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  • 162 Nathan, 2012 SES Term., coll. C.-D. chaudemaison

    seulement de comprendre les diffrents sens de lindividualisme au-del des prsupposs que lon a souvent sur ce concept , mais aussi dex-pliciter les facteurs de la cohsion sociale, en les actualisant par rapport la tradition sociologique du XIXe sicle. La question sociale a ensuite t reformule tout au long du XXe sicle et en ce dbut du XXIe sicle : le discours sur le lien social nest plus organis partir du thme tradition/moder-nit et la transition de lune lautre, mais partir de la thmatique de la rupture : le lien social contemporain serait en crise. La deuxime partie est donc consacre la mesure de la rupture du lien social et aux incidences de cette dernire sur laffaiblissement de la cohsion sociale. Depuis environ cinquante ans, le rapport indi-vidu/socit est tantt abord du point de vue du conflit, tantt du point de vue du consensus, ou encore de linteraction : cest ce qui est tudi dans la troisime partie, avec la mise au jour de nouvelles fonctions intgratrices des instances de socialisation, et de nouveaux liens de sociabilit.

    liens avec dautres chapitresCe chapitre peut tre reli aux chapitres 8, 9, 11, 14 et 15. Robert Nisbet, dans La tradition sociologique, a examin comment la commu-naut, lautorit, le statut, le sacr et lalination, sancrent concrtement dans le social, ainsi que leur porte thorique. Il explique les raisons qui lont incit privilgier ces cinq concepts quon trouve au fondement dune tradition de la sociologie : en effet, le dfi pos par les deux rvolutions a nourri la rflexion des pres fondateurs de la sociologie, dAuguste Comte mile Durkheim, et de Max Weber Georg Simmel, en tant que tmoins de la transition entre tradition et modernit, des troubles et dsordres, des bouleversements politiques et sociaux des

    But pdagogique et structure du chapitre Lobjectif pdagogique de ce chapitre est triple : analyser lvolution des instances dintgration traditionnelle et son incidence sur le processus de socialisation, ainsi que lapparition de nouveaux liens de sociabilit. Cet objectif est dautant plus imprieux que la thmatique de la crise du lien social semble dominer les discours actuels sur la cohsion sociale ; cela ncessite donc dtudier comment le pro-cessus de socialisation, lui-mme changeant, peut modifier la cohsion sociale (croyances communes aux membres dune socit donne, qui permettent de vivre ensemble) et, par voie de consquence, les formes du lien social (le ciment qui unit les membres de cette socit). Dailleurs, cohsion sociale et lien social sentretiennent mutuellement puisque le lien social, relation objective entre les individus et leurs pratiques, est indissociable dune certaine communaut de croyances (que lon peut mesurer par des enqutes de satisfaction, par exemple) ; face une ralit sociale changeante, les concepts sociologiques changent aussi : aux cts des concepts traditionnels, tels que la so-cialisation, la solidarit mcanique, la solidarit organique ou lanomie, il sagira de mettre en vidence les nouveaux outils que se sont donns les sociologues, comme ceux de sociabilit, de rseaux sociaux, de dsaffiliation, de disqualifi-cation, voire de capital social. Le plan de ce chapitre prsente une rponse tant sociologique quhistorique la question sociale qui proccupe les sociologues depuis le XIXe sicle jusqu nos jours. La premire partie porte sur les interrogations des fondateurs de la sociologie face la naissance de la socit moderne, marque par la monte de lindividualisme. Il est donc important non

    Quels liens sociaux dans des socits o saffirme le primat de lindividu ?

    MANUEL, PAGES 228-249

    CHAPiTRE

    10

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    Dans le document 1, si les joueurs saffrontent, cest toujours de faon virtuelle. Ils ne sont pas ennemis dans la vie relle, pourtant ils peuvent ltre dans le jeu, sans se connatre. Dans le document 3, les riverains sunissent contre un adversaire commun trs large, cest--dire les concepteurs dun projet de construction dun aroport. Le lien social entre les riverains passe par le conflit avec autrui.Quels sont les liens entre individus qui pa-raissent plus harmonieux dans ces trois situations ?Dans le document 1, il arrive aussi que les joueurs collaborent virtuellement pour une mis-sion commune par exemple. Quant au document 3 prcdemment cit, il prsente des liens har-monieux entre les riverains. Le document 2 est moins mitig que les documents 1 et 3 : il y a explicitement des liens harmonieux entre tous ces jeunes fidles catholiques, et entre eux et le Pape.Quelles sont les croyances communes mises en cause ?Les JMJ du document 2 traduisent une foi com-mune en Dieu, ainsi quune croyance commune en lefficacit des rituels (sacrements) et de la prire dans lglise Catholique. Si les joueurs jouent ensemble en rseau dans le document 1, sans pour autant se connatre dans la vie relle, cest parce quils croient que ce jeu a un sens, travers la mission qui est propose aux joueurs, les qutes des personnages. Finalement, ils sont en qute de sens de la vie, tout comme les jeunes du document 2, mais en passant cette fois-ci par la mission du hros quils incarnent. On pourrait mme penser que pour ces joueurs, le voyage ini-tiatique de leur personnage a une fonction proche de celle du plerinage des jeunes vers Madrid pour participer aux JMJ.

    1. Lien social et prennit dune socit

    MANUEL, PAGES 230-233

    A. dE lA SocIT TRAdITIonnEllE lA SocIT

    modERnE

    Document 1

    1. Donnez des exemples de communalisa-tion pouvant devenir des formes de socia-tion et inversement.

    annes 1830-1900. Ces deux rvolutions sont dune part la naissance de lindustrie, dabord en Grande-Bretagne, qui bouleversa tous les modes antrieurs dorganisation et de lien sociaux ; dautre part, celle des institutions politiques, en particulier la Rvolution franaise qui, pour la premire fois, lia les problmes du gouverne-ment et de la libert. La sociologie tait donc une discipline cherchant fonder lordre social, au moment o les anciens garants de la lgitimit sociale disparaissaient (le Roi, Dieu). Les socio-logues se questionnaient sur la nouvelle articu-lation entre ordre social et changement social, individualisation et socit.Ainsi, Robert A. Nisbet dit que la sociologie sest construite autour dune srie doppositions refl-tant toutes les transitions entre la socit dAn-cien Rgime et la socit moderne : communaut vs. socit (chap. 10), statut vs. appartenance de classe (chap. 8), autorit vs. pouvoir (chap. 11), sacr vs. profane (chap. 10), alination vs. progrs.Si la sociologie est ne dune inquitude sur la capacit dintgration des socits modernes, ce sujet est pass au second plan durant les priodes de forte croissance o le progrs conomique tait associ la solidarit sociale. Cependant, linquitude sur la capacit intgratrice de ces instances de socialisation na pas disparu. En tmoigne le retour dans le dbat public de lex-pression cohsion sociale depuis les annes 1990. Elle est dsormais attache aux termes de marginalisation, dexclusion, de sgrgation territoriale : en France, diverses lois ont t pr-sentes dans le cadre du Plan national de co-hsion sociale tabli, en 2005, par le Ministre Jean-Louis Borloo, lui-mme intitul ministre du Travail du Logement et de la Cohsion Sociale. Cependant, ce mme ministre a chang de nom rcemment, pour celui des Solidarits et de la Cohsion sociale. En tmoigne le rle accru des politiques conomiques, visant renforcer le rle intgrateur du travail (chap. 14 et 15).

    Rponses aux questionsouvERTuRE dE cHAPITRE

    MANUEL, PAGES 228-229

    Documents 1, 2 et 3Quels sont les liens entre individus qui semblent conflictuels parmi ces trois situations ?

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    La solidarit organique repose sur la dissociation entre conscience collective et conscience indivi-duelle : par consquent, chaque individu a une conscience individuelle propre, et des fonctions spcifiques. Puisque la conscience collective est un tout qui dpasse les consciences individuelles, ces dernires peuvent ne pas entirement col-ler la conscience collective, mais elles restent complmentaires.4. Quelle est la source de la solidarit mca-nique ? de la solidarit organique ?La solidarit mcanique correspond une socit o les individus sont semblables, dans la mesure o ils partagent tous, de la mme manire et dans la mme intensit, les lments de la conscience collective. Cette socit ne connat donc ni la sp-cialisation des tches, ni, par consquent, celle des individus. La solidarit mcanique repose sur la similitude des individus. Durkheim la compare la cohsion qui unit entre eux les lments des corps bruts : le rapport de lindividu au groupe est direct et lindividuation y est faible.La solidarit organique repose linverse sur la diffrenciation des tches et des individus qui les accomplissent ; lexistence de sous-groupes spcialiss lintrieur du groupe social donne libre champ lindividuation. En effet, la sp-cialisation impose aux individus de se particula-riser, ce qui signifie quils ne partagent plus tous les mmes croyances. Durkheim compare cette solidarit lunit des organismes vivants : en effet, chaque organe est diffrent et a une fonc-tion propre, tout en concourant la vie du corps entier. Cest donc la division du travail qui est la source de la solidarit organique.5. En quoi peut-on qualifier d volution-niste cette thorie du lien social ?Ces deux modles de solidarit sociale sop-posent, en ce que lun ne peut prendre place quau dtriment de lautre. La solidarit mca-nique, forme typique des socits primitives, doit cder du terrain pour que puisse se dvelopper la solidarit organique. Par ltude des transforma-tions du droit passage dun droit rpressif un droit restitutif , Durkheim dmontre lexistence dune mutation des socits qui mne vers la modernit telle quon la connat alors la fin du XIXe sicle, tout comme, dans la nature, les corps bruts laissent place des organismes vivants.

    Ces deux types idaux, communautaire et as-sociatif , peuvent participer de la mme structure sociale. Par exemple, des types associatifs tels que lchange marchand, le vote, la dtermina-tion de mthodes pdagogiques lcole ou les ngociations politiques entre pays, reprsentent a priori un compromis entre des intrts opposs mais complmentaires, reposant sur lintrt per-sonnel, et laccord contractuel. Lorsque ces types dpassent le cadre de lassociation but dtermi-n, en tant mis en place pour une longue dure, instaurant des relations sociales entre les mmes personnes qui ne sont pas limites demble des services matriels particuliers, ils peuvent faire natre des valeurs sentimentales, de laffect, un esprit communautaire. Par exemple, les types ci-ts plus haut peuvent faire merger des relations marchandes fondes sur la confiance en lautre (relations de travail notamment), des partis poli-tiques, une vritable communaut pdagogique.Inversement, le type communautaire peut tre orient dans le sens dune rationalit en finalit : par exemple, la famille peut tre comprise comme une sociation si elle fait lobjet de jeux dalliance, de stratgies patrimoniales, dhritages, ou, dans le cas de lentreprise familiale, si le savoir-faire est partag entre les membres de la famille. Document 22. Comment mile Durkheim articule-t-il conscience collective et conscience individuelle ?La conscience collective, daprs Durkheim, nest pas lagrgation des consciences individuelles, mais une ralit irrductible aux consciences individuelles. Le tout nest pas identique la somme des parties : il y a plus dans la conscience collective que dans la conscience individuelle. En cela, il rcuse la sociologie dHerbert Spencer, selon laquelle le social se rduirait la satisfac-tion des intrts individuels. Il soppose gale-ment toute dmarche qui ferait de la sociologie une simple extension de la psychologie.3. quel type de solidarit correspond la ressemblance des individus ? leur compl mentarit ?La solidarit mcanique nest possible que si la conscience individuelle est totalement absorbe dans la conscience collective, si bien que lindi-vidualit est nulle et que tous les individus se res-semblent, ont exactement les mmes croyances et sentiments.

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    tive. Comment rendre compte de ces temps forts du lien social ? Pour ce faire, Durkheim part des rythmes que connat la vie sociale des soci-ts australiennes : la vie quotidienne o les membres de la tribu se dispersent sur le territoire pour satisfaire aux impratifs conomiques, sopposent les rassemblements provoqus par les ftes et les crmonies religieuses. Dans le pre-mier cas, la vie sociale est atone, alors que dans le second, la puissance de la vie collective ressort avec acuit. loccasion des ftes religieuses, la vie sociale est surexcite, les passions sont exa-cerbes, les participants ces crmonies font lexprience dun tat dexaltation, qui leur rap-pelle quils appartiennent un tout social. Dans ces situations deffervescence sociale, lindividu est en lien direct avec lensemble de la socit, tout comme le fidle est en relation avec le sacr. Les croyances totmiques se concrtisant par des pratiques rituelles ont donc une fonction recra-trice du lien social. Document 49. Quel est le point commun entre ces approches ?Elles reposent sur la conception contemporaine de lautonomie de lindividu, quil sagisse de lindividu-acteur social responsable de ses actes et matre duvre de ses entreprises (dfini-tion idologique), de lindividu-citoyen dou de Raison qui lit ses reprsentants (dfinition morale ou rpublicaine de lindividualisme), ou de lindividualit historique abstraite, idal-type qui permet de comprendre par interprta-tion le sens vis par les acteurs (reconstruction thorique, pistmologique). En effet, dans ces socits nouvellement industrielles, dmocra-tiques et post-rvolutionnaires du XIXe sicle, le processus dmancipation de lindividu mar-quait le passage des socits holistes des soci-ts dindividus : les individus sont librs de leur appartenance un groupe, du pouvoir royal et divin. Lindividu est un citoyen dou de Raison et capable davoir une activit rflexive sur le monde : cest dailleurs cet individualisme rpu-blicain que valorisera Durkheim.10. Quelles sont les implications de la concep-tion durkheimienne de lindividualisme ?Selon Durkheim, les transformations radicales de la vie sociale, avec laffaiblissement progressif et inluctable de la conscience collective dune

    Document 36. Explicitez lexpression communaut morale .Appliquant lun des prceptes de son ouvrage programmatique Les rgles de la mthode socio-logique (1895), Durkheim dfinit soigneusement le fait social tudi, savoir la religion, dans Les formes lmentaires de la vie religieuse (1912). Il rejette diverses dfinitions de la religion met-tant en avant soit le surnaturel, soit la divinit. Il propose, en lieu et place, de dcomposer le sys-tme que forme toute religion en deux lments : les croyances ou ce qui relve de la pense reli-gieuse dun ct, les rites ou ce qui relve de la pratique religieuse de lautre. Lide de religion est insparable de lexistence dune communaut morale, cest--dire dune glise, parce que cela introduit une diffrence dcisive entre la religion et la magie il nexiste pas dglise magique. De plus, cette relation entre religion et glise intro-duit demble le caractre collectif du fait reli-gieux. Enfin, cette communaut morale repose essentiellement sur la croyance commune en la distinction sacr/profane.7. Le totem nexiste-t-il que dans les socits archaques ? Justifiez votre rponse.Le totem dsigne une relation au sacr, cest--dire ce qui est mis part, ce qui est spar. Cest une force anonyme qui est prsente dans les tre sacrs, ces derniers ne pouvant tre mls au profane. Les divers interdits dont le sacr est entour sont une marque de la distance entre les deux mondes. Cependant, la sparation entre les deux mondes nempche pas certaines formes de relation entre eux, sinon, le croyant serait priv de tout contact avec le sacr : cela passe par des rituels qui permettent une communication entre le profane et le sacr sans que ce dernier soit souill par ce contact.Le totem nest donc pas spcifique aux socits archaques : en effet, on le retrouve, sous une forme symbolique, dans lautel portant le cruci-fix, permettant la communion entre Dieu et les fidles (religion chrtienne). Durkheim expliquait galement que le drapeau avait toutes les caract-ristiques dun totem des socits modernes.8. Comment les croyances totmiques entre-tiennent-elles le lien social ?Le sacr renvoie des reprsentations collectives qui sont des tats forts de la conscience collec-

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    individuelles de communiquer et de traduire leurs tats intrieurs. Par exemple, la prire en groupe est un partage des tats intrieurs des individus qui prient, et qui prennent conscience de la com-munaut de leurs croyances. Cependant, ceci nest possible que dans les formes institutionnali-ss de la religion, cest--dire les communauts morales au sens de Durkheim.

    Document 6

    14. laide du passage soulign, proposez une dfinition de la cohsion sociale selon mile Durkheim.La cohsion sociale repose sur une conscience commune, une communaut de sentiments, de croyances, sur des interactions nombreuses entre individus, et sur une communaut de buts. La cohsion sociale est ainsi faite des reprsenta-tions que se font les individus de la socit, ces reprsentations se nourrissant de symboles. La cohsion sociale ncessite alors une confiance en soi et dans les institutions.15. Illustrez les processus de rgulation et dintgration dcrits dans ce texte.Lintgration sociale est dautant plus forte que la vie collective est plus intense dans le groupe so-cial : elle passe par la division du travail social en tant quelle cre des changes, la famille, lcole, les groupes religieux. Quant la rgulation so-ciale, cest le rle modrateur jou par la socit sur les passions individuelles qui nous pousse par exemple rechercher plus de confort, plus de luxe. En effet, si les passions individuelles sont illimites, ce nest pas le cas des moyens four-nis lindividu par la socit pour les assouvir. Cest le rle de lautorit morale exerce par la socit sur les individus, qui passe par lexistence dune hirarchie sociale, ou dune stratification sociale, mme dorganiser les interactions entre les membres du groupe et dassigner chacun des attentes socialement adaptes. Il importe que cette hirarchie soit ressentie comme juste et lgi-time par les membres du groupe : il faut donc une certaine mobilit sociale, une certaine ouverture des fonctions.16. Comment un processus de socialisation peut-il tre dfaillant ?Le processus de rgulation peut tre dfaillant si la hirarchie sociale et la division du travail ne sont pas perues comme justes et lgitimes

    part et laffirmation de la place accorde lindi-vidu dautre part, sont deux mouvements qui ne sont pas entirement antithtiques, puisquil voit dans le dernier phnomne, le maintien dune conscience collective vive dans ce fondement de la morale moderne quest le culte de lin-dividu . Cet individualisme moral repose chez Durkheim sur une foi rpublicaine et en luni-versalisme du citoyen. En tmoignent ses cours pdagogiques partir de 1887 et son engage-ment dans laffaire Dreyfus, au nom de la dignit humaine.

    B. lES FAcTEuRS dE lA coHSIon SocIAlE

    Document 511. Dans quelle mesure les deux vnements ci-dessus refltent-ils un rapport au sacr ?Si lon reprend la conception durkheimienne du sacr, le diplme universitaire et le tombeau de Mahomet seraient des sortes de totems incarnant le sacr. Cependant, certains objets peuvent finir par perdre leur nature sacre et tomber dans le monde des objets profanes : dans le cas du di-plme, linflation et la dvalorisation conscutive des diplmes aux yeux des individus leur fait par-fois perdre leur caractre sacr.12. En quoi sont-ils crateurs de lien social ?Leffort dploy au cours de ces deux crmo-nies est intense, mais bref. Pourtant, pour que les sentiments que les tres sacrs reprsentent de-meurent vifs dans les consciences individuelles, il faut que ces sentiments soient ravivs. Ces deux crmonies permettent de re-crer le lien social autour dun engagement et de croyances communs. Les tres sacrs sont les formes sym-boliques sous lesquelles les hommes adorent la vie collective.13. Plus gnralement, comment lcole et la religion assurent-elles une certaine cohsion sociale ?Lcole concourt former et entretenir des croyances communes, par lautorit morale du professeur, limportance du diplme, le sens du progrs, lattention autrui. Ces croyances et sentiments communs aux membres de lcole constituent un ciment unissant les individus.Quant la religion, elle est une reprsentation de la force sociale et les symboles dans lesquels elle sobjective (banquet, autel, tombeau, crucifix) sont des moyens qui permettent aux consciences

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    cette spcialisation de la famille au croisement de la stabilit et du changement social.Plus rcemment, on est pass dune perspective o une relative tanchit entre famille et rap-ports sociaux est postule, une autre perspec-tive o est mise en vidence la traverse de la famille elle-mme par les rapports sociaux. Dun point de vue plus microsociologique, les relations conjugales et les relations parents-enfants se pri-vatisent et sont de plus en plus fondes sur laf-fect. La famille est dsormais le lieu de constitu-tion de lidentit de lindividu, ceci ntant pas incompatible avec la fonction socialisatrice.20. Explicitez la phrase souligne.Dsormais, la socialisation passe par la mise en uvre dinteractions entre lindividu et autrui : le soi ne se construit dabord que par la communi-cation avec des individus proches (famille), puis progressivement avec des cercles de relations plus larges (cole, travail, groupes de pairs). Les habi-tudes individuelles en matire de sant, dduca-tion, de loisirs, de gots culturels, de comporte-ment politique se forgent dabord dans le cercle restreint que constitue la famille, avant dtre confrontes lensemble de la socit. La famille est donc bien le point de dpart de la socialisation. Document 821. Quelles sont les sources principales de sociabilit, selon les Franais ?Les sources principales de sociabilit, daprs ce sondage, sont le milieu social, le lieu de rsi-dence, la culture et lge.22. Quel est le paradoxe inhrent ces vec-teurs de cohsion sociale dans la cit ?La cit semble tre morcele, sectorise, dans la mesure o ces liens de sociabilit se dveloppent avant tout entre des personnes dj proches du point de vue de la PCS ou mme de la classe sociale , du quartier, de la culture (au sens large comme au sens strict), et de lge. Autrement dit, le sentiment de proximit entre les personnes repose une proximit sociale de fait : les liens de sociabilit vont de pair avec l entre-soi , et donc potentiellement la mise lcart dautrui. Pour argumenter1. La division du travail comme lment fonda-mental de la cohsion socialeParadoxe inhrent la division du travail : loin dtre lorigine de latomisation de la socit,

    par les individus, par exemple lorsque la mobilit sociale semble insuffisante, ou bien lorsquil y a inadquation entre la distribution des fonctions sociales et la distribution des talents naturels. Le rle de ltat dans sa vise de justice sociale, et de lcole en tant que vecteur de promotion sociale, est ici en cause.Le processus dintgration peut tre dfaillant en cas dindividualisation trop pousse : par exemple, si les groupements religieux ou profes-sionnels perdent de leur importance dans la vie des individus. Document 717. Rappelez la dfinition de lanomie.Lanomie est, selon Durkheim, la dficience, laffaiblissement des rgles sociales.18. En quoi la famille conjugale risque-t-elle, selon Durkheim, de produire de lanomie ?Durkheim dcompose la famille en deux types de groupe social : le groupe conjugal (les poux) et le groupe familial ou domestique (les poux et les enfants). Avec lexpression famille conjugale , il veut souligner lambigut de cette nouvelle forme de famille : la famille repose sur lunion conjugale, fonde elle-mme sur le relationnel et laffectif. Cette union en est du mme coup fragi-lise, lorsque lamour nest plus l. Alors que le mariage encadrait la famille de rgles juridiques et sociales, le divorce casse la cellule conjugale et ouvre une zone dindtermination pour les membres de la famille.19. Comment les fonctions de la famille ont-elles volu ?Depuis le XIXe sicle, la famille participe tou-jours la rgulation sociale, mais de faon diff-rente au fil du temps. Du XIXe sicle aux annes 1950, les sociologues voient la famille avant tout comme le garant de lordre social, de la rgulation sociale et de la tradition face un monde en voie de modernisation. partir des annes 1950, la famille est perue comme une institution adapte la socit moderne, tout en assurant la stabilit du systme social : cest la perspective fonction-naliste. Aux fonctions traditionnelles dducation des enfants, du soin apport aux personnes ges, et de division du travail dans la famille comme unit de production, se substituent la socialisa-tion, le soutien affectif mutuel des adultes, etc. On voit ici que laffect a une grande place dans

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    des effets contraires : tout dabord, la division du travail peut conduire lanomie, partant, au sui-cide anomique (elle ne produit pas de solidarit car les relations entre les organes ne sont pas rgle-ments). Cela renvoie au manque de contigut entre ces organes. Durkheim cite lexemple des crises industrielles et commerciales marques par un dsajustement entre loffre et la demande de biens, ou des relations antagonistes entre capital et travail dans la grande industrie.Ensuite, la division du travail peut gnrer une intgration sociale trop faible, dans le cas o le travail attribu chacun est insuffisant par exemple. Les relations entre individus perdent alors de leur intensit et de leur rgularit, cela pouvant mener un affaiblissement de la coh-sion sociale, et au suicide de type goste.24. Identifiez les instances de socialisation pri-maire et secondaire dans ce texte.Linstance de socialisation primaire cite dans ce texte est la famille. Les instances de socialisa-tion secondaire sont ltat et le travail. Plus lar-gement, la division du travail renvoie dautres sphres sociales et instances de socialisation secondaire telles que les groupes de pairs. Enfin, il est indirectement question de la religion dans le concept de sacr .25. Quest-ce qui unit les membres dune so-cit hormis la complmentarit produite par la division sociale du travail ?Pour Durkheim, ce sont en dernier ressort la conscience collective, lautorit morale, la com-munaut et le sacr qui fondent la cohsion so-ciale. Ce qui importe, ce nest pas seulement que la rglementation existe, mais quelle soit accep-te par les consciences individuelles. Autrement dit, si elle na plus dautorit morale et ne se maintient plus que par la force dinertie ou la contrainte, elle ne peut plus jouer de rle utile. Par consquent, les individus doivent recevoir une ducation morale, grce laquelle ils consi-dreront les normes sociales comme lgitimes. Or, dans cet apprentissage, les enseignants et les parents jouent un rle cl. La rgle sociale, le fait social, ne sont donc pas des choses totalement extrieurs aux consciences individuelles, puisque celles-ci sont amenes les dsirer, et les res-pecter. Ceci nous amne souligner limportance du sacr comme temps festif allou la revivis-cence des forces et des idaux communs.

    elle est au contraire une forme dadaptation de lorganisation sociale ce changement. Comme lindique Durkheim, les socits suprieures ne peuvent se maintenir en quilibre que si le travail y est divis, parce que lattraction du semblable par le semblable suffit de moins en moins pro-duire de la cohsion.La division du travail participe lintgration sociale, via les groupements professionnels, les syndicats, les corps de mtier, etc. Le plus sou-vent, le contrat de travail confre mme un statut social au travailleur.Le travail repose le plus souvent sur la signature dun contrat, certes, mais il ne faut pas occul-ter les relations sociales voire affectives qui se nouent entre les participants au contrat.2. La division du travail ne suffit pas assurer la cohsion socialeLorsque les groupements professionnels perdent de leur importance, la fonction intgratrice du travail peut tre remise en question.Lcole, ltat, participent la rgulation sociale, en visant rendre justes et lgitimes aux yeux des individus la rpartition des activits profession-nelles et la hirarchie sociale qui en dcoule.La famille, en tant quinstance de socialisation primaire, intervient dans la construction de lidentit individuelle, en conformit avec la socit.

    2. Le dlitement du lien social dans les socits contemporaines

    MANUEL, PAGES 234-237

    A. lA mESuRE dE lA RuPTuRE du lIEn SocIAl

    Document 923. En quoi le ton optimiste dans De la division du travail social (1893) sest-il mouss dans Le Suicide (1897) ?Selon Durkheim, la division du travail unit les individus dans les diverses sphres de la socit : par exemple, les rapports entre amis qui reposent sur la complmentarit ; au sein de la famille, la division du travail entre les conjoints a pour but de renforcer la solidarit conjugale ; de mme, les fonctions politiques sont complmentaires.Normalement, lintensification de la division du travail doit augmenter la solidarit entre les membres de la socit. Pourtant, elle peut produire

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    pauvres que la moyenne des individus vivant dans les mnages dont la personne de rfrence a moins de 65 ans tout type de mnage confondu (32,9/14,2). Ces individus avaient 3 fois plus de chance dtre pauvres, que les individus vivant en couple, dont la personne de rfrence a moins de 65 ans (32,9/10,8). Les personnes vivant seul, ayant plus de 65 ans, avaient 2 fois plus de chance dtre pauvres que les individus vivant en couple, dont la personne de rfrence a plus de 65 ans (15,8/7,6). Enfin, les membres des familles monoparentales dont la personne de rfrence a moins de 65 ans, et les individus seuls ayant plus de 65 ans, ont un taux de pauvret suprieur la moyenne des individus, tout type de mnage confondu.Nous pouvons en dduire que le risque de pau-vret est dautant plus grand que les personnes sont ges et vivent seules, ou bien sont membres de famille monoparentale. Document 12

    31. Comparez le taux demploi des non dipl-ms de la gnration 2004 et des non dipl-ms de la gnration 2007 sur lensemble de la priode.Les taux demploi de ces deux gnrations se confondent lanne de sortie de la formation ini-tiale, puis le taux demploi de la gnration 2004 passe au-dessus de celui de la gnration 2007. Progressivement, lcart se creuse : 2 points de dif-frence un an aprs la sortie de formation initiale, 9 points 2 ans et demi aprs, 7 points 3 ans aprs.32. Quelle relation pouvez-vous tablir entre le niveau de diplme et le taux demploi ?Plus le niveau de diplme est lev, plus le taux demploi lest aussi : on peut raisonnablement en dduire que cest le niveau de diplme qui influe sur le taux demploi. Cependant, concernant les diplms du secondaire, la gnration 2004 avait un taux demploi plus fort que la gnra-tion 2007 : le diplme du secondaire rend sans doute moins employable quauparavant. Enfin, le diplme du suprieur permet datteindre des taux demploi quivalents pour les deux gn-rations, et malgr la crise, 85 % des diplmes du suprieur de la gnration 2007 sont en emploi, trois ans aprs leur sortie du systme ducatif.33. En quoi la situation des non diplms reflte-t-elle les difficults du systme scolaire

    Document 1026. Pourquoi le taux de divorce est-il plus si-gnificatif que le nombre de divorces ?Le taux de divorce, ou indicateur conjoncturel de divortialit, est une mesure du risque de divorce. Il mesure le nombre de divorces que connatrait une promotion fictive de 1 000 mariages si les risques de divorce observs lanne consid-re pour chaque dure de mariage demeuraient inchangs. Il rvle donc le comportement des couples divorcs en fonction de la dure du mariage pendant lanne considre, et est plus prcis que le nombre de divorces.27. Quelle semble tre la dure critique du mariage ?Lanne de tous les risques pour le mariage semble tre la 5e anne, puisque le taux de di-vorce atteint globalement un pic ce moment-l (cas particulier pour 1989).28. Caractrisez lvolution du taux de divorce de 1979 2009.Quelle que soit la dure de mariage et lanne considre, le taux de divorce augmente conti-nment. Nanmoins, les dures extrme et moyenne se distinguent par une plus forte aug-mentation : pour les mariages ayant dure de moins dun an, dun an, de 20 ou 29 ans, le taux de divorces a doubl voire tripl. Quant au taux de divorce pour les mariages de 5 6 ans, il a environ doubl. Concernant les autres dures de mariage, le risque de divorce a t multipli par 1,5 2. Document 1129. Rdigez une phrase prsentant les infor-mations apportes par les donnes entoures en rouge.En 2009, selon lenqute Revenus fiscaux et sociaux , 32,9 % des individus membres dune famille monoparentale dont la personne de rf-rence a moins de 65 ans vivaient sous le seuil de pauvret. La mme anne, 15,8 % des individus vivant seul ayant plus de 65 ans vivaient sous le seuil de pauvret, de mme que 13,5 % des individus vivant en France mtropolitaine et qui ne sont pas tudiants.30. Que pouvez-vous en conclure ?Les individus membres des familles monoparen-tales, dont la personne de rfrence a moins de 65 ans, avaient en 2009 2,3 fois plus de chance dtre

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    population des sans-abris , dont les effectifs pouvaient atteindre jusqu 70 000 personnes pour la seule ville de Chicago. Pour le Hobo, se nourrir, se loger, se vtir, vivre et rsister au froid supposaient un mlange de constante d-brouillardise et dacceptation de la dpendance et du sordide. lintrieur de cette vaste classe dmunie, en constante reconstitution, Anderson montre comment le Hobo voisinait avec dautres catgories dont il tait la fois proche et diff-rent, et comment la fragilit de sa propre condi-tion risquait tout moment de lui faire perdre ses quelques attributs positifs (dont le travail et la possibilit de migrer) pour le prcipiter vers des catgories plus prcaires et dmunies encore que lui : le vagabond (se dplace mais ne travaille pas), le casanier (travaille sans tre mobile), le clochard (sans travail ni mobilit).La force de lethnographie de Nels Anderson est de saisir un groupe social dans tous les aspects de son processus de vie, dans son travail, sa vie quotidienne, ses mythes et ses rves. Il faut aussi souligner que son approche vite lcueil du mi-srabilisme et quil fait ressortir, tout autant que la misre dans laquelle vivent les Hobos, len-semble des ressources de toute nature quils mo-bilisent pour affronter les situations, leur capacit se dfendre ou sorganiser (comme lorsquils installent leur campement lextrieur des villes, o rgne tout un code de savoir vivre ), leur ouverture desprit.35. Comment les Hobos maintiennent-ils une certaine forme dintgration sociale malgr leur marginalisation ?Si le cadre principal du livre dAnderson se situe Chicago, cest parce que les Hobos taient souvent conduits y passer et y sjourner. Ils y avaient leur quartier, que lauteur baptise la Hobohme . Nud ferroviaire majeur, Chicago tait un point de passage oblig pour les ouvriers migrants qui voyageaient clandestinement dans les trains de marchandises. La hobohme tait enfin un lieu de vie , offrant des possibilits pour se nourrir, se lo-ger bas prix, dinformations, de divertissements, rservoir dopportunits en tous genres, espace de contact, de socialisation et de culture. Sans doute galement cherchaient-ils aussi Chicago un accs la multitude dinstitutions sociales que la misre avait suscites, car la philanthropie constitue une tradition des classes dirigeantes amricaines.

    franais assurer sa fonction dintgration sociale ?En 2008, le CERC publiait une note au titre vocateur : Un devoir national : linsertion des jeunes sans diplme . Les auteurs de ce rapport numrent les causes de la faible employabilit des jeunes sortant sans diplme du systme du-catif : tout dabord, sans mconnatre la part de responsabilit qui revient tel ou tel jeune sortant sans diplme, il est clair que pour nombre dentre eux, lchec rsulte principalement de dtermi-nants du milieu conomique et social durant leur enfance ou leur adolescence. Ensuite, le corol-laire de ce facteur est que la majorit des sortants sans diplme na pas bnfici de lgalit des chances sur laquelle repose lcole.B. un PRocESSuS dE coHSIon SocIAlE AFFAIBlI

    Document 1334. Quelle est la trajectoire sociale du Hobo ?Les Hobos constituaient une catgorie particulire douvriers que lon peut situer, dans lespace et dans le temps, de la manire suivante : leur plein dveloppement se produit dans seconde moiti du XIXe sicle et au dbut du XXe sicle, et leur aire dexistence stend de Chicago lOuest des tats-Unis. Leur caractristique essentielle tait dtre des ouvriers migrants : ils navaient pas demploi fixe mais travaillaient de manire dis-continue et sur des sites disperss dans lespace. Ils pouvaient occuper des emplois saisonniers, notamment dans lagriculture, constituaient une bonne part de la main-duvre employe sur les chantiers de construction temporaires, dont lextension fut lune des clefs de lexpansion co-nomique de lOuest. Celle-ci exigeait une main duvre mobile, sans attaches et acceptant des emplois intermittents. Mais il faut noter que cette mobilit nest pas seulement leffet dun march du travail en pays de frontire . Elle est lie, de manire dcisive, aux turbulences dune cono-mie amricaine extraordinairement volatile tout au long de la priode. Le phnomne Hobo sest dabord dvelopp comme une tentative dadap-tation ouvrire aux caractristiques gnrales de lconomie amricaine dans lOuest.Autre caractristique essentielle de cette popu-lation : dpourvus de travail fixe, les Hobos sont aussi dpourvus de domicile. Ils nont ni logis ni attaches ni famille. Ils appartiennent la vaste

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    employabilit. Depuis la crise de 2007, les d-tenteurs dun diplme du suprieur ont vu leur employabilit se dgrader.La faible employabilit est la caractristique principale des travailleurs pauvres : risque de dis-qualification sociale pouvant mener la pauvret, voire lexclusion sociale (dsaffiliation sociale).Il semble quen priode de crise, la famille soit linstitution la plus sollicite en France.2. La prcarit lie la famille et au logementLa fragilisation de la cellule conjugale peut mener au divorce : accroissement du nombre de familles monoparentales, dont la personne de rfrence est souvent une femme.Les familles monoparentales et personnes ges seules sont davantage touches par la pauvret que les autres catgories de mnages, favorisant la dsaffiliation sociale dont parle R. Castel.Lclatement familial va de pair avec lvolution des trajectoires rsidentielles : possible prcarit lie au logement, qui sajoute la pauvret.

    3. Un lien social en recomposition MANUEL, PAGES 238-241

    A. lES InSTAncES dE SocIAlISATIon

    REnouvEllEnT lEuR FoncTIon InTgRATRIcE

    Document 1640. Quels sont les signes dune persistance des droits et des obligations des conjoints/parents ?Dans la lgislation sur le mariage, le divorce et la scurit du revenu, figurent toujours les droits et obligations mutuelles des poux, et leurs de-voirs lorsquils fondent une famille. De mme, les parents ou futurs parents peuvent faire lob-jet dvaluations partir de critres stricts (cas limite de ladoption). En dpit de la fragilisation de la famille conjugale dont parlait Durkheim, les membres de la famille sont toujours lis par la loi.41. Explicitez le passage soulign.Certains sociologues pensent que loin dtre un bastion impassible de la tradition, la famille en tant quinstance socialisatrice est traverse par le changement social : son rle doit par cons-quent voluer pour sadapter aux transformations sociales. Dans ce cas, la famille est considre comme active, et elle est tudie de faon micro-

    Document 1436. Si on interprte la cohsion sociale, notam-ment, comme la confiance que les individus ont dans les institutions, comment interprter la phrase souligne ?Il semblerait que la cohsion sociale repose davantage sur la croyance commune en leffica-cit des institutions judiciaire et scolaire, que sur la confiance dans les institutions religieuses et lgislatives.37. Quels sont les reproches essentiels faits aux religions, selon le texte ?Les Franais ont perdu confiance dans les reli-gions institutionnalises, car leurs yeux, elles seraient souvent associes au conflit tout en pr-chant la paix, et font parfois natre lintolrance et lintgrisme : il y aurait une contradiction entre la communaut de buts propre aux religions, et les pratiques suscites par ces mmes religions. Dans le cas de lglise catholique, les reproches portent parfois sur les rituels, les pratiques qui vont avec lappartenance cette institution. Document 1538. laide de vos connaissances acquises en classe de 1re, rappelez la dfinition des concepts de dsaffiliation sociale et de disqualification sociale.Dsaffiliation sociale : processus de rupture pro-gressive des liens sociaux, qui mne lexclusion sociale (R. Castel).Disqualification sociale : processus progressif de privation de qualifications et de refoulement hors du march de lemploi. Elle met laccent sur le caractre multimensionnel, dynamique et volutif de la pauvret (S. Paugam).39. En quoi la situation des travailleurs pauvres rvle-t-elle la fois une dfaillance et une permanence de la fonction intgratrice du travail ?Les travailleurs pauvres voient leur employabi-lit mise mal par leur faible qualification, les dpenses telles que les frais de transport, les gardes denfants, etc. Pourtant, quelle que soit leur situation face aux aides sociales, les travail-leurs pauvres refusent la dpendance des assists, et prfrent sen sortir en travaillant. Pour argumenter1. La prcarit lie lemploiLa faible qualification des jeunes rduit leur

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    concertation avec lenseignant (aide pour mani-puler le matriel dont llve a besoin) ; partici-pation aux sorties de classes ; accomplissement de certaines gestes techniques pour aider llve handicap ; collaboration au suivi des projets dintgration (projet individualis de llve, rencontres avec la famille, runion de lquipe ducative).45. En quoi cette situation tmoigne-t-elle dune nouvelle forme de lien social lcole ?Tout dabord, le lien social entre llve handica-p et les autres membres de lcole est mdiatis par une tierce personne ou institution : lAVS. En outre, cette mdiatisation repose sur lindi-vidualisation de lenseignement et du parcours de llve, ce qui peut sembler indit lcole rpublicaine. Nanmoins, cela renforce la mis-sion dgalit des chances de lcole, qui passe ncessairement par plus dquit. Enfin, linclu-sion scolaire doit conduire les lves en situation de handicap saffilier la communaut scolaire. Document 1846. Pour les Franais, quels sont les critres qui ont pris plus dimportance pour valuer un emploi depuis 1981 ?Lvaluation dun emploi dpend de plus en plus de lambiance de travail et du fait de sintresser ce que lon fait. Les considrations quantita-tives (rmunration, horaires de travail, dure du cong, cadences) importent moins dsormais pour juger du caractre satisfaisant dun emploi.47. Quen dduisez-vous concernant les liens de sociabilit qui se forment au travail ?Ce sont ces liens de sociabilit nous dans les relations entre collgues qui influent sur la qualit dun emploi, plus que la rmunration qui y est assortie. Document 1948. Rappelez ce quest le capital social.Cest le rseau relationnel dun individu, appr-hend comme ressource pour optimiser sa posi-tion professionnelle, son patrimoine, son pouvoir, etc.49. Quel est le lien entre sgrgation spatiale et sgrgation sociale ?R.E. Park, fondateur de lcole de Chicago en 1925, a marqu la sociologie urbaine amri-caine : selon lui, la topographie des lieux et la distribution spatiale de la population dterminent

    sociologique. Dautres au contraire ont davantage soulign la crise de linstitution familiale, pas-sive, face au changement social. Cette concep-tion mne des tudes macrosociologiques sur le divorce.Le caractre macrosociologique des tudes sur le divorce menes au cours des annes 1970 dans le cadre de la refonte du Code civil, suite la forte progression de la divortialit, contraste avec lorientation microsociologique des analyses contemporaines de la dsunion.42. En quoi peut-on dire que la parentalit sautonomise par rapport la conjugalit ?La formation du couple reposant davantage aujourdhui sur les relations affectives, le lien conjugal peut se fragiliser lorsquapparaissent des difficults relationnelles. Labsence de conver-sation conjugale, au fondement de lajustement des attentes rciproques et de la construction conjointe des identits, et le dsenchantement amoureux produit par la routine du quotidien, ap-paraissent alors comme des ressorts centraux de la dsunion. Le couple est dailleurs une nouvelle catgorie de laction publique aux tats-Unis.Au contraire, ltat franais soutient par de nom-breux dispositifs la parentalit (aide au parent isol, soutien la garde des enfants), mais se d-tourne de la conjugalit comme relation sociale. Depuis plusieurs annes, et notamment depuis la libralisation de laccs au divorce, la conjugalit est laisse hors de toute intervention tatique ; la parentalit devient progressivement la catgorie daction publique privilgie. Le dbat public comme la production scientifique porte presque exclusivement sur le temps de laprs-divorce.43. Dans ce contexte, comment la famille joue-t-elle son rle intgrateur ?Dans laprs-divorce, la famille joue diffremment son rle intgrateur, car la parentalit peut survivre la dconjugalisation, voire la dcohabitation. Les parents redoublent souvent dattention pour leurs enfants, avec toutefois le risque que ces nouvelles relations parentales soient plus indivi-dualistes, et reposent sur des valeurs discordantes. Document 1744. Recherchez quel est le rle dun auxiliaire de vie scolaire.Depuis 2003, lAVS effectue quatre types dac-tivits : interventions dans la classe dfinies en

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    Les NTIC, notamment la messagerie lectronique, multiplie les collgues rguliers, et quipe les interactions de proximit. Les mails permettent darchiver les travaux et de faciliter les relations formelles. Quant aux relations informelles entre collgues, elles ne sont pas ncessairement accrues car les NTIC sont un nouvel outil de slection des relations entre collgues, avec qui on choisit de dvelopper des liens de sociabilit. Document 2152. Comment lauteur caractrise-t-elle la modernit ?Selon Danile Hervieu-Lger, la modernit est caractrise par lindividualisation du rapport aux institutions et lindividualisation des croyances. La modernit na pas vinc le religieux, mais la transform, en introduisant lindividu au centre de la sphre religieuse. Si la scularisation des socits modernes est un phnomne incontes-table, on observe aussi lapparition de nouveaux types de demandes religieuses lies la nature mme de cette modernit.53. Expliquez le passage soulign.Si la culture moderne gnre nouveau du reli-gieux, celui-ci est recompos et dissmin. Par consquent, lappartenance une communaut de foi, lobservance des rites qui y est lie, sont mis en cause par la subjectivisation des croyances et la baisse de la confiance dans les institutions reli-gieuses. La tradition religieuse ne constitue plus un code de sens qui simpose tous. Par exemple, lglise est travaille par des fortes tensions entre la revendication dune exprience personnelle des croyants et la parole institutionnelle.54. Quentend lauteur par petits bricolages rituels ?Il sagit du bricolage des croyances et des rites qui rsulte de lclatement des institutions : la croyance sest personnalise. Chacun, sa faon, puise dans le capital culturel religieux ce qui lui convient. Avant, la religion tait perue comme un carcan. Maintenant, elle apparat comme un lieu de ressourcement selon les besoins et libres choix de lindividu. Ces bricolages rituels sont lune des offres possibles la qute de sens, qui na pas disparu dans les socits scularises.55. Relevez le paradoxe de la croyance reli-gieuse en dehors des institutions religieuses.Leffondrement des pratiques cultuelles institu-

    fatalement la place, le groupe, les associations avec lesquels chacun de nous est tenu de vivre (1926). Notamment, dans les annes 1920, Chicago, les vagues successives de migrants transforment la ville, en mme temps quils sy adaptent en amnageant leur espace propre. Depuis les annes 1990 aux tats-Unis, et les annes 2000 en France, les gated communities, ou ensembles rsidentiels ferms, passent pour des ghettos o les catgories aises choisissent de se retirer, par souci de scurit en fait, ces rsidences scurises, sont souvent composes de classes moyennes. Enfin, les familles bour-geoises se concentrent le plus souvent dans les beaux quartiers des grandes villes, ou dans des lieux de villgiature dj frquents par dautres familles bourgeoises.La sgrgation spatiale, en runissant des indivi-dus proches en termes de revenu, de mode de vie, rend plus visible matriellement la sgrgation sociale. Si la sgrgation spatiale est le rvla-teur de la sgrgation sociale, elle en est aussi la consquence.50. En quoi cette sgrgation spatiale est-elle une condition de socialisation des jeunes issus des familles bourgeoises.Lancrage gographique des familles bourgeoises conditionne la socialisation des jeunes issus de ces familles, par trois mcanismes. Tout dabord, il cre un entre-soi en rendant visible la dlimi-tation sociale. Les beaux quartiers prsentent des caractres distinctifs qui constituent autant de marqueurs sociaux : architecture, largeur des rues, propret, type de commerce, etc. En outre, cette dlimitation spatiale du quartier est loutil privil-gi de slection des tablissements scolaires, des activits de loisirs pour les jeunes, qui voient alors une continuit entre les codes sociaux et le capi-tal social transmis par la famille et ceux qui sont partags lcole, avec les amis. Ce capital social commun aux jeunes des familles bourgeoises faci-litera leur intgration sociale, et participe dans une certaine mesure la rgulation sociale.

    B. dE nouvEAux lIEnS dE SocIABIlIT

    SE FonT jouR

    Document 2051. Quel a t leffet de lintroduction des NTIC dans lentreprise sur les liens de socia-bilit au travail ?

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    La qualit des rseaux sociaux dvelopps sur le lieu de travail donne plus de satisfaction quune rmunration leve.Les NTIC ont permis la fois de dvelopper la sociabilit formelle (relations imposes et rgles dans le cadre de lentreprise) et la sociabilit informelle (slection des collgues membres du cercle de sociabilit, relations lectives).Multiplication des rseaux informels : par exemple, les recrutements par parrainage ou runions de dcisions se prparent la machine caf.

    Travaux dirigs : comment faire socit en temps de crise ?

    MANUEL, PAGES 242-243

    Td 1 : lE cHmAgE En FRAncE dEPuIS 1975

    Document 11. Que mesurent respectivement le taux de chmage des 15-24 ans et la proportion de chmeurs chez les 15-24 ans ?Taux de chmage des 15-24 ans = nombre de chmeurs de 15-24 ans /nombre dactifs de 15-24 ans.Proportion de chmeurs chez les 15-24 ans = nombre de chmeurs de 15-24 ans/nombre total de 15-24 ans.Le nombre dactifs de 15-24 ans tant ncessaire-ment infrieur au nombre total de 15-24 ans, pour un nombre de chmeurs de 15-24 ans donn, le taux de chmage des 15-24 ans est suprieur la part des chmeurs de 15-24 ans.2. Comparez le taux de chmage des 15-24 ans au taux de chmage global des 15 ans et plus.Le taux de chmage des 15-24 ans est suprieur au taux de chmage des plus de 15 ans, ce qui signifie que les 15-24 ans connaissent un taux de chmage suprieur la moyenne (taux de ch-mage global).3. Comment ces taux ont-ils respectivement volu depuis 1975 ?De 1975 2010, le taux de chmage global (plus de 15 ans) a augment de 5 points (9 % - 4 %), tandis que le taux de chmage des 15-24 ans a plus que tripl (24 %/7 % = 3,43). En outre, ce dernier connat des fluctuations quasi-cycliques, plus marques que pour le taux de chmage global.

    tionnelles va de pair avec la prolifration et la dis-smination du croire : ces deux aspects caractri-sant le religieux moderne nourrissent aujourdhui les croyances du plus grand nombre dans les pays dvelopps. Ce phnomne explique entre autres le phnomne sectaire et certains dbordements mystiques. Document 2256. Quest-ce que la dsocialisation dans les rseaux en ligne ?La dsocialisation dans les rseaux en ligne sur-vient lorsque : elle remet en question lintgration sociale du participant, qui pratique le secret, lisolement relationnel, le brouillage des frontires entre vie relle et vie imaginaire. ; elle remet en cause la rgulation sociale en rai-son dune crise de confiance entre le jeune parti-cipant et ses parents, dune frquentation sur les rseaux dadultes stars du porno ou autres activi-ts dviantes. Cela peut conduire le jeune juger comme moins lgitimes les rapports dautorit entre enfants et adultes. Pour argumenter1. Lentreprise participe traditionnellement la division du travail (solidarit)Rappeler les diffrentes dfinitions de la division du travail : division fonctionnelle (hirarchie au sein de lentreprise), division technique du tra-vail (spcialisation des tches : A. Smith et la manufacture dpingles), division sociale du tra-vail (E. Durkheim). Pour Durkheim, la division sociale du travail est le fondement de la solidarit organique. Lentreprise confre lindividu une place dans la division du travail en fonction de ses talents, donc elle concentre des comptences complmentaires.Malgr leffritement de la socit salariale (R. Castel) et la prcarit du travail (S. Paugam), le travail est encore une valeur centrale (ralisation de soi dans le travail, identit au travail) et parti-cipe la construction des identits sociales.Voir R. Sainsaulieu : lidentit au travail et la fa-on dont les diffrents groupes au travail siden-tifient au pair, au chef et aux autres groupes, se construisent par lexprience des relations de pouvoir dentreprise.2. Lentreprise voit aussi apparatre en son sein de nouveaux liens de sociabilit

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    sentiment de ne plus ltre (les jeunes Europens dclasss). Ils fournissent aux jeunes un moyen dexpression les faisant apparatre comme un groupe social uni fournissant une opinion com-mune face aux institutions politiques, en qui ils nont plus confiance. Document 3

    9. Rdigez une phrase prsentant linforma-tion apporte par la donne entoure en rouge.En 2011, au Royaume-Uni, 28 % des jeunes de 18-30 ans taient en accord avec laffirmation Jai peu de possibilits de montrer ce dont je suis capable .10. Comparez la situation en France et au Danemark.En 2011, parmi les 18-30 ans, les jeunes en ac-cord avec laffirmation Jai peu de possibilits de montrer ce dont je suis capable sont prs de 6 fois plus nombreux en France quau Danemark (51,2 %/8,9 % = 5,75).11. Quelles hypothses peut-on faire pour ex-pliquer ce sentiment exprim par les jeunes, ainsi que les disparits constates entre pays ?Faible mobilit sociale en France, Portugal, Espagne, Royaume-Uni et Allemagne rela-tivement aux pays scandinaves. Cette faible confiance en soi en France, Portugal, Espagne, Royaume-Uni et Allemagne par rapport aux pays scandinaves, peut tre due un systme scolaire diffrent, sans doute davantage fond sur lindi-vidualisation des pratiques pdagogiques dans ces derniers pays.Un march du travail bloqu pour les jeunes de 18-30 ans en France, au Portugal et en Espagne. Inversement, on peut voquer un march du travail trop flexible au Royaume-Uni, qui rend plus frquente la situation de chmage pour les jeunes.Td 2 : quEllE SocIABIlIT dAnS lES quARTIERS ?

    Document 1

    1. Pourquoi peut-on dire quune sociabilit existait dans ce quartier jusquaux annes 1970 ?Dans ce quartier, jusquaux annes 1970, des individus voisins ctoyaient les mmes espaces publics (rue, jardin, cole, centre de loisirs, trans-ports). Initialement des interactions entre ano-nymes, elles sont devenues des interactions entre

    4. En quoi cette situation complique-t-elle lintgration sociale des jeunes ?Les jeunes sont plus touchs par le chmage que lensemble des actifs de plus de 15 ans en priode de rcession conomique. Lorsque vient la reprise, ces jeunes chmeurs sont encore moins employables, double titre : parce quils sont jeunes, et parce quils ont connu une priode de chmage plus ou moins longue. Or, la reconnais-sance dun statut social passe aujourdhui par le travail : le chmage persistant des jeunes nuit alors leur intgration sociale.5. Peut-on relativiser la gravit de cette situation ?Nous navons ici quune moyenne. Les jeunes les plus touchs par le chmage sont sans nul doute les moins diplms, voire ceux qui nont pas de diplme. Or, ces jeunes peu ou pas diplms font lobjet dun dispositif de reprage et de lutte contre le dcrochage scolaire depuis 2004. Cette politique de la seconde chance est associe la stratgie Europe 2020 qui vise, entre autres, augmenter le taux demploi de cette population risque. Document 26. quels problmes dintgration les jeunes sont-ils confronts ?Les jeunes diplms europens souffrent dabord dune dfaillance de la fonction intgratrice du travail. Au-del du problme dintgration, il sagit dun problme de rgulation sociale : ces jeunes nont plus confiance en eux, ni dans les institutions politiques ou syndicales, car les posi-tions sociales semblent fermes.7. Quelles instances dintgration sont mises en cause dans ce texte ? Pourquoi ?Le travail ne joue plus son rle dintgration car il ne fournit plus un statut social qui permet ces jeunes de se sentir utiles en socit. Leur place dans la division du travail est compromise. Lcole et ltat parviennent plus difficilement quavant assurer une juste rpartition des rles en fonction des diplmes. Ils tendent alors d-cevoir les espoirs de mobilit sociale.8. Expliquez la phrase souligne.Les rseaux sociaux en ligne et Internet acc-lrent la marche vers la citoyennet, tant pour ceux qui ne ltaient pas encore (jeunes dans les dictatures arabes) que pour ceux qui avaient le

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    cours, qui ne correspondait pas au dsir des indi-vidus de vivre ensemble.5. Montrez que ce dessin permet dillustrer les processus dcrits dans le document 1.La fracture sociale nest pas ncessairement un processus voulu par les individus eux-mmes : cest une association de facteurs globaux, de mul-tiples dcisions individuelles, qui a men ce que lon pourrait appeler un effet mergent ou effet pervers collectif, non prvu par les individus. Lorsque M. Jean dit Nous sommes abandonns nous-mmes et en explique les raisons, il ne mentionne pas nommment tel ou tel individu responsable de cette situation. Il a conscience de cette fracture sociale , mais il ne lattribue pas des coupables. Document 36. Que veut exprimer lauteur quand il crit Tout est l , au dbut du texte ?Dans les banlieues marseillaises comme dans celles dautres grandes villes se trouve tout le vivier qui pourrait provoquer une perte de lien social : jeunes non diplms, dans linactivit la plus complte, taux de chmage lev, pauvret ambiante.7. Quels lments, mis en vidence dans ce texte, permettent de mieux comprendre pourquoi Marseille a t moins touche que dautres villes par les crises des banlieues ?Plusieurs raisons sont invoques : pas dingalit de taux de chmage au sein des villes de la banlieue marseillaise. Il ny a donc pas de sentiment de fracture sociale qui attise le sentiment dinjustice ; les liens de sociabilit dans les espaces publics entretiennent des interactions entre les habitants de quartiers diffrents ; des liens forts entre certains quartiers limitent les bagarres entre bandes.8. Peut-on pour autant dire que Marseille chappe aux problmes rencontrs dans de nombreuses zones urbaines sensibles ? loccasion de la venue des jeunes de la ban-lieue marseillaise au centre-ville de Marseille, les habitants du centre-ville ont limpression de voir leur quartier colonis par des indsirables (jeunes vivant en situation prcaire le plus sou-vent). La tension entre ces deux populations est donc latente mais elle alimente les craintes et

    des individus qui prennent got se connatre et changer. En effet, par-del les diffrences sociales, le point commun de tous ces habitants tait de travailler, ce qui entretenait une confiance mutuelle.2. Que sest-il pass partir des annes 1980 ?Les liens de sociabilit fonds sur le travail et le sentiment davoir une place digne dans ce quar-tier se sont progressivement disloqus : dsor-mais, des habitants viennent occuper les lieux sans avoir la possibilit de payer le loyer ; la pauprisation a rompu la confiance mutuelle que chacun avait en son voisin car plus personne ou presque ne travaille , le cambriolage et les trafics supplantent le travail honnte.3. Comment se justifie la question pose par le titre du texte ?Les quartiers dits sensibles sont ceux qui ont t touchs de plein fouet par cette dislocation des liens de sociabilit fonds sur le rapport au travail honnte rendant un homme digne de confiance. Dans cette petite ville de la banlieue parisienne, le centre-ville semble tre un autre monde par rapport au quartier sensible , alors quils sont spars par peine 300 mtres. Dun quartier lautre, les liens de sociabilit, le rap-port au travail, le taux de chmage peuvent varier fortement. Pourtant, cette tendance qui consiste acqurir des biens ou se loger sans payer nest pas spcifique aux quartiers dits sensibles : les squats et la dlinquance sur les biens et les personnes saccroissent en France depuis une vingtaine dannes. Ce sont ces phnomnes qui peuvent dgrader les liens de sociabilit et donc la confiance mutuelle dans les quartiers . Document 2

    4. Que reprsente chacun des personnages dessins par Plantu ? gauche, se trouvent des personnages qui semblent avoir un statut social par le travail, membres des catgories sociales aises ou des classes moyennes. droite, se trouve un jeune. La personne qui se trouve terre a voulu passer dune France au statut social assur, une France au statut social prcaire : tous les personnages paraissent stupfaits la vision de cette scne, ils ne comprennent sans doute pas le mcanisme qui les empche de vivre ensemble. Tout se passe comme si la fracture sociale ntait quun dis-

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    dans les institutions.Quelles sont les caractristiques du processus de cohsion sociale depuis environ 50 ans ? Comment la double fonction intgratrice et r-gulatrice des instances de socialisation a-t-elle volu ?I. Un processus traditionnel qui sest affaibliA. Affaiblissement du lien social, des interac-tions entre individus1. La rupture progressive du lien social lie lisolement et/ou la pauvret : cas des chmeurs, notamment de longue dure : dsaffiliation so-ciale (Castel) ; cas des travailleurs pauvres : dis-qualification sociale (Paugam) ; cas des familles monoparentales.2. Lindividualisme fragilise les relations fami-liales. Relation conjugale repose de plus en plus sur laffect + difficults exognes au couple (pr-carit professionnelle et chmage) divorce plus frquent, avec une certaine stabilisation depuis 1996, lexception du pic de 2005 (doc. 1). Concernant plus du tiers des mariages, le divorce serait devenu naturel aux yeux des sociolo-gues comme de la puissance publique.Rseaux sociaux en ligne peuvent entraner une culture de la chambre potentiellement dso-cialisante (P. Merckl). Doc. 3 : les enfants de plus de 11 ans, en 2007, en France, ont un usage des SMS, des e-mails et de la messagerie instan-tane plus frquent avec leurs amis et camarades quavec les membres de leur famille (parents, grands-parents, fratrie).B. Une moindre confiance dans les institutions1. Lcole et ltat semblent ne pas permettre une ouverture des positions sociales en France : faible mobilit sociale. Ex : part importante de non diplms sortant du systme scolaire, forte reproduction sociale des ingalits.2. Moindre confiance dans les institutions reli-gieuses. Croire sans appartenir une institution religieuse.II. mais dont les sources sont renouvelesA. De nouveaux liens sociaux1. Les nouvelles fonctions de la famille : la paren-talit survit la conjugalit. Doc. 1 : hausse du nombre de divorces par consentement mutuel de-puis 2004, qui dpasse en nombre depuis 2001 le divorce pour faute. Illustre le passage dun droit rpressif un droit restitutif, caractristique dune

    la perte de confiance, do le succs du Front National Marseille.

    Sujets Bac MANUEL, PAGES 247-249

    dISSERTATIon

    Introduction : La France fut longtemps consi-dre comme un modle de mobilit sociale. Or, la scurit conomique et la certitude du lendemain sont dsormais des privilges. La jeunesse franaise exprime son dsarroi. Une fracture sociale se creuse dont lensemble de la Nation supporte la charge. La machine France ne fonctionne plus . En prononant ce discours le 17 fvrier 1995, en pleine campagne prsi-dentielle, Jacques Chirac parvenait imposer un concept, un temps attribu Emmanuel Todd, avant dtre rendu Marcel Gauchet : celui de la fracture sociale, lide dun foss ayant fini par se creuser entre les lites dune part, et les exclus de lautre (les exclus tant incarns lpoque, dans limaginaire collectif, par les jeunes de banlieue).Que reste-t-il de la fracture sociale en 2012 ? Dans les discours, peu de choses : on sattache dsormais renforcer les solidarits et la coh-sion sociale, dans le nouveau ministre du mme nom cr en 2010. Dans la ralit, les dernires statistiques de lInsee tmoignent dune perma-nence des ingalits, dune croissance forte mme depuis une demi-douzaine dannes sagissant du patrimoine. Ingalits que les mcanismes redistributifs (impts, prestations sociales) ne parviennent pas endiguer.La cohsion sociale repose sur une conscience commune, une communaut de sentiments, de croyances, sur des interactions nombreuses entre individus, et sur une communaut de buts. Elle ncessite alors une confiance en soi et dans les institutions. Transformer signifie prendre de nou-velles formes : quantitativement (renforcement ou affaiblissement des interactions, du lien so-cial) et qualitativement (moindres ou plus fortes communauts de croyances, de sentiments et de buts, confiance en soi et dans les institutions). Or, la source de la cohsion sociale, se trouvent les instances de socialisation, qui jouent la fois un rle intgrateur, li au lien social, et un rle rgu-lateur, agissant sur la communaut de croyances, de sentiments et de buts et la confiance en soi et

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    communaut de buts des individus de cet espace public. Les deux peuvent tre remis en cause, par exemple, lors de la monte des incivilits.Dans Le nouvel esprit du capitalisme (1999), L. Boltanski et E. Chiapello tablissent les l-ments de formation de la cit par projets , nouvelle configuration de lesprit du capitalisme : dans ce monde rticulaire, ltalon laune du-quel se mesure la grandeur des tres et des choses est la capacit sinsrer dans des rseaux, im-pulser des projets, tre flexible. Celui qui na pas de projet et nexplore plus les rseaux est alors menac dexclusion.

    PREuvE comPoSE

    Partie 1 : mobilisation de connaissances

    question 1

    Dans De la division du travail social (1893), Durkheim met en vidence le passage de la soli-darit mcanique la solidarit organique. Par la premire, il dsigne une socit par similitude, caractristique des socits archaques : les individus y sont semblables les uns aux autres, partagent les mmes sentiments, obissent aux mmes croyances, aux mmes valeurs. La se-conde en revanche, est caractrise par la coo-pration dindividus diffrencis dans leurs pra-tiques et leurs croyances, et dont les fonctions sont spcialises (au sein de la famille, au travail, dans le systme politique, etc.).Cest pourquoi dans la solidarit mcanique, les consciences individuelles sont absorbes par la conscience collective, alors que dans la solidarit organique, elles sautonomisent par rapport la conscience collective. Empiriquement, le rapport entre conscience individuelle et conscience col-lective est difficile mesure : aussi, Durkheim choisit un fait extrieur qui symbolise ce rapport, le droit. Ainsi, le droit rpressif est surtout prsent dans les socits o le lien de solidarit sociale repose sur une union intime entre conscience individuelle et conscience collective : la rupture de ce lien constitue le crime. Quant la solidarit organique, il la caractrise par la prpondrance du droit restitutif, qui nest pas expiatoire, mais se rduit une simple remise en tat.Le passage de la solidarit mcanique la solida-rit organique est li deux autres changements sociaux : un approfondissement de la division du travail et un phnomne de densification la

    solidarit sociale fonde sur la complmentarit des individus et une autonomie plus grande des consciences individuelles (Durkheim, 1893).2. Des liens de sociabilit plus slectifs : les rseaux sociaux. NTIC et relations informelles entre collgues : plus de choix de ces relations. TIC et proximit sociale : doc. 3 illustre une slectivit des moyens de communication selon la proximit des individus. Pour les amis, deux sphres distinctes se forment : les amis proches et les copains/camarades dcole. Dans ces deux cercles, chacun des quatre outils de communi-cation connat un essor trs sensible compara-tivement aux relations familiales. Capital social des familles bourgeoises : entre-soi des beaux quartiers.B. Une communaut de croyances et de buts qui na pas disparu1. cole/tat renouvellent leurs mission rgula-trice : intgration dlves handicaps lcole, avec accompagnement personnalis ; ouverture des positions sociales par la lutte contre le dcro-chage scolaire : doc. 2, une baisse significative de la part des jeunes gs de 18 24 ans dont le niveau dtudes ne dpasse pas le 1er cycle de lenseignement secondaire et ne poursuivant ni tudes ni formation, entre 2000 et 2009 dans les pays de lUE ( trois exceptions prs).2. Une qute de sens toujours prsente. Cf. Danile Hervieu Lger : les socits de haute modernit ne se caractrisent pas par une dispa-rition des croyances religieuses, mais par la place nouvelle quelles ont par rapport aux institutions religieuses. Croyances et pratiques religieuses dveloppent des liens de sociabilit parfois la marge des institutions religieuses. Cf. Durkheim (1912) : rapport au sacr fondateur dans les soci-ts modernes.Conclusion : Les symptmes de lapprofon-dissement du processus dindividualisation, les nouveaux liens lectifs ne sont-ils pas fragiles ? Si lon sexprime en termes de cohsion sociale, on peut rpondre oui : en effet, ce lien lectif est source de tensions, car si lindividu choisit de plus en plus les personnes avec lesquelles il entretient des liens forts, on peut supposer que les situations de coprsence avec des individus anonymes, quil na pas choisi, lui soient plus dplaisantes. Cela influe la fois sur les interac-tions dans lespace public notamment, et sur la

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    et 2008, la proportion des familles de 1 ou 2 en-fants a augment, alors que celle des familles de 3 enfants ou plus a baiss. Sur lensemble de la priode, ce sont les familles avec un seul enfant qui sont majoritaires, pour atteindre 45,3 % des familles en 2008. linverse, ce sont les familles dites nombreuses qui sont minoritaires, pour atteindre 3,7 % de lensemble des familles en 2008. Ce tableau ne couvrant quune vingtaine danne, il aurait t judicieux de placer ces donnes dans une perspective sculaire, depuis le dbut du XXe sicle, pour apprcier davantage ce phnomne de contraction de la famille.Cette dernire implique la limitation du nombre des naissances : daprs Philippe Aris dans Lenfant et la vie familiale sous lAncien Rgime (1960), cette limitation drive non seulement de conditions objectives (baisse de la mortalit infantile), mais aussi de la place nouvelle quoc-cupe lenfant. La fin des familles nombreuses (4 enfants ou plus) traduit la fois la ncessit de la concentration des efforts sur quelques enfants : russite scolaire primordiale (espoir dascension sociale) et le besoin de personnaliser les rela-tions. En effet, avec lurbanisation de la socit, la croissance des moyens de communication, les individus sont librs des contraintes et des rgles des milieux sociaux les plus proches. Le sentiment de communaut se restreint au fur et mesure de cette extension. Par consquent, la famille moderne est une institution o les membres ont une individualit plus grande que dans les familles antrieures. Lautonomie de lindividu, libre des contraintes propres la fusion de la famille restreinte ou largie, a des effets importants sur le fonctionnement domes-tique : dans les familles o le patrimoine cono-mique transmettre constitue le premier objectif, le rle central est tenu par le patrimoine. Dans la famille moderne, au contraire, les liens de parent reposent moins sur la proprit, les biens com-muns au groupe familial. Ce sont dsormais les relations entre lhomme et la femme, entre les parents et les enfants qui font vivre lesprit de famille. Partie 3 : Raisonnement sappuyant sur un dossier documentaire

    En avril 2012, le taux de chmage de la zone euro (11 %) dpassait de trois points celui des tats-Unis (8,2 %). Dans les deux cas, le taux de ch-

    fois matrielle augmentation du volume et de la densit moyenne de la population et morale augmentation du nombre de contacts sociaux.question 2

    La sociabilit est le processus dans lequel des individus occupant des positions diffrencies, ingalitaires, simposent une relation galitaire. La sociabilit suppose donc le rseau parce quelle correspond la fois des relations so-ciales informelles non organises, lectives ou affinitaires et formelles organises, non choisies. Par exemple, les relations avec les amis et les amants sont lectives, celles avec la pa-rent semi-lectives, et celles avec les collgues de travail plutt non lectives. Le rseau social dun individu constitue pour lui une ressource permettant de valoriser ses liens de sociabilit. Si ce rseau de relations est durable, il peut jouer le rle de capital social que lindividu mobilise et valorise pour son propre intrt.Or, le capital social est souvent transmis ou construit lors de la socialisation familiale, sco-laire, par le travail. La socialisation est le proces-sus par lequel les individus lintgrent la socit et/ou tel ou tel groupe, en acqurant et en int-riorisant sa culture. Donc la socialisation influe sur la forme et lintensit des liens de sociabilit.Inversement, les liens de sociabilit, lorsquils sont durables, constituent un des vecteurs par lequels lindividu se socialise avec les amis, les collgues de travail par exemple. Nous pouvons en conclure que le lien entre la socialisation et la sociabilit est rciproque. Partie 2 : tude dun documentCe document est un tableau statistique prsentant lvolution de la rpartition des familles selon le nombre denfants de moins de 18 ans, en France, daprs les recensements de la population. Ces rsultats ont t publis par lInsee en 2009.Dans ses cours sur la famille conjugale (1921), mile Durkheim expliquait que la centration sur les personnes est associe la contraction de la famille. La zone centrale de la famille mo-derne est compose du mari, de la femme et des jeunes enfants, entoure de zones secondaires , les ascendants et les descendants. La contraction peut sentendre galement comme la rduction de la taille de la famille nuclaire elle-mme. On constate par exemple quen France, entre 1990

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    solidarit, de contribuer lintgration gnrale de la socit et dtre un facteur essentiel de la cohsion sociale. travers de nombreux exemples, Durkheim prsente la dimension sociale de la division du travail : cas des rapports entre amis ou au sein du couple, mais aussi au niveau politique (compl-mentarit des diffrentes fonctions politiques au sein du systme global).On remarque bien que la cohsion sociale contemporaine ne repose pas que sur lchange contractuel, mais aussi sur des relations affec-tives, durables, que Max Weber nommait com-munalisation (1921), et quil illustrait par la famille, la paroisse, le voisinage, lunit militaire, le syndicat ouvrier, la fraternit religieuse, etc. Voir doc. 1.B.Le travail, une instance de socialisation motrice1. Un rle intgrateur qui volue.Il apporte tout dabord au travailleur une iden-tit sociale, et son appartenance telle ou telle catgorie socioprofessionnelle dfinit sa place dans le processus de la production. Il constitue galement la base de la socialisation secondaire, puisque tout au long de sa vie professionnelle, le travailleur continue intrioriser les valeurs et la culture de lentreprise. Le lien social se dve-loppe aussi bien au cours des pauses la caftria que dans les relations clientle. Cette fonction dintgration sociale volue dans la mesure o elle repose davantage sur les liens de sociabilit au travail (voir doc. 1).Le travail apporte aussi la possibilit de gravir des chelons grce la formation professionnelle continue, et permet donc une ascension sociale qui, aussi faible soit-elle, renforce lintgration dans la socitEnfin, en contrepartie de son activit, le travail-leur peroit un revenu qui lui permet de sintgrer dans la socit de consommation.2. Un pilier pour les autres instances de socialisationSi le travail joue un rle intgrateur, cest parce quil renforce la capacit intgratrice des autres instances de socialisation : par exemple, lcole joue un rle important de dlivrance de diplmes, qui ne servirait rien si ces derniers ne permet-taient pas trouver un emploi. Aujourdhui, fon-der une famille est souvent conditionn au fait

    mage na cess daugmenter depuis janvier 2008, mais il na commenc dcrotre quaux tats-Unis (en janvier 2010). Le travail demeure la rfrence centrale de la cohsion sociale : quils sagisse des bnficiaires des minima sociaux, ou des jeunes en qute de reconnaissance sociale, ils souhaitent trouver un emploi. Or, la hausse rapide, depuis le milieu des annes 1970, de la productivit du travail, ne peut que saccompa-gner de transformations importantes des formes de lien au travail, et des relations demploi.La cohsion sociale repose sur une conscience commune, une communaut de sentiments, de croyances, sur des interactions nombreuses entre individus, et sur une communaut de buts. Elle ncessite alors une confiance en soi et dans les institutions.La socialisation (intgration et rgulation) influe sur la cohsion sociale : le travail, en tant quins-tance de socialisation secondaire, suffit-il assu-rer le processus de cohsion sociale ?I. Le travail est une condition ncessaire du pro-cessus de cohsion socialeA. Dans nos socits modernes marques par le processus dindividualisation des consciences, la division du travail est lorigine de la cohsion sociale1. Des formes diffrentes de solidarit sont pro-duites par chaque socit, et la priode contem-poraine voit natre une solidarit organique et contractuelle.Pour . Durkheim, la division du travail cre entre les hommes tout un systme de droits et de devoirs qui les liens les uns aux autres dune manire durable. [] [Elle] donne naissance des rgles qui assurent le concours pacifique et rgulier des fonctions divises. La division du travail ne met pas en prsence des individus, mais des fonctions sociales .2. La division du travail ne se limite pas au travail.La division sociale du travail se traduit par la rpartition des rles et des fonctions (politiques, conomiques, religieuses, sociales, etc.) entre les membres de la socit. Chacun est ainsi spcia-lis dans une fonction, un rle qui le rend com-plmentaire des autres et cre ainsi du lien social. La vritable fonction de la division du travail est de crer entre les personnes un sentiment de

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    1. Pour assurer la rgulation sociale, ltat et lcole sont des institutions incontournablesCas des personnes dpendantes ou handicapes (doc. 2) : en 2008, 13,9 % des personnes domi-cile ou en institution dclaraient tre inaptes lemploi, ou avoir d labandonner, ou avoir un emploi amnag pour raison de sant, tandis que 4,5 % dclaraient recevoir une allocation rle cl de ltat.En 2008, 5 % des 6-16 ans scolariss dclaraient suivre un enseignement adapt rle cl de lcole pour donner aux handicaps une place en socit, et ainsi ouvrir les positions sociales.Ncessit dune aide humaine (AVS, services aux personnes dpendantes plus gnralement, membre de la famille) : 10,3 % des personnes domicile ou en institution dclaraient recourir une aide humaine.2. Louverture des positions sociales influe sur la lgitimit des ingalits.Paradoxe du doc. 3 : aux tats-Unis, o les in-galits relles de revenu sont les plus fortes, 62 % des individus peroivent les ingalits comme trop grandes, tandis quen France o les inga-lits relles de revenu sont nettement moindres, 85 % des individus jugent les ingalits comme trop grandes. La mobilit sociale plus forte aux tats-Unis lgitime les ingalits aux yeux des individus.Conclusion : pour entretenir la cohsion sociale, le travail en tant quinstance de socialisation secondaire, doit la fois assurer une certaine intgration sociale et participer la rgulation sociale. Dans sa fonction dintgration sociale, le travail contribue forger le ciment des interac-tions entre individus, mis mal par le chmage et la prcarit. Du ct de la rgulation sociale, la division du travail ne donne lieu une hirarchie sociale perue comme lgitime aux yeux des individus, que si cette dernire correspond bien la rpartition des talents et des diplmes ; de mme, la rgulation sociale par une socit plus fluide , o les positions sociales sont ouvertes.

    davoir un emploi. Enfin, la lgitimit de ltat repose entre autres sur sa capacit assurer un minimum demploi et de bien-tre conomique aux citoyens.En donnant une place chaque individu en soci-t, le travail assure une fonction dintgration so-ciale, renforant le lien social, et donc approfon-dissant la cohsion sociale. Cependant, il semble que cette fonction soit remise en cause. En outre, audel dinteractions nombreuses, cette dernire suppose aussi une communaut de sentiments, de croyances et de buts. La hirarchie produite par la division du travail doit tre perue comme lgitime par les individus. Comment entretenir ce sentiment de lgitimit, de justice ?II. Le travail nest pas suffisant pour assurer la cohsion socialeA. Le travail joue moins son rle intgrateur1. Chmage et travailleurs pauvresLa monte du chmage et la prcarit de lemploi fragilise le rapport travail-entreprise et affaiblit durablement la socialisation secondaire (doc. 1). Le chmage accrot le nombre de ceux qui ne trouvent pas une place stable dans la socit, en-tours par une nbuleuse de situations prcaires et lincertitude des lendemains. Tout ceci atteste du retour de la vulnrabilit de masse du XIXe sicle. Dsaffiliation sociale.Le chmeur et le travailleur pauvre voient leur niveau de vie considrablement rduit, ce qui les empche de sinsrer dans les changes co-nomiques. Cf. disqualification sociale de Serge Paugam : les travailleurs pauvres souhaitent tout de mme viter la dpendance des assists et pr-frent avoir recours leur travail.2. Les inemployablesCas limite des personnes dpendantes (physique-ment ou mentalement), pour qui lobtention dun emploi est difficile, voire impossible (doc. 2) : en 2008, 40,4 % de personnes domicile ou en insti-tution dclaraient tre affectes dune dficience, et 6,8 % se sont vues reconnatre officiellement un taux dincapacit.B. Pour assurer la cohsion sociale, le travail dpend des autres instances de socialisation.