16512

2
16512 René Char PORTRAIT-REPORTAGE 8 000 € S.l.n.d. [novembre 1967]. 88 photographies noir & blanc, majoritairement format (85 x 85), faites par Edwin Engelberts et développées sur place, chez Jacques Irisson à Lisle-sur-la-Sorgue. Pochettes originales conservées, avec mentions autographes d'Irisson et d'Engelberts. C'est en 1967 que le cinéaste suisse romand Michel Soutter filme René Char chez lui, à l'Isle-sur-la-Sorgue. Le poète a alors tout juste 60 ans et a reçu l'année précédente le Prix des critiques pour l'ensemble de son œuvre. Son grand ami l'éditeur suisse Edwin Engelberts sera, sur ce tournage, le collaborateur artistique de Soutter. Les deux hommes, genevois, se connaissent depuis plusieurs années. C'est vraisemblablement grâce à l'appui d'Engelberts que Char accepte de répondre favorablement à une lettre du cinéaste, qui lui propose en 1966 une rencontre. Car Char, en principe, refusait d'être filmé - il n'existe d'ailleurs aucun autre documentaire qui lui ait été directement consacré de son vivant. Mais Soutter, par retour du courrier, reçoit une réponse: "Venez". Accompagné d'un preneur de son et d'un caméraman, la petite équipe de la TSR (Télévision Suisse Romande) passe trois jours, du 19 au 21 novembre 1967, caméra 16 mm à la main, avec le poète qui les entraîne sur les chemins, les champs, les collines, au bord de la Sorgue. Les limites sont claires : Char accepte non de parler de sa personne ou de sa création, mais seulement de lire des poèmes choisis pour cette occasion. Soutter dirige alors une émission mensuelle pour la TSR " Champ libre, magazine des arts, des lettres et du spectacle", qui fut programmée du 17 novembre 1965 au 25 juin 1968, avec dix-huit éditions, d'environ 45 mn chacune. C'est pour ce format qu'il réalise ce documentaire unique de 23 mn qui voit Char déclamer ses poèmes, en marchant ou devant sa table de travail, au hasard des rues de Lisle-sur-la-Sorgue, aux Busclats, à ouzon et dans les collines environnantes. Edwin Engelberts, lui, vient de publier avec René Char la fameuse édition de La Postérité du Soleil, avec les textes de Camus et Char accompagnant les photographies d'Henriette Grindat. Et se prépare à publier le catalogue de l'exposition Giacometti, pour lequel Char rédigera la préface, Célébrer Giacometti. Armé de son appareil photo, il mitraille René Char et l'équipe de Soutter, sous tous les angles, à tous les instants. C'est une véritable plongée dans les coulisses du reportage et ses préparatifs. Engelberts, pendant la durée de ces trois jours, fait immédiatement tirer les premier négatifs chez le photographe Jacques Irisson, grand ami de Char - les célèbres photographies de guerre du "capitaine Alexandre" et celles de l'immédiat après-guerre sont souvent son œuvre - à l'Isle-sur-Sorgue, dans la petite boutique "photo-ciné Irisson", dirigées par le deux frères. Au total, une petite centaine de clichés imprimés sur papier Kodak seront tirés. Il s'agit sans aucun doute du seul jeu tiré à cette époque. Engelberts offrira à Soutter, quelques temps plus tard, deux contretypes, aujourd'hui à la Cinémathèque Suisse (fonds Michel Soutter), qui serviront à illustrer l'ouvrage paru sur le cinéaste en 2001, écrit par Freddy Buache. Les autres clichés sont restés entièrement inédits. Mais après avoir accepté ce portrait filmé, après avoir patiemment emmené Soutter sur tous les lieux où étaient nés plusieurs de ses poèmes, René Char, dans une volte- face dont il pouvait être coutumier, s'opposa en bloc à la diffusion de ce film qui restera dans les archives Soutter, déposées après sa mort en 1991 à la Cinémathèque suisse. Il est fort heureusement aujoud'hui visible et constitue et témoignage de premier ordre sur le poète. Dans ces photographies inédites, pieusement gardées par Edwin Engelberts, 45 mettent en scène René Char. Les autres prises de vues sont celles qui montrent l'équipe, et particulièrement Soutter, au travail. Elles sont réparties en trois pochettes de chez Irisson, nommées ainsi : "L'Equipe", "Busclats" et "ouzon". Qulelques notes au crayon par Engelberts au dos, qui a numéroté certaines séries. Parfait état.

description

16512

Transcript of 16512

Page 1: 16512

16512 René CharPortrait-rePortage 8 000 €

S.l.n.d. [novembre 1967]. 88 photographies noir & blanc, majoritairement format (85 x 85), faites par Edwin Engelberts et développées sur place, chez Jacques Irisson à Lisle-sur-la-Sorgue. Pochettes originales conservées, avec mentions autographes d'Irisson et d'Engelberts.

C'est en 1967 que le cinéaste suisse romand Michel Soutter filme René Char chez lui, à l'Isle-sur-la-Sorgue. Le poète a alors tout juste 60 ans et a reçu l'année précédente le Prix des critiques pour l'ensemble de son œuvre. Son grand ami l'éditeur suisse Edwin Engelberts sera, sur ce tournage, le collaborateur artistique de Soutter. Les deux hommes, genevois, se connaissent depuis plusieurs années. C'est vraisemblablement grâce à l'appui d'Engelberts que Char accepte de répondre favorablement à une lettre du cinéaste, qui lui propose en 1966 une rencontre. Car Char, en principe, refusait d'être filmé - il n'existe d'ailleurs aucun autre documentaire qui lui ait été directement consacré de son vivant. Mais Soutter, par retour du courrier, reçoit une réponse: "Venez". Accompagné d'un preneur de son et d'un caméraman, la petite équipe de la TSR (Télévision Suisse Romande) passe trois jours, du 19 au 21 novembre 1967, caméra 16 mm à la main, avec le poète qui les entraîne sur les chemins, les champs, les collines, au bord de la Sorgue. Les limites sont claires : Char accepte non de parler de sa personne ou de sa création, mais seulement de lire des poèmes choisis pour cette occasion. Soutter dirige alors une émission mensuelle pour la TSR " Champ libre, magazine des arts, des lettres et du spectacle", qui fut programmée du 17 novembre 1965 au 25 juin 1968, avec dix-huit éditions, d'environ 45 mn chacune. C'est pour ce format qu'il réalise ce documentaire unique de 23 mn qui voit Char déclamer ses poèmes, en marchant ou devant sa table de travail, au hasard des rues de Lisle-sur-la-Sorgue, aux Busclats, à Thouzon et dans les collines environnantes. Edwin Engelberts, lui, vient de publier avec René Char la fameuse édition de La Postérité du Soleil, avec les textes de Camus et Char accompagnant les photographies d'Henriette Grindat. Et se prépare à publier le catalogue de l'exposition Giacometti, pour lequel Char rédigera la préface, Célébrer Giacometti. Armé de son appareil photo, il mitraille René Char et l'équipe de Soutter, sous tous les angles, à tous les instants. C'est une véritable plongée dans les coulisses du reportage et ses préparatifs. Engelberts, pendant la durée de ces trois jours, fait immédiatement tirer les premier négatifs chez le photographe Jacques Irisson, grand ami de Char - les célèbres photographies de guerre du "capitaine Alexandre" et celles de l'immédiat après-guerre sont souvent son œuvre - à l'Isle-sur-Sorgue, dans la petite boutique "photo-ciné Irisson", dirigées par le deux frères. Au total, une petite centaine de clichés imprimés sur papier Kodak seront tirés. Il s'agit sans aucun doute du seul jeu tiré à cette époque. Engelberts offrira à Soutter, quelques temps plus tard, deux contretypes, aujourd'hui à la Cinémathèque Suisse (fonds Michel Soutter), qui serviront à illustrer l'ouvrage paru sur le cinéaste en 2001, écrit par Freddy Buache. Les autres clichés sont restés entièrement inédits. Mais après avoir accepté ce portrait filmé, après avoir patiemment emmené Soutter sur tous les lieux où étaient nés plusieurs de ses poèmes, René Char, dans une volte-face dont il pouvait être coutumier, s'opposa en bloc à la diffusion de ce film qui restera dans les archives Soutter, déposées après sa mort en 1991 à la Cinémathèque suisse. Il est fort heureusement aujoud'hui visible et constitue et témoignage de premier ordre sur le poète.

Dans ces photographies inédites, pieusement gardées par Edwin Engelberts, 45 mettent en scène René Char. Les autres prises de vues sont celles qui montrent l'équipe, et particulièrement Soutter, au travail. Elles sont réparties en trois pochettes de chez Irisson, nommées ainsi : "L'Equipe", "Busclats" et "Thouzon".

Qulelques notes au crayon par Engelberts au dos, qui a numéroté certaines séries. Parfait état.

Page 2: 16512