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L’agriculture sur l’eau en milieu urbain : les hortillonnages d’Amiens et les chinampas de Xochimilco,Bulletin de l’Association de géographes français, Paris, AGF, 2003 n° 3, pp. 325-337. The peasants of Amiens (Somme) and Xochimilco (Mexico), developed comparable agricultural systems, based on the conquest and the development of marshy zones. Water plays a crucial role in the formation of these original landscapes, now located in urban territories and subjected to strong land pressures…

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L'agriculture sur l'eauen milieu urbain:les hortillonnages d'Amienset les chinampas de Xochimilco(ON-U/ATER AGRICIILTURE IN URBAN AREA:HORTILLONNAGES OF AMMNS AND CHINAMPA,S OF XOCHIMILCO)

Alain MIISSET*

RÉSUUÉ. - Dans des contextes socio-économiques, historiques et culturels trèsdifférents, les paysans d'Amiens (Somme) et de Xochimilco (Mexique), ont développédes systèmes agricoles comparables, fondés sur la conquête et la mise en valeur dezones marécageuses. L'eau joue un rôle essentiel dans la formation de ces paysogesoriginaux, aujourd'hui enclavés dans le tissu urbain et soumis à de fortes pressions

foncières. Une politique de protection fficace a préservé le cadre des hortillonnageset des chinampas, mais Les activités liées à I'agricubure sont en déclin, au profitd'< espaces verts > destinés aux citadins.

Mots-clés: Amiens, Xochimilco, hortillonnages, chinampas, canaLLy, paysages, agri-culture, e spac e s v erts.

ABSTRACT. - In very different socio-economic, historic and cultural contexts,the farmers of Amiens (Somme) and Xochimilco created comparable agricultural sys-tems, based on conquest and expoitation of swamp areas. Water plays an essentialpart in the creation of these original landscapes, today enclaved in the urban areaand subjected to land pressures. A land politics of protection preserved the hortillon-nages and chinampas, but the the agricultural activities are declining, while greenspaces for urban people progress.

Iky words: Amiens, Xochimilco, hortillonnages, chinampas, canals, landscapes, far-ming, green spaces.

* EHESS-Paris.

BAGF - GEOGRAPHIES - 2003.3

A, MUSSET

Vouloir ccmparef 1es hortil lonttages d'Atniens L'1 les t'hintnqltis cie Xochi-milco peut appai-aître coûlme Ltn exelcice périlieux elLri clierche. poLrr ie piui-sir, à comparer I' irconrparable. En eilèt, or:tre le fait rlue ia Fltiice , ', icir.r.pays industrialisé. et le Mexique, jeune nation eu voie dc ciér'eloppenent. ncjor,rcnt prs dans ia nêrre catégofie sur le irlan écort,,'rrtiquc'. i i peut semblc.rhasardeux de vculoi;"lnettre sut' le tnême plan Aluiens. niodeste préf'ectulu' dc170 000 habitants. et Ntexico, capitale d'Etet et 111(11;q''pole iritÈrnrltionirle clontla populat ion dépassc les cl i r --hLnt rni l l ions,. l 'ânies ( l ) isn" ic, t fedéral et c()ut-n-rllnes agglornérées).

Pourtant, l 'étLrde cornparée des hortil lonnrlges ct des i./nririrripri,s nc' sc.limite pas à une iigure cie style géographique. puisqLte, daiis les deux cas. onir:trouve des élérlents qui nrettent en valeur un irspecl méconnu cles relationsqu'entretiennent 1'eau, la villc et le monde rural - au-delà des ir-oritières cultLr-relles et des modèles économiques. Certes, les hortil lorrnages d'Amiens necolrvrent pas plus de 300 hectares (dont rnoins de 25 sont lujoLrrd'hui culti-vés), alors que les cltinampas de Xochirailco couvrent une supedicie dix lbisplus grande, mais, de part et d'autre de 1'Atlantique, les fbnres,J'occupationet d'exploitation de I'espace présentent de nombreux points communs. Lespaysages élaborés par plusieurs générations de paysans sont ideiltiques cl.dans un contexte rnarqué par une forte pressioti fbnciàre, les luttes pour lecontrôle des dernieis terains agricoles conquis sur les marais peuvent se sr,rl-der par de très fortes tensions entre groupes sociaux aux intérêts divergents.

La comparaison pennet donc de travailler sur des écosystèmes en granclepart ie art i f ic iels, mais qui, dans les deux aggiomérat ions, sont présentéscomme des espaces <naturels> fragiles, menacés par la croissance urbaine. Enmettant en vaieur ce qui, dans des contextes géographiques et culturels entiè-rement différents, dépend de I'universel, l 'exercice relativise la valeur clesdécoupages socio-économiques traditionnels et montre que, plus que janrais.il est nécessaire de penser systématiquernent I'organisation des territoires àl'échelle de la parcelle comme à celle du monde.

1. Naissance d'un paysage original

A Mexico comme à Amiens, la présence de zones rnarécageuses à proxi-mité du noyau urbain initial a favorisé ia mise en piace d'espaces agricclesoriginaux qui, après avoir perdu au fil du temps ilne grande i:artie de leursfonctions productives, font aujourd'hui I'objet d'une attention pariicL;lièrc -non seulement de la part des habitants, soucieux de leur bien-être, tnais rr-tssides autorités locales, désireuses de conserver de.r paysiiges clésormais considé-rés comme un véritable patrimoine historique.

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1.1. Deux sites liés à I'eau

Située à soixante-dix kilomètres de la mer, I'ancienne Samarobriva estinstallée sur la rive droite de la Somme qui, à cet endroit, présente un débitmoyen de I'ordre de21 à 28 m3ls. La vallée est ici à la fois un obstacle et unpoint de passage: alors que, sur le versant sud, le plateau picard s'abaisseprogressivement vers le lit du fleuve, passant de cent à vingt mètres d'alti-tude, le versant nord est marqué par un fort talus qui atteint vingt mètres dehaut. La vallée, humide et tourbeuse, recouverte de marécages, traversée parles bras multiples de la Somme, est large de plus d'un kilomètre en amont eten aval de la cité, mais elle ne dépasse pas 500 ou 600 mètres à la hauteurd'Amiens. On notera cependant que le site initial de la ville se situe à l'écartdu cours d'eau, sur une terrasse dominant de quelques mètres le fond de lavallée. Les habitants se protégeaient ainsi non seulement de I'humidité géné-rée par les marécages, mais aussi des inondations provoquées par les cruespériodiques de la Somme, dont on a pu observer les effets dévastateurs auprintemps 2001.

L'ancienne Xochimilco, en revanche, était une ville lacustre, située dansune cuvette endoréïque. Dès leur arrivée dans la vallée de Mexico, en 1519,les compagnons de Cortés remarquèrent que les habitations étaient en grandepartie bâties sur I'eau. Sa richesse était fondée à la fois sllr une agricultureprospère et sur sa position privilégiée au bord des lacs qui recouvraient Lrnegrande partie du bassin de Mexico avant I'arrivée des Espagnols (Armillas,1971;Rojas Rabiela, 1993 et 1995). Les travaux de drainage entrepris par lesconquérants pour protéger leur capitale des inondations qui, de manière pério-dique, menaçaient leurs vies et leurs biens, entraîna une réduction inéluctabledes étendues lacustres et des marécages d'où les populations indigènes tiraientune grande pafiie de leur subsistance (Musset, 1991).

Les écosystèmes de la vallée de la Somme ont connu une évolution diffé-rente, mais qui s'est soldée par une situation tout aussi délicate (Rabamana-haka. 1991;Rattel , 1980). En effet , les faubourgs d'Amiens se sontproeressi-vement étendus sur des parcelles difficilement gagnées sur les zones humides.Au XiIe siècle, des fossés furent construits autour des remparts pour mleuxassurer la sécuri té de I 'agglomérat ion. Af in de mieux exploi ter l 'énergiehy.Jl'lulique fournie par le fleuve, de

-grands travaux firrent réalisés: approfon-

dissement des canaux, construction de quais en pierre. Le nouveau quartier deSainrl-eu fit son apparition, au nord de la viile, tandis que les paysans entre-prenaient la lente conquête a-ericole des marais voisins. Cette évolution fitd'Amiens une <petite Venise>, pour reprendre I'expression aitribuée au roiLouis XI au cours d'un séjour en Picardie. Archétype européen de la citéiacustre, Venise servait déjà de modèle de référence aux voyageurs cultivés.

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Quatre siècles plus tard, quand Cortés découvrit Mexico-Tenochtitlân, c'est àla cité des Doges qu'il compara à son tour la capitale aztèquc.

Cependant, cette situation n'a pas duré. Au XVII. siècle, les modes et lessystèmes de productïon proto-industriels ont rapidement ér'olué. Les canauxont été comblés et les moulins fermés. Le XIX" siècle, fondé sr"rr I'usageintensif de 1a vapeur, condamnait l 'énergie hyciraulique à ne plus ôtre qu'uneforce d'appoint. Dans ce contexte, seuis les hortil lonnages ont tiré leur épingledu jeu car la forte productivité des sols régulièrement amendés par les déchetsdomestiques de la cité permettait d'obtenir des récoltes abondantes, dont lesdébouchés étaient assurés grâce à la proximité d'un grand marché consomma-teur (Devaux. 19841 Nègre, 1983).

1.2. Deux systèmes agricoles originaux

En efïet, dans les deux cas, les besoins alimentaires de la populationurbaine ont favorisé le développement, puis le maintien d'une àgiiculturemaraîchère très productive. Pour renforcer des conditions naturelles favo-rables, les cultivateurs ont eu recours à des méthodes identiques: apport deterre, de vase et de débris végétaux pour enrichir les sols, amendement parfumier naturel, d'origine humaine ou animale (guano de dindon et de chauve-souris à Xochimilco, par exemple). Aux portes d'Amiens, des emplacementsétaient réservés au déversement des déchets domestiques, qui étaient ensuiteutilisés pour fertiliser les champs. Les hortillonnages servaient ainsi à recyclerune partie des ordures ménagères produites par les habitants de la cité.

A Amiens, la première mention off ic iel le des hort i l lonnages date de1492 - date fatidique I Pourtant, selon la légende locale, c'est en 1220 quedeux hortillons auraient donné le terrain nécessaire pour bâtir la cathédrale quiallait faire la gloire de Ia cité. Selon les estimations les plus probables, les hor-t i l lonnages couvraient déjà I 500 hectares au XV. s iècle. Ce mi l ieu<naturel>, très humanisé, étatt le résultat d'un long travail de préparation etd'entretien. Les jardins à primeurs installés au milieu des étangs étaient divi-sés en îlots (baptisés localement <aires>), séparés par d'étroits canaux dedrainage (les,,rieux"). Ils étaient généralement de forme rectangulaire et necouvraient que quelques dizaines de mètres carrés, afin de conserver I'humi-dité nécessaire à la production des légumes destinés à Ia ville voisine. Ledécoupage des parcelles n'était pas homogène: certaines étaient bordées parun ou plusieurs fossés (ou par un étang); d'autres étaient enclavées et ne dis-posaient pas d'un accès direct aux eaux de la Somme ou de ses affluents.

Les rythmes agricoles étaient soumis à l'alternance des saisons et à lavariété des produits cultivés par les paysans. Le cycle productif traditionnel

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HORTILLON NAGES ET CHINAMPAS

s'étalait sur trois ans. La première année, on semait à la volée, vers la mi-février, pour produire des radis, des salades, des carottes, des orgnons et despoireaux. La deuxième année demandait un investissement plus lourd, puis-qu'il fallait labourer et fumer les champs, redresser rigoles et canaux, renfor-cer les berges, avant de planter pois, pommes de terre, choux et salades. Latroisième année, marquée par de nouveaux labours et un nouvel apport d'en-grais, permettait de récolter radis et salades. A ces productions annuelles, ilfallait en outre ajouter des cultures permanentes, principalement des arbresfruitiers.

A Xochimilco, les paysages ruraux rappelient ceux des hortil lonnages,même si les systèmes agraires sont différents. Les chinampas, improprementappelés <jardins flottants>, forment I'ensemble le plus original de I'agglomé-ration mexicaine. Ces grandes parcelles laniérées, bordées de canaux, sontI'héritage d'une des plus anciennes formes de I'agriculture préhispanique et, àce titre. l 'Unesco les a classées patrimoine mondial de I'humanité. Dès I'ori-gine, la chinampo avait une forme étroite (cinq à dix mètres au maximum),afin de lui permettre de rester humide en permanence et de faciliter I'arrosagedes différents végétaux traditionneilement produits par les paysans: maïs,haricots, piments, amarante, mais aussi fleurs destinées au service des templesou au plaisir égoïste des nobles. A Xochimilco, la superficie minimale d'unlot de chinampas oscillait entre un et deux hectares, ce qui permettait de nour-rir un groupe de quinze à vingt personnes. Au XVI" siècle, l'espace des chi-nampas (champs et canaux) se concentrait autour de la capitale et sur les lacsd'eau douce du sud de ia vallée. On I'estime à presque 120 km2, dont les deuxtiers étaient occupés par les terains cr-rltivés (Rojas, 1974;Parsons,1976).

Au XXe siècle,la croissance de I'urbanisation a directement menacé ce quirestait des espaces ruraux épargnés par la politique hydraulique de l'époquecoloniale - politique poursuivie au XIX. siècle par le Mexique indépendant. Al'heure actuelle, la zone c:hinumperct de Xochimilco ne représente plus qu'unedouzaine de km2, mais une grande partie des paysages ruraux hérités del'époque préhispaniqrrc a été conservée. Quand on se promène en barque lelong dcs Çanaux qui bordent chaque parcelle encore exploitée, on est fiappépar la permanence des modes d'occupation du sol, même si de nombreuxespaces agricoles sont aujourd'hui très dégraclés (Salles, 1988; Banzo, 1994 etI e9s).

1.3. Le rôle des trunsports

A Amiens comnle à Xochimilco, malgré la présence de rues et de routes,les moyens de transport traditionnels n'ont pas été entièrement abandonnés.car ils conespondent à une nécessité et à une contrâinte - la présence de nom-

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breux canaux. Dans les hortii lonnages, le bateau à cornet n'est plus désormaisqu'un élément récréatif, qui a perdu une grande partie cle ses fonctions origi-nelles. Il s'agit d'une barque à fond piat, dont le faible tirant d'eau ltri permetde passer même quand les rieux sont pell profonds. Les bords sont relevés,afin de faciiiter I'abordage des palcelles qui émergent de I'eau. Elle est pro-pulsée par une rarre ou par une perche.

A Xochirnilco, on est aujourd'hui loin des deux cent mille embarcationsqui sillonnaient les lacs du bassin de Mexico au début du XVI' siècle. Onconstate cependant que les habitants continuent à utiliser un moyen de trans-port parfaiternent adapté au milieu amphibie qui les entoure. A 1'origine, ils'agissait de pirogues monoxyles qui pouvaient atteindre quinze mètres delong et transporter jusqu'à une tonne de marchandises. Avec le temps, I'archi-tecture des embarcations se compliqua afin de répondre à des usages mul-tiples. On les divisa en compartiments. on ies couvrit d'une bâche qui proté-geait les marchandises et les passagers de la pluie et du soleil. Comme àAmiens, leur faible tirant d'eau et leur étroitesse permettaient aux indigènesde naviguer facilement entre des canaux souvent exigus et peu profonds.

2. Hortillons et chinamperos z un monde à part?

Indubitablement, les paysans de Xochimi lco et d 'Amiens forment unmonde à part dans les deux agglomérations, même si, sur le plan statistique etdémographique, leur situation ne paraît pas comparable. En revanche. la per-manence des gestes quotidiens liés au travail des champs, le maintien de tradi-tions séculaires, tout comme la revendication historique et culturelle de leuridentité, font que ces deux communautés partagent des valeurs qui dépassentlargement le cadre géographique de leur activité.

2.1. Des populations homogènes

A parlir du Moyen Age, les hortillons ont fbrmé une micro-société très hié-rarchisée, dotée à sa tête d'un capitaine et de deux lieutenants. A la fin duXVIIIe siècle, cette <corporation'comptait officiellemen(47 membres de droit(sans compter les nombreux employés et ouvriers agricoles), qui se transmet-taient leur titre de père en fils. C'est ainsi que sont nées de véritables dynasties,comme celle des Cardon. des Dargent ou des Azerondes, dont on peut suivre leparcours sur plusieurs générations. Depuis le début du XX" siècle, les recense-ments montrent que la population des hortillons tend à décroître inexorable-ment: 950 en 1906, 110 en 1960, et pas plus d'une vin-etaine quarante ans plustard. En 2003, la tradition maraîchère se poursuit, mais les hortillons ne sontplus que neuf et leurs ,,aires, ne recouvrent plus que 25 hectares.

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HORTILLONNAGES ET CHINAMPAS

Quant aux chinomperos de Xochimilco, ils fbrment une communauté bienspécifique, même si les statistiques officielles noient les véritables paysansdans la masse des urbains. Ainsi, à Xochimiico, le recensement de 2000 aenregistré la présence de 3 308 .jontttleros oB peones, cette définition recou-vrant le personnel employé dams I'agriculture ou l'élevage - mais aussi dansIe secteur de la construction ! Cependant, comme cette catégorie représente2.2 7a de la population active du municipe, contre 0,1 Va à l'échelle du Districtfédéral, on peut penser que ces jornctleros travaillent principalement dans desunités de production agricole. Or, les habitants des zones considérées comme<rurales> du District fédéral sont en général plus pauvres et moins bien équi-pés que les autres habitants de Mexico. lci comme ailleurs, les paysans ontdes revenus officiels nettement inférieurs à ceux des autres catégories socio-professionnelles:plus du tiers d'entre eux touche moins d'un salaire mini-mum, quand cette proportion n'est que de 10,6 Vo pour I'ensemble de la popu-lat ion act ive. En outre, du fai t de la structure part icul ière de la zonechinnmpercL, on constate que l'accès aux services de base y est plus difficile:alors que 93 Va des fbyers du District fédéral sont reliés au réseau d'égout etque 78 û/a disposent d'eau potable à domicile, ces chiffient tombent respecti-vement à 7 4 Vc et 56,5 7c poùr Xochimilco.

Cependant, malgré des situations qui peuvent paraître précaires, selon lesnormes comptables du développement humain, l 'urbanisation croissante desmodes de vie dans le District fédéral n'a pas encore gommé toutes les tracesdu passé agricole de la capitale mexicaine (Canabal Cristiani, 1992 et 1997).Certes, ia grande fête de la Coseclta (la Récolte), qui se déroulait au cours dela première semaine de novembre, est tombée en désuétude au milieu desannées 1950, faute d'ouvriers agricoles pour assurer la permanence d'unecolltume clirectement liée aux travaux des champs. Pourtant, chaque année, leshabitants de Xochimi ico part ic ipent à l 'é lect ion de <la plus bel le f leur del'e.jido> - la reine de beauté des chinumpeins (Farias Galindo, 1984). Le cultedu Nino Pa, représentation coloniale de 1'enfant Jésus, compte parmi les tracli-tions les plus vivaces et ies plus ancrées dans la mentalité paysanne des habi-tants cle Xochimilco. Cette poupée confectionnée sur une armature de roseauxet de feuilles de maïs symbolise la relation étroite qu'entretiennent les cfti-nutnperos nvec leur rli l ieu lacustre. Chaclue année, un majordome hébergeI'enthnt Jésus clans sa maison. Cet honneur immense se paye cher. puisclLtel"heulerix c<lu cioit décorer à ses frais tout 1e qr-rartier. inviter à sa table tous lespèierins veuus saluer I'enf'ant sacré et tbire de sa demeure r"rne véritable cha-peile. dédiée à ce fils il légitime de la Vierge Marie et de Tlaioc - dieu de lapluie c'les anciens Vlexicains (Nlusset. 1999).

A Auriens, en revanche. la c1r:asi disparition cles hortil lons a entraîné ladécaclence cies fêtes tradi t ionnel les qLri étaient organisées en I 'honneur cle

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Saint Fiacre. Depuis plusieurs années, une association essaie néanmoins cleranimer la flamme du marché afin de rendre une partie de son lustre à uneactivité qui avait presque complètement disparu, privant les habitants d'un élé.ment essentiel de sociabilité. Quant au bateau à cornet, qui a perdu une grandepartie de son utilité pratique, il fait désormais partie de i'iniagerie iocale etsert à marquer I' identité culturelle de ia population amiénoise, même si lesAmiénois n'entretieqnent plus de relations directes a",ec le système écono-mique et L:s modes de vie 1iés aux hortil lonnages.

2.2. tr,a ville: un partenaire atnbigu

Ni les hortillonnages d'Ariiens ni les chinampas de Xochimilco ne peuvents'expliquer sans la présence proche d'une ville avec laquelle les activités agri-coles entretiennent des relatioirs de plus en plus ambiguës. En effet, même siles deux agglomérations ont connu des rythmes de croissance très différents,les deux espaces agricoies conquis sur les marais - et qui restent marqués enprofondeur par la présence de I'eau -, se retrouvent aujourd'hui enclavés, cer-nés pzr les zones d'habitat ou par les activités industrielles. Au XIII. siècle,Amiens ne dépassait pas l5 000 habitants et couvrait moins de 45 hectares. Ala veille de 1a Révolution française, la superficie urbanisée avait doublé et lapopulation atteignait 43 000 âmes. En 1900, on comptait plus de 90 000 habi-tants répartis sur 1 000 hectares. Une lente croissance, perlurbée par les deuxgueffes mondiales, conduisit la capitale picarde à 105 000 habitants en 1963 -contre plus de 170 000 en 2000 pour I'ensemble de I'agglomération.

Xochimilco, en revanche, a connu une croissance démographique specta-culaire entre le début des années 1960 (70 000 habitants enregistrés) et l'an2000 (presque 370 000, selon le dernier recensement). En plein cæur de l'ag-glomération mexicaine, Xochimilco apparaît donc toujours comme un espacerural homogène, marqué par des traits caractéristiques: omniprésence de I'eau(canaux, étendues lacustres), importance du boisement (arbres plantés pourmaintenir en place les champs gagnés sur les marécages), exiguïté des par-celles, faiblesse de la mécanisation, éparpillement de I'habitat. Sur une sur-face totale de 127,4 km2 (8,5 7a dela superficie du District fédéral), moins de20 7o des terrains sont urbanisés. A elle seule, la délégation de Xochimilcoreprésente le tiers des surfaces agricoles du District fédéral. L'eaujoue un rôleessentiel dans l'organisation du territoire communal puisque, à côté des ter-rains agricoles, une partie de la ville est toujours traversée par des canaux. Denombreuses familles vivent encore sur leur parcelle et doivent employer unebarque pour rejoindre la tere ferme.

A Amiens, le quartier Saint Leu, bâti au Moyen Age sur d'anciens hor-tillonnages, a conservé une partie de ses caractéristiques, malgré le comble-

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HORTILLONNAGES ET CHINAM PAS

ment de la plupart des canaux. Après avoir connu une longue période de déca-dence. marquée par la dégradation du bâti traditionnel et I' installation depopulations défavorisées, i1 connaît désormais une nouvelle jeunesse grâceà une politique active de réhabilitation et de rénovation urbaine. La présenceen amont des hortil lonnages encore en activité est un attrait de plus pour lesnouveaux arrivants, qui espèrent ainsi profiter d'un espace <naturel> parti-culièrement original. garant d'une meilleure qualité de vie. Cet attrait pourun espace agricole qui a perdu une grande partie de ses fbnctions et qui appr-raît de plus en plus comme une coquille vide, ou pour mieux dire commeun <paysage relique>> destiné à I'agrément des citadins, est la manifesta-tion la plus évidente cles relations ambiguës qu'entretient la ville avec sonenvironnement.

3. Des sites préservés, mais des activités menacées

Malgré l'intérêt qu'ils représentent pour les populations urbaines proches -ou à cairse de cet intérêt, les hortillonnages etles chinampns sont des terrainsa-qricoles de plus en plus menacés par la croissance urbaine et par le déclindes activités traditionnelles. La faible rentabilité des exploitations empêche lesunités de production de t'aire face à la concllrrence des activités urbaines et àI'expansion des espaces bâtis. Mais cette évolution, souvent présentée commeinéluctable. n'est pas la seule menace qui pèse sr'tr I 'avenir de I'agriculture slrrl 'eau, à Amiens comme à Mexico.

3.1. Le dfficile maintien d'une vocation agricole

Le principal problème de cette activité traditionnelle dépasse le cadre pure-ment local. puisque la révoiution des transports. avec un temps de décalageentre Xochimilco ct Amiens, a fait perdre aux maraîchers des deux aggloméra-tions leLrr principal avantage: la proxrmité du marché urbain. En efI'et, avec leciéveloppcment des transports frigorifiques. il est désormais plus rentable. pourles clistribLrter"rrs amiénois. de faire appel aux horticr:lteurs d'Espagne. du Midiméditerranéen, de Bretagne ou du Bénélux. C'est pourquoi, afin de préserver lesite ct tlr permettre lc maintien C'une activité maraîchèr'e. le District du GrandAmiens a élaboré un <Schéma

-slobal de sauvegardc et d'aménzr-eement des

Hortillonnages". Drns cc cadre. Llne marcllle symbolique. "les tcho'lésumesdes l{ortil lons" a été créée pour valoriser la production locale.

De la même manière. hzlexico s'approvisionne désormais cle plLrs en plusloin de ses bases agricoles. qui de toute façon ne peuvent pas alimenter lesdix-huit rni l l ions cl 'habitants de la capitale (Link, 199-5). Cette si tuat ion

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A. MUSSET

explique en partie le grand paradoxe de I'agriculture métropolitaine Les carac-téristiques générales-de I'agriculture à Mexico montrent qu'il s'agit d'uneactivité assez repliée sur elle-même, peu ouvelte sur la ville qui I'entoure etqui, souvent, la menace. Conséquence directe de cette situation, les plantescultivécs dans le District fédéral ont en général une faible valeur ajoutée.Ainsi. 58 Vo des superficies sont occupées par le mais, plante de civiljsationpar excellcnce. et par des cultures fourra-qères, principalement I'avoine (cycleagricole 2000-200i), même si les chinantpas de Xochirnilco conservent leurréputation de grande zone de production de fleurs.

3.2. L'ampleur des problèmes écologiques

L'entretien des canaux est une des principales contraintes de ce type d'agri-culture. En effet. à Amiens comme à Xochimilco il faut éviter l'envasementprovoqué par l 'éboulement des ber-ees, l 'apport d'alluvions ou le rejet intem-pestif des déchets agricoles. Dans Ie cas des hortil lonnages, il est nécessaired'assurer l'écoulement des eaux, afin de permettre à la Somme de suivre soncours sans risquer de noyer les parcelles patiemment gagnées sur les marais.C'est pourquoi, deux fois par an (15 mai/l5 juin et 15 septembre/l5 octobre), ilest nécessaire de faucarder les berges - c'est-à-dire de les nettoyer à l'aide d'unrâteau à quatre dents (la faucarde). Régulièrement, on procède au curetage desfossés pour en extraire la vase, la boue ou les restes des légumes pourris et lesrépandre dans les champs. Cette opération permet à la fois de consolider et defertil iser les parcelles cultivées. Cependant, le développement linéaire desberges (on compte 65 km de canaux dans les hortillonnages) rend d'autant plusdifficile leur entretien. En outre, l'accumulation de vases et de limons, matériaufragile et friable, explique la mauvaise tenue des 450 îlots répertoriés à Amiens.

A Xochimilco, Ies paysages ruraux sont marqués par de grands aligne-ments de peupliers qui maintiennent les sols et matérialisent la bordure deschamps gagnés sur les marécages. Le curetage des fossés et 1e plaquage desrésidus sur le sommet des talus permet de compenser en partie l'érosion pro-voquée par I'eau qui s'infiltre dans les berges et mine progressivement leurrésistance. A Amiens, le probième est d'autant plus aigu que le niveau deseaux peut varier considérablement au cours d'une même journée, puisque leshortillonnages se situent dans un bief placé entre deux écluses qui contrôlentle passage des embarcations sur le canal de la Somme. Ces variations journa-lières de niveau provoquent sur les berges des phénomènes de compression etde décompression qui accroissent leur fragilité.

La qualité de I'eau est aussi en cause, plus particulièrement dans le cas deMexico, qui concentre un cinquième de la population mexicaine et au moins letiers de la production industrielle du pays (L6pez Rfos, l98B). Les paysans de

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HORTILLONNAGES ET CHINAMPAS

Xochimilco sont ainsi quotidiennement confrontés à Ia pollution des eaux de sur-fàce qui alimentent leurs <jardins flottants>. En effet, seule une infime partie deseaux usées de I'agglomération est traitée de manière satisfaisante et, dans le suddu bassin, de nombreuses maisons ne sont pas connectées au réseau d'égouts.Deux petites stations d'épuration fbnctionnent à Xochimilco, mais si la capacitéinstallée est déjà faible (180 litres par seconde), les volumes réellement traitéssont infimes: 56 litres par seconde (données de 2001). Les rejets se font doncdirectement dans les canaux qui bordent 1es chinttmpas. En saison sèche, lesbarques chargées de touristes en goguefte flottent sur un liquide noirâtre et mal-odorant, que les paysans utilisent pour arroser leur maïs et leurs légumes frais.

3.3. L'agrtcwhure sur I'eau: espace vert ou écomusée ?

Le prix du foncier est le principal obstacle au développement d'une agri-cul ture commerciale eff icace et rémunératr ice dans I 'agglomérat ion deMexico (Castafleda, l98B). En effet, comme dans toutes les grandes villes dumonde. la valeur potentielle des teruains à bâtir rend peu rentable le maintienou le développement des activités agricoles. Dans ce contexte, seul l 'Etatpeut, s'il en a la volonté, préserver les espaces ruraux de la capitale mexi-caine, afin de garantir aux paysans les moyens de poursuivre leurs activités,mais aussi d'offrir aux citadins une meilleure qualité de vie grâce au maintien,à i' intérieur de I'agglomération, d'espaces non urbanisés.

Le tourisme, qlli a modifié le profil socio-économique des habitants deXochirni lco en les réorientant vers des act iv i tés plus rémunératr ices queI'agricr-riture, peut donc devenir, de manière paradoxale, I'ultime rempart desderniers paysans de Mexico. Le risque est alors de transformer un véritableespâce a-sricole en musée vivant. destiné aux seuls loisirs des citadins fatiguésdu béton, de I'asphalte et des encombrements. Mais si I'on se promène undimanche sur les canallx cle Xochimilco. on peut voir que les habitants deMexico n'ont pas perciu ieurs habitudes en quittant leurs rues congestionnées:près des embarcadères, les embouteillages de barques et de canots, malgréletrrs conleurs vives et leurs décors f1oraux. n'onf rien à envicr à ceux du peri-

.férico ou cl;tt cirt'uilo inlerior alr moment des plus belies heLrres cle pointe.

De ia rnême manière, mais à une alrtre échelle, les hortil lonnages d'Amienssoi l t aujourd'hui essent iel lement considérés comlne Lln (cspace vert>. unezone écoklgique à présel"rel ru rein cle l 'a-eglornérat ion urniént-r ise. Des zonesprotégées permettent à la flore et à la faune locale de se développer, môme siI'environnement n'a plus rien de naturel. Des <sataris photos> sont organiséspollr peilreitre allx visiteurs venus de toute I'Europe cle prendre sur le vif desespèces rares on en voie cle disparition dans la banlieue des antres grandesvilles françaises (amphibiens. oiseaLrx, petits mammifères aqLratiques). Chaque

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année, du premier avril au trente octobre, I'association de protection des hor-tillonnages permet allx touristes de se promener au milieu des hortillonnages.sur des embarcations qui ressemblent à la traditionnelie barque à cornet.

Conclusion

A Arniens comme à Xochimilco, les paysages préservés par les pouvoilspublics fonctionnent de pius en plus comlrre des coquilles vides. Leur protec-tion en tant qu'<espaces verts> se fait dans un contexte international f'avorableà la prise en compte des milieux dits <naturelsr> dans des territoires urbains àla recherche d'un nouveau souffle. Mais si le monde rural de Xochimilco estencore bien présent, ce n'est plus le cas à Amiens, où les hortil lonnages appa-raissent comme une vaste scène de théâtre dont les derniers acteurs semblentvoués à disparaître. En ce sens, les deux espaces considérés sont caractéris-tiques des relations arnbiguës que le monde urbain actuel, dépassant le cadretradit ionnel des aires cul turel les. entret ient avec son environncment

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Manuscrit reçu le 6 juiilet 2003 ; accepté le 15 seprembre 2003

Questions:

'k Yves Bocquet:

- Les chinamperos soni-ils Indiens ou métis ?

- Réponse: les chinamperos ne sont plus des <Indiens>. Comme les autres habitantsde Mexico. ce sont des métis. Les seuls vrais Indiens de I'agglomération mexicaine sontdes migrants venus de la canpagne, mais qui ne s'instailent pas dans ces espaces rurauxpréservés, oir habitent des populations enracinées depuis plusieurs générations.

- Existe-t-il un phénomène de gentrification à Xochimilco ?

- Réponse: malgré les mesures de protection prises par la municipalité. des iotis-sements réservés aux classes moyennes ont été construits dans la périphérie des chi-nampas, souvent sur d'anciennes parcelles cultivées. En levanche, le centre historicluede Xochiniilco, encore traversé parde nombreux canaux, reste un espace urbain (tra-ditionnel >. qui n'attire pas les catégories sociales les plus favorisées de la capitale.

'F Michel Blochu:

- Cotrtnent résottt-on à Mexico la qr.restion de 1'ear.r potable dans ce milieu natulels i polJue')

- Réponse: ce n'est peut-êtl^e pas la pollution en soi qui pose le plus cle problème.mais plutôt la cliff iculté d'installer les conduites d'eau potabie clans nn rnil ieu mat'éca-

-eeux. Les populatiorts urbaines de Xochirri lco sont reliées au réseau. Ceux qui vivent

stlr des parcelles isolées cloivent transporter des .jelricans ou acheter des bombonnesd'eau traitée, type Electlopura (c'est une solutiolt acloptée par la plupart cles farnil lesmexicaines qui ne font pas confiance à 1'eau du robinet).

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