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S’oublier pour laisser passer le Christ à travers soi

TEMOIN

Tour à tour ou successivement sportif de compétition (plongeon), journaliste ou poète, Petru Popa est avant tout un prêtre dont la spiritualité s’enracine dans l’Eucharistie vécue avec et en communauté. Chaque jour il essaie d’approfondir sa spiritualité. Les poè-mes qu’il nous offre à méditer nous invitent à faire de même.Petru est né en 1971 à Oradea en Transylvanie (Roumanie), ville située à la frontière avec la Hongrie. De mère hongroise catholique et de père rou-main orthodoxe, il est enfant unique jusqu’à l’âge de 26 ans. Il fait ses études au Séminaire de l’archevêque d’Eger en Hongrie et est ordonné prêtre en 1997. Après un ministère

paroissial accompli dans son diocèse d’Oradea, il complète sa formation à Rome à la Casa Balthasar, où il étudie la théologie de Balthasar, d’Henri de Lubac et s’intéresse particulièrement à la spiritualité d’Adrienne von Speyr. En 2000, il est envoyé en Suisse par son évêque pour être l’aumônier des communautés hongroises de Suisse occidentale (Genève, Lausanne, Berne et Fribourg) jusqu’en 2009. A son arrivée dans notre pays, il fut accueilli à la cure de la paroisse du Christ-Roi à Fribourg où il logea durant neuf ans.Prêtre auxiliaire depuis 2004, il a été nommé récemment par Mgr Bernard Genoud comme vicaire au sein de l’unité pastorale Notre-Dame de Fri-bourg, avec la charge de prêtre-répon-dant pour les paroisses de Saint-Jean et Saint-Maurice. Il est aussi aumônier depuis 2006 auprès du service du ca-téchuménat dans le canton de Fribourg.

Quelle est votre spiritualité? Ma spiri-tualité s’enracine dans l’Evangile et dans l’Eucharistie. Comme prêtre, j’essaie d’approfondir jour après jour ma relation avec Jésus Eucharistie. Ma maxime d’ordination est d’ailleurs «Seigneur, à qui irions-nous?» (Jn 6, 68).

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MEDITATIONEn guise de méditation, l’abbé Petru Popa, nous offre trois de ses poèmes. Ecrits en hongrois (deux recueils de poésie ont été publiés), il les a traduits en français avec l’aide d’un ami, grand connaisseur et amoureux de cette merveilleuse langue de Molière.

JE SUIS

Seigneur, je suis peccableMais je t’aime!Seigneur, je suis un peu fouMais je danse autour de Toi!Seigneur, je suis fragileMais diamant dans tes mains!Seigneur, je suis petitMais sur tes épaules je touche les étoiles!Seigneur, je suis Homme, TA création,A toi ici et à jamais!

CONFESSIO

Ecrits sur ma paumeJe porte mes péchésComme la flamme d’une bougieDans la lumière du soleilMaintenantJe tendsMes mains vers ToiJe supplieEt Tu essuies mes larmesTu essuies mes larmes.

A GENOUX DEVANT TOI

Silence solitaireLes pensées se brisent,

se mélangentComme le grouillement

carnavalesqueLes gouttes en verre bariolées:

Dévouement, amour, foyer, cœur,

Parents, espérance, Jésus, amis, foi

Malgré tout cela, tellement vide.Millions de précipices béants en moi.

Seigneur, mon Dieu, abaisse ton regard

Je suis juste à genoux devant Toi.

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Durant ma formation je n’ai pas étudié un courant théologique, mais plusieurs. J’étais influencé par la réflexion théo-logique des jésuites, notamment par celle de leur fondateur saint Ignace de Loyola, mais aussi d’Henri de Lubac et, grâce à lui, par les Pères de l’Eglise. Après mes études à Rome, j’ai d’ail-leurs songé à entrer dans un ordre religieux.Depuis tout enfant j’aime la figure du clown et je la compare souvent avec celui du prêtre. Lors des célébrations, le prêtre est devant les fidèles, tout comme le clown devant les spectateurs. De la manière qu’on attend du clown qu’il nous fasse rire, on attend du prê-tre qu’il soutienne et réconforte. En tant que prêtre nous devons toujours être souriants, agir avec le même dé-vouement même si ce n’est pas tou-jours facile. On ne fait pas le clown pour soi, mais pour les autres. Comme le clown s’oublie lui-même pour faire vivre des émotions aux enfants, le prê-tre essaie de s’oublier lui-même pour laisser passer le Christ à travers lui.

Quelles sont les personnes qui vous ins-pirent? En grande partie l’exemple de ma famille, de mes parents et de mon grand-père. Quelque part je dois à celui-ci ma vocation sacerdotale. Mon grand-père était de rite gréco-catholi-que. Il était souriant et gai. Je me sou-viens particulièrement de lui lorsque je médite le passage du fils prodigue dans l’Evangile. Je me rappelle la manière dont il se préparait pour aller à la messe: on aurait dit qu’il allait à une fête! Et c’était vrai, il allait à une

fête, car toute messe est une fête à la table du Seigneur. Quand je repense à lui, j’ai l’image de Dieu Père qui me vient à l’esprit.Ma maman est catholique, mais mon papa était orthodoxe. J’ai grandi dans cette ambiance œcuménique. Le jour de mon ordination, mon papa m’a fait un magnifique cadeau: il est devenu catholique. Le soir de ma première messe, j’ai eu la joie de baptiser ma petite sœur Maria-Petra. Grâce à elle ma relation à la Sainte Vierge a changé. Je parle à la Mère de Dieu avec plus de facilité. Peut-être parce que toutes deux s’appellent Marie?

Où et comment vous ressourcez-vous? Mon lieu privilégié de ressourcement est la messe paroissiale. Je ne conçois pas la messe sans la communauté. Je crois qu’il est préférable de célébrer toujours avec et en communauté.Je me ressource également dans le sport, le jogging, le fitness et la nata-tion. Je suis aussi un grand cinéphile et j’écoute volontiers de la musique. L’amitié, la convivialité sont des choses importantes pour moi. Il faut savoir s’apprécier et apprécier ce que l’on a, être content de ce qu’on reçoit.J’aime aussi écrire, surtout de la poésie. Ecrire, pour moi ce n’est pas vraiment un ressourcement, mais une nécessité. Souvent j’écris sur des bouts de papier à n’importe quelle heure de la journée. Puis je rassemble les morceaux épar-pillés pour en faire des poèmes, des méditations...

Propos recueillis par

Véronique Benz

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