1999 KB Fujita

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POSTERS : MARK DACASCOS ET STEVEN SEAGAL A 1 I "revue mondiale d'arts martiaux * " Avril 1999 • 24e année I ins le et les s oiredeSaiko Fujita le der, Karaté paldé et Bâillon, chefs ' de la nou r " m LU FESTIVAL DE! ARTS MARTIAU) ^ Les stars vous attenden i à BERO le 17 AVRII j e ça L'Evénement ëchniques de combat .es coups gagnants de Christophe Pinna (champion du monde de Karaté) - "6116 531 et Jérôme Le Banner (champion du monde de Boxe Thaï) CBHltlirB dU LUIÏIpîll

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POSTERS : MARK DACASCOS ET STEVEN SEAGAL

A1 I "revue mondiale d'arts martiaux

*" Avril 1999 • 24e année

Iins le

et les soiredeSaiko

Fujita le der,Karaté paldé etBâillon, chefs 'de la nour "m LU

FESTIVAL DE!ARTS MARTIAU)^ Les stars vous

attendeni à BERO

le 17 AVRII

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L'Evénement

ëchniques de combat

.es coups gagnantsde Christophe Pinna (champion du monde de Karaté) - "6116 531

et Jérôme Le Banner (champion du monde de Boxe Thaï) CBHltlirB dU LUIÏIpîll

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Couverture Dopage(photo : Denis Boulanger)

4 Les images chocs du mois

8 Courrier

10 Le 14e Festival desArts Martiaux

12 Concours : élisez leschampions et les professeursdu siècle.

14 Le programme de Bercy

26 Revue de Presse

40 Champion : David Félix,champion du Monde de Karaté.

42 La chronique d' Henry Plée.

46 Karaté : Les championnatsde France katas et combats.La réfère est-elle prête ?

58 Panorama des artsmartiaux.

84 Diététique : les supplémentsnutritionnels. Sont-ils utiles auxsportifs ?

88 CINEMA :Kung-fuet Capoeira à l'honneur : MarkDacascos devient le roi du petitécran.

92 L'Histoire du Budopar Kenji Tokitsu,

96 Club Bruce Lee.

97 Le supplément CONTACT

106 Interview avec MichelDenisot et Christian Delcourt

108 Champion : Morad Sarise confie à Pascal Iglicki avantsa rencontre au sommet face àSaimai.

112 Full Contact à Aies.

114 Panorama : l'actualitédes sports de combat.

116 Guide des bonnesadresses.

122 Avenir : le mois prochaindans Karaté-Bushido.

DOUBLE POSTERL'affiche du Festival deBercy, Steven Seaga!(Aïkido et cinéma)et Mark Dacascos(Cinéma et Kung-fu)

Karaté Bushido/avril 99

DOSSIER DOPAGELes arts martiaux et lessports de combat sont-ilstouchés par le dopage ?Une grande enquêtede Karaté Bushido. 16

GRAND MAITRETakayuki Kubota :

instructeur des policesde Californie.

28SAVOIR FAIRE :les meilleures techniquesde Christophe Pinna (Karaté)et de Jérôme Le Banner (BoxeThaï), pour vous aider à .devenir champion !

DOCUMENT Saiko Fujita,enfin la véritable histoiredu dernier des ninjas.

CONTACT La Canebiereen folie : avec Le Banner,Sari, Ubeda, Nikiema,etc.

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Document * • • • * • *

Saiko Fujita...,au-delà DU RÉII fut le dernier ninja authentique. Le survivantd'une lignée vouée depuis toujours à l'art de laguerre et aux arcanes de l'espionnage. Onconnaissait son nom, mais rien de ce qu'il y avaitderrière. Sylvain Guintard, qui vit au Japondepuis plusieures années, et qui fut le pionnierdu Nin-jutsu en France, a retrouvé l'histoire dece personnage mystérieux. Il la raconte en exclu-sivité pour Karaté Bushido.

ujita Saiko est né le 13 août1899. à Tokyo, dans le quartierd'Asakusa. Depuis l'époque

des Tokugwa, sa famille travaillait pourles services de renseignements. Le père deSaiko Fujita se nommait Morinosuke.C'était un expert en Hojô- jutsu (l'art decapturer et lier un ennmi). II étaitinspecteur de police et prit sa retraite en1912. Le grand-père de Saiko était le 13e

soké (grand-maître) de l'école Kôga-ryude Nin-jutsu. Le véritable prénom deSaiko, donné par son père, est Isamu; ilprit le prénom de Saiko lors de ses étudesde dessin pour signer ses croquis.

Saiko revient de la mortLe grand-père de Saiko, ShintazaemonFujita, voyant que son petit-fils avait desprédispositions certaines pour les artsmartiaux, commença à l'entraîner dès l'âgede trois ans. A l'âge de cinq ans, Saiko estatteint par une maladie; la diphtérie, à lasuite de quoi sa gorge enfle et son cœurs'arrête de battre (œdème de Quick ?). Lemédecin diagnostique une mort par arrêtcardiaque quelques minutes après. Alorsque son père pense déjà aux préparatifs

pour la cérémonie funéraire, sa mère, quine se résoud pas à la perte de son fils,prend celui-ci dans ses bras et lui enfonceun tuyau dans la gorge pour qu'il respire.Après plusieures minutes, l'enfant revientà la vie. Il est considéré comme unmiraculé. A partir de ce jour, toute lafamille et les proches considérèrent que lejeune Isamu était un protégé des dieux. Luimême en fut convaincu.Laissons maintenant la parole à SaikoFujita lui-même : "De l'âge de 3 ansjusqu'à 11 ans, mon grand-père, qui étaitfils de guerrier, m'enseigna l'art de laguerre, mais de la façon inverse de celleen vigueur dans les dojos. Il me transmittout son savoir et mon père n'émit jamaisun avis défavorable ou contraire.Mon caractère se renforça au point quej'en devins presque explosif; et mes parentsme firent manger le magotaro mushi, uninsecte (séché) tiré de la pharmacopéechinoise, dont la mixture est sensée assagirles enfants turbulents. Seul mon grand-père pouvait me faire ingurgiter cetteboisson infâme car je n'écoutais que lui àcette époque. Malgré cela, rien n'y fit, etmon tempérament resta le même."Un jour d'hiver, le grand frère de Saiko,fut agressé violemment par une banded'adolescents. Il revint chez lui avec leslobes des deux oreilles arrachés, le visage

et le corps ensanglantés, les vêtements enlambeaux. Le jeune cadet, qui n'était alorsâgé que de six ans, entra dans une violentecolère contre ceux qui avaient attaquél'aîné.

Le goût de la vengeanceII témoigne : "Pour venger mon frère, à

l'insu de ma famille, je pris un des sabresmilitaires de mon père. Je trouvaisrapidement les agresseurs; une huitaine degarçons entre quinze et seize ans, quis'amusaient à se donner des coups avecdes sabres en bambou. Lorsqu'ils me virentm'approcher avec un sabre réel ettranchant, les yeux enflammés par lacolère, il prirent peur et s'enfuirent. Maisje n'eus aucun mal à les rattrapper. Alertéspar les cris de détresse et de peur desjeunes voyoux, les adultes du voisinagevinrent en grand nombre pour essayer deme stopper. C'est alors qu'interprétant cetacte comme une agression supplémentaireet ne voyant en toutes ces personnes quedes enemmis. je devins encore plus furieux.Onze personnes furent sérieusementblessées par mon sabre avant que l'onpuisse me stopper.Après cette aventure, ma famille décidade m'envoyer dans un temple bouddhiste.Moi qui portait les cheveux longs commemon grand-père; on me rasa la tête et jedevins un bonze. Un jour, il se passa ungrave incident : alors que j'étais en trainde faire le nettoyage du jardin du temple,le jeune fils d'un important donnateur dutemple, durant la visite que rendait sonpère au supérieur, me demanda commel'aurait fait un seigneur à son esclave, de luiapporter des socques en bois; me traitantde petit moinillon mal froqué. Il devaitavoir plus du double de mon âge... jedonnai un grand coup de balai dans lessocques en bois qui volèrent et quifrappèrent le visage du fils à papa. Il se ruasur moi. Je réussis facilement à l'immo-biliser et lui mis une sacrée trempe. Lasoudaineté et la violence de l 'affron-tement furent telle que personne ne réagitassez vite pour m'arrêter... Au bout d'uneannée, le supérieur du temple finit par merenvoyer dans ma famille."Saiko est de retour chez lui en juin 1906, etle 13 août suivant, le jour de son septièmeanniversaire, sa mère décède. Fujita est

Saiko Fujita faisait montre d'un tempéremment turbulent, d'un caractère52 Karaté Bushido/avril 99

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effondré par cette disparition subite. Ilpoursuit : "Après le décès de ma mère, jevagabondais souvent dans la montagne,sans but. C'est alors que je rentrais encontact avec des personnes aux cheveuxlongs, vêtus de blanc : les Yamabushi. Ilsémnait d'eux une impression de puissancepure; je voulu en savoir plus.

La rencontre avec lesmoines des montagnesDurant l'été, un groupe de trois yamabushipassa devant la maison et je décidais deles suivre à l'insu de tous... ils firent halteet me demandèrent pourquoi je les suivais.Je répondis que je souhaitais devenir unyamabushi. Ils rétorquèrent que j'étais tropjeune et me prièrent de m'en retournerchez moi. Ils essayèrent de me faire peuren me disant que, là où ils allaient, dansle fond des montagnes, il y avait desdémons (oni) et des gobelins (tengu) quidévoraient les enfants. Cela ne m'ébranlaaucu-nement.

C'est ail contactdes moinesdes montagnes,que Fujita auraitdéveloppé sescapacitéssupra-normales.Avec les yamabushi, nous dormions aupied des arbres et nous nous levions avecle soleil. On apprenait les rites deconjuration (kito), les méditationsparticulières. Nous récitions les prières audieu de la montagne trois fois par jour etavions des séances d'entraînement pourapprendre à nous défendre avec le bâtonde marche. Tous les jours nous apprenionsdes techniques de défense à mains nues.On pratiquait le tando jutsu, l'immersiondes mains (ou du corps entier) dans l'eaubouillante et le hiwatari kassyo zanmai, lamarche dans le feu, lors de fêtesreligieuses. J'appris aussi la techniquesokuho no jittsu: comment marcherrapidement en montagne, en n'utilisantque les orteils et non toute la surface de

la voûte plantaire, comme les cerfs et lessangliers. Parfois ils nous arrivait demarcher ainsi durant plusieurs jours sansmanger et sans nous reposer. J'apprisaussi d'autres techniques considéréescomme secrètes : les différentesfaçons de communiquer; commentporter des charges lourdes; résister aufroid et à la chaleur; développer monénergie interne; pouvoir marcherrapidement sans me reposer, sans avaleraucune nourriture ni boisson durantplusieurs jours. J'appris aussi lestechniques d'ouverture de la isionintérieure pour comminiquer avec leséléments de la nature...

L'entrée dansla voiedes ninjasMon grand-père me félicitad'être allé au bout de cettepratique de quatre mois avec lesYamabushi. Il pensait que moncorps et mon esprit étaientdésormais prêt pour recevoir lestechniques du Nin-jutsuII me posa alors la question :"Désires tu à présentapprendre véritablement lestechniques du Nin-jutsu denotre famille ?" Je répondis: oui. Il me fit venir devantl'autel des ancêtres de la famillepour la cérémonie solenelle. Jereformulais mes vœux,conformément à notre traditionancestrale, face à mon grand-père et mon père. Comme il estde coutume chez les guerriers, àla fin de la promesse,j'entrechoquais les gardes dusabre long (katana) et du sabrecourt (wakizashi) que je tenaisdans chacune de mes mains,pour sceller mon pacte avec latradition. A partir de ce jour jen'étais plus le petit-fils de mongrand-père mais le disciple du13e patriarche de l'école Kôga.Le maître Shintazaémon me lutalors les trois premières règlesdu disciple:1) Ne jamais mentir à son maître;2) Faire preuve de compréhension;3) Posséder un corps léger.Mon premier entraînement consista àacquérir la maîtrise des techniquesrespiratoires, afin d'avoir toujours unerespiration régulière, que ce soit durantun effort ou au repos.Le second niveau fut le travail de larésistance pour la marche et la course: être capable de courir longtempssur l'extrémité des orteils pourgagner en vitesse, commele font les ascètesdu Shugendolors des excercices enmontagne. Durant deux heures tous les

ère insoumis et, pour tout dire, pas très "normal".)9 Karaté Bushido/avri! 99 53

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Documentjours je m'entraînais à ces pratiques derespirations et de marches, le matin debonne heure. Puis, durant une heurej'étudiais l'histoire du Japon et lescoutumes traditionnelles et folkloriques.L'heure suivante, je la consacrais àl'apprentissage des idéogrammes et auxtrois sortes de calligraphies. Ceci était monprogramme avant le déjeuner. L'après-midi commençait par des pratiques pourendurcir les armes naturelles du corps,notamment l'extrémité des doigts et desorteils en utilisant le sable, la terre glaisepuis le sol lui-même; Puis je faisais desexcercices de tractions pour fortifier lesligaments et certains muscles de la mainafin d'acquérir une griffe qui puisse saisirsa proie et la déchirer. Très rapidement jefus aussi capable de rester plus d'une heuresuspendu uniquement par les doigts. Aubout d'un mois j'appris à marcher surl'extérieur des pieds et je commençais lesexcercices d'assouplissement de toutes lesarticulations. Ces excercices dedurcissement des extrémités sontindispensables pour obtenir des armesnaturelles capables de rentrer, de perforer

les masses musculaires ou l'épaisseur dela peau si l'on touche les points vitaux encombat réel. J'avais aussi un entraînementconcernant les sauts et bien évidemmentles pratiques martiales de combat à mainsnues et avec armes."

Fujita se retrouve seulsur le chemin de la vieAu mois de septembre 1910, Fujita est âgéde 11 ans seulement lorsque son grand-père décède. Mais le maître a eu le tempsde transmettre tous ses secrets à son jeunedisciple, ainsi que la façon de continuer às'entraîner seul. Le jeune Fujita devientle 14e grand-maître de l'école Kôga.Fujita poursuit : "Vers l'âge de 12 ans. jeme pris de passion pour toutes les sciencesoccultes, l'astrologie, la voyance etnotamment le développement de lapuissance intérieure par l'invocation desdieux et l'ascèse. Je savais que lesyamabushi étaitent aussi réputés commemédiums, faisant parfois le lien entre lemonde des vivants et celui des morts. Avecl'accord de mon père cette fois-ci, je

photos ont été prises par Sylvain Guintard au musée du Nin-jutsu de Iga-Ueno. Elles montrent une partie des armes que SaikoFujita avait utilisées pour ses entraînements ou au cours de ses

1 missions en tant qu'agent de renseignements. C'est Fujita lui-mêmequi a légué ces armes au musée peu avant sa mort. On reconnaît

tout un arsenal de cordes, grappins, pointes, lames de toutes tailles et detoutes formes, échelles, griffes métalliques et, bien évidemment, les fameusesétoiles de la mort (sur la photo du haut, à droite); le ninja se servait des étoilescomme de couteaux de lancer et souvent, les pointes étaient enduites depoison. Les ninjas avaient créé au cours des siècles des armes quin'appartenaient qu'à eux, en fonction des difficultés qu'ils rencontraient dansleur métier.

repartis deux mois dans la montagne, enretraite, auprès d'un ermite du montMitsumine".A la fin de sa retraite, Fujita reçoit del'ascète deux rituels secrets : le KujiGoshimpo (rite de défense des neuflettres) et le Kuji kiri ( rite de protectionpar le tracé de la coupe des neuf lettres).Dans ses mémoires le Maître Fujita écrit àpropos de cette transmission : " A partirde là, de nombreuses portes se sontouvertes dans ma conscience et dans lesmois qui suivirent j'eu accès à des champsde conscience totalement inconnus jusquelà. Je pressentais dans quelle maisonallaient se dérouler prochainement desfunérailles; si un incendie était sur le pointde se déclarer. J'acquis un don de guérisonpour certaines maladies. En utilisant le ritedu Fudo kanashibari (rituel d'envoûtementet d'immobilisation), je réussissais àimmobiliser à distance des personnesnuisibles."De treize à dix-huit ans, Fujita apprend leJudo et le Kendo et sera même instructeurpour la police de Tokyo. De son grand-père et de son père, il apprit les Bugeiju-happan, les 18 arts de la guerre, à savoir :1. lai-jutsu, 2. Kenjutsu, 3. Dai-en ryûbojutsu (école du bâton long du GrandCercle), 4. Jô-jutsu (notament celui del'école Muso shinden), 5. Yari-jutsu (leslances). 6. Naginata-jutsu (faux ethallebardes). 7. Kusari-jutsu (chaînes), 8.Shuriken-jutsu Shingetsu-ryû (armes dejet). 9. Ichiden ryû torite-jujutsu, 10.Yawara. 11. Suihei-jutsu (les différentstypes de nages, habillé, avec ou sansarmure), 12. Yumi-jutsu (le tir à l'arc), 13.Kusarigama-jutsu (faucille et la chaine).14. Stratégie militaire. 15. Sciencespsychologiques liés aux travaux derecherches d'informations (espionnage),16, Towaté-jutsu (les armes de poing et dediversions), 17. Maniement des explosifs.18. Armes à feux.

Il découvre l'artdes points vitaux dansl'école qui renverseet qui tueSaiko Fujita va faire une expériencedécisive avec l'école Nanban Sattô ryûKenpô (sattô=renverser et tuer), un art decombat à mains nues (proche du Karatéancien, mais sans les katii) détenu dans leclan de Satsuma. Voici comment le maîtreFujita raconte sa rencontre avec le secondpatriache (soké) de l'école Nanban SattôKenpô : "Un jour, au détour d'un coin derue. j'entends des gens s'entraîner mais nevois pas de panneau indiquant le nom etl'entrée d'un dojo. Je finis par trouver lelieu d'où proviennent les bruits et rentredans une salle où se trouvent quelquespersonnes et un vieux monsieur tout frêle,chanchelant. à qui il n'aurait suffit que desouffler dessus pour le faire vaciller:comme on éteint une bougie. Avant que

Qui était Fujita?Un espion, un professeur d'arts martiaux, un guérisseur,un as triKaraté Bushido/avril 99

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Il taille danssa propre cuisseun morceau deviande de 3 cmd'épaisseur et lelionne dans l'eauloiiil ante.

je ne prononce un mot. le vieux monsieurme dit :" tu es venu pour combattre; c'estbien; viens, approche". Il a une barbeblanche qui descend jusqu'au plexus.Lorsque le combat commence, l'attitudede l'individu que j'ai en face de moi n'estplus celle d'uu vieillard mais d'un félin. Ilesquive et contre toutes mes attaques; j 'ail'impression qu'il joue avec moi commeun chat avec une souris. Vexé, décidant dene plus tenir compte de l'âge de cevénérable grand-père, je me décide àattaquer avec plus de sincérité. Je vois lesyeux de l'homme se transformer en untorrent de feu et sans que je puisse fairequoique ce soit, il me louche du bout desdoigts à la vitesse de l'éclair et je perdsconnaissance. Cet homme se nommeHashimoto Ippusai. Il est le secondpatriarche de l'école Nanban Sattô Kenpô.Lorsque je reprends conscience, l 'hommeme dit : "La victoire ne s'obtient pasuniquement avec la puissance physique";puis il se présente à moi et je fais de même.L'un des points particuliers de l'écoleNanban Sattô-ryû Kenpô est le travail despiques de doigts et des orteils, pourperforer l'ennemi comme on le ferait avecdes sabres ou des lances en acier. Toutesles frappes de cette école sont faites surles points vitaux du corps humain. Durantcinq années, je m'entrainais très durementau Kenpô".Peu avant sa mort, Hashimoto Ippusaitransmet à Fujita Saiko (alors âgé de 20ans) tous les enseignements profonds deson école, ainsi que les parchemins et lenomme 3e Soké du Nanban Sattô-ryûKenpô.

Fujita :terreur des yakuzasUn Yakusa, membre de la mafia japonaise,ayant entendu parler de la réputation d'un

Sur la page de gauche de ce livre, onvoit Fujita montrant une position de

marche très particulière, avec uneforte flexion des chevilles vers

l'intérieur. Sur la page de droite, il ale corps percé par plus de 500

aiguilles. Cette photo fait penser àune véritable planche anatomique

des points non vitaux.

homme invincible nommé Fujita, demandeà le rencontrer pour un défi. Fujita fixe lepremier rendez-vous dans un restaurantet emmène avec lui un ami journaliste.Celui-ci témoigne : " Nous étions tous lestrois attablés lorsque la serveuse vintprendre la commande. "De la viande, etbien saignante, dit l 'homme, d 'un tonprovocateur''. Fujita répondit à la serveuse:" Apportez uniquement du saké et de l'eaubouillante (pour cuire la viande commepour une fondue); puis, saisissant soncouteau de poche, il taille dans sa proprecuisse un morceau de viande de troiscentimètre d'épaisseur, le plonge dans l'eaubouillante quelques secondes et le déposedans l'assiette du yakuza. Il verse ensuitel'alcool sur la plaie pour désinfecter et faitune compresse avec son foulard pourstopper l'hémorragie: le tout sans dire unmot. Le yakuza, les yeux équarquillés, serendit compte qu'il n'avait pas à faire à unindividu normal et quitta la table sans unmot lui non plus."

L'héritagede Saiko FujitaEn 1937, Fujita obtient un posted'instructeur au sein des forces spécialesà l'école d'espionnage de Nakano. Il yenseigne le combat et différents aspectsparticuliers du Kôga-ryû Nin-jutsu, enparticulier les méthodes d'infiltration, derenseignements, de fuite, de déperson-nalisation, l'art des poisons, etc...Entre 1939 et 1945. durant la SecondeGuerre mondiale, on ne sait pas grandchose sur la vie de Fujita et celui-ci relatepeu de faits durant cette période; si ce n'est

Exercice de résistance aux chocs.Fujita se frappe avec des barres demétal fixées à une corde. De lavitesse de balancement de la cordedépend la puissance des impacts.

m as trologue, un écrivain et d'autres choses encore...

Saiko Fujita avait une grandeconnaissance de l'anatomiehumaine. Il connaissait les pointsvitaux du corps mais aussi les zonesnon sensibles. On le voit ici en trainde se faire percer le corps avec degrandes aiguilles. Un moyen demettre en évidence les zones"neutres" mais aussi un moyen deprouver sa maîtrise de la douleur.

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DocumentSylvain Guintard est formel : Fujita n'ajamais appartenu à l'Unité 731.qu'il est toujours un membre important deNakano et qu'il effectua plusieurs missionsde renseignements, (je tiens à dire, aupassage, qu'il n'eut jamais de liens avecl'unité 731, celle qui avait effectué les testsdes points vitaux sur les prisonniers deguerre; c'était un officier de rensei-gnements).En 1945, l'armée américaine occupe leJapon et fait interdire l'apprentissage desarts martiaux. Fujita lance alors unprogramme d'études et de recherches surles Budo anciens, répertoriant la plupartdes écoles japonaises d'arts martiauxtraditionnelles. II crée, en 1951, après lalevée de l'interdiction, de pratiquer les artsmartiaux par l'armée américaine, le CentreJaponais d'Etudes sur les TechniquesMartiales (Nihon Bitjutsu Kenkyu Jô).En septembre 1953, il publie un premierouvrage sur l'école de bâton Shindo Musopuis un second en 1958 : Kenpô GokuiTôshin Sappo Satan Kappa Meikai (étude

L'Art Sublime et Ultime des

Points Vitaux

Le maître Saiko Fujita a d'abord étécité dans le remarquable ouvrage deDonn Draegger et Robert Smith :Asian Fighting Arts. En France, il aété connu grâce a un ouvrage parurécemment L'Art Sublime et Ultimedes Points Vitaux. Cet ouvrage, co-signé Saiko Fujîta et Henry Plée,présente les planches anatomiquesdont parle Sylvain Guintard,accompagnées de commentaires etexplications. Cet ouvrage, paru chezBudo Edition, est disponible chezBudostore.

sur les points vitaux mortels ou qui serventà réanimer tirée de l'enseignementprofond du Kenpô). Cet ouvrage regroupecertaines planches anatomiques, dessinéespar Fujita, montrant la localisation despoints vitaux issues des traditions deplusieures écoles anciennes d'artsmartiaux. Fujita y indique quels sont lespoints mortels et surtout quels sont lespoints de réanimation. C'est un ouvrageécrit à l'intention des pratiquants de Budoet publié à l'époque par le Centre Japonaisd'Etudes sur les Techniques Martiales.Fujita meurt le 4 janvier 1966.L'un des maîtres actuels qui a bien connuSaiko Fujita est le maître Nawa Yumio (88ans), dernier spécialiste vivant en matièrede ninjutsu; Soké de plusieures écoles deBudo anciens, écrivain et historien.Ainsi que Saiko Fujita l'a souhaité dansson testament, sa collection personnellede parchemins anciens et la plus grandepartie de ses livres sont à la BibliothèqueNationale de Tokyo (j'ai pu le vérifier parmoi-même; une collection d'une valeurtechnique exceptionnelle pour toutpratiquant de Budo, mais quasi inac-cessible aux personnes ne résidant pas surle territoire du Japon). Par contre si vousavez l'occasion de vous rendre au muséesur le Ninjutsu de Iga-Ueno, la collectionprivée de Saiko Fujita y est visible.Quant aux arts martiaux dont il était lelégat, leur étude se poursuit toujours dansun groupe très ferme de disciples, au sein

II ne s'agit pas ici de Saiko Fujitamais d'un acteur de cinéma. En effet,la tradition des ninjas a donné lieu àde nombreux films, plus ou moinssérieux. L'une des images qui aenflammé les imaginations est celled'un ninja disparaissant derrière unnuage de fumée.

duquel les Occidentaux ne peuvent entrer:secret défense; donc si un jour vous voyezun dojo se réclamant de l'enseignementde Saiko Fujita ou prétendant enseignerles traditions martiales dont il était le Soké,vous pourrez sourire...

D'après un texte de Sylvain Guintard etMachiko Watanabe-Guintard, revu et

modifié par Patrick Lombarde.Photos : D.R. et Karaté Bushido.

Pour apprendre les techniques ninjas• ue n'a-t-on pas

dit ou écrit surles ninjas ?Guerriers de

l'Ombre, assassins dela nuit à la solde de quipouvaient les payer,espions du moyen-âgejaponais, magiciens auxpouvoirs étonnants,combattantsexceptionnels... Lesninjas ont été décritscomme les supermendes arts martiauxjaponais; pendant dessiècles leurs légendesont répandu la terreurparmi les populationsciviles et aussi parmiles samouraïs auxquelsils se frottaient sans

NINJASHistoire clTraditions-

Guintard; prix 99F.Egalement la vidéo, 99F,Disponibles à KaratéBushido, 01 49 52 14 00.

BUJINKAN

NINJATechniques fondamentales

et principes supérieurs

merci. Un nombreincalculable de livresleur ont été consacrés.Parmi les plus sérieux,voici celui de Sylvain

par SylvainGuintard61' dan

Karaté Bush!do/avril 99