2004 These Doctorat Petre
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Transcript of 2004 These Doctorat Petre
THESE
Présentée en vue de l’obtention du titre de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE PAUL SABATIER TOULOUSE
Spécialité : Génie Electrique
par
ANCA PETRE
Soutenue le 3 décembre 2004, devant la commission d’examen composée de:
A. TOUREILLE Professeur à l’Université Montpellier II Président - Rapporteur
G. TOUCHARD Professeur à l’Université de Poitiers Rapporteur
R. GERHARD-MULTHAUPT Professeur à l’Université de Potsdam Examinateur
J-L. FRANCESCHI Professeur à l’Université Toulouse III Directeur de thèse
D. MARTY-DESSUS Professeur à l’Université Toulouse III Co-directeur de thèse
OPTIMISATION DE LA METHODE FLIMM POUR LA
CARACTERISATION EN VOLUME DES CHARGES D’ESPACE
DANS LES ISOLANTS POLYMERES MINCES
A ma mère, à mon grand-père et à Mr. Smoleanu…
Je pense souvent à vous !
Le temps des remerciements est enfin arrivé… Nous voilà au bout de mes trois
années de thèse passées au LGET. Cette période a été pour moi très riche en
rencontres et je voudrais exprimer ma gratitude envers toutes ces personnes qui ont
été à mes côtés le long de ces années.
Mes premières pensées se dirigent tout naturellement vers Mr. Franceschi, dont
le constant soutien a constitué pour moi une aide précieuse pour mener à bien ce
projet, qu’il a eu d’ailleurs la gentillesse de me confier et qui était pour moi un grand
défi.
J’adresse également un grand merci à Didier Marty-Dessus et Laurent
Berquez, de qui j’ai appris énormément et qui ont été toujours là pour moi. Merci à
tous les deux pour vos encouragements et votre aide dans les moments difficiles.
Je ne dois pas oublier Mr. A. Toureille et Mr. G. Touchard qui m’ont fait
l’honneur d’accepter d’être les rapporteurs de mon travail. Mes remerciements vont
aussi à Mr. R. Gerhard-Multhaupt, pour avoir accepté de participer à mon jury.
Je tiens à remercier l’ensemble du personnel du laboratoire, à ceux (nombreux)
qui m’ont aidé dans mon travail et à tous les autres qui ont contribué à la bonne
ambiance du labo.
Petite pensée pour les « anciens » : Cédrick, Aziz, Mimoun, Khalid… Merci pour
l’amitié que vous m’avez témoignée !
Je souhaite remercier aussi mes collègues de bureau, Amira et Guillermo, pour
leur amitié, leur soutien et leur patience, car je sais que pour eux cela n’a pas été tous
les jours facile de me supporter…
Une pensée toute particulière va vers Hubert qui a bien voulu me faire
confiance et m’accorder son amitié qui m’est très chère.
Egalement, je souhaite exprimer ma reconnaissance envers une personne qui a
toujours été à mes côtés, qui a su m’écouter, m’aider et m’épauler : merci Edgar !
Je profite de l’occasion pour dire également merci à mes amies et leur dire que
leur amitié compte énormément pour moi : Diana, Simona, Laurence, Mihaela et
Pedro.
Adelina et Barbu, mes anges gardiens, je vous remercie pour nos longues
discussions durant lesquelles j’ai appris énormément et merci de m’avoir ouvert les
yeux sur le monde…
J’ai également une pensée pour mon collègue de « souffrance » de Montpellier,
avec qui j’ai beaucoup partagé durant cette dernière année de thèse.
Je tiens également à remercier Mr. Laval d’avoir eu confiance en moi et de
m’avoir ouvert les portes pour faire des études en France. Si je suis là aujourd’hui, je
vous le dois en grande partie.
Tout naturellement, je pense à ma famille en Roumanie que je n’ai
malheureusement pas beaucoup vu ces dernières années, mais j’aimerais leur dire
qu’ils sont toujours présents dans mon cœur.
Finalement, 1001 mercis pour tout à Christophe, la liste serait très longue si je
devais énumérer toutes les choses pour lesquelles je lui sais gré… Merci !
En exprimant ainsi ma gratitude envers vous tous, je prends conscience de la
chance que j’ai d’être si bien entourée et d’avoir autant d’amis …
Sommaire
Sommaire
1
Introduction générale..................................................................5
Chapitre I - Contexte général de l’étude de charges d’espace.......7
I.1 Historique ....................................................................................................................7
I.2 Problématique .............................................................................................................8
I.3 L’injection et le transport des charges .......................................................................9
I.3.1 Conduction ionique ............................................................................. 10
I.3.2 Conduction électronique...................................................................... 11
I.3.3 Mécanismes contrôles par l’interface.................................................... 11
I.3.3.1. Schottky ........................................................................................................13
I.3.3.2. Fowler-Nordheim ou l’effet tunnel ................................................................14
I.3.4 Mécanismes contrôlés par le volume du polymère................................. 14
I.3.4.1. Courants limités par charge d’espace ...........................................................14
I.3.4.2. Poole-Frenkel ...............................................................................................16
I.3.4.3. Hopping........................................................................................................16
I.3.5 Courants résultant de l’orientation dipolaire......................................... 17
I.3.6 Nouvelles approches............................................................................ 18
I.3.6.1. Approche fractale..........................................................................................18
I.3.6.2. Modélisation moléculaire..............................................................................19
I.4 Les méthodes de détection des charges d’espace......................................................20
I.4.1 La méthode des courants thermostimulés ............................................ 20
I.4.2 Les méthodes avec résolution spatiale.................................................. 21
I.4.2.1. Les méthodes thermiques...............................................................................21
I.4.2.1.1 Implémentation expérimentale des méthodes........................................................ 22
I.4.2.1.2 Génération du signal .............................................................................................. 23
I.4.2.1.3 Distribution de la température ............................................................................... 24
I.4.2.1.4 Déconvolution mathématique................................................................................ 25
I.4.2.2. Les méthodes acoustiques .............................................................................27
I.4.2.3. Comparaison entre les méthodes thermiques et acoustiques..........................27
I.4.2.4. Nouvelles applications des méthodes.............................................................28
I.5 Conclusion .................................................................................................................29
Chapitre II - Génération et détection du signal FLIMM ...............31
II.1 Introduction .............................................................................................................31
II.2 La technique FLIMM..............................................................................................32
II.2.1 Dispositif expérimental ....................................................................... 32
Sommaire
2
II.2.1.1. Principe général ..........................................................................................32
II.2.1.2. Les éléments de la chaine de mesure............................................................34
II.2.1.2.1 Diode laser et système optique............................................................................. 34
II.2.1.2.2 Le préamplificateur .............................................................................................. 35
II.2.1.2.3 Détection synchrone ............................................................................................. 38
II.2.2 Génération du signal .......................................................................... 39
II.2.2.1. Principe.......................................................................................................39
II.2.2.2. Problème électrostatique .............................................................................40
II.3 Les principales évolutions........................................................................................46
II.3.1 Mise en œuvre d’une nouvelle cellule .................................................. 46
II.3.2 Augmentation du rapport S/B ............................................................ 48
II.3.2.1. Différentes couches et comparaisons ...........................................................48
II.3.2.2. Influence de l‘épaisseur des électrodes ........................................................51
II.3.2.3. Influence de la nature des électrodes ...........................................................52
II.3.2.4. Influence du diamètre des électrodes............................................................53
II.3.3 Développement des logiciels................................................................ 54
II.3.3.1. Programme d’acquisition ............................................................................54
II.3.3.2. Programme de calcul de la température ......................................................56
II.3.3.3. Programme de traitement des données.........................................................57
II.4 Conclusion................................................................................................................58
Chapitre III - Modélisation de la température et problème inverse FLIMM...................................................................61
III.1 Modélisation de la température .............................................................................61
III.1.1 Introduction...................................................................................... 61
III.1.2 Equation générale de diffusion de la chaleur ...................................... 62
III.1.3 Modèle 1D avec apport surfacique...................................................... 62
III.1.3.1. Equation de la chaleur ...............................................................................63
III.1.4 Modèle 3D avec apport volumique...................................................... 64
III.1.5 Comparaison 1D / 3D ....................................................................... 67
III.1.6 Modèle 1D avec apport volumique...................................................... 69
III.1.6.1. Géométrie du problème ..............................................................................69
III.1.6.2. Equation de la chaleur ...............................................................................69
III.1.6.3. Source de chaleur.......................................................................................70
III.1.6.4. Expression de la température .....................................................................72
III.1.7 Modèle 1D quatre couches................................................................. 72
III.1.7.1. Géométrie du problème ..............................................................................73
Sommaire
3
III.1.7.2. Equations de la chaleur ..............................................................................73
III.1.7.3. Modélisation des sources de chaleur ..........................................................74
III.1.7.4. Expressions de la température....................................................................76
III.1.7.5. Renseignement du modèle en constantes.....................................................77
III.1.8 Validation des modèles ...................................................................... 79
III.1.8.1. Profils en profondeur..................................................................................79
III.1.8.2. Profils en fréquence....................................................................................80
III.2 Déconvolution mathématique ................................................................................81
III.2.1 Introduction...................................................................................... 81
III.2.2 La méthode d’approximation.............................................................. 82
III.2.3 Méthodes de régularisation................................................................ 82
III.2.3.1. La régularisation de Tikhonov ...................................................................83
III.2.3.1.1 La méthode L-Curve ........................................................................................... 84
III.2.3.1.2 La méthode d’auto-cohérence (SC) .................................................................... 84
III.2.3.2. La méthode TSVD.......................................................................................85
III.2.3.3. Piecewise Polynomial -TSVD .....................................................................86
III.2.4 Calibration des méthodes mathématiques .......................................... 86
III.2.4.1. Validation de la temperature ......................................................................88
III.2.4.2. Profils de polarisation ................................................................................89
III.2.4.3. L’influence du bruit ....................................................................................92
III.2.4.4. Les effets de la bande de fréquence utilisée.................................................94
III.3 Conclusion ..............................................................................................................96
Chapitre IV - Résultats expérimentaux ......................................99
IV.1 Distributions globales de charges d’espace............................................................99
IV.1.1 Etude du comportement du PET (analyse 1D) .................................... 99
IV.1.1.1. Préparation des échantillons ......................................................................99
IV.1.2 Etude 1D du PEN soumis à hauts champs....................................... 103
IV.1.2.1. Matériau étudié ........................................................................................103
IV.1.2.2. Contexte de l’étude ...................................................................................104
IV.1.2.2.1 Préparation des échantillons ............................................................................. 105
IV.2 Cartographies 2D et 3D........................................................................................109
IV.2.1 PEN irradié par UV.......................................................................... 109
IV.2.2 Etude du PTFE irradié par MEB ...................................................... 116
IV.2.2.1. Préparation des échantillons ....................................................................116
IV.2.2.2. Cartographie barreaux avec une résolution de 50 µm - Laque d’argent....117
Sommaire
4
IV.2.2.3. Cartographie d’un angle en 3D ................................................................121
IV.2.2.4. Cartographie 3D des barreaux 10µm .......................................................123
IV.2.2.5. Evolution temporelle de la charge d’espace..............................................126
IV.3 Conclusion ............................................................................................................128
Conclusions générales .............................................................131
Bibliographie...........................................................................133
Annexe 1……............................................................................143
Constantes d’intégration de l’équation de la chaleur quatre couches ........................143
Annexe 2……............................................................................145
Simplification de l’équation du courant par intégration par parties..........................145
Introduction générale
Introduction générale
5
Le travail de thèse présenté dans ce mémoire a pour objet d’améliorer la
connaissance de la répartition spatiale des charges d’espace dans les matériaux
isolants à la base des systèmes utilisés en Génie Electrique comme par exemple les
câbles haute tension, les transformateurs, les condensateurs. Ces éléments sont
soumis à des contraintes sévères et doivent résister en particulier à de très forts
gradients de tension de l’ordre de quelques dizaines de kV/mm.
Un problème majeur auquel se heurtent les concepteurs est dû à l’apparition de
champs électriques locaux importants induits par les charges d’espace piégées dans
le matériau. Elles résultent principalement de la dissociation d’espèces
électriquement neutres, de l’injection de charges en surface de l’isolant, ou encore
de l’orientation des dipôles électriques. Dans ces zones affectées d’un fort champ
électrique local, les phénomènes dissipatifs d’énergie peuvent entraîner un
vieillissement important de l’isolant donc une rupture prématurée. Il est donc
difficile dans ces cas de prévoir la durée de vie d’un système.
Ces études rencontrent actuellement un regain d’intérêt. En effet, l’utilisation de
nouveaux matériaux isolants avec une augmentation toujours croissante des
performences, c'est-à-dire des contraintes imposées (électriques, thermiques,
mécaniques), nécessite la mise en oeuvre des méthodes expérimentales permettant
de mesurer la distribution de charges ou la répartition du champ électrique avec
précision. Ainsi, plusieurs techniques de mesure des charges d’espace ont été
développées, notamment les méthodes thermiques non-destructives, parmi
lesquelles la méthode FLIMM que nous présentons. Son caractère particulier réside
dans sa capacité à détecter des charges ponctuelles dans les isolants. De plus,
grâce à un balayage en surface de l’échantillon étudié, des cartographies
multidimensionnelles des charges peuvent être réalisées à l’échelle du micron.
L’objectif principal de ce travail de thèse est d’optimiser et faire évoluer la méthode
FLIMM, tant du point de vue théorique qu’expérimental pour la rendre
opérationnelle dans le domaine tridimensionnel.
Dans le premier chapitre, après un bref historique concernant les matériaux
polymères utilisés en Génie Electrique et leurs applications, une étude
bibliographique relative aux mécanismes d’injection et de transport de charges est
rappelée.
Introduction générale
6
Comme l’intérêt des utilisateurs en Génie Electrique s’est porté sur les méthodes de
détection des charges d’espace ou de polarisation de nombreuses méthodes
existent. Suivant le type de source excitatrice utilisée, ces techniques peuvent être
divisées globalement en méthodes thermiques ou acoustiques. La technique
développée dans notre équipe appartient au groupe des méthodes thermiques. Une
description détaillée et une comparaison des différentes méthodes sont effectuées
au cours de ce premier chapitre, qui se termine en évoquant les perspectives
d’évolution et les nouvelles applications en cours de développement.
Le deuxième chapitre est consacré à la description du banc expérimental de la
méthode FLIMM que nous utilisons. Un intérêt particulier est accordé à la
génération et la détection du signal utile.
Les nombreuses améliorations apportées à cette technique sont détaillées,
notamment en ce qui concerne l’augmentation du Signal/Bruit détecté, ou le
développement des logiciels de calcul.
Le troisième chapitre s’attache à déterminer un paramètre fondamental, la
température locale dans l’échantillon.
En effet, la connaissance de la température est primordiale dans la détermination
de la distribution de charges en FLIMM, c’est pourquoi la modélisation de la
température, ainsi que la résolution numérique du problème mathématique sont
détaillés. Ainsi, des nouveaux modèles de température se rapprochant davantage
du phénomène physique sont développés et implantés.
Une partie importante du travail effectué, décrite dans ce chapitre, est dédiée à la
résolution du problème inverse. Plusieurs méthodes d’inversion existent, mais la
difficulté réside dans le choix de celle qui est le plus adaptée à nos
expérimentations. Ainsi, plusieurs algorithmes de déconvolution sont testés et
comparés.
Tous les résultats expérimentaux sont présentés au cours du quatrième chapitre.
En effet, une fois la méthode calibrée tant du point de vue expérimental que
théorique, nous pouvons procéder à la caractérisation de matériaux polymères
soumis à des différentes contraintes (thermiques ou électriques).
En particulier, nous montrons que notre technique permet la représentation
tridimensionnelle des charges par cartographies avec une excellente résolution
latérale de l’ordre de 10µm actuellement.
I - Contexte général de
l’étude de charges d’espace
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
7
I.1 Historique
Les britanniques ont découvert la civilisation Maya dans l’Amérique Centrale vers
1500. Les Maya sont supposés être les premiers à avoir mis en oeuvre une
application avec un matériau polymère. En effet, leurs enfants jouaient avec des
balles faites à partir des arbres de caoutchouc. Plus tard, vers 1839, Goodyear a
découvert la vulcanisation, en combinant le caoutchouc naturel avec du soufre et à
une température élevée. Le caoutchouc vulcanisé est un polymère qui est plus
résistant et plus souple que le caoutchouc naturel et cela a ouvert la porte vers un
énorme marché pour les produits caoutchoutés.
En 1869, l’américain Hyatt cherchait à remplacer l’ivoire utilisé pour la fabrication
des boules de billard. Il a découvert ainsi le celluloïd, mélange de nitrate de
cellulose et de camphre. Le celluloïd a été le premier matériau plastique synthétique
et il a été largement utilisé comme substitut pour des substances plus chères,
comme l’ambre, l’ivoire. Il a contribué aussi à sauver la vie de beaucoup
d’éléphants…
Au début du XX siècle, avec le développement spectaculaire de l’électricité et les
besoins d’un matériau isolant efficace appraissent. Léo Baekeland, un chimiste
belge, a imaginé qu'il était nécessaire de mettre au point avec profit un produit de
remplacement synthétique pour la gomme laque. Ainsi, en 1907, après des longs
travaux, il élabore la bakélite, premier matériau synthétique à 100%. Initialement
utilisée comme isolant électrique, la bakélite va trouver des applications dans tous
les domaines de la vie quotidienne. Elle est connue comme le "matériau à mille
utilisations". Depuis son invention, l’utilisation du plastique a dépassé celle de
l’acier, de l’aluminium et du cuivre réunies. La production mondiale annuelle des
plastiques est d’environ 150 millions de tonnes. L’évolution des polymères continue
avec la découverte de la structure chimique de la cellulose, qui nous prouve que les
polymères sont composés de longues chaînes moléculaires. A la même époque,
Staudinger a suggéré pour la première fois l’idée de « macromolécule » et il a
démontré que les petites molécules peuvent former des polymères par
agglomération physique, mais aussi par réaction chimique. Il associa la masse
molaire de ces polymères à certaines de leurs caractéristiques physiques, comme la
viscosité. Il a posé ainsi les bases de la théorie moderne des polymères et a
contribué au développement des plastiques modernes. A partir de cette époque, des
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
8
nombreux polymères ont été développés, comme le polystyrène, le nylon, le
polyéthylène (PE), polyéthylène téréphtalate (PET), polyéthylène naphtalène (PEN) et
encore beaucoup d’autres… Les applications de ces nouveaux matériaux se sont
diversifiées, notamment en génie électrique. Ils occupent une grande place, comme
dans les composites pour circuits imprimés, les résines pour encapsulation, les
transducteurs piézoélectriques et les isolants pour câbles haute tension.
I.2 Problématique
Dans beaucoup d’applications, les polymères sont utilisés comme isolants
électriques. Leur fonction principale est de s’opposer au passage du courant entre
les conducteurs. Ainsi, les propriétés électriques du matériau utilisé jouent un rôle
primordial.
En Génie Electrique, les propriétés les plus importantes d’un isolant sont : la
permittivité (rapidité de transmission d’une onde électromagnétique, résistance à
l’échauffement qui peut naître sous l’effet d’un champ alternatif), la résistivité
(opposition au passage du courant) et la rigidité diélectrique (résistance à la
formation d’arcs sous l’effet de différences de potentiels).
Par exemple, l’application du polyéthylène comme isolant dans les câbles HT est
principalement due à sa permittivité relative faible ( 32.=rε ), à sa grande
résistivité et à sa rigidité diélectrique d’environ 200 kV/mm en alternatif.
Quand un isolant est soumis à une tension, plusieurs phénomènes peuvent
apparaître. Les charges d’espace intrinsèques peuvent bouger sous l’effet du
champ, les espèces ioniques peuvent se dissocier et, en fonction de la nature de
l’interface isolant-électrodes, des charges peuvent être injectées dans le matériau
[Chap 86]. De plus, le PE commercial contient également des impuretés polaires
(acide benzoique etc.) qui vont s’orienter avec le champ et donner naissance à une
polarisation dipolaire. La présence de ces charges d’espace dans des zones à pièges,
comme l’interface entre les zones amorphe-cristalline, peut produire un champ
électrique interne très important pouvant conduire à la rupture diélectrique.
La contrainte électrique n’est pas le seul facteur qui mène à l’accumulation des
charges d’espace dans les matériaux. Des études ont montré que les processus de
réticulation, de fusion, d’assouplissement des polymères peuvent également
participer à la création des charges d’espace [Eyer 85].
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
9
Des films minces de polymères comme le Téflon (FEP) et le Mylar (PET) sont
largement utilisés dans l’industrie spatiale. Ces matériaux sont exposés à des
radiations gamma et à des bombardements électroniques, qui provoquent le
piégeage durable des charges. L’accumulation de ces charges peut conduire à des
phénomènes de rupture dans les revêtements spatiaux.
Pour toutes ces raisons, il est important de comprendre les phénomènes de rupture
diélectrique ainsi que les phénomènes de création et de transport de charges.
I.3 L’injection et le transport des charges
Dans les matériaux diélectriques (matériaux polymères) de structure semi
cristalline complexe, plusieurs phénomènes ou mécanismes de conduction
électriques peuvent générer de très faibles courants.
La théorie de conduction la plus connue est la théorie de bandes qui nous permet
de décrire les phénomènes d’interaction électriques dans la matière organisée, c’est-
à-dire dans les matériaux cristallins. Dans cette théorie nous avons des porteurs de
type électrons ou trous (défaut d’électrons). Dans un solide cristallin, les porteurs
ne peuvent pas acquérir n’importe quelle énergie, il existe de bandes d’énergie
permises (de valence et de conduction) et des bandes d’énergie interdites. Dans les
bandes autorisées, le nombre de places varie en fonction de l’énergie. Par contre
aucun porteur ne peut exister avec une énergie correspondante à la bande interdite.
Ces considérations de la théorie de bandes ne sont évidement pas respectées dans
le cas des matériaux polymères, caractérisés par un certain désordre structural.
Plusieurs auteurs [Diss 92], [Coel 93] ont fait des ajustements à la théorie de
bandes pour expliquer le comportement des matériaux non cristallins, comme les
polymères. Ces ajustements sont les suivants :
• Les frontières entre les bandes de valence et de conduction et la bande interdite
ne sont plus parfaitement définies. Ce phénomène est du aux défauts présents
dans le matériau et se traduit par l’apparition d’une densité d’états occupables
dans ce qui était précédemment la bande interdite. Ces états, qui sont occupés
ou vides, selon leur position par rapport au niveau de Fermi, sont dits localisés,
car ils ont un potentiel énergétique inférieur par rapport à leurs plus proches
voisins. Ces états localisés sont également connus sous le nom des pièges. La
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
10
nature des pièges peut-être chimique (dues aux impuretés, aux additifs, aux
malformations du polymère) ou physique (d’ordre topologique).
Ec
Ev
E
Etats localisés
peu profonds
profonds
profonds
peu profonds
pièges à
électrons
pièges à
trous
N(E)
gap
Th
+
-
TeTe
4 -
10
eV
0.1
- 0
.5 e
V0
.1 -
0.5
eV
BANDE DE VALENCE
BANDE DE CONDUCTION
Figure I. 1– Diagramme d’énergie avec pièges d’après Sessler [Sess 99]
• La mobilité des porteurs occupant éventuellement ces états sera de plus en plus
faible au fur et à mesure que l’on se rapproche du milieu de la bande de
conduction. Le temps de piégeage des porteurs dépend fortement de la
profondeur de pièges, ainsi que de l’énergie nécessaire pour extraire les
porteurs, de la température et d’autres facteurs comme le champ appliqué.
Pour faire une meilleure description des mécanismes de conduction dans les
matériaux polymères, il faut considérer les types de porteurs de charges électriques
qui peuvent se présenter dans ces matériaux. Les électrons, les trous et les ions
sont les principaux porteurs de charges dans les polymères.
I.3.1 Conduction ionique
Dans les polymères, il existe des ions, en plus ou moins grandes quantités. Les ions
peuvent provenir d’impuretés, dépendant des procédés de fabrication et des
procédés de mise en ouvre. Ils peuvent être générés également par des processus
d’ionisation liés, par exemple, à l’absorption de rayonnement, des processus de
dégradation du matériau, ou encore de l’absorption de contamination, comme des
molécules d’eau qui peuvent former des ions OH- en se dissociant.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
11
Le transport d’ions résulte en un transport de matière, raison pour la quelle les
mobilités ioniques sont inférieures, de plusieurs ordres de grandeurs, aux mobilités
électroniques. Dans ce cas le mécanisme de transport est, en fait, une série de
sauts au-dessus des barrières de potentiel, qui permet aux ions de se mouvoir d’un
site à un autre. Ces barrières de potentiel sont créées par la structure complexe du
polymère et peuvent être modifiées lorsqu’on applique un champ électrique
extérieur [Diss 92], (Wint 83].
I.3.2 Conduction électronique
Dans le cas des porteurs de charges de type électronique, on peut modéliser le
transport de ces charges en considérant les phénomènes de conduction comme un
flux d’électrons. Donc ce flux de porteurs sera soit contrôlé par des phénomènes
d’interface électrode-polymère, soit par des phénomènes de volume au sein du
matériau.
I.3.3 Mécanismes contrôles par l’interface
Sous l’effet d’un champ électrique élevé, des charges peuvent être injectées dans
l’isolant à partir de l’électrode et peuvent bouger vers l’intérieur. Ces mécanismes
ne dépendent pas seulement de la tension appliquée, mais aussi d’autres facteurs
comme la température, la nature du polymère et de l’électrode. D’après Ieda [Ieda
84], l’interface métal-isolant joue un rôle important dans la conduction, étant à
l’origine de plusieurs phénomènes (Tableau I. 1) :
Phénomènes liés à l’interface métal-isolant
1. Injection des porteurs (électrons ou trous)
2. Etats de surface
3. Réactions électrochimiques
4. Ionisation
5. Courants ohmiques et limitation de la charge d’espace
Tableau I. 1 – Effets à l’interface électrode-polymère
Il a été également montré que la nature de l’électrode joue un rôle très important
dans la conduction [Koji 85].
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
12
Au contact métal-isolant, il existe une barrière de potentiel: la bande de valence de
l’isolant est située à un niveau inférieur par rapport au niveau de Fermi du métal.
Pour qu’un électron du métal puisse passer dans l’isolant, il doit absorber une
énergie minimale, équivalente au travail de sortie. Le diagramme des bandes
énergétiques est schématisé dans la Figure I. 2 a).
Le problème majeur pour l’électron est de franchir la barrière de potentiel qui existe
entre le métal et l’isolant. L’application d’un champ électrique a pour conséquence
la réduction de la hauteur Φ de cette barrière. Ce phénomène est schématisé dans
la Figure I. 2 d) et il résulte de la superposition des effets de la force image (Figure I.
2 b)) et de l’énergie potentielle de l’électron (Figure I. 2 c)) dues au champ appliqué.
Ces modifications de la barrière vont être détaillées dans les mécanismes de
Schottky et Fowler-Nordheim.
Métal Polymère
V(x, image)Φ
Ef
x
Φ
Ef
x
Métal Polymère
-eEx
Φ
Ef
x
Métal Polymère
a) b)
c) d)
Φ
Ef
x
Métal Polymère
Figure I. 2 – Barrière de potentiel à l’interface métal-isolant : a) Hauteur totale de la
barrière; b) effet de la force image; c) effet de l’énergie potentielle du
champ électrique appliqué; d) la barrière résultante.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
13
I.3.3.1. Schottky
Si l’on considère que la hauteur de la barrière de potentiel est suffisamment basse,
des électrons avec une énergie suffisante peuvent la franchir. L’abaissement de la
barrière est associé à une attraction électrostatique qui a lieu entre l’électron et le
métal supposé chargé positivement (charge image) après l’extraction de l’électron
vers l’isolant. Cette attraction induit un changement graduel de la barrière du à
l’énergie potentielle de l’électron [Diss 92],[Coel 93],[Lamb 67].
Φ
Ef
x
Métal Polymère
1
2
3
1 Effet Schottky
2 Effet tunnel assisté thermiquement
3 Effet tunnel
Figure I. 3 – Mécanismes de conduction contrôlés par l’interface
L’expression du courant Schottky reste simple tant que l’on considère que le
matériau est exempt des pièges :
−Φ
−=kT
EATJ s
2
1
2 βexp (1. 1)
où A est la constante de Richardson et sβ la constante de Schottky donnée par :
2
1
0
3
4
=
πεεβ
qs avec ε la permittivité relative du matériau.
Le courant dépend de la température et de la nature de l’électrode (au travers de Φ
qui représente la hauteur de la barrière de potentiel à franchir par les porteurs). Le
logarithme du courant varie linéairement avec la racine carrée du champ appliqué,
la pente de cette droite permet de calculer la constante sβ donnant ainsi accès à la
permittivité du matériau.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
14
Dans le cas d’un stockage de charges dans l’isolant ou près de l’interface, le champ
n’est plus uniforme dans l’échantillon. Pour prendre en compte cette modification
du champ dans le modèle Schottky, Toureille [Tour 74] propose de tenir compte de
l’effet de la charge d’espace. On considère que la valeur du champ au contact est
proportionnelle au champ macroscopique appliqué suivant l’expression EEc γ=
où 1<γ correspond au cas de l’injection d’une homocharge et 1>γ d’une
héterocharge. L’expression du courant est obtenue en remplaçant la valeur de E
par cE dans l’expression (1.1).
I.3.3.2. Fowler-Nordheim ou l’effet tunnel
L’application d’un champ élevé, supérieur à 1810
−Vm , entraîne une diminution de
la largeur de la barrière de potentiel. Dans ce cas, même si l’électron n’a pas
suffisamment d’énergie pour passer au-dessus de la barrière, il peut la traverser. Ce
phénomène est expliqué par la mécanique quantique, tenant compte du caractère
ondulatoire de l’électron. En effet, l’électron peut se manifester de l’autre coté de la
barrière sous forme d’onde d’autant moins amortie que la largeur de la barrière est
faible ; il suffit que la longueur d’onde associé à l’électron ne soit pas très petite
devant la largeur de la barrière [Wint 83], [Coel 93].
Le courant obtenu est indépendant de la température et a pour expression :
−=E
BAEJ exp2
(1. 2)
avec : Φ
=h
qA
π8
3
et h
mB
3
28 23 /Φ=
π
I.3.4 Mécanismes contrôlés par le volume du polymère
I.3.4.1. Courants limités par charge d’espace
Ce phénomène est généralement observé dans les films minces. Si l’on considère
que le contact métal-isolant est bon, alors l’injection des charges sera plus
importante que leur extraction. Ainsi, au niveau de l’électrode à partir de laquelle il
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
15
y a injection, la densité des porteurs en excès est importante, la conductivité
augmente d’une façon significative et le champ électrique est faible.
Au faible champ, le matériau a un comportement ohmique du aux porteurs
intrinsèques. Dans cette zone, le courant est quadratique et la mobilité est
généralement contrôlée par les pièges.
Pour des tensions élevées, on assiste à une injection importante et tous les pièges
vont être occupés. Si l’on augmente encore la tension jusqu’à la valeur TFLV , les
porteurs injectés ne pourront plus être piégés qui se traduit par une augmentation
significative du courant [Wint 83], (Coel 93], [Diss 92].
La tension TFLV peut être calculée en utilisant l’équation de Poisson et a pour
expression :
r
tTFL
dqNV
εε 0
2
2= (1. 3)
avec q la charge élémentaire, tN la densité des charges , d l’épaisseur, 0ε la
permittivité du vide et rε la permittivité relative du matériau.
Au-delà de TFLV , le matériau suit la loi quadratique d’un matériau sans pièges.
Ces régimes sont présentés dans la Figure I. 4:
Sans pièges
Vtr1 V
tr2VTLF
Avec un niveau
de pièges
Log V
Log J
Figure I. 4 – Caractéristique courant-tension pour un mécanisme de
conduction limité par charges d’espace
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
16
I.3.4.2. Poole-Frenkel
Le mécanisme Poole-Frenkel est un effet similaire à l’effet Schottky mais qui a lieu à
l’intérieur du matériau, et non à l’interface.
Comme on le voit sur la figure représentant les puits de potentiel associé à un
centre ionisé, l’effet Poole-Frankel résulte de l’abaissement I∆ de l’énergie
d’ionisation I du centre sous l’effet combiné du potentiel coulombien d’un centre
d’ionisation supposé ionisé et du potentiel associé au champ appliqué.
Dans les solides, les centres ionisés sont généralement fixes, par conséquent la
conduction peut se faire que par les électrons qui on pu franchir la barrière
abaissée II ∆− [Coel 93], [Diss 92], [Lamb 67].
L’expression du courant Poole-Frenkel peut se mettre sous la forme :
−Φ
−= ∞kT
EEJJ
pf2
1
βexp (1. 4)
où spf ββ 2=
Dans le cas de l’effet Poole, il faut que la distance λ séparant deux pièges soit
suffisamment faible pour que leur potentiel interfère. Le courant prend alors la
forme :
−Φ
−=kT
qE
EJJ 20
λ
exp (1. 5)
I.3.4.3. Hopping
Dans ce modèle, les défauts de structure entraînent l’existence de sites
énergétiques pouvant être occupés par les porteurs. Dans ce cas, le niveau de Fermi
est une valeur d’énergie qui, en première approximation, sépare les niveaux
occupés des niveaux vides.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
17
Figure I. 5 – Sauts de site à site dans un mécanisme de Hopping
A chaque site est associé une fonction d’onde, qui d’après la mécanique quantique
est liée à la probabilité de présence. Lorsque les sites sont spatialement et/ou
énergétiquement proches, il y a un recouvrement non négligeable des fonctions
d’onde et donc une probabilité de passage d’un site à l’autre (Figure I. 5). Plus on se
rapproche du niveau de Fermi, plus la probabilité d’occupation se rapproche de 1/2
et plus on peut trouver des sites donneurs (occupés) ou accepteurs (vides) proches
les uns des autres. On peut donc avoir un processus de migration de porteurs
d’origine purement quantique qui se manifeste autour du niveau de Fermi [Segu
00], [Coel 93].
En optimisant les compromis entre distance énergétique et distance spatiale, la
conductivité peut s’écrire :
−
4
1exp α
T
Aσ (1. 6)
où A est une constante dépendant de la densité et de la nature de pièges. Cette loi a
été vérifiée à des températures de l’azote liquide ou inférieures.
I.3.5 Courants résultant de l’orientation dipolaire
En plus des électrons et des ions, le matériau peut également contenir de dipôles.
Lorsque dans une molécule, le barycentre des charges positives ne coïncide pas
avec celui des charges négatives, on dit que la molécule est polaire et qu’elle
possède un moment dipolaire.
Si l’on applique un champ électrique, alors les dipôles vont s’orienter dans la
direction du champ. Ce phénomène est connu sous le nom de polarisation et
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
18
dépend de la structure chimique du matériau et de l’intensité du champ électrique.
Les dipôles peuvent être permanent ou induits. Les dipôles induits disparaissent
une fois le champ électrique enlevé. Par contre, les dipôles permanents font partie
intégrante du matériau et ils ne dépendent pas du champ. De plus, ces dipôles
peuvent rester immobiles et alors le matériau demeure polarisé même après
l’enlèvement du champ.
La polarisation →
P est définie comme le moment dipolaire par unité de volume et la
charge totale induite s’écrit :
→→
∫−= adPQ (1. 7)
où →
P est la polarisation, →
ad l’élément de surface.
L’orientation d’un dipôle dans un champ électrique occasionne un déplacement de
charge. Comme tout déplacement local de charge, cela induit un courant dans le
circuit extérieur de mesure. Si l’on applique un champ continu, les dipôles se
déplacent puis atteignent un état d’équilibre. Statistiquement, on peut alors
considérer que les charges sont immobiles et que le courant cesse [Segu 00].
La densité de courant est une somme d’exponentielles :
)exp()()(ii i
st
VCtJττ
εε−
−= ∑∞1
00 (1. 8)
Où 0C est la capacité, 0V la tension appliquée, τ temps de relaxation, ∞εε ,s les
permittivités relatives correspondant respectivement au champ statique et aux
champs à fréquence élevée.
I.3.6 Nouvelles approches
I.3.6.1. Approche fractale
Comme nous l’avons constaté dans les paragraphes précédents, les mécanismes de
conduction dans les matériaux polymères sont de type ionique ou électronique et
dépendent fortement de la structure complexe dans ces matériaux.
Plus récemment quelques auteurs [Novi 00], [Novi1 00], [Prig 04] ont proposé une
nouvelle approche pour expliquer les propriétés macroscopiques (électriques,
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
19
mécaniques, etc.) dans les isolants. Il s’agit de considérer l’aspect fractal de la
morphologie des polymères. Dans ce cas des phénomènes de conduction, les
porteurs de charge électrique sont placés dans un milieu fractal caractérisé par des
irrégularités dues à des changements d’échelle. Dans un objet fractal la dimension
est de type non-entier, et est associée au comportement de type loi de puissance de
la conductivité en fonction de la température.
Samukhin, et al. [Samu 98] ont modélisé les chaînes macromoléculaires à
l’intérieur d’un cube (LxLxL), dans ce cas les chaînes forment ensembles de paquets
non connectés les unes par rapport aux autres. Le mécanisme de conduction
obtenu est un comportement modifié du mécanisme de conduction par saut
(hopping), qui a été appelé « Variable Range Hooping (VRH) ».
Dans la littérature nous pouvons trouver plusieurs approches du mécanisme de
conduction dans les polymères en considérant la notion de dimension fractale.
Dans tous les cas, ces modèles font une meilleure description mathématique de
transport de charges électriques, cependant il reste encore à expliquer la
signification physique du valeur fractionnaire de la dimension par rapport au
mécanisme de conduction dans les polymères.
I.3.6.2. Modélisation moléculaire
L’injection et le transport des charges dans les isolant ont été caractérisés
notamment par des techniques expérimentales ou par des modèles
phénoménologiques d’injection ou de décharge.
Une autre approche intéressante, qui se développe de plus en plus, est la
modélisation moléculaire. Cette technique implique l'utilisation de méthodes de
calcul théoriques (mécanique moléculaire, dynamique moléculaire, mécanique
quantique ab-initio ou semi-empirique, ...) permettant de déterminer la
représentation graphique de la géométrie ou de la configuration des atomes d'une
molécule et d'évaluer les propriétés physico-chimiques de la molécule étudiée.
Meunier et al. [Meun 00], [Meun 01] ont utilisé la modélisation moléculaire afin de
relier les défauts microscopiques à la formation de la charge d’espace. Dans un
premier temps, il est primordial de comprendre le rôle des défauts au niveau
moléculaire dans le piégeage des charges.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
20
Cette modélisation permet de calculer l’affinité électronique et par conséquent la
profondeur des pièges d’un système moléculaire donné. Le calcul de l’affinité
électronique se fait par le biais des méthodes ab initio.
Cette technique permet également de dissocier les défauts qui sont de nature
chimique et physique et d’analyser séparément leurs caractéristiques et d’en
déduire leur influence sur le piégeage des charges.
Il a été montré [Meun 00] qu’en utilisant la modélisation moléculaire il est possible
d’estimer l’énergie, le nombre des pièges, ainsi que le temps de piégeage des
électrons dans les pièges.
Toutes les approches présentées auparavant sont des modèles théoriques qui
tentent d’expliquer les phénomènes d’injection et de transport de charges dans les
matériaux polymères.
Des techniques expérimentales ont été également développées afin de déterminer la
distribution des charges d’espace (densité, polarité, location). Ces techniques sont
directement liées à la variation du champ interne dans le matériau qui se traduit
par l’apparition d’une tension ou d’un courant dans le circuit externe.
I.4 Les méthodes de détection des charges d’espace
A partir du milieu des années 70, beaucoup de chercheurs ont concentré leurs
efforts afin de déterminer les distributions des charges dans les isolants. Ainsi
plusieurs techniques ont été mises au point et l’on peut les diviser en deux
catégories : les méthodes sans résolution spatiale (les courants thermostimulés) et
celles avec résolution spatiale (les méthodes thermiques et acoustiques).
I.4.1 La méthode des courants thermostimulés
Cette technique, mise au point par Bucci et Fieschi [Bucc 64] dans les années 60,
est basée sur la décharge ou la dépolarisation du matériau par activation
thermique. Elle a été l’une des premières à mettre en évidence la présence des
charges d’espace dans les isolants. Elle permet de déterminer la nature de la charge
accumulée, les temps de relaxation et les niveaux énergétiques des pièges mis en
jeu.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
21
I.4.2 Les méthodes avec résolution spatiale
Des nombreuses techniques de mesure de charges d’espace et de polarisation avec
une résolution axiale d’environ 1µm ont été développées depuis le milieu des années
70 [Alqu 81], [Sess 81], [Sess 82], [Maen 85], [Taka 87], [Gerh 87], [Lang 81], [Gerh1
87], [Leal 90] et plus récemment une nouvelle technique a été développée avec une
résolution en 3D [Fran 97]. Ces méthodes peuvent être divisées en deux catégories :
thermiques et acoustiques. Dans les deux cas, des signaux électriques sont générés
et sont dus à des changements mécaniques ou diélectriques provoqués par la
diffusion de la chaleur ou la propagation d’une onde de pression dans l’échantillon.
La distribution de charges peut être obtenue à partir de la réponse électrique.
Une description détaillée de ces méthodes et leur évolution a été réalisée par Ahmed
et Srinivas [Ahme 97].
Une attention particulière sera accordée aux méthodes thermiques, puisque la
méthode utilisée lors de ces travaux en fait partie. Les méthodes acoustiques seront
juste mentionnées et leur principe sera décrit.
I.4.2.1. Les méthodes thermiques
A partir du milieu des années 70, les méthodes thermiques ont été développées afin
d’analyser de façon non-destructive les distributions des charges et de la
polarisation dans les polymères isolants minces. Parmi les plus connues, on peut
citer dans l’ordre chronologique la méthode de l’impulsion thermique (MIT), la
méthode LIMM (Laser Intensity modulation Method) et la MOT (méthode de l’onde
thermique).
La caractéristique commune de ces méthodes thermiques consiste dans l’analyse
du courant ou de la tension générés par le matériau diélectrique après une
excitation thermique.
L’avantage majeur de ces techniques réside dans la résolution spatiale qui peut être
atteinte avec les différentes implémentations expérimentales. La nature diffusive de
la chaleur implique une résolution spatiale non uniforme dans l’échantillon. Ainsi
une grande résolution spatiale peut être obtenue proche de la surface excitée mais
elle décroît avec l’épaisseur du matériau.
Une autre question largement débattue porte sur la nécessité d’un traitement
mathématique complexe des données afin d’en déduire les distributions de charges
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
22
ou de polarisation. Il semblerait que la déconvolution mathématique délicate des
signaux soit un argument majeur contre les méthodes thermiques. Néanmoins, il a
été montré [Baue 93], [Plos 92] qu’en utilisant une méthode approximation basée
sur un changement d’échelle, la distribution de charge peut être estimée
directement à partir des données expérimentales, sans faire appel à des méthodes
mathématiques fastidieuses. Ce procédé sera détaillé dans le chapitre suivant. De
plus, les méthodes mathématiques, comme par exemple la régularisation, ont
atteint une maturité qui permet l’extraction de la charge sans aucune équivoque.
Ces différents points vont être abordés au cours des paragraphes suivants pour
répondre aux différentes interrogations relatives aux méthodes thermiques.
I.4.2.1.1 Implémentation expérimentale des méthodes Le but ici est de décrire brièvement les implémentations expérimentales des
différentes méthodes et de mettre en évidence les similitudes qui existent entre
elles.
Les méthodes thermiques se différencient notamment par le type de source
d’excitation utilisée. Les méthodes d’impulsion thermique et la LIMM utilisent
généralement comme source excitatrice les lasers.
L’intérêt d’utiliser un faisceau laser est double : il nous permet d’obtenir une
information globale de la distribution de charge dans l’échantillon si le faisceau est
défocalisé. Par contre, si l’on focalise le faisceau laser, une analyse ponctuelle de la
charge peut être effectuée [Mart 02]. De plus, la faible puissance du faisceau laser
(mW) assure une analyse non-destructive du matériau.
Dans la MOT, l’excitation thermique est réalisée en appliquant d’un échelon de
température. Une face de l’échantillon est en contact avec un radiateur et est
initialement portée à 30°C avant d’appliquer le front froid. Ensuite, un liquide froid
(0°C) circule dans le radiateur, provoquant ainsi un échelon de température
CT °−=∆ 30 . Cette technique est également non-destructive car la température
maximale atteinte est alentour de la température ambiante, donc elle n’endommage
pas le matériau.
La source excitatrice (laser ou échelon de température) provoque à l’intérieur du
matériau des ondes thermiques qui se propagent à l’intérieur du matériau. Ces
ondes interagissent avec la distribution de charges ou de la polarisation et
génèrent, entre les deux électrodes de l’échantillon, un signal porteur d’information.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
23
Ce signal peut être une tension, comme c’est le cas dans la méthode de l’impulsion
thermique, ou un courant pyroélectrique enregistré par la LIMM et la MOT. La
mesure du courant pyroélectrique s’avère parfois difficile, étant donnée sa faible
valeur (~pA).
La MOT et la MIT sont des méthodes temporelles, alors que la LIMM est une
méthode fréquentielle. Ceci implique que les méthodes temporelles fournissent une
réponse rapide de la distribution de charge, de quelques µs pour la MIT et de
quelques secondes pour la MOT. Ces techniques conviennent donc à l’étude des
phénomènes qui évoluent rapidement avec le temps. En LIMM, afin d’assurer une
bonne résolution spatiale, le balayage en fréquence doit s’effectuer sur une plage
importante, rendant ainsi cette technique relativement lente. Elle convient donc à
l’étude des phénomènes qui évoluent peu avec le temps.
Une attention particulière est demandée dans l’implémentation expérimentale de
ces méthodes, notamment en ce qui concerne la source thermique utilisée, les
conditions aux limites des équations de la chaleur, les performances de
l’amplificateur, l’épaisseur et la nature des électrodes. Tous ces problèmes ont été
détaillés par Collins [Coll 79].
I.4.2.1.2 Génération du signal Dans les méthodes thermiques, le signal utile est généré par les contributions du
champ électrique et de la polarisation, qui, en général, ne peuvent pas être
déconvoluées. Cette séparation est néanmoins possible, dans certains cas, si l’on
connaît les caractéristiques du matériau. Ce problème est rencontré dans toutes les
méthodes, thermiques ou acoustiques.
Considérons un matériau diélectrique métallisé sur les deux faces, les dimensions
latérales de l’électrode excitatrice sont beaucoup plus grandes que l’épaisseur du
matériau. Ceci permet une modélisation unidimensionnelle de la température
),( txT , utilisée actuellement par la majorité des techniques.
En conditions de court-circuit, un signal électrique )(tI est généré entre les deux
électrodes et il apporte une information concernant les distributions de la
polarisation )(xP et le champ électrique )(xE dans l’échantillon :
( ) ∫ ∂
∂−−=
d
xp dxtxTt
xExPd
AtI
0
0 ),()()()( εεααα ε (1. 9)
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
24
où A est la surface de l’électrode, d l’épaisseur de l’échantillon, 0ε la permittivité du
vide, εααα ,, xp les coefficients …
La fonction ( ) )()()( xExPxr xp εεααα ε 0−−= est appelée « fonction charge » et
elle est composée des contributions de la polarisation )(xPpα et du champ
électrique ( ) )(xEx εεαα ε 0− .
En général, les méthodes thermiques fournissent une information globale de )(xr .
Néanmoins, les contributions de )(xP et )(xE peuvent être séparées à partir des
données expérimentales, seulement dans deux cas précis :
• si le matériau est non polaire, seulement )(xE contribue dans l’équation (1.9). A
titre d’exemple, le Téflon (PTFE) et ses copolymères, le polyéthylène (PE) font
partie de cette classe de matériaux.
• si le matériau est polaire, alors la contribution de )(xP sera prédominante dans
l’équation du courant. Le PVDF (polyvinylidène fluoride) et ses copolymères sont
les matériaux les plus connus de cette classe.
• Dans les matériaux où la polarisation est faible, une détermination unique de
)(xE et )(xP est généralement impossible.
I.4.2.1.3 Distribution de la température La connaissance de la distribution de température à l’intérieur de l’isolant est très
importante, la détermination du profil de charges ou de polarisation en dépend
fortement.
Suivant la source d’excitation utilisée, le calcul de la température s’effectue
différemment.
En LIMM, on considère que le diamètre de l’électrode excitatrice est beaucoup plus
grand devant l’épaisseur du matériau, ce qui permet une modélisation
unidimensionnelle du gradient thermique. Ceci permet une simplification des
conditions aux limites de l’équation de propagation de la chaleur [Lang 86, Lang
91].
Une modélisation tridimensionnelle a été développée par notre équipe et utilisée par
la méthode FLIMM (Focused Laser Intensity Modulation Method). Cette approche
permet une analyse ponctuelle des charges d’espace et également la réalisation des
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
25
cartographies 3D. Nous n’allons pas insister sur ces modélisations, puisqu’une
description détaillée de ces modélisations sera effectuée dans le Chapitre III.
Dans la méthode de l’onde thermique, le calcul de la température s’effectue à partir
de l’équation de la chaleur en géométrie plane avec un choix judicieux des
conditions aux limites. Ainsi, plusieurs modèles ont été proposés :
• Le modèle à deux sources de température est un modèle très rigoureux
physiquement. Dans cette modélisation, on considère que l’électrode de mesure
demeure à une température 0T tandis que l’échelon thermique est appliqué à
l’électrode en contact avec le radiateur. Ce traitement basé sur l’analyse inverse
de Fourier est lourd à mettre en œuvre numériquement [Tour 94], [Cher 92].
• Dans le modèle à une source de température, l’électrode excitatrice est
considérée comme seule source de température. L’électrode de mesure est
supposée à l’infini. Ce modèle n’est valable que lorsque l’onde thermique n’a pas
encore atteint l’électrode de mesure [Mata 01].
I.4.2.1.4 Déconvolution mathématique La détermination de la distribution de charges et la polarisation nécessite un
traitement mathématique du signal pyroélectrique. Chaque méthode thermique
possède ses propres méthodes de déconvolution, liées au calcul de la distribution
de la température dans l’échantillon.
Ainsi, pour chaque technique, plusieurs processus ont été implémentés et utilisés.
• Concernant la méthode de l’impulsion thermique, étant donné qu’elle fût la
première développée, nous permet de voir l’évolution de ces procédés de
déconvolution. Le traitement mathématique, proposé par Collins, consiste à
choisir une discrétisation de la distribution de charges et à calculer la tension
que cette distribution génère. Plusieurs itérations sont ensuite utilisées pour la
distribution de charges et la tension est calculée jusqu’à ce que les données
expérimentales soient en accord avec la discrétisation proposée. Ce procédé est
laborieux et peu précis, seule l’expérience permettra une reproduction des
résultats.
Plus tard, DeReggi et al. [DeRe 78] ont montré que le signal électrique pouvait être
analysé en utilisant les transformées de Fourier. Cette méthode a été implémentée
par Mopsik et DeReggi [Mops 82] rendant ainsi possible l’obtention des 10 premiers
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
26
coefficients de Fourrier de la distribution de charges. La résolution obtenue avec
cette méthode est de 2.5µm pour un film de 25µm.
• En LIMM, au départ, les auteurs ont proposé également une analyse basée sur
les transformées de Fourier. Par la suite, Lang [Lang 91], [Lang 98] a introduit
les méthodes de régularisation, les plus connues étant la régularisation de
Tikhonov et la TSVD (Truncated Singular Values Decomposition). Le principe
des méthodes de régularisation consiste à imposer une contrainte
supplémentaire sur le système d’équations afin de rendre la solution unique.
Une autre méthode de déconvolution a été développée et implémentée par Ploss
et al. [Plos 92]. Il s’agit de la méthode d’approximation, basée sur un
changement d’échelle. Cette procédure ne nécessite pas de traitement
mathématique fastidieux, la distribution du champ ou de la polarisation est
obtenue en faisant la soustraction entre les parties réelle et imaginaires du
courant pyroélectrique, après un changement d’échelle en fonction de la
diffusion du gradient thermique ω/Dx 2= , où ω est la pulsation et D la
diffusivité thermique. Cette méthode peut être également appliquée aux autres
méthodes thermiques par un changement d’échelle adéquat. La résolution
spatiale obtenue par cette approche est intéressante mais uniquement dans une
zone proche de la surface excitée.
Les méthodes utilisées en LIMM seront détaillées et comparées dans le chapitre
suivant.
• Pour la méthode de l’onde thermique, trois méthodes numériques sont
généralement utilisées : une méthode par analyse de Fourier, une méthode par
dérivations successives et une méthode d’inversion matricielle.
La méthode par analyse de Fourier est utilisée quand on considère une
modélisation avec deux sources de température. Pour résoudre l’équation de
départ, le champ électrique est écrit sous forme d’une série de Fourier. Ce
traitement est lourd à mettre en œuvre numériquement [Noti 01], [Cher 92].
Un traitement par dérivations successives est utilisé quand on considère une
seule source de chaleur. Ce modèle est valable tant que l’onde thermique n’a pas
encore atteint l’électrode de mesure, par conséquent, seulement une partie du
courant enregistré est exploitée. Cette approche est beaucoup plus simple à
mettre en oeuvre et elle est privilégiée dans le calcul des profils de charges [Noti
01].
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
27
La troisième méthode consiste à prendre en compte la température réelle sur
chaque face de l’échantillon en fonction du temps de mesure. On écrit l’équation
1 sous forme matricielle et le courant se traite en inversant la matrice des
températures [Mata 01], [Noti 98], [Abou 97].
I.4.2.2. Les méthodes acoustiques
Un autre groupe de techniques de détection des charges d’espace est celui des
méthodes acoustiques. Parmi les méthodes les plus connues, on peut citer la LIPP
(Laser Induced Pressure Pulse) [Sess 82], [Male 00] et la PEA (Pulsed Electro
Acoustic method) [Taka 99], [Fuku 02], [Maen 88].
Comme pour les méthodes thermiques, le phénomène physique de ces
implémentations est très semblable, le paramètre qui les différencie étant la source
d’excitation utilisée.
Le principe de ces méthodes consiste à exercer une onde de pression sur une face
de l’échantillon qui se propage à l’intérieur du matériau. Ainsi, les charges d’espace
soumises à cette contrainte se déplacent, créant un signal électrique détecté sur
l’autre électrode. Ce signal est directement proportionnel à la variation du champ
électrique, relié à la distribution des charges d’espace.
L’onde de pression peut être produite soit par un faisceau laser de courte durée
(LIPP), soit par l’application d’une impulsion de tension (PEA).
I.4.2.3. Comparaison entre les méthodes thermiques et acoustiques
Les méthodes thermiques et acoustiques sont des méthodes complémentaires : les
techniques acoustiques sont utilisées pour l’étude des films épais avec une bonne
résolution spatiale en profondeur, par contre, les méthodes thermiques sont
excellentes pour déterminer les distributions de charges dans les films minces, avec
une très bonne résolution spatiale proche de la surface excitée.
Cette conclusion en résulte des nombreuses comparaisons effectuées entre les
méthodes acoustiques et thermiques pour la détermination des distributions de
charges ou de polarisation dans les diélectriques [DeRe 92], [Alqu 92], [Yang 94],
[Blos 96], [Boué 97], [DasG 96].
Les principales caractéristiques des méthodes thermiques et acoustiques sont
présentées dans le tableau :
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
28
Méthode
Impulsion thermique
MIT
Modulation thermique
LIMM, FLIMM
Echelon thermique
MOT
Electro-acoustique
PEA
Impulsion de pression
LIPP
Source d’excitation
Impulsion laser
Faisceau laser modulé en intensité
Chauffage ou refroidissement d’une électrode
Impulsion de tesnion
Impulsion laser
Nature de la perturbation Dilatation Dilatation Dilatation
Champ électrique
Compression
Quantité mesurée
Variation de la tension
Courant entre les électrodes
Courant entre les électrodes
Signal acoustique
Courant entre les électrodes
Durée de la mesure
Courte
(1-10µs)
Longue
(1-100min)
Moyenne
(5-20 s)
Courte
(0.5-10µs)
Courte
(0.5- 10µs)
Résolution spatiale
> 2 µm < 1 µm Films ~1 µm
MOS < 100nm > 10 µm 1µm
Epaisseur des matériaux
< 200µm < 100 µm 20µm – 5mm
MOS < 100 nm < 10 mm 100µm – 1mm
Déconvolution mathématique
Nécessaire Nécessaire Nécessaire Nécessaire Non
nécessaire
Tableau I. 2 – Principales caractéristiques des méthodes de détection de charges d’espace
I.4.2.4. Nouvelles applications des méthodes
Depuis leur création, les méthodes de détection de charges ont beaucoup évoluées
afin de répondre aux demandes des plus en plus pointues.
• Au Japon, un grand nombre de chercheurs concentrent leurs efforts afin
d’élargir le champ d’application de la méthode PEA. Ainsi, Matsui et al. [Mats 02]
ont développé la 3H-PEA (High spatial resolution, High repetition rate, High
voltage measurement). Cette nouvelle variante de la PEA offre la possibilité de
réaliser de mesures de charges d’espace tous les 0.5 ms, permettant ainsi une
étude quasi continue de la dynamique des charges jusqu’au claquage. Maeno et
Fukunaga [Maen 02] ont mis au point un système miniaturisé de la PEA qui
permet de mesurer la distribution des charges sur place, que ça soit en
laboratoire ou en entreprise. Grâce à un oscilloscope portable, les profils de
charges peuvent être observés immédiatement, sans déconvolution
mathématique. Ce système est surtout utilisé pour l’étude des matériaux dans
un environnement spatial.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
29
• Au laboratoire d’Electrotechnique de Montpellier, outre les mesures des charges
d’espace dans les films et câbles, la MOT a été utilisée pour déterminer la
distribution de charges d’espace dans les structures MOS (Métal-Oxyde-
Semiconducteur) [Fruc 04]. En utilisant une modélisation simple de la structure
MOS autant du point de vue électrostatique que thermique, une estimation de la
charge d’espace dans l’oxyde peut être obtenue, sans déconvolution
mathématique.
• Dans notre équipe, une évolution de la LIMM a été mise au point, donnant
naissance à la méthode FLIMM (Focused Laser Intensity Modulation Method).
Cette nouvelle technique consiste à focaliser le faisceau laser à la surface de
l’échantillon, ce qui permet une détection ponctuelle de charges dans les
isolants [Mart1 02]. De plus, grâce à des platines microscopiques qui permettent
un balayage suivant les axes X et Y, des cartographies multidimensionnelles de
charges peuvent être réalisées [Petr 04], avec une résolution spatiale en
profondeur d’environ ~1µm et latérale d’environ 10 µm.
I.5 Conclusion
Les polymères ont trouvé de nombreuses applications dans le Génie Electrique,
grâce à leurs propriétés isolantes élevées.
Néanmoins, quand ils sont soumis à des contraintes importantes (électriques,
thermiques, mécaniques), le champ électrique interne augmente provoquant le
claquage prématuré des matériaux. Il est maintenant admis que les charges
d’espace jouent un rôle prépondérant à l’origine de la rupture diélectrique.
De nombreuses théories ont été élaborées qui tentent d’analyser les phénomènes
d’injection et de transport de charges dans les isolants. Un rappel de ces théories a
été fait dans la première partie de ce chapitre.
Elles tentent d’expliquer l’apparition des charges, mais elles ne peuvent pas prédire
la quantité et la localisation de ces charges.
Ainsi, des méthodes de détection des charges d’espace avec une résolution spatiale
dans une direction ont été développées à partir du milieu des années 70. Ces
méthodes peuvent être séparées, suivant le type de la source excitatrice, en
méthodes thermiques et acoustiques.
Chapitre 1 – Contexte général de l’étude de charges d’espace
30
Dans ce chapitre, une description détaillée des méthodes thermiques a été
effectuée, ainsi qu’une comparaison des implémentations expérimentales de ces
techniques.
Le principe des méthodes acoustiques a été également rappelé. La conclusion
majeure qui ressort c’est la complémentarité des méthodes thermiques et
acoustiques démontrée par de nombreuses études.
II - Génération et
détection du signal FLIMM
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
31
II.1 Introduction
La nécessité de déterminer la répartition spatiale des charges dans un isolant tant
du point de vue théorique qu’expérimental n’est plus à démontrer. Sur plan
théorique, cette répartition contribue à la compréhension des mécanismes de
conduction, d’injection, de transport et de piégeage de charges. Les applications
concernent les processus de vieillissement des matériaux piezoélectriques, la
dégradation des mémoires ferroélectriques et les phénomènes de rupture dans les
cables.
Dans les années 80, une nouvelle technique de détection de profils de charges et de
polarisation a été développée par Lang et Das-Gupta [Lang 86]. Cette technique,
appelée LIMM (Laser Intensity Modulation Method), consiste à irradier la surface de
l’échantillon étudié par un faisceau laser modulé en intensité à une fréquence
variable. On mesure ensuite le courrant pyroélectrique qui résulte de l’interaction
de l’onde thermique produite par le laser avec les charges d’espace ou la
polarisation.
La LIMM est une technique très utilisée actuellement, grâce à sa facilité de mise en
œuvre et à la performance des résultats, notamment dans une zone proche de la
surface irradiée. Elle trouve des applications dans de nombreux domaines, mais est
principalement utilisée pour la détermination des profils de charges et de
polarisation dans les matériaux ferroélectriques et polymères. Les études effectuées
sur les céramiques (PLZT, LiTaO3) ont porté sur la détermination des profils de la
polarisation permanente et spontanée [Boué 97], [Lang 96].
Les matériaux polymères sont utilisés dans beaucoup de domaines, notamment
comme isolants en génie électrique. Il est donc important de connaître leur
comportement sous différentes contraintes (électriques, thermiques, mécaniques).
Pour cela, la méthode LIMM a été employée afin de déterminer les profils de charges
à l’intérieur de ces matériaux, ainsi que leur évolution en fonction des différents
paramètres [DasG 96], [Blos 94], [Blos 96].
La LIMM a trouvé récemment des nouvelles applications, comme par exemple dans
l’étude des cristaux liquides [Leis 98], [Leis1 98], [Lehm 99], des polymères
possédant des caractéristiques optiques non linéaires [Baue 94] ou encore les
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
32
composites [Gesc 97] qui sont des nouveaux matériaux avec des larges applications
dans les dispositifs dédiés à la photonique, les capteurs, ou à l’optique non linéaire.
Afin de répondre à des champs d’applications plus vastes, la méthode LIMM a
évolué vers des nouvelles variantes, comme la SLIMM (Surface LIMM). Cette
méthode, développée par Lang en 1996 [Lang 96], permet la mise en évidence des
profils de polarisation proche de la surface excitée avec une résolution en
profondeur inférieure au micromètre.
La méthode FLIMM (Focused LIMM) a été mise en œuvre dans notre équipe [Fran
00], et a fait objet des travaux de deux thèses de doctorat [Haas 97], [Biel 01].
La particularité de cette méthode réside dans la focalisation du faisceau laser qui
permet une détection ponctuelle des charges d’espace et la réalisation de
cartographies spatiales 3D avec une résolution latérale de quelques microns et une
résolution en profondeur de l’ordre du micromètre.
Ce type de mesure correspond à une attente forte, si l’on considère qu’à l’heure
actuelle, il n’existe pas d’autres techniques de diagnostic avec de telles spécificités
en 3D.
II.2 La technique FLIMM
II.2.1 Dispositif expérimental
II.2.1.1. Principe général
La source d’excitation est une diode laser modulée en intensité par l’intermédiaire
d’un générateur BF à une fréquence variable. Le faisceau laser issu de cette diode
est focalisé à la surface de l’échantillon par un système optique performant,
permettant d’obtenir une taille de spot inférieure à 10 µm. Les cartographies de
charges sont effectuées grâce à des platines micrométriques qui permettent des
déplacements suivant les axes X et Y de la surface de l’échantillon étudié avec une
précision micromètrique.
L’échantillon est métallisé sur les deux faces avec une couche fine d’or (20 à 50
nm). Afin d’assurer une meilleure absorption du faisceau laser, une fine couche
opaque est généralement déposée sur les électrodes. L’échantillon est placé dans la
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
33
cellule de mesure servant à la fois de support et de protection contre les
perturbations électromagnétiques. A la sortie de la cellule, le préamplificateur de
transconductance faible bruit est chargé d’effectuer à la fois l’adaptation
d’impédance à l’entrée en tension du détecteur synchrone et l’amplification du
signal pour l’amener à un niveau convenable pour être traité. Il est également
utilisé pour remplir la condition de court-circuit virtuel en régime alternatif entre
les électrodes qui est nécessaire pour nos mesures.
Le signal amplifié est ensuite extrait du bruit par l’intermédiaire d’un détecteur
synchrone.
L’ensemble du dispositif est piloté par un ordinateur, qui permet l’incrémentation
de la fréquence avec un certain pas et l’enregistrement de l’amplitude du signal
suivant deux axes perpendiculaires (réel et imaginaire).
Figure II. 1 - Banc de mesure
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
34
II.2.1.2. Les éléments de la chaine de mesure
II.2.1.2.1 Diode laser et système optique La génération du signal est assurée par l’association d’une diode et une lentille de
focalisation.
• La diode laser
Son optique et son driver déterminent les caractéristiques du faisceau incident,
c’est-à-dire sa puissance, son intensité et son type de modulation. L’amplitude du
signal pyroélectrique, ainsi que la résolution spatiale sont directement dépendants
de la forme du faisceau laser qui illumine l’échantillon.
La diode actuellement utilisée (PMT45 (LD1360)) peut être modulée par un signal
TTL jusqu’à la fréquence de 20 MHz. Les caractéristiques de cette diode sont
résumées dans le tableau :
Caractéristiques Valeurs
Puissance en sortie
Longueur d’onde
Diamètre du faisceau
Modulation
45 mW
658 nm
1.9 mm (faisceau circularisé par microlentille)
1 Hz – 1MHz : TTL
Tableau II. 1 – Caractéristiques de la diode laser
• La lentille de focalisation
La lentille de focalisation permet de focaliser le faisceau laser à la surface de
l’échantillon. La résolution spatiale dépend du diamètre du spot de focalisation.
La lentille utilisée provient de la société Melles Griot donnant une taille de spot de
6 µm, d’après les données du fabricant.
• La webcam
Au niveau de l’échantillon, une partie de la lumière est absorbée par l’objet, l’autre
partie est réfléchie et détectée par une webcam qui permet la mise au point de la
focalisation et l’estimation de la taille de spot.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
35
Ce système permet également de visualiser la surface de l’échantillon et donc de
choisir une zone précise d’étude.
La webcam utilisée est une Philips ToUcam avec une résolution de la caméra de
640/480 pixels.
II.2.1.2.2 Le préamplificateur a) Caractéristiques
Il s’agit d’un pré-amplificateur de courant FEMTO (LCA-200k-20M). Ses principales
caractéristiques sont données dans le tableau suivant :
Caractéristiques FEMTO
• Bande passante (200kHz) indépendante de la capacité du détecteur jusqu’à 10nF
• Très faible bruit en courant : HzfA /40 ramené à l’entrée à 10kHz
• Bruit en tension : HznV /6 à 10kHz
• Bande passante : DC jusqu’à 200kHz
• Gain transimpédance 20MV/A
• Impédance d’entrée : Ω50 ( pF5 ) sur toute la bande passante
Tableau II. 2 – Caractéristiques du préamplificateur
b) Rapport signal/bruit
Les courants pyroélectriques efficaces détectés entre les électrodes peuvent
atteindre des niveaux très faibles (~0.1 pA). La caractéristique principale requise qui
guide le choix effectué du pré-amplificateur est son faible bruit en courant
équivalent ramené à l’entrée.
Considérons la Figure II. 2 dans laquelle la cellule de détection est symbolisée par
une source de courant d’impédance SZ . L’amplificateur est supposé non bruyant
de gain G et les générateurs de bruits équivalents ne et ni sont ramenés à l’entrée.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
36
Figure II. 2 – Schéma du préamplificateur
La tension de bruit en sortie est alors égale à :
2
2
22 4
++=
SS
nnb
R
kTB
Z
eiGe (2. 1)
2ni - bruit lié à l’amplificateur
2
2
S
n
Z
e- bruit de la source + amplificateur
SR
kTB4- bruit lié à la source (bruit thermique Johnson), où k est la constante de
Boltzmann, T la température (K) et B la bande passante.
A kHz10 :
≈Ω=
=
=
cS
n
n
ZkZ
HznVe
HzfAi
160
6
40
/
/
avec
Ω=
=
1410
100
S
S
R
pFC (2. 2)
De sorte que le terme SR
kTB4<< 2
ni et 2
2
S
n
Z
e (2. 3)
On en déduit HzµVeb /).()( 11055102 147 ≈⋅⋅⋅= − (2. 4)
Pour une bande de 10kHz : µVVekHzb 10010101 3
10=⋅⋅= )( µ (2. 5)
Un signal à l’entrée de l’amplificateur de effpA10. produit en sortie une tension :
µVeout 21021010 712 =⋅⋅⋅= −. (2. 6)
Dans ce cas typique, le rapport S/B en tension à l’entrée du détecteur synchrone
est égal à :
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
37
dBB
SdB 34
10100
10220
6
6
−=⋅
⋅=
−
−
log (2. 7)
L’extraction du signal du bruit s’effectue alors sans problème par le détecteur
synchrone. Il faut noter cependant que les facteurs limitants dans notre cas sont la
fréquence maximale d’étude et la capacité de l’échantillon.
Dès que le terme 2
2
S
n
Z
edeviendra plus grand que 2
ni , aucun signal ne pourra être
détecté. Ce sera le cas si la capacité des échantillons augmente, ou si l’on travaille à
des fréquences plus élevées.
c) Validation des conditions de « court-circuit »
L’équation fondamentale de la FLIMM (2 .27) est valable dans le cas où la condition
de court-circuit entre les électrodes est remplie.
Dans l’absolu, on ne peut pas remplir rigoureusement cette condition, mais
seulement tenter de s’en rapprocher au maximum.
Si l’on considère une source schématisée par son impédance équivalente sZ
attaquant l’amplificateur représenté à son entrée par son impédance d’entrée AZ .
Figure II. 3 – Modélisation de l’étape d’entrée
Tendre vers les conditions de court-circuit signifie maximiser le rapport A
s
Z
Z. Or,
sZ , constituée d’une capacité SC en parallèle avec une résistance SR (résistance de
l’isolant), est proportionnelle à 1−f . D’autre part, fZA ≈ ce qui implique
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
38
2−≈ fZ
Z
A
s . La condition de court-circuit est donc d’autant plus difficile à tenir
que la fréquence augmente.
Pour un cas d’étude typique nous avons pFCS 100= , Ω= 1410SR ,
kHzf 10= , donc :
Ω=+
= kCR
RZ
SS
Ss 160
1 222 ω (2. 8)
Le constructeur donne une valeur d’impédance d’entrée de l’amplificateur quasi
constante sur la bande passante et égale à Ω50 .
Il en résulte que 13200 >>≈A
s
Z
Z et dans ce cas, la condition de court-circuit est
remplie.
II.2.1.2.3 Détection synchrone La détection synchrone est utilisée pour extraire du bruit des signaux à une
fréquence donnée. Ces signaux sont noyés dans le bruit (le rapport S/B en tension
pouvant atteindre -80 à -100dB).
Un détecteur synchrone se compose typiquement d’un multiplicateur analogique,
d’un circuit moyenneur et d’un amplificateur continu de sortie qui restitue
l’amplitude du signal d’entrée. Le rapport signal sur bruit sera d’autant plus grand
que la constante de temps du moyenneur sera grande.
Du point de vue mathématique, un détecteur synchrone réalise une multiplication
entre le signal de référence et le signal à mesurer. Un filtre passe-bas reconstitue
alors une valeur proportionnelle à l’amplitude du signal.
Le signal issu de notre système de mesure pouvant atteindre des niveaux très
faibles ( effpA10. ), un détecteur synchrone (EG&G 5302) travaillant jusqu’à 1MHz,
est utilisé pour l’extraire du bruit.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
39
II.2.2 Génération du signal
II.2.2.1. Principe
Le faisceau laser modulé en intensité à une fréquence f et focalisé à la surface de
l'échantillon crée des échauffements périodiques dans une zone proche de la
surface que nous appellerons zone thermique. La taille de la zone thermique est
conditionnée par les caractéristiques du matériau mais aussi par la fréquence de
modulation. Plus la fréquence est basse et plus la zone irradiée est profonde. On
peut ainsi avoir accès à des informations qui sont fonction de la profondeur en
faisant varier la fréquence.
On définit la longueur de diffusion thermique α t [Mart 92] par la distance à laquelle
une source de chaleur est atténuée de e-1. Elle peut s'écrire:
ωα t
t
D.2= (2. 9)
Où Dt (m2/s) est la diffusivité thermique et ω la pulsation de modulation du
faisceau.
Lorsque une charge électrique est atteinte par un gradient thermique, elle est
localement déplacée à la fréquence de modulation. Ce déplacement relatif entre les
deux électrodes crée une variation des charges électriques images sur ces électrodes
et donc une différence de potentiel détectée par le système de mesure. Ayant obtenu
pour un point de la subsurface la distribution de charge, il suffit alors de déplacer
la source laser en surface de l’échantillon pour réaliser une étude
multidimensionnelle de la répartition de la charge électrique. L’avantage est ici
l’augmentation de la résolution latérale en comparaison avec les autres méthodes
de détection.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
40
Lock-in
AmplifierComputer
I(f)-
+
Driver
Sample
RElectrode
Electrode
d
Figure II. 4 – Schéma de principe du banc FLIMM
Les limites de cette méthode, comme la plupart des méthodes thermiques, sont
relatives au type de source utilisée. Le but étant de localiser la charge en
profondeur, il faudra exciter le matériau sur une large bande de fréquence. La
modélisation thermique donne alors des indications sur le choix de cette bande
mais montre aussi les limites : à basse fréquence, tout le matériau est irradié et le
signal capté est donc issu de l’état de charge général dans la zone thermique. Il
devient donc difficile d’obtenir une bonne résolution sur toute la profondeur de
l’échantillon. Une solution consiste à retourner l’échantillon, et à renouveler
l’opération. L’association des réponses obtenues successivement sur les deux faces
permet de reconstituer le profil intégral à l’intérieur de l’échantillon.
II.2.2.2. Problème électrostatique
L’information que nous recueillons est liée à la variation de la charge induite au
niveau des électrodes de l’échantillon par une source de perturbation thermique.
Il faut donc résoudre le problème électrostatique lié à l’apparition et à l’évolution de
ces charges pour pouvoir clairement établir une équation fondamentale décrivant
l’évolution de notre information « utile », en l’occurrence le courrant pyroélectrique
de court-circuit.
Nous envisageons dans le futur proche de faire évoluer la FLIMM vers une étude
« sous tension» de nos échantillons. Dans ce but, les équations menant à l’équation
fondamentale ont été réécrites, en tenant compte du terme associé « sous tension »
lié au champ électrique externe appliqué.
Le gradient thermique qui interagit avec les charges d’espace ou avec la
polarisation, génère, entre les deux électrodes, un courant pyroélectrique I(f).
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
41
Comme montré dans la Figure II. 4, l’électrode supérieure coté impact laser est à la
masse. On crée ensuite une condition virtuelle de court-circuit entre les bornes de
l’échantillon en connectant à l’électrode inférieure un préamplificateur d’impédance
sensiblement nulle (voir §II.1.2.2). Cette condition de court circuit simplifie
considérablement les équations électriques utilisées.
On considère une charge iQ située à l’intérieur du matériau, dans une couche
plane infiniment mince, de surface S, parallèle aux électrodes et située à la distance
z et )( zL − de celles-ci.
pA
LASER
Qi2
Qi1
Qi
Z
z=0
z=L
z=zi
Figure II. 5 – Création des charges images
Par influence totale, la charge interne iQ induit sur les électrodes, des charges
images 1iQ et 2iQ , qui dépendent des distances z et )( zL − . La pénétration d’une
onde de chaleur à partir de l’une des électrodes et la dilatation qui l’accompagne
font varier les valeurs relatives de ces distances et modifient l’équilibre des charges
images.
Pour une charge interne iQ (par unité de surface), située à l’abscisse z , la
condition d’influence totale suppose que la somme des charges dans un plan soit
nulle.
021 =++ iii QQQ (2. 10)
L’induction électrique ED ⋅= ε vaut, en tenant compte des charges de
surface 1σ induites par l’application d’une tension HTV :
Sur ],[ z0 : 11σε += iQE
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
42
Sur ],[ Lz : 112σε ++=−= iii QQQE
ε représente la permittivité du matériau ( )1−Fm et E le champ électrique interne
( )1−Vm .
Le théorème de Gauss permet d’écrire ∫ =⋅ HTVldErr
(2. 11)
Où HTV est la tension appliquée entre les électrodes dans le cas géneral.
D’où HT
L
z
iiz
iVdu
QQdu
Q=
+++
+
∫∫ ε
σ
ε
σ 11
0
11
Soit ∫ ∫−=+
L L
z
iHTidu
QVdu
Q
0
11 εεσ )( ⇔ 1
0
1σ
ε
ε−
−
=
∫
∫L
L
z
iHT
i
du
duQV
Q (2. 12)
Le calcul de la charge 2iQ se fait de la même manière :
L’induction électrique vaut :
Sur ],[ z0 : 12σε +−−= ii QQE
Sur ],[ Lz : 12σε +−= iQE
Donc :
∫ ∫−−=−
L z
iHTidu
QVdu
Q
0 0
12 εεσ )( ⇔ 1
0
02
σ
ε
ε+
−−
=
∫
∫L
z
iHT
i
du
duQV
Q (2. 13)
La charge 2iQ peut s’écrire comme la somme de la charge présente sur l’électrode
lorsque l’isolant est en condition de court-circuit et la charge crée lorsqu’on
applique une tension HTV :
CCHT iii QQQ222
+= (2. 14)
Le changement de température provoque :
• une dilatation du matériau : duTud x )( α+=′ 1 (2. 15)
• une variation de ε telle que )( TT εαεε +=′ 10
, (2. 16)
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
43
avec εαα ,x respectivement le coefficient de dilatation thermique du matériau et le
coefficient de dépendance à la température de la permittivité du matériau et 0T la
température d’équilibre.
De sorte que :
01
1
T
x du
T
Tud
εα
α
ε ε
+
+=
′
′ (2. 17)
Calcul de CC
Q2 :
∫
∫
∫
∫
+
+
+
+−
=
′
′
′
′
−=L
x
zx
i
L
z
i
CCdu
T
T
du
T
TQ
ud
udQ
Q
0
0
0
02
1
1
1
1
εα
α
εα
α
ε
ε
ε
ε
Un développement limité au premier ordre implique :
TTTT
Tx
x αααα
αε
ε
+=+−≈+
+11
1
1 , ( εααα −= x )
L’expression de CC
Q2 devient alors :
−+−= ∫∫Lx
i TduL
TduxL
xQQ
CC
00
2 1αα
(2. 18)
Calcul deHT
Q 2 :
1
0
1
0
2
1
σα
ε
σ
ε
+
+
−
=+
′
′
−=
∫∫L
HT
L
HT
HT
TduL
LV
ud
VQ avec
L
VHTεσ =1
D’où
L
VTdu
LLVQ HT
L
HTHT
εαε+
−−= ∫0
2 1 (2. 19)
Donc
∫=L
HT
HTTdu
L
VQ
022
αε (2. 20)
HTCCQQQi 22 ,, sont déjà des charges intégrés sur l’ensemble de l’échantillon
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
44
• Expression du courant de court-circuit :
++
−=−= ∫∫
Lzi
icc
cc TduzL
QTduQ
Ldt
d
dt
dQtI
002
21
αα)( (2. 21)
Soit :
∂
∂−
∂
∂= ∫ ∫
z L
icc dut
T
L
zdu
t
TQ
LtI
0 0
α)( (2. 22)
iQ étant la charge totale dans l’échantillon
En remplaçant ∫=L
i dzzSQ
0
)(ρ (2. 23)
où )(zρ est la densité volumique de charge dans la direction de l’épaisseur de
l’échantillon et S la surface des électrodes, on obtient :
dzdut
T
L
zdu
t
Tz
L
StI
z LL
cc
∂
∂−
∂
∂= ∫ ∫∫
0 00
)()( ρα
(2. 24)
On rappelle que tjefzTtzT ω),(),( = pour une modulation sinusoïdale.
On en déduit :
dzTdzL
zTduz
L
SjfI
L Lz
cc ⋅
−= ∫ ∫∫
0 00
)()( ρα
ω (2. 25)
En posant : ∫∫ −=LL
TdzL
zTdufzg
00
),( , on obtient :
∫ ⋅=L
cc dzfzgzL
SjfI
0
),()()( ρα
ω (2. 26)
Cette expression peut-être simplifiée par intégration par parties, le développement
des calculs est présenté dans l’annexe 2.
L’expression du courant en condition de court-circuit s’écrit :
∫ ⋅−=L
cc dzfzTzECjfI
0
),()()( ωα (2. 27)
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
45
D’une façon plus générale, et dans le cas où l’échantillon possède une distribution
de polarisation, l’équation se généralise :
∫ ⋅=L
cc dzfzTzrL
SjfI
0
),()()( ω (2. 28)
avec )()()( zEzpzr αε−= appelée « fonction charge »
où S est la surface des électrodes métalliques, L l’épaisseur de l’échantillon,
)(zr la fonction charge, )(zp le coefficient pyroélectrique dans la direction de
l’épaisseur de l’échantillon z.
• Expression du courant lié à HTV :
SdutuTLL
Vdt
dS
dt
dQtI
L
HTHT
HTV ⋅
−−−=⋅−= ∫ )),(()(0
21
αε (2. 29)
On en déduit :
∫∫ −=−=L
HTL
HT
HTV dzfzTL
CVjdzfzTS
L
VjfI
002
),(),()( ωαε
ωα (2. 30)
L’extraction de la fonction charge )(zr par des méthodes mathématiques de
déconvolution, à partir de l’équation (2. 27) nécessite la connaissance du courant
)( fI et de la température ),( fzT qui se propage à l’intérieur du matériau.
Les mesures du courant pyroélectrique )( fI sont très délicates, à faible niveau.
Afin de palier ce problème, plusieurs solutions ont été envisagées qui seront
détaillées dans les paragraphes suivants.
On note également l’importance fondamentale de la température. Il est donc
nécessaire de bien modéliser l’onde thermique afin de ne pas entacher les résultats
de mesure d’approximations supplémentaires. Les différents modèles proposés
seront présentés dans un chapitre consacré à la modélisation.
Il reste cependant à résoudre le problème mathématique d’inversion consistant à
retrouver )(zr . C’est là le cœur du problème; les méthodes d’inversion ‘’classiques’’
ne donnent pas de solution fiable car la matrice des résultats expérimentaux est
très mal conditionnée. Plusieurs méthodes mathématiques ont été
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
46
implémentées, testées et comparées, afin de trouver celle qui convient le mieux à
nos expérimentations.
II.3 Les principales évolutions
La méthode FLIMM a été implantée dans notre laboratoire depuis quelques années.
Les résultats obtenus auparavant ont montré son intérêt dans la détection des
charges d’espace, notamment dans la réalisation des cartographies spatiales.
Afin de la rendre encore plus puissante et plus fiable, quelques améliorations
expérimentales ont été apportées, soit au niveau de la chaîne expérimentale
(nouvelle cellule, pré-amplificateur), soit au niveau de la préparation des
échantillons.
II.3.1 Mise en œuvre d’une nouvelle cellule
Les améliorations de la cellule de mesure ont été effectuées toujours dans l’esprit de
permettre une facilité dans la réalisation des cartographies 3D des charges
d’espace. Une nouvelle cellule a été conçue et les parties composantes sont
montrées en détail dans la Figure II. 6.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
47
Capot Teflon
Electrode Laiton
Plaque de verre
Support echantillon Teflon
Embase
Aluminium
Amplificateur
Bague de maintien
Aluminium
Figure II. 6 – Détails de la cellule de mesure
La principale amélioration apportée à la cellule consiste dans la conception du
capot. Une ouverture de diamètre de 20mm a été prévue afin de permettre un
balayage en X et Y de la surface de l’échantillon. L’intégration d’une plaquette de
verre permet d’une part de maintenir l’échantillon en contact électrique avec
l’électrode porteuse de signal, et de visualiser le positionnement du faisceau laser
sur la zone à étudier, d’autre part. L’intégration d’une webcam dans notre système
de mesure permet de connaître la position exacte du faisceau laser et d’estimer la
taille de spot.
Cette nouvelle cellule a été conçue de façon à permettre l’interchangeabilité des
préamplificateurs. En effet, un amplificateur à large bande passante s’insère
facilement à l’intérieur de la cellule et son maintien est assuré par l’intermédiaire
d’une bague. Un connecteur Lémo assure le contact entre l’ampli et l’électrode de
mesure. Si l’on veut utiliser l’amplificateur Femto, un câble blindé assure la
connexion entre l’entrée de l’amplificateur et l’électrode de mesure, comme le
montre la figure précédente.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
48
II.3.2 Augmentation du rapport S/B
Comme on l’a vu auparavant, l’extraction de la charge d’espace à partir de
l’équation fondamentale FLIMM dépend fortement du courant pyroélectrique
enregistré. Plus le niveau du signal est important, plus les courants sont « propres »
et moins il y a d’instabilités numériques dans la déconvolution mathématique.
L’intensité du signal utile est liée à l’absorption du faisceau laser. Pour augmenter
le rapport S/B, on peut donc améliorer l’absorption optique du faisceau par les
électrodes.
Généralement, dans la littérature, une couche mince opaque (20nm) de bismuth
[Baue 90] est déposée sur les électrodes de l’échantillon. Cette méthode semble
donner de bons résultats. Cependant, le bismuth n’est pas facile à déposer à cause
de sa toxicité. Notre laboratoire n’étant pas équipé d’un évaporateur qui éliminerait
tout risque d’intoxication, il nous a fallu donc trouver d’autres solutions.
Néanmoins, on a pu réaliser un échantillon test avec une couche de bismuth de
20nm afin de tester sa capacité à augmenter le niveau du signal pyroélectrique.
II.3.2.1. Différentes couches et comparaisons
Devant la toxicité du bismuth, il a fallu envisager une autre solution, plus simple à
mettre en œuvre. L’encre de Chine a été choisie d’une part pour la facilité de la
réalisation des couches, et pour ses propriétés optiques, d’autre part.
Le dépôt a été réalisé à la tournette type TP 1100 en ajoutant quelques gouttes
d’encre de Chine sur les deux faces de l’échantillon à étudier et en faisant tourner
avec une vitesse de 4000 m/s et une accélération de 8000 m²/s pendant 30 s.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
49
10 100 1000 10000
-1
0
1
2
3
4
5
Co
ura
nt p
yro
éle
ctr
ique
(n
A)
Fréquence (Hz)
Au et encre tournette Au Au et encre posée manuellement
Figure II. 7 – Influence de l’encre
La Figure II. 7 montre qu’en déposant une couche d’encre par dessus de l’électrode,
le niveau de signal augmente dans un rapport proche de 5 en comparaison avec un
échantillon dépourvu d’une couche absorbante. Ce résultat est satisfaisant, mais il
présente néanmoins un inconvénient : l’épaisseur de la couche déposée ne peux pas
être contrôlée et mesure environ 1µm. Ceci entraîne une perte de la résolution en
surface, mais reste exploitable sur une plage de fréquence comprise entre 100 Hz et
10kHz, ce qui est convenable, vu la faible épaisseur de l’échantillon. D’autre part, si
le dépôt est effectué manuellement, l’épaisseur est globalement plus importante et
la couche semble très inhomogène. Dans ce cas, la forme même de la réponse du
courant pyroélectrique change et l’on ne peut plus considérer que le dépôt est sans
influence sur la réponse physique de l’échantillon (en vert sur la Figure II. 7).
Un autre dépôt susceptible d’augmenter le niveau de signal est celui de carbone.
Plusieurs échantillons ont été réalisés, suivant l’épaisseur de la couche absorbante
(10nm, 20nm, 50nm). Les dépôts ont été effectués par évaporation, l’épaisseur étant
ainsi maîtrisée. Le signal utile est plus important lorsque la couche de carbone a
une épaisseur de 20nm (Figure II. 8).
La couche de 10nm n’est pas suffisamment épaisse (prédite par la couleur violette
du dépôt), par conséquent l’absorption optique du faisceau laser n’est pas
suffisante. Par contre, pour un dépôt de 50nm, on assiste à une surchauffe de
l’échantillon ce qui entraîne une modification de la structure interne du matériau.
En conclusion, l’épaisseur optimale de la couche de carbone est de l’ordre de 20nm.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
50
10 100 1000 10000
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
Coura
nt pyro
éle
ctr
ique (
nA
)
Fréquence (Hz)
Carbone 10 nm
Carbone 20 nm
Carbone 50 nm
Figure II. 8 - Influence de l’épaisseur de la couche de carbone
Mis à part le bismuth, deux autres solutions ont été étudiées. La Figure II. 9 montre
que le niveau de signal a augmenté dans un rapport 3, respectivement 2 pour les
couches d’encre et de carbone rapporté au signal avec la couche de bismuth. Ce
résultat est très satisfaisant dans la mesure où nous avons trouvé un remplaçant
pour le bismuth et qui donne des résultats supérieurs. Dans le cas des mesures
globales de charges d’espace, la solution retenue est la couche d’encre en raison de
sa bonne absorption optique et de la facilité de réalisation du dépôt. Pour la
réalisation des cartographies, un dépôt uniforme par évaporation est nécessaire,
dans ce cas, la couche de carbone sera privilégiée.
10 100 1000 10000
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
Mo
dule
du c
ou
ran
t p
yro
éle
ctr
ique
(nA
)
Fréquence (Hz)
Encre
Carbone
Bismuth
Figure II. 9 - Comparaison des couches absorbantes : encre, carbone, bismuth
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
51
II.3.2.2. Influence de l‘épaisseur des électrodes
Comme on l’a vu pour le dépôt de carbone, l’épaisseur de la couche absorbante
influence sur le niveau du signal. Il doit en être de même pour l’épaisseur de
l’électrode. Il nous a paru donc intéressant d’étudier l’influence de l’épaisseur, afin
d’essayer de dégager le meilleur compromis. Les études ont été effectuées sur des
échantillons de PVDF métallisés avec une couche d’or avec une épaisseur comprise
entre 5 et 100nm, avec un pas de 12nm. Dans chaque cas, nous avons vérifié que
la conductivité des électrodes restait effective. Les résultats obtenus sont présentés
dans la Figure II. 10.
20 30 40 50 60 70 80 90 100 110
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
Module
du c
oura
nt pyro
éle
ctr
ique (
nA
)
Epaisseur de l'électrode (nm)
Figure II. 10 - Influence de l’épaisseur de l’électrode
D’après ce graphique, on constate qu’un niveau de signal important est obtenu
pour des épaisseurs d’électrode comprise entre 25 et 40nm. Pour les dépôts fins
inférieurs à 20nm la conductivité électrique n’est pas suffisante pour assurer la
prise des contacts rendant ainsi les mesures impossibles.
Par contre, la diminution du signal utile dans le cas des dépôts supérieurs à 20nm
se justifie par une épaisseur trop importante provoquant une forte déperdition
thermique latérale qui réduit l’interaction du gradient thermique avec les charges
étudiées.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
52
II.3.2.3. Influence de la nature des électrodes
L’électrode doit présenter simultanément plusieurs caractéristiques: une faible
épaisseur, une bonne absorption optique et une faible conductivité thermique, afin
d’éviter les fuites thermiques latérales. Pour satisfaire toutes ces contraintes, nous
avons déposé des matériaux différents de ceux utilisés traditionnellement, comme
l’or et l’aluminium.
Le critère de choix pour les matériaux s’est porté surtout sur leurs propriétés
thermiques, mais également sur leur facilité de dépôt dans notre laboratoire.
Une liste des matériaux a été dressée, mais parmi eux seulement trois ont été
retenus : le carbone, l’étain et l’indium.
L’indium présente de bonnes caractéristiques, mais une fois déposé, il s’oxyde très
vite au contact de l’air rendant ainsi impossible tout contact électrique.
10 100 1000 10000
0,0
0,5
1,0
1,5
Module
du c
oura
nt pyro
éle
ctr
ique (
nA
)
Fréquence (Hz)
Aluminium
Or
Carbone
Etain
Figure II. 11- Influence de la nature des électrodes
La Figure II. 11 montre le module du courant pyroéléctrique relevé pour les
différentes types électrodes. On remarque qu’en utilisant une électrode en carbone,
le signal utile est deux fois plus important que pour un échantillon avec une
électrode en or ou aluminium.
Il apparaît donc intéressant d’utiliser directement un dépôt de carbone en tant
qu’électrode, d’autant plus qu’il sert à augmenter l’absorption optique du faisceau.
Cependant, ceci ne sera possible que si aucune action post-dépôt n’est nécessaire,
en particulier si l’échantillon n’est pas soumis à une contrainte de tension. Il pourra
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
53
être donc utilisé dans le cas des matériaux polaires du type PVDF dont on cherche
à évaluer le profil de polarisation.
Pour l’étude des charges implantées, par exemple dans le PE, nous avons testé
l’utilisation d’électrodes en carbone et en étain. Celles-ci n’ont pas supporté
l’application d’une tension de charge supérieure à 20kV/mm sur l’échantillon,
certainement liée à une résistivité accrue (Tableau II. 3).
On peut constater également que le niveau de signal est inversement proportionnel
à la conductivité thermique de l’électrode déposée. Ceci est dû certainement à un
meilleur confinement de l’énergie déposée induit par une diminution de l’étalement
radial des ondes thermiques dans l’électrode. Ce résultat surprenant n’était pas
évident à priori.
Matériau Caractéristiques
Carbone Etain Aluminium Or
Conductivité thermique
à 0-100°C (11 −− KWm )
80 66.8 237 317
Résistivité à 20°C
( cmµΩ ) 1375 à 0°C 12.6 2.67 2.2
Tableau II. 3 – Conductivité thermique et résistivité
En conclusion, le dépôt direct de carbone en tant qu’électrode de contact est adapté
à l’étude de profils de polarisation et semble augmenter sensiblement le signal
pyroélectrique. En revanche, celles-ci ne tiennent pas suffisamment la charge pour
l’implantation à posteriori de charges dans l’isolant.
II.3.2.4. Influence du diamètre des électrodes
La taille de l’électrode est un autre facteur dont il faut tenir compte. Dans la
littérature, les auteurs utilisent en général des électrodes de diamètres de l’ordre de
2mm [Blos1 96], [Leis2 98].
D’après l’équation fondamentale FLIMM, on sait que le niveau du courant est
directement proportionnel à la capacité de l’échantillon, et que la capacité est
proportionnelle à la surface de l’électrode. Théoriquement, il faut donc utiliser des
diamètres assez importants.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
54
La Figure II. 12 montre qu’expérimentalement, on retrouve des résultas prévisibles
par la théorie. Plus le diamètre augmente, plus le niveau de signal augmente,
jusqu’à une valeur seuil d’approximativement 25 mm. Au-delà de cette valeur, on
constate une chute importante dans le niveau de signal. Ce phénomène peut être
expliqué par un étalement thermique dans l’électrode qui semble freiner la
conversion thermique utile à l’excitation des charges. Dans nos expérimentations, le
choix c’est porté sur un diamètre de 16mm qui correspond au diamètre de
l’électrode porteuse de signal, intégrée dans notre cellule de mesure.
0 5 10 15 20 25 30 35
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
Mo
du
le d
u c
ou
ran
t p
yro
éle
ctr
iqu
e (
pA
)
Diamètre de l'électrode (mm)
Figure II. 12 - Influence du diamètre de l’électrode
II.3.3 Développement des logiciels
La fiabilité et la reproductibilité sont deux paramètres importants dans la mesure
des charges d’espace. Pour cela, des logiciels d’acquisition et de calcul ont été
développés.
II.3.3.1. Programme d’acquisition
L’acquisition du courant pyroélectrique s’effectue de manière automatique, par
l’intermédiaire de l’ordinateur. L’interface entre le dispositif de mesure et
l’ordinateur est assurée par un logiciel développé sous Delphi. Ce programme
permet une souplesse dans le choix des paramètres de mesures et l’enregistrement
des courants dans des fichiers ASCII (*.dat) ou des fichiers compatibles avec Matlab
(*.m).
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
55
Ce logiciel permet l’affichage instantané de l’évolution des spectres de courants, en
donnant la possibilité de visualiser le module, la phase de détection ou bien les
parties imaginaire et réelle des courants (Figure II. 13).
Le choix de la gamme de fréquence se fait en sélectionnant les fréquences
minimales et maximales et le nombre des points entre ces deux valeurs.
L’espacement des fréquences peut se faire de façon linéaire ou logarithmique, avec
un tirage des fréquences soit aléatoire, soit dans l’ordre croissant.
Afin de faciliter le traitement des données ultérieurement, ce logiciel permet
l’intégration dans le fichier de mesure des paramètres concernant les
caractéristiques de l’échantillon. Ainsi, avant le lancement du programme
d’acquisition, on renseigne le fichier avec le type du polymère étudié, sa capacité et
le diamètre de l’électrode. Ces constantes sont nécessaires lors du traitement
mathématique des données.
Ce logiciel, avec son interface interactive, rend l’acquisition des données facile et
fiable.
Figure II. 13 – Interface du programme d’acquisition
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
56
II.3.3.2. Programme de calcul de la température
La propagation de la chaleur à l’intérieur du matériau est calculée en utilisant
plusieurs modèles de température, qui seront détaillés dans le chapitre suivant.
Un logiciel de calcul a été développé pour chaque modèle en tenant compte de leurs
caractéristiques. La Figure II. 14 montre l’interface du logiciel pour la modélisation
unidimensionnelle quatre couches.
La distribution de la température dépend de la source excitatrice, pour cela ce
programme offre la possibilité de renseigner le modèle avec ses caractéristiques :
puissance de la diode, rayon de spot et également la longueur d’onde du laser
utilisé. La longueur d’onde est très importante car d’elle dépendent les
caractéristiques thermiques du matériau utilisé. La réponse en température peut
être différente suivant la longueur d’onde utilisée, comme on le verra dans le
paragraphe 3.1.20.
Ce logiciel permet également de choisir les quatre milieux dont l’échantillon est
composé. Pour chaque couche, on a la possibilité de choisir le type du matériau et
son épaisseur. A titre d’exemple, la première couche est constituée généralement
de l’air ou de verre. La deuxième représente l’électrode excitatrice déposée sur le
matériau à étudier (milieu 3). La dernière couche est associée à l’électrode de
mesure.
Une fois les caractéristiques des matériaux sélectionnées, on détermine la gamme
de fréquence pour laquelle la température sera calculée. En général, elle correspond
à la gamme de fréquence utilisée lors de l’acquisition du courant pyroélectrique.
La distribution de la température peut se calculer sur la totalité de l’échantillon ou
pour chaque couche séparément. De plus, on peut la déterminer en fonction de la
fréquence, de l’épaisseur du matériau ou alors en fonction de ces deux paramètres.
La répartition des points de calcul suivant z peut se faire de façon linéaire ou
logarithmique.
Finalement, la distribution de la température est écrite dans un fichier compatible
avec le logiciel Matlab.
Pour les autres modèles de température, le calcul se fait de la même façon, par
l’intermédiaire des logiciels qui offrent une souplesse dans le choix des paramètres
et une facilité d’utilisation. De plus, le temps de calcul est très court (~secondes),
quelque soit le modèle et le nombre de points de calcul. Ces programmes
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
57
permettent également l’affichage des courbes de température, ainsi que leurs
valeurs.
Figure II. 14 – Interface du logiciel de calcul de la température
II.3.3.3. Programme de traitement des données
Le calcul de la distribution de charges se fait grâce à un programme écrit sous
Matlab. Il débute par l’importation des données expérimentales, qui ont été
stockées dans un fichier par le logiciel d’acquisition. Ensuite, on renseigne le
programme avec la distribution de la température, qui a été également écrite dans
un fichier Matlab, comme on l’a vu précédemment.
La suite du programme est constituée par des routines Matlab, comme par exemple
celle qui permet le calcul du paramètre de régularisation, avec la méthode L-curve
[Hans 93].
Enfin, les résultats sont affichés et constitués des distributions de champs
électriques et de charges d’espace, en parties réelles et imaginaires.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
58
II.4 Conclusion
La méthode FLIMM est utilisée dans notre équipe pour la détection et la localisation
de charges d’espace dans les diélectriques minces.
Pour mieux comprendre le fonctionnement de cette technique, une description
détaillée du dispositif expérimental a été effectuée dans la première partie de ce
chapitre. Son principe général ainsi que la génération du signal ont été également
évoqués.
En FLIMM, une attention particulière doit être accordée à l’acquisition des données,
la précision des résultats en dépend fortement.
Dans le cas des mesures de charges, le courant FLIMM est très faible (~pA), ce qui
rend le traitement mathématique difficile. Pour palier ce problème, plusieurs
solutions ont été développées :
• L’intensité du signal utile étant liée à l’absorption du faisceau laser, pour
augmenter le rapport S/B, on cherche à améliorer l’absorption optique du
faisceau par les électrodes. Pour cela, une étude concernant la nature, la taille
et l’épaisseur des électrodes a été menée afin d’en tirer le meilleur compromis
pour augmenter le niveau du signal utile. Des fines couches optiquement
opaques (carbone, encre, bismuth) à déposer par dessus l’électrode ont été
également envisagées afin d’augmenter le rapport S/B.
• Une autre amélioration porte sur le choix judicieux du préamplificateur. La
méthode FLIMM est surtout utilisée pour déterminer les profils de charges dans
une zone très proche de la surface excitée, ce qui impose de travailler en haute
fréquence à très faible niveau car dans nos expérimentations, le courant
pyroélectrique est très faible. Il fallait donc mettre en oeuvre un préamplificateur
avec un bon compromis entre une très large bande passante et un gain élevé. Le
choix s’est porté, après différentes études comparatives, sur un amplificateur
faible bruit commercialisé par FEMTO.
• Une nouvelle cellule de mesure a été construite dans le but d’augmenter la
précision et la fiabilité de nos mesures expérimentales. La réalisation des
cartographies multidimensionnelles nécessite en particulier de visualiser le
positionnement du faisceau laser afin de permettre l’étude d’une zone précise de
l’échantillon, ce qui impose de nombreuses contraintes.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
59
Afin de faciliter l’acquisition des données et leur traitement mathématique, des
programmes informatiques ont été mis au point, assurant une bonne reproduction
et une très grande fiabilité. Ces programmes sont surtout très efficaces pour
l’implémentation de méthodes de déconvolution et pour le calcul de la température.
Ainsi le balayage du faisceau sur l’échantillon, l’acquisition du signal et l’obtention
des répartitions de charges sont complètement automatisés.
Chapitre 2 – Génération et détection du signal FLIMM
60
III - Modélisation de la
température et problème
inverse FLIMM
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
61
III.1 Modélisation de la température
III.1.1 Introduction
En instrumentation FLIMM, il est impossible d’évaluer expérimentalement la
variation de la température à l’intérieur du matériau. S’il existe des méthodes pour
mesurer la température en surface d’échantillon (ex : la méthode bolométrique),
aucune méthode en revanche ne peut nous renseigner sur la répartition de la
température locale dans le volume.
Ainsi, la nécessité de mettre au point un modèle mathématique cohérent pour
étudier la température locale dans un échantillon s’est imposée. La détermination
théorique du champ de température au sein de l’isolant soumis à une irradiation
par faisceau laser revêt une très grande importance. D’elle dépendra la précision
des résultats obtenus in fine. En effet, l’extraction de la charge à partir de l’équation
de Fredholm (2. 27) nécessite un traitement mathématique délicat, et la
température y joue un rôle primordial. Plus la modélisation est proche des
phénomènes physiques, plus les résultats obtenus se rapprochent d’une solution
réelle.
Plusieurs modèles de température ont été développés dans notre équipe.
Historiquement, le premier mis au point a été de type unidimensionnel, en
considérant une source de chaleur à apport surfacique. Ce modèle nous donne une
estimation de la charge à l’intérieur de l’échantillon, mais étant donnée l’originalité
de la méthode FLIMM, qui consiste à détecter point par point une distribution de
charges et à réaliser ainsi une cartographie en 3D, le développement d’un nouveau
modèle tenant compte d’une propagation multidimensionnelle du gradient
thermique s’est avéré nécessaire. Il s’agit d’une modélisation de la température 3D
avec apport volumique de chaleur qui a été le sujet d’une thèse de doctorat dans
notre équipe (Mous 00).
Nous exposons dans un premier temps le principe de ces deux modèles, ainsi que
l’analyse de leurs performances. Dans un second temps, une alternative originale
au modèle 3D est proposée, il s’agit du modèle 1D multicouches.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
62
III.1.2 Equation générale de diffusion de la chaleur
La température T en un point localisé par son vecteur position rrest solution de
l’équation de diffusion de la chaleur pour un milieu homogène, isotrope et dont les
coefficients ne présentent pas de thermo-dépendance :
χ
),(),(1),(
trQ
t
trT
DtrT
t
rrr
−=∂
∂−∆ (3. 1)
),( trQr
représente la source volumique de chaleur,
χ la conductivité thermique (W/m/K)
tD la diffusivité thermique (m²/s)
pt
CD
ρ
χ=
pC la chaleur spécifique (J/g°C) et ρ la masse volumique (g/cm3)
En fonction de la géométrie de la source ),( trQr
, de celle de l’échantillon et des
conditions physiques aux limites, l’étude de différentes modélisations du
comportement thermique peut être effectuée.
III.1.3 Modèle 1D avec apport surfacique
Il s’agit du modèle le plus simple développé. Il a physiquement un sens si le
diamètre du faisceau est supérieur à l’épaisseur de l’échantillon. Nous considérons
alors que l’apport d’énergie par le faisceau laser se fait en surface de l’échantillon
(Figure III. 1).
Apport surfacique de
chaleur par laser
Echantillon
z
L
0
Figure III. 1 – Modèle unidimensionnel surfacique
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
63
III.1.3.1. Equation de la chaleur
Pour un modèle unidimensionnel [Suzu 85], les équations de propagation de la
chaleur peuvent s’exprimer par :
⋅−=
=−∂
∂
)()(
0)()( 2
2
2
zgradTz
zTz
zT
χϕ
δ avec
tDj
ωδ =2 (3. 2)
avec les conditions aux limites correspondant à un modèle sans flux de chaleur sur
la face arrière:
=
=
ηϕ
ϕ
0)0(
0)(
j
L (3. 3)
où ( )20 m/Wj est la densité de puissance du faisceau laser, η le coefficient
d’absorption optique des électrodes
En résolvant ces équations, on obtient l’expression de la température [Lang 86]
dans le volume :
L
LzjfzT
γ
γ
χδ
η
sinh
)(cosh),( 0 −
⋅= avec tD
fj
πγ )1( += (3. 4)
avec ( )mL l’épaisseur de l’échantillon et γ le nombre d’onde complexe.
A partir des mêmes équations de la chaleur, et en tenant compte de échanges de
chaleur entre l’échantillon et le milieux arrière, les conditions aux limites
deviennent :
=
=
ηϕ 0)0(
0)(
j
LT (3. 5)
L’équation de la température avec flux sur la face arrière peut s’écrire :
0 sinh ( )( , )
cosh
j L zT z f
L
η γ
χδ γ
−= ⋅ (3. 6)
Suivant l’hypothèse faite sur le flux de chaleur sur la face arrière, on peut tracer les
profils de température de la Figure III. 2 pour un échantillon de PE de 25 µm.
La supposition d’un apport surfacique est valide car l’échantillon est semi-
transparent. Ainsi, l’énergie du faisceau laser ne peut pas complètement être
transférée en chaleur dans l’électrode.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
64
0 5 10 15 20 25
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
1.4
1.6
1.8
2.0
2.2
0 5 10 15 20 25
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
1.4
1.6
1.8avec flux sur la face arrière
Tem
péra
ture
(m
K)
Profondeur (µm)
sans flux sur la face arrière
f = 10000 Hz
f = 1000 Hz
f = 100 Hz
Profondeur (µm)
Tem
péra
ture
(m
K)
Figure III. 2 – Profils de température en profondeur
En analysant les courbes ci-dessus, on remarque que l’hypothèse du flux sur la
face arrière de l’échantillon a une grande influence en basse fréquence et en
particulier en dessous de 1kHz, où les profils 1D de température sont très
différents.
Ainsi, il faudra préciser clairement si l’on considère que l’échantillon est
thermiquement isolé ou pas.
III.1.4 Modèle 3D avec apport volumique
Nous considérons ici un apport volumique de chaleur par le faisceau laser, c'est-à-
dire une certaine pénétration du flux lumineux au sein de l’échantillon. Le profil en
surface du faisceau laser sera considéré Gaussien.
L’échantillon type est à faces parallèles, distantes d’une longueur d et à dimensions
latérales infinies. On considère un point M du matériau de coordonnées ),,( zyx . La
face avant reçoit l’impact laser. L’axe principal de symétrie )(z est l’axe du faisceau
incident. Pour tenir comte des flux sur la face avant et arrière, deux milieux de
propagation sont ajoutés de part et d’autre de l’échantillon (Figure III. 3).
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
65
Faisceau Laser
Air
Echantillon
Milieu de fond
(semi-infini)
z
L
0
2
1
3
(a)
(s)
(f )
Figure III. 3 – Modèle tridimensionnel avec apport volumique
La distribution de la température dans le volume est définie par l’équation de
conduction de chaleur. Dans le modèle à trois couches air (a) / échantillon (S) /
milieu de fond (f) (Figure III. 3), elle prend trois formes différentes [Mous 00] :
=−∇
−=−∇
=−∇
0
1
0
2
2
2
),,,(),,,(
),,,(),,,(),,,(
),,,(),,,(
tzyxTDjtzyxT
tzyxQtzyxTDjtzyxT
tzyxTDjtzyxT
tf
ts
ta
ω
χ
ω
ω
(3. 7)
avec
:tiD diffusivité thermique du milieu i
:tiχ conductivité thermique du milieu i
Les conditions de continuité de la température et du flux de chaleur aux interfaces
imposent les conditions aux limites suivantes :
−=−
−=−
===
===
==
==
Lz
ff
Lz
ss
z
ss
z
aa
fs
sa
dz
dT
dz
dT
dz
dT
dz
dT
LzTLzT
zTzT
χχ
χχ00
)()(
)0()0(
(3. 8)
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
66
L’énergie optique dans l’échantillon peut s’écrire [Jack 80] :
tjza
yx
eeea
RPtzyxQ ωβ
λλβ
π
−
+−−
=2
22)(
22
0 )1(2),,,( (3. 9)
où 0P est la puissance du faisceau laser, R le coefficient de réflexion optique, β le
coefficient d’absorption optique et a le rayon de la tâche focale.
La méthode de résolution des équations est basée sur l’utilisation des transformées
de Fourier.
On effectue une double transformée de Fourier de l’équation de conduction de la
chaleur par rapport aux variables spatiales x et y. L’importante simplification qui en
découle permet de résoudre dans le plan des transformée à l’aide de fonctions de
Green. L’hypothèse d’un milieu thermiquement épais aboutit à une expression de la
chaleur simple dans le plan de Fourier. Le retour dans le plan réel est effectué à
l’aide d’un logiciel de calcul numérique permettant d’exploiter au mieux les
résultats obtenus.
Le résultat obtenu dans le plan réel est ensuite transformé dans en coordonnées
cylindriques et on obtient :
∫ ∫∞
= =
=
0
2
0k
jkr kdkdekTzrTπ
η
η ηcos)(~
),(
(3. 10) où
−
−= − zz
s
ss eekS
kTδδλ
λδ
β
βδ 22
0 )(~
)(~
avec
Qnmk =+= 222 , 22
)1(2
)(~
020kaeRPkS −−−= λβ
χπ et jbas +=δ
où
2
4 22 Ω++=
QQa ,
2
4 22 Ω++−=
QQb et
tD2
ω=Ω
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
67
III.1.5 Comparaison 1D / 3D
Le but est ici de comparer les deux méthodes décrites auparavant, étant donné
leurs différences, autant de point de vue de l’apport d’énergie, que des conditions
aux limites.
Les premières études proposées concernent la simulation de la température en
fonction de la fréquence, pour un échantillon de PE de 25µm d’épaisseur.
0 5 10 15 20 25
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50 Modèle 3D volumique
Modèle 1D surfacique avec flux
PE épaisseur 25µm
Fréquence 10 Hz
Tem
péra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
Figure III. 4 - Distribution de la température pour f = 100Hz
A basse fréquence, la différence majeure entre les deux modèles réside au niveau de
z=L. On constate que la température en face arrière est nulle pour le modèle 1D ce
qui correspond physiquement à notre configuration expérimentale. Cette différence
est certainement due aux hypothèses faites sur les conditions aux limites en face
arrière. En effet, pour le modèle 3D on a supposé qu’il n’y pas d’apport de chaleur
sur la face arrière.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
68
0 5 10 15 20 25
0.00
0.05
0.10
0.15
0.20 Modèle 3D volumique
Modèle 1D surfacique avec flux
PE épaisseur 25µm
Fréquence 10000 Hz
Tem
péra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
Figure III. 5 - Distribution de la température pour f = 10kHz
Dans la Figure III. 5, on remarque que pour les hautes fréquences, l’onde thermique
s’atténue rapidement avec la profondeur. L’échantillon est ainsi irradié sur une
zone très proche de l’électrode excitée ce qui nous permet d’avoir une bonne
résolution spatiale proche de la surface, ce qui est le point fort de la FLIMM.
Pour une fréquence de 10kHz, l’onde thermique pénètre dans l’échantillon jusqu’à
une profondeur maximale d’environ 7 µm, indépendamment du modèle choisi. De
plus, on peut noter que la variation de la température n’a pas la même allure
suivant le modèle utilisé. A z=0, la tangente de la température est horizontale pour
le modèle 3D avec apport volumique, tandis qu’elle est verticale pour le modèle 1D
avec apport surfacique. En réalité, la température se propage suivant les directions
(x, y, z), il est donc logique de constater que le modèle 3D avec apport volumique
modélise mieux la distribution de la température au sein de l’échantillon.
Suite à la comparaison de ces deux modèles, on en déduit que pour des fréquences
plus élevées, le modèle 3D avec apport volumique est plus adapté à nos
expérimentations que le modèle unidimensionnel. Par contre, il ne tient pas compte
de l’apport de chaleur par le faisceau laser sur la face arrière. Pour cela, à basses
fréquences, le modèle 1D avec flux, donne une meilleure approximation de la
température. Afin de pallier ces problèmes, un nouveau modèle de température
unidimensionnel a été envisagé avec apport volumique de chaleur et qui tient
compte des flux sur la face arrière.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
69
III.1.6 Modèle 1D avec apport volumique
III.1.6.1. Géométrie du problème
Pour améliorer le modèle 1D avec apport surfacique, nous considérons un apport
volumique de chaleur par le faisceau laser. (Figure III. 6). Celui-ci est utile si le
faisceau laser est focalisé (taille de spot inférieure à l’épaisseur de l’échantillon).
Apport volumique de
chaleur par laser
Echantillon
z
L
0
Figure III. 6 – Modèle unidimensionnel volumique
III.1.6.2. Equation de la chaleur
La température en un point localisé par sa position sur l’axe Oz est solution de
l’équation différentielle de la chaleur pour un milieu homogène, isotrope et dont les
coefficients ne présentent pas de thermo-dépendence :
)(1
)(2
2
zQzTD
jz
T
t χ
ω−=−
∂
∂ (3. 11)
où ω est la pulsation ( fπω 2= , f étant la fréquence de modulation du laser en Hz).
On considère un flux nul sur les faces avant et arrière, donc les conditions aux
limites sont données par :
=∂
∂−
=∂
∂−
=
=
0
00
Lz
z
z
T
z
T
χ
χ
(3. 12)
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
70
III.1.6.3. Source de chaleur
Le milieu est supposé non diffusif et opaque pour l’infrarouge. Soit 0φ le flux
surfacique du faisceau laser incident à l’interface air / échantillon. (Figure III. 7)
Celui-ci représente la puissance par unité de surface du faisceau laser incident, il
possède une symétrie de révolution :
2
0
20
02
−
=r
r
er
P
πφ (3. 13)
où P est la puissance du laser (W) et 0r est le rayon du faisceau à 1/e (m).
Air (n=1, β=0) Echantillon (ni, βi) Air (n=1,β=0)
φ0
φ−
φ+
φt
=(1−R2) φ+(L)
R1φ−(0) R
2φ+(L)
φ+(L)(1− R1)φ
0
(1− R1)φ−(0)
R1φ
0
1 2 3
z
L0
Figure III. 7 – Modélisation de la source de chaleur
Soient ijR la réflectivité spéculaire au niveau de l’interface entre les différents
milieux et λβ le coefficient spectral d’absorption. λβ est défini à partir de l’indice
complexe de réflexion de l’échantillon utilisé :
iii jknn −=~ (3. 14)
où in est l’indice de réfraction, lié à la vitesse de propagation de l’onde dans le
milieu considéré et ik l’indice d’extinction décrivant l’atténuation de l’onde lors de
cette propagation. On peut relier la réflectivité et l’absorption à l’indice optique
complexe par la relation suivante :
22
22
)()(
)()(
jiji
jijiij
kknn
kknnR
+++
−+−= (3. 15)
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
71
λ
πβλ
ik4= )( 1−cm (3. 16)
Les flux transmis +φ et réfléchi −φ , incluant les réflexions multiples aux interfaces,
vérifient les équations différentielles suivantes :
=+−
=+
−−
++
0)()(
0)()(
1
1
zdz
zd
zdz
zd
iφβφ
φβφ
λ
λ
(3. 17)
qui ont pour solutions :
=
=
−
−+
z
z
Mez
Nez
1
1
)(
)(
λ
λ
β
β
φ
φ (3. 18)
Les conditions aux limites sont :
=
+−=
+−
−+
)()(
)0()1()0(
2
110
LRL
RR
φφ
φφφ (3. 19)
Les constantes d’intégration sont donnés par :
−
−=
−
−=
−
−
−
L
L
L
eeR
RRM
eR
RN
λ
λ
λ
ββ
β
φ
φ
2022
1
11
0221
1
1
)1(
1
1
(3. 20)
La source de chaleur générée par le faisceau laser incident dans le milieu s’exprime
comme la divergence du flux radiatif qu’il crée en chaque point du matériau :
dz
zd
dz
zdzQ
)()()(
+−
−=φφ
(3. 21)
L’expression de l’énergie absorbée devient alors :
zeSzQ λβχ −−= 0)( (3. 22)
avec λβπχ 2
100
2
)1(1
a
RPS
−−= (3. 23)
a étant le rayon de la tache focale cylindrique (m).
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
72
III.1.6.4. Expression de la température
La solution de l’équation )(1
)(2
2
zQzTD
jz
T
t χ
ω−=−
∂
∂ est de la forme :
)()( zfBeAezT zz ++= −δδ (3. 24)
avec
+==
−=
−
−
−=
−
−
−=
−
−
+−
−
−−
)1(2
,
)()(
)(
)(
2
22
0
22
0
22
0
jDD
j
eS
zf
ee
eeSB
ee
eeSA
tt
z
LL
LL
LL
LL
ωδ
ωδ
δβ
β
δβδ
β
δβδ
β
λ
λ
λ
β
λ
λ
δδ
δβ
λ
λ
δδ
δβ
λ
λ
(3. 25)
L’hypothèse d’un modèle monocouche aboutit à une expression de la chaleur
relativement simple. Ce modèle présente des problèmes aux basses fréquences liés
aux hypothèses faites sur les flux sur les faces avant et arrière. De plus, la
température se propage dans toutes les directions et une modélisation 3D s’avère
donc nécessaire [Mart 00].
III.1.7 Modèle 1D quatre couches
Le modèle 1D quatre couches a été réalisé suite aux améliorations apportées à la
cellule de mesure. La superposition d’une plaquette de verre par dessus
l’échantillon risque d’entraîner une modification dans la propagation de la
température. Ainsi, dans le modèle 1D quatre couches on tient compte de la
propagation de la chaleur en fonction des caractéristiques thermiques de chaque
milieux composant l’échantillon.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
73
III.1.7.1. Géométrie du problème
Nous considérons un apport volumique de chaleur par le faisceau laser. La
propagation se fait suivant l’axe z du faisceau incident (Figure III. 8)
Electrode -l
z
L
0
Faisceau Laser
Air (semi-infini)
Echantillon3
1
2
Laiton (semi-infini)4
Figure III. 8 – Modèle unidimensionnel quatre couches
III.1.7.2. Equations de la chaleur
La distribution de la température dans le modèle est définie par l’équation de
conduction de la chaleur.
Dans notre modèle à quatre couches (air, électrode supérieure, échantillon et
électrode inférieure), on obtient dans chaque milieu :
−=−
−=−
−=−
=−
)(1
)(1
)(1
0
44
4242
42
33
3232
32
22
2222
22
1212
12
zqTdz
Td
zqTdz
Td
zqTdz
Td
Tdz
Td
χδ
χδ
χδ
δ
(3. 26)
avec ti
iD
jω
δ =2 , )4,1(=i , 12 −=j
Les conditions de continuité de la température et du flux de chaleur aux interfaces
imposent les conditions aux limites suivantes :
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
74
=
=
=
=+∞=
===
===
−==−=
=−∞=
==
==
−=−=
LzLz
zz
lzlz
dz
dT
dz
dT
dz
dT
dz
dT
dz
dT
dz
dT
zT
LzTLzT
zTzT
lzTlzT
zT
44
33
0
33
0
22
22
11
4
43
32
21
1
0)(
)()(
)0()0(
)()(
0)(
χχ
χχ
χχ
(3. 27)
III.1.7.3. Modélisation des sources de chaleur
La modélisation de la source de chaleur pour le modèle quatre couche peut être
schématisée comme suit :
Echantillon
φ1
φ4
+(L) =(1- R3) φ
3
+(L)
R2φ
2
-(-l) R3φ
3
+(L)
φ3
+(L)
Air Electrode Laiton
(1- R1)φ
1
R3 φ
3
−(0)φ2
−
φ2
+
φ3−
φ3
+R2φ
2
+(0)
(1- R3) φ
3
-(0)
(1- R2) φ
2
+(0)
z
-l L
1 2 3 4
0
(1- R1)φ
2
-(-l)
R1φ
1
Figure III. 9 – Modélisation de la source de chaleur pour quatre couches
Soient 1ρ , 2ρ et 3ρ les réflectivités spéculaires sur chacune des faces λβ1 , λβ2 , λβ3
et λβ4 les coefficients spectraux d’absorption.
Les flux transmis )(zi+φ et réfléchi )(zi
−φ (i=1,4 est l’indice de la couche), incluant
les réflexions multiples aux interfaces, vérifient les équations différentielles
suivantes [Auss 89] :
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
75
=+−
=+
−−
++
0)()(
0)()(
zdz
zd
zdz
zd
iii
iii
φβφ
φβφ
λ
λ
(3. 28)
avec les conditions aux limites :
=−
=
−=−
−+=
−+−=−
++
+−
−++
−+−
−+
)()()1(
)()(
)0()0()0()1(
)0()1()0()0(
)()1()(
433
333
33322
33222
22112
LLR
LRL
RR
RR
lRRl
φφ
φφ
φφφ
φφφ
φφφ
(3. 29)
Suivant le même raisonnement que pour le modèle 1D monocouche, les équations
différentielles ont pour solutions :
=
=
=
−
−
=
+
zi
ii
zi
ii
i
i
eMz
eNz
λ
λ
β
β
φ
φ
3,2
4,2
)(
)(
(3. 30)
En soumettant ces solutions générales aux conditions aux limites (3.29) nous
déterminons les constantes d’intégration :
=−
=
−=−
−+=
−+−=−
++
+−
−++
−+−
−+
)()()1(
)()(
)0()0()0()1(
)0()1()0()0(
)()1()(
433
333
33322
33222
22112
LLR
LRL
RR
RR
lRRl
φφ
φφ
φφφ
φφφ
φφφ
−
−−+=
−
−−+−
−=
−−
−
−
−
−
lL
L
L
L
l
eNeeR
RRRRM
eeR
RRRReR
RN
23
3
3
3
2
2
22
2
223
23322
2
223
2332
2
112
1
)1)(1(
1
)1)(1(1
)1(
λλ
λ
λ
λ
λ
βββ
ββ
β
φ
(3. 31)
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
76
−
−=
−
−=
−
−
−
−
−
l
L
L
l
L
eNeR
eRRM
eNeR
RN
2
3
3
2
3
2222
3
223
3
2222
3
23
1
)1(
1
)1(
λ
λ
λ
λ
λ
ββ
β
ββ
(3. 32)
l
L
L
eNeR
eRRN 2
3
32
2223
324
1
)1)(1(λ
λ
λβ
β
β−
−
−
−
−−= (3. 33)
La source de chaleur générée par le faisceau laser incident dans le milieu i
s’exprime comme la divergence du flux radiatif qu’il crée en chaque point du
matériau :
dz
zd
dz
zdzQ ii
ii
)()()(
4,2
−+
=+−=
φφ (3. 34)
Nous obtenons ainsi les trois sources de chaleur pour les 3 milieux :
( )( )
+
−
−−+= ++−
−
)()(2
223
2332222
223
31
11)(
lzlzL
Leee
eR
RRRRNzQ λλλ
λ
ββββλβ (3. 35)
[ ]zzL
L
l
eeeReR
eRNzQ 333
3
22
3223
23231
)1()( λλλ
λβββ
βλ
β
λβ −−
−
−
+−
−= (3. 36)
)(22
223
2344
43
3
2
1
)1)(1()(
LzL
L
l
eeeR
eRRzQ
−−−
−
−
−
−−= λλ
λ
λββ
β
β
λβ (3. 37)
III.1.7.4. Expressions de la température
La méthode de résolution (annexe 1) est basée sur l’utilisation des techniques des
équations différentielles. Les expressions de la température dans les quatre milieux
sont les suivantes :
++=
+++=
+++=
+=
−−−
−−
+−+−−
−
)(4444
23333
)(21
)(2222
111
444
3333
22222
11
)(
)()(
)()(
)(
Lzzz
zzz
lzllzzz
zz
eCeBeAzT
eeCeBeAzT
eeeCeBeAzT
eBeAzT
λ
λλ
λλλ
βδδ
ββδδ
βββδδ
δδ
α
α (3. 38)
Les constantes d’intégration sont reportées dans l’annexe.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
77
Par rapport au modèle tridimensionnel volumique, caractérisé par une difficulté
mathématique de résolution de l’équation de chaleur et de temps de calcul
prohibitifs, le modèle quatre couches avec un apport volumique présente une
résolution mathématique analytique, et par conséquent une souplesse de
programmation et des simulations plus rapides.
Les problèmes liés aux hypothèses sur les flux sur les faces avant et arrière sont
résolus. L’apport de chaleur se fait dans tous les milieux.
III.1.7.5. Renseignement du modèle en constantes
Ce modèle de température nécessite une connaissance plus approfondie des
caractéristiques thermiques et optiques du matériau.
La propagation de la température dépend fortement des caractéristiques thermiques
du matériau. Celles qui nous intéressent dans nos calculs sont la conductivité et la
diffusivité thermique. Leurs valeurs sont facilement accessibles, elles sont soit
fournies par le fabricant, soit issues de la littérature. Quelques exemples sont
donnés dans le tableau ci-dessous :
Matériau PE PVDF PEN Téflon
Diffusivité thermique ( sm /2 ) 81010
−⋅ 81012
−⋅ 7
10451−⋅.
710131
−⋅.
Conductivité thermique ( 1−mKW / ) 0.41 0.12 0.3 0.2
Du point de vue optique, les modèles à apport volumique nécessitent la
connaissance de l’indice complexe de réfraction, donné par l’équation :
iii jknn −=~ (3. 14)
Il faut donc connaître l’indice de réfraction et le coefficient d’absorption du matériau
utilisé.
L’indice de réfraction in est généralement mesuré avec un réfractomètre d’Abbé et
ses valeurs sont données par le fournisseur.
Les valeurs du coefficient d’absorption utilisées ont été calculées à partir des
mesures d’absorbance effectuées dans notre laboratoire. L’absorbance a été
mesurée à l’aide d’un spectrophotomètre (Shimadzu UV-2100). Le spectre
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
78
d’absorption enregistré en fonction de la longueur d’onde pour un échantillon de
PEN de 25 µm est présenté dans la Figure III. 10 :
600 650 700 750 800
1.0
1.2
1.4
1.6
1.8
2.0
2.2
Ab
so
rba
nce
Longueur d'onde (nm)
Figure III. 10 – Spectre d’absorption
L’absorbance mesure la diminution entre l’intensité lumineuse 0φ du faisceau
incident et l’intensité lumineuse tφ du faisceau transmis lorsqu’un faisceau de
lumière monochromatique traverse un milieu absorbant. Elle est donnée par la loi
de Beer – Lambert :
t
Aφ
φ0log= (3. 39)
avec 0φ l’intensité lumineuse du faisceau incident
tφ l’intensité lumineuse du faisceau transmis
A partir de la loi de Lambert-Bouguer on peut écrire que :
Lt ⋅−= λβφ
φ
0
ln (3. 40)
Si l’on introduit l’équation (3. 39) dans (3. 40) on obtient :
Lt
⋅=⋅ λβφ
φ0log10ln (3. 41)
d’où L
A⋅=
10lnλβ (3. 42)
En remplaçant la valeur de λβ dans l’équation (3. 16) on obtient le coefficient
d’absorption ik .
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
79
III.1.8 Validation des modèles
III.1.8.1. Profils en profondeur
Toujours pour un échantillon de PE, dans les mêmes conditions de simulation que
précédemment, la réponse en fréquence des trois modèles sur une large gamme de
fréquence (10 Hz – 100 kHz) au point d’impact laser (z=0) a été simulée (Figure III.
11). La différence entre les trois modèles pour une profondeur z=10 µm a été
également tracée sur la Figure III. 11.
Ces courbes montrent bien l’évolution rapide du niveau du signal qui décroît très
fortement quand la fréquence augmente. On pourra remarquer aussi qu’à partir de
100 Hz, les profils fournis par les modèles quatre couches et 3D semblent
identiques. Ceci est particulièrement intéressant dans la mesure où nos études en
fréquences s’effectuent dans la majorité des cas à partir de cette fréquence seuil.
Les différences notables observées proches de la surface de l’échantillon
proviennent bien entendu de la modélisation différente de la chaleur dans les deux
cas.
10 100 1000 10000 100000
0
2
4
6
8
10
12
14
10 100 1000 10000 100000
0
2
4
6
8
10
12
14
1D monocouche apport volumique
3D apport volumique
1D 4 couches apport volumique
Echantillon: PE 25 µm
Te
mpé
ratu
re (
mK
)
Fréquence (Hz)
z=10 µm
Tem
péra
ture
(m
K)
Fréquence (Hz)
z=0 µm
Figure III. 11 - Profils de température en profondeur
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
80
L’observation majeure pour nous est que le modèle quatre couches avec apport
volumique présente des profils de température en concordance avec ceux fournis
par la modélisation tridimensionnelle volumique, bien que la propagation
considérée ne soit qu’axiale suivant z. Ceci confirme nos suppositions et nous
permet d’envisager le systématisation de l’utilisation du modèle 1D quatre couche,
beaucoup plus facile de mise en œuvre.
III.1.8.2. Profils en fréquence
0 5 10 15 20 25
0
2
4
6
8
10
12
0 5 10 15 20 25
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
1.4
1.6
1.8
0 5 10 15 20 25
0.00
0.02
0.04
0.06
0.08
0.10
0 5 10 15 20 25
0.000
0.002
0.004
0.006
0.008
0.010
0.012
0.014
f =10 Hz
Te
mp
éra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
Te
mp
éra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
f =100 Hz
1D monocouche apport volumique 3D apport volumique 1D 4 couches apport volumique
Echantillon: PE 25 µm
f =10 kHz
Te
mp
éra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
f =100 kHz
Te
mp
éra
ture
(m
K)
Epaisseur (µm)
Figure III. 12 - Profils de température en fréquence
Les études proposées concernent la simulation de la température en fonction de la
profondeur pour un échantillon de PE. Pour différentes fréquences (10 Hz, 100 Hz,
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
81
10 kHz, 100 kHz), nous comparons les profils simulés avec les différents modèles
utilisés. Les constantes de simulation sont identiques.
Ouelle que soit la fréquence utilisée, les courbes fournies par le modèle 1D
monocouche avec apport volumique donnent des valeurs de température
supérieures à celles fournies par les deux autres modèles. Ceci peut s’expliquer par
les hypothèses sur les flux au niveau des interfaces.
Quel que soit le modèle de simulation, les courbes de la Figure III. 12 montrent que
l’onde thermique traverse tout l’échantillon et que les variations de la température
atteignent la face arrière de l’objet jusqu’à une fréquence f =100 Hz. Aux fréquences
plus élevées, l’excitation thermique reste limitée à une zone de l’échantillon proche
de la surface et la pénétration n’est plus que de 10µm pour f =10 kHz et de 5µm
pour f =100 kHz.
III.2 Déconvolution mathématique
III.2.1 Introduction
La connaissance du courant pyroélectrique ( )I f et l’approximation de la
distribution de température ),( fzT modélisée dans la première partie, permettent
l’estimation de la forme du profil de charge ou de polarisation en utilisant un
traitement mathématique du problème d’inversion de l’équation 2. 27.
Celle-ci est de type intégrale de Fredholm de première espèce, où ( )r x est la fonction
inconnue à déterminer. ),( fzT constitue la répartition de la température, et ( )I f
l’ensemble des mesures expérimentales. Les équations basées sur de telles
intégrales sont très mal conditionnées, ceci étant dû en particulier à l’extrême
sensibilité du système. Elles peuvent donc produire une infinité de solutions en
tenant compte de ce domaine d’erreurs expérimentales. Plusieurs méthodes ont été
élaborées dans le but de résoudre le plus finement possible ce type de problème.
Pour la procédure FLIMM, on peut citer :
• la méthode d’approximation,
• les méthodes de régularisation.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
82
III.2.2 La méthode d’approximation
Elle ne nécessite pas d’inversion de matrice, et est basée sur l’approximation de
l’équation (3. 6) de la température pour les fréquences les plus élevées utilisées. Elle
permet alors une simplification de l’équation du courant pyroélectrique (2. 27), mais
également l’extraction d’une approximation de la fonction charge ( )ra zp dans le
matériau à une profondeur rz telle que [Plos 92]:
dzzzfzpzDISjD
kLzp rarra ),()()/()()( ∫
∞
⋅==ℑ−ℜ=
0
2
0
2ωη
(3. 43)
où ℜ et ℑ sont les parties réelles et imaginaires du courant pyroélectrique.
La profondeur de pénétration thermique est donnée par f
Dzr
π=
et la fonction rzz
rrra e
z
z
zzzf /sin),( −⋅
=
2, dite « fonction fenêtre
normalisée » , extrait une approximation de )(zp à la profondeur rzz = . La largeur
de ce noyau ),( ra zzf détermine la résolution à la profondeur rz . Il a été démontré
[Plos 92] que la résolution spatiale décroît avec la profondeur de pénétration. Une
bonne approximation est donc obtenue avec une résolution maximale près de la
surface de l’échantillon étudié. Il est donc nécessaire d’effectuer une deuxième
mesure sur la face opposée du matériau afin d’obtenir une reconstitution complète
et acceptable du profil de la charge. Le principal avantage de cette méthode est
d’éviter des traitements mathématiques susceptibles d’être perturbés par des
erreurs expérimentales. Sa mise en œuvre est facile et immédiate.
III.2.3 Méthodes de régularisation
Le but de la régularisation est d’imposer une contrainte supplémentaire sur le
système d’équations pour rendre la solution unique.
L’équation fondamentale de type Fredholm tenant compte d’un environnement
bruité est donné par :
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
83
∫ +=1
0
0 )()()(),( sesbdttxtsA (3. 44)
où )()( sesb +0 constitue le signal mesuré, )(se le bruit, ),( tsA la fonction noyau et
)(tx la solution recherchée qui est une approximation de la charge.
Le signal mesuré étant constitué d’un ensemble fini de valeurs de s, nous pouvons
remplacer le modèle continu (3. 44) par une équation linéaire discrète:
bebAx =+= 0 ,
ou sous forme de moindres carrées: 2
bAxx
−min (3. 45)
Il est très difficile de résoudre ces équations linéaires discrètes en raison d’un grand
nombre de petites valeurs singulières qui tendent à augmenter l’influence des
erreurs. Une solution significative de ces équations peut être calculée en utilisant
les méthodes de régularisation. Leur but consiste à introduire une information
additionnelle par rapport à la solution recherchée afin de stabiliser le problème
inverse, puis à extraire une solution proche de la réalité. Plusieurs contraintes
additionnelles peuvent être ajoutées, mais on impose généralement une
minimisation de la norme d’ordre 2 de la solution.
Plusieurs méthodes de régularisation ont été décrites par Hansen [Hans 96], [Hans
94]. Nous nous sommes focalisés sur les méthodes de Tikhonov, Truncated
Singular Value Decomposition (TSVD) et Piecewise Polynomial TSVD. La différence
entre ces techniques réside dans la manière dont on impose les contraintes
additionnelles sur la solution afin de réduire l’effet des erreurs.
III.2.3.1. La régularisation de Tikhonov
La forme de régularisation la plus connue est celle développée par Tikhonov [Tikh
77] et elle est appliquée à des domaines très variés, comme par exemple le
traitement des images [Andr 77] ou la technologie biomédicale [Skip 02].
Le principe de cette méthode consiste dans le choix d’une solution λx qui satisfasse
le problème
22
2
2PxbAx
xλ+−min (3. 46)
où P est l’opérateur différentiel de premier ordre. λ est le paramètre de
régularisation qui contrôle le poids entre la minimisation de la contrainte latérale
2Px par rapport à la minimisation de la norme résiduelle
2bAx − .
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
84
Plusieurs méthodes permettant la détermination du paramètre de régularisation
existent, les plus récentes et fiables étant L-Curve (LC)[Hans 93] et self-consistency
(SC) (méthode d’auto-cohérence)[Hone 90].
III.2.3.1.1 La méthode L-Curve LC réside dans un graphique en échelle log-log entre la norme de la contrainte
latérale 2
Px et la norme résiduelle 2
bAx − . Comme son nom l’indique, le
graphique a toujours une allure en L avec un point remarquable séparant les
parties verticales et horizontales de la courbe.
La partie verticale correspond à des valeurs faibles de λ ce qui signifie que la
solution est dominée par les erreurs expérimentales. Les grandes valeurs de λ
situées dans la partie horizontale indiquent que la solution est dominée par les
erreurs mathématiques. Par conséquent, le paramètre de régularisation optimal est
trouvé dans le point de cassure de la courbe.
10 13
10 12
10 2
10 4
10 6
10 8
10 10
10 12
10 14
10 16
1.3468e 016
4.7544e 018
1.6784e 019
5.9249e 021
2.0916e 022
7.3837e 024
2.6066e 025
9.2016e 027
3.2483e 028
1.1467e 029
residual norm || A x b || 2
solu
tion n
orm
|| x || 2
L curve, Tikh. corner at 5.688e 017
La valeur optimale
l faible
moins de lissage
l fort
plus de lissage
Figure III. 13 – Exemple de L-curve
III.2.3.1.2 La méthode d’auto-cohérence (SC) SC réside dans la construction d’un vecteur λx avec des erreurs aléatoires
gaussiennes indépendantes (η )
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
85
ββλ λ bAAAbx TT 1−+= )()( IIII (3. 47)
avec σηββ += Axb , où βx est obtenu à partir des valeurs expérimentales σb , et
σ indique les erreurs standard des valeurs mesurées. Le paramètre optimal λ
correspond à un minimum entre les erreurs prévues du vecteur λx et les erreurs du
vecteur βx calculé à partir des données expérimentales. Comme β est un point de
minimum, on l’obtient en résolvant l’équation:
02 =−∂
∂
= βλλβ
λ)( xx (3. 48)
La méthode de Tikhonov est relativement difficile à mettre en oeuvre, et le choix du
paramètre de régularisation est d’une importance primordiale afin d’obtenir des
résultats proches de la solution réelle.
III.2.3.2. La méthode TSVD
Une autre méthode intéressante est “Truncated Singular Values Decomposition »
(TSVD) [Hans 90].
Cette procédure néglige la contribution des petites valeurs singulières qui résultent
de la décomposition en valeurs singulière (SVD) de la matrice solution. En effet, la
SVD est tronquée suivant un paramètre de troncation k , avant que ces petites
valeurs singulières deviennent significatives.
La matrice A devient:
∑=
=Σ=k
i
Tiii
Tk vuVUA
1
σ
(3. 49)
où U et V sont des matrices unité construites à partir des ii vu , qui sont des
vecteurs singuliers, et ndiag σσσ ,..., 21=∑ où nσσσ ,...., 21 sont les valeurs
singulières.
La solution donnée par TSVD est:
i
k
i i
Ti
k vbu
x ∑=
=1 σ
(3. 50)
où k est le paramètre de troncation.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
86
III.2.3.3. Piecewise Polynomial -TSVD
La méthode PP-TSVD (Piecewise Polynomial Truncated Singular Values
Decomposition) [Hans 96] a montré ses capacités dans de nombreux domaines, en
particulier en hélioseismologie [Corb 98] et dans le traitement des images [Hans 00].
Basée sur la TSVD, cette méthode calcule une solution par morceaux sans aucune
information a priori sur les points de cassure.
La caractéristique principale de cette méthode réside dans le remplacement de la
norme d’ordre 2 par une norme d’ordre 1 afin d’obtenir les points de cassure, et
d’éviter ainsi le lissage de la solution.
La solution kLx , est basée sur la solution kx obtenue par TSVD à laquelle on ajoute
une correction k kV w− qui a pour but de minimiser les erreurs de la solution:
kkkkL Vxx ϖ−=, (3. 51)
où kV est une matrice composée des vecteurs nuls de la matrice kA et kw est la
solution du problème:
1kk PxLV −ϖ)(min (3. 52)
Le paramètre de troncation k a pour rôle de contrôler la stabilité de la solution. L
est une matrice qui approxime la dérivée d’ordre p, et pk − donne le nombre de
points de cassure.
La précision de cette méthode est donnée par le choix du paramètre de troncation k
et par l’ordre de l’opérateur différentiel. Ce dernier a été choisi d’ordre un, un ordre
plus important générant des instabilités dans la solution. En effet, cette méthode a
été appliquée pour un modèle théorique (le modèle Shaw [Hans 92]), et le meilleur
résultat à été obtenu pour un opérateur différentiel d’ordre quatre. Par contre, dans
nos expérimentations, un ordre supérieur à 1 rend la solution très sensible aux
perturbations.
III.2.4 Calibration des méthodes mathématiques
Devant la complexité et les différences entre les méthodes décrites auparavant, il
nous a paru intéressant d’effectuer une comparaison entre celles-ci, afin de voir
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
87
quelles sont les plus adaptées à nos expérimentations. Pour calibrer ces méthodes,
nous avons choisi des échantillons « sandwich», composés de plusieurs films de
PVDF (Polyfluorure de Vinylidène). L’intérêt de ces échantillons sandwich réside
dans la connaissance exacte du profil du coefficient pyroélectrique. En fonction de
la configuration de l’échantillon on peut donc prédire le résultat attendu.
Le PVDF peut posséder différentes phases cristallines, les plus connues étant les
phases α et β [ElMo 01]. La phase non polaire α est obtenue par refroidissement
rapide à partir de l’état fondu. La phase polaire β , qui est responsable des
propriétés piezo et pyro-électriques, peut être obtenue à partir de la phase α , par
étirement mécanique. Pour nos mesures, les films de PVDF en phase α (L=44µm) et
β (L=27µm) proviennent de chez Piezotech™. Le coefficient pyroélectrique donné
par le fabricant pour la phase β est de 20 KmC 2/µ et il sera considéré comme
référence pour nos profils théoriques.
Les configurations des échantillons ont été choisies afin d’obtenir des distributions
de polarisation non uniformes pour mieux tester les différentes techniques de
déconvolution.
Nombre des
films Polarisation
Epaisseur
totale
Echantillon A deux Positive-Negative (P-N) 54 µm
Echantillon B trois Unpoled-Positive-Unpoled (U-P-U) 115 µm
Tableau III. 1 - Configuration des échantillons
Les différents films composant l’échantillon sont thermiquement mis en contact par
une fine couche de pentadécane (~1µm). Chaque échantillon est métallisé sur
chaque face avec une couche mince d’or de 50nm, déposée par évaporation. La
conversion photo-thermique peut être augmentée par l’ajout de couches
optiquement absorbantes.
La gamme de fréquence utilisée dans nos mesures a été ajustée pour chaque
échantillon, en tenant compte de la propagation thermique au sein de chaque
échantillon. Ainsi, pour l’échantillon A qui a une épaisseur de 54µm, la face arrière
sera irradié pour une fréquence approximativement égale à 10Hz. Par contre, pour
l’échantillon B (épaisseur de 115µm), la fréquence de départ est de 1Hz. Pour tous
ces échantillons, les courants pyroélectriques ont été enregistrés à partir des deux
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
88
faces, en utilisant 513 fréquences de modulation, ce qui correspond à 102
fréquences par décade. Le temps de moyennage a été réglé à 5 secondes par point
de mesure, ce qui signifie un temps total d’acquisition d’environ une heure et demie
pour un profil de polarisation. Pour les mesures de charges d’espace, où le courant
pyroélectrique est faible (~pA), le temps de moyennage est de 10 secondes. Les
courants pyroélectriques enregistrés à partir des deux faces sont présentés dans la
Figure III. 14.
10 100 1000 10000 100000
-100p
0
100p
200p
300p
400p Partie réelle face 1
Partie imaginaire face 1
Partie réelle face 2
Partie imaginaire face 2a)
Courant pyroelectrique ( A )
Fréquence ( Hz )
10 100 1000 10000-40p
-30p
-20p
-10p
0
10p
20p
30p
40p
50p Partie réelle face 1
Partie imaginaire face 1
Partie réelle face 2
Partie imaginaire face 2
b)
Courant pyroelectrique ( A )
Fréquence ( Hz )
Figure III. 14 – Courants pyroélectriques pour a) l’échantillon A et b) l’échantillon B
III.2.4.1. Validation de la temperature
Dans la première partie de ce chapitre, nous avons montré l’importance de la
température dans le processus de déconvolution. Avant de procéder à l’extraction
du profil de polarisation, une simple calibration de la température a été effectuée.
La Figure III. 15 montre la configuration de l’échantillon A, composé par 2 films de
PVDF, avec des orientations différentes de la polarisation. On peut donc en déduire
que le profil de polarisation devra être positif sur la première moitié de l’échantillon,
respectivement négatif sur la deuxième moitié.
PVDF
PVDF
Pentadécane
Electrode
+
-
+
-
Figure III. 15 – Configuration de l’échantillon
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
89
En considérant le profil de la Figure III. 16 a) comme profil de référence pour
l’échantillon A et connaissant la distribution de la température calculée par le
modèle 1D quarte couches, en utilisant l’équation Y, on peut facilement simuler le
courant pyroélectrique.
Le courant expérimental enregistré pour l’échantillon A est montré dans la Figure
III. 16 b). On constate une forte ressemblance entre les deux courants, autant de
point de vue des allures des courbes, que de l’amplitude.
On peut donc conclure que la température calculée par le modèle 1D quatre
couches est une bonne approximation de la distribution réelle de température au
sein de l’échantillon.
PVDF
PVDF
+
-
+
-
0 10 20 30 40 50
-20
-10
0
10
20
Epaisseur (mm)
Co
eff
icie
nt
py
roe
lect
riq
ue
(µ
C/m
3)
T(x,f)+ =
10 100 1000 10000 100000-200
-100
0
100
200
300
400
500
Co
ura
nt
py
roe
lec
triq
ue
(p
A)
Frequences (Hz)
10 100 1000 10000 100000-200
-100
0
100
200
300
400
500
Co
ura
nt
py
roe
lec
triq
ue
(p
A)
Frequences (Hz)
FLIMM
set-up
Theorie
Exp
erim
en
tal
Figure III. 16 – Courants pyroélectriques déterminés théoriquement ou
expérimentalement
III.2.4.2. Profils de polarisation
Le but de cette section consiste à comparer graphiquement et numériquement les
différentes méthodes de déconvolution.
Pour la méthode de Tikhonov, nous avons utilisé les deux méthodes de
détermination du paramètre de régularisation : L-curve et Self-consistency. Les
résultats sont comparables, comme le montre la Figure III. 17.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
90
La méthode d’auto-cohérence (self-consistency) a été récemment implémentée dans
nos calculs, des tests supplémentaires restent donc nécessaires afin d’évaluer ses
performances. Par contre, la méthode L-curve est utilisée depuis longtemps et ses
performances ne sont plus à démontrer. Elle sera le critère de référence pour les
résultats présentés par la suite.
Comme nous l’avons montré dans le paragraphe III.2.2 la méthode d’approximation
donne des résultats pertinents proche de la surface de l’échantillon. Ainsi, les
profils du coefficient pyroélectriques présentés par la suite, ont été obtenus en
fusionnant les résultats obtenus à partir de chaque face de l‘échantillon.
0 10 20 30 40 50-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
SC
LC
NP
Coefficient pyroelectrique (µC / m²K
)
Epaisseur (µm)
Figure III. 17- Comparaison entre les méthodes L-curve et SC
Pour les méthodes TSVD et PP-TSVD, le paramètre de troncation a été choisi
arbitrairement, en testant différentes valeurs jusqu’à l’obtention d’un profil qui se
rapproche le plus du profil théorique.
Pour les échantillons A et B, les solutions estimées par les quatre méthodes à partir
des courants pyroélectriques sont montrées dans la Figure III. 18.
En procédant à une analyse visuelle on note que, pour l’échantillon A qui a une
configuration relativement simple, les résultats sont très semblables.
Afin de comparer les profils reconstitués par rapport au profil théorique, nous
avons utilisé un critère d’erreurs relatives (ER).
Les erreurs relatives, exprimées en pourcentage, ont été calculées en utilisant la
formule :
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
91
100⋅−
=i
ii
T
CTER (%) (3. 53)
où iT représente le profil théorique et iC le profil reconstitué par les différentes
méthodes.
Les valeurs obtenues sont présentées dans le Tableau III. 2.
0 10 20 30 40 50-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
Coe
ffic
ien
t pyro
ele
ctr
iqu
e (
µc/m
2K
)
Epaisseur (µm)
Tikhonov
TSVD
PP-TSVD
Approximation
Profil théorique
P N
0 20 40 60 80 100
-5
0
5
10
15
20
Co
eff
icie
nt
pyro
ele
ctr
iqu
e (
µc/m
2K
)Epaisseur (µm)
Tikhonov
TSVD
PP-TSVD
Approximation
Profil théorique
U P U
Echantillon A Echantillon B
Figure III. 18 – Profils de polarisation obtenus par les méthodes de Tikhonov (dash line),
TSVD (dot line), PP-TSVD (dash dot line) et approximation (dash dot dot line)
Pour l’échantillon B, quelques différences apparaissent, notamment dans la forme
et l’amplitude des courbes.
Le premier film de l’échantillon est de type α-PVDF (non polaire), la polarisation à
l’intérieur de ce matériau est donc théoriquement nulle. Ce résultat est retrouvé par
la méthode d’approximation, c’est d’ailleurs la seule méthode qui fournit un bon
résultat sur toute l’épaisseur de chaque film. Par contre, la méthode de Tikhonov
tend à lisser la solution, ce qui entraîne une anticipation de la polarisation du film
suivant. Ceci pourrait expliquer le décalage de la courbe et le non respect de
l’épaisseur de chaque film composant l’échantillon.
Pour le deuxième film de l'échantillon B (PVDF polarisé positivement), on note que
PP-TSVD calcule un coefficient pyroélectrique (~ KmC 220 /µ ) proche de la valeur
théorique. Le profil correspondant à l'interface entre les couches montre une chute
au niveau de la polarisation. Ceci peut être expliqué par une mauvaise
transmission des ondes thermiques d'un milieu à l'autre, probablement due à la
présence de la pentadécane. En effet, lors de ces calculs, le modèle de température
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
92
utilisé à été le modèle 1D monocouche. On a donc supposé que l'échantillon est
composé d’une seule couche, et que les variations de température qui pourraient se
produire entre les divers milieux n'ont pas été prises en considération.
Pour cet échantillon, il est impossible de calculer les erreurs relatives, elles tendent
vers l'infini pour le premier et dernier film de l’échantillon. Pour surmonter cette
difficulté, nous avons fait une analyse de la valeur minimum pour la zone U et une
analyse de la valeur maximum pour la zone P (Tableau III. 2). La "zone U" signifie
que le profil théorique dans cette couche devrait être zéro et KmC 220 /µ pour la
"zone P".
Echantillon A Echantillon B
Erreurs relatives % Erreurs relatives % Analyse du minimum et
maximum
A partir d’une face A partir des deux faces Zone U Zone P Zone U
TIKHONOV 40.67 22.69 3.45 3.76 0.87
TSVD 40.79 25.93 5.81 0.27 3.88
PP-TSVD 35.24 18.88 0.54 0.79 1.53
APPROX ------- 17.59 2.23 13.01 2.58
Tableau III. 2 – Résultats des analyses numériques pour le coefficient pyroélectrique
Pour l'échantillon A, si l’on regarde les ER calculées pour les profils reconstitués à
partir des mesures sur les deux faces de l’échantillon, on peut conclure que
l'approximation et la PP-TSVD donnent une bonne reconstruction du coefficient
pyroélectrique. D'autre part, les erreurs relatives calculées pour des profils obtenus
à partir d’une seule face augmentent jusqu'à 60%.
Pour l'échantillon B, PP-TSVD donne une bonne reconstruction sur la totalité de
l'échantillon. Comme prévu, la méthode d'approximation donne un bon résultat
proche de la surface, mais elle n'est toujours pas assez précise pour atteindre une
résolution satisfaisante à l’intérieur de l’échantillon. Nous notons que la méthode de
Tikhonov fournit une bonne reconstruction du profil pyroélectrique.
III.2.4.3. L’influence du bruit
La sensibilité des méthodes de déconvolution par rapport à la qualité des courants
enregistrés est un paramètre important dont il faut tenir compte dans la
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
93
comparaison. Pour cela, nous avons superposé aux courants expérimentaux un
bruit aléatoire gaussien de 5 à 100% avec un pas de 5%.
Le coefficient de corrélation (CC) [Afif 72] a été utilisé comme moyen d’évaluation
quantitative de la qualité de reconstruction des coefficients pyroélectriques. Les
résultats sont montrés dans le Tableau III. 3. Pour chaque échantillon, le coefficient
de corrélation a été calculé pour plusieurs points afin d'étudier les effets du bruit à
différentes épaisseurs. Comme on l’a vu dans l'éq. (3.43), la méthode
d'approximation est basée sur la différence entre les parties réelle et imaginaire du
courant pyroélectrique. Si un bruit est ajouté au courant, la solution change
linéairement avec le bruit, rendant d'autres analyses inutiles.
Echantillon A Echantillon B
CC à 5µm CC à 40µm CC à 20µm CC à 60µm CC à 90µm
TIKHONOV -0.50 0.91 0.90 -0.67 0.39
TSVD -0.19 0.07 0.14 0.25 0.27
PPTSVD 0.13 0.13 -0.10 0.25 -0.15
Tableau III. 3 – Valeurs du CC relatives aux effets du bruit
Echantillon A
0 10 20 30 40 50-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
Epaisseur (µm)
Coe
ffic
ient p
yro
ele
ctr
ique
(µ
C/m
2K
)
0 10 20 30 40 50-70
-60
-50
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
40
50
60
Epaisseur (µm)
Co
eff
icie
nt
pyro
ele
ctr
iqu
e (
µC
/m2K
)
0 10 20 30 40 50
-30
-20
-10
0
10
20
Coe
ffic
ient
pyro
ele
ctr
ique
(µ
C/m
2K
)
Epaisseur (µm)
Echantillon B
0 20 40 60 80 100
-5
0
5
10
15
20
25
Co
effic
ient p
yro
ele
ctr
ique
(µ
C/m
2K
)
Epaisseur (µm)
0 20 40 60 80 100-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
Co
eff
icie
nt
pyro
ele
ctr
iqu
e (
µC
/m2K
)
Epaisseur (µm)
0 20 40 60 80 100
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Co
eff
icie
nt
pyro
ele
ctr
iqu
e (
µC
/m2K
)
Epaisseur (µm)
TIKHONOV TSVD PPTSVD
Figure III. 19 - Effets d’un bruit théorique sur la solution obtenue
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
94
Les coefficients de corrélation obtenus pour les méthodes TSVD et PP-TSVD sont
faibles, suggérant que les solutions calculées par ces méthodes peuvent être
affectées par le bruit mais d'une manière non linéaire.
Une analyse graphique de la Figure III. 19 montre l'influence du bruit sur les
solutions. D'autre part, le coefficient de corrélation le plus élevé (0.9) a été obtenu
pour la déconvolution de Tikhonov. Cette forte corrélation signifie qu'il y a une
dépendance linéaire positive de la solution avec le bruit. Les valeurs négatives du
coefficient de corrélation trouvées par cette même méthode impliquent que la
solution calculée tend à diminuer avec le bruit.
III.2.4.4. Les effets de la bande de fréquence utilisée
Une analyse de la gamme de fréquence a été finalement utilisée pour illustrer la
dépendance de la propagation thermique avec la fréquence. À basse fréquence, les
ondes thermiques atteignent la face arrière de l'échantillon, tandis qu'elles sont
confinées près de la surface à des fréquences plus élevées.
Pour souligner ce phénomène, six gammes de fréquence ont été choisies, chaque
gamme avec un nombre différent de fréquences (Tableau III. 4). Afin de mesurer
numériquement les résultats obtenus pour chaque gamme, nous avons employé les
erreurs relatives pour l'échantillon A, et l'analyse du minimum et maximum pour
des résultats de l’échantillon B. Les résultats sont montrés dans le Tableau III. 5 et
dans Figure III. 20. Nous notons que cette analyse ne sera pas appliquée pour la
méthode d'approximation.
Echantillon A
Bande de
fréquences
Nombre de
fréquences TIKHONOV TSVD PPTSVD
100Hz-100kHz 308 49.31 64.89 99.93
100Hz-10kHz 206 54.41 58.64 28.92
10Hz-100kHz 410 56.74 68.74 54.40
10Hz-10kHz 308 56.32 63.25 58.60
1Hz-100kHz 513 40.67 40.79 35.24
ERREURS RELATIV
ES %
1Hz-10kHz 410 41.04 41.01 37.87
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
95
Tableau III. 4 – Les erreurs relatives calculées pour l’échantillon A
Echantillon B
TIKHONOV TSVD PPTSVD Bande de
fréquences Zone U Zone P Zone U Zone U Zone P Zone U Zone U Zone P Zone U
100Hz-100kHz 0.15 19.98 4E-4 17.22 18.59 0.08 11.06 31.06 11.06
100Hz-10kHz 10.12 17.30 0.22 5.32 18.87 0.06 6.29 26.29 6.29
10Hz-100kHz 9.77 5.44 1.42 5.28 4.40 3.02 0.98 9.07 10.92
10Hz-10kHz 1.47 5.11 1.24 1.30 3.93 3.43 0.36 5.11 14.88
1Hz-100kHz 3.45 3.76 0.87 5.81 0.27 3.88 0.54 0.79 1.53
1Hz-10kHz 1.54 1.51 0.91 0.80 11.25 3.02 0.22 9.60 1.80
Tableau III. 5 – Résultats de l’analyse numérique pour l’échantillon B
Echantillon A
0 10 20 30 40 50
-40
-30
-20
-10
0
10
20
30
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Epaisseur(µm)
Co
eff
icie
nt
Pyr
oele
ctr
ique
(µ
C/m
2K
)
0 10 20 30 40 50-25
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Epaisseur (µm)
Coeffic
ient pyr
oele
ctrique (µ
C/m
2K
)
0 10 20 30 40 50-30
-20
-10
0
10
20
30
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Co
eff
icie
nt
pyr
oe
lectr
iqu
e
(µC
/m2K
)
Epaisseur (µm)
Echantillon B
0 20 40 60 80 100
-10
-5
0
5
10
15
20
25
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Co
eff
icie
nt p
yro
ele
ctr
ique
(µ
C/m
2K
)
Epaisseur (µm)
0 20 40 60 80 100-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Coeffic
ient P
yroele
ctr
ique (µ
C/m
2K
)
Epaisseur (µm)
0 20 40 60 80 100
-10
-5
0
5
10
15
20
100Hz-100kHz
100Hz-10kHz
10Hz-100kHz
10Hz-10kHz
1Hz-100kHz
1Hz-10kHz
Profil théorique
Coeff
icie
nt pyr
oele
ctr
ique (
µC
/m2K
)
Epaisseur (µm)
TIKHONOV TSVD PP-TSVD
Figure III. 20 – Effets des différentes gammes de fréquence sur la solution obtenue
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
96
Autant l’analyse visuelle que celle numérique prouvent que les gammes de
fréquence qui commencent à 100Hz fournissent des informations insuffisantes en
profondeur par les trois méthodes.
À 100Hz, dans le cas de l'échantillon B, la zone irradiée est plus petite que
l'épaisseur de la première couche. Ainsi le profil pyroélectrique obtenu par les trois
méthodes de régularisation n’est pas satisfaisant. Pour les gammes de fréquence
commençant à 10Hz, les résultats s'améliorent de manière significative, mais
demeurent toujours assez éloignés de la réalité. Comme prévu, les meilleures
reconstructions et les plus petites erreurs sont obtenues pour les gammes de
fréquences les plus étendues (à partir du 1Hz).
Le nombre de fréquences n'est pas un paramètre significatif parce que les
paramètres de régularisation et de troncation sont ajustés afin d'obtenir les
meilleures reconstructions possibles du coefficient pyroélectrique par rapport au
profil théorique.
Comme illustré ci-dessus, les gammes de fréquence ont le même impact sur les
solutions calculées par toutes les méthodes.
III.3 Conclusion
La détermination des distributions de charges d’espace ou de polarisation à partir
des données expérimentales nécessite d’une part la modélisation du gradient
thermique à l’intérieur du matériau et la résolution de l’équation de Fredholm
d’autre part.
Avec la méthode FLIMM, il est impossible de mesurer la température locale induite
par le faisceau laser. Ainsi, plusieurs modélisations de la température ont été
développées dans notre équipe. Dans un premier temps, un modèle
unidimensionnel avec un apport surfacique d’énergie a été proposé qui permet une
estimation globale de la charge. Devant l’aspect focalisé de la FLIMM, ce modèle
s’avère insuffisant. C’est pourquoi un nouveau modèle avec apport volumique
« quatre couches » a été mis au point. La particularité de ce modèle réside dans le
fait qu’il tient compte de différents milieux qui composent l’échantillon. En effet, la
propagation de la chaleur dépend des caractéristiques thermiques de chaque milieu
et il faut en tenir compte si l’on veut modéliser le plus finement possible le
phénomène physique.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
97
Ce modèle a été déjà implémenté dans nos calculs et les résultats obtenus sont très
satisfaisants.
L’équation fondamentale de la FLIMM est une équation intégrale de Fredholm dont
la résolution nécessite des traitements mathématiques complexes.
Plusieurs méthodes de calcul ont été implémentées et comparées afin de trouver
celle qui convient le mieux à nos expérimentations. Parmi elles, les plus
importantes sont la méthode d’approximation et les méthodes de régularisation.
Afin de calibrer ces techniques, des mesures ont été effectuées sur un échantillon
sandwich dont on connaît la distribution de la polarisation.
Ainsi, nous avons montré que la méthode d’approximation donne de très bons
résultats dans une zone proche de la surface irradiée, mais la résolution spatiale
décroît avec l’épaisseur du matériau. De plus, cette technique est très facile à
mettre en œuvre et elle ne nécessite pas de traitements mathématiques fastidieux.
Une autre méthode qui donne des résultats satisfaisants sur ce type d’échantillons
est la régularisation de Tikhonov. Le principal avantage de cette technique réside
dans le fait qu’elle fournit une information sur toute la profondeur de l’échantillon.
Néanmoins, son implémentation est relativement complexe et le choix du paramètre
de régularisation reste délicat.
Notre travail a consisté à mettre en oeuvre les différents modèles de température.
Nous avons également développé la résolution mathématique et les résultats
obtenus ont été détaillés et comparés. La validation de ces modèles théoriques
permet maintenant l’extraction de la distribution des charges avec une grande
fiabilité et reproductibilité.
Chapitre 3 – Modélisation de la température et problème inverse FLIMM
98
IV - Résultats
Expérimentaux
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
99
Après avoir optimisé et validé l’ensemble de la chaîne instrumentale FLIMM, nous
présentons dans ce chapitre des résultats caractéristiques en une, deux ou trois
dimensions pour illustrer l’intérêt des représentations cartographiques lors de
l’étude de la répartition de charges.
IV.1 Distributions globales de charges d’espace
IV.1.1 Etude du comportement du PET (analyse 1D)
Les résultats présentés dans cette partie ont été obtenus lors de l'opération
"Synergie des contraintes et durabilité des isolants organiques" du thème matériaux
du GDR ME²MS. Les objectifs des travaux entrepris concernent la caractérisation
d'un matériau organique modèle. Dans un premier temps, le choix s'est porté sur le
polyéthylène téréphthalate (PET) dont les applications actuelles concernent
l'isolation électrique de composants du génie électrique (condensateurs,
transformateurs) et qui peut présenter des morphologies différentes (amorphe ou
avec différents taux de cristallinité).
IV.1.1.1. Préparation des échantillons
Les films de PET étudiés ont été fournis par Goodfellow sous forme de films étirés
biaxialement et de différentes épaisseurs (100 et 500 µm).
Le polyéthylène téréphtalate est un isolant organique solide obtenu par la
polycondensation de l'acide téréphtalique et de l'éthylène-glycol. La formule
chimique de son unité de répétition est montrée dans la Figure IV. 1.
Figure IV. 1 – Formule chimique du PET
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
100
Le motif de répétition du PET est donc constitué des séquences chimiques du
groupement téréphtalate, un noyau benzénique auquel sont attachés deux
groupements carbonyles, et de l’éthylène glycol. La rigidité mécanique du polymère
est due en grande partie à la présence du noyau benzénique, tandis que la partie
éthylène glycol lui offre la flexibilité. Le PET est un matériau dont la polarisation est
due aux groupements carbonyles présents dans la chaîne moléculaire.
Les travaux présentés ont été réalisés sur des films de PET par deux méthodes
thermiques non destructives : la méthode FLIMM et la méthode de l'onde thermique
(MOT).
Les différents paramètres relatifs aux mesures effectuées sont récapitulés dans le
Tableau IV. 1 ci après :
Technique de test FLIMM MOT
Épaisseur PET 100µm 500µm
Conditions de mesure Court circuit Court circuit
Electrodes or aluminium
Contrainte électrique appliquée 10kV/mm 10kV/mm
Températures de conditionnement électrique
25, 50 et 90°C 25, 50 et 90°C
Tableau IV. 1 - Paramètres relatifs aux mesures réalisées sur PET
La Figure IV. 2 donne un exemple de courants pyroélectriques enregistrés par la
méthode FLIMM, pour un échantillon de PET chargé sous un champ de 10kV/mm,
à 50°C. On remarque un comportement différent des modules, ce qui suggère une
hétérogénéité du matériau. Cette hétérogénéité est également mise en évidence par
les courants MOT qui révèlent une dispersion assez forte (Figure IV. 2).
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
101
100 1000 10000
0.0
250.0f
500.0f
750.0f
1.0p
1.3p
1.5p
Face 1
Face 2
Fréquence (Hz)
Mo
du
le d
u c
ou
ran
t p
yro
elé
ctr
iqu
e (
A)
-15
-10
-5
0
5
10
15
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Temps (secondes)
Sig
na
l MO
T (
pA
)
Signal Face A PET 5
Signal Face A PET 3
Signal Face A PET 1
Signal Face B PET 1
Signal Face B PET 3
Signal Face B PET 5
Figure IV. 2 – a) Courants pyroélectriques FLIMM ; b) Signaux MOT avant conditionnement
Ces tests ont été réalisés hors tension, par les deux techniques. A la fin du
conditionnement électrique, l'échantillon a été refroidi sous champ, et les mesures
ont été faites en conditions de court-circuit à température ambiante.
Les figures IV.3 et IV.4 montrent les champs internes résiduels et respectivement
les densités de charges, obtenus par les deux méthodes.
0 20 40 60 80 100
-6
-5
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
CathodeAnode
Epaisseur (µm)
Ch
am
p e
léctr
iqu
e (
KV
/mm
)
PET 10kV/mm 25°C PET 10kV/mm 50°C PET 10kV/mm 90°C
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Epaisseur (mm)
Ch
am
p é
lec
triq
ue
(k
V/m
m)
Anode Cathode90°C, 10kV/mm, 5h
50°C, 10kV/mm, 5h
25°C, 10kV/mm, 5h
avant conditionement
Figure IV. 3 - Champs électriques résiduels
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
102
0 20 40 60 80 100
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
CathodeAnode PET 10kV/mm 25°C PET 10kV/mm 50°C PET 10kV/mm 90°C
De
nsité
de
ch
arg
es d
'esp
ace
(C
/m3)
Epaisseur (µm)
-10
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
8
10
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Epaisseur (mm)
De
ns
ité
s d
e c
ha
rge
s d
'es
pa
ce
(C
/m3)
Anode Cathode
90°C, 10kV/mm, 5h
50°C, 10kV/mm, 5h
25°C, 10kV/mm, 5h
avant conditionement
Figure IV. 4 - Densité de charges résiduelles (après 10kV/mm, 5h)
Les résultats obtenus par la FLIMM et MOT sont assez semblables, en effet :
• A température ambiante (25°C), l’application d’un champ de 10kV/mm ne
semble pas engendrer de phénomène de polarisation ou d'injection de charges
significative. Les valeurs de champ et de densité de charges obtenus sont très
faibles, du même ordre de grandeur que celle obtenues avant conditionnement.
Les densités de charges (~0.5 C/m3) sont associées à la polarisation intrinsèque
du matériau. Par contre, lorsque la température de conditionnement augmente,
ces phénomènes apparaissent de plus en plus nettement.
• Pour des températures inférieures à la température de transition vitreuse
(Tg=80°C) et sous contrainte électrique, la quantité des dipôles impliqués dans le
processus d’orientation augmente. Ce phénomène est illustré dans la Figure IV.
4 pour une température de conditionnement de 50°C. De plus, on remarque une
apparition d’homocharges dans le matériau, leurs amplitudes augmentant avec
l’augmentation de la température (Figure IV. 4).
• Pour une température de 90°C, proche de la Tg, et sous contrainte électrique,
deux phénomènes peuvent se produire [Thie 94] :
- Une diminution du temps de relaxation des dipôles, ce qui entraîne un
processus de polarisation,
- Une augmentation du courant de conduction qui est associé à l’injection des
charges. Ces phénomènes peuvent expliquer la valeur importante de la
densité de charge (15 C/m3) qu’on retrouve pour une température de 90°C.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
103
Pour les résultats obtenus par la méthode FLIMM, on note que champ résiduel
représente 50% du champ appliqué et présente une parfaite symétrie (Figure IV. 4).
Cette symétrie est retrouvée également dans la distribution de charges d’espace qui
est associée à une polarisation volumique.
Les résultats obtenus pour des températures de conditionnement de 25 et 50°C,
sont quasi identiques.
Néanmoins, quelques différences peuvent être remarquées pour le conditionnement
à une température proche de la Tg. Les échantillons utilisés par les deux
techniques n’ont pas la même épaisseur, ce qui peut expliquer la provenance des
ces différences. De plus, la nature et l’épaisseur des électrodes sont également
différentes, ce qui peut avoir des conséquences sur le phénomène d’injection de
charges.
Une comparaison plus approfondie de ces deux méthodes thermiques nécessite
l’utilisation des échantillons identiques, préparés et conditionnés électriquement
dans les mêmes conditions. Ceci est difficilement envisageable, puisque la méthode
FLIMM nécessite des échantillons d’une épaisseur maximale de 100 µm, tandis que
pour la méthode MOT cette épaisseur constitue la limite inférieure.
IV.1.2 Etude 1D du PEN soumis à hauts champs
IV.1.2.1. Matériau étudié
Le poly (éthylène naphtalène-2,6-dicarboxylate) (PEN) appartient à la même famille
chimique que le PET, les polyesters aromatiques saturés. Bien que la demande sur
le PET soit considérable, des propriétés thermiques et mécaniques plus importantes
sont souhaitées pour certaines applications, où le PEN est utilisé. Celui-ci est
caractérisé par une partie aromatique plus importante que le PET qui représente
une proportion de l’unité monomère plus grande, et lui confère les vertus
d’aromaticité avec un impact accru (propriétés thermiques entre autres) [Krau 96].
Ce type de groupement nathtalénique est de nature à rigidifier les chaînes et
justifier une température de transition vitreuse voisine de 125°C, ainsi qu’une
température de fusion de l’ordre de 267°C.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
104
Figure IV. 5 – Formule chimique du PEN
IV.1.2.2. Contexte de l’étude
Ce polymère a été synthétisé pour la première fois vers 1948, mais son utilisation
industrielle est en revanche plus récente. Grâce à ses propriétés supérieures aux
autres polymères, il est de plus en plus utilisé en Génie Electrique, notamment
pour la fabrication des circuits imprimés flexibles, comme isolants électriques ou
encore comme support pour les films photographiques.
Dans ce contexte, il est important d’étudier le comportement du PEN en présence
des forts champs électriques, susceptibles de provoquer des phénomènes d’injection
de charges qui mènent à une dégradation prématurée du matériau.
Pour cela, des mesures de charges d’espace ont été entreprises, en parallèle avec
des mesures d’électroluminescence et de courants de dépolarisation effectuées dans
le cadre d’une autre thèse.
Rappel sur l’électroluminescence
Le principe de la mesure d’électroluminescence (EL) est la détection de la lumière
émise par un matériau sous champ électrique. L’application d’un champ peut
générer des états électroniques excités dans l’isolant. Leur retour à l’état
fondamental se fait par relaxation radiative (émission de lumière), ou non radiative.
C’est ce phénomène de relaxation radiative que mesure l’EL. Cependant, la
structure des polymères isolants étant complexe, les processus d’excitation sont
nombreux et ils dépendent directement de l’énergie cinétique des porteurs ou de
leur énergie potentielle. Ces mécanismes d’excitation ont été détaillés dans la
littérature par Piper et al.[Pipe 55].
L’EL est produite quand le matériau se dégrade sous l’action d’un champ électrique.
Dans ce sens, l’EL constitue un signal d’alarme avant la rupture diélectrique, mais
elle ne donne aucune information concernant la nature du mécanisme d’excitation.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
105
De plus, il a été montré [Teys 99] que des changements dans l’allure des spectres
d’EL peuvent être expliqués par des modifications du champ local, dû aux charges
d’espace. Par conséquent, l’EL est liée à la distribution des charges, et une
information sur le mécanisme d’excitation peut être délivrée par l’étude des profils
de charges sous l’application d’un champ électrique. Pour cela, la mesure de
charges d’espace et l’El sont deux techniques complémentaire pour l’étude des
phénomènes d’injection et de transport des charges dans les matériaux.
IV.1.2.2.1 Préparation des échantillons
Les films utilisés dans nos mesures ont été fournis par DuPont de Nemours
(Luxembourg), sous forme de films stabilisés thermiquement et à orientation bi-
axiale. Pour ces films de 25 µm d’épaisseur, le taux de cristallinité est d’environ
44%.
Les échantillons ont été métallisés avec une couche d’or de 30nm sur laquelle on a
ensuite déposé une fine couche d’encre pour augmenter l’absorption optique du
faisceau.
Les films ont été polarisés à température ambiante pendant 30 minutes, le champ
appliqué a été choisi dans une gamme comprise entre 12 kV/mm et 300kV/mm.
Les films ont ensuite été mis en court-circuit pendant une durée de 30 minutes.
Dans cette partie, l’intérêt se portera sur les mesures de charges d’espaces ; les
résultats obtenus par électroluminescence et la caractéristique I(V) sont montrés à
titre de comparaison.
Les figures IV.6 et IV.7 représentent les profils de champ résiduel et de charge
d'espace obtenus après 30 min de dépolarisation, pour chacun des paliers de
champ appliqué.
Les profils de charges montrés dans la Figure IV. 7 sont reconstitués à partir des
mesures effectuées des deux cotés de l’échantillon. En effet, l’information en
profondeur fournie par les méthodes thermiques n’est pas suffisante à partir d’une
seule face, une deuxième mesure étant souvent nécessaire. Ceci implique une perte
de résolution vers le milieu de l’échantillon, pour cela nos interprétations se
limiteront aux zones proches des interfaces.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
106
Dans ces zones, on remarque une accumulation d’homocharges (charges positives à
l’anode et négatives à la cathode) qui augmente avec le champ.
A faible champ, la densité de charges est très faible (~0.5 3mC / ) et elle peut être
associée à une orientation dipolaire. Par contre, une injection massive de charges
apparaît pour des champs supérieurs à 225 kV/mm.
A l’anode, le développement d’une homocharge positive est mis en évidence par
l’augmentation des pics de charges. On peut également noter que le niveau de
charges accumulées à l’anode est supérieur à celui de la cathode.
0 5 10 15 20 25-20
-15
-10
-5
0
5
10
12 156
19 172
32 212
76 224
92 260
104 280
144 300
Ch
am
p é
lectr
iqu
e r
ésid
ue
l (
kV
/mm
)
Epaisseur (µm)
Figure IV. 6 – Champs résiduels internes en fonction de la tension appliquée
0 5 10 15 20 25-200
-150
-100
-50
0
50
100
150
200
250
300
De
nsité
de
ch
arg
e (
C/m
3)
Epaisseur (µm)
12 156
19 172
32 212
76 224
92 260
104 280
144 300
Figure IV. 7 – Distribution de la charge d’espace
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
107
A partir des distributions de la Figure IV. 7, nous avons calculé la valeur moyenne
de charges situées dans les zones proches des interfaces, sur une épaisseur de 5µm
à partir de chaque électrode. Les valeurs obtenues pour chaque courbe sont
présentées dans les Figure IV. 8 a) et b).
10 100 1000
-20
0
20
40
60
80
100
120
140
a)
Ch
arg
e d
'esp
ace (
C/m
3)
Champ (kV/mm)
charges positives
10 100 1000
-20
0
20
40
60
80
100
120
140
b)
Ch
arg
e d
'esp
ace (
C/m
3)
Champ (kV/mm)
charges négatives
Figure IV. 8 – Valeurs moyennes des charges d’espace en fonction du champ appliqué
a) charges positives proches de l’anode, b) charges négatives proches de la cathode
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
108
Intermediate High field regimeOhmic regime
10 100 1000
regime
Field (kV/mm)
Electroluminescence (counts/s)
10-13
10-12
10-11
1x10-10
1x10-9
1x10-8
PM noise level
10 4
10 3
10
10 2
Curren
t (A)
Figure IV. 9 – EL et courant en fonction du champ appliqué d’après [Augé 00]
D’après ces courbes, nous pouvons distinguer trois zones, qui correspondent aux
zones mises déjà en évidence par Augé et al. [Augé 00] par des mesures de I(V) et
par électroluminescence.
Dans la première zone, nous pouvons remarquer que la densité de charge est très
faible, ce qui implique qu’il n’y a pas d’injection dans la gamme de champs
comprise entre 12kV/mm et 75kV/mm. D’après la Figure IV. 9, il a été mis en
évidence que dans cette même zone, la conductivité a un comportement linéaire
avec le champ. De plus, aucune émission d’EL n’a pas été détectée dans cette
gamme.
Dans la gamme 75 – 160kV/mm, nous assistons à une injection de charges à partir
des électrodes. Augé et al. ont montré que dans cette gamme de champs, le courant
augmente d’une façon non linéaire, mais qu’il y a toujours pas d’émission
permanente d’EL. De plus, par de mesures de charges d’espace avec la technique
LIPP, ils ont également mis en évidence qu’il y a injection d’homocharges à partir de
électrodes.
Dans la zone de hauts champs (160 – 300 kV/mm), une injection massive de
charges a lieu. Cette injection est également corrélée par une augmentation
significative du courant et de l’EL avec le champ.
Les résultats obtenus par la méthode FLIMM sont en accord avec ceux obtenus par
d’autres auteurs par des mesures de courant et d’EL sur des échantillons
similaires.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
109
IV.2 Cartographies 2D et 3D
IV.2.1 PEN irradié par UV
La méthode FLIMM a été également utilisée pour l’étude de charges d’espaces
induites par irradiation par rayons ultraviolets (UV), en complément de mesures
d’électroluminescence (EL).
Au sein de notre équipe, des mesures d’électroluminescence ont été réalisées sur
des films minces de PEN. Il a été constaté que l’émission de l’EL était plus faible sur
les zones irradiées par UV. Ce phénomène a été associé à l’apparition de charges
d’espace dans la zone irradiée. Pour confirmer (ou infirmer) cette hypothèse, des
mesures de charges d’espace par la méthode FLIMM ont été entreprises.
Les résultats obtenus par l’EL, ainsi que le protocole expérimental sont également
présentés dans cette partie.
Pour cette étude, des films minces de Poly (ethylene 2.6-naphthalène) (PEN),
provenant de Dupont de Nemours, ont été utilisés. Les mesures de charges d’espace
ont été réalisées sur des films de 25µm d’épaisseur et celles d’EL sur des films de
50µm d’épaisseur.
Le vieillissement des échantillons a été induit par des rayons UV provenant d’une
insoleuse de 30W utilisée pour la conception des circuits imprimés, dont les
caractéristiques sont présentées dans la Figure IV. 10. Dans le spectre d’émission
des lampes, on remarque la présence de quelques pics étroits dans la bande du
visible (400-800nm). Par contre, une large bande est observée dans la zone des UV
(10-400nm), présentant un pic à 350nm et dont la largeur à mi-hauteur est de
40nm.
Le spectre de transmission d’un film vierge de PEN est également présenté dans la
Figure IV. 10. Comme le PEN absorbe que dans la zone des UV, la lampe va
essentiellement induire une photo-dégradation du matériau.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
110
Intensity (a.u.)
Tran
smissio
n (a.u
.)
300 400 500 6000
1
2
0
50
100
Wavelength (nm)
Zone irradiee par UV
Zone non-irradiee
Region observee
Limite de l'irradiation
Figure IV. 10 – Spectre de la lampe utilisée pour
l’irradiation (a) et le spectre de transmission (b)
pour un film de PEN de 25 µm
Figure IV. 11 – Configuration des
échantillons pour les mesures d’EL
Pour les mesures d’EL, deux échantillons (A et B) ont été irradiés sur une moitié
seulement de leur surface durant 48 heures. Leur configuration est montrée dans
la Figure IV. 11. Un autre échantillon (C) a été totalement irradié, à l’exception
d’une zone protégée de 5mm de diamètre.
Après l’irradiation, une couche mince d’or (30 nm) a été déposé sur les deux faces
de l’échantillon par pulvérisation cathodique.
La localisation des zones d’émission de l’EL a été effectuée dans une enceinte
équipée d’une caméra CCD (charge-coupled device), avec une résolution d’environ
5 nm dans la bande de 300-850 nm. Les images ont été réalisées selon un axe
optique perpendiculaire au plan du film diélectrique. Le dispositif de mesure a été
détaillé dans [Mary 94], [Petr 04].
Les échantillons ont été soumis à des contraintes électriques, alternative pour
l’échantillon A et continue pour B. La tension a été augmentée progressivement, par
pas de 500V. La durée de chaque palier a été d’environ 15 minutes, afin de
permettre l’acquisition de données. Etant donné le nombre important des rampes
de tension, nous avons choisi de présenter ici seulement les images les plus
représentatives.
Les images d’EL obtenues sur les échantillons A et B sont présentées dans la Figure
IV. 12. Une différence importante des niveaux d’émission entre les zones irradiées et
non irradiées peut être constatée.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
111
Ce phénomène a été observé tant dans le cas d’une contrainte alternative
(échantillon A) que continue (échantillon B).
On peut noter également que le niveau d’émission sous contrainte alternative est
plus faible que celui sous contrainte continue. Ce phénomène a été également mis
en évidence sur des échantillons vierges [Mary 98]. De plus, sous contrainte DC,
l’émission de l’électroluminescence est beaucoup plus homogène que sous
contrainte AC.
Dans le cas de l’échantillon C, pour des raisons de niveau de signal et de facilité
(faible dimension de la zone non-irradiée), les mesures d’électroluminescence n’ont
été effectuées que sous contrainte continue. Les images d’émission d‘EL sont
présentées dans la Figure IV. 13.
On remarque que la zone non irradiée se détache de façon très significative avec
l’augmentation de la tension appliquée. De plus, le niveau de l’électroluminescence
de cette zone est beaucoup plus important que celui du reste de l’échantillon, et ce,
pour tous les champs appliqués.
Mary et al. [Mary 01] ont montré que la diminution de l’émission de l’EL observée
pour les zones irradiées peut être expliquée par une diminution du courant de
conduction. Des charges sont probablement injectées plus efficacement et piégées
aux interfaces, ce qui entraînerait une diminution du champ à l’interface.
Afin d’apporter une réponse à cette question, des mesures de charges d’espace ont
été entreprises.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
112
Limite de traitement Zone observee
Figure IV. 12 – Images d’EL pour l’échantillon A sous contrainte AC (gauche) et pour
l’échantillon B sous contrainte DC (droite)
Figure IV. 13 –Images d’EL pour l’échantillon C sous contrainte continue
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
113
Pour les mesures de charges d’espace, l’échantillon soumis aux UV présentait une
configuration spéciale, montrée dans la Figure IV. 14. Durant l’irradiation,
l’échantillon a été protégé par un masque, et seulement trois zones ont été irradiées
pour des durées différentes, respectivement de 12, 24 et 48 heures. Les zones
irradiées sont repérées par des cercles de 1mm de diamètre.
Zones irradiees
Zone protegee
12h 24h 48h
1mm 1mm
(0,0)
(0,-4500) (0,-2500) (0,-1500) (0,-500)
X
Y
Z
500
-500
12 h 48 h 24 h
Section 2 Section 1 Section 3 Section 4
Figure IV. 14 – Configuration de l’échantillon pour les mesures de charges d’espace
Après l’irradiation, une couche semi transparente d’or (50nm) a été déposée sur les
deux faces de l’échantillon par sputtering. Enfin, une couche fine de carbone a été
évaporée sur les zones irradiées afin de faciliter le positionnement de l’échantillon et
l’analyse de ces zones.
Les mesures de charges d’espace ont été réalisées suivant les axes X et Y, avec un
pas de 50µm (Figure IV. 14). Les résultats obtenus dans les deux directions sont
similaires, et par conséquent, seuls les résultats obtenus suivant Y seront
présentés. La direction Z est la direction de l’épaisseur de l’échantillon.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
114
La Section 1 présente la cartographie d’une zone non-irradiée, les Sections 2, 3, 4
celles des zones irradiées durant 12, 24 et 48h. Pour chaque section, 22 points de
mesure ont été nécessaires. L’acquisition d’un point de mesure a été effectuée dans
une gamme de fréquence comprise entre 100 Hz et 10kHz, nécessitant ainsi 6
minutes d’enregistrement.
La figure III.9. a) donne la distribution de charges relative à la Section 1 (zone non-
irradiée) et elle sera considérée comme référence. Par une analyse visuelle, on
remarque qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre les Sections 1 et 2. Ceci
traduit le fait que le matériau n’est pas affecté par l’irradiation pour des durées
d’exposition faibles (<12h).
Par contre, on remarque que le niveau de charges augmente avec le temps
d’exposition. Pour une durée d’irradiation de 24 heures, des charges négatives
apparaissent dans une zone proche de la surface, d’une façon non homogène. Pour
un temps de 48 heures, le niveau des charges devient important devant le niveau
du profil de référence et la zone d’accumulation s’élargit.
Une autre observation importante est celle concernant la profondeur de la zone
d’accumulation des charges. Cette zone, proche de la surface de l’échantillon, est
présente dans toutes les sections étudiées et son étalement dépend du temps
d’exposition. Ce résultat était attendu, étant donné que la photo-oxidation induite
par l’irradiation UV est un phénomène de surface [Sche 97].
Les effets des UV sur le PEN ont été également étudiés par microprofilométrie IR
[Sche 97]. Les auteurs ont montré que la photo-oxidation du matériau n’excède pas
10µm. Ce résultat est en accord avec celui obtenu par la méthode FLIMM. En effet,
les cartographies montrent que les charges d’espace sont confinées dans une zone
proche de la surface, sur environ 7µm de profondeur.
De plus, la zone dégradée à la surface de l’échantillon devient très absorbante,
provoquant le jaunissement du matériau constituant ainsi un écran de protection
pour le reste du matériau. Ce phénomène de surface a été également mis en
évidence par de mesures de photoluminescence [Mary 01] effectuées dans notre
laboratoire.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
115
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
5
10
15
20
25
24 h
Ep
ais
seu
r (µ
m)
Ep
ais
seu
r (µ
m)
Ep
ais
seu
r (µ
m)
Ep
ais
seu
r (µ
m)
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
5
10
15
20
25
48 h
-1,3E-3 -1,06E-3 -8,25E-4 -5,87E-4 -3,5E-4 -1,12E-4 1,25E-4 3,63E-4 6E-4
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
5
10
15
20
25
Non irradiée
Déplacement en Y (µm)Déplacement en Y (µm)
Déplacement en Y (µm)
Déplacement en Y (µm)
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
5
10
15
20
25
12 h
Figure IV. 15– Cartographies de charges d’espace pour différentes durées d’irradiation
Les mesures de charges d’espace ont montré que lors de l’irradiation du matériau
par de UV, une accumulation des charges a lieu à la surface du matériau. Ce
phénomène est probablement à l’origine de la diminution du niveau
d’électroluminescence du matériau.
Ainsi, l’EL et la méthode FLIMM apparaissent comme deux techniques
complémentaires pour l’étude des phénomènes de vieillissement induits par les UV.
Des nouvelles mesures ont été envisagées par les deux techniques afin de
déterminer, d’une manière quantitative, les limites de détection, notamment en ce
qui concerne la surface minimale d’irradiation, l’intensité de l’irradiation ou les
temps d’exposition.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
116
IV.2.2 Etude du PTFE irradié par MEB
L’objectif principal de ces travaux consistait en la réalisation des cartographies
tridimensionnelles de charges d’espace. La réalisation des cartographies nécessitait
la fabrication d’échantillons spéciaux. Le choix du téflon est justifié par sa capacité
à piéger les charges sur une longue période. L’utilisation du MEB permet alors
l’implantation d’électrons de manière sélective et localisée.
IV.2.2.1. Préparation des échantillons
Pour la réalisation des cartographies tridimensionnelles, les échantillons doivent
remplir les conditions suivantes:
- le matériau à étudier doit piéger les charges pendant une longue période,
- les zones de l’échantillon où les charges sont accumulées doivent être
indentifiables.
La première condition est importante dans la mesure où la réalisation d’une
cartographie nécessite l’enregistrement de plusieurs points de mesures suivant un
balayage en X et Y. Ainsi, l’acquisition totale des données peut durer plusieurs
jours, d’où l’importance d’un matériau qui a la capacité de stocker les charges
pendant une longue durée.
La connaissance exacte des zones susceptibles de contenir des charges d’espace
facilite les mesures et la calibration de notre méthode. Pour cela, les échantillons
ont été irradiés par un microscope électronique de balayage (MEB) de type JEOL
JSM- 6060LV. Le collage préalable d’une grille de microscope par-dessus
l’échantillon permet l’implantation des électrons suivant la géométrie de la grille.
Connaissant ses caractéristiques physiques (largeur, longueur des caissons), on
peut déterminer avec précision les zones où les charges ont été implantées.
Les échantillons utilisés pour cette étude sont des films minces de PTFE (Téflon) de
50µm d’épaisseur, métallisés sur les deux faces avec une couche d’or de 30nm. Des
grilles de microscope avec des géométries différentes ont été collées sur les
échantillons, soit avec de la laque d’argent, soit avec de la colle cyanolite. Une très
fine couche de carbone (~20nm) a été alors déposée par évaporation sur la totalité
de l’échantillon. Celle-ci permet de conserver l’empreinte de la grille, une fois celle-ci
enlevée, comme montre la Figure IV. 16.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
117
IV.2.2.2. Cartographie barreaux avec une résolution de 50 µm - Laque d’argent
Le premier essai de cartographie a été réalisé sur un film de PTFE, préparé suivant
la procédure décrite précédement.
Par-dessus l’électrode, une grille de microscope en cuivre a été collée avec de la
laque d’argent. Elle possède les caractéristiques suivantes :
- Diamètre : 3mm
- Epaisseur : 25 µm
- 5 barreaux de 125 µm d’épaisseur, espacés de 125µm
- 8 barreaux de 55 µm d’épaisseur, espacés de 55µm
Une image de cette grille est montrée dans la Figure IV. 16.
L’échantillon a été ensuite irradié par un faisceau d’électrons à l’aide du MEB. Les
caractéristiques d’implantation sont données dans le tableau suivant :
Energie Temps d’irradiation Taille de spot Distance de travail
30 keV 20 min ~1µm 50 mm
Tableau IV. 2 – Caractéristiques d’implantation
Avant d’effectuer les mesures FLIMM, la grille a été enlevée et l’empreinte qu’elle
laisse sur l’échantillon est matérialisée sur Figure IV. 16.
Figure IV. 16 - L’empreinte de la grille
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
118
A partir de cette empreinte et par l’intermédiaire d’une webcam, nous avons choisi
la zone à étudier. Un balayage suivant l’axe X, avec un pas de 50 µm (Figure IV. 17)
a été ensuite réalisé, nous permettant d’investiguer à la fois les zones irradiées que
celles non-irradiées.
50 µm
X0 475475
Figure IV. 17 – Choix des zones d’analyse
Durant l’irradiation, l’interaction électron-matière conduit à des effets
d’accumulation de charges à la surface dans les zones non protégées par la grille.
Les particules injectées dans le matériau interagissent avec des atomes en leur
cédant une partie de l’énergie. Elles sont ainsi ralenties jusqu’à l’arrêt complet à
condition que l’échantillon soit suffisamment épais. Ce phénomène est caractérisé
par la déperdition d'énergie par unité de longueur
dx
dE. La puissance totale d'arrêt
est la somme des contributions des interactions électronique, nucléaire et de
composantes émissives. La distance moyenne parcourue par une particule chargée
dépend de sa nature, de son énergie initiale, et de la nature du matériau utilisé. Le
calcul de la profondeur de pénétration des électrons a été effectué en employant
l'approximation de ralentissement continu divisée par la densité du matériau donné
par un programme de simulation appelé ESTAR. Ce logiciel est disponible sur le site
internet du NIST (National Institute of Standards and Technology). Ce modèle doit
être renseigné avec des paramètres importants comme la composition chimique,
l’énergie d'excitation et la densité du matériau.
La profondeur de pénétration des électrons a été calculée pour plusieurs matériaux
et les résultats obtenus sont montrés dans la Figure IV. 18.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
119
0 10 20 30 40 50
0
10
20
30
40
50
Pro
fon
de
ur
d'im
pla
nta
tio
n (
µm
)
Energie (keV)
xlpe
Téflon
Kapton
Aluminium
PS
PVC
Figure IV. 18 – Profondeur de pénétration des électrons en fonction du type de matériau
utilisé
Dans le cas du PTFE, la profondeur maximale de pénétration des électrons calculée
est de 7µm. Dans nos expérimentations, avant l’irradiation, l’échantillon est
métallisé avec de l’or et une couche de carbone est déposée par-dessus, ce qui peut
entraîner un ralentissement des électrons. Cela signifie que la profondeur réelle de
pénétration sera moindre que la profondeur théorique.
Les profils de charge obtenus par la méthode FLIMM sont présentés dans la Figure
IV. 19.
0,0 2,0 4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
De
nsité
de
ch
arg
e (
10
-3C
m-3)
Epaisseur (µm)
x0
x50
x100
x150
x200
x250
x300
x350
x400
x475
Figure IV. 19 - Distribution de la charge implantée
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
120
Une analyse visuelle de ce graphique permet de distinguer trois types différents de
courbes :
• Celles obtenues pour les zones irradiées sont notées X50, X300 et X475. La
première remarque qui peut être faite, c’est que les charges détectées à la
surface de l’échantillon par FLIMM sont des charges négatives. Ce résultat était
tout à fait prévisible, étant donnée l’implantation des électrons par le MEB. On
constate également que la distribution de la charge a une allure classique,
courbe qu’on retrouve dans la littérature [Gris 02] et correspondant à une
implantation classique par MEB. De plus, le pic est très proche de la surface et
il ne dépasse pas les 10µm calculés théoriquement.
• Les courbes représentées par X250 et X350 sont celles où le spot laser a
chevauché la limite entre une zone irradiée et une zone non-irradiée. L’allure des
courbes est la même que pour X50, mais la densité de charge est réduite
d’environ 50%.
• Le reste des courbes correspondent aux mesures effectuées sur les zones non
irradiées. Il est intéressant de noter la présence des charges positives dans une
zone proche de la surface de l’échantillon. Ce phénomène peut être associé à la
présence de la laque d’argent qui est susceptible de diffuser à l’intérieur du
matériau. Les électrons implantés sont ainsi déplacés vers le substrat de
l’échantillon.
A partir de ces résultats, une cartographie de charges d’espace est réalisable. Dans
la Figure IV. 20, nous constatons une périodicité de la charge implantée, qui
correspond à la périodicité de la grille.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
121
Figure IV. 20 - Cartographie de la charge implantée
Dans un premier temps, ces résultats montrent que des charges sont efficacement
implantées dans le matériau par le MEB, à une profondeur n’excédant pas quelques
microns. De plus, la Figure IV. 20 montre qu’une périodicité dans la distribution
des charges à été trouvée, ce qui prouve que la méthode utilisée est adaptée à la
réalisation des cartographies multidimensionnelles de charges.
IV.2.2.3. Cartographie d’un angle en 3D
Compte tenu des résultats encourageants obtenus, des mesures ont été envisagées
afin de réaliser des cartographies tridimensionnelles de charges.
L’échantillon utilisé est toujours du PTFE de 50 µm, métallisé avec une couche d’or
de 30nm. Par rapport à l’échantillon précédent, deux modifications ont été
apportées :
- La grille choisie possède une géométrie différente, comme montre la Figure
IV. 21. Elle est uniquement composée d’un caisson de 2mm de longueur et
500 µm d’épaisseur présent au milieu de la grille.
- La laque d’argent qui servait de collage a été remplacée par de la cyanolite,
afin d’éviter la diffusion de l’argent à l’intérieur du matériau.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
122
L’échantillon ainsi préparé a été irradié par le MEB. Dans le Tableau IV. 3, nous
rappelons les caractéristiques d’implantation :
Energie Temps d’irradiation Taille de spot Distance de travail
30 keV 20 min ~1µm 50 mm
Tableau IV. 3 – Caractéristiques d’implantation par MEB
Le but de ces mesures consiste à mettre en évidence l’implantation des électrons.
Nous avons choisi d’étudier pour cela un coin du caisson. Les points de mesures
sont repérés sur la Figure IV. 21. Six points ont été disposés suivant l’axe X et 6
suivant Y, espacés toujours de 50 µm. La direction Z représente l’épaisseur du
matériau.
50 µm
50
µm
Figure IV. 21 – Visualisation de la zone d’analyse
Le nombre des courbes obtenues étant nombreuses, nous avons choisi de ne faire
qu’une représentation tridimensionnelle de charges. Le résultat obtenu pour cet
échantillon est montré dans la Figure IV. 22.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
123
Figure IV. 22 – Visualisation 3D de la répartition de la charge
La zone où les électrons ont été implantés est facilement repérée dans cette figure.
Néanmoins, l’aire de cette zone est légèrement inférieure à la zone irradiée. Ceci
peut être expliqué par des effets de bord, les électrons n’étant pas implantés de
façon homogène à proximité des bords de la grille. Une autre explication à ce
phénomène peut être mise sur le compte de la fiabilité de la webcam. En effet, sa
résolution étant faible, il est possible que les mesures soient décalées par rapport
aux points choisis initialement.
Dans cette cartographie, on remarque également que les électrons restent confinés
dans une zone proche de la surface de l’échantillon, d’environ 5 µm.
La cartographie 3D obtenue pour cet échantillon est toute à fait cohérente avec la
configuration de l’échantillon, néanmoins, la résolution spatiale peut être améliorée.
IV.2.2.4. Cartographie 3D des barreaux 10µm
Nous avons trouvé intéressant de tester les limites de la technique FLIMM, autant
du point de vue de la résolution spatiale, que de sa sensibilité par rapport à
l’évolution de la charge dans le temps.
Pour cela, nous avons utilisé le même type d’échantillon, élaboré de la même
manière que les précédents.
0
50
100
150
200
250
0
50
100
150
200
250
−50
−40
−30
−20
−10
0
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
124
Une grille avec des barreaux verticaux a été utilisée pour effectuer l’implantation
des électrons par le MEB. L’irradiation par le faisceau d’électrons a été effectuée
dans les mêmes conditions que précédemment.
La zone choisie pour notre étude est présentée dans la Figure IV. 23. Cette zone est
particulièrement intéressante, puisqu’elle possède des barreaux de largeurs
différentes, nous permettant ainsi de réaliser des cartographies originales. Les
points de mesures distribués suivant l’axe X sont espacés de 10µm, et de 50µm
suivant Y.
Leur distribution est montrée dans le détail de la Figure IV. 23.
50
µm
10 µm
X
Y
50
100
150
Figure IV. 23 – Choix de la zone d’analyse
La cartographie 3D de charges a été obtenue en superposant les distributions de
charges suivant les directions Y0, Y50 et Y100. Pour chaque composante Y, 44
acquisitions ont été effectuées, chaque acquisition durant 6 minutes. Etant donné
le nombre important d’acquisitions, la durée totale des mesures a été de 2 jours.
Une représentation en volume des charges implantées est présentée F igure IV. 24.
On remarque que des charges négatives ont été efficacement implantées dans les
zones non protégées par la grille. Ce phénomène est davantage mis en évidence
dans la Figure IV. 26, où les barreaux de la grille sont représentés.
Il est important de noter que les distributions de charges détectées par la méthode
FLIMM correspondent exactement aux conditions d’implantation et au pas de la
grille. La première zone dans laquelle l’on retrouve des charges implantées est plus
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
125
large que la deuxième. Ceci est tout à fait cohérent étant donné que la largeur des
barreaux de la grille est différente.
La profondeur totale de pénétration de charges est d’environ de 5µm, avec un pic
vers 2µm. Ce résultat est en accord avec les calculs théoriques et la Figure IV. 18.
YX
F igure IV. 24 – Représentation de la charge implantée
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
126
Figure IV. 25 – Représentation avec la visualisation des barreaux
IV.2.2.5. Evolution temporelle de la charge d’espace
Sur le même échantillon, une étude concernant la dynamique des charges dans le
temps a été effectuée.
Les mesures ont été réalisées à un intervalle de 2 jours, suivant l’axe Y0. Par
rapport aux premières mesures, on constate une relaxation des porteurs dans le
matériau. Dans la Figure IV. 26, une évolution des charges peut être remarquée.
Une nette séparation des paquets de charges dans la direction latérale X est visible
(Figure IV. 26 a)). Celle-ci correspond à la périodicité de la grille, et aucune charge
ne semble avoir diffusé latéralement dans les minutes ayant suivi l’irradiation.
Les Figure IV. 26 b) et c) montrent les résultats obtenus respectivement 2 et 4 jours
après irradiation. Ici l’étalement de charges est net et s’accompagne d’une
diminution du niveau moyen de charges. Ces phénomènes sont accentués plus
particulièrement sur la Figure IV. 26 c), ce qui peut nous donner des informations
sur l’évolution temporelle des charges implantées.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
127
Figure IV. 26 – Evolution temporelle du niveau de charge
Une étude complémentaire de dynamique de charges a été réalisée sur un film de
Téflon irradié dans les mêmes conditions qu’auparavant. L’évolution de charges a
été étudiée sur une semaine, et les mesures ont été toujours effectuées sur la même
zone de l’échantillon. Dans les heures qui ont suivi l’irradiation, des mesures ont
été faites consécutivement, puis elles ont été espacées de plusieurs heures.
Le résultat obtenu est présenté Figure IV. 27. Nous pouvons remarquer qu’une
décroissance importante du niveau de charges a lieu immédiatement après
l’irradiation, qui peut être jusqu’à 6 fois moindre. Néanmoins, un régime stable est
atteint 21 heures après l’irradiation.
a) b)
c)
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
128
0 50 100 150 200 250
0
2
4
6
8
10
12
14
D
en
sité
de
ch
arg
es (
mC
/m3)
Temps (h)
Figure IV. 27 - Evolution du niveau de charges avec le temps
Ces résultats particulièrement originaux montrent que des cartographies
multidimensionnelles peuvent être réalisées par la méthode FLIMM, avec une
résolution latérale de 10 µm et une résolution en profondeur d’environ 1µm.
L’évolution temporelle des répartitions est aussi possible. On peut ainsi parler
d’analyse 4D (x, y, z, t).
IV.3 Conclusion
Les principaux résultats expérimentaux obtenus avec la méthode FLIMM ont été
présentés dans ce chapitre.
Dans un premier temps, une analyse unidimensionnelle des charges d’espace a été
réalisée sur deux types de matériaux polymères (PET et PEN).
Les mesures effectuées sur le PET nous ont permis de déterminer le comportement
de ce matériau à champ constant et à température variable. Nous avons constaté
que l’augmentation de la température favorise l’injection des charges à partir des
électrodes. Ces résultats ont été confirmés par des mesures similaires effectuées
par la méthode MOT.
L’objectif des études sur le PEN visait à interpréter son comportement à haut
champ. Les mesures ont été réalisées à température ambiante et pour une large
gamme de champs appliqués. Nous avons mis en évidence une injection massive
d’homocharges à partir d’un champ seuil de 150kV/mm. Ces résultats sont en
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
129
accord avec ceux obtenus par d’autres auteurs avec des mesures de courants et
d’électroluminescence.
Cette première approche unidimensionnelle montre les capacités de la méthode
FLIMM pour la détermination et la quantification de la distribution de charges
d’espace dans les isolants polymères minces avec une bonne sensibilité.
Dans un second temps, nous avons procédé à la réalisation des cartographies
multidimensionnelles de charges pour utiliser au mieux l’intérêt d’une sonde
focalisée.
Des résultats intéressants et originaux ont été obtenus sur des films de Téflon
irradiés par faisceau d’électrons qui permettent de préciser les limites actuelles
atteintes en terme de résolution spatiale latérale, de l’ordre de 10 µm. En fonction
de la fréquence de modulation de la source laser (100kHz), la résolution en
profondeur peut atteindre le micron.
Cette résolution spatiale peut être améliorée à la fois en diminuant la taille de spot
et en augmentant la fréquence de modulation, ce qui nécessite la mise au point de
techniques de détection plus complexes et plus sensibles.
Chapitre 4 – Résultats expérimentaux
130
Conclusions générales
Conclusions générales
131
La détermination des répartitions de charges d’espace dans les isolants polymères
utilisés en Génie Electrique permet d’obtenir une meilleure connaissance du
comportement du matériau soumis à des différentes contraintes (électriques,
thermiques, mécaniques). Ces études permettent de mieux comprendre les
phénomènes physiques qui sont à l’origine du vieillissement prématuré du
matériau. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les travaux présentés dans ce
mémoire.
La méthode de détection de charges que nous avons développée et optimisée lors de
ces travaux est la méthode FLIMM. L’intérêt majeur de cette technique réside dans
la focalisation du faisceau laser qui permet une localisation plus précise des
charges « ponctuelles» dans le matériau, ainsi que la réalisation de cartographies
multidimensionnelles de charges d’espace. Afin de rendre cette technique plus
robuste et plus performante dans le domaine tridimensionnel, des nombreuses
améliorations ont été apportées, tant au niveau expérimental que théorique.
L’extraction de la distribution des charges se fait par des méthodes mathématiques
de déconvolution, à partir du signal FLIMM mesuré et de la distribution de la
température à l’intérieur du matériau.
En particulier, nous avons travaillé sur différents algorithmes d’inversion pour en
dégager leurs principales qualités, en vue d’un choix définitif correspondant au
mieux à la problématique de notre étude. Ceci a représenté un travail important,
consommateur de temps et d’énergie, mais absolument nécessaire pour l’obtention
de résultats fiables et reproductibles. La technique FLIMM est désormais robuste de
ce point de vue là, c’est-à-dire parfaitement opérationnelle.
Un effort important a été porté à l’augmentation du rapport Signal/Bruit du signal
détecté. Expérimentalement, une mise au point minutieuse a été menée pour
éliminer toute source parasite, et la chaîne de conditionnement du signal a été tout
particulièrement soignée. Le résultat montre que nous pouvons extraire des
amplitudes efficaces de courant légèrement inférieures à 0.1 effpA , correspondant à
des équivalents en charge de l’ordre du 3mmC / , ce qui correspond aux meilleurs
résultats obtenus par d’autres auteurs avec des méthodes similaires.
En parallèle, nous avons modélisé avec précision les variations alternatives de la
température locale dans l’échantillon car elles représentent un paramètre important
pour la détermination de profils de charges. Etant donné la particularité de notre
technique, il a été nécessaire de développer un nouveau modèle de température
Conclusions générales
132
avec apport d’énergie volumique, qui se rapproche davantage du phénomène
physique. Ce modèle prend également en compte et de manière nouvelle la
géométrie multicouche de nos échantillons pour une meilleure adéquation avec les
phénomènes réellement engendrés par la modulation du laser.
Toutes ces améliorations nous ont permis de procéder à la mesure des charges
d’espace dans des matériaux soumis à des différentes contraintes (thermiques ou
électriques). Dans un premier temps, une analyse unidimensionnelle a été effectuée
sur plusieurs types de matériaux (PET et PEN).
L’étude du PET s’inscrit dans le cadre du GDR ME²MS qui a pour but une meilleure
connaissance de ce matériau en corrélant les résultats obtenus par des différentes
techniques. Notre contribution a porté sur l’étude de l’influence de la température
et du champ électrique sur la formation de charges d’espace.
Le PEN est un matériau moins connu que le PET, mais avec des capacités très
intéressantes. Actuellement, des nombreuses études sont effectuées parmi
lesquelles sont comportement à haut champ. Avec la méthode FLIMM nous avons
étudié l’accumulation de charges d’espace en fonction du champ appliqué.
Les résultats obtenus sur ces deux matériaux ont été très satisfaisants et en accord
avec des résultats obtenus par d’autres auteurs.
Cette évolution de la FLIMM nous a également permis d’atteindre l’objectif
important que nous nous étions fixé : la réalisation des cartographies
tridimensionnelles de charges. Nous avons ainsi démontré à partir des charges
électriques implantées par faisceau d’électrons que des cartographies 3D pouvaient
être effectuées avec une excellente résolution latérale d’environ 10µm et une
résolution en profondeur d’environ 1 micron. L’évolution temporelle de ces spectres
de charges a aussi été étudiée.
A court terme, les travaux portent sur l’amélioration de la résolution latérale afin de
réaliser des cartographies tridimensionnelles plus précises. Egalement, une
attention particulière sera accordée à l’évolution temporelle des distributions de
charges reliées aux défauts présents dans la structure.
A pus long terme, nous envisageons de déterminer la répartition des charges
d’espace dans les matériaux polymères sous contrainte électrique continue.
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Bibliographie
142
Annexe 1
Annexe
143
Constantes d’intégration de l’équation de la chaleur quatre couches
=
−
−−+=
−
−
−
L
L
L
e
ee
3
3
3
232
2
223
23321
1
11
λ
λ
λ
β
ββ
ρα
ρ
ρρρρα
))((
−=
−+++=
=
−=
=
=
+−+=
++
+
++++
+
−−+
+
+=
+++=
=
−−+
−−
−+−
−
)(
)(
)(
(
,
)()()(
))()(
)(
2242
423334
3
33
22222
1
4
4433231333
42
4
32
232312
2
122
2
32
212221
434
344343
22
122121
0
0
1
1
1
11
1
1
ii
ii
LLLL
LL
LLLL
SC
eCeeCeBeAB
den
numB
CyAxB
B
A
CyCyyBxA
Cx
y
Cx
yyC
x
eeyB
x
xA
eeCeBeAA
L
δβ
α
αα
α
λ
δδδδδδδ
ββ
δβδδδδ
δδ
λ
et
Annexe
144
( )( )
−−−−=
−−−=
−=
−++
+−=
+
−−+
+
+
−++−−−+−+
+
−+−
+
−−+=
−
−
−
−
−
−−
L
L
L
L
L
LL
ee
eNS
e
eNS
NS
xx
xxden
Cyx
x
Cx
xyyyy
eyx
xyeCnum
2
3
3
3
2
22
2234
23244
2233
2233
2
222
3332
32223
442
22233
32
22323122233323133
12
22
2
2212223
111
11
11
11
1
1
1
111
11
11
λ
λ
λ
λ
λ
λλ
ββ
β
λ
β
β
λ
λ
λ
βλβ
ρχρρβ
ρχρβ
χβ
δχδχ
δχδχ
αδχαβχδχ
αδ
βαδχ
)())((
)()(
)())((
)()()(
)(
+
−=
+
−=
−
−
L
L
ex
ex
3
2
2
4433
44333
2
1122
11222
δ
δ
δχδχ
δχδχ
δχδχ
δχδχ
( )
( )
+
−=
+
+=
+
−=
+=
−
−−
+−
−
L
L
L
L
ey
ey
ey
ey
3
33
33
2
4433
4444
4433
443332
4433
443331
2
1122
112 2
δλ
δβ
δβ
δ
δχδχ
βδχ
δχδχ
δχβχ
δχδχ
δχβχ
δχδχ
δχ
λ
λ
Le terme 2N est donné par l’équation (1.32)
Annexe 2
Annexe
145
Simplification de l’équation du courant par intégration par parties
L’équation de départ est :
dzTdzL
zTduz
L
SjfI
L Lz
⋅
−= ∫ ∫∫
0 00
)()( ρα
ω
En posant : ∫∫ −=LL
TdzL
zTdufzg
00
),( , on obtient :
∫ ⋅=L
dzfzgzL
SjfI
0
),()()( ρα
ω
Cette expression peut être simplifiée en intégrant par parties :
∂
∂⋅−
⋅= ∫ ∫∫
L zL
L
dzz
fzgduudzzfzg
L
SjfI
0 000
),()()(),()( ρρ
αω
Or en remarquant que 00 == ),(),( fLgfg , cette expression se simplifie :
∫ ∫
∂
∂⋅−=
L z
dzz
fzgduu
L
SjfI
0 0
),()()( ρ
αω
De plus, ( )z
zEz
∂
∂=
)(ερ ce qui implique :
∫
∂
∂⋅−=
L
dzz
fzgzE
L
SjfI
0
),()()(
εαω
avec :
∂
∂+−=
=
∂
∂−=
−∂
∂=
∂
∂
==
∫∫
∫∫ ∫
44344213210
00
00 0
1
1
L
cte
L
Lz L
Tdzz
zTdzL
T
TdzzzL
TTdzL
zTdu
zz
fzg ),(
Le détecteur synchrone ne tenant compte que des termes alternatifs, on en déduit :
Annexe
146
),(),( fzTfzgz
=∂
∂
De sorte que :
dzfzTzEL
SjfI
L
),()()( ⋅−= ∫0
εα
ω
Finalement, en considérant L
SC
ε= , la capacité de l’échantillon, l’expression du
courant s’écrit :
dzfzTzECjfI
L
),()()( ⋅−= ∫0
ωα