180207 - Carmens - Télérama et même cornemuse iranienne et percussions coréennes. Chacun d’eux...

20
CARMEN(S) JOSÉ MONTALVO CREATION 24 AU 27 JANVIER 2018 revue de presse © Patrick Berger

Transcript of 180207 - Carmens - Télérama et même cornemuse iranienne et percussions coréennes. Chacun d’eux...

CARMEN(S) JOSÉ MONTALVO CREATION 24 AU 27 JANVIER 2018

revue de presse

© Patrick Berger

TÉLÉRAMA Mercredi 7 février 2018

TÉLÉRAMA Mercredi 7 février 2018

LE FIGAROSCOPE Mercredi 31 janvier 2018

LE FIGARO Vendredi 9 février 2018

LE JDD Dimanche 4 février 2018

LES ECHOS Jeudi 8 février 2018

   

LE MONDE Lundi 12 février 2018

Dansercanalhistorique.fr – 8 Février 2018

José Montalvo : « Carmen(s) »

Après sa création à la MAC de Créteil, Carmen(s) arrive à Chaillot-Théâtre national de la Danse

avec sa fougue et un vent de révolte.

Que serait Carmen aujourd’hui ? Toutes les femmes, affirme José Montalvo, qui met son héroïne

au pluriel, et peut-être quelques hommes. Dès le début du spectacle le ton est donné. La

musique de Bizet crépite, le rouge est mis sur toutes les parures, du soutien-gorge au pantalon

en passant par robes, éventails et autres colifichets. On est dans le bain. À la différence d’autres

adaptations célèbres pour le ballet, d’Alonso à Mats Ek, Carmen n’a pas besoin de fumer le cigare

ou d’être provocante pour être libre. Elle n’est pas obligée non plus d’être espagnole. Il lui suffit

d’être elle-même ! D’ailleurs, l’Espagne de Bizet ou de Mérimée ne représentait qu’un ailleurs

nécessaire pour mettre en scène une femme sensuelle se fichant pas mal des conventions. Bref,

une femme suffisamment éloignée des Parisiennes du 19e siècle. Ce qui n’empêcha pas un

parfum de scandale.

"Carmen" - José Montalvo © Laurent Philippe

La force de José Montalvo, c’est de la ramener chez nous, dans toute sa diversité, sa multiplicité

d’où le (S). La distribution réunit trois Espagnoles, une Gitane, deux Françaises, deux Coréennes,

et une Japonaise face à sept hip-hopeurs confirmés (toutes et tous plus remarquables les unes

que les autres). Elles s’approprient le personnage à leur façon, nous racontent leurs vies, leurs

cultures, leurs danses et pourquoi elles et ils sont des Carmen(s).

Galerie photo © Laurent Philippe

Et tous de reprendre à leur façon l’une des dernières phrases de l’héroïne « ce que je veux, c’est

être libre, et faire ce qui me plaît ». Aujourd’hui, et même en bikini rouge, il n’est toujours pas si

sûr que ce droit soit acquis, il suffit de voir #metoo pour s’en persuader… ou d’écouter le récit

des danseuses et danseurs. L’une, gitane, avance que la liberté sexuelle est encore un tabou dans

sa culture, un garçon évoque sa mère victime de violences familiales. Oui, Carmen reste un

personnage très actuel. Mais chez Montalvo, les belles sont rebelles et ont pris le pouvoir avec

une énergie dévastatrice.

"Carmen" - José Montalvo © Laurent Philippe

Les hip-hopeurs peuvent bien faire assaut de virtuosité, les voilà renvoyés dans leurs buts d’un

coup d’éventail. La danse, plus que jamais a tout de… l’auberge espagnole. Chacun apporte son

style, sa discipline, son savoir-faire. Tout en conservant les airs célèbres de Bizet, on passe d’un

pays à l’autre, du style savant au tube populaire, pas étonnant, c’est l’Opéra le plus prisé dans le

monde entier. Mais les musiques d’ailleurs s’invitent aussi dans l’arène. Flamenco, musique arabo

andalouse et même cornemuse iranienne et percussions coréennes. Chacun d’eux joue, chante et

danse. C’est souvent drôle, toujours explosif, et parfois carrément émouvant.

Mixant le trajet des gitans, et celui des migrants, José Montalvo renouvelle son usage de la vidéo

dont il se sert comme pour donner de la profondeur de champ à ce qui se passe au plateau.

Bref, Carmen va à merveille à Montalvo. Il faut dire que ce fils de réfugiés espagnols dont la mère

interpréta la Carmencita, et petit-fils d’une prénommée Carmen, passionaria féministe, sait ce

que se révolter veut dire.

Agnès Izrine

Le 24 janvier 2018, MAC de Créteil.

Du 1er au 23 février à Chaillot, Théâtre national de la Danse.

   

LE PARISIEN 94 Mercredi 24 janvier 2018

05/01/2018 10(52Carmen(s) - Danse / Entretien - Journal La Terrasse

Page 1 sur 3http://www.journal-laterrasse.fr/carmens/

DANSE - ENTRETIEN JOSÉ MONTALVO (../DANSE)

Carmen(s)Carmen(s)

MAC CRÉTEIL / CHOR. JOSÉMONTALVO

Publié le 18 décembre 2017 - N° 261

José Montalvo crée José Montalvo crée Carmen(s)Carmen(s), et transforme la gitane de Mérimée, et transforme la gitane de Mérimée

en héroïne moderne pour des temps incertains. Et en hymne à laen héroïne moderne pour des temps incertains. Et en hymne à la

liberté pour toutes les femmes d’ici et d’ailleurs.liberté pour toutes les femmes d’ici et d’ailleurs.

Que représente Carmen pour vous ?Que représente Carmen pour vous ?

José Montalvo :José Montalvo : J’aime le personnage mythique de Carmen, parce qu’elle J’aime le personnage mythique de Carmen, parce qu’elle

représente la révolte en chantant et en dansant. Carmen est une femmereprésente la révolte en chantant et en dansant. Carmen est une femme

émancipée, libre, maîtresse de toutes ses décisions. C’est une femme quiémancipée, libre, maîtresse de toutes ses décisions. C’est une femme qui

affirme sa liberté, son indépendance, dût-elle le payer de sa vie. Provocante,affirme sa liberté, son indépendance, dût-elle le payer de sa vie. Provocante,

vibrante, libre de ton, d’allure et de propos, d’une sensualité torride,vibrante, libre de ton, d’allure et de propos, d’une sensualité torride,

bouillonnante de vitalité, Carmen semble se moquer de tout. Elle rit, danse etbouillonnante de vitalité, Carmen semble se moquer de tout. Elle rit, danse et

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

(http://www.journal-laterrasse.fr)

05/01/2018 10(52Carmen(s) - Danse / Entretien - Journal La Terrasse

Page 2 sur 3http://www.journal-laterrasse.fr/carmens/

chante comme elle respire, de quoi enflammer l’imagination d’unchante comme elle respire, de quoi enflammer l’imagination d’un

chorégraphe. J’aime aussi l’incroyable bonheur de vivre dont elle estchorégraphe. J’aime aussi l’incroyable bonheur de vivre dont elle est

porteuse. Gare aux hommes asphyxiés dans leurs conformismes ! De manièreporteuse. Gare aux hommes asphyxiés dans leurs conformismes ! De manière

plus subjective, Carmen était le prénom porté par ma grand-mère,plus subjective, Carmen était le prénom porté par ma grand-mère,

enthousiaste féministe catalane, conteuse hors pair, enthousiaste féministe catalane, conteuse hors pair, pasionariapasionaria de mon de mon

enfance. C’était aussi le rôle préféré de ma mère, danseuse de flamencoenfance. C’était aussi le rôle préféré de ma mère, danseuse de flamenco

passionnée. Pour moi, passionnée. Pour moi, CarmenCarmen résonne également à distance et avec un résonne également à distance et avec un

tempérament très différent, à travers le surgissement, à la fin du XIXtempérament très différent, à travers le surgissement, à la fin du XIX siècle,siècle,

de tant de femmes rebelles, héroïnes de la liberté. Pour n’en citer quede tant de femmes rebelles, héroïnes de la liberté. Pour n’en citer que

quelques-unes : Louise Michel, Camille Claudel ou un peu plus tard Isadoraquelques-unes : Louise Michel, Camille Claudel ou un peu plus tard Isadora

Duncan. « Duncan. « Ce que je veux c’est être libre et faire ce qu’il me plaît Ce que je veux c’est être libre et faire ce qu’il me plaît » dit Carmen» dit Carmen

dans l’opéra. On pourrait imaginer que Louise Michel lui répond : « dans l’opéra. On pourrait imaginer que Louise Michel lui répond : « Libre j’aiLibre j’ai

vécu, j’entends mourir de mêmevécu, j’entends mourir de même. ». »

« Il y a en chaque femme quelque chose de Carmen. »« Il y a en chaque femme quelque chose de Carmen. »

Pourquoi ajouter un « S » à Pourquoi ajouter un « S » à Carmen Carmen ??

J.M. :J.M. : « « Toutes les femmes s’appellent Carmen Toutes les femmes s’appellent Carmen » affirmait la couverture du» affirmait la couverture du

Nouvel Observateur du 19 août 1983. A cette époque j’étais très jeune maisNouvel Observateur du 19 août 1983. A cette époque j’étais très jeune mais

je trouvais cette conviction évidente. Il y a en chaque femme quelque choseje trouvais cette conviction évidente. Il y a en chaque femme quelque chose

de Carmen. J’ai souhaité ne pas choisir une seule Carmen parmi mesde Carmen. J’ai souhaité ne pas choisir une seule Carmen parmi mes

interprètes mais leur permettre à tour de rôle ou simultanément de devenirinterprètes mais leur permettre à tour de rôle ou simultanément de devenir

Carmen.Carmen.

Comment faites-vous entrer dans ce récit la question du métissage, deComment faites-vous entrer dans ce récit la question du métissage, de

l’immigration ?l’immigration ?

J.M. :J.M. : Carmen est inscrite, du fait de ses origines, dans une collectivité qui Carmen est inscrite, du fait de ses origines, dans une collectivité qui

porte en elle l’histoire d’un exode, d’un déracinement, d’un peuple errant.porte en elle l’histoire d’un exode, d’un déracinement, d’un peuple errant.

J’aime l’idée qu’un personnage célébré dans le monde entier soit un être sansJ’aime l’idée qu’un personnage célébré dans le monde entier soit un être sans

patrie et sans racines. Ecoutons le finale du deuxième acte : « patrie et sans racines. Ecoutons le finale du deuxième acte : « Comme c’estComme c’est

beau la vie errante ; Pour pays l’univers, pour loi ta volonté, et surtout labeau la vie errante ; Pour pays l’univers, pour loi ta volonté, et surtout la

chose enivrante, la liberté, la liberté… » chose enivrante, la liberté, la liberté… » Bizet n’a jamais mis les pieds en Bizet n’a jamais mis les pieds en

Espagne. Il est tout simplement allé chercher son Espagne à Paris. La ville-Espagne. Il est tout simplement allé chercher son Espagne à Paris. La ville-

lumière héberge, au milieu du XIXème siècle, une communauté de poètes, delumière héberge, au milieu du XIXème siècle, une communauté de poètes, de

musiciens, de compositeurs, d’interprètes espagnols, des exilés, des réfugiés,musiciens, de compositeurs, d’interprètes espagnols, des exilés, des réfugiés,

des militants de la liberté. Le génie de Bizet et de ses librettistes Meilhac etdes militants de la liberté. Le génie de Bizet et de ses librettistes Meilhac et

Halévy, c’est de se nourrir de cet apport et de tout ce qui a été écrit sur laHalévy, c’est de se nourrir de cet apport et de tout ce qui a été écrit sur la

culture espagnole. Il n’y a rien de plus français, de plus espagnol et de plusculture espagnole. Il n’y a rien de plus français, de plus espagnol et de plus

universel que Carmen.universel que Carmen.

Propos recueillis par Agnès IzrinePropos recueillis par Agnès Izrine

e e

A PROPOS DE L'ÉVÉNEMENTCarmen(s)Carmen(s) du Mercredi 24 janvier 2018 au Samedi 27 janvier 2018 Maison des Arts de CréteilPlace Salvador Allende, 94000 Créteil, FranceDu 24 au 27 janvier à 21h00. Tél. : . : 01 45 13 19 19. Durée : 1h20.

05/01/2018 10(52Carmen(s) - Danse / Entretien - Journal La Terrasse

Page 3 sur 3http://www.journal-laterrasse.fr/carmens/

Mots-clefs :Carmen(s) (http://www.journal-laterrasse.fr/tag/carmens/), José Montalvo (http://www.journal-laterrasse.fr/tag/jose-montalvo/), Mus. Bizet (http://www.journal-laterrasse.fr/tag/mus-bizet/), SaiedShanbehzadeh (http://www.journal-laterrasse.fr/tag/saied-shanbehzadeh/), _MAC CRETEIL (http://www.journal-laterrasse.fr/tag/mac-creteil/)

Egalement : Du 1 au 23 février à Chaillot – Théâtre national de la Danse, le 6mars au Radiant à Lyon, les 16 et 17 mars au Grand Théâtre d’Aix enProvence, du 21 au 24 mars au Théâtre de Caen, le 10 avril au Théâtre desSablons de Neuilly, du 3 au 6 mai aux Gémeaux à Sceaux.

er