1,montigny-lengrain.com/wp-content/uploads/2014/08/Livre_Histoire_… · Mars 1987.Ji mes chers...

32

Transcript of 1,montigny-lengrain.com/wp-content/uploads/2014/08/Livre_Histoire_… · Mars 1987.Ji mes chers...

  • 1,etJ Qo v J E..R Q-f....U.[Â'U\ ~ :l.- ç>~

    Go2-co Q.or\?~

    SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE COMPIÈGNE

    HISTOIREDE

    1VI0N11GNY - LENGR~INPAR

    J. SA INCIR

    COMPIÈGNE

    IMPRIMERIE DU " PROGRÈS DE L'OISE ..

    20, PIRee de 1'1J6tel-de-Ville, 20

    i931

    Michel BureauZone de texte

  • La réédition de ce livre, dont il ne restaitque très peu d'exemplaires connus, a pu être

    réalisée grâce à la collaboration du Secrétariat

    de la Sucrerie de Vic-stlr-Aisne, et plus parti-

    culièrement celle de Mademoiselle LALAND et

    Monsieur VILLAIN ainsi que quelques habitants

    du village dont Mesdames Jules et Joseph

    MANTEAUX, qui ont travaillé bénévolement à

    la réalisation de cet ouvrage.

    Nous leur devons un grand mercI.

    Bernard FILLIETTE

    Mars 1987

  • .Ji mes chers Concitoyens,

    Ce n'eil peu J'hisloire d'une Krande ville, ni d'une nation que je VOU!ollre aujourd'hui, maü u/le d'un modeste village de ce vieux paYI du Yalois,01; pcndatlf plus de mille ans a bailli le C'œu" de '" 'France.

    Et ctlle hi.rloire ul la vôlre: celle de celte COtlt,ü , que VOUf avez vue

    du fond d'un berceau, ouvrant à peine les yeux à la lumiire j de ce pays ouVOUI avez grandi, juué clans les fleurs d murmuré avec voire mire. devanl

    Dieu, voIre premiire pritre •. de ce lieu ou voire bOlll:he a commencé à parler.voIre esprit à compundre, votre "CEU' ci un/j,. d à bal/re ~.

    C'est 'his/oiH dc ce CO;tI de lurt où, aprtl avoir travaillé el souffertPOU'" vous do,ltIer le biill-Ure dont VOU! jouisse:. reponnl' vos (l1Icë/res JOUSl'ombre protutrice du clocher béni.

    OlivrierJ ob,elu" qui JiuIl1 Jans l~ur Jimpliciti tant de grande:r chosu ;

    qui 0,,1 COllcouru plus qu~ tant d'autre:r à la grandeur de la "Fram:e. enversant leur sang pour 111 Patrie. ln arrosanl ûe leurs sutur, la tUrt fécondl.'du sol natal, sïndigntnt.i1J du 3'ileru.:e de l'hi,loiu dan, I~ur 10mbt' incollllue?

    Non!

    S'4ivrc leur de'Voir, servir la Patrie, 'Voila lout c:e qu'i/s Ûemanû,,;elll.

    ns emportent ets mirite! avec eux ~Ju·dclà de lu IlJmbl.'. LI.'I/r lâchl.' csl faUt' :ils reposenl bons ouvriers paisibles comme la Ilature Ilu; fleurit Itur champ de

    repos.

    )J(uis, sIls peuvent êlre sali.f!aits, nous ne dwcns pas lëlrt. A. nUIIS

    leurs frères de renouveler leur mémoire. (ïexhumer leur sOllve"i,.. lrop I01lg-

    lemps absorbé dan.r la gloire de qllelques-u1Is.

    Si cn derniers onl eU la titt, ils ont été eux /" bras lu bras qlliremuent Ir! sol, qui chassenl l'ennemi, qrli répm"cnl I.'f édifient.

    Q,U de tilres Je gloire pout' l:UXQue de leçons l'OUf nous!

    'El si plus '{UII pouvait redire tltJec un cerJdin jouvenceau:

    « 11 plut au Cid de m'oublierw Quand il dis/n'bua les fiefs hù;ditaire.f• Un liard couvrirait bùn toules m" lerres .•

    Tous pouvaienl ajuuler :

    , A(llis tout /e grand ciel bleu TI 'empli",;! pas mon cœllf. JI

  • 11 était grand en effet 1('llr cœur qui e",brassllU data u1Ie commune cfardtnt~ afftction, Dieu, la Patrit, la Famill~.

    Puur Iravuil1er ,rvcc t.ïmjiunt.'e el "rde~r Q 1" grandeur de noIre pays •• rt!!lüotls les leçotu du PdSSl! •. regardotls derrière nous. sans crainle "i fausse

    honte; relisons au,ui bien le,'r mauvais fiUiJJef.f de l'hislojr~ qUI! lu bons;

    regardons CIvet. .• soin les plaies pour en Irouver les remides.

    "El puisse le doux lien dll sOll'uenir lIUUS allacher loujours da'Vanlage

    à la maiso1J ptl/crllelle. d la Jf!rrc féconde

    , Nul tra'Vail, nul meNu" 'eû coml'arable au vôlrt« Par la grandeur, 1'lIfilile !«" Aime.'!:. dOllc voire étal el t.'('11 cJ){·rche ••.pas d'aulre,

    If Car l'ar lui vit l'hummlili !

    J. S.

  • CHAPITRE 1'IIE~'lIEII

    LE VILLAGE

    Nom, Topographie, ~essorts

    1. - Nom

    Il exist" sur les cOllfins du ùépartement de l'Aisne, versl'Ouest ur: modeste village appelé Montigny-Lengrain. Per-~hc su. une colline peu élevée, il domine line vallée presquecirculairt: formée par les montagnes qui hordent la rive gau-che de l'Aisne.

    Son nOl1l " varié ùans le cours des siècles.Ali x' siècle, MOlltigny-Lengrain s'est appelé MontiniaculIJ,

    Montiniacurn-castellum (1).En 1132, on écrit Monteigni et, en 1148, Moutegnetum

    ou Montinetum (2).Au lIIilieu du siècle suivant (1255), on trouve pour la

    première fois l'orthographe actuelle, Montigny (3), puis Mon-tigni e'l 125C (4).

    Jusqu'au milieu du XIII< siècle, pour distinguer ce vil-lage de ceux qui portent le même nom - et ils sont nom-breux, - les actes indiquent sa situation, « dans le Soisson-nais». Mais, à partir de 1258, cette mentiou est remplacéepar le mot « Langrin Il ou « Lengrin » (5).

    Au XIII" siècle, on écrit aussi Mun\eigni-Langrin, Mon-tigni-le-Chastclcr (1269) (6).

    1. ChfO.niquc de Flodo;1u'ù, a. 938, 945.:l. Carluol. de J"abb. de Lol1!gporul, fo 8, 14.3. Areh. n2!IÛOll., Trésor des Chartes, reg. 30, No 245.4. Areh. dép"·l., Oise, ~artul. de J"abb. d'Ourscarnp, fo" 16!!.5. Ar~h. na,Lio·n.. Trés{H' des Chartes, reg. 80, No 28.G Rib!. N"Uo.n., SUipp 1-&111ent de dom Grenier, 289.

  • s IIl81'Ollll:: DE )IONT1(;NY-LENGRAIN

    Dans une charte du Chapitrc cathédral de Soissons. del'année 1296, le village s'appelle Montignyacus (1).

    De 1a fin du XVI" siècle à nos jours, on a écrit Monti-gn y-Lengrain, Montign y-Langrin, Montigny-L'Engrain.

    L'opinion la plus commune veut que le mot Montignysoit formé de deux mots latins, mons, montagne, lieu élevé,et ignis, feu.

    La situation du village explique 'Ia première partie dunom; son antiquité, son importance et son altitude justifie-raient assez la seconde. Nous savons ,en eHet, que les peu-ples ancicns cOlllntuniquairnt entre eux au moyen de signauxdonnés au sommet des lieux élevés et que les brasiers yjouaient un grand rôle.

    La ferlilité du sol de Montigny, qui produit des blés etdcs eéréales magnifiques, explique le mol Lell,f!;rnin;« engrain» est Je nom d'une espèce dc frolllcnt, et dans cer-laines contrécs ee mot désigne toute semence en céréales (2).

    Il - Topographie

    Le territoire de Montigny-Lengrain est situé entre ~9u25'et ·1')°20' de Ia.tit!,!de N., entre 45' tl.J ' de LQn.gitude E.

    \-5a superficie esl de 1.132 heet., 40 a., 95.) Sa forme estcelle d'un octogone irrégulier ayant deux angles rentrants,l'un, à l'entrée de la Chaussée Brunehaut, l'autre à l'endroitoù le rû de Banru limite les départements de l'Aisne et del'Oise.

    1 Sa plus grande longueur est de 5.700 mètres, sa pluspetite largeur, de 1.400 mètres, et la plus grande, 2.800 mè·tres, entre Courtieux et Ressons-le-Long. -

    Il est arrosé, au Nord, sur une longueur de 1.100 mètres,par la riviàe d'Aisne, à l'Oucst, par le rû de Banru; ceruisseau prend sa souree dans le bois du même nom. Il fai-sait mouvoir autrefois trois moulins: celui de Banru, lemoulir. de Tannières et celui de Bourbout. Le rû de nanrureçoil sm sa rive droite, un mince filet d'eau appelé le rû deMarsigny; la source de ce dernier est il la fontaine Saint-Martin, son cours se dirige de l'Est à l'Ouest.

    1. Carltul. ,Ii" "h.p. calhéd., Soissons, fu 7.~. i':OllVea'll Larollss'e 1LhIDS'lTé, IV, 1>.178.

  • IlISTOlRE DE )lOi"TIr.NY-LE.~GJ{AlN 9

    Le territoire a une altitude de 135 mètres, au village; d"66 mètres à Orval et de 126 au Châtelet.

    Le village n'a que quelques rues; la principale, d'une10nguelL' de 200 mètres, appelée rue de la Gorge au lanisSaint-Jean, est traversée, à angle droit, par une autre qui,venant du chemin de Pouy, descend à l'ancien presbytèrepour rejuindre la l'lie des Vaches, Celle-ci commence à lacroix Saiut-Claude, descend jusqu'à Orcamp et aboutit au che-min vicinal de Montigny-Lengrain à Vic-sur-Aisne,

    Montigny-Lengrain compte quinze hameaux, fermes oumaisons isolées: la

  • ·10 Il J~TOlnE UE .\/ONTIG NV-I.F.N1OlU 1N

    tendant ou chef dc la généralité résidait à Soissons (l). Ilétait ai dé par les Elus ou chefs des Elections ou Officiersqui remplissaient ks fonctions de nos Sous-Prdets.

    Les officiers dcs élections intervenaient dans les comptescomm UIH'UX.

    L'Election était une circonscription financière: sa juri-diction connaisslit particulièrement des tailles d des aides;elle participait à la répartition de la taille.

    Montigny-Lengrain faisait partie de l'élection de Sois-sons.

    La plupart des villes possédaient un entrepôt de selpour la région.

    Montigny-Lengrain devait s'approvisionner à celui de Sois-sons.

    La poste avait aussi ses bureaux moins bien organisés queceux d'aujourd'hui, mais enfin dcs bureaux auxquels étaicntrattachée_ ks différcntes localités de moindre importance.Le bllrcau de poste de S"issons desscrvait Montigny-Len-grain. .

    Ce village relevait dc ln maîtrise de Soissons. La maî-trise était un tribunal ou juridiction qui connaissait en rre-mière instance des affaires conce'-lIallt les bois, la chasse, larêche. Elle était supérieure à la gruerie et inférieurc i, latable de marbre, triJunal suprême dont les juges siégeaientpri'!Jitivement devant une table de marbre - d'où son nom.

    Chaque contrée avait scs mesures, source de grandsembarras, pour les transactions; les plus usitées dans lesaclcs de ventes, d'achats, dans les baux faits à Montigny-Lengrain sont celles d'Altichy, de Pierrefonds, de Vic-sur-Aisne

    2' A dminislmliolt jlllliciai1'e

    La justice royale se divisait avant la Hévolution: enprévôtés, en bailliages et en parlements.

    1. L'Hôlel de l'!rrlendaoce

  • IIISTOIRE DE .\I0NTII;;n-T.EiSGRA1N 1 1

    L:l prévôté était le premier tribunal, ses appels ressor-tissaient au bailliage; elle ressemblait aux tribunaux desimple police.

    Le bailliage jugeait en appel les sentences de la pré-vôté et dt la justice seigneuriale. Il était l'équivalenl dn tri·bunal de première instance de chaque arrondissement. Encer!ains cas et pour certaines summes, il jllgeail en dernierl'essor!: en matière civile, jusqu'à deux cents livres ou dixlivres d~ rentes; en matière criminelle, dans tous les cas.

    Le parlement était une cuur supérieure de justice qlliconnaissait des affaires en dernier ressort: c'étail la Courd'appel et de cassation. Il y en avait douze en France.

    Montigny-Lengrain relevait du hailliage de Villers-Cot-terets, du présidial de Soissons, dn parlement de Paris.

    Chaque province on même portion 'de province, outreles lois. les ordunnanees et les décrets généraux faits parles rois pOUl' toute la France, était régie par des usages par-ticulien; qlli, différents de ceux des autres contrées, avaientforce de loi Ils avaient été réunis en des recueils et for~maient le droit cOlltnmier à côté du droit écrit.

    Les actes à Montigny-Lengrain étaient régis ou par leslois ou pal' la coutume du Valois; cependant, pour les ques-tions de chemins, les hameaux de I::luurbout et de Thézyétaient régis par la coutul1le de Senlis (1).

    3" rlilministrn/ion l·eli.QiclIsc

    La paroisse de Montigny-Lengrain a tuujours appartenuau diucèse de Soissuns. Elle dépendait, avant la Ré"o!utioll,du doyenné de Viviers et de l'arehidi:lconé de Suissons,appelc granD archidiaconé.

    Le duyenl1é de Viviers I:éunissait vingt-six cures, "ing;tet une séculières et cinq régulières: Ambleny, Rreuil" Chel-lcs" Bérognes,· Cœuvres, Corcv, Couloizy" Croutoy,· Cuise-la-Motle" Cutry, Dommiers, Faverulles, Ilautefontaine"Jaulz}" Laversine, Montgobert, Montigny-Lengrain, Morte-téfontaint Pierrefonds" Ressons-Ie-Lung, Saint-Bandry, Saint-

    1. Ar·ch. commlull .. ~lollJ.igny·Lengr:lill : Ueg. de d"Jib.,

  • 12 HISTOtn I~ DE )lOI'TlGNY-LF.NGRAI:'i

    Etienne: Saint-Jean-aux-Bois,' St-Pierre-Aigle, Soucy, Vieux-Moulin; Vivières (1).

    Montigny-Lcngrain avait une cure séculière sans succur-sale ni annexe.

    Histoire de Montigny-Lengraindans ses rapports avec l'Histoire j?,"énérale

    depuis les origines jusqu'à nos jours

    Il Y a pour l'hisloirc, dans ses rapports avec l'histoiregénérale, unc division toute naturellc en trois périodes :10 de l'origine à la Révolution; 20 pendant la Révolution;30 depui" la Révolution.

    1. - Des origines à la Révolution·

    1. Des orir;il/es ail xe siècle

    Il est difficile, même impossible, 'd'étahlir à quelle épo-que notre pays a dû être habité. Ce qu'on peut affirmer,c'est que l'apparition dc l'homme y remoutc à la plus hauleantiquité. Les squelettes, les armes primitives, les silex décou-verts dans Ics fouilles opérées au XIX' siècle, ne permettentpas d'en douter.

    La partie uu lerritoire ne Montigny-Lengrain, la plusanciennl comme la plus inté:essante au point de vue histo-rique, s.'appelle le Chàlelet. C'est une e,lceinle située entreTannière" et Hessons-Ie-Long, au nord du vlliage et à envi-ron trois kilomètres à vol d'oiseau, sur la pointe d'une mou-tagne escarpée. Un retranchement important a été fait du côtéest, pour isoler cette partie du plateau principal, tous lesautres côtés quoique escarpés uaturellement, ont élé g-aruissur la hauteur de talus bien dressés, variant de trois à sixmètres de rampe. Au-dessus des talus, des murs ont éléélevés.

    1. Le, noms SU!1VIS d'un asl·éJ'Ïsquc sem! ceUl.'Cdes paruissesqUIÎ. fon 1 partie du dioc"sc dc Beauvais, depuis Je CU'II.cOI·dat.

  • HISTOHtE ut:: l\lONTIGNY-LENGRAl~ i3

    La superficie de l'enceinte est, d'après le çadastre, dehuit hlctares, quatre-vingt-huit centiares (1),

    Quels événements sc déroulèrent dans cette enceintefortifi~e? Quels peuples l'habitèrent? Les découvertes quenous allo:Is mentionner r~pondront d'une façon assez com-plète, quoique indirecte à ces questions,

    Le 20 juillet 1813, le sieur Cr~pin, cultivateur à la fermedu f:hâtelet, était occupé avec plusieurs personnes, il extrairedans une partie de son exploitation, lieu dit de Oando-Ion, un" énorme pierre adh~reate à un monticule qu'il dési-rait )1 ive icI', quoique, attendu son peu d'él~vation, on y fitdepuis longtemps passer la charrue. Après de vains efforts,il reconnut qu'elle était si profondément enfoncée dans lesol, qu'il devenait Ilécessaire de creuser autour pour la reti-rer. On s'aperçut alors qu'elle recouvr'ilit une construetiollen pierres .brutes ayant la forme d'un rectangle de quatremètres de 1ongucur ~ur un mètre vingt de largeur. On enlevala terre et, à deux mètreS de profondeur, on rencontra linecouche de: petites pierres superposees qu'on retira succes-sivement et sous lesquellcs on trouva cinquante squelettes.La formt des crânes était remarquahlement allongée versle haut Ccs squelettes paraissaient avoir appartenu à desadultes de sexe masculin, Ils furent transportés et inhurn~s ill'orient dans le cimetière de la commune.

    A côté de ces squelettes, on trouva un "fragment de pole-rie calcin~~ et trois hachettes d'un métal très coupant qlIisemhle être un alliage de cuivre et de plomb.

    M. Foss~ d'Arcosse, de Soissons, était en 18~~ possesscurd'une des hachettes qu'il décrit ainsi : ({ On remarque aucentre de l,a lame, une espèce d'arête ou de bourrelet quis'abaisse et dis?araÎt vers le tranchant; la partie antérieurede l'instrurncnt cst évi:lée des deux côt~s de la tige, proha-blement pour recevoir le manche sans Icquel il parait impos.sible de s'en servir» (2).

    1. BlIolJelli,n de la Soc. "r~h. dl' Soisson.s. A. 1889,

    2, Mébnges pOUT servi.' ù r!lliS'!oirc du SoissulI,nais, p. FossÉn'ARcosSE, 1843.

    CeU,,,"rme est ~Ulle hU!che il tœIon die j'Age dl\l RI'u,llze III(lSOO envi,rOlll "V,,,JI J. C.).

  • IIISTOInE DE ~IONTlfiNY-LENGRAll'i

    M. Clouët possédait en 1850 une hachette en porphyreprovenan t du même ossuaire.

    Sont-ce des armes de guerre ou de sacrifice? .En 1815, à peu de distance de ces premières fouilles,

    M. Chotin, instituteur à Montigny-Lengrain, découvre uneautre ga1eri~ couverte.

    Les dalles fermant la tombe étaient percées de vingttrous ronds assez réguliers. Au milieu d'un nombre consi-dérablc de squelettes, il retire trois haches polies dont uneen mélanite et les deux autres en silex.

    Trouvée également au Châ'elet une hachette de dimen-sions minimes, en roche verdâtre et rayée, percée d'un œil ausommet, sans duute puur être suspendue à un cu11ier cummeparure ou fétiehc.

    Lors de la reconstruction d'un bâtiment à la ferme duChâtelet, dans le courant de l'été de l'année 1849, les maçonsmirent au jour, eu creusant les fondations, une tombe conte-nant de~ fragments de poterie épaisse et grossière, d'autresde meilleure furme et noirs.

    Instruments néolithiques trouvés à Montigny-Lengrain

    (Fouilles l'auvilld)

    En 1887, une truisième galerie murtuaire a été décou-verte et fouillée par M. Vauvil1é, de Pommiers. Elle est situéeau lieu dit Dessus le Bois de Thézy, à environ 450 mètres et

  • HISTOIRE nF. ,rOi'iTlfti'iY-LENGnAI;'Ii,.,.

    .)

    au N.-O dE l'ossuaire ouvert en 1843 et à 260 mètres O. del'ancienne voie romaine, à 80 mètres et au Sud de l'escarpe-ment d•.• la montagne. Les fo,lilles s;étendent sur une lon-gueur de 7 m. 90 et ont une profondeur de 1 III. 20. La lar-geur ûe~ divers groupes de sépultures est variée: elle com-mence à 2 Ill. 20, pour sc termine, à 1 m. 70. On peut tvalueril deux cents, le nombre des squelettes mis au jouI'. Ondécouvrit également divers silex et de grossières [loteries (1).

    M. Chotin, instituteur, a trouvé aussi dans les fouillesdirigées par lui en ISE,:

    10 Deux médailles gauloises, l'une en potin (alliaged'étain et de cllivre de couleur grise), d'une exécution très gros-sière, portant à la face une tête casqute et au revers un che-val dont la queue renversée le fait ressemhler à une chimère;l'autre, en bronze, d'line meilleure eX~ClItion, portant aussilin casque peu élevé et, au revers, un cheval ailé entre lesjambes duquel on lit en lettres romaines très allongées'CIUClRV. Cc personnage paraît avoir été le chef des Sues-sions au déhut du 1" siècle avant .J. C.

    20 Deux Néron (54-bS).3" Un Vespasien (69-79).~o Un Adrien (117-138).50 Quatre Antonin (13S-lbl), a"ec cette inscriptiou:

    ANTON 1NVS-AVG-P 1VS-P-P-TR-P·COS-II 1

    If. SECVRITAS-PVRLICA

    A gauche la sécurité dehout, tenant un sceptre et s'ap-[luyant su, une colonne.

    1. Trouvée duJrtIS ce~ touLiles. lU1Rhag'lle t'Il cuivre ,ur I:t-quelle on lit l'in.scriplioll ~lIivanlt.·: c Ave Mu";,,. ,\IIHI\II' Ille leFet {ère •.

    y \PVII.I.I: .. SI·tpll'lJ!'II.1"C.':'t iJII.cill.é.raLioll d,t' l'épO(IUC {le la picn"cpoLi.e S>U[' la l'omll1unlC dre ~11~lig'uy-Lellgrain (.\jslle), i'n-nlli.Soc AŒI'hNllpow,!l'e ,1e P:Lri~. 1888.

    VACVIl.l.É. :\o,:~s "lnr un~ 11JOUI'cllcg'aleri,c eouvm-tc situéeil Monlli~lty-I.·engraill. ill-TIIII. Sor:. Areh('\llo.~ique ,Le SOiSSOIlS,1888, p. ·1 (1 pi''''",ehe).

  • 16 HISTOIRE DE lIONTTGNV-l.l:C'ôGRAIN

    6" Un Septime-Sévhe, argent (193-211).7° Un Postume (258-268) (1).

    Plusieurs voies anéienne~ traversent le territoire de Mon-tigny-Lengrain.

    1" La chaussée Brunehaut. Elle quitte Soissons par le fau-bourf, Saint-Christophe et jusqu'à Pontardler ~e confondmaintenant avec la route nationale de Ronen à Reims. APontarcher, elle oblique vers Je S. S. O. passe entre Soissonset Ambleny, aborde à la f:roix-Rouge le territoire de Monti-gny-Lengrain qu'elle traverse de l'est au sud-ouest, sur unelongueur de :2.800 mètre~ pour continuer vers Pierrefondset Béthisy.

    Elle figure au plan cadastral sous le uom de Chau~~éeBrunehaut de Soissons, de Valeric.

    Cette chaussée dut être primitivement une voÏe gauloise.Nous savons en effet, par l'histoire, qu'en l'au 57 av. j.-c.,César a suivi cette vOie pour se rendre à neauvais, tandisqu'un de ses lieutenants, le quittaut à Pontarcher, prit uneautre voie allant de Vic-sur-Aisne à Noyon par Nampcel etCuts. Or, pour que les troupe~ de César, avec leurs lourdset nombreux chariots aient pu utiliser ee chemin déjà exis-taut, il fallait qu'il fût une voie gauloise importante.

    Vers l'an 200, les Homains élargirent et exhaussèrent ccchemin et plus tard, entre 534 et 613, il fut réparé, d'oil sonnOIll de chaus~ée Brunehaut.

    2" Une autre voie aneieune venant de Novon par Namp-cel et Vic-~ur-Aisne. rejoignait la précédente sur le lerritoirede Montigny-Lengrain, prb de la Croix-Rouge. Elle passait'1 quelques centaines de mètres du Châtelet (2). Ce chemin'lui parle, sur le plan cadastral, le nom de ehau.6sée de Vic-sur-Aisne il Villers-Cotterets, est bien conservé à l'état pri.mitif sur toute sa longueur qui limite les territoire~ de Mon-tignv-Lengrain et de Ressons-le-Long.

    1. nlLU. de la Soc. arch. de Soi'.;.on,s. A. 18~1, T. ". p. 1:>2.Il est l',,·.o,,hl,, lllue ee n'e sorot pas les SNlles monnaies

    g·aruloi,s~ et romOJincs recueillies :1 ;\fnllliglly-Lcngrain.

    2. PEIG;>;É-VCLACOUfiT. Topogr. "n·h. des can'Ions de laFrnll·œ: rarLlOll

  • 1I1~"Olnl~ DE )IO:'lTIG(\Y-l.ENr,.n.U~ 17

    La conclusiun qui s'impo~e, c'est que le passage et les~jour de l'homme sur notre territoire remoMent à une assezhaute antiquité.

    Dès les temps les plus reculés, nos ancêtres surent pro-fiter de ce magnifique lieu d'observation et de défense qu'estla montagne du Châtelet. Cette position commande et dominela vallée de l'Aisne entre Soissons et Compiègne. Les sour-ces nombreuses qui -jaillissent un peu pariout sur le terri-toire, la rivière d'Aisne qui coule à quelques centaines demètres, les bois giboyeux qui s'étendaient non loin de là,assuraient aux tribns les vivres et les vêtements. 1 Aussi leChâtelet, berceau de la commune de Montignv-Lengrain,fut-il dès l'origine jusqu'au moyen-âge un lieu fortifié où sesuccédèrent ks Gaulois, les Romains et les Francs.

    « Le résultat des fouilles opérées dans l'enceinte duChâtele~ permet d'affirmer qu'elle a .:té fortifiée et occupéeà deux époques bien distinctes: (1)

    1° Enceinte gauloise

    On a relevé la trace de murailles constru ites en pierresde petites dimensions, pos'~es il sec, avec poutrelles qui ontété détruites par k temps, en y laissant comme preuve deleur emplui dans la fortification, de longs c10llS d'assem-blage qui ont été retrouvés très oxydés (21. Les poteries gau-loises recueillies au fond du fossé du retranchement princi-pal et aqssi dans l'e~lceinte, les monnaies de la même époquetrollvée~ aux m'êmes endroits permettent d'affirmer qu'on setrouve en présence de l'enceinte gauloise.

    Est-cc là lin oppidum? Sa sllpelficie de 8 hec!. SS cent.nous fait r~pondrc par la négative; l'uppidum était, en géné-rai, ù'unc plus grande étenùue.

    1 YAUV'LT.É. Mémoilre ~lIlI' [pLusi",,,'s onc"i·I~lcs antique_,,Lu tl.{'Palrbem~nt de L\.li~ltie, in·R'll!. Soc, .\r(jh~ologitl'te 'ticSollS5Ons, 1889-1890, p, Il;; (1 pll3nche) ,

    2. VAl:VILLÉ. ClolI>' tL'asml>l:bge cn [cr pro"cnanl tic lal'oclifica1iou g'blllloffie cie l'~mceinlc du C1,âl.eiel, ln-HuI. Soc,}\!rl"hoologi'Tu~ dtc Soi5!SOn, 1893, p. ~,

  • III HISTOIRE Of: MONTlGNY-LENGHAIN

    20 EI/ceil/te dl< la deuxième époque

    La muraille en gros matériaux rudimentairement taillésdablie sur les furtifications gauloises ne pcrmet pas à elleseule de pouvoir fixer son origine, mais les événements quise déroulèrent en ce lieu en l'an CJ38 et que nous rapporte-runs à la page suivante, jellerunt quelque lnmière sur saprovenance }) (1)

    Avant d'entrer dans le domaine de faits plus precIs,il m'a paru intéressant de relater la tradition cunstante àtravers les âges, dans ce pays, d'un événement muitié histo.rique, moitié fabuleux, dont le sul de Montigny-Lengrainaurait été le témoin: {( En dehors oes remp>lrts du Châtelet,entre ce lieu et le village, s'étend une belle et vaste plaineque les hahitants appellent encore aujourd'hui Ville de Gan-delon. Au temps de Charlemagne - raeuntent-ils - s'éle·vait en cc lieu une ville (oppidum) dont le seigneur était Gan.delun. Conda;uné pour crime de trahison, il fut écartelé àLaon. S~: femme, enfermée dans un tonneau garni à l'intérieurde pointes de fer, fut lancée de la montagne du Châtelet ~tprécipitée dans l'Aisne. Après cette double exécutiun, laville fut détruite. }) (2)

    Si on met ['histoire en' parallèle avec cette tradition, onvoit que sous le règne de Charlemagne (742-814) existait unseigneur nommé Gannelon 'lui trahit ce prince en établissantdes intelligences avcc les Sarra~ins et contribua ainsi aildésastre de Hunceveaux (778).

    Thierry l'Ardennais se porta pour accusafeur de cc fur·fait ; Pinadel, parent de l'accusé, se ehargea de le défen-dre. La cause fut vidée en chanlf) clus selon les mœurs del'épuque. La victoire ne fut pas aveugle el se déclara puurThierry; ~ilurs le vainell confessa la trahison el s'en a\'ouamême complice. Pinadel fut COndamné à être pendu et Oan.nelun à être écartelé.

    La sentence fut exécutée au fauhourg de Leuilly, prèsde Laol, (3).

    1. Ru,lIeliÎlnde la Soc. al·"h.

  • Hl~TOIRE DE )lO~TJG~Y-LE:>GR.\I:-; HI

    Ce Gannelon 'de l 'histoire est-il le même personnageque le Gandelon de Montigny? Chose impossible à prouver.

    2. - Du X' siècle à la Guerre de Cent Ans

    L'histoire de Montigny-Lengrain, grâce :lux documentsécrits qui sont parvenus jusqu'à nous, va devenir plus pré-cise.

    A l'aurore du x' siècle, s'élevait sur la montagne duChâtelet, au lieu et place de l'encein(e gauloisc, un châteaufortifié de la dépendancc de l'abbaye Saint-Crépin-Ie-Grandde Soissons, Un cerlain Serie s'en était emparé ct, de cerepaire situé sur une montagne escarpée, dominant le coursde la rivière d'Aisne, il purtait le brigandage dans les con-trées environnantes.

    Favorisé par la guerre qui désulait le Soissonnais etmettait aux prises les arm

  • 20 IIIHolnE DE )IONT1G~V-LE;'(r.RAlN

    mes lire amena les hostilités dans le Soissonnais Où les tenanbdu comte refusaient d'obéir aux ordres du souverain. Lecapitaine André prit ses dispositions en vue d'une résistanceoril:Îàtre. mais il avait compté sans la trahison d'uJl des skns.Le traître livra les clefs du château allx soldats du roi 411ipurent y eutrer sans rresqlle coup férir. André périt lesarmes à la m~in ma'is non sans avoir fait justice du traitrequ'il égorgea lui-même,

    La surprise du Château de Montigny-Lengrain fut lesignal d'une guerre (J'extermination dans tout le Soissonnais,où les deux rartis, - ajoute le chroniqueur - luttaient derapines. '(1)

    \ Quelques mois plus tard, en 9.•5, le comte de Vennan-cluis prit sa revanche. Profitant d'un voyage 4ue le dllcHug'ues le Grancl faisait en Normandie en compagnk dujeune roi, Héribert s'allie I:lernard comte de Senlis et Thi-baut de l'ours. Leurs troupes réunies attaquent, le jour dePâques, « Montigny, ~hâteau du roi », le prenneut, y met-tent le feu et détruisent ce que l'incendie a épargné (2).

    Le village aduel distaut de ce château de truis kilomètres,existait-il déjà? Nous le pensons Cd nuus appuya ut sur cef:iÏt que l'église était élevée, un siècle après ces événel11euts.Or, de semblables constructions devaient surlout, il l'époque,exiger de nombreuses années de (ravail et par ailleurs, lesfidèle, no;; bâtissaient leur temple qu'au milieu de villagesdéjà importants par le nombre des hahitants.

    Les terres eullivées étaient déjà fort étendues; les vignu-hies très flurissants s'étendaient sur les eôleaux aujourd'huiensemencés ou en savarts.

    Dè 1195 à 1337, l'histoire de Montigny-Lengrain ne nuusest eounue que par les chartes des ahbayes, pussesseurs ence territoire de fermes et de terres. Ces documents qui n'in-téressent pas 1'histoire générale auront leur place dans lesannales particulières de chaque hameau.

    Avec la guerre de Cent aus s uuvre, pour nos paysans,l'ère des calamités. Il est vrai que les historiens du Valoiset du Soissunnais font le silence sur notre village; mais sa

    1-2 FLODOARD. 0, C., a. 945. - PÉCHECl', An·na.lcsd" dioc.de Soi~'iSon.:i, T. 1, pp. ",7:}) 7G.

  • H1Sl'OIKE DI, )10NTlGNY-LENGKAl~ 21

    ~ituation au milieu d'une contrée couverte de ruines aCeulllu-lées par l'ennemi, pruuve assez qu'il ne fut pas épargné.

    :1. - Pendant la Guerre de Cent Ans

    La guerr~ entre la France et l'Angleterre ~'allume puurun siècle, en 1337.

    Montigny-Lengrain faisait partie du Valois. Or, le Valois,centre des posse~siuns de la royauté, excitait la convuitisede l'étranger. COlllme aujuurd'hui Paris, il élail le bul deloute~ les invasions; le roi était frappé au cœur par la pertede ses dumaines, du patrimuine de ses ancêtres.

    Situé presque à égale distance de Compiègue et de Sois-sons, à ljudljues kilomètres de la route qui unit ces deuxvilles, notre village ne dut que trup souvent ~ubir leur surt.

    Jusqu'en 1340, le pays ne souffrit que de l'établissementde la gabelle uu augmentation de l'impôt SUI' le sel (13-15).des levées d'hommes et de contributions de guerre. Lesarmées anglaises s'étaient bien avancées vers nos contréesmais l'arrivée des truupes françaises devant Compiègne lesfit rétrograder.

    Débarqués de nouveau en France, en 1340, les Ang'laisenvahissent le Valois et la Picardie. Furcées de battre enretraite, les troupes du roi Edouard se livrent au pillage:vivres. charrettes, chevaux et bestiaux sont emportés.

    La pesk noire et la famine furent les tri~tes cunséquencesdu passage de ces rapaces.

    La caplivité yu rui Jean, après la funeste bataille dePoitiers (1356), gagnée par le Prince de Oalles, filsd'Edouard Ill, mit le comble aux malheurs du royaume. LesElab furent cunvuqu'és au mois de mai. 1358 à Compiègnepar le Dauphin qui ij'y rendit avec sun chancelier Jean deDormans, chanoine -de Soissons. Ces Etats se plaçant il latlauteur des circonstances firent de gros sacrifices. Le Clergévota des décimes, la Noblesse, un so"1 par livre de ses re\'e-nus, et le Tiers-Etat s'engagea à entretenir un humme deguerre pal' soixante habitants.

    C'est à cette époque que les paysans du Beauvaisis, duSenlisis et du Valoi~, réduits il la misère, se revoltèrent con-tre les ~eigneurs. Le mouvemenl commença le 21 Mai 1358 ;

  • 22 IlISl'OIRF. DI' MONTIGNY-l.ILN ••nAI:'l

    la plupart des châteaux du Valois furent pris 'd'assaut etsaccagés. Parmi les chefs du parti, on remarquait Lambert, deHautefontaine, frère du président au Parlement et conseillerdu dUl de Normandie. Mais 1lientôt les gentilshommes de lacontrée SI réunirent pour mettre un terme à ces dévastations.Ayant demandé du secours à lcurs amis de Flandre et de Bra-bant, ils exercèrent de terribles rc~résailles « tuant ei décou-pant ce, méchantes gens sans pitié ni merci».

    A cc fléau de la Jacquerie, succéda celui de la guerre desNavarrais Le roi de Navarre réunit « force gens d'arilles etsoudoyer~, Allemands, Hennuyers, Brabançons et toute sortede gens sans avcu, et commença à guerroyer fortement leroyaume». Cette armée de hrigands ravagea tous les villagesétablis SUl' les rives de l'Aisne et de l'Oise. Vers Soissons,entr~ Lao.\ èt Reims « se tenaient plusieurs pilleurs et voleursqui dérohaient et rançonnaient tout le pays d'a!entouf... "

    En 1370, Robert Knull, capitaine d'Edouard Ill, envahitla Picardic. Nc rcncontrant aucune résistance sérieuse, sonarmée put ravager à son aise le Valois, le Beauvaisis et leSenlisi~. Sun passage est marqué par les ruines ensanglantéesct fumantes des villages détruils. Toutefois, l'espérance renaîtpJr la victoire de Dugucsclin à Pontvallain. I(noll vaincu scretire et perd deux cents hommes dans la .plaine de Cré[l·Y.Dugucsclin continue la lutte el se couvre de gloire. LesAnglais sont chassés du Valois, de la Picardie, dc la Norman-die. L'étendard hritannique ne flotte [llus en France

  • nlSTOIRE DE )IO:-lTl(;:"y-r.F.~(;nAl:'\

    . faveurs: le 23 novembre 1407, il tombe sous le poignard desassassins.

    Cc crime de:termina la guerre cntre les maisons d'Orléanset de Bourgogne. Le nouveau duc de Valois, Charles d'Or-léans se l.igue avec les comtes de Clermont, de Foix, d'Anna-gnae. Sor. mariage avec la fille de ce dernier donne 11son partile uom d'Armagnac.

    En Iol08, Coucy, La Ferté-Milon, Pierrefonds, sont prispar les Bourguignons; le Valois tout entier est envahi parleurs troupes. Aux horreurs de la .IIuerre, s'ajuutent les cala-mités d'ur. hiver rigourcux. Les chemins sont couverts deneigc. 1:,. circulation interrompue. Le froid fait des victimesinn01l1hrables (1).

    Vaincll et impuissant, le duc d'Orléans demande auxAnylais de lui prêter main-fortc. Ceux-l'Ï acet:dent avecemprf,ssement à son désir.

    Leur< armées réunies triomphent des Bourguignons quiabandonnent le Valois.

    Jean Sans Peur prell'd sa revanche l'annéc suivante:Villers-Cotterets, les ahbayes de Longpont et de Valser.l· sontla proie de l'ill(;endie. Toute la contrée semble un désert.Depui~. le mois de déccmbrc '1413 jusqu'à Pâques de l'année1414, les garnisons de Pierrefonds et dl'. Compiègne ne ces-sèrent d

  • 2'" Il l:nOlIU': l.H~)lONT1G:~\'-LENGRAI~

    dc 1419 fut insignifiante. On sc mit à pourchasser les chienset on mangeait tout, chair et tripes. »

    Le'; loups attij~s par l'odeur de~ cadavres qu'on nc suffi-sait plus à cntcrrcr, se jetaient dans les villa'ges'.

  • ')"_:J

    la Pucelle rcsta dehors. Elle lança son cheval au galop dansla direction de la forêt, c';itait la seule chance de salut. Maisavant d'avoir pu l'atteindre, elle fut prise vers six hcurcsdu soir dans la plaine dc Margny par Lyonncl, bâtard de Ven-dôme. Cet homme b vendit 3.000 livres 11Jean de Luxem-bourg.

    Jca,! de Ligny revendit la f'ueellc IO.UUO livres à f'hi-lippe, duc de Bourgogne. Les Anglais la réclamèrent et par-vinrent il se la faire céder.

    Il était facile de prévoi,' que Jeanne sei'ait livrée ausupplice: déjà exaspérés par leur défaite, honteux d'avuirété vaincus par une femme, par uue cnfant, les Anglais fré-missaient de honte.

    Les juges de Rouen se mirent à la hauteur de la haineuritannique: femme et prisunnihe de guerre, Jeanne d'Arc,11 ce doublc titrc, devait être respectée. Et cependant clicfut brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431.

    Peu il peu, les ennemis disparurent du Valois, lcs terrcsfurcnt de nouveau cultivées et les laboureurs purent enfinrécolter,» (1)

    La· gucrrc ae (:ent ans, si funeste à nos contrées, sc tcr-mina en 1453.

    J,.• - De la Guel're de Cent Ans à la Ligue

    Les guerres de religion causèrent de nouvelles souf-frances. Après s'être emparés de Suissons, les réformés ouprotcstants cnvahircnt le Valois, le 27 septcmbre 1567. Ilss'attaquèrent aux maisons religieuses et aux monuments ducullt: c'athulique; 'ils urùlèrent les couvents, les églises,égorgèrent les moines, les prêtres et commirent mille atro-cités (2).

    L'églist': de Montigny-Lcngrain devint-elle COITlIllC tantd'autres la proie de l'incendie? La reconstruction complètede la nef et de quelques autres parties, il la fin du XVI" siè-cle, le laisserait supposer. Toujours cst-il que le village futpillé.

    1. DUJARDIN, 1. c.., p. lOG :1 110.~. CAuLmu, Il, li(j;i.

  • 1IlSTOIHE DE J(ONTIG~Y-T.ENf.nAIX

    Celte orgie dma cinq mois. Les catholiques et les protes-tants firent la paix le 2 mars 1568. Elle fut de cotirte durée,les hostilités reprirent bientôt mais en dehors du Valois.

    J. - La Ligue

    Après avoir payé sa contribution pour les frais de laguerre qu'on allait soutenir contre les Huguenots, le Sois-sonnais souffrit de la grande disette qui désola la France en158b et en 1587. Dans cette dernière année, le froid fut siintense et si r:ersévérant jusqu'au mois de juin que la récoltemanqu~ .. Le blé tripla de valeur, de sorte « 'lue le peupleétait rongé jusqu'aux de tours, de murs crénelés, les clochers sont garnis de meur-trières. surtout lorsqu'ils commandent certains passages. Lescimetières de Croutoy et de Courtieux ont conservé leurseneeintes fortifiées. (1)

    Le 23 avril 1589, Henri III manda de Tours à d't-Iumiè-res, seigneur de Hibécourt {( de réunir le plus grand nombrede gentilshommes que fai~e se pourra. » l)'Hulllières niit unetelle activité à l'exéeution de cet ordre que sur le champ « ilrasselnbla une grande quantité de nohlesse ». En attendantde nouveaux ordres, il se mit à la tête d'une partie de cestroupe' et alla réduire force châteaux en Noyonnais et enBeauvaisis, puis vint prcndre Attichy, Vic-sur-Aisne, Ambleny.Enfin, après six semaines de courses belliqueuses, il condui-sit tout son monde à l'armée du roi qui assiégeait Pontoiseet bicntôt menaça Pa"is (2).

    Ces expéditions continuelles, ces mouvements de parlis,ces passage:> iëpétés de troupes ruinaient les campagnes duSoissonnais. Tannières, hameau important de Montigny-Len-

    1. cr. PECHEUI\, Annales, V, 558, ~!l.:! .1. DU LAC, NOIti,ce SlUIf dj'lIumières: SO·C. IIist. de Com-

    piègne T III, p. 118.

  • IIISTOlIIElm )lO~TlG:-Y-L~~GRAI:- 27

    grain, situé à quelques centailles de mètres de la route deCompiègne à Soissons, fut ruiné (l). Les habitants s'enfui-rent et leurs terres demeurèrent en friche pendant plusiéursann~es

    Le 15 février 1595, lin détachement de la garnison deSoissons, command~ par Cunan et Bellefond, fit line sortie ets'avança à travers la forêt de Retz. [1 rencontra dans la plaineue Villers-Cotterets ks truupes 'royales sous les ordres deMauss)', de Beyne et de Gadancourt, lieutenants de la compa-gnie de Sully. Après IIl1e lutte opiniâtre, la garnison de Sois-sons fut complètement battue (2).

    1;.- De l'abjuration de Hem'i IV à la Guerre de Trente Ans(1595-1636)

    Les premières années du XVII" siècle furent, pour notrecontrée une p~riode de calme et de prospérité. Mais en Hi23,la peste se déclara à Soissons et s'étendit à tout le Soisson-nais. Nos campagnes furent très éprouv~es. L'~più~mie repritles deux ann~es suivantes.

    « [Jans le cours de l'année lb31, une grande famine se fitsentir à Villers-Cotterets et aux environs. Un grand numbrede gens du commun périrent de faim. L'ann~e suivante, lapeste accourut...! Ces deux calamités eulevèrent beaucoupùe paysans et dépeuplèrent le Valois. » (3)

    i. - Pendant la Guerre de Trente Ans

    En 1636, l'infant d'Espagne, ayant sous ses ordres Tho-mas Piceolomini et Jean de We-th, envahit la Picardie et,par les vallées de l'Aisne et de l'Oise, arriva devant Paris.Ces Impériaux, venus moins en soldats qu'en pillards, s'enretournèrent charg~s et surchargés de, butin, après avoirruiné le pays de fond en comble.

    Les seigneurs avaient abandonné les .populations à lamerci des bandits, k cumte de -Soissons, les princes du sang

    1. ''l'

  • 28 "':;TOInE DE MO):TII~~r-L~NlOH.AIN

    trahirent la france var leur inaction. Animés d'une hainefarouche contre Hichelieu, ils se renfermèrent dans leursforteresses et laissèrent l'ennemi piller à son aise. Celte tem-pête n(: dura que trois mois, mais elle fut désastreuse. Commeune trombe, elle emporta tout sur son passage. les Espaguolsse retirèrent sans être inquiétés, avec les meubles, les bes-tiaux et l'outillage de culture. Cette année de 1636 fut appe-lée dam le Valois « l'année terrible» (1).

    En 11\52 l'armée des frondeurs, commandée rar Condé,envahir le Valois. A la même époque, une armée espa!!nol~forte de 15,000 hommes, appelée par les princes révoltés COll-tre la Cour, s'avança jnsqu'à Chauny dont elle s'empara, Lecomte de Fuensaldagne qui la commandait fit lever le siègede Coucy attaqué par le maréchal d'Estrées. Après unedt:monstration contre Soissons, l'armée es;>agnole se replia"ers la Flandre, Mais quelques régiments allemanùs Iïrentlenr jonction avec les troupes lorraines qui, de leur côté,s'étaient avancées vers Paris. Elles étaient commandées parle duc de Lorraine, en personne, Ces armées, ramas de corps('(rangers, rompus anx guerres de dévastation, rappelaient,par leurs pilleries et leurs cruautés, les routiers et les écor-cheurs du moyen-âge. Elles se jetèrent sur le Soissonnais etla Champagne et campèrent au mois d'octobre 1652 entreSoissons, Château-Thierry, La ferté-Milon et, Fismes, Leduc de Lorraine prit son quartier à Oulchy. Toute cette con-trée et les pays vuisins furent livrés sans défense à la fureurde ces bandes indisciplinées qui les dévorèrent littéralementpendant lcs derniers mois de cette année. (2)

    Toute la campagne était perdue - disent les Annales deSaint·Yvred ùe Hraine, - les fermes abandonnées, les grainsqu'on avait ,amassés avaient été battus et enlevés, les blésencore sur pied, ravagés, la disette engendra des maladies.

    Comment subvenir à tant de besoins si pressants? l'as-semblée du Clergé de 1650 avait voté une somme de600,000 écus sur les bénéfices du royaume pour les frais d'un\'oyage que le roi devait faire en Cin}'cnne au mois de juillet,Simon le Ciras, é\'êC[ue de Soissons, protesta. Son diocèse étaitdans l'impossibilité absulue de ruumir les 1.667 livres qui for-

    1. DUJARUIN. 135,:!, l'ÉCHEUR, YI, :!ÔG.- D"",,,,,, IL ;i5Q.- C\IlI.lEIi. III, I>i,

  • HISTOIRE ilE )IO~TIG!Oy-r.E!O(;I\AI:'< 29

    maicllt sa part de contribution, à cause de l'extrême détresseuù il sc trouvait.

    Le Soissollnais respira un peu ell 1653, grâce à l'habilctéde Turcnne qui, rentr~ au service du roi, sut luttcr conTre leprince de Condé, son rival de gluire. Mais les récoltes dc1001 et de 1662 furent mauvaises: céréales et légumes fircntbienlôt défaut et la disette s'étendit à tout Ic Soissonnais.Lc pain déjà fort cher, ail coml1]encemenl dc 1062, augmenlaencore au mois d'avril; le bl~ se vendit 28 écus le muid (1).

    La charité publique vint cn aide aux plus nécessiteux.,( Ccnt villages du Soissonnais reçurent 33.280 pains du poiùsd'une livre et demic. Ressons-fe-Long cn cut 598 pour sapart. }) (2) Montigny-Lengrain IIC fut pas oublié, mais nousignuroliB quel fut son lot dans ces bienfaisantes distrihu-tions.

    tL - Réquisitions pour l'armée de Flandre

    Désormais, la guerrc va épargner nus contrées si sou-\'ent ravagées par l'cllnemi; toutefois, les ré'luisitions pèse-ront en cure lourdement sur ses habitants.

    En 1675, les Impériaux avaicnt été chassés d'Alsacr,l'AIIg;leterre conservait 1:1 ncutralité et les Suédois nos alliésavaient envahi les ctats de l'Electeur de ·Brandebourg.Louis XIV, toujours prêt avant l'cnncmi, grâce à l'activit~prévoyante de Louvois, cntra en campagne dès les premiersjours de printcmps, occupa Liége, Dinant et Limbourg. Maisà ccttc année il fallait ùes vincs et des vcjtures dc tran·sport.A cet effet, le Soissonnais subit des réquisitions. Un ordrede Monseigncur de Machaux, intelldant de la g'~néralité deSOiSSOIlS, arrive à Montiglly-Lengrain le 12 févricr Hi75. Ilenjoint à la communauté d'envoyer à Guise pOlir le 1" mars,deux charrettes attelées chacune de Çluatre chevaux. Le2! février les habitants passent, pour I:exécution de eet ordre,lin trait~ avec François Léger, marchand et \'oiturier à Part y-cn-Picardie. Moyennant la somme clc cin'l cents livres ver-

    1. Pt:CHEL'R. VI, ;100.

    2, BibI. de Suio>snniS. l. x.. PÉIII:" : Reblioll rOIl'tenant J'ordreLenu d~aI1lsSoissons pour la subsisl::lllf'C des paun"cs.

  • 30 IIISTOII1E DE \1O~TIr;NY-l.EN(;I1AIN

    sée par la communauté et ({par dessus la paye du roi)}, Légers'engage à fournir les deux charrettes ct les hllil che-vaux (1).

    il, - De la fin du XVIIe siècle à la Révolution(1692-1789)

    Sur la fin du 'XVII' siècle et au commencement du suivant,toute la France souffrit de la disette, Le peuple gémissaitsous le poids de lourds impôts et la mendicité prit lin déve-loppement inaccoutumé. Des gelées précoces ,préludèrent en1692 à la stérilité de l'année suivante. A Soissons le fromentvalait 400 livres.

    Le 18 septembre 1692, à deux heures de l'après-midi,un tremblement de tcrrc sc fil seatir dans 'le Soissonnais etk Laonnois: la plupart des édifices furent lé7ardés et endom-magés.

    Le roi s'adressa aIl "Clcrgé pour aviser aux moyensd'atténuer les effets de la disette, tandis quc le Parlemcntétablissait une impositiun extraordinaire. C'est pour s\ib\'e-nir aux n'écessités préscntcs et flltures que Hrularl de Sillery,évêque de Soissons, créa à cette é(loque un bureau de charité,NOlis verrons plus loin quels servi':es cette œUl"re humanitairerendit à Montigny-Lengrain,

    Er, 1708, la récolte fut médiocre et le blé monta jusqu'àcinq cents livres. Puur comble de malheurs, un hiyer terriblesévit SUr la France l'année suivante et la spéculatiun éhuntéeayant porté au plus haut degré la misère publique, la faminedévora le~ pupulations ruraks (2).

    Avec l'année 1774, s'ouvre ure série de procès ruineuxentre J,lulzy et Montigny-Lengrain, au sujet des droits depâturages. La comltlunauté n'avait nullement besoin de ce,embarras pécuniaires, car, malgré l'impulsion donnée par laSociété d'agriculture dans la généralité de Soissons, pourl'amélioration des terres et les défrichements, \lI1e grandedisette s'étendit sur le Soissonnai, de 1770 à 1771. L'aug-mentatiur. dl! prix du blé, ailribuée à l'exécution du pacte de

    1. Arch notariales, Vi'c-sllr-Ai~l1e; minute d11 2·1 fév, 16732. PI~CllEI·n. \"11. lH.

  • :JI

    famine (1) par le$ a~~apareurs, allait sans ce$se croissante etétail parvcnuc cn 1775 à Soissons, à 250 livres et même à294 livres le muid. Le pain de dix livres coûtait 36 sous,somme exorbitante pour celte époque où le salairc d'unouvrier de cul turc ne dépassait guère quinze sous.

    Lcs reRistres de délibérations de la communauté de Mon-tigny-Lengrain qui commencent en 1788, vont maintenantnous donner des détails plus précis ct moins généraux surles dernièrcs années qui ont précédé la Révolution. Le 13 juil-let 1788, unc tempête de grêle ravagea le Soissonnais. Lesrécoltes furent littéralement hachécs. Le désastre s'étendit àcinquante paroisses. r>rofondément ému de la détrcssc de sesâiocésains, Hcnri de Bourdeilles, évèljue de Soissons, par unmandement du 26 juillet suivant, ordonna une quête extra-ordinaire dans toutes les 'paroisses de son dio~èse. Ellc s'élevail 37.651 livres, 16 sols, 3 deniers. Cette .$ornmc fut répartiepar l~ Bureau de Charité entre les paroisses les plus éprou-vées. Montigny-Lengrain reçut un prcmier secours de ISO livres(argent) et de 50 livres de chanvre. Ses 6ffiders municipauxpartagèrent ce don entre douze pauvres femmcs veuves. Quel-ques semaines plus tad, Bléry, syndic, est mandé à Soissonspar leltrc dc l'abbé Chaumier, secrétaire du Bureau dc Cha-rité, pour recevoir encore 100 livrcs ({ en faveur des grêlésles plus né~essjteux ». Le bureau intérimaire de Soissonsajoute 100 livres. Grâce à ces subsides, une distribution gra-tuite de quatl'e à huit livres de pain fut faite chaque semainependant deux mois, à vingt-huit familles. Elle se continuapendant qUclqllCS se'naines, par le don généreux dc l'arche-vêque I)illon, parent de la Dame dc Montigny, et une der-nière offrande de 100 livres faite par le Bureau de Charité (2).

    Ces tcmpêtes étaient-elles le présagc dcs bouleverse-IIIcutS 'lu; se préparaient en 'Francc:' On serait tenté de lecroire.

    1. Nom il'O'llllté i.Illl cOlllirHtl lIlLC 1'011 aCl;lIse le gOlll"P'I"IIt>IIH"llide Louis XV d'tIYOÏir condu cn J 7.'i3 :1\ e" un ('l'j·taiu nombre denégociants pOI~r aœap'"'eJ' lcs grains du royaume el en fairearlificiellemcnl hausser le prix par des diselles fiel ives.

    ') .\l'ch. cOImnnUll'\lles. )[OlllLilgUY - Lellg,"nill. Hr~'J. de dùli1>'ll,~:i.

  • II. - PENDANT LA RÉVOLUTION

    t. - Situation avant la Révolution. Causes

    Le gouvernement à bout de ressources, ne pouvant plusni emprunter, J"ü augmenter les impôts anciens, sc décida en1789 à eonvoCluer les Ebts généraux qui n'avaient pas étéété réunis depuis 1614. « Nous avons hesoin,. disait le roi,daus les lett~es de convocation, du concours de tous nos fidè-les sujets pour nous aider il surmonter toutes les difficultésoù nOU5 nous trouvons relativement à l'd,,t rie nos financeset, pOlir établir suiva"t uos vœux un ordre constant e"t inva-riable dans toutes les parties du gouvernement qui intéres-sent le bonheur de nus sujets et la prospérité de notreruyaume »

    Le bailly de Villers-Cotterets "dressa celle lettre à Bléry,synriic d( Montigny-Lengrain, et lui ordonna « de tenir assem-blée de communauté pou, nommer deux Mpntés et rédigerdeux c"hi~:'s de duléanees et vœux dont l'un sera purté il Vil-lers-Cotterets le 13 mars 1789 par lesdits deux députés etl'autre. conservé dans le coHre de la ~omllluuauté. » « A ceteffet. le 8 mars 1789, à la sortie des vêpres, après la sunne-rie des cloches, Bléry annonça, sur la place publique, 1a con-vocation de l'assem hlée et son but. Les deux députés élus auscrutin furent Françuis Baillet et Adrien Cauehemé. »

    Les habitants rédigèrent-ils un cahier de doléances?Nous l'ignoraus. Mais ici, comme partout, on se p1aignait denombreux abus, on exigeait des réforlnes. En général, lepeuple murmurait contre l'impôt, la milice et les droits sei-gneuriaux Il demanda.it que tous les citoyens fussent soumiségalement à l'impôt et prupurtionnellement à leurs hiens;que l'impôl füt voté chaque année par les Etats générauxet le compte de son emploi, rendu par le ministre des finan-ces.

    Mais aucun cahier n'avail so""é à la destruction de larovaut0. pas plus qu'à celle de la religion.

    nan~ la nuit du -l août et les juurs suivants, le Clcrg."et la Noblesse renuncèrent à leurs privilèges. C'était déjàLIll grand pas de fait dans la voie des rdormes demandées.Le reste aurait pu s'ubtenir de même; pctit il pctit, sanssecuussc e.l le peLlple eOt payé moin, cner sa liberté.