2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

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SERVICE PUBLIC Assat défend sa Poste Élus et usagers étaient mobilisés, hier, contre la réorganisation du bureau de poste d’Assat. P.7 PYRÉNÉES PRESSE N o 18 176 - 0,80 Jeudi 19 août 2004 Brigitte LASSALLE AFP INTEMPÉRIES Au moins neuf morts Orages et mer forte ont fait au moins neuf morts et deux disparus à travers la France. P.31 FRUITS ET LÉGUMES La déconfiture Les producteurs ne parvenaient pas hier à obtenir des prix minima pourtant prônés par Sarkozy. P.32 LE PALOIS ESTANGUET CONSERVE SON TITRE OLYMPIQUE TONY DANS L’HISTOIRE Au bout du suspense,Tony Estanguet est le septième Français de tous les temps à remporter un deuxième titre olympique consécutif. Aujourd’hui, c’est le Palois Fabien Lefèvre qui se lance dans les vagues d’Athènes. En équitation, un autre Béarnais est pour l’instant, dans l’argent. P.18 à 23 AFP Nay célèbre 50 ans de fêtes Dans notre cahier vacances, une randonnée au pic du Néouvielle, et le menu des fêtes du cinquantenaire à Nay qui débutent demain. Cahier central *R1190804* La Section domine Toulouse: un succès qui vaut de l’or Les Palois ne pouvaient pas mieux débuter le Top 16 hier soir: victoire sur l’ogre tou- lousain (28-16), avec trois essais à la clé, devant un public conquis. P.24 et 25

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A Athènes, en 2004, Tony Estanguet remporte un deuxième titre olympique.

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Page 1: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

SERVICE PUBLIC

Assat défend sa Poste

Élus et usagers étaient mobilisés, hier, contre laréorganisation du bureau de poste d’Assat.

P.7

PYRÉNÉES PRESSE No 18 176 - 0,80 !Jeudi 19 août 2004

Brigi

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ASSA

LLE

AFP

INTEMPÉRIES

Au moins neuf morts

Orages et mer forte ont fait au moins neuf mortset deux disparus à travers la France.

P.31

FRUITS ET LÉGUMES

La déconfitureLes producteurs ne parvenaient pas hier à obtenirdes prix minima pourtant prônés par Sarkozy.

P.32

LE PALOIS ESTANGUET CONSERVE SON TITRE OLYMPIQUE

TONY DANS L’HISTOIRE

Au bout du suspense,Tony Estanguet est le septième Français de tous les temps à remporterun deuxième titre olympique consécutif. Aujourd’hui, c’est le Palois Fabien Lefèvre qui se lancedans les vagues d’Athènes. En équitation, un autre Béarnais est pour l’instant, dans l’argent.

P.18 à 23

AFP

Nay célèbre50 ans de fêtes

Dans notre cahier vacances, unerandonnée au pic du Néouvielle, et lemenu des fêtes du cinquantenaireà Nay qui débutent demain.

Cahier central

*R1190804*

La Section domine Toulouse:un succès qui vaut de l’orLes Palois ne pouvaient pas mieux débuter le Top 16 hier soir : victoire sur l’ogre tou-lousain (28-16), avec trois essais à la clé, devant un public conquis. P.24 et 25

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22 Lundi 16 août 2004

Aujourd’hui à la télévisionAUTOMOBILE : Kentucky Indy 300 à 10 h 30 sur Moteurs.FOOTBALL : Ligue 2, Sedan - Guingamp, à 20 h sur Eurosport.JO : sur Canal + et France Televisions (voir programme en page 25) dontle canoë-kayak (slalom) de 10 h à 13 h, Grèce - France (handball mascu-lin) à 15 h 30.SURF : Billabong Pro à Jeffrey’Bay à 14 h 30 et 19 h 30 sur Sport +.

Samedi soir, un peu plus de 21heures, 31 degrés, aéroport

d’Athènes. La chaleur lourde etétouffante prend à la gorge. Lesinterminables couloirs de cenouvel édifice public sont prop-res, étonnement calmes.

L’ordinaire corvée des accrédi-tations pour la presse glisse com-me une lettre à la poste. Le pre-mier contact avec les jeunesvolontaires est excellent. La Grè-ce soigne son image. Moins d’u-ne minute pour valider le sésa-me, passeport des Jeux, moinsde vingt minutes pour récupérerles bagages. Qui a dit que ce se-rait l’enfer à Athènes?

Dehors, les Grecs proposentde rejoindre le centre-ville en li-mousine noire ou en taxi jaune.Là, pas de round d’observation.A l’intérieur, rien ne manque. Dela moustache du chauffeur à sachemise à carreaux en passantpar la musique traditionnelle lo-cale à fond, un brin d’odeur detranspiration en sus (la journée aété longue) et le tour est joué. Letaxi jaune fonce dans la nuitathénienne. Très peu de voituressur l’autoroute, très peu de

temps pour couvrir les 35 km quimènent au centre-ville, les pan-neaux indicateurs sont écrits engrec et en anglais.

En ville, si ce n’est pas le dé-sert, ça y ressemble. Et pourtant,même planté au coin d’une ruele temps de consulter une carte,il y a toujours un Grec qui sur-vient. Et ils aiment les Français,beaucoup ont appris notre lan-gue.

En deux temps, trois mouve-ments, avec le sourire et un sensde l’accueil très méditerranéendes plus chaleureux, tout invite àun brin de causette.

Véxés, humiliés par le mondeentier sur sa soi-disant incapacitéà bâtir, à organiser, à travailler, leGrec se lâche, se fâche. Aussi cé-lèbres que Pérec ou Douillet enFrance, voici les deux stars del’athlétisme grec, Kenteris et Tha-nou, déchus. L’homme de la ruese déchaîne. Il applaudit desdeux mains son comité nationalolympique. La Grèce a gagné encrédibilité aux yeux du mondeentier mais elle a perdu deuxmédailles. Et oui ! Les Grecs l’ontfait.

Les Grecs l’ont faitMON OLYMPE, PAR BÉATRICE PAGNOUX

De notre envoyée spéciale

Pas un ne se plaint mais ils por-tent encore les stigmates de

cette soirée d’ouverture, vendredisoir à Athènes. « On est parti duvillage à 19 h 30 pour rentrer à1 h 30. Ça fatigue beaucoup, j’aieu mal aux jambes, au dos et unpeu de mal à récupérer » témoi-gnait Tony Estanguet hier. « Le pro-blème n’est pas de rester debout,c’est la durée » souligne Fabien Le-fèvre, également marqué. Ce se-ront les seuls griefs. Tout le reste,c’est du grand bonheur.

« L’entrée sur le stade est toujoursaussi impressionnante, elle lancevraiment les Jeux » déclare Tony,les flashs encore plein les yeux.« C’était encore mieux qu’à Sydneypour moi parce que je connaissaisbeaucoup d’autres athlètes fran-çais. On a pu partager ça tous en-semble, c’est encore plus fort. Moiqui n’aime pas trop marcher, j’au-rai voulu que ce tour de piste nes’arrête jamais, on a vraiment l’im-pression d’être sur une autre pla-nète » avoue Tony qui a tremblépour la seconde fois de la soirée :« Pour la flamme, ça, c’est quelque

chose. » Pour Fabien, c’était unegrande première. « On était tousparqués dans la salle qui accueillela gymnastique et quand on estentré, quel joyeux bordel, tout lemonde courrait dans tous les sens,on cherchait les caméras pour fai-re les zouaves » s’amuse encore Fa-bien, tel un gosse qui a trouvé lacombine pour figurer sur lesphotos.

« Les autres flashent toute la soi-rée et après je récupère les photos »avoue le diablotin qui a apprécié« la proximité avec le public. Pen-dant le tour de piste, j’ai imaginéque c’était un stade d’eaux vives,

c’était vivant, vraiment génial.C’est très agréable de se sentir dansune ambiance saine, loin desmauvaises choses qui se passe dansle monde » disserte le jeunechampion.

Une belle surprise l’attendaitpourtant, en marge de cette céré-monie planétaire. « J’ai retrouvé uncopain de collège à Orléans, Pier-re-Yves Beny. Il est gymnaste, spé-cialiste des anneaux. Ça faisaithuit ans qu’on ne s’était pas vu.C’est super de se retrouver lànon ? » en bafouille le petit princedu kayak, encore ému.

B. P.

« C’est une autre planète »Leur cérémonie d’ouverture

Entre émotions et grosse fatigue, les deux Palois en ont encore plein les yeux

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

Tony Estanguet est arrivé lepremier. Contrôle de sécu-rité passé, lunettes de so-leil jaunes, polo marine es-

tampillé France, short blanc, lechampion olympique 2000 est ap-paru souriant et décontracté, très àl’aise dans ses tongs.

Quelques minutes plus tard,c’est Fabien Lefèvre qui se signa-lait dès son entrée au club France,entre les somptueux yachts duport de plaisance du Pirée et les ri-ches maisons bourgeoises du bou-levard où l’équipe de Franceolympique a élu domicile. Le phé-nomène du kayak mondial, arbo-rait son éternelle nonchalance etune joie évidente de se retrouverpour le meilleur en Grèce.

Un slalom avant l'heureLe chiffre 1 pourrait être celui

de l’équipe de France de canoë etcelui de Pau puisque Tony porterale dossard 1 et Fabien le 11, desnuméros attribués en fonction desplaces acquises lors des manchesde Coupe du monde.

Entourés de leurs coéquipiers,de leurs entraîneurs, du staff tech-nique dont le directeur de l’équipede France, le Lonsois ChristophePrigent et de l’équipe médicaleemmenée là encore par un Palois,l’ostéopathe Olivier Sourbès, lesdeux chefs de file du canoë-kayakfrançais ont laissé une étonnanteimpression de décontraction. Loindes théâtres antiques majestueuse-

ment accrochés sur les collinesathéniennes, mais entre l’ambassa-deur de France, les anciens minis-tres socialistes Jack Lang et EdwigeAvice, l’ancien président de l’as-semblée nationale Philippe Se-

guin, l’équipe de France a slaloméavant l’heure.

Les Tricolores ont pris leursquartiers au milieu de ce grandclub de vacances depuis jeudi. Lesentraîneurs ont décidé de la répar-

tition des chambres par catégo-rie… sauf deux jours avant lescourses. Le staff a en effet gardé sabotte secrète, insufflée par TonyEstanguet d’ailleurs, qui fait béné-ficier le groupe de son expérience

à Sydney. « Depuis samedi soir, lestrois athlètes (1) qui courent mardiet mercredi et l’équipe médicalesont dans un appartement à deuxminutes du bassin. C’est importantd’être à l’écart, au calme avantcette compétition. On retourneraau village après » confie Tony dis-crètement.

Au village des athlètes où la tra-ditionnelle cohue règne, FabienLefèvre bénéficie d’une chambreindividuelle, un privilège rare. « Jesuis ravi d’être tout seul en chamb-re. C’est quand même plus agréa-ble de se retrouver face à soi-mêmele soir après avoir eu l’esprit assezoccupé toute la journée » raconte ledouble champion du monde quin’a pas le temps de s’ennuyer.« Entre les déplacements, l’entraî-nement, la récupération, la pauserepas, la vidéo et les soins, on a vitefait de flinguer huit heures »consent-il sans se plaindre, bienau contraire.

« Je suis réellement entré dans lesJeux pour l’ouverture du village. Lapression des Jeux s’est très atténuéegrâce à ça. J’ai réussi à banaliserl’événement mentalement, je suismaintenant habitué au rythme devie que nous avons ici. » Fabien nepeut pas s’empêcher de remettreun couplet sur la cantine du villa-ge. « C’est le top, y’a de tout à touteheure, du froid, du chaud, de l’a-siatique, du rapide etc. Je me sensbien, tout en économisant monénergie. »

(1) La Bigourdane Peggy Dickens d’Ar-gelès en kayak dame, Tony Estanguet et Ni-colas Péchier en canoë monoplace.

Tony Estanguet (à gauche) et Fabien Lefèvre (à droite) sont apparus très décontractés hier au Club France.

Tony et Fabien pour le meilleurHier au club France,Tony Estanguet et Fabien Lefèvre, chefs de file du canoë tricolore, ont effectué leur dernière sortie d’avant compétition.

JEUX OLYMPIQUES • Visite officielle de l’équipe nationale de canoë-kayak au club France à Athènes

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La cérémonied’ouverture a

ému FabienLefèvre et Tony

Estanguet.

Page 3: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

De notre envoyée spéciale

Le vent est le pire ennemi descéistes et des kayakistes quand

une rafale pousse ou ramène versvous l’une des deux fiches d’uneporte. A Athènes, elles ont été les-tées mais le règlement ne changepas. La toucher, c’est deux secon-des de pénalité et un titre qui s’en-vole.

« Le vent n’a jamais autant souf-flé depuis que nous venons nouspréparer ici », lâchait Sylvain Curi-nier, entraîneur de Fabien Lefèvre.Hier, il avait délaissé son protégé,resté au lit, pour offrir à Tony Es-tanguet une seconde lecture duparcours.

Duel entre droitier et gaucherUn tracé proposé par un comité

restreint de trois personnes, dontle Bigourdan Wilfrid Forgues est lemeneur. Le premier championolympique français de canoë bi-place à Atlanta, associé à son co-pain Franck Adisson qui commen-tera l’épreuve sur FranceTélévisions, était assez satisfait hiermatin à l’heure de valider son par-cours devant les officiels de la Fé-

dération internationale. Le droitierTony Estanguet posait un joker: letraceur a l’obligation de proposerun parcours parfaitement symé-trique pour que droitiers et gau-chers soient placés sur un pland’égalité.

Le bassin grec tourne naturelle-ment à gauche. « A l’arrivée, je dois

donner dix coups de pagaie à gau-che », ruminait le Palois, sûrementen songeant au gaucher Martikan.Beau joueur sur ce bassin qu’ilaime pour sa glisse et ses sensa-tions de vitesse, il espérait « que lehaut du tracé soit favorable auxdroitiers. »

B. P.

18 Mardi 17 août 2004

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

Ils seront seize ce matin à s’é-lancer sur le gigantesque bas-sin olympique d’Athènes.Tous auront le même rêve, la

même ambition mais un seul yparviendra.

Tony Estanguet endossera ledossard 1 alors que l’autre tricolo-re engagé, Nicolas Péchier porterale 9. Les deux Français disputerontdeux manches de qualifications.Règlement olympique oblige, àl’issue de cette journée influentepour le reste de la compétition,quatre rentreront à la maison etdouze se présenteront demain ma-tin en demi-finale (10h). Il ne res-tera que huit concurrents pour lafinale en début d’après-midi (13h).

Le but du Palois Tony Estanguetest de conserver son titre. Doublevainqueur de la Coupe du monde,il a réalisé une année 2003 encou-rageante après deux années post-olympiques délicates mais correc-tes et une saison 2004remarquable. Invaincu en Coupedu monde, statut qui lui vaut d’en-dosser le numéro 1 aujourd’hui etdemain, Tony va essayer de réali-ser une performance unique enFrance dans sa discipline.

« Le nain au gros bras »Pour ça, il devra éliminer tous

ses adversaires. Philippe Vuitton,son entraîneur, décortique les qua-lités et défauts de concurrents di-rects de Tony. Ancien kayakiste, iltermine sa troisième olympiade, la

première au titre d’entraîneur na-tional de canoë monoplace. Il asoufflé 37 bougies et posera sa pa-gaie à la finde ces Jeuxaprès avoirdonné 12 ansà la formationdes athlètesde haut niveau, au pole espoir deToulouse notamment.

Calme, posé, fin technicien, très

à l’écoute de ses deux athlètes sé-lectionnés, Philippe Vuitton adhè-re au projet de Tony. « Il est prêt. Il

a confirmécette annéeen obtenantd’excellentsrésultatsmalgré des

scénarios de courses trèsdifférents », rappelle l’entraîneur.

L’épouvantail de la catégorie

s’appelle depuis des années, Mi-chal Martikan. Le Slovaque a toutgagné. Il présente un palmarès im-pressionnant. Celui que l’on sur-nomme gentiment « le nain au grosbras », est petit, possède un brasgauche presque difforme et veutsa revanche de Sydney. « Il estmoins consistant que les saisonsprécédentes mais il reste unconcurrent très sérieux. Il a unpalmarès époustouflant et s’est en-

traîné très fort. Il n’a pas eu de trèsbons résultats cette année mais jecrois que ça fait partie de sa straté-gie préparatoire. Il a fait moins decourses, il n’est classé qu’au 8e ou10e rang mondial mais nous nenous y fions pas. Il sera là. »

L’Allemand et l’Australien en embuscade

Le Slovaque serait donc cachot-tier. Mais qu’en est-il de l’AllemandStephan Pfannmöller ? Là encore,Philippe Vuitton s’en méfie com-me du lait sur le feu. « Il est en plei-ne progression. Il concrétise cetteannée et termine ses courses de fa-çon consistante. »

Le troisième larron qui pourraitempêcher Tony Estanguet deconserver son titre olympique estaustralien. Robin Bell gravite sur lecircuit depuis quelques années etpointe toujours le bout de son nezquand il ne le faut pas. « C’est unexcellent navigateur, il va vite. Ilest capable de boucler une manchetrès rapide, mais il manque de ré-gularité. » Philippe Vuitton est per-suadé que le titre se jouera demainentre ces quatre garçons.

La colonie béarnaise est en pla-ce. Elle a donné de la voix dèshier matin lors de la démonstrationsur le parcours. Tony, très concen-tré, sait qu’il ne sera pas tout seulaujourd’hui et demain.

Sur ce superbe bassin grec à gros bouillon,Tony Estanguet va s’employer dès aujourd’hui à conserver son titre

Estanguet : le 1 lui va si bienTony Estanguet attaque aujourd’hui par deux manches de qualifications. Son entraîneur, Philippe Vuitton, présente les adversaires en lice.

« L’épouvantail s’appelle Michal Martikan.

Il a un palmarès époustouflant».

JEUX OLYMPIQUES • Slalom : qualifications aujourd’hui en canoë monoplace et kayak dames

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Qualifications en canoë slalom à 9h40 et à 11h40

Y’a pas un chat. Sur les sites,en ville dans les magasins,

les restos ou les bars, dans lestransports en commun que cesoit les bus, les trois lignes pim-pantes de métro ou le tramway,on est très loin de la cohue.

Athènes compte 3,5 millionsd’habitants environ et s’ajoutent1,2 million de visiteurs en ce mo-ment. Mais le constat est là : pasle moindre embouteillage en sur-face, les lignes de métro sontquasi désertes, les trains sont vi-des. Il n’y a guère que les 17 000taxis jaunes que l’on remarque.Sur les sites, les places libres seramassent à la pelle.

L’Athénien fuit sa villeOù sont donc passés les Athé-

niens ? Ils sont rares mais on entrouve quand même. Notammentlors des longs trajets en métro eten bus, nécessaires pour se rend-re d’un site à un autre. Nikos, pé-diatre à Corinthe de passage àAthènes sa ville natale, a fait sesétudes dans l’Est de la France.Comme de nombreux Méditerra-néens, il a le bavardage facile,accoste, disserte.

Ses explications sont a priori

cohérentes. Traditionnellement,l’Athénien fuit sa ville en août.Avec les Jeux, il aurait eu peurdu monde, de la foule, des tracasqui en découlent. Il reste tous lesbénévoles, jeunes, en nombre etextrêmement disponibles partoutet pour tout. Y compris pourleurs compatriotes qui ne recon-naissent plus leur ville.

Prix des places dissuasifNikos assure que certains ont

profité de la manne que pouvaitreprésenter la location de leurmaison, de leur appartement.Certains locataires auraient étécontraints de déguerpir durant laquinzaine. Pourtant, si le footballet le basket intéresse le Grec, lesport en général n’a pas les mê-mes faveurs.

A l’image du prix des places,dissuasif. Et puis l’Athénien n’estpas fan de l’uniforme. La présen-ce des 70 000 policiers, c’estpresque l’équivalent de la popu-lation de Pau, dérange, pourtantsans agresser. Mais il paraît quele soir, tard, les jeunes enfilent latenue de lumière pour se retro-uver entre eux, loin des Jeux etde0s regards du monde.

Ils sont où les Athéniens ?MON OLYMPE, PAR BÉATRICE PAGNOUX

Patrice Estanguet, en retraiteinternationale depuis la Cou-

pe de France à Pau en mai der-nier, associé à un petit groupe decopains, souhaiterait qu’un maxi-mum de Béarnais se retrouvent àl’heure des retransmissions,« mais pas seulement pour le ca-noë ou le kayak. On aimerait quetout le monde se retrouve sur lesgrandes épreuves des JO » précisele frère de Tony. « On voulait unlieu grand public, suffisammentvaste pour que personne ne sesente exclu », commente PatriceEstanguet.

Durant cette quinzaine, cettesemaine en particulier, aux heu-

res de retransmission du canoë-kayak et tous les soirs vers19 heures, tout le monde est in-vité au Black Bear, boulevarddes Pyrénées à Pau.

Pour l’occasion, Tony Estan-guet a laissé une jolie dot. « Il amis à disposition le bateau vain-queur à Sydney, son gilet, des pa-gaies. On pourra trouver le kitdes supporters proposé par la fé-dération, une opération nomméeLa Tribu avec tee-shirt, tatouage,autocollants etc. » souligne Patri-ce. Les 250 membres du comitéde soutien à Tony Estanguet se-ront notamment de la partie.

B. P.

Quand le vent se lèveEn coulisse, on s’active pour valider les paramètres de la course

Hier matin, les athlètes ont repéré le tracé alors qu’un fort vent soufflait sur Athènes.

Aujourd’hui à la télévisionFOOTBALL: Ligue 2, Le Mans - Reims à 20h15 sur Eurosport.JO: sur Canal+ et France Télévisions (voir programme en page 20) dontqualifications Tony Estanguet à 9h40 et 11h40. Handball: France Espagne à 20h30. Natation: finale 200m libre dames à 18h41. Finale 200m papillon mes-sieurs à 18h48. Finale 200 m 4 nages dames à 19h39 et finale 4x200m li-bre messieurs à 19h46.

Télévision: en direct du Black Bear

Page 4: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

22 Mercredi 18 août 2004

JEUX OLYMPIQUES

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

Un bassin en pleine ébulli-tion, un public chaleu-reux et enthousiaste, desgros bras qui boivent le

bouillon, des bateaux qui se met-tent sur le toit, qui coincent entredeux rouleaux, des sorties de rou-te, des gifles de vagues monumen-tales et au bout du compte, ladeuxième place de Tony Estan-guet à 9 centièmes de son rivalslovaque Michal Martikan : il n’enfallait pas plus pour lancer réelle-ment la compétition hier matin,sous le très chaud soleil grec.

Une technique remarquableDans la cuvette sans vent que

forme le superbe site d’Hellinikos,le Palois pourrait offrir aujourd’hui,une belle rasade d’ouzo à la Fran-ce à l’heure de l’apéro. Sur un tra-cé agencé pour les costauds etdans des vagues énormes, Tony aréalisé une excellente premièremanche, la plus rapide et sans fau-te. En tête à tous les temps inter-médiaires, il a magnifiquement dé-joué tous les pièges du parcoursgrâce à une technique remarqua-ble et une préparation physiquequi s’avère de plus en plus adap-tée à ce bassin très remuant.

Tony termine 5e de sa secondemanche, débité de deux points depénalité pour une touche. Le Slo-vaque Martikan, le Polonais Wiec-zorek, le Croate Herceg et l’Alle-mand Pfannmöller ont tous réalisédes temps plus rapides que celuide Tony en première manche.

« Après la ligne »« C’était important d’évacuer le

stress. Je ne voulais pas me cacher,j’étais bien dedans, saignant dansla première manche. Dans la se-conde, j’ai touché à la porte 2,commis une erreur en bas. Je me

suis relâché deux fois 5 secondespour reprendre un peu d’air et j’aiterminé tranquillement. Mais j’a-vais pris de grosrisques dans le haut.Sur ce bassin, on estsur le fil sans arrêt ».

Le Palois est prêt,concentré, rigoureuxquant à la façon de mener son ca-noë pour coiffer une couronne debranches d’oliviers. « Je ne pensepas au titre mais à ma navigation.

Le résultat, ce sera après la ligned’arrivée. Je constate que Martikann’a pas trop géré. Les compteurs

sont remis àzéro ».

Ce matin, endemi-finale, Tonys’élancera à9 h 25, soit

2mn30 avant son plus sérieuxconcurrent. Une superbe manchede Tony pourrait peser sur le mo-ral de Martikan mais il est peu pro-

bable que le Slovaque se souciede la prestation du Palois, sauf sielle est catastrophique, voire élimi-natoire.

Obligé de prendre des risquesEn revanche, le classement de

cette demi-finale, qui élimineraquatre nouveaux concurrents (ilsétaient 16 hier, ils seront 12 ce ma-tin puis 8 en finale), détermineral’ordre de passage en finale. Lemieux classé ouvrira les hostilités.

Le paramètre le plus importantsera le nouveau tracé. Composécomme hier de vingt portes dontsix (les rouges) à prendre en re-montant le courant, il proposerasix changements. « Les quatre gros-ses difficultés sont accentuées :deux seront décalées à droite etune à gauche », complète Tony ledroitier. Les enchaînements 5-6-7et 11-12-13 lui seront favorables, lamodification à la porte 18 avanta-gera le gaucher Martikan.

Le reste se jouera sur la prise derisques. « Je vais être obligé d’enprendre sinon ça ne suffira pas »annonce Tony.

« Je ne pense pas qu’il se mette endanger », anticipe son frère Patrice,depuis Pau. « C’est une bonne cho-se que Martikan ait montré sonjeu, les gens n’auraient pas com-pris pourquoi Tony s’en méfie au-tant. Mon frère tient son rangmême si je l’ai trouvé hésitant ettrès bas sur les portes en deuxièmemanche », analyse le jeune retraitéqui a une idée sur le petit plus quipourrait pencher en faveur deTony aujourd’hui. « Le style de Mar-tikan est plus coulé mais quand ilessaye d’attaquer, le physique netient pas. » A vérifier tout à l’heure.

Remarquable hier en première manche,Tony Estanguet a marqué les esprits de ses principaux adversaires.

Pour Tony, c’est le grand jourImpressionnant en première manche hier, plus fébrile en seconde,Tony Estanguet retrouve ce matin Michal Martikan pour la bagarre annoncée.

JEUX OLYMPIQUES • Demi-finale et finale du canoë monoplace aujourd’hui

AFP

On pensait le pin’s démodé, iln’en est rien. En Grèce, la

pin’s mania frappe fort et d’en-trée. A commencer par les béné-voles, très nombreux, souventjeunes mais pas forcément. Hier,au détour d’une grande artère,une jeune demoiselle était coif-fée d’un bob entièrement recou-vert de ces petites bêtes métal-liques. Cette vraie chasseuse aplus d’un tour dans son bob :elle aborde le concurrent poten-tiel, pour papoter d’abord, regar-der ensuite, voire, acte suprême,échanger.

Les étrangers se retrouvent unpeu désemparé devant cette sol-licitation que l’on croyait aux ou-bliettes. Heureusement, le clubFrance a bien fait les choses. Ilmilite activement pour obtenirles Jeux en 2012 à Paris. Par ha-sard ou grâce à des fonctionnai-res zélés qui avaient anticipé lecoup, le pin’s Paris 2012 s’arra-che. La rareté fait la valeur del’objet puisqu’il faut absolument

se rendre au très select clubFrance pour se procurer cettemonnaie d’échange. Certains col-lectionneurs ont compris la ma-nœuvre. Ils se postent devant laporte d’entrée, soigneusementgardée par quatre policiers, etaccostent tout être entrant ousortant. Du moins huppé au pluscélèbre, le petit Grec s’enmoque. Il ne connaît pas noshommes politiques et autres diri-geants endimanchés, il veut sonpin’s « Paris 2012 ».

Acheter un journal où se pro-curer la énième bouteille d’eaufraîche de la journée, revient às’exposer à ce sympathique troc.On a vite fait de se retrouver dé-pouillé de son trésor et flanquéd’un immonde nageur sponsori-sé par un fast food américain oud’un pauvre type qui se lave lesdents avec le dentifrice qui vabien. Entrer dans ce petit jeu si-gnifie se faire plein de nouveauxcopains. Alors pourquoi se gê-ner.

Le pin’spour faire brancher

MON OLYMPE, PAR BEATRICE PAGNOUX

De notre envoyée spéciale

Il n’a pas changé, le Bigourdan. Ila la pèche et transmet son éner-

gie dans la pointe de son stylopour pondre très régulièrement lestracés des grandes courses mon-diales.

Contraint de respecter un tempsminimum, de positionner entre18et 25 portes dont 6 voire 7 à cont-re-courant de façon symétrique,Wilfried Forgues place la barrehaut.

D’une imagination débordante,il est le chouchou des spectateurs,qui en prennent plein les yeux etle cauchemar des athlètes.

Hier, à l’heure de vider le bas-sin, le Bigourdan reconnaissaitavoir poussé l’écume un peu loin.« Le parcours des qualificationsavantageait les gauchers. Malgréça, Tony Estanguet a très bien na-vigué. Pour la demi et la finale, cesera plus équitable. On va vrai-ment voir la différence techniquechez les meilleurs. »

Le champion olympique d’At-lanta, associé à son camarade

Franck Adisson, s’enflamme par-fois.

Ses tracés initiaux ne sont pastoujours validés mais il persévère

pour le bien de la discipline. « Jecommence par tracer la finale et jemodifie en éloignant les portes defaçon à le rendre plus facile pourles qualifications », jubile le jovialchampion. « Je navigue sur le bas-sin pour m’imprégner des mouve-ments d’eau. Je trace et quand lesportes sont installées, j’aime faire leparcours sans eau. Ça n’apporterien de plus à la faisabilité du tra-cé mais je me vois sur le bateau, j’i-magine les vagues et le jour de lacourse, je constate parfois le déca-lage qui existe entre ma conceptionet ce que les athlètes en font », ren-chérit Wilfried, satisfait d’avoir pro-posé hier un parcours très rythméqui met en valeur les qualités desfilles et des garçons sur un mêmetracé.

Les esquimautages (bateaux ren-versés) d’hier, rares à ce niveau, illes explique « par l’eau de mermolle, chargée d’air. Le bateau nefond pas comme un savon, les rou-leaux sont puissants, et si on partavec le frein à main, on prend unegrosse claque. »

B. P.

«Je me vois sur le bateau »Le Bigourdan Wilfried Forgues crée les tracés des courses

Le médaillé d’or à Atlanta a conçu le difficile parcours de la finale.

AUJOURD’HUIDemi-finale à partir de 9h. Tony Estanguet partira à 9h25.Finale à partir de 10h50.

LES RESULTATSQualifications en canoë monoplace

1. Martikan (SVK) 201.44 (103.51 + 97.93, 2+0);2. Estanguet (FRA) 201.53 (99.23+102.3, 0+2);3. Wieczoreck (POL) 2O1.80 (103.14+98.66, 0+0);4. Indruch (CZE) 202.68 (99.81+102.87, 0+4);5. McIntosh (GBR) 202.74 (99.87+102.87, 0+0);6. Herceg (CRO) 204.17 (103.84+100.33, 2+0);7. Pfanmöller (GER) 205.88 (104.34+101.54, 4+4);8. Duerrenmatt (SUI) 206.46 (103.91+102.55, 4+2);9. Hocevar (SLO) 209.35 (104.17+105.18, 0+0);10. Cartwright (CAN) 210.96 (105.79+105.17, 0+2);11. Sangra (ESP) 212.54 (108.48+104.06, 4+0);12. Bell (AUS) 212.68 (100.11+112.57, 0+4). Eliminé: 14. Pechier (FRA)221.36 (108.74+112.62, 0+2). LeFrançais a déçu hier. En première manche, il a franchi lesdeux dernières portes en marche arrière, à la limite de larupture et du 50 éliminatoire sur les portes 17 et 20. Saseconde manche s’est soldée par de grosses carences.

«Je vais être obligéde prendre des risques,

sinon ça ne suffira pas.»

Instant de concentration extrêmeà quelques minutes du départ :Tony observe une dernière fois ledifficile parcours tracé par WilfriedForgues.

Béat

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Page 5: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

SERVICE PUBLIC

Assat défend sa Poste

Élus et usagers étaient mobilisés, hier, contre laréorganisation du bureau de poste d’Assat.

P.7

PYRÉNÉES PRESSE No 18 176 - 0,80 !Jeudi 19 août 2004

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INTEMPÉRIES

Au moins neuf morts

Orages et mer forte ont fait au moins neuf mortset deux disparus à travers la France.

P.31

FRUITS ET LÉGUMES

La déconfitureLes producteurs ne parvenaient pas hier à obtenirdes prix minima pourtant prônés par Sarkozy.

P.32

LE PALOIS ESTANGUET CONSERVE SON TITRE OLYMPIQUE

TONY DANS L’HISTOIRE

Au bout du suspense,Tony Estanguet est le septième Français de tous les temps à remporterun deuxième titre olympique consécutif. Aujourd’hui, c’est le Palois Fabien Lefèvre qui se lancedans les vagues d’Athènes. En équitation, un autre Béarnais est pour l’instant, dans l’argent.

P.18 à 23

AFP

Nay célèbre50 ans de fêtes

Dans notre cahier vacances, unerandonnée au pic du Néouvielle, et lemenu des fêtes du cinquantenaireà Nay qui débutent demain.

Cahier central

*R1190804*

La Section domine Toulouse:un succès qui vaut de l’orLes Palois ne pouvaient pas mieux débuter le Top 16 hier soir : victoire sur l’ogre tou-lousain (28-16), avec trois essais à la clé, devant un public conquis. P.24 et 25

Page 6: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

18 Jeudi 19 août 2004 19Jeudi 19 août 2004

CMJN Avant le 2e titre olympique

de Tony Estanguet et lamédaille du cavalier DidierCourrèges au Concours com-plet par équipes (voir en page22), le Béarn comptait jusqu’iciquatre médaillés d’or : deux enindividuel et deux par équipe.Tony Estanguet, canoë mono-place en 2000 à Sydney,Bernard Beaudéan, en des-cente aux JO handisportd’Innsbruck en 1988 (2e enslalom), puis double médailléd’or en descente et en géant,(deuxième en super-G) aux JOde Lillehammer en 1994,Michel Bensoussan, gardiende but de l’équipe de Francede football olympique à LosAngeles en 1984, et ArnaudGeyre, cyclisme sur route paréquipe en 1956 à Melbourne.Geyre avait remporté la mé-daille d’argent sur route enindividuel.

Aux Jeux d’hiver, en 1968 àGrenoble, Annie Famoseremporte trois médailles : l’ar-gent en géant et le bronze auslalom et au combiné. AuxJeux d’été, Patrice Estangueta glané une médaille debronze en canoë mono-place àAtlanta en 1996.

D’autres Béarnais se sontillustrés : en athlétisme, l’Olo-ronaise Cathy Capdevielle aparticipé à la demi-finale du100m à Melbourne avant de seclasser 5e en finale sur cettemême distance à Rome en1960. Charles Lagarde s’estdistingué au lancer du poids etdu disque à l’occasion des Jeuxde 1908 à Londres et de 1912 àStockolm. Pierre Lacaze 8e dusaut en hauteur en 1946 àLondres. Plus récemment,Philippe Paviot était membrede l’équi-pe de France debobsleigh à Salt lake City en2002.

Les médaillésdu Béarn

UN CERCLE FERMÉTony Estanguet est devenu hier leseptième athlète français à conser-ver son titre olympique. Le Paloisentre dans un cercle aussi ferméque prestigieux, composé de :Christian d'Oriola (escrime, fleu-ret individuel) : JO d'Helsinki en1952 et JO de Melbourne en 1956.Daniel Morelon (cyclisme, vitesse): JO de Mexico en 1968 et JO deMunich en 1972.Jean-François Lamour (escrime,sabre individuel) : JO de Los Ange-les en 1984 et JO de Séoul en1988.Marie-José Pérec (athlétisme, 400m) : JO de Barcelone en 1992 etJO d'Atlanta en 1996.Félicia Ballanger (cyclisme, vites-se) : JO d'Atlanta en 1996 et JO deSydney en 2000.David Douillet (judo, lourds) : JOd'Atlanta en 1996 et JO de Sydneyen 2000.Tony Estanguet (canoë monopla-ce, slalom) : JO de Sydney en 2000et JO d'Athènes en 2004.

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

U n long cri rauque debonheur a déchiré lachape de plomb decette fin de matinée

athénienne. Sous le pont de laligne de départ, dans leprolongement de la ligne d’arrivéeet derrière une cahute réservéeaux officiels, Tony s’est retiré deuxsecondes, hélé par un officiel. Telun diablotin, il réapparaît ensuivant. Pas besoin de détails. Sonvisage illuminé suffit àcomprendre le dénouement. Ilconserve son titre olympique,moins de dix minutes après lafinale, après avoir été classésecond à 1’’88 de son rivalslovaque, le magicien MichalMartikan.

Le chercheur d’ora encore frappé

Aux anges, la bouille illuminée,l’œil à peine mouillé, il se frotteactivement le visage comme pourse réveiller d’un vilain rêve. Legeste de dépit montré à l’arrivéesignifiait bien que le double vain-queur de la Coupe du monde n’envoulait pas de cette médaille d’ar-gent. L’histoire de ce très courtfeuilleton hallucinant est simple.Le juge de la porte 7 a enregistrémanuellement la faute de Martikanmais celle-ci n’a pas été transmisepar l’informatique. Lors de la véri-fication d’après course, procédurenormale qui consiste à comparerl’enregistrement de chaque pénali-té, le jury a constaté que la touchedu Slovaque n’avait pas été vali-dée. Et là, ce n’est plus pareil. L’ar-gent, et sans coup de baguettemagique, se transforme en or.

Tony passe alors du « je n’ai rienà regretter, j’accepte de perdrepuisque je suis tombé sur plus fortque moi aujourd’hui. Rester sur unpodium olympique sur un bassinoù on est sans arrêt sur le fil du ra-soir, est déjà énorme » au simple etspontané « c’est génial, je gardemon titre, c’est fabuleux. »

« Une médaille de frangins »Après avoir disserté pendant dix

minutes sur cette seconde place,Tony n’a pas changé de discoursquant au véritable combat qu’il amené contre Michal Martikan (lireci-contre). Tout d’un coup, il s’estréellement aperçu qu’il venait dechanger de métal, que l’argent nefaisait pas son bonheur. Heureux,il avoue quand même : « j’ai eu lespétoches avant la finale, je ne mesuis pas libéré une seconde. A toutmoment, je pouvais me faire sortirsur ce bassin. J’avais un peu lesboules avec cette médaille d’argent.Avec l’or, je suis le premier dansma discipline à doubler. Ce n’estpas très important mais c’était lepetit défi que je m’étais lancé. »

Tony Estanguet, jupette scelléeau corps, casque sur la tête, pagaie

à la main, a très vite dédié cetteseconde médaille d’or, comme lapremière, à son frère Patrice. « Jelui dois tout, il m’a poussé. Il auraitpu être là, c’est vraiment une mé-daille de frangins. Encore une fois,c’est lui qui m’a le plus apportédans nos confrontations. » La voixdu cadet de la fratrie ne tremblepas. « C’est pas facile pour lui. Il y aencore deux mois, on se tirait labourre sur ce bassin. Aujourd’hui,il pouvait être champion olym-pique. »

Gai comme un pinson, Tony aensuite filé par le passage souter-rain qui mène au centre du bassinpour recevoir sa médaille, la plusbelle. Tout de blanc vêtu, il a sa-vouré ces instants magiques. « Jesuis fasciné par les Jeux et seschampions depuis que je petit. Sesélectionner, essayer de gagner et

gagner c’est un rêve, un mythe. » Al’heure de monter sur le podium, ila laissé exploser sa joie. La cou-ronne d’olivier sur la tête, il a sa-vouré sa deuxième marseillaise enappréciant la joyeuse cacophoniebien française venue des tribunes.

Le bouquet à LaetitiaSon tour d’honneur protocolaire

a laissé place à une débauchefranco-béarnaise. Le temps d’em-brasser Laetitia, sa compagne, et ils’est rapidement et gentiment faitrappeler à l’ordre par ses suppor-ters, oubliant de lui offrir son beaubouquet.

Le champion habite sur une au-tre planète depuis hier midi. Maisrien ne semble le perturber. « Mapremière médaille m’a permis, fi-nancièrement, de me préparerpour Athènes dans de bonnes

conditions. Je pense que celle-ci neva pas changer grand chose, je suisassez épanoui dans ma vie. Pourmoi ce qui compte, c’est de m’amu-ser sur l’eau, de me réaliser. » Aprèsle contrôle antidopage, la farando-le des télés, françaises et interna-tionales, a commencé. Le péripledu double champion olympiquene fait que commencer.

Tony au panthéon olympiqueTony Estanguet est entré dans l’histoire hier en conservant son titre olympique. Ce garçon ramasse l’or à la pelle et a de nouveau dédié cette médaille à son frère Patrice.

JEUX OLYMPIQUES • Finale du slalom canoë monoplace

« J’AI TOUT DONNÉ »Tony Estanguet et Michal Martikan se sont retrouvés hier devant un stadeplein à ras bord pour un duel attendu. Trois secondes et demi plus vite queles autres la veille, ces deux-là avaient des choses à se dire. Tony a réaliséune excellente demi-finale avec un léger passage à vide entre les portes 11et 18. Sans faute, il termine à 12 centièmes du Slovaque, impérial sur le par-cours.La finale a généré stress et suspens. Pas dans les meilleures dispositions surla ligne de départ, celui qui allait devenir double champion olympique a paruhésitant. Le passage de la porte 12 lui a coûté du temps et malgré ça, Tonyn’a pas perdu trop de temps. « Je me suis concentré sur chaque fiche en medisant, fais attention. Une passée, je fixais la suivante » analyse Tony. 3e

temps de la finale (les temps de la demi et de la finale sont cumulées), Tonya montré tout son talent à ce moment de la course en perdant juste ce qu’ilfallait. Pendant ce temps-là, l’extra-terrestre Martikan a éclaboussé la finale.On connaît la suite. Dépité après son déclassement à la deuxième place, ledouble champion du monde et champion olympique d’Atlanta souhaitait« voir la vidéo. J’accepte la décision des juges arbitres. La médaille d’argentest belle, mais je voulais l’or. »

B.P.

De notre envoyée spéciale

L unettes bleues, ongles bleus,tee-shirt bleu frappé du mot

France, drapeau tricolore à lamain, Laetitia, la compagne deTony, n’est pas la dernière pourdonner de la voix dans le superbeamphithéâtre athénien.

Hier, pour la finale, elle s’est dé-chaînée pour encourager son dieugrec à elle, dans sa quête duGraal. « Je n’ai plus de voix » signa-le la pétillante Laetitia qui, commetous les spectateurs présents, areçu plus d’une demi-heure plustard la confirmation de la médailled’or de Tony.

« L’épouse d’un kiné a été avertiequ’il pourrait gagner. Les copainsm’ont propulsée en l’air. J’ai pleuréun peu, tout le monde s’est enflam-mé mais j’ai préféré qu’on attendela confirmation avant de me lâ-cher » confie-t-elle, radieuse d’ac-cueillir cette nouvelle médaille

d’or à la maison. « Tony a failli per-dre la première » s’amuse l’institu-trice originaire d’un village prochede Navarrenx qui avoue quandmême : « En fait, je l’ai cachéedans un tiroir et quand il la cher-che, je suis assez contente de latrouver tout de suite, de le taquineren lui faisant remarquer qu’ilpourrait la perdre. »

La demoiselle est joueuse maishier, elle n’en menait pas large.« J’ai compressé le biceps d’Eric De-guil (Palois membre de l’équipede France de C1) qui était à côtéde moi, j’avais un nœud à l’esto-mac. Mon sentiment était mitigéavec la médaille d’argent. L’or,c’est une consécration importantepour Tony. »

Arrivée en Grèce en camping-car via l’Italie, avec ses cinq copi-nes rencontrées en fac de sport àToulouse et réunies pour la belleoccasion, Laetitia n’a pas beau-coup vu son Apollon depuis

quelques jours. Entre les qualifica-tions et hier, elle s’est faite discrè-te, comme toujours. « Je n’ai pastéléphoné. J’ai juste envoyé un tex-to pour lui dire de rester concentréet qu’il continue comme ça. »

Quand il était sur le podium, làencore, des copains l’ont hisséesur leurs épaules pour qu’elle seretrouve à la hauteur de la perfor-mance de son champion. Le tourd’honneur protocolaire lui a per-mis de recevoir un gros bisou deson compagnon et, en deuxtemps, le bouquet du championolympique.

Hier soir, Laetitia devait retro-uver Tony assez tard, notammentsur la marina toute proche du siteoù « la Tribu », club de supportersinitié par la fédération, a posé soncampement.

Rafales d’ouzo ou champagne :la soirée promettait d’être belle etgénéreuse.

B.P.

«J’ai juste envoyé un texto»Laetitia, une supportrice très particulière

Une importante délégation béarnaise a annexé la tribune, dont la compagne de Tony.

TONY ESTANGUETNé le 6 mai 1978 à Pau. 1,84 m, 75 kg.Profession : Professeur desport.Palmarès :Jeux olympiques : championà Athènes en 2004, à Sydneyen 2000.Championnat du Monde :indidivuel : 2e en 2003.Par équipe : 2e en 2003, 3e en1999, 2e en 1997.Coupe du Monde : 1er en 2004,1er en 2003.Championnat d’Europe :individuel : 1er en 2000. 2e en2002.Par équipe : 4e en 2002.Championnat de France : tit-res en 2003, 2002, 2001, 2000,1999, 1997.Entraîneur : Philippe Vuitton.

Repères

Laetitia est tout sourire :Tony vient de lui offrir son bouquet gagnant.

Tony encadré par ses dauphins :Martikan et Pfannmoëller.

Tony Estanguet déterminé dans les vagues athéniennes :l’or est encore au bout de l’exploit.

Les classementsFinale du canoë monoplace

1. Estanguet (FRA) 189.16 (93.37+95.79, 0+0)2. Martikan (SVK) 189.28 (93.25+96.03, 0+2)3. Pfannmoëller (GER) 191.56 (96.99+94.57, 0+0)4. Bell (AUS) 192.83 (97.48+95.35, 2+0)5. Indruch (CZE) 195.28 (98.22+97.06, 2+0)6. Hocevar (SLO) 199.78 (100.24+99.54, 2+0)7. Sangra (ESP) 200.41 (99.84+100.57, 2+0)8. McIntosh (GBR) 211.19 (100.08+111.11, 2+2).

Deuxièmemédaille d’or

en quatre anspour Tony

Estanguet : lePalois entredans le clan

fermé des septathlètes

français ayantréussi pareille perfomance.

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Page 7: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

18 Jeudi 19 août 2004 19Jeudi 19 août 2004

CMJN Avant le 2e titre olympique

de Tony Estanguet et lamédaille du cavalier DidierCourrèges au Concours com-plet par équipes (voir en page22), le Béarn comptait jusqu’iciquatre médaillés d’or : deux enindividuel et deux par équipe.Tony Estanguet, canoë mono-place en 2000 à Sydney,Bernard Beaudéan, en des-cente aux JO handisportd’Innsbruck en 1988 (2e enslalom), puis double médailléd’or en descente et en géant,(deuxième en super-G) aux JOde Lillehammer en 1994,Michel Bensoussan, gardiende but de l’équipe de Francede football olympique à LosAngeles en 1984, et ArnaudGeyre, cyclisme sur route paréquipe en 1956 à Melbourne.Geyre avait remporté la mé-daille d’argent sur route enindividuel.

Aux Jeux d’hiver, en 1968 àGrenoble, Annie Famoseremporte trois médailles : l’ar-gent en géant et le bronze auslalom et au combiné. AuxJeux d’été, Patrice Estangueta glané une médaille debronze en canoë mono-place àAtlanta en 1996.

D’autres Béarnais se sontillustrés : en athlétisme, l’Olo-ronaise Cathy Capdevielle aparticipé à la demi-finale du100m à Melbourne avant de seclasser 5e en finale sur cettemême distance à Rome en1960. Charles Lagarde s’estdistingué au lancer du poids etdu disque à l’occasion des Jeuxde 1908 à Londres et de 1912 àStockolm. Pierre Lacaze 8e dusaut en hauteur en 1946 àLondres. Plus récemment,Philippe Paviot était membrede l’équi-pe de France debobsleigh à Salt lake City en2002.

Les médaillésdu Béarn

UN CERCLE FERMÉTony Estanguet est devenu hier leseptième athlète français à conser-ver son titre olympique. Le Paloisentre dans un cercle aussi ferméque prestigieux, composé de :Christian d'Oriola (escrime, fleu-ret individuel) : JO d'Helsinki en1952 et JO de Melbourne en 1956.Daniel Morelon (cyclisme, vitesse): JO de Mexico en 1968 et JO deMunich en 1972.Jean-François Lamour (escrime,sabre individuel) : JO de Los Ange-les en 1984 et JO de Séoul en1988.Marie-José Pérec (athlétisme, 400m) : JO de Barcelone en 1992 etJO d'Atlanta en 1996.Félicia Ballanger (cyclisme, vites-se) : JO d'Atlanta en 1996 et JO deSydney en 2000.David Douillet (judo, lourds) : JOd'Atlanta en 1996 et JO de Sydneyen 2000.Tony Estanguet (canoë monopla-ce, slalom) : JO de Sydney en 2000et JO d'Athènes en 2004.

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

U n long cri rauque debonheur a déchiré lachape de plomb decette fin de matinée

athénienne. Sous le pont de laligne de départ, dans leprolongement de la ligne d’arrivéeet derrière une cahute réservéeaux officiels, Tony s’est retiré deuxsecondes, hélé par un officiel. Telun diablotin, il réapparaît ensuivant. Pas besoin de détails. Sonvisage illuminé suffit àcomprendre le dénouement. Ilconserve son titre olympique,moins de dix minutes après lafinale, après avoir été classésecond à 1’’88 de son rivalslovaque, le magicien MichalMartikan.

Le chercheur d’ora encore frappé

Aux anges, la bouille illuminée,l’œil à peine mouillé, il se frotteactivement le visage comme pourse réveiller d’un vilain rêve. Legeste de dépit montré à l’arrivéesignifiait bien que le double vain-queur de la Coupe du monde n’envoulait pas de cette médaille d’ar-gent. L’histoire de ce très courtfeuilleton hallucinant est simple.Le juge de la porte 7 a enregistrémanuellement la faute de Martikanmais celle-ci n’a pas été transmisepar l’informatique. Lors de la véri-fication d’après course, procédurenormale qui consiste à comparerl’enregistrement de chaque pénali-té, le jury a constaté que la touchedu Slovaque n’avait pas été vali-dée. Et là, ce n’est plus pareil. L’ar-gent, et sans coup de baguettemagique, se transforme en or.

Tony passe alors du « je n’ai rienà regretter, j’accepte de perdrepuisque je suis tombé sur plus fortque moi aujourd’hui. Rester sur unpodium olympique sur un bassinoù on est sans arrêt sur le fil du ra-soir, est déjà énorme » au simple etspontané « c’est génial, je gardemon titre, c’est fabuleux. »

« Une médaille de frangins »Après avoir disserté pendant dix

minutes sur cette seconde place,Tony n’a pas changé de discoursquant au véritable combat qu’il amené contre Michal Martikan (lireci-contre). Tout d’un coup, il s’estréellement aperçu qu’il venait dechanger de métal, que l’argent nefaisait pas son bonheur. Heureux,il avoue quand même : « j’ai eu lespétoches avant la finale, je ne mesuis pas libéré une seconde. A toutmoment, je pouvais me faire sortirsur ce bassin. J’avais un peu lesboules avec cette médaille d’argent.Avec l’or, je suis le premier dansma discipline à doubler. Ce n’estpas très important mais c’était lepetit défi que je m’étais lancé. »

Tony Estanguet, jupette scelléeau corps, casque sur la tête, pagaie

à la main, a très vite dédié cetteseconde médaille d’or, comme lapremière, à son frère Patrice. « Jelui dois tout, il m’a poussé. Il auraitpu être là, c’est vraiment une mé-daille de frangins. Encore une fois,c’est lui qui m’a le plus apportédans nos confrontations. » La voixdu cadet de la fratrie ne tremblepas. « C’est pas facile pour lui. Il y aencore deux mois, on se tirait labourre sur ce bassin. Aujourd’hui,il pouvait être champion olym-pique. »

Gai comme un pinson, Tony aensuite filé par le passage souter-rain qui mène au centre du bassinpour recevoir sa médaille, la plusbelle. Tout de blanc vêtu, il a sa-vouré ces instants magiques. « Jesuis fasciné par les Jeux et seschampions depuis que je petit. Sesélectionner, essayer de gagner et

gagner c’est un rêve, un mythe. » Al’heure de monter sur le podium, ila laissé exploser sa joie. La cou-ronne d’olivier sur la tête, il a sa-vouré sa deuxième marseillaise enappréciant la joyeuse cacophoniebien française venue des tribunes.

Le bouquet à LaetitiaSon tour d’honneur protocolaire

a laissé place à une débauchefranco-béarnaise. Le temps d’em-brasser Laetitia, sa compagne, et ils’est rapidement et gentiment faitrappeler à l’ordre par ses suppor-ters, oubliant de lui offrir son beaubouquet.

Le champion habite sur une au-tre planète depuis hier midi. Maisrien ne semble le perturber. « Mapremière médaille m’a permis, fi-nancièrement, de me préparerpour Athènes dans de bonnes

conditions. Je pense que celle-ci neva pas changer grand chose, je suisassez épanoui dans ma vie. Pourmoi ce qui compte, c’est de m’amu-ser sur l’eau, de me réaliser. » Aprèsle contrôle antidopage, la farando-le des télés, françaises et interna-tionales, a commencé. Le péripledu double champion olympiquene fait que commencer.

Tony au panthéon olympiqueTony Estanguet est entré dans l’histoire hier en conservant son titre olympique. Ce garçon ramasse l’or à la pelle et a de nouveau dédié cette médaille à son frère Patrice.

JEUX OLYMPIQUES • Finale du slalom canoë monoplace

« J’AI TOUT DONNÉ »Tony Estanguet et Michal Martikan se sont retrouvés hier devant un stadeplein à ras bord pour un duel attendu. Trois secondes et demi plus vite queles autres la veille, ces deux-là avaient des choses à se dire. Tony a réaliséune excellente demi-finale avec un léger passage à vide entre les portes 11et 18. Sans faute, il termine à 12 centièmes du Slovaque, impérial sur le par-cours.La finale a généré stress et suspens. Pas dans les meilleures dispositions surla ligne de départ, celui qui allait devenir double champion olympique a paruhésitant. Le passage de la porte 12 lui a coûté du temps et malgré ça, Tonyn’a pas perdu trop de temps. « Je me suis concentré sur chaque fiche en medisant, fais attention. Une passée, je fixais la suivante » analyse Tony. 3e

temps de la finale (les temps de la demi et de la finale sont cumulées), Tonya montré tout son talent à ce moment de la course en perdant juste ce qu’ilfallait. Pendant ce temps-là, l’extra-terrestre Martikan a éclaboussé la finale.On connaît la suite. Dépité après son déclassement à la deuxième place, ledouble champion du monde et champion olympique d’Atlanta souhaitait« voir la vidéo. J’accepte la décision des juges arbitres. La médaille d’argentest belle, mais je voulais l’or. »

B.P.

De notre envoyée spéciale

L unettes bleues, ongles bleus,tee-shirt bleu frappé du mot

France, drapeau tricolore à lamain, Laetitia, la compagne deTony, n’est pas la dernière pourdonner de la voix dans le superbeamphithéâtre athénien.

Hier, pour la finale, elle s’est dé-chaînée pour encourager son dieugrec à elle, dans sa quête duGraal. « Je n’ai plus de voix » signa-le la pétillante Laetitia qui, commetous les spectateurs présents, areçu plus d’une demi-heure plustard la confirmation de la médailled’or de Tony.

« L’épouse d’un kiné a été avertiequ’il pourrait gagner. Les copainsm’ont propulsée en l’air. J’ai pleuréun peu, tout le monde s’est enflam-mé mais j’ai préféré qu’on attendela confirmation avant de me lâ-cher » confie-t-elle, radieuse d’ac-cueillir cette nouvelle médaille

d’or à la maison. « Tony a failli per-dre la première » s’amuse l’institu-trice originaire d’un village prochede Navarrenx qui avoue quandmême : « En fait, je l’ai cachéedans un tiroir et quand il la cher-che, je suis assez contente de latrouver tout de suite, de le taquineren lui faisant remarquer qu’ilpourrait la perdre. »

La demoiselle est joueuse maishier, elle n’en menait pas large.« J’ai compressé le biceps d’Eric De-guil (Palois membre de l’équipede France de C1) qui était à côtéde moi, j’avais un nœud à l’esto-mac. Mon sentiment était mitigéavec la médaille d’argent. L’or,c’est une consécration importantepour Tony. »

Arrivée en Grèce en camping-car via l’Italie, avec ses cinq copi-nes rencontrées en fac de sport àToulouse et réunies pour la belleoccasion, Laetitia n’a pas beau-coup vu son Apollon depuis

quelques jours. Entre les qualifica-tions et hier, elle s’est faite discrè-te, comme toujours. « Je n’ai pastéléphoné. J’ai juste envoyé un tex-to pour lui dire de rester concentréet qu’il continue comme ça. »

Quand il était sur le podium, làencore, des copains l’ont hisséesur leurs épaules pour qu’elle seretrouve à la hauteur de la perfor-mance de son champion. Le tourd’honneur protocolaire lui a per-mis de recevoir un gros bisou deson compagnon et, en deuxtemps, le bouquet du championolympique.

Hier soir, Laetitia devait retro-uver Tony assez tard, notammentsur la marina toute proche du siteoù « la Tribu », club de supportersinitié par la fédération, a posé soncampement.

Rafales d’ouzo ou champagne :la soirée promettait d’être belle etgénéreuse.

B.P.

«J’ai juste envoyé un texto»Laetitia, une supportrice très particulière

Une importante délégation béarnaise a annexé la tribune, dont la compagne de Tony.

TONY ESTANGUETNé le 6 mai 1978 à Pau. 1,84 m, 75 kg.Profession : Professeur desport.Palmarès :Jeux olympiques : championà Athènes en 2004, à Sydneyen 2000.Championnat du Monde :indidivuel : 2e en 2003.Par équipe : 2e en 2003, 3e en1999, 2e en 1997.Coupe du Monde : 1er en 2004,1er en 2003.Championnat d’Europe :individuel : 1er en 2000. 2e en2002.Par équipe : 4e en 2002.Championnat de France : tit-res en 2003, 2002, 2001, 2000,1999, 1997.Entraîneur : Philippe Vuitton.

Repères

Laetitia est tout sourire :Tony vient de lui offrir son bouquet gagnant.

Tony encadré par ses dauphins :Martikan et Pfannmoëller.

Tony Estanguet déterminé dans les vagues athéniennes :l’or est encore au bout de l’exploit.

Les classementsFinale du canoë monoplace

1. Estanguet (FRA) 189.16 (93.37+95.79, 0+0)2. Martikan (SVK) 189.28 (93.25+96.03, 0+2)3. Pfannmoëller (GER) 191.56 (96.99+94.57, 0+0)4. Bell (AUS) 192.83 (97.48+95.35, 2+0)5. Indruch (CZE) 195.28 (98.22+97.06, 2+0)6. Hocevar (SLO) 199.78 (100.24+99.54, 2+0)7. Sangra (ESP) 200.41 (99.84+100.57, 2+0)8. McIntosh (GBR) 211.19 (100.08+111.11, 2+2).

Deuxièmemédaille d’or

en quatre anspour Tony

Estanguet : lePalois entredans le clan

fermé des septathlètes

français ayantréussi pareille perfomance.

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Page 8: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

JEUX OLYMPIQUES

20 Jeudi 19 août 2004

RÉACTIONS

ANDRÉLABARRÈRE

Pour le sénateur mairede Pau, cette victoire estaussi un atout pour la fu-ture base d’eaux vives,dont les travaux vont dé-buter l’an prochain.

Comment avez-vousvécu cette finale ?

« Je suis rentré de Latché, où jedînais mardi soir avec DanièleMitterrand, et, ce mercredi, j’aisuivi devant ma télé la mer-veilleuse performance de TonyEstanguet, avec une immenseémotion. Mon cœur et monesprit sont emplis de joie pro-fonde. Cette nouvelle médailleolympique de Tony fait hon-neur à notre ville et à la France. Merci et bravo Tony. Je lui aienvoyé un télégramme. J’aiaussi téléphoné à Patrice. »

Cela aura-t-il une in-fluence sur le projet« Porte de Gaves » ?

« Bien sûr : c’est un nouvelatout (et de taille !) pour ceprojet qui va voir le jour derriè-re la gare, sur Pau, Bizanos,Gelos et Mazères. C’est unepriorité de la communautéd’agglomération Pau-Pyrénéesque je préside. Pau restera ain-si la ville reine des sportsd’eaux vives. Elle aura toujoursdes champions pour la repré-senter au plus haut niveau.Une base d’eaux vives sera ré-alisée avec la création d’un par-cours de slalom de canoë-kayak et de gradins, laconstruction d’un club-house,et l’édification d’un pôle EliteFrance pour la spécialité sla-lom. Pour l’aménagement dulac de loisirs, nous verronsdans un second temps. »

Quand les travaux vont-ils commencer ?

« L’appel d’offres est fait : lechantier sera réalisé par ungroupement mené par Castells.Les négociations des droitsd’eau avec Heid sont en coursde règlement. Les travaux vontdébuter le 1er mars 2005. Ilnous faut respecter une procé-dure de droit compliquée. Le chantier durera une quinzai-ne de mois, pour que tout soitopérationnel d’ici avril-mai 2006. Parallèlement, nousnous battons aussi pour décro-cher des fonds européens (FE-DER), qui sont en chute librepour tout le monde. »

Aujourd’hui, c’est autour de Fabien Lefèv-re…

« Et j’espère bien qu’il décro-chera lui aussi une médaille !J’ai eu Fabien mardi au télé-phone. Il était confiant, en plei-ne forme. Je vais suivre ses performancesavec le même enthousiasme.Et nous organiserons une ré-ception quand nos championsseront de retour d’Athènes.Mais pas question que j’em-barque dans un canoë ou unkayak ! »

B.R.

Le Black Bear a ces jours-ci laforme olympique. Ce merc-redi, l’ours de la place Ara-gon s’est mis à l’eau : le café

est le quartier général des suppor-ters de Tony Estanguet. Devant lezinc se trône le canoë qui a permisau cadet du Béarn de décrocherl’or à Sydney, en 2000. Bien calésur galets, à la bonne porte. Vers9 heures, les chaises se garnissentau pied de l’écran géant. Des slalo-meurs du club palois, surtout. Di-dier Baylacq est venu avec sa ban-de. D’autres sont à Athènes,comme la mère de Tony. PatriceEstanguet est resté à Pau. Il carbu-re au café, les yeux sur la premièremanche.

À 9 h 25, chacun retient son

souffle. Tony, dossard n° 1, s’élan-ce. Il va bien, très bien même. Por-te 17 fusent les premiers applau-dissements. Belle descente. Vientle tour de Martikan. Autre style, au-tre ambiance. Douze centièmes demoins à l’arrivée, comme un nuageau ciel athénien. Ici, personne n’enprend ombrage. La confiance estlà. Patrice Estanguet la partageavec Henri Lambert, l’adjoint auxsports.

L’ambiance monte,les cœurs se serrent

Le bar se remplit pendant lesdescentes féminines. Peggy etTony, Dickens et Estanguet, mêmecombat, même si l’issue sera diffé-rente. L’heure passe, un œil distrait

sur la télé (aviron, natation…), duhoublon et de l’anis dans l’eau sa-lée d’Athènes. Vers onze heures, lezinc veut très fort l’or pour Tony.Certes, il n’y a pas la grande foule(une cinquantaine de personnes),mais une vraie ferveur, dès le dé-part. De la voix pour pousser lapagaie. L’ambiance monte. Letemps de Tony est olympique. Res-te Martikan. Le Slovaque affiche unmeilleur temps dès le second pointintermédiaire. Le cœur se serre.Alors le silence est d’or, car Tonyest en argent. Sentiments mêlés,entre la satisfaction d’une bellecourse, et une pointe de décep-tion. L’espoir renaît un quart d’-heure plus tard, d’une annonce àla télé : « Martikan aurait touché

une porte. » On patiente en encou-rageant Peggy Dickens. Il faudraun quart d’heure pour transformerle conditionnel en certitude. Et l’ar-gent en or. Les téléphones porta-bles frétillent. À 11 h 42, c’est offi-ciel : Tony Estanguet est championolympique. C’est l’ovation, le grandfrisson, la flamme olympique.Deux fois plus de bonheur pourun exploit unique dans les annalesdu canoë-kayak.

Le pionnier Jacky Labat offreune tournée générale. On se pré-pare à la fête. Et on se donne ren-dez-vous pour ce jeudi et ce vend-redi. Tous derrière Fabien Lefèvre,un autre chercheur d’or en eaux vi-ves.

BRUNO ROBALY

Tout le zinc voulait l’orPatrice Estanguet au milieu des supporters, hier matin. Émotion contagieuse au pied de l’écran géant.

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VU DE PAU • Les supporters de Tony Estanguet s’étaient donné rendez-vous au Black Bear hier

Le quartier général des supporters des champions palois a vécu en direct le dénouement extraordinaire de la finale.

Francis Cohort, secrétairedu CUPPEV : « J’étais là hierpour les qualifications. Ce mer-credi j’ai suivi la premièremanche à la maison, et je suisvenu avec mes amis au BlackBear pour la finale. Nous yavons toujours cru. Tony etMartikan sont tous les deux trèsbons. Je suis heureux pourTony. Je reviendrai au BlackBear pour soutenir Fabien. »

Olivier Brugerie, responsa-ble communication Lyon-naise des Eaux : « Nous som-mes partenaires de Tony depuisdeux ans. En juin, nous avonscréé un comité de soutien local,qui compte déjà 300 membres.Nous avons ouvert un livre d’or.Tony a fait une saison de coupedu monde parfaite. Et ce merc-redi, nous avons vécu un dé-nouement incroyable ! »

Florence Baylacq, anciennekayakiste : « J’y ai cru jus-qu’au bout. Je suis trop conten-te ! On va faire une grande fête.C’est le Tony qu’on connaît :un Tony en or. Je suis venuel’encourager avec ma fille, Leïa,qui a cinq mois. Sans doute laplus jeune supportrice… Elleprendra sûrement la pagaie.Comme Tony, et comme sonpapa, Didier. »

Élodie Aranzadi, serveuseau Black Bear : « J’ai regardéla descente de Tony Estanguet.Pour les autres, je n’avais pas letemps : j’ai été étonnée dunombre de supporters. Grâce àTony, je m’intéresse à ce sport.C’est un peu comme avec lavictoire des Bleus en foot… Jen’ai jamais rencontré Tony :j’espère qu’il viendra au BlackBear pour le voir en vrai. »

Christelle Larsen, une amiede Tony : « C’est une grossesurprise. On nous dit d’abordqu’il est en argent et après onnous annonce l’or. C’est laconsécration du canoë fran-çais. La joie est immense, maisce n’est pas super pour lesnerfs. On va lui préparer unebelle fête. Mais si c’est génialpour Tony, je pense que ça doitêtre difficile pour Martikan ».

«Nous y avons toujours cru»

Gér

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RÉACTIONS • Chacun a vécu différemment la victoire de Tony Estanguet

Présents de bout en bout pour soutenir « leur » Tony, partenaires, amis ou serveuses, tous ont donné de la voix.

«Une immenseémotion»

Page 9: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

JEUX OLYMPIQUES

21Jeudi 19 août 2004

JACQUES CHIRAC«La France est fièrede vous»

Jacques Chirac a salué le«superbe exploit» de Tony Estan-guet. «Cette médaille d'or confir-me votre appartenance à l'élitemondiale du canoë-kayak et laFrance est très fière de vous»,écrit le chef de l'Etat, dans cemessage rendu public par l'Ely-sée. «Quatre ans après Sydney,vous venez de relever un formi-dable défi en remportant unenouvelle fois le titre olympique àAthènes dans l'épreuve du sla-lom», ajoute Jacques Chirac. «Jesais que vous partagerez commeil se doit ce moment de bonheurintense avec vos proches, votreentraîneur et l'équipe». A lamain, le président de la Répu-blique a ajouté quelques mots:«Quel superbe exploit et quelleclasse ! Bravo et bien amicale-ment».

De son côté, Jean-Pierre raf-farin a tenu à adresser ses« plus chaleureuses félicitationspour ce second titre olympiqueque vous apportez à l'équipe deFrance et que vous ajoutez àvotre palmarès».

J.-J. LASSERRE« Une performanceexceptionnelle »

Jean-Jacques Lasserre, prési-dent du conseil général des Py-rénées-Atlantiques, a salué la« performance exceptionnelle »de Tony Estanguet, auquel il aadressé le message suivant :« C’est avec une immense joie etune grande fierté que nousavons suivi les différentes épreu-ves et votre exceptionnel par-cours vous permettant d’obtenirvotre deuxième titre olympique.Cette brillante victoire fait devous l’un des sportifs français lesplus titrés, et le seul double mé-daillé olympique de la discipli-ne. Au nom de tous les élus duconseil général des Pyrénées-At-lantiques, et en mon nom per-sonnel, je tiens à vous adressermes plus chaleureuses et sincè-res félicitations. Ce titre olym-pique illustre magnifiquementvotre rôle d’ambassadeur du dé-partement des Pyrénées-Atlan-tiques. Un grand merci et bra-vo ! »

HENRI LAMBERT :« Plus qu’heureux »

Henri Lambert, adjoint aumaire chargé et président del’office municipal des sports,était parmi les supporters auBlack Bear : « J’ai quitté les lieuxaprès la finale : Tony avait alorsune médaille d’argent. Une bel-le performance. J’ai dit à Patri-ce de le féliciter. C’est en arri-vant en mairie que j’ai apprisque Tony était en or. Ma joien’avait alors plus rien à voiravec la précédente : j’étais plusqu’heureux !

Ce qu’il a réalisé est excep-tionnel, et c’est un exemple pourtous. Nous attendons beaucoup,aussi, de Fabien Lefèvre. Nousespérons une autre médaille.Nous verrons les disponibilitésde nos deux champions pourfixer la date de la réception quisera organisée en leur honneurà la mairie.

« Ce sera une grande fête.Nous parlerons aussi, à cette oc-casion, du chantier du futurstade d’eaux vives qui va bientôts’ouvrir derrière la gare. »

VU DE PAU • Dans les yeux de Patrice Estanguet, médaillé de bronze en 1996 à Atlanta

Patrice Estanguet est passépar toutes les couleurshier matin. Posté au mi-lieu des autres membres

de la Tribu, au Black Bear, le frèrede Tony a vécu non sans émotionle second titre olympique de sonpetit frère.

Vêtu de la tenue complète desupporter des céistes français, lemédaillé de bronze aux JO d’At-lanta bout intérieurement depuis9 heures. La tête et le cœur pleinsd’espoir pour le dernier de la fra-trie Estanguet. Une demi-heureplus tard, fini de discuter, vient letour de Tony. Les objectifs se bra-quent sur le cadet. A Pau, le visagecrispé de Patrice se relâche uncentième de seconde pour un sou-rire qui en dit long.

Un geste à droite,un autre à gauche

Tout n’est pourtant pas parfaitsur le bassin d’Athènes : « Notam-ment, les premières portes où Tonyn’a pas exploité toutes ses qualitésphysiques ». D’autant que ce boug-re de Martikan dans un style op-posé « a parfaitement glissé ». LeSlovaque est premier avant la fina-le : « Il a sacrément bien caché sonjeu tout au long de l’année. C’estun homme des grands rendez-vous ».

Rien n’est perdu, il reste unemanche. « Le physique de Tonypeut faire la différence sur la fin deparcours ». Il veut y croire. Resteplus qu’à patienter plus d’une heu-re. Plus évident à dire qu’à faire.

Une dizaine de coups de fils depassés et voilà que l’instant T ap-proche. Patrice attend maintenantque son frérot « se lâche ».

Petits drapeaux tricolores peintssur les pommettes, c’est commes’il y était. Un geste à droite, unautre à gauche, Patrice se démèneà distance dans les remous grecs.« Allez, Allez », les gestes sont re-faits simultanément. 60 secondesplus tard, Tony est en bas. Marti-

kan le rejoint et le détrône. L’ar-gent ce n’est pas mal. « Tony, nousa fait vibrer, mais je pense qu’ilsera un peu déçu… », confie sonaîné juste avant que l’invraisem-blable n’intervienne.

11 h 26, la télé annonce : Marti-kan serait pénalisé de deux secon-

des. Dans un coin du bar paloistransformé en temple Estanguet,Patrice est sous le choc. Il joue lasagesse : « Il faut attendre encorevingt minutes la décision desjuges ».

Le rêve renaît sous ce rayon desoleil venu tout droit d’Hellinikos.Les yeux rougis, Patrice se met àréaliser : « Ça serait fou quandmême. C’est vrai que ce scénarioon n’aime pas trop habituelle-ment ». Mais aujourd’hui, personnene fera la fine bouche, personne.

« Il est toutsimplement énorme »

Surtout pas Patrice. L’homme estgénéreux, ça tout le monde le sait.Il n’est pas non plus du genre àexposer au public, dans de telsmoments, ses maux d’une non sé-lection à Athènes. Même si le ré-sultat de l’autre français NicolasPeschier, éliminé avant hier, peutlui laisser des regrets. « Il a déçu.Une 14e place aux JO équivaut àune 40e en coupe du monde. C’estdommage qu’il n’ait pas su répon-dre présent », analyse-il un poilamer. 11 h 42 : son amertume esttout d’un coup balayée d’un coupde pagaie dorée. La confirmationvient de tomber. Patrice peut se lâ-cher, Tony s’est fait une place dansle panthéon du sport français.

À l’heure de décrire ce fabuleuxexploit, le respect pour son petitfrère est tout aussi immense : « En-core une razzia. Il marque l’histoi-re du canoë. Il est tout simplementénorme ».

Sortis de la bouche de PatriceEstanguet, de tels mots ont tou-jours une valeur sacrée.

ANDRÉ LAXALT

Patrice, comme s’il y était

Patrice et Tony Estanguet. Le premier a suivi les exploits de son cadet àAthènes. Un moment d’intense émotion.

Confiant, tendu et au final heureux pour son petit frère, Patrice a vécu seconde après seconde le nouveau sacre de Tony.

LE BASSIN D’EAUX VIVES D’ACTUALITÉLa seconde médaille olympique de Tony Estanguet a placé hier le futur bas-sin d’eaux vives de Pau sous les feux de l’actualité.Interrogé sur le sujet au moment de la finale de son frère, Patrice Estangueta laissé sous-entendre « que le bassin de Pau aurait les mêmes débits etdénivelés que celui d’Athènes ». Un paradis pour tous les amateurs desports d’eaux vives, donc. Dans l’après-midi, Tony Estanguet, invité de Gé-rard Holtz sur France 2, a lui aussi, défendu le projet palois, qui est restéplusieurs minutes au cœur des discussions télévisées. Et l’avis du champ-ion olympique a acquis, hier, une force supplémentaire.Au même moment, André Labarrère nous précisait la date du début des tra-vaux de la première phase de l’aménagement de la Porte des Gaves, quiaccueillera le Pôle Elite France pour le slalom (voir page ci-contre).Avant même le premier coup de pelle, le futur site palois a déjà, grâce à latélévision, une envergure nationale. Puisse cette opportune publicité attirerles bonnes grâces des financeurs…

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

C’est l’heure pour Fabien Lefè-vre d’entrer dans cette compé-

tition olympique. Caché depuis24 heures, le double champion dumonde de kayak part favori pourle titre. Son entraîneur, Sylvain Cu-rinier, médaillé d’argent à Barce-lone l’encadre sans le couver. Il serégale avec son athlète qui lui res-semble dans son approche de lacompétition. Hier, le coach de l’é-quipe de France de kayak, a livréles grandes lignes de son plan debataille mis en place pour atteind-re l’objectif du Palois.

Les deux accrocs de la sai-son à Seo et Bourg ont-ilsentamé le moral deFabien ?

On s’en est servi pour mettre l’ac-cent sur la technique et aller plusloin. A Seo, c’était plus un problè-me technique, à Bourg, c’était plusémotionnel puisqu’il retrouvait lebassin de son premier titre mon-dial. Au contraire, je crois que çal’a boosté. Il veut prouver et seprouver.

On sait qu’il aime joueravec ses adversaires. Quel-le sera la stratégie de cesdeux jours ?

On a choisi de ne pas prendre lesqualifications à la légère. Fabien vanaviguer au plus juste, il a prévude relâcher en fin de premièremanche. Dans la seconde, grâce àson expérience, il envisage de s’ap-proprier le tracé en étant vite sur leparcours. Après on verra ensemblemais avec lui, il n’est pas utile detrop programmer les choses.

Qu’est ce que vous redou-tez le plus ?

La densité de la concurrence. Il ya un seuil technique et physiquepour tous à ce niveau. La différen-ce ne se fera pas là. Je pense à lafaçon d’appréhender l’événement,la gestion entre deux manches etle climat émotionnel dans cetteenceinte. Aujourd’hui (hier), il achoisi de rester tranquille, il suitles épreuves à la télé. Venir au sta-de le fatigue physiquement.

Il est impatient. Faut-il lefreiner souvent ?

J’apporte ma pondération, monrecul, je le recadre. C’est vrai qu’ilest prêt et il ne vient pas de passerdes jours agréables.

Il y a de sérieux clientsdans l’épreuve reine de cesport. Qui peut-être sonbriseur de rêve ?

Thomas Schmitt, Welsh Campbell,Oblinger, David Ford et l’autreFrançais bien sûr, Benoît Péchier.

Vous avez beaucoup antici-pé mais vous n’avez pasvoulu, volontairement,tenter de tout maîtriser.

Fabien a une énorme capacité d’a-daptation, il est optimiste et doitgarder son enthousiaste pouravancer. Sa force, c’est sa flamme,celle qui lui permet de rester dansson truc pour obtenir son résultat.On a même envisagé l’échec,aspect de la compétition qu’il ac-cepte maintenant. On a naviguésur d’innombrables bassins et ter-

rains. Le vent, l’orage, des fichesqui tombent…, il sait gérer ça.

Comment pourriez - vouscaractériser Fabien ?

C’est un garçon authentique, trèshabile même si il a commisquelques bourdes sur le plan rela-tionnel. Il a soif de victoires et unecapacité innovante, une vision surl’avance technique de la disciplineremarquable.

Fabien Lefèvre entre en scène

Flanqué dudossard 11,

Fabien Lefèvre,ici à l’entraî-

nement sur lebassin grec,

semble sereinpour son

entrée dans lacompétition.

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Aujourd’hui, première mancheentre 9h40 et 10h40, secondemanche entre 11h40 et 12h40.Les canoës biplaces s’élan-ceront à 9h et 11h.

KAYAK • Qualifications en kayak homme aujourd’hui

Il piaffe d’impatience et dès ce matin, il entend poser quelques jalons pour dompter la rivière

RÉACTIONS

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P.P.

Page 10: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

17Vendredi 20 août 2004

De notre envoyée spécialeBéatrice Pagnoux

Vingt-quatre heures aprèssa phénoménale perfor-mance et son entrée dansle grand livre de l’histoire

du sport français, Tony Estanguetest apparu moins fatigué mais tou-jours aussi heureux que la veille.

Sa médaille d’or soigneusementrangée dans une poche de son pe-tit sac à dos, il a suivi les coursesde qualifications de kayak presquecomme Monsieur tout le monde.Relax, souriant, charmant et tou-jours aussi disponible: c’était l’oc-casion de s’entretenir avec lui, àl’ombre et au calme, sur trois thè-mes qui ont ponctué la journée dudétenteur du dossard 1 mercredi.

Battu dans un premiertemps, votre réflexe a étéde féliciter Michal Marti-kan, avec le sourire. Vousn’avez pas d’atomes cro-chus avec lui et pourtant cegeste fair-play était sincè-re. Pourquoi?

- Je fais ma course. Je ne regretterien, je déclare que je suis battupar meilleur. Un juge dit qu’il tou-che, je me retrouve premier, luideuxième et ça ne change rien surle fond. Je le félicite ce qui dé-montre un sens de l’ouverturechez moi. C’est vrai que j’ai uneprofonde admiration envers lesautres. J’aime me planquer, je n’ai-me pas me mettre en avant. C’estma personnalité, mon éducation.Je suis assez humble, modeste, in-troverti mais sans plus, il faut pasexagérer non plus (rires). Mais jesuis aussi capable d’aller vers lesautres. J’ai de très bons copains dans cemilieu et j’ai été très marqué à l’ar-rivée. Des concurrents, StephanPfannmöller (l’Allemand médaillede bronze) et Robin Bell l’Austra-lien (4e), m’ont dit, après être arri-vé alors que Martikan n’avait paspris le départ: il faut que tu gagnesTony, il va toucher, l’or est pourtoi. Ces gars sont des potes et onest en train de s’organiser pour al-ler fêter ça ensemble.

Martikan, je ne le connais pas. Per-sonne ne le connaît. Quand je mesuis approché de lui, je l’ai félicité,il n’a pas répondu. Je lui ai serré lamain, elle était toute molle. Je luidonné une petite tape amicale surl’épaule, il ne s’est pas retourné. Il devait être sur une autre planète(dubitatif). Je n’ai jamais pu lui of-frir un verredepuis letemps qu’onse connaît.Malgré tout,c’est un trèsgrandchampionavec un palmarès énorme dont jeme rapproche. Grâce à lui, j’ai prismon pied (sourire).

Après celle de Sydney, vot-re frère Patrice a reçu unenouvelle fois cette médailleen cadeau. Comment setraduit votre complicitéévidente?

Elle est surprenante. Depuis tou-jours, elle est cachée. (Là, un voile

inonde les yeuxde Tony, ému,gêné). On n’estpas capable de lamontrer, de nousla montrer. Il y ade la distance, dela pudeur, du

respect pour l’autre. On a peur dele déranger puisque chacun sou-haite le meilleur à l’autre. On n’o-

se pas. Il y a peu d’échanges. Entout cas, ils ne sont pas dans ledomaine du verbal mais plutôtdans les regards, par une attitude.On ne se parle pas beaucoup. C’est la même chose avec Aldric(le frère aîné). Je pense que çavient de notre milieu sportif, desathlètes de haut niveau (1). Aldricet Patrice étaient très proches, ilsont un an d’écart. Moi, j’en ai cinqavec Patrice, six avec Aldric. Je n’aijamais beaucoup joué avec eux,j’avais des copains de mon âge, ilsavaient les leurs. J’ai bien dû lesfaire ch... parce que j’étais le petitdernier mais je n’ai pas le souvenirde bagarres ou de choses commeça. Et je suis fier de mes deux frè-res. Je suis vigilant pour ne pas

qu’Aldric prenne ombrage du faitque je dédicace de nouveau cettedeuxième médaille à Patrice. Jepréfère dire la vérité: c’est Patricequi m’a permis d’être là où je suis.Aldric est le garde-fou. Quand ilallait faire une séance d’entraîne-ment avec Patrice, il faisait la sui-vante avec moi. Il ne s’est pas sa-crifié mais presque, pour quequand ça n’allait pas très fort entrenous, ça aille quand même.

L’an dernier, après votremédaille d’argent à Augs-bourg, vous évoquiez àdemi-mot une retraite pos-sible cette année. Depuishier, vous parlez d’être pré-sent aux JO de Pékin. Est-cedans l’euphorie de la vic-toire?

- Il y a deux ans, je réfléchissais àl’après 2004 parce que le haut ni-veau, c’est dur, ça demande beau-coup de sacrifices. Et puis je medisais qu’il y a autre chose dans lavie que le canoë. En 2003, et plusexactement depuis ma victoire àBratislava (2), j’ai vécu une annéefabuleuse, sans blessure, sans pé-pin. J’ai 26 ans et pourquoi je mepriverai de tout ça? Je voulais arrê-ter sur une grande victoire. Je nel’ai jamais raconté à personne maisau fond de moi, je me suis dit quesi je gagnais à Athènes, j’arrêterai.Je m’aperçois que c’est le regarddes autres qui me pesait. J’ai be-soin du bateau pour m’accomplir,pour vivre. Je n’ai plus rien àprouver. J’ai toujours autant deplaisir sur l’eau, je fais du canoëpour moi, je peux encore progres-ser. Pékin en 2008? Allons-y, jefonce. Et si j’y vais et que jeprends une grosse tole, et bien cen’est pas grave.

(1) La situation est identique dans la fa-mille Péchier où les deux frères sont auxJeux. Nicolas, en canoë monoplace, est par-ti par la petite porte en qualifications et Be-noît participe ce matin à la demi-finale enkayak. Eux aussi ont un père qui a pratiquéla discipline au niveau international.

(2) Tony a remporté, dans la foulée desMondiaux d’Augsbourg en 2003, les cour-ses de Bratislava qui lui ont permis de rem-porter sa première Coupe du monde. Depuiscette date, il est invaincu sur le plan inter-national.

« J'ai besoin du bateau pour m'accomplir, pour vivre », souligne Tony Estanguet.

«Pékin 2008 ? Je fonce»Tony Estanguet est un immense champion et un jeune homme très attachant, plein de richesses et de sensibilité. Découverte.

CANOE-KAYAK • Rencontre avec le double champion olympique palois, entré dans l’histoire mercredi

AFP

De notre envoyée spéciale

Son emploi du temps est pluschargé que celui d’un ministre

depuis mercredi et cette deuxièmemédaille d’or.

Tony n’a pas chômé depuis qu’ilest descendu du podium, sa cou-ronne d’olivier sur la tête, sa mé-daille en poche.

Elle est superbe, elle est lourde,«et contrairement aux autres olym-piades, celle-ci contient vraimentde l’or.

C’est l’exacte réplique de celles de1896. C’est pour ça que tout est

écrit en grec et que les symbolessont d’époque.»

Tony Estanguet la montre sansrechignier.

Il sait qu’elle symbolise le rêve,celui qui a obsédé ses nuits de pe-tit garçon. «J’ai quitté le site à15h30 et je me suis mis au lit, cre-vé, à 2 heures du mat» raconteTony. «Ma première escale a étépour les supporters français de LaTribu installés à la marina touteproche. Il y avait plus de 150 per-sonnes. Je sentais que tous avaientvibré, pleuré pour moi. C’est tou-chant de sentir qu’on génère au-tant d’émotions. Tout le monde

voulait toucher ma médaille, meféliciter. C’était vraiment très cool»souligne le champion. «J’ai retro-uvé Laetitia et ma maman. Elleétait très émue, pas à cause de monrésultat. Je crois qu’elle étaitcontente que ce soit fini. Elle a eutrès peur pour moi, tout simple-ment.»

Plus de cent textosEnsuite direction l’IBC, le centre

international de presse audio-vi-suelle où il a enchaîné toutes lestélés. «La délégation française amis voiture et chauffeur à madisposition pour ce marathon. C’est

drôle et j’en profite. Là, j’ai faittoutes les télés françaises, en di-rect. J’ai été accueilli très chaleu-reusement partout. On m’a félicitésans arrêt», apprécie Tony.

Vers 21h30, direction le clubFrance. «Henri Serandour, prési-dent du comité olympique et Jean-François Lamour étaient là. Le mi-nistre m’avait longuement félicitéau bord du bassin, il pleurait. Là,il m’a souhaité la bienvenue dansle club des 7 et a prononcé unsuper discours. Vers 23h, une tablede 12 personnes m’était réservée.J’y ai retrouvé Laetitia, ma mère, lafamille. Je n’ai pas été très présent

pendant le repas mais il m’a per-mis de souffler» évoque Tony quin’avait quasiment rien avalé de-puis son réveil le matin, à 7h. «En-suite, je me suis excusé. J’ai filé, jen’en pouvais plus. Je suis rentrétout seul, avec mon chauffeurquand même, au village. J’ai trèsbien dormi jusqu’à 8 heures».

Depuis, le marathon média a re-pris, celui du téléphone aussi.Mercredi, Tony a reçu plus de centtextos, sa boîte les distille par pa-quet de 20. Sa messagerie explose.Il est heureux.

B. P.

«La médaille, tout le monde veut la toucher»La grande soirée du titre de Tony Estanguet entre télés, radios, photos et hommages du ministre

«Je suis fier de mes deux frères(...). Patrice m’a permis d’être

là où je suis.Aldric est le garde-fou»

Aujourd’hui à la télévisionBEACH-VOLLEY : championnat de France à Gruissan, à 11 h et 16 hsur sport+. CYCLISME : Tour du Limousin à 10 h 15 sur Sport+.FOOTBALL : Ligue 2, Nancy-Montpellier à 19 h 30 sur Europsort.JO: sur France Télévisions et Canal+ (voir programme en page 20)avec du kayak et Fabien Lefèvre à partir de 9 h 35 pour la demi-finaleà partir de 11 h 10 pour la finale.

Page 11: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

Mise en liberté dansle dossier RonsardEn l’absence de charges à son encontre, la chambred’instruction a décidé hier la remise en liberté deMohamed Adnani détenu depuis le 14 janvier dans ledossier de l’incendie du poste de police Ronsard.

P. 4

HIER SOIR A BUROS

Incendie à l’écoleLa salle de repos de l’école de Buros a étéravagée hier soir par un incendie. Un coup durà la veille de la rentrée qui reste maintenue.

P. 20

Espoirschez SanorthoLe Comité d’entreprise donneraaujourd’hui son avis sur les deux offresde reprise de Sanortho à Orthez. L’uned’elle prévoit la reprise de la totalitédes salariés.

P. 17

Le grand jourde la rentréeJour de rentrée dans le primaire. EwaLatuszynska accueillera ce matin sesvingt premiers élèves à Marie-Curie àPau, tandis qu’à Aubertin, Isabelle etAnnie se partagent la classe.

P. 3 et 48

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Jusqu’au samedi 4 septembre

LES BONNES AFFAIRESLES BONNES AFFAIRESVIANDE BOVINEROTI x 2(Tende de tranche, tranchegrasse, macreuse)Caissette 2 à 3 kgOrigine France 8!95

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EMMENTALDE SAVOIEau lait cru, 45 % MGOrigine France 8!40

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PYRÉNÉES PRESSE No 18 187 - 0,80 !Mercredi 1er septembre 2004AF

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RALLYE AUTOMOBILE

La Soule dévoile ses Cimes

Le 48e Rallye des Cimes part vendredi deLescar pour rejoindre la Soule. Présentation.

P. 5

OTAGES EN IRAK

Nouvelles heures d’angoisse

À l’heure où l’ultimatum expirait hier soir, on res-tait sans nouvelle des deux journalistes français.

P. 42

Les supporters se sont pressés hier au Palais Beaumont pour toucher les médailles olympiquesdes deux champions palois de retour d’Athènes. Une fête paloise savourée jusqu’au bout de lanuit par Tony Estanguet et Fabien Lefèvre. P.7

Ascencion TORRENT

Cueillir la truiteau Bersau

A quelque 2 100 mètres d’altitude,quatre copains pêcheurs se retrouventle week-end au lac du Bersau enOssau, pour taquiner la truite fario.

Cahier central

*R1010904*

LES DEUX MÉDAILLÉS FÊTÉS A PAU

LA RUÉEVERS L’OR

Page 12: 2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

PAU &

GRAND PAU

7Mercredi 1er septembre 2004

RalentissementLes travaux de la Cyberba-se, un des hauts lieux dePau Broadband Country quidoit ouvrir dans quelquessemaines, se poursuivent.En attendant l’arrivée dutrès haut débit pour surfersur Internet, les automobi-listes découvrent le bas dé-bit pour rouler rueDespourrins. En effet, la cir-culation est toujours réduitesur une voie. Hier, des tran-chées ont été creusées dansla chaussée. Mais ce dés-agrément n’est que provi-soire.

CLIN D’ŒIL

❍ EN VILLE

Eaux vives« Avoir des champions tels queTony et Fabien est un atout ex-traordinaire pour notre projetde futur stade d’eaux vives,dont les travaux vont débuterau printemps prochain », a rap-pelé, hier soir, André Labarrère(voir notre édition du 23 août).« Ça booste le projet », a ajoutéPatrice Estanguet. « Le canoë-kayak et l’eau vive, c’est à Pau.Notre bassin sera semblable àcelui d’Athènes : même débit,même dénivelé… seule l’eausera douce au lieu d’être sa-lée ».Pour le directeur technique na-tional, le futur Pôle Elite Fran-ce de Pau sera « un outil ex-ceptionnel. »

ImagesL’arrivée des champions paloisa été filmée hier, notamment laréception au palais Beaumont,avec plateau sur l’eau du bas-sin et écran géant. Eric Dour-nès, qui animait la soirée, avaitrêvé d’une telle configurationpour l’inauguration du palais…mais il avait dû y renoncer : iln’y avait pas encore d’eaudans le bassin. Hier soir, lascénographie était l’œuvre deGeorges Escoffre, du servicedes manifestations publiquesde la ville. Et le service com-munication a bien fait les cho-ses : les meilleurs moments dela soirée seront visibles très ra-pidement sur www.pau.fr etsur le câble.

Ousse-des-BoisHier matin, comme prévu, uneréunion en mairie a rassemblétous les acteurs et les institu-tions intervenant sur le Ha-meau avec les élus pour fairele point de l’été, et envisagerl’avenir. Un rendez-vous importantpour définir le futur projet demaison des associations, quiprendra la place de la MJCd’Ousse-des-Bois, désormaisfermée (liquidation judiciaire).Le projet mûrit.

HommageHier soir, André Labarrère etJosy Poueyto ont rendu hom-mage à Victor Boyer, dont ilsvenaient d’apprendre le décès.Victor Boyer a été un chefd’entreprise apprécié, et unefigure de la Section paloise etdu golf de Billère.

CHAMPIONS ! • Tony Estanguet et Fabien Lefèvre accueillis par des centaines de supporters, hier

La grande famille du canoë-kayak est à la fête. Il est18 h 30, hier, elle attend seshéros à l’aéroport. La « Tri-

bu » hisse les couleurs et monte leson. Les autres supporters sontdans le ton. Un camion-benne estdécoré : à ce drôle de navire, leclub palois accroche, comme destrophées, les bateaux des précé-dentes conquêtes olympiques desfrères Estanguet. André Labarrère,le sénateur maire de Pau, et Jean-Jacques Lasserre, le président duconseil général, accordent leur en-thousiasme, sincères.

Avec quelques minutes de re-tard, le vol Air France 7456 venud’Orly débarque Tony Estanguet et

Fabien Lefèvre, l’or et le bronze,accompagnés par Antoine Goets-chy, directeur technique national,et Christophe Prigent, directeurdes équipes de France de slalom.Les deux champions, mêmes co-stumes et cravates, médailles enpoche, arrivent sous l’ovation dansle hall de l’aérogare. Lous Cailha-baris enquillent « La Marseillaise » àpleins poumons. La famille et lesamis d’abord. Premier bain defans, photos et autographes. « Quedu bonheur : enfin rentrer à lamaison, et partager cette médaille.La vraie fête peut commencer… »,souffle Tony.

Sous bonne escorte, c’est undrôle de cortège qui file ensuite

vers le centre ville. Fabien Lefèvreen cabriolet, suivi des frères Estan-guet en Jeep avec André Labarrè-re. Et une kyrielle de pagaies, ca-noës et kayaks.

Le défilé est coloré, gentimentbruyant, mais il n’y a pas fouledans les rues. Dommage. L’heu-reuse surprise est au palais Beau-mont où Pau leur a préparé unebelle fête. Plus d’un millier de per-sonnes sont là. Des jeunes kaya-kistes naviguent sur le bassin, au-tour de la scène qui accueille leshéros. Bientôt défilent sur écrangéant les images d’Athènes, com-mentées par les champions eux-mêmes.

« Le plus important, c’est d’avoir

fait vibrer tout le monde : je vais es-sayer de vous faire encore rêver, etd’assurer le spectacle », lance Fa-bien Lefèvre. Tony Estanguet tou-che au cœur : « Mon titre olym-pique, c’est une médaille defrangins ». À ses côtés, son frèrePatrice ne peut cacher son émo-tion. Et tout le monde est à l’unis-son. Surtout quand Tony ajoute,un peu plus tard : « D’abord, merciaux Palois ! », André Labarrèreaime les défis : « En 2008, je veuxdeux médailles d’or ».

La nuit est tombée et la fête glis-se enfin vers le Gave, au pontd’Espagne. Comme un retour à lasource.

BRUNO ROBALY

Une cote d’amour olympique

Les deuxchampions

ont été accueillis,hier soir,

sur une scènedressée au milieu

du bassindu Palais

Beaumont,devant

des centainesde supporters.

Les Palois médaillés d’Athènes ont été ovationnés à leur arrivée à l’aéroport, puis devant le palais Beaumont.

Reportagephoto:

AscencionTORRENT

Même en bronzeà Athènes,Fabien Lefèvrevaut de l’orpourles autographes.

Le bassindu Palais

Beaumontétait transformé

en staded’eaux-vives.

Les jeuneskayakistes

ont apprécié...

André Labarrère porté par les héros d’Athènes. Dès l’aérogare, se fut la ruée vers l’or.