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19 septembre 2014 Programme de la journée Dans le cadre de vos études littéraires et artistiques, l’opportunité vous est donnée de rencontrer l’œuvre et la démarche pluridisciplinaire de l’écrivain Antonin Artaud. La poésie, le théâtre, le cinéma, le dessin, Van Gogh et le Surréalisme sont au cœur de cette démarche singulière, dont la découverte amènera notamment des éléments de réflexion concernant l’approche de l’œuvre, au programme, Les mains libres (Man Ray et Paul Eluard). Afin de préparer cette journée, vous lirez l’intégralité du dossier (p. 2 à 6) et consulterez de manière approfondie les références sitographiques (P. 7). Matinée 7h Départ de Brive en direction de Guéret. 10 h Anaïs DELMAS, Requiem pour les poètes, les cas Vincent Van Gogh et Antonin Artaud. Conférence. 11 h Frédéric WERST, La route du Soleil. Conférence. 11 h 45 Jérôme PRIEUR, Jacques Prevel, de colère et de haine, documentaire, G. Mordillat et J. Prieur Projection. Déjeuner 12h30 Pique-nique Après-midi 13h30 Charif MAJDALANI et Pierre MICHON, Rencontre avec les élèves des lycées d’Arsonval et Gay Lussac. 14 h30 Antonin ARTAUD. Fonds Artaud Bibliothèque Nationale de France et Centre Georges Pompidou. Exposition. Commissaire : Charlotte GUINOIS. 15 h 45 Départ de Guéret en direction de Brive. 18 h Retour à Brive. Sortie scolaire Lycée d’Arsonval - TL2 - Professeur organisateur : M. Dufour D 1 9e Rencontres de Chaminadour

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19 septembre 2014

Programme de la journée

Dans le cadre de vos études littéraires et artistiques, l’opportunité vous est donnée de rencontrer l’œuvre et la démarche pluridisciplinaire de l’écrivain Antonin Artaud. La poésie, le théâtre, le cinéma, le dessin, Van Gogh et le Surréalisme sont au cœur de cette démarche singulière, dont la découverte amènera notamment des éléments de réflexion concernant l’approche de l’œuvre, au programme, Les mains libres (Man Ray et Paul Eluard). Afin de préparer cette journée, vous lirez l’intégralité du dossier (p. 2 à 6) et consulterez de manière approfondie les références sitographiques (P. 7).

Matinée 7 h Départ de Brive en direction de Guéret.

10 h Anaïs DELMAS, Requiem pour les poètes, les cas Vincent Van Gogh et

Antonin Artaud. Conférence.

11 h Frédéric WERST, La route du Soleil. Conférence.

11 h 45 Jérôme PRIEUR, Jacques Prevel, de colère et de haine, documentaire,

G. Mordillat et J. Prieur Projection.

Déjeuner 12h30 Pique-nique

Après-midi 13h30 Charif MAJDALANI et Pierre MICHON, Rencontre avec les élèves des lycées d’Arsonval

et Gay Lussac.

14 h30 Antonin ARTAUD. Fonds Artaud Bibliothèque Nationale de France

et Centre Georges Pompidou. Exposition. Commissaire : Charlotte GUINOIS. 15 h 45 Départ de Guéret en direction de Brive.

18 h Retour à Brive.

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Les intervenants

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Antonin ARTAUD

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TEXTES

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19 septembre 2014 Antonin ARTAUD

Artaud ou « l’interprète des interprétations »*Période de son premier séjour en maison de repos, le plus ancien dessin d’Antonin Artaud date de 1915. C’est ausein de l’établissement du Dr Dardel, Le Chanet, près de Neuchâtel en Suisse, qu’Artaud disait avoir appris àpeindre et à dessiner et dans lequel il résida de l’automne 1918 jusqu’au début de l’année 1920. Il n’a alors que 22ans. L’on retient de ces années là, des huiles, dessins et gouaches, d’humbles dimensions, empruntsd’impressionnisme, de fauvisme, de symbolisme et de traits retenus d’Edvard Munch. Il offre à Rette Elmer, jeunefemme qui venait rendre visite à son père au Chanet, et avec laquelle il se liera d’une amitié pérenne, une naturemorte à l’huile peinte : une coupe soutenant trois pommes, rehaussées de bleus cézanniens. A Paris, le Dr EdouardToulouse le prend sous son aile, aimant à accompagner et analyser de près les génies de son temps tels que Zola,Poincaré, Mallarmé, Loti, Daudet etc… Les dessins de ces années là seront conservés par Jeanne Toulouse,épouse du docteur. Engagé dès avril 1920 par Lugné-Poe pour L’œuvre, bulletin de théâtre, Artaud rédige desarticles sur la peinture et des comptes-rendus de Salons : Pourquoi peint-on ? On peint pour dire quelques choseet non pour vérifier des théories. Et, ce qu’on a à dire, on ne peut pas le dire autrement qu’avec les formes quinous entourent. Quand nous disons quelque chose, c’est elles que nous disons. Aux yeux du poète en gestationde lui-même, l’œuvre d’art n’est pas une fin en soi mais un intermédiaire qui atteindrait son paroxysme enretranscrivant la pulsation intrinsèque de la vie. Le sujet importe peu et aussi l’objet. Ce qui importe, c’estl’expression, non pas l’expression de l’objet, mais d’un certain idéal de l’artiste, d’une certaine sommed’humanité à travers les couleurs et les traits. Par l’expression, il entend la vérité profonde de l’art. L’on retrouvecette importance de l’expression picturale dans l’art de la représentation chère à Artaud, son Théâtre de la cruauté.L’on comprend, dès lors, que chez Artaud l’acte graphique participe de l’écriture et inversement. Ses croquis decostumes et ses dessins de décors attestent d’une volonté d’œuvres totales. Ses portraits et autoportraits relèventde son itérative quête du visage humain qu’il perçoit, comme un champs de forces en perpétuelle guerre. Aprèsune parenthèse dans l’art autre qu’alphabétique, l’on voit poindre, en 1937, à la fin de ses missives et en guise designature les premiers signes : le symbole de la planète Vénus se rapportant au sexe féminin ranimé d’une lignevers son sommet et de deux triangles pointés vers le haut. Ne pourrions-nous pas lire dans cette signature unevariante à l’éternelle question posée par Artaud Qui suis-je ? D’où je viens ?, au-delà d’une identité sciemmentperdue (il écrit à Jean Paulhan en mai 1947 : J’ai décidé de ne pas signer le Voyage au pays des Tarahumaras.Mon nom doit disparaître. Ce qui importe dans tout cela c’est l’affirmation de l’anonymat. Je ne veux plus signerà aucun prix.) et recouvrée à l’hôpital psychiatrique de Rodez en 1943. Cette apposition de formes signifiantes quesa rétine photographie lors de son voyage en terre Maya est mentionnée dans « La Montagne des signes »comme l’Arbre de vie qui passe par le centre de la Réalité. De Dublin, il enverra ses premiers Sorts. Messagers depromesses ou de menaces, ils constituent des évènements uniques où dessins, écritures, perforations et brûlures àla cigarette forment des talismans, parfois colorés de violet, rouge et ocre. Entre autres, Roger Blin recevra un bonsort. Et à Hitler, Antonin Artaud en adressera un, sans pour autant le lui faire parvenir. Ces objets échappent à toutculte, ils ne véhiculent que le « roulement » imminent « du tonnerre »** contenu par l’artiste. En 1943, tandis qu’on letransfère à Rodez, Antonin Artaud rencontre Frédéric Delanglade, peintre évadé de guerre et réfugié dans le sud dela France auprès de son ami le Dr Gaston Ferdière. Et la présence de ce peintre à ses côtés réactive en lui lanécessité du dessin et de la peinture. Artaud constelle ses cahiers de croix, d’infinis tracés, de roues, de soleils, detraces, d’os, d’armes à feu, de peignes, de formes phalliques, de fœtus avortés, de trousseaux de mots, defaisceaux de phrases… Il sélectionne des morceaux du réel pour entrer dans le surréel. L’espace vibresimultanément par la parole et les figures : une chose nommée est une chose morte, et elle est morte parcequ’elle est séparée. L’organicité des trumeaux et des corps mutilés s’y déploie à cœur ouvert. Artaud chanterait laplainte de la réalité à travers ses dessins - eux-mêmes maladroitement dessinés pour que l’œil qui les regardetombe - aux titres évocateurs : « la bouillabaisse de forme dans la tour de Babel », « les illusions de l’âme », « lamachine de l’être ou dessin à regarder de traviole », « la maladresse sexuelle de Dieu », etc… Sur divers papiers, iltire au crayon, au fusain ou à la craie, des portraits mettant en abîme le secret d’une vieille histoire humaine qui a

Artaud et la pratique du dessin...

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EXTRAIT

Van Gogh le suicidé de la société, Antonin Artaud, 1947

La peinture linéaire pure me rendait fou depuis longtemps lorsque j'ai rencontré Van Gogh qui peignait, non pas des lignes ou des formes, mais des choses de la nature inerte comme en pleines convulsions.Et inertes.Comme sous le terrible coup de boutoir de cette force d'inertie dont tout le monde parle à mots couverts, et qui n'est jamais devenue si obscure que depuis que toute la terre et la vie présente se sont mêlées de l'élucider.Or, c'est de son coup de massue, vraiment de son coup de massue que Van Gogh ne cesse de frapper toutes les formes de la nature et les objets.Cardés par le clou de Van Gogh,les paysages montrent leur chair hostile,la hargne de leurs replis éventrés,que l'on ne sait quelle force étrange est, d'autre part, en train de métamorphoser.Une exposition de tableaux de Van Gogh est toujours une date dans l'histoire,non dans l'histoire des choses peintes, mais dans l'histoire historique tout court.Car il n'y a pas de famine, d'épidémie, d'explosion de volcan, de tremblement de terre, de guerre, qui rebrousse les monades de l'air, qui torde le cou à la figure torve de fama fatum, le destin névrotique des choses,comme une peinture de Van Gogh, — sortie au jour,remise à même la vue,l'ouïe, le tact,l'arôme,sur les murs d'une exposition, —enfin lancée à neuf dans l'actualité courante, réintroduite dans la circulation.Il n'y a pas dans la dernière exposition Van Gogh, au Palais de l'Orangerie, toutes les très grandes toiles du malheureux peintre. Mais il y a parmi celles qui sont là, assez de défilés giratoires constellés de touffes de plantes de carmin, de chemins creux surmontés d'un if, de soleils violacés tournant sur des meules de blé d'or pur, de Père Tranquille et de portraits de Van Gogh par Van Gogh,pour rappeler de quelle sordide simplicité d'objets, de personnes, de matériaux, d'éléments,

Van Gogh a tiré ces espèces de chants d'orgue, ces feux d'artifice, ces épiphanies atmosphériques, ce " Grand Oeuvre " enfin d'une sempiternelle et intempestive transmutation.Ces corbeaux peints deux jours avant sa mort ne lui ont, pas plus que ses autres toiles, ouvert la porte d'une certaine gloire posthume, mais ils ouvrent à la peinture peinte, ou plutôt à la nature non peinte, la porte occulte d'un au-delà possible, d'une réalité permanente possible, à travers la porte par Van Gogh ouverte d'un énigmatique et sinistre au-delà.Il n'est pas ordinaire de voir un homme, avec, dans le ventre, le coup de fusil qui le tua, fourrer sur une toile des corbeaux noirs avec au-dessous une espèce de plaine livide peut-être, vide en tout cas, où la couleur lie-de-vin de la terre s'affronte éperdument avec le jaune sale des blés.Mais nul autre peintre que Van Gogh n'aura su comme lui trouver, pour peindre ses corbeaux, ce noir de truffes, ce noir "de gueuleton riche" et en même temps comme excrémentiel des ailes des corbeaux surpris par la lueur descendante du soir.Et de quoi en bas se plaint la terre sous les ailes des corbeaux fastes, fastes pour le seul Van Gogh sans doute et, d'autre part, fastueux augure d'un mal qui, lui, ne le touchera plus ?Car nul jusque-là n'avait comme lui fait de la terre ce linge sale, tordu de vin et de sang trempé.

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SITOGRAPHIE

Les Rencontres de Chaminadour http://www.chaminadour.com/14.html

Van Gogh le suicidé de la société d'Antonin Artaud http://www.gallimard.fr/Footer/Ressources/Entretiens-et-documents/Histoire-d-un-livre-Van-Gogh-le-suicide-de-la-societe-d-Antonin-Artaud/(source)/163981

Van Gogh / Artaud. Le suicidé de la société (exposition au musée d’Orsay)http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-generale/article/van-gogh-artaud-37162.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=254&cHash=602ad3b13e

Van Gogh et Artaud, un coup de folie au musée d’Orsay (documentaire)http://www.rfi.fr/culture/20140311-musee-orsay-van-gogh-artaud-folie/

Anaïs Delmas (blog) http://anaisdelmas.blogspot.fr

Évocation de Van Gogh, “le suicidé de la société”, par Max Pol Fouchet http://www.ina.fr/video/I10098481

En Compagnie d'Antonin Artaud un film de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur réalisé en 1993, avec Marc Barbé et Sami Frey, coproduit par Archipel/Laura Productions/La Sept/France 2, 1993http://www.youtube.com/watch?v=1-M48M5BC9M

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