi-tions prophtiques ou des anecdotes historiques cites par lauteur de ce trait ne nous sont pas toutes connues, mais celles qui le sont vivaient la mme poque qual-Jubb. A propos de lune de ces traditions prophtiques, lauteur prcise quil la entendue Bagdad, ce qui concorderait avec le voyage qual-Jubb fit

14 Le majma en son entier comporte 187 feuilles, le Kitb al-Tarsh commenant au f. 59a et

finissant au f. 114a. Fait galement partie de ce recueil Kitb al-Ifda dAb lib al-Hrn (ff. 1a-49b), ainsi que certains traits de lImam zaydite Yay b. al-usayn al-Hd (m. 298/911), notamment le Kitb al-Adl wa-l-tawd (ff. 49b-57b), Tathbt immat Amr al-muminn (ff. 58a-b). Il semble que certaines feuilles de ce recueil, parmi lesquelles se trou-vent les deux premires feuilles de Kitb al-maqlt, ont t arraches. A en croire les pro-pritaires de la bibliothque laquelle appartient ce manuscrit, ces deux feuilles nagure existaient. Pour une description de ce manuscrit collectif, voir Abd al-Salm Abbs al-Wajh, Madir al-turth f l-maktabt al-kha f l-Yaman 1-2, an 1422/2002, vol. 2, p. 616, no. 69. Al-Wajh dcrit le fragment que je pense tre le K. al-Maqlt dAb Al, comme un Kitb awla l-firaq dun auteur anonyme. Il indique cependant quau dbut du majma se trouvent deux folios du Kitb al-Maqlt dAb Al (waraqatayn min Kitb [al-Maqlt] li-Ab Al al-Jubb al-mutazil) il nest pas vident pourquoi il indique al-Maqlt entre parenthses. Sur la base de la photographie digitale du codex qui tait ma disposition, ce quoi il fait rfrence ne mapparat pas clairement. Il est possible que deux feuillets indpendants contenant le dbut du texte taient places en tte du codex lorsque al-Wajh la consult, qui plus tard furent dplacs.

15 Lauteur cite Ab Bakr Amad b. irr al-irr (f. 134b:1-4):

. 16 Voir le colophon la fin de la copie du Kitb al-Tarsh (f. 114a) dat du 1er Muarram

540/23 Juin 1145; voir aussi Ansari, irr b. Amr, p. 6. 17 Voir Al Muammad Zayd, Tayyrt Mutazilat al-Yaman f l-qarn al-sdis al-hijr, an

1997, pp. 132-34.

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cette ville.18 Nous allons donc passer en revue la liste des autorits cites par lauteur (chaque autorit tant introduite par addathan ou addathan):

Hill b. al-Al (f. 118b:3; il sagit probablement de Hill b. al-Al al-Raqq, m. 280/894);19

Abd al-Malik b. Abd al-Azz qui cite Yay b. Man, m. 233/848 (f. 118b:10);

Ab Bakr Amad b. irr al-irr (f. 134a:20-134b:1); Amad b. Dwd al-Makk (f. 149a:16);20 Ab Zura Abd al-Ramn b. Amr al-Bar (f. 160a:10); al-rith b. Ab Usma (ff. 167a:6; 171b:9),21 clbre traditionaliste, mort en

282/896. Lauteur le cite propos dune tradition prophtique quil lui avait transmise Bagdad;

Ibrhm b. Amad al-Wsi (f. 167b:7, il sagirait dAb Isq Ibrhm b. A- mad b. Marwn al-Wsi, mort aprs 285/898);22

Ms b. Kathr al-Washsh (ff. 168a:6; 172a:18); probablement un traditionaliste nomm Ibn Ab Maryam (f. 172b:1).23

Au dbut du trait, lauteur parle des diverses questions juridiques et thologi-ques qui suscitaient dbat la fin du 3me/9me sicle en terre dIslam, telles que lintellect, lme, la cration du paradis et de lenfer, le chtiment dans le tombe, le retour de Jsus, lAntchrist, le problme de la cration du Coran, celui de labrogation de certains versets du Coran, les controverses au sujet des prophtes, limamate, le Mahdi, le Sufyn, lhistoire du Fadak, le statut religieux de lastrologie et de la mdecine, les traditions transmises par les ashwiyya, etc.24 A la fin de cette introduction, lauteur promet de traiter de toutes ces questions de faon organise, dans des chapitres appropris, et de mettre en avant, argument lappui, sa propre opinion propos de chacune dentre elles. Le fait quil nhonore pas sa promesse laisse supposer que le trait, tel quil se prsente au-jourdhui, est tronqu.

Le trait souvre sur les Murjia et leurs doctrines (ff. 117a:13-118a:12). Lauteur passe ensuite aux ashwiyya (dhikr al-ashwiyya al-awmm; f. 118a:13ff)

18 Selon Ibn al-Nadm (Fihrist, p. 218 n. 2), Ab Al aurait fait un voyage Bagdad. Voir aus-

si Schmidtke, Jubb, p. 541. 19 Voir Ibn ajar al-Asqaln, Tahdhb al-tahdhb 1-12, Beyrouth 1984, vol. 11, pp. 73-74. 20 Il tait matre de Sulaymn b. Amad al-abarn (m. 360/971). Voir al-abarn, Al-

Mujam al-aghr 1-2, Beyrouth s.d., vol. 1, p. 22. 21 Voir al-Dhahab, Tadhkirat al-uff 1-3, Beyrouth, vol. 2, pp. 679ff. 22 Voir al-Khab al-Baghdd, Tarkh Baghdd 1-14, d. M.A. A, Beyrouth 1417/[1997-98],

vol. 6, p. 5. 23 Il sagit, probablement, dIbn Ab Maryam, de qui al-abarn cite quelques traditions.

Voir al-abarn, Kitb al-Du, d. M.A. A, Beyrouth 1413/[1992-93], p. 22. 24 Pour se faire une ide de la structure du trait, nous en citerons lintroduction (ff. 115a-

116b:5) dans lAppendice I.

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propos desquels il crit: thumma l-ashwiyya al-ayr l-nuwwm al-sakr [ici un mot est illisible] wa-hum al-mma attb al-mulk wa-ahl al-shukk awn kull jabbr gh wa-anr kull fsiq bgh ... Il rappelle certaines traditions proph-tiques selon lesquelles les fidles sont enjoints sen tenir au texte du Coran et ne pas consigner la transmission de adth par crit. Il traite, ce propos, du pro-blme de lanthropomorphisme (al-tashbh), en crivant (f. 125a:14-15): fa-l-ashwiyya qawm jhiln mukhin yuminn bi-l-Qurn tanzlan wa-yakfurn bih tawlan wa-yufarriqnah tarfan. Lauteur signale certaines traditions que les ashwiyya emploient afin dtayer leurs doctrines, tout en prcisant quelles ont toutes t forges par les ashwiyya eux-mmes. Il tablit une correspondance, sur la question du tashbh, entre les ashwiyya et les Rawfi, en notant (f. 124a:7-9): kam sami min ikhwnihim al-Rawfi Hishm b. al-akam wa-Shayn al-Tq wa-man wfaqahum f maqlatihim n ql huwa ra l ka-l-uwar wa-lah yad l ka-l-ayd. Selon lauteur, Amad b. anbal (m. 241/856) est le chef de file des ashwiyya, le dsignant de lpithte al-Sunn al-jam (f. 132b). Par ail-leurs, il critique la thse des ashwiyya renvoyant la ncessit dobir au gou-verneur. Au cours de son analyse des ashwiyya, lauteur mentionne les piliers de lIslam (dhikr daim al-islm) (f. 138b:3-9) et, sous ce titre, il cite les cinq principes mutazilites sans les nommer comme tels.

Vient ensuite un chapitre intitul dhikr al-Qarmia wa-dhikr al-Mas (ff. 141b:15ff), faisant de ce trait lune des sources les plus anciennes signalant les Qarmia. Selon lauteur, ces derniers croient quun autre prophte se prsentera aprs le prophte de lIslam. De ce chapitre, lauteur passe un autre sur les sectes du chiisme (dhikr al-shiya wa-m fh min al-Rawfi wa-ghayrihim) (ff. 142b:4ff). Ce quil crit ce propos est important, car il tmoigne de lopinion de lauteur sur les chiites de son poque. A cet gard, son point de vue est comparable celui dAbu l-asan al-Ashar (m. 324/935-36) dans ses Maqlt al-islmiyyn et Abu l-usayn al-Khayy (mort vers la fin du 3me/9me sicle) dans son Kitb al-Intir.25 Notre auteur crit (f. 142b:5-9): wa-amm al-shiya fa-minhum firqa qila bi-l-aqq lzima li-l-awb laysa indahum ghulw wa-hum alladhn yaqln bi-l-adl wa-l-tawd wa-yatawalln kull man tawallhu Al b. Ab lib min alladhn ahara minhum nakth aw adth f l-islm wa-yaqln: Al kna abar wa-araf bi-man yatawall wa-amman yatabarra wa-huwa min awliy Allh subnah yatawall waliyyah wa-yatabarra min aduwwih. Par cela, il entendrait certains groupes des Zaydites mais aussi pro-bablement des Imamites. En ce qui concerne les Rawfi, il crit (f. 142b:10-11): thumma al-Rawfi alladhn l yarawna al-amr bi-l-marf wa-l-nahy an al-munkar wa-yualliln al-salaf wa-yukhainahum wa-yukaffirnahum idh lam yaqid al-imma li-Al qabla ghayrih. Il voque ensuite certaines de leurs doctrines, et ce quil crit est trs important du point de vue doxographique. Parmi les sectes des Rawfi, il 25 Voir Wilferd Madelung, Immism and Mutazilite Theology, dans Le Shisme immite,

ed. T. Fahd, Paris 1970, pp. 13-29 [rimpr. dans W. Madelung, Religious Schools and Sects in Medieval Islam, London 1985, no. VII].

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mentionne (dhikr ikhtilf al-Rawfi, ff. 142a:13ff): al-Batiyya (peut-tre : al-Ftiyya), al-Aflaiyya, al-Qarmia, al-Batriyya, etc.

Il fait quelques remarques propos de la thse chiite de limam cach, et dis-cute la position chiite selon laquelle limam a une connaissance des choses oc-cultes (ghayb) (ff. 144a:20ff). Les chapitres suivants traitent galement de diverses croyances chiites, parmi lesquelles la question des ombres (ailla) (ff. 133a:16ff), puis lauteur soulve quelques problmes qui nont aucun lien apparent avec le chiisme (ff. 147b:15ff).

On sait par ailleurs qual-Jubb avait entretenu des discussions avec des Imamites de son temps, discussions dont quelques rapports nous sont dailleurs parvenus.26 Les titres de certains de ses ouvrages tmoignent galement de son intrt pour de tels sujets.27 Dans les fragments de son exgse coranique qui nous sont parvenus, al-Jubb parle ainsi des doctrines imamites.28 Ce fait est galement attest par louvrage du savant chiite Ibn ws Sad al-sud29 et par quelques autres sources.30 De plus, tant donn que lauteur vivait une poque dcisive pour la formation de la doctrine imamite,31 celle de lOccultation mi-

26 Il croyait ainsi lexistence de points de convergence entre les chiites et les mutazilites.

Voir Abd al-Jabbr, Fal al-itizl, p. 291. Pour son opinion sur les Imamites, voir Abd al-Jabbr, Tathbt dalil al-nubuwwa 1-2, d. Abd al-Karm Uthmn, Beyrouth 1966, vol. 2, pp. 528-29. Isml b. Al al-Nawbakht, al-asan b. Ms al-Nawbakht, Ab Abd All-h Muammad b. Abd Allh al-Jurjn al-Ifahn, Majlis ma Ab Al al-Jubb (Dhara, vol. 19, p. 366; vol. 20, p. 353; Mujam al-turth al-kalm, vol. 5, p. 39 nos. 10398 et 10399; p. 101 no. 10701).

27 Voir Schmidtke, Jubb, p. 542. 28 Pour son Tafsr, qui a t frquemment cit par les auteurs dautres commentaires corani-

ques, voir Etan Kohlberg, A Medieval Muslim Scholar at Work. Ibn ws and His Library, Leiden 1992, p. 342 n. 563. Trois chercheurs ont entrepris de colliger les fragments qui existent de cet ouvrage. Voir Rosalind W. Gwynne, The Tafsr of Ab Al al-Jubb. First Steps Toward a Reconstruction, with Texts, Translation, Biographical Introduction and Analytical Essay, PhD. thesis, University of Washington, 1982; Daniel Gimaret, Une lecture mutazilite du Coran. Le Tafsr dAb Al al-Djubb (m. 303/915) partiellement reconstitu partir de ses ci-tateurs, Leuven / Paris 1994; Khur Muammad Nabh (d.), Tafsr Ab Al al-Jubb, (Mawsat tafsr al-Mutazila, 3), Beyrouth 1428/2007.

29 Voir Ibn ws, Sad al-sud, Qum s.d., pp. 13, 142, 144, 165, 167, 173. 30 Mme si, durant sa vie, Ab Al al-Jubb semble navoir pas pu trancher la question de

la supriorit relative des compagnons du prophte, et quil a prfr ne pas sy prononcer en croire al-Q Abd al-Jabbr, il aurait cependant adopt, vers la fin de sa vie, la thse de la supriorit dAl. Voir Ibn Abi l-add, Shar Nahj al-balgha 1-20, d. M.A. Ibrhm, Caire 1959, vol. 1, p. 8 (lauteur cite le Shar al-Maqlt [li-Abi l-Qsim al-Balkh!] dAbd al-Jabbr).

31 Voir Hossein Modarressi, Crisis and Consolidation in the Formative Period of Shiite Islam. Ab Jacfar ibn Qiba al-Rz and His Contribution to Immite Shite Thought, Princeton 1993; Said Amir Arjomand, Imam Absconditus and the Beginnings of a Theology of Occultation. Imami Shiism circa 280-90 A.H./ 900 A.D., Journal of the American Oriental Society 117 (1997), pp. 1-12; idem, The Consolation of Theology. Absence of the Imam and Transi-tion from Chiliasm to Law in Shiism, The Journal of Religion 76 (1996), pp. 548-71; idem, The crisis of the Imamate and the Institution of Occultation in Twelver Shiism. A So-ciohistorical Perspective, International Journal of Middle East Studies 28 (1996), pp. 491-515.

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neure (al-ghayba al-ughr), les doctrines quil attribue aux Imamites mritent une tude srieuse, au mme titre que les autres sectes dont il traite.

Lauteur sattache ensuite lexamen des croyances de ceux quil considre comme les disciples dUthmn (al-nawib al-uthmniyya) et mentionne leurs thories propos de lassassinat de ce dernier. A cette occasion, il met en lumire les opinions des Khawrij et des Mutazilites propos de cette mme question (ff. 158a-161b).

La mention des Khawrij ce propos (dhikr al-Khawrij, ff. 161b:14ff) conduit lauteur consacrer le chapitre suivant de son uvre cette secte et ses diverses branches, dont il mentionne les suivantes: al-Ibiyya, al-ufriyya, al-Azriqa et al-Najdiyya. Il est ainsi amen aborder le problme du khurj et du amr bi-l-marf wa-l-nahy an al-munkar.32 Il reprend ensuite les doctrines des Imamites et des Mutazilites en mettant en avant leurs thses au sujet de ces deux dernires questions. Il dclare que, selon les Mutazilites, il nest obligatoire dinstaurer le rgne de la religion que lorsque limam est prsent et quil est accompagn au moins de 313 compagnons (f. 162b). Il attribue aux Immiyya une doctrine quel-que peu diffrente, en les citant: qlat al-Immiyya: l yaillu li-aad an yanura dnan wa-l an yamura bi-marf wa-l yanh an al-munkar att yathim imm yalamu al-ghayb (f. 162b:7-9). Par la suite, lauteur semploie la rfutation des doctrines kharijites (dhikr al-radd al l-Khawrij, ff. 162b:14ff).

Dans le chapitre sur les sectes musulmanes (dhikr firaq ahl al-milla) (ff. 164b: 4ff), il rappelle, tout en les critiquant, les positions des quatre sectes savoir al-Murjia, al-Khawrij, al-Nawib et al-Immiyya, au sujet des califes et des compa-gnons du Prophte. Il en profite pour examiner galement la doctrine mutazilite ce propos. Dans le reste du manuscrit, il soulve quelques problmes non lis les uns aux autres.

Bien que le copiste prcise que le livre sachve sur cette partie (f. 172b:18 en prcisant: tamma dhlika), il est fort probable, tant donn les questions dont traite lauteur, et ce quil avait promis dans son introduction, que le manuscrit principal ait t tronqu, ou que le livre ait eu un deuxime volume qui ne nous est pas parvenu. Ainsi, les passages cits par Abd al-Jabbr, dont nous avons dj parl, ne se trouvent-ils pas dans le manuscrit dont nous disposons. Donc, de deux choses lune: ou bien Abd al-Jabbr cite un autre ouvrage dal-Jubb, ou bien il cite les chapitres perdus de ce mme livre.

Un trait caractristique de cet ouvrage rside dans le fait que lauteur transmet certaines traditions relatant des vnements historiques, en nommant tous les ac-teurs de la chane de transmission, indiquant ainsi quil frquentait les milieux traditionalistes (ab al-adth) de Bagdad. Il exprime pourtant tout au dbut de son livre des rserves propos des traditions transmises par les traditionalistes.

32 Voir Michael Cook, Commanding Right and Forbidding Wrong in Islamic Thought, Cambridge

2000, pp. 199-201.

AB AL AL-JUBB ET SON LIVRE AL-MAQLT 29

Bien que tout semble tmoigner de lappartenance de ce livre al-Jubb, il nous faudrait, pour trancher dfinitivement la question de lauthenticit de ce manuscrit, entreprendre une tude compare du contenu de ce trait et de tout ce qui a t attribu, dans dautres sources, al-Jubb. Toutefois, le fait que les fragments attribus al-Jubb par certains auteurs zaydites du Ymen se trou-vent dans notre manuscrit33 accrdite fortement la thse selon laquelle cet ou-vrage soit dal-Jubb, et ce dautant plus que ce dernier stait pench sur le mme genre de questions dveloppes dans ce trait.34

Ce livre est lun des rares documents mutazilites dont on dispose avant al-Q Abd al-Jabbr, et ce titre, il peut nous aider nous faire une meilleure ide du dveloppement de cette cole thologique. Il est antrieur aux Maqlt al-islamiyyn dAbu l-Qsim al-Balkh et dAbu l-asan al-Ashar et il est de trs peu postrieur au K. al-Maqlt wa-l-firaq de Sad b. Abd Allh al-Ashar (m. en-tre 299/912 et 301/914). Etant donn limportance de luvre dal-Balkh et dAbu l-asan al-Ashar, et la grande influence quelle a exerce sur ce genre de livre, il nous semble impratif de comparer le contenu de ce livre avec les frag-ments qui existent de louvrage dal-Balkh ainsi quavec celui dAbu l-asan al-Ashar.

Appendice I: Texte de lintroduction (ff. 115a:1-116b:5)

[...]]115 [

+] [ :

] : [

33 Al-Muall, al-Burhn al-riq, f. 229b (cf. al-Jubb, al-Maqlt, f. 125b); Abd Allh b. al-

Hd, al-Iqd al-nad, pp. 666-70 et 671-77 (cf. al-Jubb, al-Maqlt, ff. 158a-166a). 34 Schmidtke, Jubb, p. 541.

03 IRASNA NASSAH

[ : ]

[ ]+

[ 511]

[ : ]

13 TLQAM-LA ERVIL NOS TE BBUJ-LA LA BA

[ 611]

[ (: ) ]

[ 611]

.

. .

23 IRASNA NASSAH

:tiart ud unetnoc ud elbaT :II ecidneppA

711 811

321 421

521 621 621 821

921 921 031 031 031 131

231 431

531 531

631 631

731

33 TLQAM-LA ERVIL NOS TE BBUJ-LA LA BA

731 731

831 831

931 931

041 041

041 141

241 441

441 541

641 641

741 741

841 941

451 451

651

HASSAN ANSARI 34

158 160

161 162

162 163

164 165

165 166

166 167

168 169

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