1835 La Frequente Communion

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Fréquente communion FRAGMENT D’UN SERMON DU R. P. LA COLOMBIÈRE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS A P aris CHEZ GAUTHIER FRERE et Cie Libraires. rue Haule-feuille, n° 18. MÊME MAISON DE COMMERCE A BESANÇON. 1835 . D E LA

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La fréquente communion selon St Claude de la Colombière

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Fréquente communion

FRAGMENT D’UN SERMON

DU R. P. LA COLOMBIÈRE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS

A P a r i sCHEZ GAUTHIER FRERE e t Cie L i b r a i r e s .

r u e H a u le - fe u il le , n ° 18.MÊME MAISON DE COMMERCE A BESANÇON.

183 5 .

D E LA

DE LA

Fréquente communion

Fragm ent d 'iü i serm on du R . P . la. C olom bière, de U com p agnie de Jésus.

M o n dessein est de faire voir que, plus on communie souvent, plus on honore le corps du Sauveur, et que, plus on multiplie cette sainte action, plus on se la rend utile.

Et d’abord, qui peut nier que Jésus-Christ, qui a institué le sacrement de l’Eucharistie, et qui est lui-même caché sous ce Sacrement, ne nous ait invités souvent à le recevoir, et qu’il ne l ’ait fait d’une manière fort pres­sante? Il a promis l ’immortalité, la vie éter­nelle, une vie même divine b ceux qui com­munieraient-, il a menacé de la m,ort, il a ré­prouvé ceux qui s’éloigneraient de la sainte T ab le \ il veut que tout le monde y soit ap-{>elé ; et, à l ’égard de ceux que le dégoût et a paresse en déto u rn en til ordonne quon

les force* Il n'est personne qui ne sache que, pour obéir à ces conseils de l ’Evangile, les premiers fidèles recevaient tous les jours le corps du Sauveur, comme il est rapporté au second chapitre des Aètes des apûtres, et que

cette sainte coutume fut regardée bientôt après comme une espèce de loi ecclésiasti- quer. L ’ordonnance que firent à ce sujet les Apôtres de séparer de$ autres tous ceux qui entreraient dans T,église, et qui refuseraient de participer aux saints mystères $ cette or­donnance fut confirmée par saint Anaclet, cinquième pape après saint P ierre: de sorte que durant long-temps , quiconque s’était rendu par des actions scandaleuses, indigne de communier, ceux même qui, poup quel- qu’autre raison que ce pût être, ne voulaient pas avoir part à ce bonheur, étaient mis hors de l’église après l’évangile. Tous ceux enfin qui entendaient la messe , étaient obligés de recevoir le Corps du Sauveur.

Or, que conclure d e l à , si ce n ’est que Dieu est extrêmement honoré par la fré­quente communion *, qu’il vaut mieux se pré­senter souvent à la sainte Table par amour, ques’en abstenir par humilité? Aussi voyons- nous que les Pères de l’Egl)se,sans en excep­ter un seul, exhortent les chrétiens à com ­m unier souvent. Il est vrai qu’ils ont tous parlé avec beaucoup de force contre les com­munions sacrilèges : mais jamais contre les communions fréquentes. Il est vrai qu’ils nous invitent souvent à venir à l’autel avec beau­coup de respect •, mais jamais à\tious en re ti­rer par respect : et j'ose dire qu’on n ’en sau­

rait citer un seul qui conseille cette espèce d’humilité. Nous trouvons dans les Conciles, et surtout dans ceux de Bâle et de Trente, que l ’Eglise ne souhaite rien tant que de Toir ses enfans affamés de ce pain de vie, et disposes à le recevoir tous les jours. Ils font •tous consister la révérence due à ce Sacre­ment adorable dans le soin qu’on doit avoir de se purifier par une sincère pénitence j. mais nulle part il n’est parlé de cette véné­ration qui nous porte à nous excommunier nous-mémes.

Serait-il possible que Jésus-Christ nous eût témoigné dans tant de rencontres, et d’une manière si forte , le désir qu’il a de se donner à nous par l’Eucharislie ; que dans le premier âge de TEglise on eût introduit et pratiqué si long-temps la communion de tous les jours y que tous les sainls Pères nous eussent exhortés au fréquent usage de ce Sacrement; que les Conciles eussent fait paraître un si grand désir de voir cet usage établi parmi les fidèles, si en effet il y avait quelque irrévérence à se présenter souvent à la communion , si on marquait d’autant plus de respect qu’on s’y présenterait plus ra­rement.

Il est donc certain » on ne saurait en dis­convenir, ique ni dans l’Ecriture, ni dans les Canons^ ni dans les ouvrages des samts Pè-

res, ni dans l'histoire de l ’Eglise, on ne voit nulle trace, nul exemple de ce respect qui doit nous écarter de la sainte Table; que ce ne sont partout au contraire qu’exhortations, qu’ invitations pressantes de nous en appro­cher souvent, et, s’il est possible, tous les jours. Mais, objecte-t-on, ces invitations ne s'adressent pas à des pécheurs comme nous, elles ne sont que pour ces âmes généreuses

> qui se sont purifiées des plus légères imper­fections, qui n’ont plus de désirs, plus de pensées que pour le ciel , qui ne vivent que du plus pur amour pour leur Dieu. A cela

réponds que, s’il y avait Une véritable hu­milité à s’abstenir du corps du Sauvejur, les plus grands Saints auraient été les premiers à nous en donner des exemples. On sait as­sez queceux qui sont parvenus à la plushautef>erfection, ne sont pas ceux qui s’estiment es plus parfaits, au contraire, l'humilité est

d’autant plus profonde que la charité e»t plus ardente : et par conséquent, si les Saints étaient les seuls qui pussent faire honneur au Festin céleste, les Saints eux-mêmes n’o­seraient se présenter à celte sainte Table, puisqu’ils sont tous si éloignés de se croire Saints , et qu’ils se regardent au contraire pour la plupart comme d’indignes pécheurs.

Cependant lisez la vie de tous les héros du christianisme; vous trouverez que non-sen-

Jement ceux du premier âge de l’E g lise , niais que toijs ceux qui se sont signales dans les derpiers siècles , ont loué la fréquente communion, ont tâché d’en introduire l'u­sage, l’ont pratiquée eux-mêmes, n ’ont pas cru déshonorer la chair du Sauveur en s’en nourrissant tous les jours, comme sainte Thérèse, ou presque tous les jours, comme sainte Catherine de Sienne, où plusieurs fois la semaine, comme saint Eléazar, et tous les autres sans exception.

Mais s’il était vrâi que la fréquente com­munion ne fût que pour les âmes exemptes de toute tache, comment dans la 'primitive Eglise, aurait-on pu obliger tous les fidèles à communier tous les jours ? Je sais que c’é­tait alors comme le siècle d’or du christia­nisme; que le sang de Jésus-Christ, qui ve­nait d’être versé sur le Calvaire, que le feu du Saint-Esprit, dont les apôtres avaient reçu la plénitude, remplissaient les cœurs d’une admirable ferveur : mais enfin, le nombre des chrétiens s’augmentant tous les jours de plus en plus, il n ’y avait pas trop d’arpparence q u ’au second siècle, sous le pontificat du pape Anaclet, où la coutume de communier tous les jours fut renouvelée, il n’est, dis-je, gu ère probable qu’alors le christianisme <Hant déjà répandu dans tout l'univers , il y eût, encore autant de saints qu’il y

avait de chrétiens. Saint Basile et saint Epi- phane, qui vivaient au quatrième siècle, té­moignent qu’il y avait trois ou quatre jours de la semaine où il était ordonné à tous ceux Je leur diocèse de recevoir la communion. Doit-on croire que les diocèses de ces saints Prélats étaient tous composés d'âmes par­faites et ornées des plus excellentes vertus.

Mais quoi , doit-on accorder l'usagè de l’Eucharistie même aux tièdes et aux mé­dians? Non : c'ette grâce n’est que pour les âmes vertueuses, et pour celles qui désirent le devenir. Je ne prétends point porter indif­féremment toutes sortes de personnes à s’ap­procher souvent du Dieu de la pureté; mais je dis que, dès qu’on a renoncé à l'habitude du péché mortel, dès qu'on ne l’aime plus , qu’on le craint aû contraire, qu’on tâche d’é­viter les occasions de le commettre, qu’on se sent un vrai désir de son salut, de vivre chré­tiennement, je dis que dès-lors on est disposé pour la communion fréquente, et que, loin de manquer de respect en suivant cette édi­fiante pratique, on ne peut rien faire qui ho­nore plus Dieu.

C'est une erreur de penser que notre Dieu soit déshonoré par nos misères et par nos faiblesses. Si cela était, il nese serait pas lié si étroitement à notre nature , et l’incarnation ne serait pas le plus grand* le plus glorieux

de tous ses ouvrages. Il est d’autant plus glo­rifie par cette union ineffable, que le teijme en est plus vil et plus éloigné de sa grandeur. C 'est pour cela qu’entre déux natures raison­nables, la nature de l'Ange et la nature de. l ’homme, il a choisi la plus'imparfaite, parce qu’il l’a trouvée plus propre pour faire écla­ter sa bonté et sa sagesse infinie : Nusquam angelos apprehendit, semen Abrahœ appre-

jiend.il. 11 est vrai, nous sommes tous indi­gnes de communier souvent \ mais si notre indignité est un obstacle à recevoir Jésus- Clirist, non-seulement il faut le recevoir ra­rement, mais il ne faut jamais le recevoir, parce qu’il est impossible que nous en soyons jamais assez dignes, *

Je vois bien de la raison et bien de la bonne foi dans les senlimens de cette per­sonne si sainte et si éclairée qui vivait ii y a peu de temps. Se sentant un désir extrême de recevoir le Corps du Sauveur , dans le même temps qu’elle se trouvait accablée de confusion à la vue de ses infidélités, cette âme sainte disait à Dieu : j’entends, Seigneur, j’entends le langage de votre amour, je com­prends tout ce que signifient ces ardents dé- sirs} je ne puis doutçr qu’ils ne viennent de vous. Vous voulez faire vôir jusqu’où peut aller votre bonté excessive, en vous d.onnant à la plus indigne de vos créatures. Votre

gloire vous intéresse à souhaiter de venir en moi, rien ne vous peut faire tant d'honneur qu’un si prodigieux abaissement. Je n’ai garde de m’éloigner de votre table par la considération de mes misères*, car plus je suis misérable, plus les Anges et les Saints béni­ront et glorifieront la miséricorde infinie qui vous fait descendre jusqu’à moi.

J’ai déjà dit que je ne parlais qu'au* âmes qui n’aimaient plus le péché et qui désiraient sincèrement devenir vertueuses. Pourles au­tres, qui sont attachées au monde, qui sont déterminées à continuer de vivre selon ses maximes, je ne les blâme point de commu­nier rarement; mais je ne suis pas assez cré­dule pour qu’elles me persuaaent que c’est par humilité qu’elles s’éloignent de la com­munion. On craint de rentrer si souvent dans une conscience impure; on craint de revenir si souvent à l ’humiliant aveu de ses fautes \ on craint que les plaisirs ne soient pas seule­ment interrompus pour un jour, mais encore troublés pour long-temps par leé bonnes pensées qui ont coutume d’accompagner les actions saintes ; en un mot, il faut se retires du désordre ou de la table sacrée, et on aime mieux se priver du pain des Anges que d’être obligé de vivre chrétiennement.

Voilà quelles sont les dispositions <jue l ’on cache sous le prétexte spécieux de respect et

de vénération pour l'Eucharistie. Mais on leur donne encore une autre couleur égale­ment fausse, également trompeuse. Nous voulons faire croire que nous faisons, par zélé de notre avancement spirituel, ce qui n'est Teffet que trop visible de notre tiédeur et du peu de désir que nous avons de nous convertir. 11 est dangereux, dit-on, qu’en communiant si souvent on s’y accoutume de telle sorte qu’on cesse d’en retirer le fruit qu’on en devait espérer Disons plutôt que nous redoutons que des communions si fré­quentes ne nous fassent avancer dans la vertu plus que nous ne souhaiterions; car il p ’est rien de si vrai que , plus on multiplie les communions, plus les richesses spirituelles

vabondent dans noire âme.Quand tous les chrétiens ne seraient pas

instruits des effets admirables que produit l ’Eucbaristie dans l'âme de ceux qui la reçoi­vent , il suffirait, pour justifier ce que j’a­vance,de rappeler qu’elle renferme ce corps adorable, dont les atlouchemens saei es, dont les vêlemens,dont la seule ombre a chassé les damons et les maladies ; ce corps qui a plus de pouvoir sur les cœurs pour les sanctifier, qu’il n’en a sur tout le reste de la nature.

Y a-t-il quelque moyen ou plus sûr, ouI)lus prompt, ou plus efficace, pour modérer e$ passions, pour déraciner les habitudes,

pour fortifier l’âme contre les tentations, pour l ’encourager dans les entreprises diffi­ciles , pour la rendre ferme et inébranlable dans la pratique du bien? Est-il rien enfin de plqs propre pour enflammer en elle Tarnon? de Dieu, que ce saint mystère ? C'est par lui, nous enseigne la foi, que nous sommes unis d’une manière si spéciale au roi des vertus , à l ’auteur de la grâce, au saint dès saints , à la source de toute sainteté. Et v o ic i, après ce langage de la fo i , celui des Pères. La vertu de rafraîchir, dit Albert le Grand, n’est pas plus naturelle à l ’eau que le pouvoir de tempérer les passions ne l est au Sacrement de l ’autel. L e démon tremble , dit saint Pierre-Damien, à la vüe d’un chrétien qui a les lèvres teintes du sang du Sauveür. L'Eucharistie est un puissant remède q u i, comme s'exprime saint Cyprien, pénètre dans tous les replis de l'âme, dans toute l ’étendue du corps, pour guérir tout, tout purifier, tout renouveler. Enfin,, il faut se résoudre à mourir, dit saint Jeân-ChrysQStôme, si l’on refuse de prendre cette nourriture sacrée : elle est la force de notre âm e, le lien qui unit notre esprit à Dieu, le fondement de notre confiance, notre espérance, nôtre salut, notre lumière, notre vie.

Or , si nous faisons usage de notre raison^ pourrons-nous croire qu’un Sacrement dont

la vertu est si puissante pour tous cèux qui le reçoivent, puisse devenir inutile à .ceux qui le reçoivent souvent. Il peut arriver .qu'un contre-poison , <ju* un remède très-salujt?ûre en soi-même, n ait enfin aucun effet à l ’é­gard de ceux qui en font un usage trop fré­quent? #iais une viande , quoiqu’elle de­vienne ordinaire, ne perd rien de sa vertu. l .e pain surtout et le vin, sous les apparences desquels Jésus nous a donné son corps et son sang, sont d’autant plus salutaires que nos corps sont plus accoutumés à cette espèce de nourriture; jamais nous ne nous en dégoû­tons ; et quand même au long usage prodpi- rait en nous quelque dégoût, le Saint-Esprit a depuis long-temps pjréjdit le contraire de ce pain céleste : Ceux qui se nourrissent de mon corps sentiront croître leur faim : Qui edunt me, adhuc esurienU

Je sais qu’on peut recevoir l ’Eucharistié de telle sorte qu’on n’en retire aucun fruit ; mais je soutiens que ce malheur ne peut ve­nir de ce qu’on en approche fréquemment. Je dis que ceux qui communient tous les huit jours, sans pourtant devenir plus vertueux, perdraient ce qu’ils ont de vertu s’ils com­muniaient plus rarement ; je dis que nulle indisposition, à la réserve du péché mortel * ne peut empêcher l ’effet du sacrement^ qui est de sanctifier l ’âme, de lui donner de la

force pour faire le bien et pour résister au mal ; je dis que comme h chaque fois qu’on communie, on reçoit une augmentation de mérite et de grâce habituelle, il faut néces­sairement qu’une communion nous dispose à profiter d’une autre communion, et que par conséquent, plus on fait de communioqs, plus on est disposé à profiter de celles qui doivent encore suivre.

Je conviens que c’est un mal auquel pres-

3ue tous les hommes sont sujets, de faire peu e cas des choses devenues communes, de

négliger enfin et de faire sans réflexion les actions les plus importantes, lorsqu’elles sont trop ordinaires. Mais si la crainte de tomber dans une pareille faiblesse était une raison de s’abstenir de la communion fréquente, elle devrait nous porter aussi à nous abstenir de prier fré-qucmmenl. Non , mes fière*,, Jésus- Christnous recommande de prier sans cesse ; et comme, en priant souvent, on apprend à prier saintement, de même, en recevant sou­vent Notre-Seigneur, on sent croître en soi cette ferveur, cette faim qui sont nécessaires pour le recevoir avec fruit. Si l ’on néglige de se préparer à la communion, elle ne sera guère utile, quand même on ne la ferait qu’une fois 1 an ; si au contraire on y apporte beaucoup de soin ; il est certain que, plus on la multipliera, plus on se forti-

fiera dans l'habitude de la faire dignement.S’il était besoin d’ajouter à ces raisons

des preuves de l’utilité des fréquentes com­munions , j’invoquerais le témoignage de l ’expérience. Et en effet, jamais il n’y a eu tant de ferveur, jamais I3 sainteté n’a été si universelle dans l ’Eglise que dans cés heu­reux temps où les fidèles communiaient tous les jours. On a observé qu’au siècle passé, lorsque la corruption des mœurs fit naître ce grand nombre d’hérésies qui inondèrent presque tout^e monde chrétien , le fréquent usage de la pénitence et de la communion avait élé aboli; et qu’aussitôt que, par les soins de plusieurs saints suscités dans ces temps ténébreux, cet usage commença à se rétablir, on vil partout refleurir la piété, et le cours de l’erreur s’arrêter dans les lieux où elle faisait le plus de ravage. Mais qu’est-il nécessaire de chercher si loin des exemples d’une vérité dont nous sommes si convain­cus par notre propre expérience ?On dit qu’il y a de l’illusion à communier tous les mois, tous les quinze jours, tous les huit jours; qu’on en tirerait plus de fruit, si on le fai­sait moins fréquemment; ce discours persua­dera sans doute ceux qui ne communient que deux ou trois fois l’annéé; mais quelle impression pourrait-il faire sur des personnes qui savent par elles-mêmes quel avantage

c’est pour elles de communier souvent, sur nous, quiiie nous sommes retirés de nos dés­ordres que par cette voie? Tandis que nous avons négligé de communier souvent, nous , avons sefati croître notre lâcheté, notre tié­deur dans le service de Dieu-, les tentatipns nous ont assaillis, et nous leur avons résisté plus faiblement; l ’idée de la piété chrétienne nous â effrayés, et nous en avons cru la pra- tique comme impossible ; mais depuis que nous approchons plus fréquemment de la table eucharistique, nous trouvons que nos ennemis ne sont point invincibles, ni nos passions indomptables; la connaissance de la vertu s’étend dans notre esprit, et sa pra­tique s’aplanit sous nos pas.

Je ne dirai pas que tous ceux qui cotiitnu- nient souvent soient des saints; mais j’ose avancer que tous les saints communient fort souvent, et qu’ils reconnoissent devoir à ce sacrement et leur progrès et leur persévé­rance dans la vertu. Si dollc je vois qu'à mesureque je multiplierai mes communions, je devienne plus colère, plus vain, plus dur en­vers les pauvres* plus attaché au monde, plus enclin à satisfaire mes passions, plus impa­tient dans mes maux , plus altéré de plaisir et de faux honneurs ; alors je croirai * non que je doive m 'éloigne dé la communion , car rien n’est capable de me persuader que

je sois plus faible et plus imparfait pour m’ê­tre trop approché de la source de la sainteté et de la grâce ; mais je croirai que je m’en approche avec peu de foi, peu de confiance, peu de préparation; je chercherai dans moi- même la cause d’un si grand mal; je la re­trancherai, celte cause funeste; et pourjefaire avec succès, je penserai qu’il n’est rien qui puisse m’aider davantage qu’une sainte habi­tude de recourir souvent au pain des forts.

Je finis en m’adressant à ceux qui jusqu’ici pourraient avoir cru de bonne foi qu’il y a plus d’utilité à communier moins fréquem­ment, et je les conjure d’en faire l’épreuve. Si leur volonté est sincère, comme je le sup­pose, je ne doute pas qu’ils ne soient désa­busés, qu’ils ne se trouvent bientôt remplis de force, de courage, de lumière, d’onction, et qu’ils n’entrent dans des dispositions bien plus avantageuses que celles ou ils ont vécu jusqu’aujourd’hui. De plus, je m’adresse à' ceux qui jsont dans la louable pratique de la communion fréquente, et je les prie, au nom de Jésus-Christ, qui leur témoigne un siÎ[rand amour en s’abaissant jusqu’à eux, en es nourrissant de sa chair, je les prie, par

cet amour excessif que Jésus-Christ leur porte, d’avoir soin de régler tellement leur vie, que les faibles n’en soient pas scandali­sés, et que personne ne prenne occasion d’aU

tribuer au fréquent usage de TEucharistie, des imperfections qui ne seraient qu’un ef­fet du mauvais usage qu’ils feraient du re­mède le plits efficace. È n fin je ne saurais as­sez exhorter ceux k qui Dieu donne up dé­sir sincère de s’engager ou de persévérer dans les exercices d’une piété solide, je ne saurais assez les exhorter à recevoir souvent leur Rédempteur; qu'ils aient toujours pré­sentes à l ’esprit ces paroles du concile de Bâle : Non-seulement il e$t utile et salutaire de recevoir souvent le sacrement de l’autel \ mais cette pratique est absolument néces­saire à celui qui ne veut pas reculer, à celui

2ui souhaite de s’avancer clans le service de lieu, dans le chemin de la vertu et de la vie

{>arfaite. Que ces personnes regardent dono a divine Eucharistie comme leur bouclier,

comme leur remède universel, comme leur asile dans tous les périls, comme leur res­source dans tous leurs beèoins, comme l ’ap-{>ui qui les doit rendre inébranlables, comme e principe de leur vie spirituelle et lè gage

de leur immortalité. Qu’elles aient recours à ce pain des Anges dans leurs ténèbres, dans leurs perpléxités, dans leurs craintes, dans leurs tentations ; qu’elles l ’opposent à leur fragilité, et qu’avec uhe constance invaria­ble, elles se maintiennent dans ce pieux usage. C ’est une parole expressément donnée par

Jésus-Christ, que quiconque se nourrira de cette viande ne mourra jamais ; et il est évi­dent que cette parole regarde ceux qui ne se contentent pas d’avoir bien communié une fois oti plusieurs fois, mais qui persévèrent jus- qü’à la fin dans la communion fréquente» Oui, Jésus-Christ Ta promis et j’ose en ré-

Sondre : ceux qui ont une volonté sincère e vivre chrétiennement, et qui se maintien­

dront dans F usage de communier souvent, ceux-là* ne mourront jamais dans le péché * ils ne perdront point la grâce dans ce inonde, et ils parviendront infailliblement à la gloire dans l ’autre.

SE N TIM EN S D U P. BO U RD ALO Ü E

SUR LA FRÉQUENTE COMMUNION.

( fïàgittehs 4e soit értai d'octave du S»*nt Sacrement.

L a fréquente comrïiunioh n’est pas utile seu­lement âux justes, elle l ’est aussi aux pé­cheurs. Je parle de ce» pécheurs qui se sont reconnus et sont retournés à Dieu. Ce sont dfeà tnorts ressuacités : car ils étaient morts*elâtt Dieu, et la pénitence leur a rendu la vie. Riàià quoique vivans, ils se ressentent encore des blessures mortelles qu’ils avaient

reçues : elles ne sont pas tellement guéries qu’il ne leur en reste une faiblesse extrême. Cependant, tout faibles qu'ilssont, ils ont, pour ne pas retomber, bien des ennemis à combattre, et bien des efforts à faire. Ils ont, de leur part, des passions qui les dominent, des habitudes qui les tyrannisënt, de mal­heureuses concupiscences qui les attirent. Ils ont, de la part du monde, des railleries à essuyer, des respects humains à surmonter y des exemples auxquels il faut résister. Et combien de tentatiçns ont-ils à repousser de la part de cet esprit de<térièbres, qui les sol­licite, qui les presse, qui tourne sans cesse autour d’eux, comme un lion rugissant, pour les dévorer? Ah ! Seigneur, au milieu de tout cela, queieront-ils, où iront-ils?Que devien­dront toutes leurs résolutions ; et, sans un secours puissant et présent , que peut-on se promettre de leur persévérance? Qr ce se­cours, c'est vous-même, Seigneur, c’est,vo­tre Sacrement. Ainsi l ’Eglise nous le dé- clare-l-elle formellement dans le concile de Trente. Car ce sacrement de salut, dit ce saint concile, est comme un antidote le plus excellent, par où nous sommes tout, à la fois et purifiés des fautes .journalières, et pré­servés des fautes grièves. C ’est donc pour le pénitent un préservatif contre les rechutes. La grâce attachée au Sacrement est pour lu i

Une grâce de combat, et l'effet propre de cette grâce * disent daint Gjprien et saint Thomas, est de dessécher en flous la racine du. péché. Elle réprime les aiguillons de la chair, elle amortit le feu de la cupidité, elle éteint les traits enflammés de Fange de Satan, elle le met en fuite, e t , suivant là pensée de saint Ghrysostâme, elle nous rend terriblbs à toutes les puissances de Fenfer.

11 est vrai, et je veux bien toujours m'en souvenir, c'est un pécheur de qui je parlé} maisonn’entenditautrefois q u e les pharisiens murmurer et se plaindre de ce que Jésus- Christ reçût les pécheurs» et qu'il mangeât avec éux. C ’est un pécheur, mais ami de Dieu comme pénitent, mais rétabli dans la iBaisôà paternelle et remis au nombre des enfans, comme le Prodigue pour qui l'on tua le veau gras, après l ’avoir revêtu au n e robe meuve. Dieu de miséricorde, c’est selon vos schtimens que je parlé, et vous ne m’en dés­avouerez point. Gardons-nous toutefois de côttfôtidre les états. Distinguons le pécheur làarchdüt encore dans la voie de la péni­tence, et le juste depuis long-temps confirmé dans les voies de Dieu : ce que nous donnons à l ’une ne Faccordons pas indifféremment à l’autre ; mais faisons-en le discernement, pour distribuer à chacun .sa portion. Le fidèle économe de l'Evangile que le maître a

établi sur ses domestiques, ne laisse manquer personne; mais il leur donne à tous lamesure de blé q u il faut et dans le temps quil fa u t.

SENT1MENS DE FÉNÉLON

SU R LE MEME SU JET.

( F raçtnen* d’ une lettre. )

L ’Eucharistie a été instituée commeun pain, c’est-à-dire, comme l’aliment le plus fami­lie r; et les Pères l’appellent le pain quoti­dien. Les premiers fidèles rompaient tous les jours ce pain sacré avec joie et simplicité de cœur. En vain, dit Saint Chrysostômp, célébrons-nous les mystères, si personne n'y participe. Assister à la messe sans y partici­per à la communion, eat une action comme estropiée ; c’est ne remplir qu’à demi l’inten­tion de Jésus-Christ, quand il a institué çè Sacrement. II n’y a que notre indignité qui doit nous exclure de cette communion du pain quotidien. Tous les chrétiens y sont appelés ; ils font violence âu Sacrement quand ils s’en privent. Toute notre vie doit tendre à nous rendre digne de recevoir ce pain de vie le plus souvent que nous pouvons. Il ne faut point croire avoir rempli notre devoir k

cet égard, jusqu’à ce que nous puissions at­teindre à la communion de tous les jours. L'Eucharistie n ’est offerte par le prêtre qu’afin que le fidèle en vive : ces deux ac­tions se rapportent l’une à l ’autre; et il man­que quelque chose au sacrifice, quand le laï­que se lient comme interdit loin des autels, n ’osant manger la victime offerte pour lui.

Cependant les idées présentes sont bien éloignées de ces idées pures : on est presque mal édifié d’un prêtre qui ne dit pas la messe tous les jours ; et on serait surpris de voir un laïque qui communierait tous les jours de la semaine. Pourvu que le laïque vive en bon laïque , il peut et doit communier tous les jours, s’il est libre; comme le bon prêtre, s’il est lib re, peut et doit offrir tous les jours. J’excepte seulement les personnes qui sont assujetties à des règles de communauté, où tout tire à conséquence, ou à des engagements du monde dans lesquels il faut garder des me­sures; j’avou£;«mssi que les gens qui aiment le,urs imperfections et qui sont volontairement dans des péchas véniels, sont indignes de celte communion quotidienne ; mais pour les âmes simples, droites, prêlfesà tout pour se corri­ger, dociles et humbles, c’est à elles qu’ap- partient le pain quotidien ; leurs infirmités involontaires, loindeles exclure, augmentent leur besoin defce nourrir du pain des forts.

Riep û ’cst donc plus contraire à l ’institu­tion du Sacrement et » l ’epprit d e l ’Eglise, que-de vouloir respecter l 'Eucharistie en la recevant rarement : pourvu qu’on soit pur, le vrai respect test de la recevoir fréquem­ment. On ne peut point se.dire : je suis pur ; mais il ne faut jamais se j uger soi-roexnç, il faut se laisser juger par un conseil pieux et modéré.

Autre» ftéflfxiau* Au même tuteur, rat la Communion quotidienne.

Si on attendait, pour communier tous les jours, qu’on fût exempt d'imperfections, on attendrai!; sans fin. Dieu a voulu, comme' saint Augiistin le d it , que nous soyons ré- du i ts à vivre h umblèmen tsous lejougdelacon-

fession quotidienne de nos péchés. Saint Jean dit, sans excepter personne : S i nous disons que nous ri wons pas de p é c h é n o u ? nous séduisons nous-mêmes, et la vérité ri est point en nous. . . . S i nous disons que nous ri avons pas de péché, nous faisons Dieu menteur, et la vérité riestpoint en nous. Un autre Apô­tre nous crie : Nous faisons tous beaucoup de fautes. Il faut donc s’accoutumer à voir des fidèles qui ccunmettent des péchés vé­niels, malgré leur dé$ir sincère de n’en com­mettre aucun, et qui néanmoins communient tous les jours. Il ne faut pas tellement être

choqué de leurs imperfections, que Dieu leur laisse pour les humilier, qu'on ne fasse aussi attention aux fautes plus grossières et plus dangereuses dont ce remède quotidien les préserve. Nous voyons que les chrétiens dés premiers siècles, qui communiaient tous les jours, étaient encore dans des imperfections notables. Veut-on condamner leurs commu­nions quotidiennes* et corriger l'Eglise pri­mitive qui les autorisait sans ignorer ces im­perfections notoires ? De plus, nous ne voyons pas que ces anciens fidèles se confessassent régulièrement de ces fautes quotidiennes;au lieu que,les justes de notre temps s'en con­fessent souvent pour se purifier arontlà com­munion. Enfin , les chrétiens de l'antiquité communiaient dans leurs maisons, et de leurs propres mains , pendant les persécutions,[>lutôt que de ne communier pas tous les es jours. Ces derniers temps rie sont pas

moins périlleux. La persécution est d'autant plus dangereuse qu'elle est déguisée sous une apparence de paix, et que le tentateur nous séauit par le venin de l'orgueil et de la mol- lessei L'impiété raffinée , l'illusion flatteuse, l ’hypocrisie,quï gagne comme la gangrène , $ont plus redoutables que les'glaives et les tourmens. Jamais le remède quotidien ne (ut $i nécessaire.

»Combiça voit-on de fidèles scrupuleux

qui , faute de cet aliment, ne font que lan­guir? Ils se consument en reflexions et en ef­forts stériles : ils craignent, ils tremblent. Ils sont toujours en doute et cherchent en vain une certitude qu’ils ne peuvent trouver en celte vie. L'onction n’esl point en eux. Ils veulent vivre de Jésus-Christ, sans vivre de lui. Us sont desséchés, languissans, épuisés, et ils lombeht en défaillance. Ils sont auprès dé la fontaine d ’eau vive et se laissent mou­rir de soif. Ils veulent toul faire au dehors et n ’osent se nourrir en dedans. Ils veulent porter le pesant fardeau de la loi, sans en puiser l'esprit el la consolation dans l’oraison et la communion fréquente.

RÉPONSE DE S. FRANÇOIS DE SALES,

A CBS DEUX QUESTIONS :

Qui sont ceux qui doivent communier souvent, et par quelleraison le doivent-ils faite ?

( Tiré» de la seconde partie de l'introduction à la vie dévote. )

S i le monde vous demande pourquoi vous communiez si souvent, dites au monde que c’est pour apprendre à aimer Dieu, pour vous purifier de vos imperfections , pour vous délivrer de vos misères, pour chercher delà

consolation à vos peines et pour vous sou­tenir dans vos faibl esses. Dites au monde que deux sortes d^gens doivent communier souvent : les parfaits, parce qu’étant bien disposés, ils auraient grand tort de ne pas ap­procher de la source de perfection ; les im-

Sarfaits, afin d’aspirer à la perfection; les fo rtv e peur de s’affaiblir, et les faibles, afin de se

fortifier ; les sains, pour se préserver de tou­tes sortes de maladies, et lçs malades» pour chercher leur guérison. Mais ajoutez que pour voua, étant du nombre des âmes im­parfaites , faibles et malades, vous avez be­soin de recevoir souvént l 'Auteur de la per­fection , le Dieu de la force, le Médecin de votre âme. Dites au monde que ceux qui ne sont pas bien occupés de leurs affaires doi­vent communier souvent, parce qu’ils en ont le temps ; et aussi ceux qui en sont fort oc­cupés, parce qu’étant chargés de beaucoup de travail et de peines, ils ont plus souvent besoin d’une plus solide nourriture; dites enfin que vous vcommuniez fréquemment 9 pour apprendre à bien communier, parce que l ’on ne fait guère bien une action à la­quelle on ne. s’exerce que rarement. Com- inuniez donc souvent et le plus souvent que vous pourrez, avec l’avis ae votre père spi­rituel; et croyez-moi, le corps prend les qualités de la nourriture dont on use habi-

tuellement : vous verrez que nourrissant souvent votre âme de l ’Auteur de toute beauté, de toute sainteté et pureté, elle de­viendra à ses yaux toute belle et toute bonne, toute pure et toute sainte.

Je sais bien que la société des personnes avec qui vous vivez pourrait y mettre des empêchemens légitimes*, car si quelque dé­pendance vous oblige à leur obéir et à les res­pecter, et qu'ils sachent si peu leur religion, ou soient d une humeur si bizarre qu'ils se fassent une inquiétude et un embarras de vous voir communier tous les dimanches, vraisemblablement il sera bon, touies choses bien considérées, de condescendre à leur in­firmité, et de ne communier que tous les quinze jours. Mais si l’impossibilité de faire une règle générale sur ceci m'oblige d 'ea renvoyer la détermination au confesseur, du moins puis-je dire avec vérité que, pour les personnes qui veulent vivre avec piété, les communions ne doivent jamais être plus éloi­gnées que d’un mois.

Et d’ailleurs, si vous save? vous conduire avec prudence, il n'y aura ni mère, ni femme, ni père, ni mari qui vous disputera l’usage de la fréquente communion ; car puisque votre communion rie vous ̂fera rien re­tranche? des devoirs de votre état, et que même ce jour-là vous aurez plus de douceur

et de complaisance pour les autres, il n’y a pas d’apparence qu’ils veuillent vous détour­ner d’un exercice dont ils ne doivent souffrir aucune incommodité.

Pratique que l'on conseille de suivre pour se dispojer à la sainte communion.

i° Quelques jours avant celui de votre communion, faites toutes vos actions et vos prières afin d’obtenir les grâces nécessaires

Î)Our bieif communier *, offrez-les à Dieu dès e matin à cette intention ; pratiquez quelque

bonne œuvre dans la même vue, comme une aumône, un acte de mortification, un jeûne. 2° Visitez, le malin elle soir, Notre-Seigneur au S^int-Sacrement pour le prier qu’il vienne lui-même par ses grâces disposer votre cœur à le recevoir. 3° Lisez quelque chapitre de l i ­mitation de Jésus-Christ, ou de quelque autre livre qui traite de l'Eucharistie. 4° Pendant la journée, tenez-vous dans un plus grand recueillement, en pensant souvent au bon­heur que vous aurez de recevoir votre Dieu. La veille, tâchez de vous entretenir dans cette pensée, qui doit être aussi la pre­mière à votre réveil. .5° Imaginez-vous donc en ce moment que votre Ange Gardien vous dit ces paroles 4 E cce sponsus venit, exile obviam illi : Levez-vous au plus lôlpour aller

recevoir votre époux, qui Vient vous honorer de sa visite. Gardez un profond silence jus­qu'au,retour de la messe, et qu'on recon­naisse à votre modestie que vous êtes pénétré* de la sainteté de l'action que vous allez faire. 6° Enfin, ayez toujours en communiant une intention ̂ particulière, comme serait la vic­toire d'une tentation, l'acquisition d'une vertu pour laquelle vous avez plus d'âttrait, la connaissance des desseins de Dieu sur vous, la délivrance de quelque âme du pur­gatoire , la conversion des infidèles; rien n'est plus propre à ranimer la ferveur, que la vue d'une nn particulière, à laquelle tout se rapporte.

M O YEN S

POUR ARRIVER A LA PERFECTION.

Persuadez-vous biçn qu’entre tous les moyen* créés qui peuvent conduire les âm es à la perfection, il n’y * n a point de meilleur que le simple acquiescement en D ie u , et la simple attention en sa presence.

1. Dans LA Conduite : Uniformité, droiture, modestie,prudence, douceur, fermeté.

2 . Dans l e s C o n v e r s a t i o n s : Gaîté sans dissipation, re­tenue dans le* paroles, oubli de soi, peu d’avis.

3. Dans LES F a u te s : Humble et sincère aveu; douleurprofonde sans abattement; recours à Dieu; abandon à sa miséricorde.

4 . Dans P o s a g e d e s SACREMENS : Pureté de cœur et d 'in­tention ; detachement des goûts sensibles; foi v ite ; ferveur pratique.

5. Avçr DlEt) : Confiance filialç ; étude amoureuse de sesvolontés; attente paisible de ses moinens; obeissance prompte, généreuse et sans réserve.

6 . Avec l e P r o c h a i n : Cordialité, prévenance, support,complaisance sans bassesse; defcrence sans flatterie; condescendance sans respect humain. -

7 . Avec SOt-MEME * Justice exacte ; abnégation effective etsoutenue : patience à toute épreuve.

8. Pour SON C o r p s : duin modéré ; rigueur discrète ; so­briété en tout.

9 . Pour SON Im a g i n a t i o n : Tranquillité inaltérable dan*ses écarts ; mépris de ses fantômes ; diversions dans ses importunités.

10. Pour son E s p r it : Défiance sage de ses lumières: heu­reuse ignorance de son mérite ; usage saint de ses talens.

1 1 . Pour SON C cruii. FidéHtj* à en bannir toute espèce de

trouble ; vigilance sur tous scs mouvemens : sacrifice de 4out ce qui s*y oppose au hori plaisir de Dieu.

12. ViK DE F o i, c'est-à-dire : Conformité entière avec Jésus-Christ dans les pensées, les sentimens, le lan­gage , les oeuvres ; et dépendance de son esprit conti­nuelle en toutes choses.

Heureuse l'âme toujours fidèle à là pratique de ces moyens : Dieu sc complaît en ellje ; elle jouit de Dieu ; elle trouve tout en Dieu ; elle s'asAure l’éternelle possession de Dieu.

Cette vie surnaturelle a pour principe une union intime h Dieu , qui ne se trouve guère que dans les âmes vraiment simples ; car r'est aux simples, dit le Sage% que le Seigneur se communique. E t David s*écriait : Je sais, mon D ieu , que vous aimez la simplicité. Vérité consolante, dont une impression bien vive a, de nos jours, produit cette belle ef­

fusion du cœur d*un Prélat chéri de Dieu et des hommes !

O SIM PLICITÉ ! S IM P L IC IT É ! SIM ­P L IC IT É !

O esprit d'enfance! ô douceur! ô ingénuité et can­deur dans toute sa conduite ! O paix eV joie intérieure ! ô silence, ô amour delà solitude et de la vie cachée! O oubli de soi meme î O indiflerencp pour les créatures! O dégoût pour tout ce qui n'est pas jDicu! O ennui avec les Çens du monde ! ô sainte ignorance des défauts d'autrui ! o paix et union avec les caractères les plus difficiles !O intelligence du grand m jitére et de la folie de la Croix qui n'est accordée qu'aux âmes simples ! O paisible contem­plation des beautés éternelles ! O familiarité d'enfant avee

•Dieu ! O facilité à se tenjr en sa présence, à leçhercher, à le ̂trouver, et à le goûter partout ! O aimable liberté des en- fans de Dîeu !̂ O plaisir à sc laisser corriger, contrarier, humilier et mépriser, lors même qu'on Te fait m al, ou..

qu'on Je fait sans raison ! O amour sincère etlngénn pour les personnes qui npus font souffrir! vous cles les fruits tonsolans de l'aimable SIMPLICITÉ.

O simplicité dans la manière de parler et de se taire,d'é- coûter et de répondre! O simplicité dans les moeurs et la conversation ! O simplicité, que vpus me paraissez aimable partout où je vous trouve ! Oh ! qui me donnera d'clre bien simple avec Dieu? Oh ! que je voudrais IVtre, et que tout le monde le fût ! Quelle gloire ne serait pas rendue à Dieu, et quelle paix ne régnerait pas enlré 1rs hommes!

O mon Dieu ! que vous aimez les âmes simples ! Plus on s'unit etroilemenl à vous, plu* on devient simple! Dégagée de mille idées lertesttes , de mille atiachemens humains, de mille objets qui la retardaient dans sa course, a\ec quelle liherte une âme simple ne s71é\e-t-elle pas vers vous, el avec quelle tendresse ne la -recevez-* ous pas !

O *erlu la plus douce et la plus aisre dans la pratique, mais 1» plus rare et la plus oubliée parce qu’elle ne peut s'établir et subsister que sur la ruine de la prudence de la chair, et de la sagesse des enfans du siècle, que peu de per­sonnes ont le courage de faire ce sacrifice! O mon Dieu! donnez-la à tonies celles qui ont en\ie dVtre intérieures, et elles feront bientôt des progrès étonnaus.

O SIM PLICITÉ! S IM P L IC IT É ! SIM­P L IC IT É !

On se moque de la s i m p l i c i t é du juste : c'est une lampe que les riches regardent avec mépris , mais qui est prête à luire au temps que Dieu a marqué.