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6 2. ÉTUDE DES PERSONNAGES Le roi Tsongor Le personnage du roi Tsongor est placé au cœur du roman, en témoigne le titre éponyme, mais qui n’appréhende le personnage que par le biais de sa mort. En effet, cette dernière est un élément structurant, car elle est le point d’origine de la guerre et du voyage initiatique de Souba. Elle dure des mois et des années, au cours desquelles Tsongor, pris entre deux mondes, suit les batailles et assiste au passage des morts. Finalement, il trouve la paix lorsque Souba l’enterre dans le tombeau des montagnes. Le roi Tsongor, l’homme Tsongor, est un personnage ambigu, contradictoire et obscur, tourmenté par son passé, dont la part sombre se découvre au fur et à mesure de la narration. Lorsque son père, sur son lit de mort, refuse de lui donner son royaume en héritage et lui rit au nez, Tsongor part avec pour seul bien une pièce de monnaie, déterminé à conquérir le monde, hanté par le rire de son père. Vingt ans de conquêtes et de tueries le portent à la tête d’un empire immense et merveilleux. Il a « vieilli à cheval » et dans le sang. Las, il décide de cesser ses conquêtes et d’administrer son royaume. Le chef de guerre sanguinaire cède le pas au père généreux et au souverain plein de sagesse. Le portrait de Tsongor que construit Souba au fil de son errance lui dessine un « visage d’éternité » dans des lieux hautement symboliques. Ainsi découvre-t-on les différentes facettes du personnage : pour Tsongor le glorieux, un palais splendide dans les jardins suspendus de la ville de Saramine ; pour Tsongor le bâtisseur , une pyramide dans la forêt des baobabs hurleurs ; pour Tsongor l’explorateur , une ile cimetière dans l’archipel des manguiers, « les dernières terres avant le néant » ; pour Tsongor le guerrier , des salles troglodytiques peuplées d’« une armée immense de soldats de pierre » dans les plateaux rocailleux des terres du Centre ; pour Tsongor le père, une haute tour avec à sa cime une pierre translucide dans le désert des figuiers ; pour Tsongor le tueur , le sauvage, un tombeau maudit dans une crique putride et mortifère du désert de pierres ; pour Tsongor, enfin, le palais creusé dans la roche dans les hautes montagnes du Nord, « somptueux mais caché » (p. 194), sa « dernière demeure » (p. 177). Katabolonga Katabolonga est le porteur du tabouret d’or , premier serviteur du roi, élevé par lui au statut le plus honorifique. Il est grand et maigre, âgé et fidèle. Dernier survivant du peuple des rampants massacré par l’armée conquérante du jeune Tsongor, il est le détenteur de la mort du roi. Celui-ci lui a offert sa mort, quand il le souhaite et en toute impunité, en réparation du mal qu’il lui a causé. Avec le temps, une amitié profonde est née entre eux et, au moment de tuer Tsongor, Katabolonga ne peut s’y résoudre. Il est l’ombre du roi, l’ombre de la mort, chargé de le suivre partout ; ainsi, il incarne sa mauvaise conscience, sa honte et le souvenir de toutes les vies qu’il a prises dans sa jeunesse meurtrière et sanglante. D’ailleurs, lorsque Tsongor repose enfin en paix dans le tombeau des montagnes, sa punition achevée, Katabolonga meurt lui aussi.

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2. ÉTUDE DES PERSONNAGES

Le roi Tsongor

Le personnage du roi Tsongor est placé au cœur du roman, en témoigne le titre éponyme, mais qui n’appréhende le personnage que par le biais de sa mort. En effet, cette dernière est un élément structurant, car elle est le point d’origine de la guerre et du voyage initiatique de Souba. Elle dure des mois et des années, au cours desquelles Tsongor, pris entre deux mondes, suit les batailles et assiste au passage des morts. Finalement, il trouve la paix lorsque Souba l’enterre dans le tombeau des montagnes.

Le roi Tsongor, l’homme Tsongor, est un personnage ambigu, contradictoire et obscur, tourmenté par son passé, dont la part sombre se découvre au fur et à mesure de la narration. Lorsque son père, sur son lit de mort, refuse de lui donner son royaume en héritage et lui rit au nez, Tsongor part avec pour seul bien une pièce de monnaie, déterminé à conquérir le monde, hanté par le rire de son père. Vingt ans de conquêtes et de tueries le portent à la tête d’un empire immense et merveilleux. Il a « vieilli à cheval » et dans le sang. Las, il décide de cesser ses conquêtes et d’administrer son royaume. Le chef de guerre sanguinaire cède le pas au père généreux et au souverain plein de sagesse.

Le portrait de Tsongor que construit Souba au fil de son errance lui dessine un « visage d’éternité » dans des lieux hautement symboliques. Ainsi découvre-t-on les différentes facettes du personnage :

• pour Tsongor le glorieux, un palais splendide dans les jardins suspendus de la ville de Saramine ;

• pour Tsongor le bâtisseur, une pyramide dans la forêt des baobabs hurleurs ;

• pour Tsongor l’explorateur, une ile cimetière dans l’archipel des manguiers, « les dernières terres avant le néant » ;

• pour Tsongor le guerrier, des salles troglodytiques peuplées d’« une armée immense de soldats de pierre » dans les plateaux rocailleux des terres du Centre ;

• pour Tsongor le père, une haute tour avec à sa cime une pierre translucide dans le désert des figuiers ;

• pour Tsongor le tueur, le sauvage, un tombeau maudit dans une crique putride et mortifère du désert de pierres ;

• pour Tsongor, enfin, le palais creusé dans la roche dans les hautes montagnes du Nord, « somptueux mais caché » (p. 194), sa « dernière demeure » (p. 177).

Katabolonga

Katabolonga est le porteur du tabouret d’or, premier serviteur du roi, élevé par lui au statut le plus honorifique. Il est grand et maigre, âgé et fidèle. Dernier survivant du peuple des rampants massacré par l’armée conquérante du jeune Tsongor, il est le détenteur de la mort du roi. Celui-ci lui a offert sa mort, quand il le souhaite et en toute impunité, en réparation du mal qu’il lui a causé. Avec le temps, une amitié profonde est née entre eux et, au moment de tuer Tsongor, Katabolonga ne peut s’y résoudre.

Il est l’ombre du roi, l’ombre de la mort, chargé de le suivre partout ; ainsi, il incarne sa mauvaise conscience, sa honte et le souvenir de toutes les vies qu’il a prises dans sa jeunesse meurtrière et sanglante. D’ailleurs, lorsque Tsongor repose enfin en paix dans le tombeau des montagnes, sa punition achevée, Katabolonga meurt lui aussi.

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Sango Kerim

Sango Kerim est ce que l’on peut appeler l’« élément perturbateur » dans la structure du récit. Son arrivée bouleverse les projets de Tsongor, et transforme une ville festive en lieu de deuil et de sang. Il a pourtant une profonde affection pour le roi Tsongor, qu’il considère comme son père et qui l’a élevé jadis avec ses propres enfants. Mais il est amoureux de Samilia et il a quitté Massaba à l’âge de quinze ans afin de devenir un homme digne d’elle. Pendant toutes ces années d’absence, il était encouragé par la promesse qu’elle lui avait faite de l’épouser. Il est devenu un prince nomade, entourée de compagnons fidèles et capables de lever une armée.

Le prince Kouame

Kouame est le prince des terres du sel, fils de la reine amazone Mazébu. Il est le fiancé de Samilia, soigneusement choisi par le roi Tsongor. Il est beau, puissant, et il offre son royaume et sa vie pour être digne d’épouser Samilia (à la cérémonie des présents il verse de la terre et du sang aux pieds du roi Tsongor).

Il a de nombreux points communs avec Sango Kerim, mais les deux hommes se détestent profondément. La bravoure, la loyauté de leurs compagnons et le sens des valeurs (morales, guerrières, etc.) les caractérisent pareillement. Tous deux s’engagent dans la guerre pour laver l’offense qui leur est faite et par amour pour Samilia. Tous deux ont eu l’occasion de mettre fin à la guerre et ne l’ont pas fait, aveuglés par l’orgueil et la vengeance. Tous deux échouent car aucun n’a tué l’autre ; dans la dernière bataille, c’est Barnak qui les tue, l’un après l’autre, incapable de reconnaitre son propre camp. Leur mort symbolise l’absurdité de la guerre.

Samilia

Samilia est l’unique fille du roi Tsongor. Ses noces représentent la consécration de la vie de son père qui souhaite plus que tout trouver un homme à sa hauteur et la mettre à l’abri. Samilia est belle et désirable, mais elle est la femme de deux hommes. Sango Kerim incarne la « sécurité », la fidélité à son passé et la cohérence envers elle-même. Mais c’est Kouame qu’elle aime, qui fait naitre en elle la passion ; en cela, il représente l’incertitude de l’avenir. Pourtant, elle choisit Sango Kerim. Lorsqu’elle part, rejetée par les deux hommes, elle n’a plus ni passé ni avenir, et elle erre dans des terres inexplorées, sans nom et sans histoire. Sous prétexte de se battre pour elle, ses prétendants l’ont oubliée et sacrifiée. Héroïne tragique inspirée par Hélène de Troie, elle est au cœur du conflit. Deux hommes se battent pour elle, mais nul ne respecte son choix. Elle subit la honte d’être responsable de tant de morts, avant de comprendre que seules la vengeance et la folie conduisent les hommes sur le champ de bataille.

Souba

Souba est le plus jeune fils du roi Tsongor, et c’est aussi celui qui reste le plus fidèle à sa mémoire et le seul qui n’oublie pas Samilia, avec qui il partage un lien très fort (ils sont presque du même âge et ont été élevés ensemble). En effet, après avoir trouvé l’ultime tombeau de son père, il se charge d’ériger un palais à sa sœur. Il est le seul survivant du clan Tsongor et fait l’objet d’un traitement à part dans le roman ; d’ailleurs, quand la vie de ses frères s’achève, paradoxalement la sienne commence. Il incarne l’espoir et l’avenir, cette part d’humanité qui survit à la destruction et à la malédiction. Sur le personnage de Souba, voir la partie « un voyage initiatique » dans les clés de lecture.

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La Mort du roi Tsongor La Mort du roi Tsongor La Mort du roi Tsongor La Mort du roi Tsongor

D’après le roman de Laurent G audéLaurent G audéLaurent G audéLaurent G audé

M ise en scène et adaptation G uillaume ServelyG uillaume ServelyG uillaume ServelyG uillaume Servely

et O livier LetellierO livier LetellierO livier LetellierO livier Letellier

Avec Ju lie Läderach Ju lie Läderach Ju lie Läderach Ju lie Läderach (violoncelle) et O livier Letellieret O livier Letellieret O livier Letellieret O livier Letellier (récit)

Jeudi 28 et VJeudi 28 et VJeudi 28 et VJeudi 28 et V endredi 29 M ai 2009endredi 29 M ai 2009endredi 29 M ai 2009endredi 29 M ai 2009 à 20h30 à 20h30 à 20h30 à 20h30 A u G rand T A u G rand T A u G rand T A u G rand T –––– N antes N antes N antes N antes

«««« Tsongor est com m e la m étaphore d’un m onde archaïque qui a confié à son fils le Tsongor est com m e la m étaphore d’un m onde archaïque qui a confié à son fils le Tsongor est com m e la m étaphore d’un m onde archaïque qui a confié à son fils le Tsongor est com m e la m étaphore d’un m onde archaïque qui a confié à son fils le destin des hom m es de dem ain. Un form idable espoir de changem ent placé entre les destin des hom m es de dem ain. Un form idable espoir de changem ent placé entre les destin des hom m es de dem ain. Un form idable espoir de changem ent placé entre les destin des hom m es de dem ain. Un form idable espoir de changem ent placé entre les m ains des générations à venir. Par un théâtre de récit m êlant transpositions m ains des générations à venir. Par un théâtre de récit m êlant transpositions m ains des générations à venir. Par un théâtre de récit m êlant transpositions m ains des générations à venir. Par un théâtre de récit m êlant transpositions visuelles et m usivisuelles et m usivisuelles et m usivisuelles et m usicales, nous voulons perm ettre aux spectateurs de se projeter cales, nous voulons perm ettre aux spectateurs de se projeter cales, nous voulons perm ettre aux spectateurs de se projeter cales, nous voulons perm ettre aux spectateurs de se projeter ém otionnellem ent et de s’approprier le propos de cette grande épopée.ém otionnellem ent et de s’approprier le propos de cette grande épopée.ém otionnellem ent et de s’approprier le propos de cette grande épopée.ém otionnellem ent et de s’approprier le propos de cette grande épopée. »»»»

O livier Letellier

L’histoireL’histoireL’histoireL’histoire L’histoire se déroule dans une antiquité imaginaire. A M assaba, le roi T songor doit marier sa fille Samilia. Pour la première fois, il va unir son empire à un autre, autrement que par les armes. K ouame, le prince des terres de sel, s’apprête à épouser Samilia. M ais Sango-K érim revient pour réclamer sa main car ils s’étaient promis l’un à l’autre étant enfants. E ntre celui que le roi a choisi et celui qu’il a toujours considéré comme son fils, le souverain ne peut trancher et se donne la mort. Suite à cela, la guerre éclate, entraînant la division du clan T songor. Samilia prend conscience qu’elle est un prétexte à la folie guerrière qui n’a plus besoin d’elle pour se perpétuer. E n parallèle, Souba, le plus jeune des fils, parcourt les terres du royaume sur ordre de son père afin d’ériger sept tombeaux à l’image de T songor. C’est pour lui un voyage initiatique à la découverte de son père et de lui-même…

La mLa mLa mLa mise en scèneise en scèneise en scèneise en scène En abordant le roman de Laurent G audé, O livier Letellier retranscrit la violence de l’homme qui se transmet de génération en génération. L’adaptation s’articule autour de Souba, interprété par le conteur. Sa quête initiatique suscite un questionnement existentiel : comment évoluer sans comprendre d’où l’on vient et ce que l’on porte malgré soi ? Loin des combats, Souba découvre sa part de violence, sans être entraîné dans la barbarie. Le personnage de Samilia, représenté par Julie Läderach, violoncelliste, place les hommes face à leurs responsabilités et leur offre en vain une alternative à la barbarie guerrière. O livier Letellier poursuit ici son exploration d’un théâtre de récit qui fait jeu de tout, pétri d’images fortes, pour un corps à corde qui nous entraîne dans cette antiquité imaginaire, troublant reflet de la folie des hommes d’aujourd’hui. Corps et musique réinventent les images au fil de cette tragédie à la fois intime et universelle.

Laurent G audé,Laurent G audé,Laurent G audé,Laurent G audé, auteurauteurauteurauteur Laurent G audé, dramaturge et romancier, est né en 1972. Il a publié chez A ctes Sud neuf pièces de théâtre et cinq romans : Cris (2001), La M ort du roi Tsongor (Prix G oncourt des lycéens 2002 et prix des libraires 2003), Le Soleil des Scorta (Prix G oncourt 2004), Eldorado (2006) et La Porte des Enfers (2008). Il vit et travaille à Paris. La langue de Laurent G audé est poétique et envoûtante. A vec la M ort du roi Tsongor, il dresse une superbe fresque qui tient à la fois de la tragédie antique et du récit épique.

O livier Letellier,O livier Letellier,O livier Letellier,O livier Letellier, comédien, conteur,comédien, conteur,comédien, conteur,comédien, conteur, metteur en scène metteur en scène metteur en scène metteur en scène A près sa formation à l’E cole Internationale de T héâtre Jacques Lecoq, il joue sous la direction d’A lain M ollot, M arc Delaruelle et Sara V eron. Il découvre le conte avec G igi B igot et se forme auprès d’A bbi Patrix, Pépito M atéo et M uriel B loch. Il met en scène L’Hom m e de fer, qu’il interprète, en 2004. V alérie B riffod et Cécile Delhomeau lui confient la mise en scène de leurs spectacles de conte. Il assiste Catherine V erlaguet dans la mise en scène de son texte Chacun son dû. Yannick Jaulin l’invite à créer son texte La Légende de M onsieur Chance. Il crée par ailleurs avec le T héâtre du mouvement Equilibre Instable III, mis en scène par Y ves M arc (2006).

Durée du spectacleDurée du spectacleDurée du spectacleDurée du spectacle : : : : 1h20

Spectacle accueilli dans le cadre des Rencontres Théâtrales de Printem psRencontres Théâtrales de Printem psRencontres Théâtrales de Printem psRencontres Théâtrales de Printem ps

CCCContacts Jeune Pub licontacts Jeune Pub licontacts Jeune Pub licontacts Jeune Pub lic

M arion E chevinM arion E chevinM arion E chevinM arion E chevin 02 28 24 28 18

echevin@ legrandT .fr

Pascale DegrieckPascale DegrieckPascale DegrieckPascale Degrieck 02 28 24 28 08

degrieck@ legrandT .fr

F lorence DanveauF lorence DanveauF lorence DanveauF lorence Danveau 02 28 24 28 16

f.danveau@ legrandT .fr

Clémence JouinClémence JouinClémence JouinClémence Jouin 02 28 24 28 17

jouin@ legrandT .fr

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Cette fche est un modèle. J’ai essayé de trouver des “entrées” très variées.Mon barème : Intérêt et diversité /8 – Je ne veux pas un simple résumé !

Qualité de l’expression /6 - Elle doit être claire et correcte, voire élégante.Respect des règles /4 - En particulier, chaque lettre de cette fche doit s’y trouver.Soin (orthographe, ponctuation, etc.) /2 - Relisez-vous soigneusement !

A comme Acharnement. Tous les personnages principaux montrent beaucoup d'acharnement. Le roi Tsongor en

a montré beaucoup dans sa jeunesse, guerroyant et conquérant sans cesse de nouvelles terres. Ses enfants lui res-

semblent en cela : Sako et Danga luttent avec acharnement pour le pouvoir, Kouame et Sango luttent avec achar-

nement pour la main de Samilia, puis pour la possession de Massaba et du trône de Tsongor.

B comme Bizarre. Certains détails du récit peuvent paraître bizarres : les rapports entre Tsongor et Katabolonga,

les guerriers drogués, le sortilège de Bandiagara contre Arkalas, le fantôme de Tsongor, son témoignage sur le

pays des morts… Ces aspects étranges et mystérieux ajoutent beaucoup de charme et de profondeur à ce roman.

C comme Carnage. Les combats ne sont pas seulement épiques, grandioses et famboyants ; ils sont aussi et sur-

tout, à mesure que la guerre se prolonge, d'épouvantables et inutiles carnages, comme p. 189 : « d'horribles bles-

sés qui se traînaient, à la force des bras, pour tenter d'échapper au festin des hyènes qui déjà se pressaient dans la

plaine ».

D comme Drame. Dans ce roman d'action, les personnages se dépensent sans compter pour atteindre chacun

son objectif. Mais presque tous échouent. Souba, le seul qui n'a pas pris part aux combats, est l'unique rescapé,

alors que ses frères, et Kouame, et Sango, sont morts de façon tragique. Le suspense, partout dans le récit, permet

de le ranger surtout dans le registre dramatique.

E comme Epique. Certains passages sont de registre épique. En particulier, au début d'une bataille, lorsque les

deux armées se rencontrent, l'auteur utilise des métaphores et des hyperboles, comme par exemple p. 104 :

« l'armée nomade fondit comme un essaim carnivore sur les lignes adverses ». Mais la suite des combats est

montrée de façon plus réaliste : le sang, les cadavres, les cris et les larmes.

F comme Fantastique. Tantôt épique et tantôt réaliste (et toujours dramatique), le récit peut aussi être de registre

fantastique ; c'est le cas lorsqu'il est question de Katabolonga veillant le roi Tsongor momifé : le mort parle-t-il

vraiment à Katabolonga (et nous sommes alors dans le surnaturel) ou bien Katabolonga, qui vit depuis si long-

temps avec Tsongor, croit-il entendre parler le cadavre (et ce ne serait que de l'étrange) ?

G comme Gaudé (Laurent). Laurent Gaudé, né en 1972, a commencé à écrire pour le théâtre. En 2002, La Mort

du roi Tsongor, son deuxième roman, lui vaut d'être récompensé par le Prix Goncourt des Lycéens et le Prix des

Libraires. Deux ans plus tard, il remporte le Prix Goncourt avec son roman Le Soleil des Scorta qui sera également

un succès de librairie. Il est aussi connu pour ses romans Eldorado, 2006, et La Porte des Enfers, 2008. (Source :

Wikipedia)

H comme Honte. Souba, tout à la fn du roman, consulte une sorte de sorcière, qui lui apprend : « Tu ne trouve-

ras ce que tu cherches que lorsque tu seras toi-même un Tsongor. Que lorsque tu auras honte de toi » (p. 180).

Plus tard, se sentant injurié, il tue la sorcière – et réalise qu'il est devenu un meurtrier, lui aussi. Il fuit alors les hu-

mains, et murmure « Je suis un Tsongor, éloignez-vous de moi » (p. 182).

I comme Incendie. Danga, le jumeau de Sako écarté du pouvoir par ce dernier, a trahi et rejoint l'armée nomade

pour reconquérir Massaba. Il réussit à pénétrer dans la ville, mais lui et ses hommes se font repousser. Il fait alors

tirer des fèches enfammées sur les maisons : Massaba brûlera pendant sept jours entiers, il n'en restera que des

pierres et des cendres.

Fiche de lecture abécédaire - Modèle

Laurent Gaudé, La Mort du roi Tsongor.

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J comme Jumeaux. Danga et Sako sont jumeaux, fls aînés du roi Tsongor. Mais Sako est né deux heures avant

son frère : c'est donc à lui que revient le trône. Danga, pour faire valoir son droit, n'a que la force armée ; il trahit

et passe à l'ennemi. Ils fniront par s'entretuer devant Massaba. Cette histoire rappelle beaucoup la légende

d'Etéocle et Polynice, fls d'Œdipe.

L comme Lâcheté. Le roi Tsongor marie sa flle Samilia à Kouame, roi des Terres du Sel. Le jour des noces, Sango

Kerim, prince nomade, se présente et demande lui aussi la main de Samilia, au nom de serments d'enfants an-

ciens. Plutôt que d'avoir à choisir et à conduire la guerre contre le perdant, Tsongor choisit de se suicider – mais

cette lâcheté n'évitera pas la guerre, ni l'incendie de la ville, ni la mort de trois de ses fls.

M comme Mazébu. Alors que la situation de Kouame semble désespérée, il reçoit l'appui d'une armée alliée :

celle de Mazébu, sa mère. Elle conduit une armée de femmes, des guerrières féroces montées sur des zébus,

Comme les amazones de la mythologie, elles s'étaient coupé un sein pour pouvoir tirer à l'arc. Malgré tout, Ma-

zébu conseille à son fls d'arrêter une guerre inutile.

N comme Non. Samilia, la flle de Tsongor, est quelqu'un qui dit non : elle refuse de choisir entre Kouame et San-

go Kerim (comme une adolescente qui refuse de choisir entre l'enfance et l'âge adulte, entre l'ancien connu et le

nouveau inconnu), elle refuse le pacte de mort des deux hommes sur elle (p. 168), elle choisit de partir droit de-

vant elle et de tourner le dos à son passé.

O comme Oser. Sango ose braver Tsongor pour obtenir la main de Samilia. Danga ose trahir pour faire la guerre

aux siens. Souba, Katabolonga, les autres chefs, donnent de nombreux autres exemples d'audace.

P comme Passionnant. Il n'est pas étonnant que ce roman ait reçu le prix Goncourt des Lycéens 2002 : une his-

toire intéressante et pleine de rebondissements, des personnages simples, mais habités par des forces terribles,

des thèmes qu'on trouve habituellement dans les légendes… La Mort du roi Tsongor est un roman passionnant.

Q comme Quête. Pour respecter la volonté de son père, Souba, fls cadet de Tsongor, parcourt le vaste royaume

de son père pour y construire sept tombeaux. Une fois sa quête terminée, il revient chercher le cadavre embaumé

de son père dans Massaba détruite et déserte. Sa quête fait penser à celle des chevaliers de la Table Ronde.

R comme Réussite. Pas de réussite ici, pour ces personnages pourtant hors du commun. C'est l'échec pour Tson-

gor (et donc pour Katabolonga aussi), pour ses fls aînés qui s'entetuent, pour Liboko qui meurt au combat, pour

Samilia qui ne se mariera pas. Souba réussit sa mission, mais il s'agit de l'ordre de son père ; pour lui, il réussit

seulement à trouver l'endroit de sa sépulture… Le roman est pour l'essentiel une histoire d'échecs.

S comme Sango Kerim. Sango, c'est le nomade opposé au sédentaire et riche Kouame, c'est l'ami d'enfance op-

posé à Kouame l'inconnu. Son armée se compose des chameaux de Rassamilagh (on dirait une armée touareg),

des « ombres blanches » de Bandiagara et des « crânes rouges » de Karavanath (dont le nom fait penser aux cara-

vanes du désert).

T comme Tsongor. Pour décrire son personnage, l'auteur le montre en action, dans sa jeunesse : il est un conqué-

rant à la fois sanguinaire et habile. Après la conquête du pays des rampants, il s'arrête, construit Massaba, et…

commet fnalement la lâcheté de ne pas choisir entre les prétendants de sa flle. Le personnage a des côtés très

positifs, et d'autres extrêmement antipathiques : c'est donc une fgure complexe et riche.

U comme Unis. Après la mort de leur père, à la demande de Samilia, les enfants de Tsongor s'accordent une soi-

rée de fête pendant laquelle ils sont parfaitement unis. Plus tard, Souba s'en ira, les deux jumeaux se haïront, Li-

boko sera tué… Les enfants de Tsongor seront séparés par la guerre après avoir été réunis pendant une seule nuit

heureuse.

V comme Victoire. La victoire n'est à personne. Pendant un temps très court, Danga peut croire qu'il a remporté

la victoire sur son frère et qu'il est devenu le roi de Massaba : mais il se vide de son sang et meurt avant même

d'avoir pu entrer dans « sa » ville. Cette guerre n'a pas de vainqueur.

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La Mort du roi Tsongor : Résumés

Résumé synthétique (par Anne Paingault) L’action se déroule en Afrique dans un temps très ancien, une Afrique antique aussi bien qu’imaginaire. C’est le jour heureux où le roi Tsongor au côté de ses fils marie sa fille. On pare le palais de Massaba, capitale opulente d’un empire qu’il a conquis patiemment, durant toute une vie de combats acharnés. C’est le jour où Tsongor croit enterrer à jamais le roi de sang qu’il fut durant plus de 20 ans, La cité entière vit dans la liesse et les préparatifs de ce moment mais c’est aussi le jour tragique où la guerre éclate car voilà qu’au matin du jour dit, si le roi Stongor s’apprête à marier sa fille Samilia à Kouame, prince des terres du sel.ils sont deux à se présenter au pied des remparts de Massaba, deux hommes qui ont l’un et l’autre de bonnes raisons de croire que Samilia sera leur femme, surgit celui par qui adviendra le déclin de Massaba : Sango Kerim, qui a été élevé avec les cinq enfants du Roi jusqu’à l’âge de quinze ans, et qui maintenant commande le peuple des nomades et se présente devant le Roi Tsongor, lui demandant sa fille en mariage, arguant d’une promesse nouée avec Samilia alors qu’il était enfant.. Deux hommes égaux en orgueil et qui ne céderont pas. C’est une question d’honneur, de face que l’on ne saurait perdre. Au père et à la fille d’élire qui sera retenu et qui sera rejeté. Mais, paralysés par l’enchevêtrement des engagements contradictoires, ni l’un ni l’autre n’est capable de choisir : dilemme classique né de la parole deux fois donnée, Avec son vieux et fidèle serviteur, Katabolonga, Tsongor sait que les temps heureux sont révolus. Il opte pour la mort, respectant par là un vieux pacte conclu avec Katabolonga. Leur espoir était que la période de deuil permette aux prétendants de reprendre leurs esprits. Mais cela ne se fera pas. à la veille de sa mort... il missionne son plus jeune fils, Souba, de parcourir son royaume et d’y édifier sept tombeaux monumentaux qui résumeront son existence, à la fois héroïque et haïssable

Le Destin enclenche alors sa course folle et la guerre va balayer le royaume de Massaba La guerre éclate : seul le sang répandu permettra de trancher. C’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Les fils du Roi se déchirent, certain soutenant Sango Kerim, d’autres Kouame. Le tout pour les beaux yeux de Samilia à qui personne n'a demandé son avis. L'orgueil, la haine entre les prétendants, leur besoin d'en découdre sont plus forts. Samalia est sacrifiée. Elle n'est plus rien, juste un enjeu que l'on finit même par oublier au milieu des morts. Elle s’enfuira, seule, effarée d’avoir provoqué ce carnage. Katabolonga, le fidèle serviteur, veillera sur son maître. Qui même mort assiste tout de même à l'effondrement de ce qu’il a construit grâce à Katabolonga, qui est un témoin de ce conflit Lui qui avait des raisons de haïr a pardonné. Le bain de sang s’étend sur des mois et des années, sur plusieurs décennies. Au final, Massaba est détruite et les personnages autour desquels s’articule l’histoire tombent les uns après les autres.

Quand Souba revient de son long et fructueux périple, il découvre une Massaba en ruines, désertée de tous ses habitants, en proie aux singes hurleurs. Il mène à bien sa mission en enterrant son père dans l’un des tombeaux, situé dans un endroit à la fois majestueux et désertique, un endroit qui résume bien, selon lui, l’existence du Roi Tsongor. Une fois qu’il a finit, l’âme de son père peut enfin partir. Souba comprend aussi que grâce à la volonté de son père il est sain et sauf. Il décide alors d’édifier un palais qui portera le nom de sa sœur, espérant ainsi un jour la retrouver Souba reconnaît qu’il doit en plus du tombeau à son père, rendre hommage à sa sœur : « Car il sentait que cette femme était sacrée. Sacrée

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par tout ce qu’elle avait traversé. Sacrée parce que tous, un à un, sans même s’en apercevoir, l’avaient sacrifiée. »

Résumé développé avec citation (par Jeanine Rivais : http://jeaninerivais.fr/PAGES/gaude.htm) Apparemment, Tsongor a su se faire aimer de ce peuple, puisque depuis des semaines, à l'annonce du mariage, chaque membre du royaume a offert son obole à la jeune fiancée, de sorte que " c'était un gigantesque amas de fleurs, d'amulettes, de sacs de céréales et de jarres de vin. C'était une montagne de tissus et de statues sacrées. Chacun voulait offrir à la fille du roi Tsongor un gage d'admiration et une prière de bénédiction… ". Mais le mariage étant pour le lendemain, les cadeaux du fiancé vont arriver, il faut donc que les rues et les places soient absolument vierges de toute offrande, et " les serviteurs du palais, toute la nuit, n'avaient cessé de faire des allers-retours entre la montagne de cadeaux de la place et les salles du palais. Ils transportaient ces centaines de sacs, de fleurs, de bijoux… ".

Cette procession interminable et heureuse atteste donc que la paix régnait sans conteste sur le royaume de Tsongor. En tout cas, au petit matin, veille du mariage, et jour où le prince Kouame devait venir offrir ses présents, tout dormait paisiblement dans le palais. Même Katabolonga, chaque jour le premier levé " n'était touché d'aucune anxiété ", à l'aube de cette journée qui s'annonçait harassante. Pourtant, lorsqu'il pénétra dans la chambre royale après avoir traversé le palais d'habitude solitaire mais aujourd'hui animé de mille ouvriers silencieux, " il se figea brusquement. L'air qui lui caressait le visage lui murmurait quelque chose qu'il ne parvenait pas à comprendre ". Ecoutant le silence, -et là, peut-être commence la magie- il eut soudain le pressentiment que ce jour où devait régner la liesse, se terminerait en tragédie, qu' " aujourd'hui, il tuerait le roi Tsongor. Que ce jour serait le dernier où il porterait le tabouret d'or ". Quant à Tsongor, lorsque Katabolonga l'ayant éveillé, lui dit " C'est pour aujourd'hui, mon ami ", il répondit " je sais ", pensant simplement aux mille tâches royales qui l'attendaient.

La journée s'écoula dans le calme fiévreux de l'approche des grands évènements. Lorsque le soleil commença à décliner, que le roi fut installé sur la terrasse pour admirer la scène, tous les regards se portèrent vers la plaine du sud, où était supposée apparaître la caravane de Kouame. C'est alors qu'ils virent s'embraser les collines, qu'ils distinguèrent des campements que nul n'avait vu s'installer… Mais nul non plus ne s'inquiéta. Seule, l'irritation gagna le roi, lorsque la meute de la porte ouest se mit à hurler, et qu'il se demanda pourquoi les ambassadeurs entraient par cette porte alors que la porte sud les attendait, avec la munificence d'une réception royale. " Mais ce n'est pas un cortège qu'il aperçut. Au centre de l'avenue, un homme avançait, seul, au pas régulier d'un grand chameau orné de mille couleurs ". Cet homme demanda audience au roi qui quitta l'assemblée et se rendit à la salle du trône.

L'homme, après les politesses d'usage, se présenta : " Je suis Sango Kerim ". Commença alors un quiproquo, entre le roi heureux de retrouver à la veille du mariage, l'ami qui avait partagé les jeux de sa fille, et à qui il souhaitait la bienvenue ; et l'homme qui, soudain, dissipait le malentendu en disant sèchement : " Aujourd'hui, je reviens car j'ai fini mon errance. Je reviens car Samilia est à moi… Feras-tu de ta fille une parjure ? " Comprenant enfin sa méprise, Tsongor répliqua " Elle se marie demain. Je te l'ai dit ". A quoi Sango Kerim rétorqua : " Elle se marie demain. Mais avec moi ". Et il se retira, laissant son auditoire plongé dans la plus vive consternation.

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Arriva bientôt la caravane de Kouame. Ses ambassadeurs déversèrent dans les rues et la salle du trône d'inouïes richesses, tandis que la famille et les conseillers royaux, incapables de se réjouir subissaient ce déferlement. A la fin de plusieurs heures d'offrandes, les ambassadeurs saluèrent enfin, et se retirèrent.

" Alors commença la grande nuit blanche du roi Tsongor ". Seul avec Katabolonga, il évoqua la situation. Redoutant d'affronter Kouame et sa probable immense colère. Certain que Sango Kerim qui avait osé revenir, ne cèderait pas. Hésitant entre une problématique parole échangée par des enfants des années auparavant, et un engagement vis-à-vis d'un prince allié. Incapable finalement de choisir entre les deux jeunes gens. Revoyant, dans le même temps, le passé et ses crimes. Concluant que seule sa mort pourrait sauver son royaume. Car s'il mourait, " on ordonnera le deuil. Tout s'arrêtera. Un voile de silence épais tombera sur la ville… " Le peuple entier pleurera. Les notables, y compris les deux prétendants, viendront présenter leurs condoléances à ses enfants. La guerre sera évitée. Sa décision prise, il convoqua son plus jeune fils, Souba, pour le charger d'aller à travers le monde, en secret de ses frères, construire ses sept tombeaux. Il chargea Katabolonga d'informer sa famille de sa mort ; lui confia la responsabilité de respecter les rites funéraires jusqu'au retour de Souba. Mais il ne pouvait mourir sans avoir expié ses fautes. C'est pourquoi, et de nouveau nous entrons dans la magie, il décida qu'il mourrait sans être tout à fait mort. Il serait d'ici le moment de sa vraie mort, une ombre errante aux portes de l'au-delà, mais entendant les rumeurs du monde, comprenant ce qui se passait dans le royaume. Il serait tout ce temps un esprit sans tombeau. Il remit alors à Katabolonga la pièce de monnaie avec laquelle il avait quitté le royaume de son père. Seule, elle serait capable de le faire passer, enfin, dans cet au-delà.

Ayant terminé d'expliquer ses intentions à son fidèle serviteur, il lui tend un poignard, afin que celui-ci reprenne " ce qui est à lui ". Mais Katabolonga est incapable de tuer celui qui est devenu son ami et laisse tomber le poignard. Comprenant qu'il ne recevra aucune aide, Tsongor le ramasse, s'ouvre les veines et se meurt en une plainte légère où il supplie de l'achever. Katabolonga saisit alors le poignard et en pleurant, le plonge dans le ventre du vieillard, et " lorsqu'il ferma les yeux du roi, en passant doucement la main dessus, c'est une époque entière qu'il referma ". Le pacte ancien était réalisé.

Le premier à venir présenter ses condoléances fut Kouame. Il assura à la famille qu'il attendrait la fin du deuil pour épouser Samilia. Mais avant qu'il se fût retiré, entra sans se faire annoncer Sango Kerim. D'emblée hostile, il s'adressa à Kouame : " Vous êtes venu. Vous ne le connaissiez même pas. Moi, je l'ai aimé comme un père ". Et devant la réaction de Kouame qui lui ordonnait de se taire, il s'écria : " Je suis venu chercher Samilia ". Voyant s'envenimer la dispute entre les deux prétendants, Katabolonga se leva et dit : " … Je me lève devant vous et je dis ce qu'il voulait que vous entendiez. Le deuil est tombé sur Massaba. Enterrez vos désirs de mariage avec son cadavre. Repartez d'où vous venez… Tsongor ne veut insulter aucun de vous. Du fond de sa mort, il vous supplie de renoncer. "

Alors, Kouame, avec honneur et respect, se retira en promettant d'attendre aussi longtemps qu'il le faudrait. Mais Sango Kerim, certain que son rival mettrait cette attente à profit pour se préparer à la guerre, déclara : " … Je n'attends pas, non. Je n'obéis pas à Tsongor. Les cadavres ne donnent pas d'ordres aux vivants… ". Et, s'adressant à Samilia, il ajouta : " Demain, à l'aube, je me présenterai aux portes de la ville. Si tes frères ne te mènent pas jusqu'à moi, ce sera la guerre sur Massaba ".

Souba, ayant annoncé son départ, les enfants décidèrent de passer ensemble une dernière nuit. Au matin, le jeune homme quitta Massaba à dos de mule. Et son périple prit des allures de voyage mortuaire, car chaque ville où il passait voyait en lui le messager de la mort du roi. Et du malheur tombé sur la cité. " A l'aube, Sango Kerim descendit des collines… Il alla à la porte principale qu'il trouva fermée.

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Il constata que Samilia n'était pas là. Qu'aucun des frères n'était venu le saluer… Que le drapeau des Terres du Sel flottait avec celui de Massaba… Soit ", dit-il, "maintenant c'est la guerre ".

Finalement, la mort sacrificielle de Tsongor ne changea rien. Bientôt, les deux armées s'affrontèrent. D'un côté, l'armée de Massaba était sous la direction de Liboko, Tramon, et Gonomor qui dirigeait les hommes- fougères. Alliée à celle de Kouame, dont le vieux chef Barnak conduisait les mangeurs de Khat, hébétés de drogue ; puis Tolorus menant les Surmas; enfin Arkalas et ses "Chiennes de guerre " ainsi appelés parce qu'ils se paraient comme des femmes pour offenser leur ennemi. De l'autre, l'armée de Sango Kerim, formée des Ombres blanches, des Crânes rouges, et de sa garde personnelle. " Une armée composée de tribus que l'on ne connaissait pas à Massaba. Une armée bigarrée venue de loin, qui lançait sous le soleil implacable, des malédictions étranges en vue des murailles".

Après l'affrontement verbal entre les deux prétendants, les armées se tinrent prêtes à se jeter l'une contre l'autre. La guerre débuta.

Mais déjà, au palais, commençait la dissidence, les deux aînés se disputant le droit de commander. Finalement, après une violente querelle, Danga décida de quitter la ville en secret. Et pendant la nuit, il rejoignit Sango Kerim. Avec lui, chevauchait Samilia. Lorsque Sango Kerim la vit, un sourire se dessina sur son visage, mais aussitôt, elle lui dit : " Ne souris pas car c'est le malheur qui se présente à toi. Si tu m'offres l'hospitalité de ton campement, il n'y aura plus de trêve… La guerre sera féroce… Je te demande l'hospitalité, mais je ne serai jamais à toi". Sango Kerim répondit : " Ce campement est à toi. Et si tu t'appelles malheur, alors oui, je veux étreindre le malheur tout entier et ne vivre que de cela ". Quand Sako, Liboko et Kouame apprirent par les chants de l'ennemi la défection de Danga et de Samilia, Sako dit simplement : " Cette fois, c'est sûr, nous mourrons tous. Nous. Eux. Il ne restera plus personne ". Et, dans l'éventualité d'un siège, il se fit apporter les plans de la ville.

De ce jour, dans la chaleur excessive qui oppressait Massaba et la plaine environnante où se déroulait la guerre, la mort fut omniprésente. Nuit après nuit, chaque armée se retirait sur ses positions. Jour après jour, les combats faisaient rage. Avec une horreur d'autant plus grande que les maléfices de l'un des chefs nomades enlevèrent toute raison aux " chiennes de guerre " qui se mirent à s'entretuer, prenant chaque visage ami pour son ennemi. " Partout, les hommes de Kouame et de Sako périssaient. Ils avaient peur".

Ce soir-là, après la distribution du butin, l'un des chefs de Sango Kerim le supplia d'arrêter la guerre, puisqu'ils avaient remporté une victoire et qu'il avait près de lui la femme qu'il était venu chercher. Mais plus rien ne pouvait l'arrêter. Les habitants retranchés derrière les murailles de Massaba moururent tués ou affamés. Des mois, des années de lutte, ininterrompus, rendirent les deux armées tellement semblables, qu'un jour, pensant mourir le lendemain, Kouame se glissa dans le campement de Sango Kerim et pénétra dans la tente de Samilia. Persuadée elle aussi de sa mort prochaine, elle se donna à lui. Et il la quitta au petit matin, pensant revenir vers inéluctable destin. Mais de part et d'autre arrivèrent des renforts : Orios avec sa horde de Cendrés dans le camp de Sango Kerim. Et dans celui de Kouame, sa mère, " l'impératrice Mazébu. On l'appelait ainsi parce qu'elle était la mère de son peuple, et qu'elle et ses amazones chevauchaient des zébus ".

Les hostilités reprirent avec une énergie nouvelle. Massaba brûla. L'odeur des corps brûlés couvrit la plaine… Sur le visage de Samilia, voyant les flammes, " un masque de douleur était tombé. Elle ne parlait plus à personne… Elle avait maintenant la confirmation que le malheur était sur elle et ne la lâcherait plus ". Les mois passèrent. Un jour, Kouame décida de rencontrer Sango Kerim au milieu de la plaine, et de lui proposer que Samilia mourût, puisque aucun des deux ne la posséderait jamais. D'abord indigné

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par cette proposition, lorsque Sango Kerim apprit que Samilia s'était donnée à Kouame, il abonda dans son sens. Mais refusant de se suicider, la jeune fille les mit au défi de la tuer. Elle leur annonça qu'elle ne serait jamais à l'un d'eux, et que, désormais, ils ne se battaient plus pour elle. Elle défia les soldats qui depuis des mois mouraient à cause d'elle, et lorsque pas un ne bougea, elle s'éloigna. De nouveau les deux armées s'entretuèrent, tandis qu'elle disparaissait.

Pendant ce temps, dans le palais, le cadavre de Tsongor interrogeait Katabolonga sur ce qui se passait au-dehors, car soir après soir, il voyait passer des hommes, s'en allant vers l'au-delà. Parmi eux, son fils Liboko, le visage écrasé, était passé devant lui sans le voir. C'était trop de douleur, et Tsongor supplia Katabolongo de lui rendre la pièce afin qu'il sombrât dans la vraie mort. Mais le serviteur ne pouvait le faire. Il faudrait à Tsongor, assumer jusqu'au bout la douleur.

Des mois, des années encore s'écoulèrent. Tandis que Samilia s'éloignait de plus en plus du champ de bataille, errant et vivant d'aumônes, la guerre continuait. " De Massaba, il ne restait plus rien. Kouame et Sango Kerim étaient devenus deux ombres sèches aux corps exténués. Alors, une dernière fois, ils réunirent leurs armées dans la plaine, une dernière fois ils s'adressèrent la parole". Sachant que ni l'un ni l'autre ne vaincrait, ils invitèrent les guerriers qui le souhaitaient, à cesser de se battre et rentrer chez eux. Et ce fut la mêlée finale entre une poignée d'hommes ivres de vengeance et de sang. Soudain, l'un des soldats de Kouame, éperdu de drogue et ne reconnaissant personne, s'approcha et de son glaive décapita Sango Kerim. A peine Kouame eut-il le temps de se réjouir que le même glaive le transperça, le jetant aux côtés de son ennemi tombé à ses pieds. Seuls restaient sur le champ de bataille quelques mourants et beaucoup de cadavres. Et le silence. La plaine appartenait désormais aux charognards.

Plus aucun bruit ne venait troubler le sommeil de Tsongor qui avait vu passer devant lui tous ses fils, sauf Souba. Dans son demi-sommeil, Tsongor ne pleurait plus. Lui, le guerrier de naguère, bouillait de rage devant la stupidité de ces hommes qui s'étaient entretués jusqu'au dernier, détruisant toute vie, toute beauté. Mais il pleurait encore sur Samilia à qui il n'avait rien donné, ni la vie, ni l'amour, ni le bonheur qu'il lui avait promis. Samilia l'oubliée dont il ignorait ce qu'elle était devenue.

Un jour, dans la désolation du palais saccagé et livré aux singes hurleurs, Katabolonga resté seul à garder son ami, vit arriver Souba, sa mission accomplie. Souba qui, au cours de toutes ces années, avait parcouru le pays et construit sept tombeaux. Sept tombeaux représentant toutes les facettes de ce qu'avait été Tsongor : vénéré, aimable et haïssable : Dans la splendeur des jardins suspendus de Saramine, un hommage à Tsongor le glorieux. Dans la Forêt des Baobabs hurleurs, une haute pyramide pour Tsongor le bâtisseur. Aux frontières du royaume, dans l'Archipel des Manguiers, une île-cimetière pour Tsongor l'explorateur. Dans les Terres du Centre, parmi d'immenses salles troglodytes, le souvenir de Tsongor le guerrier, au milieu de milliers de statuettes de guerriers en terre. Dans le Désert des Figuiers solitaires, au coeur des dunes et du vent, une haute tour de pierre ocre visible à plusieurs jours de marche, pour Tsongor le père qui avait élevé ses cinq enfants avec générosité. Après Solanos, la ville au bord du fleuve, aux confins des terres inexplorées, dans la crique infestée de cadavres de tortues, un tombeau pour Tsongor le tueur. Enfin, au milieu de hautes montagnes pourpres, sillonnées de longs défilés, sur "une terre belle et sauvage qui n'était pas à l'échelle humaine", un hommage à la grandeur de Tsongor. C'est là, dans ces montagnes que Souba et Katabolonga apportèrent le cadavre de Tsongor. Et le déposèrent au plus profond du tombeau. Puis, Katabolonga sortit d'une boîte la pièce qu'il glissa entre les dents de Tsongor : " Tout était achevé. Au terme de sa vie, Tsongor mourait avec pour seul trésor la pièce de monnaie qu'il avait emportée à la veille de sa vie de conquêtes… Il sourit avec tristesse, comme un supplicié. Il sourit en contemplant les visages de son fils et de son vieil ami et mourut pour la seconde fois ".

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Alors, Katabolonga invita Souba à partir et commencer sa vie, tandis qu'il se couchait au pied du tombeau de son maître et ami, afin d'y achever la sienne. Souba sortit au grand soleil, les yeux pleins de ce sourire malheureux, sachant qu'il était dû à la disparition de Samilia. Et là, enfin libre de vivre sa propre vie, il décida de construire un palais, qui porterait le nom de sa sœur. Un palais ouvert à tout le monde. De sorte que, peut-être, un jour, au cours de son errance, elle entendrait parler de ce palais qui portait son nom, et reviendrait.

Ainsi s'achève sur une note d'espoir ce roman sombre et douloureux tout au long de ses pages. Un espoir bien ténu, puisque Samilia continuait d'aller. " Les paysans contemplaient cette femme en noir qui allait tête baissée… Sans jamais parler… Elle vieillit sur les routes. Elle finit par atteindre les limites extrêmes du royaume. Et sans même s'en apercevoir, elle passa cette dernière frontière, s'enfonça dans des terres inexplorées. Alors, vraiment, elle ne fut plus rien. Elle n'avait plus ni nom ni histoire. Elle avançait, têtue, sur les routes et les chemins. Jusqu'à n'être, pour tous, qu'un point qui disparaît dans le lointain ". Et, pour Souba, ce fut le début d'une attente, puisque désormais seul au monde, lui que son père avait préservé en l'éloignant de la guerre, il prenait de nouveau en mains la perpétuation de la mémoire familiale.

" La Mort du roi Tsongor " est un roman épique et initiatique, brossé avec une grande virtuosité par un écrivain au style inactuel parce que descriptif, et atypique parce qu'à la fois simple et riche d'images. Une épopée plongeant ses racines dans une antiquité imaginaire ; créant des mythes autour des éléments fondamentaux propres à toute collectivité : l'orgueil, l'honneur, le pouvoir. Donnant à ces rapports de force une connotation morale, puisque le richissime roi Tsongor apprend que la richesse ne saurait garantir le bonheur et termine avec une unique pièce dans la bouche. Et que son fils, Souba, devenu au fil de son cheminement, de plus en plus " petit " et humble, au point de souhaiter être " seul. Invisible ", trouvera la paix dans la certitude du devoir accompli, de la fidélité, et de la mémoire.

Jugement sur l’œuvre Un roman qui sait réconcilier le foisonnement de la paix et de la guerre avec la recherche métaphysique de Souba, solitaire, aride comme les contrées traversées.

Un roman qui mêle le quotidien à la magie, comme si ces deux éléments étaient indissociables (le pressentiment funeste de Katabolonga à l'aube d'une journée supposément heureuse ; le maléfice d'un chef de guerre qui rend fous ses ennemis ; la possibilité pour Tsongor de continuer à vivre après la mort).

Un roman qui sait construire une réflexion sur la vie, la mort, la haine sans l'amour, la famille, l'humain en somme ; faire succéder avec une impressionnante puissance évocatoire, des moments de liesse, aux plus noires et sanglantes scènes de combats ; constituer le drame d'un royaume qui se déchire au cœur d'un continent ancestral ; donner un souffle à une superbe fresque où l'on retrouve à la fois les traits de la tragédie antique, et du récit épique (J'ai pensé à plusieurs reprises à La Chanson de Roland) décrivant les souffrances et les dissensions d'une fratrie royale séparée par le destin qui prend ici la forme du respect de la parole donnée.

Un roman magnifique, qu'on lit sans s'arrêter. Remarquablement bien écrit donc, poétique, prenant, touchant, poignant souvent. A lire comme un conte. Car s'il est une autre qualité à attribuer à cet ouvrage, c'est la force de l'oralité, qui puise dans l'imagination collective, pour donner vie à une saga maudite ; et qui, bien qu'apparemment " exotique " rejoint finalement le plus profond de notre culture et de nos racines.

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Ce compte-rendu de "LA MORT DU ROI TSONGOR" a été présenté dans le cadre du CLUB DE LECTURE du SYNDICAT DE LA CRITIQUE PARISIENNE, le 31 janvier 2004, dans l'une des salles de l'Université de Jussieu.