1516 - Programme récital - Susan Graham - 03/16

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4R SAISON 15 16 RÉCITAL SCHUMANN | FAURÉ | STRAUSS | GRIEG | DEBUSSY | POULENC TCHAÏKOVSKI | GRANADOS | BERLIOZ MALCOLM MARTINEAU PIANO MEZZO-SOPRANO SUSAN GRAHAM

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SA ISON1516

RÉCITALSCHUMANN | FAURÉ | STRAUSS | GRIEG | DEBUSSY | POULENC

TCHAÏKOVSKI | GRANADOS | BERLIOZ

MALCOLM MARTINEAUPIANO

MEZZO-SOPRANO

SUSAN GRAHAM

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SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE

PARTENAIRE FONDATEUR DE LA TROUPE DES JEUNES SOLISTES EN RÉSIDENCE

PARTENAIRE DU PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

PARTENAIRE DES RÉCITALS PARTENAIRE DE PROJET

PARTENAIRE DU BALLET DU GRAND THÉÂTRE

PARTENAIRE DE PRODUCTION

CARAN D’ACHE EXERSUISSE FAVARGER FLEURIOT FLEURS GENERALI ASSURANCE TAITTINGER UNIRESO

FONDATION VALERIA ROSSI DI MONTELERA LA FAMILLE LUNDIN

PARTENAIRE DE SAISON

PARTENAIRE DE SAISON

ASSOCIATION DES COMMUNES GENEVOISES ÉTAT DE GENÈVE CERCLE DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

PARTENAIRES DU GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

BANQUE PICTET & CIE SA CARGILL INTERNATIONAL SAHYPOSWISS PRIVATE BANK GENÈVE SA TOTSA TOTAL OIL TRADING SA UNION BANCAIRE PRIVÉE, UBP SA

PARTENAIRES DU GENEVA OPERA POOL

PARTENAIRES D’ÉCHANGE

PARTENAIRES MÉDIA

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3RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Jeune femme nue penchée lisant un livreJean-Jacques Henner, 1880-90

Collection privéeHuile sur toile

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Dimanche 20 mars 2016 à 19 h 30À l’Opéra des Nations

ROBERT SCHUMANNI - Seit ich ihn gesehen

EDVARD GRIEG Møte

RICHARD STRAUSSSeitdem dein Aug’ in meines schaute

ROBERT SCHUMANNII - Er, der herrlichste von Allen

JOHN DANKWORTH Shall I compare thee to a summer’s day?

GABRIEL FAURÉ Chanson d’amour

TURE RANGSTRÖM Melodi

ROBERT SCHUMANNIII - Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben

EDVARD GRIEG Jeg elsker dig

GABRIEL FAURÉAu bord de l’eau

ROBERT SCHUMANNIV - Du Ring an meinem Finger

GUSTAV MAHLER Rheinlegendchen

JOAQUÍN TURINA Los dos miedos

ROBERT SCHUMANNV - Helft mir, ihr Schwester

Mutter, Mutter! Glaube nicht (Lied der Braut I)Lass mich ihm am Busen hangen (Lied der Braut II)

MAURICE RAVEL Tout gai!

Entracte

HENRI DUPARC Phidylé

CLAUDE DEBUSSY La Chevelure

ROBERT SCHUMANNVI - Süsser Freund, du blickest mich verwundert an

PIOTR ILITCH TCHAÏKOVSKI Колыбельная песня

FRANCIS POULENC Le Carafon

RICHARD SRAUSS Wiegenliedchen

ROBERT SCHUMANNVII - An meinem Herzen, an meiner Brust

HECTOR BERLIOZ Absence

ENRIQUE GRANADOS ¡Oh muerte cruel! (La maja dolorosa N° 1)

ROGER QUILTER How should I your true love know

ROBERT SCHUMANNVIII - Nun hast du mir den ersten Schmerz getan

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Dimanche 20 mars 2016 à 19 h 30À l’Opéra des Nations

RÉCITAL

MEZZO-SOPRANO

SUSAN GRAHAM

MALCOLM MARTINEAUPIANO

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7RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Autour deL’Amour et la vie d’une femme...

par Daniel Dollé

Ce serait un affront que de présen-ter la mezzo-soprano la plus adulée des grandes scènes internationales. Enfin, ses pas s’arrêtent sur la scène de Neuve. Née au Texas, loin d’une grande

tradition musicale, des hauts lieux de la musique classique, elle s’intéresse rapidement à la musique et se met au piano. Très vite, elle prend conscience que la voix serait son moyen d’expression de prédilection. Elle aime la vie et recherche le côté amusant des choses. Jamais elle ne se contente des acquis, mais explore sans cesse de nouvelles voies. C’est avec Chérubin de Massenet qu’elle s’ouvre les portes de la renommée internationale et des scènes lyriques les plus prestigieuses. La beauté exceptionnelle de son timbre et ses talents d’interprète joyeuse et passionnée feront le reste. La musique est sa raison d’être et son amour pour le récital est légendaire, car elle le considère comme l’essence de la musique.Probablement que Chérubin, en 1994, au Royal Opera House Covent Garden, était un présage de sa prédilection pour la langue française et le répertoire français qu’elle sert avec intelligence et raffinement, et dont nous aurons un aperçu

“Graham’s mezzo-soprano is a voice without regrets, healthy, rounded, ineffably

musical, and eager for a challenge.”THE NEW YORKER

Les amants heureuxGustave Courbet, 1844Musée des Beaux-Arts, LyonHuile sur toile©

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au cours du récital avec des mélodies de Berlioz, Debussy, Duparc et Fauré. Avec son amour pour la France et sa diction irréprochable, personne ne s’étonnera qu’elle soit Commandeur des Arts et des Lettres, depuis 2005.Ce soir, avec sa voix chaude et veloutée, grâce à sa sensibilité musicale hors pair, sa curiosité et son intelligence, elle nous convie, en compagnie de Malcolm Martineau, à un moment d’exception finement ciselé et brillamment structuré. Un pro-gramme qui fait abstraction des barrières linguis-tiques et qui devient le défi d’un voyage musical, organisé autour des huit Lieder qui composent L’Amour et la Vie d’une femme (Frauenliebe und leben) de Robert Schumann.C’est avec un complice de longue date qu’elle nous invite à partager cette variation autour de l’Amour, de la Vie et de la Mort, à travers une forme la plus raffinée et la plus stimulante, mais également la plus angoissante, celle du Lied où l’artiste s’expose et est « mise à nu » en tant qu’interprète. Mais elle est consciente que son ami Malcolm Martineau veille et d’emblée la confiance s’installe. Pour Susan Graham faire de la musique avec le pianiste d’origine écossaise demeure un bonheur exquis. Réciproquement, ils s’inspirent et génèrent un univers où le temps suspend son vol et devient un moment de rêve, et où l’émotion règne en maître.Très souvent, les Lieder constituent une réflexion sur l’existence de l’homme, sur le temps qui passe et sont en relation intime avec les moments importants qui rythment la vie du compositeur : naissance, mort, amour, jalousie, haine, amitié, illusions et désillusions, et bien d’autres événe-ments, ou affects, qui ponctuent notre vie. De tout cela, Robert Schumann en était bien conscient, lorsqu’il s’est battu pour avoir le droit d’épouser Clara Wieck. Il réfléchit longuement sur les vicis-situdes de la vie et traduit ses pensées en musique, notamment dans les huit Lieder de L’Amour et la Vie d’une femme qui charpentent la base de huit variations.À 20 ans, il rencontre Friedrich Wieck, l’un des plus célèbres professeurs de piano de son temps. Celui-ci a une fille, Clara Wieck, alors âgée de

neuf ans, déjà brillante virtuose, et c’est en l’en-tendant que Robert décide de travailler avec son austère et intransigeant père. Il s’installe chez son maître qui le considère comme un fils et travaille d’arrache-pied…Au fil des années, Clara est devenue une belle et talentueuse jeune fille dont il tombe amoureux. Mais Clara n’a que 16 ans et son père s’oppose à l’idylle. Ce sera 5 années d’attente entre espoir et douleur. En novembre 1838, Robert part pour Vienne où Clara est déjà une Kammervirtuosin. C’est un amour partagé, à ceci près que Schumann est exalté comme un fou et que Clara se montre plus sage et pondérée, ce qui ne l’empêche pas d’affi-cher ses sentiments en interprétant les Études symphoniques au Gewandhaus de Leipzig. Mais elle n’a ni l’âge ni le tempérament de George Sand ou Marie d’Agoult. Friedrich Wieck se fâche. La pos-térité romantique le lui reprochera, mais enfin, on peut le comprendre. Quel père verrait d’un bon œil un mariage entre une toute jeune fille pleine d’avenir et un exalté bipolaire sans situation professionnelle. Ainsi, Friedrich Wieck s’oppose farouchement à leur union, y compris par de basses manœuvres. De retour à Leipzig, en avril 1839, Schumann apprend qu’il menace de déshé-riter sa fille et de confisquer ses revenus, si elle ne met pas fin à sa liaison avec lui. Finalement, le couple porte plainte contre le vieux Wieck pour refus de consentement de mariage et ce n’est qu’en septembre 1840 que Robert pourra enfin épouser Clara. Ce mariage est le départ d’un élar-gissement progressif de ses moyens d’expression. Il commence par produire une magnifique florai-son de Lieder, notamment : L’amour et la Vie d’une femme (1840) et Les Amours du poète. Il en compose 130 pendant les années 1840-1841. Ils sont le miroir de ses grandeurs et de ses misères. L’aveu quotidien des secrets et tourments d’une exis-tence qui a dévidé son écheveau noir et blanc. Une alchimie d’amour, de folie et de mort.Après un séjour à l’asile d’Endenich, près de Bonn, ombre de lui même, enfermé dans un monde fan-tasmagorique de musiques et de fantômes, il ne compose plus. Il meurt le 29 juillet 1856, « Il me

AUTOUR DE L’AMOUR ET LA VIE D’UNE FEMME DANIEL DOLLÉ

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sourit, écrira Clara, et d’un grand effort m’enserra dans ses bras. Et je ne donnerais pas cette étreinte pour tous les trésors du monde ». Il laisse derrière lui une œuvre importante et une vie de roman qui le feront surnommer, plus tard, « le Romantique des Romantiques ».Le cycle, basé sur des poèmes de Chamisso, met en musique huit épisodes de la vie d’une femme fidèle : coup de foudre, transformation par l’amour, émerveillement, échange des anneaux, mariage, arrivée d’un enfant, bonheur, deuil. Il faut noter que Schumann n’a pas peur d’introduire dans le cycle ce dernier moment, où la femme-narra-trice accompagne le cercueil de son mari, ce qui a nourri bon nombre de commentaires, – « comme si l’union réelle n’était au fond qu’un leurre », et que seule la mort pouvait permettre l’union. Il faut noter que la musique du premier Lied revient dans le dernier : manière de dire en musique la vérité du destin que Schumann attribue à la jeune fille, même si le texte ne le dit pas ? Les huit Lieder n’ont pas de titre. C’est une femme qui parle et qui évoque la passion amoureuse.Pour commencer l’artiste nous parle de rencontre et du primordial des regards échangés. Elle conclut avec un Lied de Richard Strauss qui demeure l’illustration parfaite de la sublimation des pas-sions en musique. Un regard, un amour venu du ciel, que rêver de mieux ? L’homme aimé devient le meilleur et incarne l’idéal qui seul peut combler la plus digne. Elle se réjouit et déjà viennent les larmes. Même le cœur brisé, qu’importe ! Aussi longtemps que l’on respire et que les yeux voient, la vie défie le temps et la mort, nous apprend le jazzman John Dankworth, grâce à un sommet de Shakespeare. Puis Gabriel Fauré exprime l’Amour dans un style qui rappelle le madrigal et dont l’accompagnement fait songer au luth ou à la gui-tare. L’Amour transcende, l’objectivité s’évanouit. La dernière mélodie, d’un compositeur suédois du XXème siècle, nous apprend que l’Amour est un chant qui le rend tout puissant. Avec le troisième Lied de Schumann, le doute s’installe. S’agit-il d’un rêve ou de la réalité ? Le miracle s’est accom-pli, mais elle ne parvient pas à y croire et doute de

DANIEL DOLLÉ AUTOUR DE L’AMOUR ET LA VIE D’UNE FEMME

C’est avec un complice de longue date qu’elle nous invite à partager cette variation autour de l’Amour, de la Vie et de la Mort, à travers une forme la plus raffinée et la plus stimulante, mais également la plus angoissante, celle du Lied où l’artiste s’expose et est « mise à nu » en tant qu’interprète. Mais elle est consciente que son ami Malcolm Martineau veille et d’emblée la confiance s’installe. Pour Susan Graham faire de la musique avec le pianiste d’origine écossaise demeure un bonheur exquis. Réciproquement, ils s’inspirent et génèrent un univers où le temps suspend son vol et devient un moment de rêve, et où l’émotion règne en maître.

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son amour. Elle croit entendre l’aveu d’un amour éternel et voudrait mourir dans les bras de son bien-aimé. Grieg poursuit avec un aveu d’exclu-sivité sur des paroles de Christian Andersen « Je t’aime, comme je n’ai jamais aimé personne sur terre. » La mélodie est écrite en Do Majeur qui exprime la pureté absolue de l’Amour. Au bord de l’eau, de Gabriel Fauré, évoque le fugitif, l’éphé-mère. La musique est fluide comme le ruisseau, comme l’eau, comme le temps. « Tout passe… »Enfin vient le temps des fiançailles, la fiancée contemple la bague, son cœur bat la chamade, écoutez la main droite du piano. « La bague au doigt, je veux lui appartenir tout entière. » Extrait du Cor enchanté de l’enfant (Des Knaben Wunderhorn), Gustav Mahler nous raconte la légende de la bague jetée dans le Rhin et avalé par un poisson qui finit sur la table du roi. L’anneau, symbole éternel, réunit toujours les amants, ironise le compositeur sur un texte naïf et populaire, servi par une musique d’une grande sophistication. Joaquim Turina conclut sur un texte du poète romantique espagnol, Roman Campoamor. Il exprime la crainte de l’éloignement, de la rupture après la nuit d’Amour. Dans la cinquième section et dernière de la première partie du récital, nous entendons la marche nuptiale, probablement, un hommage à Félix Mendelssohn. On perçoit une once de mélancolie, mais le bonheur d’apparte-nir à son mari domine. Puis elle rassure sa mère à travers deux Lieder, extraits de Myrten, « Mère, Mère, ne crois pas (…) Que parce que je l’aime tant L’amour va me manquer (…) Mère, mère ! Arrête d’avoir peur (…) Finir ? Cela n’aura jamais de fin. » La première partie s’achève avec Maurice Ravel qui nous invite à la danse dans un village grec, baigné de lumière. Pour commencer la seconde partie du récital, nous rencontrons le parnassien, Leconte de Lisle, à travers une musique de Maurice Ravel. Subtilité et gravité baignent dans une sublime sensualité qui nous conduit à Pierre Louÿs et Les Chansons de Bilitis, une courtisane grecque, du temps de Sappho. Debussy nous livre une scène extrême-ment sensuelle au cours de laquelle se développe

un érotisme intense, où séduction ne demeure pas un vain mot. Puis, les deux artistes nous ramènent à Robert Schumann et au recueil de poèmes d’Adelbert von Chamisso, un poète, écri-vain et botaniste franco-allemand, qui évoquent la nuit de noce et l’attente de l’enfant. Dans un chant, dédié à la femme de Rimsky-Korsakov, Tchaïkovski exprime les supplications de la mère aux forces de la nature afin qu’elles soient favo-rables à l’enfant. Il s’agit d’un lullaby, d’une ber-ceuse, qui cède sa place à une mélodie de Francis Poulenc, composée pour Denise Duval et son fils. Richard Strauss reprend le flambeau avec une berceuse. La femme aimante transfère, en tout ou partie, son amour sur l’enfant qui devient le noyau de son existence.La dernière section s’ouvre avec Hector Berlioz qui composa Les Nuits d’été la même année où fut créé L’Amour et la Vie d’une femme. Les suppli-cations restent vaines, elle ne reviendra pas. Une grande distance s’installe entre les amants. Est-ce la distance entre la vie et la mort ? Seul le silence répond à l’appel « Répond, reviens,… » La mort rôde et s’installe avec Roger Quilter et nous demeu-rons impuissants. Intraitable et cruelle est la mort, nous rappelle Enrique Granados à travers ¡Oh, muerte cruel! qui, comme le dernier Lied de Schumann, s’ouvre sur un cri de révolte, de non acceptation, et se prolonge dans une profonde dépression pour aboutir à une quiétude ébranlée. Le dernier Lied évoque la mort de l’époux dans un style sombre et dépouillé, proche du récitatif. Environ 1 h 30 pour évoquer les moments forts d’une vie, celle de tout à chacun.Assister à un récital de chant de Susan Graham, c’est l’assurance d’une vraie démonstration de chant et de musique. Très rapidement l’artiste installe un climat intimiste et de séduction. Difficile de résister à son charme et à son talent. Assurément, nous aurions tort de résister.

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11RÉCITAL | DIANA DAMRAU • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

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12 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Depuis que je l’ai vu

Depuis que je l’ai vu,Je suis comme aveuglée ;Où que je regarde,Lui seul je vois ;

Comme dans un rêve éveilléSon image plane devant moi,Émerge du noir le plus profond,Et s’éclaircit de plus en plus.

Sans elle le monde autour de moiEst sombre et incolore,Le désir me quitteDe jouer avec mes soeurs,

Je préfère pleurer,Silencieuse en ma petite chambre;Depuis que je l’ai vu,Je suis comme aveuglée.

Robert Schumann (1810-1856)

Frauenliebe und –leben : Variations

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Seit ich ihn gesehen op. 42 n° 1 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Seit ich ihn gesehen,Glaub’ ich blind zu sein;Wo ich hin nur blicke,Seh’ ich ihn allein;

Wie im wachen TraumeSchwebt sein Bild mir vor,Taucht aus tiefstem DunkelHeller nur empor.

Sonst ist licht- und farblosAlles um mich her,Nach der Schwestern SpieleNicht begehr’ ich mehr,

Möchte lieber weinen,Still im Kämmerlein;Seit ich ihn gesehen,Glaub’ ich blind zu sein.

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13RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Rencontre

Un dimanche elle est assise, languissante, sur la colline ;sur elle coulent de douces pensées,et son cœur est lourd et bat dans sa poitrine,et son rêve s’éveille, tendre et tremblant.Puis, un charme apparaît au sommet de la montagne ;elle rougit vivement ; son bel ami s’approche.

Prise d’un brusque vertige, elle voudrait se cacher,mais, ensorcelée, elle tourne ses yeux vers lui ;leurs chaudes mains se touchent et ils se tiennent là, sans savoir que faire.

Alors dans sa surprise elle s’exclame :Mais toi, gentil garçon, ... tu es si grand ! »

[...]

Et comme s’approche la fraîcheur du crépuscule,ils se cherchent l’un l’autre, poussés par un désir croissant,et soudain leurs jeunes bras se nouent autour de leurs cous,et pris de vertige, tous deux tremblent bouche contre bouche.Tout disparaît. Et là, dans la tiédeur du soir,dans une chaude félicité, elle dort dans ses bras.

Depuis que ton regard s’est plongé dans le mien

Depuis que ton regard s’est plongé dans le mienEt que l’amour en est tombé sur moi,Comme la rosée venant du ciel,Que pourrait m’offrir de plus la terre ?

Elle m’a donné son meilleur,Et par le bonheur muet du cœurMa vie toute entière fut combléeDans un seul regard.

Edvard Grieg (1843-1907)

Richard Strauss (1864-1949)

Extrait de Haugtussa (1895)

Møte op. 67 n° 4 Arne Garborg (1851-1924)

Ho sìt ein Sundag lengtande Li;det strøymer på med desse søte Tankar;og Hjarta fullt og tungt i Barmen bankar,og Draumen vaknar, bivrande og blid.Då gjeng det som ei Hildring yver Nuten;ho raudnar heit -- der kjem den vene Guten.

Burt vil ho gøyme seg i Ørska brå,men stoggar tryllt og Augo mot han vender;dei tek einannan i dei varme Henderog stend so der og veit seg inkje Råd.

Då bryt ho ut i dette Undringsord:«men snilde deg daa... at du er so stor!»

[ ... ]

Og som det lid ti svale Kveldings Stund,alt meir og meir i Lengt dei saman søkjer;og brådt um Hals den unge Arm seg krøkjer,og øre skjelv dei saman Munn mot Munn.Alt svimrar burt. Og der i Kvelden varmi heite Sæle søv ho i hans Arm.

Extrait de Sechs Lieder (1885-1887)

Seitdem dein Aug’ in meines schaute op. 17 n° 1 (1887)Adolf Friedrich von Schack (1815-1894)

Seitdem dein Aug’ in meines schaute,Und Liebe, wie vom Himmel her,Aus ihm auf mich herniedertaute,Was böte mir die Erde mehr?

Ihr Bestes hat sie mir gegeben,Und von des Herzens stillem GlückWard übervoll mein ganzes LebenDurch jenen einen Augenblick.

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14 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Er, der herrlichste von Allen op. 42 n° 2 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Er, der herrlichste von Allen,Wie so milde, wie so gut!Holde Lippen, klares Auge,Heller Sinn und fester Mut.

So wie dort in blauer Tiefe,Hell und herrlich, jener Stern,Also er an meinem Himmel,Hell und herrlich, hehr und fern.

Wandle, wandle deine Bahnen;Nur betrachten deinen Schein,Nur in Demuth ihn betrachten,Selig nur und traurig sein!

Höre nicht mein stilles Beten,Deinem Glücke nur geweiht;Darfst mich niedre Magd nicht kennen,Hoher Stern der Herrlichkeit!

Nur die Würdigste von allenDarf beglücken deine WahlUnd ich will die Hohe segnenViele tausend Mal.

Will mich freuen dann und weinen,Selig, selig bin ich dann,Sollte mir das Herz auch brechen,Brich, o Herz, was liegt daran?

Lui, le plus glorieux de tous

Lui, le plus glorieux de tous,Combien si doux, combien si bon !Lèvres charmantes, yeux brillants,Esprit clair et ferme courage,

Ainsi, comme cette étoile,Là-bas dans les profondeurs bleues,Il est dans mon ciel,Clair et splendide, haut et lointain,

Change, change ton chemin,Seulement contempler ta splendeur,Seulement, humble, la contempler,Être bienheureuse et triste !

N’écoute pas ma prière secrète,Seulement vouée à ton bonheur ;Tu peux ne pas me connaître, moi pauvre fille,Noble et brillante étoile !

Seule la plus digne de toutesDoit satisfaire ton choix,Et je la bénirai, grande,La bénirai plusieurs milliers de fois.

Je me réjouirai, ensuite pleurerai,Heureuse, heureuse ensuite serai ;Et si cela doit mon cœur briser,Brise-toi, Ô cœur, qu’importe ?

Robert Schumann (1810-1856)

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15RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Shall I compare thee to a summer’s day? (1964)William Shakespeare (1564-1616)

Shall I compare thee to a summer’s day?Thou art more lovely and more temperate:Rough winds do shake the darling buds of May,And summer’s lease hath all too short a date:Sometime too hot the eye of heaven shines,And often is his gold complexion dimm’d;And every fair from fair sometime declines,By chance or nature’s changing course untrimm’d;But thy eternal summer shall not fadeNor lose possession of that fair thou ow’st;Nor shall Death brag thou wander’st in his shade,When in eternal lines to time thou growest:So long as men can breathe or eyes can see,So long lives this, and this gives life to thee.

Chanson d’amour op. 27 no. 1 (1882)Armand Silvestre (1837-1901)

J’aime tes yeux, j’aime ton front,Ô ma rebelle, ô ma farouche,J’aime tes yeux, j’aime ta boucheOù mes baisers s’épuiseront.

J’aime ta voix, j’aime l’étrangeGrâce de tout ce que tu dis,Ô ma rebelle, ô mon cher ange,Mon enfer et mon paradis !

J’aime tout ce qui te fait belle,De tes pieds jusqu’à tes cheveux,Ô toi vers qui montent mes vœux,Ô ma farouche, ô ma rebelle !

Te comparerai-je à un jour d’été ?

Te comparerai-je à un jour d’été ? Tu es plus aimable et plus tempéré. Les vents violents font tomber les tendres bourgeons de mai, et le bail de l’été est de trop courte durée.Tantôt l’œil du ciel brille trop ardemment, et tantôt son teint d’or se ternit. Tout ce qui est beau finit par déchoir du beau, dégradé, soit par accident, soit par le cours changeant de la nature.Mais ton éternel été ne se flétrira pas et ne sera pas dépossédé de tes grâces. La mort ne se vantera pas de ce que tu erres sous son ombre, quand tu grandiras dans l’avenir en vers éternels.Tant que les hommes respireront et que les yeux pourront voir, ceci vivra et te donnera la vie.

Traduction : François-Victor Hugo (1828-1873)

John Dankworth (1927-2010)

Gabriel Fauré (1845-1924)

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16 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extrait de Fem dikter (1917)MelodiBo Bergman (1869-1967)

Bara du går över markerna,lever var källa,sjunger var tuva ditt namn.Skyarna brinna och parkernasusa och fällalövet som guld i din famn.

Och vid de skummiga strändernahör jag din stämmasvaggande vågsorl till tröstRäck mig de älskade händerna.Mörkret skall skrämmas.Kvalet skall släppa mitt bröst.

Bara du går över ängarna,bara jag ser digvandra i fjärran förbi,darra de eviga strängarna.Säg mig vem ger digmakten som blir melodi?

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben op. 42 n° 3 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Ich kann’s nicht fassen, nicht glauben,Es hat ein Traum mich berückt;Wie hätt’ er doch unter allenMich Arme erhöht und beglückt?

Mir war’s, er habe gesprochen:"Ich bin auf ewig dein ,"Mir war’s – ich träume noch immer,Es kann ja nimmer so sein.

O lass im Traume mich sterben,Gewieget an seiner Brust,Den seligen Tod mich schlürfenIn Thränen unendlicher Lust.

Mélodie

Seulement tu marches à travers les champs,et chaque source s’éveille,chaque brin chante ton nom.Le ciel brûle, et les arbres susurrent et lâchent leursfeuilles comme de l’or dans tes bras.

Sur les bancs mousseuxj’entends ta voix qui berceles vagues de réconfortTends-moi tes mains aimées. Les ténèbres s’enfuirontEt le tourment quittera mon coeur.

Seulement tu marches à travers les champs,et je te vois, vaguant dans la distance,ces éternelles souches tremblent.Dis-moi, qui te donne la puissance qui devient cette mélodie ?

Je ne peux ni le comprendre ni le croire

Je ne peux ni le comprendre ni le croire,Un rêve m’a ensorcelée ;Comment aurait-il bien pu, pauvre entre toutes,Me distinguer et me ravir ?

Il m’a semblé qu’il ait dit :« Je suis à toi pour toujours, »Il m’a semblé-j’en rêve encore,Car cela ne pouvait jamais se produire.

Ô qu’en rêve je meure,Bercée contre sa poitrine,La bienheureuse mort s’abreuve de moiEn larmes d’un infini plaisir.

Ture Rangström (1884-1947)

Robert Schumann (1810-1856)

III

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17RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Extrait de Hjertes Melodier (1864)

Jeg elsker dig op. 5 no.3 Hans Christian Andersen (1805-1875)

Min Tankes Tanke ene du er vorden,Du er mit Hjertes første Kærlighed.Jeg elsker Dig, som Ingen her på Jorden,Jeg elsker Dig i Tid og Evighed!

Au bord de l’eau op. 8 no. 1 (1875)René-François Sully-Prudhomme (1839-1907)

S’asseoir tous deux au bord du flot qui passe,Le voir passer ;Tous deux, s’il glisse un nuage en l’espace,Le voir glisser ;À l’horizon, s’il fume un toit de chaume,Le voir fumer ;Aux alentours si quelque fleur embaume,S’en embaumer ;Entendre au pied du saule où l’eau murmureL’eau murmurer ;Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,Le temps durer ;Mais n’apportant de passion profondeQu’à s’adorer,Sans nul souci des querelles du monde,Les ignorer ;Et seuls, tous deux devant tout ce qui lasse,Sans se lasser,Sentir l’amour, devant tout ce qui passe,Ne point passer !

Je t’aime

Tu es devenue l’unique pensée de mes pensées,Tu es le premier amour de mon coeur.Je t’aime, comme personne sur cette terre,Je t’aime en cet instant et éternellement !

Edvard Grieg (1843-1907)

Gabriel Fauré (1845-1924)

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18 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Du Ring an meinem Finger op. 42 n°. 4 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Du Ring an meinem Finger,Mein goldenes Ringelein,Ich drücke dich fromm an die Lippen,An das Herze mein.

Ich hatt’ ihn ausgeträumet,Der Kindheit friedlich schönen Traum,Ich fand allein mich, verlorenIm öden, unendlichen Raum.

Du Ring an meinem Finger,Da hast du mich erst belehrt,Hast meinem Blick erschlossenDes Lebens unendlichen, tiefen Wert.

Ich will ihm dienen, ihm leben,Ihm angehören ganz,Hin selber mich geben und findenVerklärt mich in seinem Glanz.

Du Ring an meinem Finger,Mein goldenes Ringelein,Ich drücke dich fromm an die Lippen,An das Herze mein.

Toi, anneau à mon doigt

Toi, anneau à mon doigt,Mon petit anneau d’or,Je te presse pieusement sur mes lèvres,Pieusement sur mon cœur.

Il s’était évanoui,Le beau rêve paisible de l’enfance,Je me trouvais seule, perdue,En un lieu désolé et sans fin.

Toi, anneau à mon doigt,Alors tu m’as enseigné,Tu m’as fait voir,La profonde et infinie valeur de la vie.

Je le servirai, vivrai pour lui,Lui appartiendrai toute entière,Me donnerai moi-même, et me trouveraiTransfigurée par sa lumière,

Toi, anneau à mon doigt,Mon petit anneau d’or,Je te presse pieusement sur mes lèvres,Pieusement sur mon cœur.

Robert Schumann (1810-1856)

IV

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19RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Extrait de Das Knaben Wunderhorn (1893)

Rheinlegendchen Clemens Brentano (1778-1842)

Bald gras ich am Neckar,Bald gras ich am Rhein;Bald hab’ ich ein Schätzel,Bald bin ich allein!

Was hilft mir das Grasen,Wenn d’Sichel nicht schneid’t!Was hilft mir ein Schätzel,Wenn’s bei mir nicht bleibt.So soll ich denn grasen Am Neckar, am Rhein,So werf ich mein goldenesRinglein hinein.Es fliesst im Neckar Und fliesst im Rhein,Soll schwimmen hinunter Ins Meer tief hinein.

Und schwimmt es, das Ringlein,So frisst es ein Fisch!Das Fischlein soll kommenAuf’s Königs sein’ Tisch!Der König tät fragen,Wem’s Ringlein sollt sein?Da tät mein Schatz sagen: Das Ringlein g’hört mein.

Mein Schätzel tät springen Bergauf und bergein,Tät mir wiedrum bringen Das Goldringlein mein!Kannst grasen am Neckar, Kannst grasen am Rhein,Wirf du mir nur immer Dein Ringlein hinein!

Petite Légende du Rhin

Tantôt je fauche près du Neckar,Tantôt je fauche près du Rhin,Tantôt j’ai une bien-aimée,Tantôt je suis tout seul !À quoi cela sert-il de faucher Si ma faux ne coupe pas ?À quoi sert une bien-aimée Si elle ne reste pas ?Aussi si je fauche Près du Neckar ou près du Rhin,J’y lancerai doncMon petit anneau d’or.Il flottera avec le Neckar Et avec le Rhin,Et il s’engouffrera Dans le profond océan.

Et quand il flottera, le petit anneau, Un poisson l’avalera !Le poisson arrivera peut-êtreA la table d’un roi !Sitôt le roi demandera A cet anneau qui a droit ?Et ma bien-aimée dira : « Cet anneau est à moi. »

Ma bien-aimée se hâtera Par monts et par vauxEt m’apportera Mon petit anneau en or !Tu peux faucher près du Neckar Tu peux faucher près du RhinMais pense toujoursA y lancer ton anneau pour moi !

Gustav Mahler (1860-1911)

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20 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extrait de Poema en forma de canciones (1917)

Los dos miedos op. 19 n° 4 Ramòn Maria de las Mercedes de Campoamor y Campoosorio (1817-1901)

Al comenzar la noche de aquel díaElla lejos de mí,¿Por qué te acercas tanto? Me decía,Tengo miedo de ti.

Y después que la noche hubo pasadoDijo, cerca de mí:¿Por qué te alejas tanto de mi lado?¡Tengo miedo sin ti!

Les deux peurs

Dans la pénombre de ce jour-là,Loin de moi elle dit,« Pourquoi tu t’approches tant de moi ?J’ai peur de toi. »

Et lorsque la nuit s’envolaPrès de moi, elle dit« Pourquoi tu t’en vas si loin de moi ? J’ai peur sans toi ! »

Joaquín Turina (1882-1949)

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21RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)Helft mir, ihr Schwestern op. 42 n° 5 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Helft mir, ihr Schwestern, Freundlich mich schmücken,Dient der Glücklichen heute, mir.Windet geschäftigmir um die StirneNoch der blühenden Myrte Zier.Als ich befriedigt,Freudigen Herzens,Sonst dem Geliebten im Arme lag,Immer noch rief er,Sehnsucht im Herzen,Ungeduldig den heutigen Tag.

Helft mir, ihr Schwestern,Helft mir verscheuchenEine törichte Bangigkeit;Dass ich mit klaremAug ihn empfange,Ihn, die Quelle der Freudigkeit.

Bist, mein Geliebter,Du mir erschienen,Gibst du mir, Sonne, deinen Schein?Lass mich in Andacht,Lass mich in Demut,Lass mich verneigen dem Herren mein.

Streuet ihm, Schwestern,Streuet ihm Blumen,Bringt ihm knospende Rosen dar.Aber euch, Schwestern,Grüss ich mit Wehmut,Freudig scheidend aus eurer Schar.

Les deux peurs

Dans la pénombre de ce jour-là,Loin de moi elle dit,« Pourquoi tu t’approches tant de moi ?J’ai peur de toi. »

Et lorsque la nuit s’envolaPrès de moi, elle dit« Pourquoi tu t’en vas si loin de moi ? J’ai peur sans toi ! »

Vous sœurs, aidez-moi

Vous sœurs, aidez-moi,Gentilles, à me faire belle,Servez-moi, en ce jour de bonheurs,Empressez-vousDe ceindre mon frontD’une parure de myrtes fleuris.Alors que, satisfaite,Le cœur en joie,Je dors dans les bras de mon bien-aimé,Sans cesse il appellera encore,La passion au cœur, Impatient, le jour présent.

Vous sœurs, aidez-moi,Aidez-moi à dissiperUne sotte appréhension,Qu’avec des yeux clairsJe puisse le recevoir,Lui, la source de la joie.

Mon bien-aimé,M’es-tu apparu,M’inondes-tu, soleil, de ta lumière ?Laisse-moi, recueillie,Laisse-moi, humble,M’incliner devant mon seigneur.

Sœurs, encensez-le,Couvrez-le de fleurs,Offrez-lui des roses en bourgeons,Mais à vous, sœurs,Avec mélancolie je dis au revoir,Avec joie, je quitte votre compagnie.

Robert Schumann (1810-1856)

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22 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extraits de Myrten (1840)

Mutter, Mutter! Glaube nicht (Lied der Braut I)op. 25 n° 11 Friedrich Rückert (1788-1866)

Mutter, Mutter! Glaube nicht,Weil ich ihn lieb’ also sehr,Dass nun Liebe mir gebricht,Dich zu lieben wie vorher.

Mutter, Mutter! seit ich ihnLiebe, lieb’ ich erst dich sehr.Lass mich an mein Herz dich zieh’nUnd dich küssen, wie mich er.

Mutter, Mutter! seit ich ihnLiebe, lieb’ ich erst dich ganz,Dass du mir das Sein verlieh’n,Das mir ward zu solchem Glanz.

Lass mich ihm am Busen hangen (Lied der Braut II)op. 25 n° 12

Lass mich ihm am Busen hangen,Mutter, Mutter! lass das Bangen.Frage nicht: wie soll sich’s wenden?Frage nicht: wie soll das enden?Enden? Enden soll sich’s nie,Wenden, noch nicht weiss ich, wie!

Extrait de Cinq mélodies populaires grecques (1904-1906)

Tout gai! Michael Dimitri Calvocoressi (1877-1944)

Tout gai ! gai, Ha, tout gai !Belle jambe, tireli, qui danse;Belle jambe, la vaisselle danse,Tra la la la la...

Chant de la fiancée I

Mère, mère ! Ne crois pasQue parce que je l’aime tantL’amour va me manquerPour t’aimer comme avant.

Mère, mère ! Depuis que je l’aimeJe t’aime vraiment.Laisse-moi te serrer sur mon cœurEt t’embrasser comme il le fait !

Mère, mère ! Depuis que je l’aime,Je t’aime vraiment,Pour m’avoir donné la vie,Devenue pour moi si rayonnante.

Chant de la fiancée II

Laisse-moi m’accrocher à sa poitrine,Mère, mère ! Arrête d’avoir peur.Ne dis pas : qu’est-ce qui va changer ?Ne dis pas : Comment cela va-t-il finir ?Finir ? Cela n’aura jamais de fin,Changer ? Je ne sais pas comment cela pourrait !

Robert Schumann (1810-1856)

Maurice Ravel (1875-1937)

Entracte

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23RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Chant de la fiancée I

Mère, mère ! Ne crois pasQue parce que je l’aime tantL’amour va me manquerPour t’aimer comme avant.

Mère, mère ! Depuis que je l’aimeJe t’aime vraiment.Laisse-moi te serrer sur mon cœurEt t’embrasser comme il le fait !

Mère, mère ! Depuis que je l’aime,Je t’aime vraiment,Pour m’avoir donné la vie,Devenue pour moi si rayonnante.

Chant de la fiancée II

Laisse-moi m’accrocher à sa poitrine,Mère, mère ! Arrête d’avoir peur.Ne dis pas : qu’est-ce qui va changer ?Ne dis pas : Comment cela va-t-il finir ?Finir ? Cela n’aura jamais de fin,Changer ? Je ne sais pas comment cela pourrait !

Phidylé (1882)Charles-Marie-René Leconte de Lisle (1818-1894)

L’herbe est molle au sommeil sous les frais peupliers, Aux pentes des sources moussues,Qui dans les prés en fleur germant par mille issues,Se perdent sous les noirs halliers.

Repose, ô Phidylé !

Midi sur les feuillagesRayonne et t’invite au sommeil.Par le trèfle et le thym, seules en plein soleil,Chantent les abeilles volages;

Un chaud parfum circule au détour des sentiers,La rouge fleur des blés s’incline,Et les oiseaux, rasant de l’aile la colline,Cherchent l’ombre des églantiers.

Repose, ô Phidylé !

Mais, quand l’Astre incliné sur sa courbe éclatante,Verra ses ardeurs s’apaiser, Que ton plus beau sourire et ton meilleur baiser Me récompensent, me récompensent de l’attente !

Henri Duparc (1848-1933)

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24 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Extrait de Chansons de Bilitis (1897)

La Chevelure Pierre Louÿs (1870-1925)

Il m’a dit : « Cette nuit, j’ai rêvé.J’avais ta chevelure autour de mon cou.J’avais tes cheveux comme un collier noirautour de ma nuque et sur ma poitrine.

« Je les caressais, et c’étaient les miens ;et nous étions liés pour toujours ainsi,par la même chevelure, la bouche sur la bouche,ainsi que deux lauriers n’ont souvent qu’une racine.

« Et peu à peu, il m’a semblé,tant nos membres étaient confondus,que je devenais toi-même,ou que tu entrais en moi comme mon songe. »

Quand il eut achevé,il mit doucement ses mains sur mes épaules,et il me regarda d’un regard si tendre,que je baissai les yeux avec un frisson.

Claude Debussy (1862-1918)

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25RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Doux ami, étonné tu me regardes

Doux ami, étonné tu me regardes,Tu ne peux comprendreComment je peux pleurer.Des perles humides,Inhabituelle parure,De pure joie,Tremblent à mes yeux.

Comme mon cœur est craintif,Combien débordant de volupté !Si seulement avec des motsJe pouvais l’exprimer ;Viens, et cache ton visageLà, contre ma poitrine,Je te murmurerai à l’oreilleTout mon désir.

Comprends-tu maintenant les larmesQue je peux verser ?Ne devrais-tu pas les voirToi, mari bien-aimé ?Reste près de mon cœurDont tu sens les battements,Que je puisse te serrerFort, encore plus fort.

Là, près de mon litIl y a la place d’un berceau,Où se cache encoreMon doux rêve ;Le matin viendra,Où le rêve s’éveillera,Et d’où ton image,Face à moi rira.

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Süsser Freund, du blickest mich verwundert an op. 42 n° 6 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Süsser Freund, du blickest mich verwundert an,Kannst es nicht begreifen,Wie ich weinen kann;Lass der feuchten PerlenUngewohnte ZierFreudig hell erzitternIn dem Auge mir.

Wie so bang mein Busen,Wie so wonnevoll!Wüsst ich nur mit Worten,Wie ich’s sagen soll;Komm und birg dein AntlitzHier an meiner Brust,Will ins Ohr dir flüsternAlle meine Lust.

Weisst du nun die Tränen,Die ich weinen kann,Sollst du nicht sie sehen,Du geliebter Mann?Bleib an meinem Herzen,Fühle dessen Schlag,Dass ich fest und festerNur dich drücken mag.

Hier an meinem BetteHat die Wiege Raum,Wo sie still verbergeMeinen holden Traum;Kommen wird der Morgen,Wo der Traum erwacht,Und daraus dein BildnisMir entgegen lacht.

Robert Schumann (1810-1856)

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26 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Berceuse

Dors, mon enfant, endors-toi,Attire de doux rêves ;J’ai pris pour toi des nurses,Le vent, le soleil et l’aigle.

L’aigle s’est envolé vers la maison,Le soleil s’est caché sous les eaux,Le vent, après trois nuits,Se précipite vers sa mère,

La mère demande au vent :« Où avais-tu disparu ?T’es-tu battu avec les étoiles ?As-tu chassé les vagues ? »

« Je n’ai pas chassé les vagues de la mer,Je n’ai pas touché aux étoiles dorées ;Je veillais sur l’enfant,Et berçais son petit berceau ! »

Dors, mon enfant, dors, endors-toi ! Dors, endors-toi !Attire de doux rêves ;J’ai pris pour toi des nurses,Le vent, le soleil et l’aigle.

Extrait de Six Romances (1872)

Колыбельная песня op. 16 n° 1 Apollon Nikolayevich Maykov (1821-1897)

Спи, дитя моё, усни!Сладкий сон к себе мани:В няньки я тебе взялаВетер, солнце и орла.

Улетел орёл домой;Солнце скрылось под водой:Ветер, после трех ночей,Мчится к матери своей.

Ветра спрашивает мать:«Где изволил пропадать?Али звезды воевал?Али волны всё гонял?»

«Не гонял я волн морских,Звезд не трогал золотых;Я дитя оберегал,Колыбелочку качал!»

Спи, дитя моё, спи, усни! спи, усни!Сладкий сон к себе мани:В няньки я тебе взялаВетер, солнце и орла.

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)

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27RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Extrait de La courte paille (1960)

Le Carafon Maurice Carême (1899-1978)

« Pourquoi, se plaignait la carafe,N’aurais-je pas un carafon?Au zoo, madame la girafeN’a-t-elle pas un girafon ? »Un sorcier qui passait par là,A cheval sur un phonographe,Enregistra la belle voixDe soprano de la carafeEt la fit entendre à Merlin.« Fort bien, dit celui-ci, fort bien ! »Il frappa trois fois dans les mainsEt la dame de la maisonSe demande encore pourquoiElle trouva, ce matin-làUn joli petit carafonBlotti tout contre la carafeAinsi qu’au zoo le girafonPose son cou fragile et longSur le flanc clair de la girafe.

Francis Poulenc (1899-1963)

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28 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Berceuse

Petite abeille, petite abeilleTu te berces dans le soleil,Joues autour de mon enfantBourdonnant pour t’endormir,Doux visage.

Petite araignée, petite araignée,Scintillant dans le soleil,Somnole, mon petit enfant,File pour entrer dans les rêves,Ne t’agite pas !

Petit prince,Échappe aux rayons du soleil,Rêve, mon petit enfant,Une petite âme souffle en toi :Amour de la lumière.

Extrait de Acht Lieder (1900–1901)

Wiegenliedchen op. 49 n° 3 Richard Dehmel (1863-1920)

Bienchen, Bienchen,Wiegt sich im Sonnenschein,Spielt um mein Kindelein,Summt dich in Schlummer ein,Süsses Gesicht.

Spinnchen, Spinnchen,Flimmert im Sonnenschein,Schlummre, mein Kindelein,Spinnt dich in Träume ein,Rühre dich nicht!

Tief-EdelinchenSchlüpft aus dem SonnenscheinTräume, mein Kindelein,Haucht dir ein Seelchen ein:Liebe zum Licht.

Richard Strauss (1864-1949)

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29RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Sur mon cœur, sur mon sein

Sur mon cœur, sur mon sein,Toi ma volupté, toi mon désir !Le bonheur est amour, L’amour est bonheur,Je l’ai dit, et ne le retirerai pas.

Je me suis estimée très heureuse,Mais suis maintenant comblée.Seule celle qui allaite, seule celle-là aimeL’enfant qu’elle nourrit ;

Seule une mère saitCe qu’aimer veut dire, et être heureuse.Ô, comme je plains l’homme,Qui ne peut ressentir le bonheur de la maternité !

Toi cher, cher ange, Tu me regardes et me sourisSur mon cœur, sur mon sein,Toi ma volupté, toi mon désir !

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

An meinem Herzen, an meiner Brust op. 42 n° 7 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

An meinem Herzen, an meiner Brust,Du meine Wonne, du meine Lust!Das Glück ist die Liebe, die Lieb’ ist das Glück,Ich hab’ es gesagt und nehm’s nicht zurück.

Hab’ überschwenglich mich geschätzt,Bin überglücklich aber jetzt.Nur die da säugt, nur die da liebtDas Kind, dem sie die Nahrung gibt;

Nur eine Mutter weiss allein,Was lieben heisst und glücklich sein.O, wie bedaur’ ich doch den Mann,Der Mutterglück nicht fühlen kann!

Du lieber, lieber Engel, du,Du schaust mich an und lächelst dazu,An meinem Herzen, an meiner Brust,Du meine Wonne, du meine Lust!

Robert Schumann (1810-1856)

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30 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Hector Berlioz (1803-1869)

Extrait de Les nuits d’été (1841)

Absence op. 7 n° 4 Théophile Gautier (1811-1872)

Reviens, reviens, ma bien-aimée !Comme une fleur loin du soleil,La fleur de ma vie est fermée,Loin de ton sourire vermeil.

Entre nos coeurs quelle distance !Tant d’espace entre nos baisers !Ô sort amer! ô dure absence !Ô grands désirs inapaisés !

D’ici là-bas que de campagnes,Que de villes et de hameaux,Que de vallons et de montagnes,À lasser le pied des chevaux !

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31RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Oh, mort cruelle !

Oh, mort cruelle !Pourquoi as-tu, traîtreusement,Volé mon amour à moi ?Je ne veux pas vivre sans lui,Parce que c’est mourir, c’est mourirDe vivre ainsi !

Ce n’est pas possibleDe ressentir plus de douleur :Mon âme se dessèche en larmes.Ô dieu, renvoie mon amour,Parce que c’est mourir, c’est mourirDe vivre ainsi !

Extrait de Tonadillas en un estilo antiquo (1912)

¡Oh muerte cruel! (La maja dolorosa No. 1) H. 136 Fernando Periquet y Zuaznabar (1873-1940)

¡Oh muerte cruel!¿Por qué tú, a traición,mi majo arrebataste a mi pasión?¡No quiero vivir sin él,porque es morir, porque es morirasí vivir!

No es posible yasentir más dolor:en lágrimas desecha ya mi alma está.¡Oh Dios, torna mi amor,porque es morir, porque es morirasí vivir!

Enrique Granados (1867-1916)

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32 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Comment puis-je reconnaître votre amoureux

Comment puis-je reconnaître votre amoureuxD’un autre ?À son chapeau de coquillages, à son bâton,À ses sandales.

Il est mort et parti, madame,Il est mort et parti.À sa tête une motte de gazon vert,À ses talons une pierre.

Son linceul blanc comme la neige des montsEst tout garni de suaves fleurs.Il est allé au tombeau sans recevoir l’averseDes larmes de l’amour.

Et ne reviendra-t-il pas ?Et ne reviendra-t-il pas ?Non ! Non ! il est mort.Va à ton lit de mort.Il ne reviendra jamais.

Sa barbe était blanche comme neige,Toute blonde était sa tête.Il est parti ! il est parti !Et nous perdons nos cris.Dieu ait pitié de son âme !

Traduction : François-Victor Hugo (1828-1873)

Extrait de Four Shakespeare Songs (1933)

How should I your true love know op. 30 n° 3 William Shakespeare (1564-1616)

How should I your true love know From another one?By his cockle hat and staff,And his sandal shoon.

He is dead and gone, lady,He is dead and gone;At his head a grass green turf,At his heels a stone.

White his shroud as the mountain snow,Larded with sweet flowers;Which bewept to the grave did goWith true-love showers.

And will he not come again?And will he not come again?No, no, he is dead:Go to thy deathbed.He never, never will come again,He never will come again.

His beard was as white as snow,All flaxen was his poll;He is gone,And we cast away moan:God ha’ mercy on his soul.

Roger Quilter (1877-1953)

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33RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Là, pour la première fois, tu m’as fait mal

Là, pour la première fois, tu m’as fait mal,Une douleur qui touche.Tu dors, dur et impitoyable mari,Du sommeil de la mort.

A l’abandon, on a le regard vague,Le monde est vide.J’ai aimé et j’ai vécu,Je ne suis plus vivante.

Je me replie en mon silence intérieur,Le voile tombe,Là j’ai perdu, et toi, et mon bonheur, Toi, mon univers !

Extrait de Frauenliebe und –leben (1840)

Nun hast du mir den ersten Schmerz getanop. 42 n° 8 Adelbert von Chamisso (1781-1838)

Nun hast du mir den ersten Schmerz gethan,Der aber traf.Du schläfst, du harter, unbarmherz’ger Mann,Den Todesschlaf.

Es blicket die Verlass’ne vor sich hin,Die Welt ist leer.Geliebet hab’ ich und gelebt, ich binNicht lebend mehr.

Ich zieh’ mich in mein Inn’res still zurück,Der Schleier fällt,Da hab’ ich dich und mein verlornes Glück,Du meine Welt!

Robert Schumann (1810-1856)

VIII

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35RÉCITAL | SUSAN GRAHAM • GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE

Dès ses débuts professionnels, Susan Graham révèle une véritable maîtrise dans un éventail étonnant de répertoire et de genres. Ses rôles lyriques couvrent quatre siècles de musique, de la Poppée de Monteverdi à Sœur Helen Prejean dans Dead Man Walking de Jake Heggie, spécia-lement écrit pour elle. Originaire du Texas, elle développe un goût très sûr pour la musique vocale française, ce qui lui vaut d’être considé-rée aujourd’hui comme l’une de ses plus grandes représentantes. Les premiers succès d’opéra de Susan Graham sont des rôles travestis, tels que Cherubino dans Le Nozze di Figaro de Mozart. Ses qualités vocales la positionnent très vite sur des rôles mozartiens nécessitant une virtusosité très aboutie, comme Sesto dans La Clemenza di Tito, Idamante dans Idomeneo et Cecilio dans Lucio Silla, ainsi que les rôles-titres de Serse et Ariodante de Haendel. Elle triomphe dans deux rôles emblé-matiques de mezzo de Richard Strauss, Octavian dans Der Rosenkavalier et le Compositeur dans Ariadne auf Naxos. Ces succès l’emmènent sur les grandes scènes du monde entier notam-ment le Metropolitan Opera, le Lyric Opera de Chicago, San Francisco Opera, Covent Garden, l’Opéra national de Paris, La Scala, le Bayerische Staatsoper, Wiener Staatsoper et le Salzburger Festspiele. Elle incarne pour la première fois le rôle de Sister Helen Prejean dans la création mondiale de Dead Man Walking au San Francisco Opera, et chante également les principales dames dans les premières mondiales au Met de The Great Gatsby de John Harbison et de An American Tragedy de Tobias Picker. Par ailleurs, elle fait ses débuts au Dallas Opera comme Tina dans une nouvelle production de The Aspern Papers de Dominick Argento. Elle est saluée par la critique internatio-

Susan GrahamMezzo-soprano

BIOGRAPHIES

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nale dans Béatrice et Bénédict à Lyon et triomphe dans Chérubin de Massenet à Covent Garden. Elle se produit dans Iphigénie en Tauride, La Damnation de Faust et Werther de Massenet à Londres, Paris, Chicago, et San Francisco, notamment. Elle fait ses débuts dans les rôles-titres de La Belle Hélène et La Grande-Duchesse de Gérolstein au Santa Fe Opera. Elle rejoint Bernard Haitink et le Boston Symphony pour Shéhérazade à Boston et au Carnegie Hall. En 2014-2015, elle chante La Mort de Cléopâtre avec deFilharmonie, Les Nuits d’été avec le London Symphony Orchestra et l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique de John Eliot Gardiner. En 2015, elle se produit notamment au Met dans Die lustige Witwe (Hanna Glawari) et Lulu (Comtesse von Geschwitz) et au San Francisco Opera dans Les Troyens (Dido). Récemment, on a aussi pu l’entendre au Metropolitan dans Die Fledermaus (Prince Orlovsky). Parmi ses projets : Capriccio (Clairon) au Santa Fe Opera. Sa vaste discographie comprend: Un Frisson français, flo-rilège de chansons françaises accompagnée par Malcolm Martineau, C’est ça la vie, c’est ça l’amour, album d’opérettes méconnues du XXème siècle et La Belle Époque, mélodies de Reynaldo Hahn avec Roger Vignoles. En 2001, elle est nommée Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres puis en 2005 Commandeur. En 2004, elle remporte un Grammy Award comme meilleur enregistre-ment vocal pour l’album de mélodies de Charles Ives, elle reçoit aussi de Musical America le titre de Chanteuse de l’année et un Prix Opéra. En 2008, elle est nommée Docteur honoris causa à la Manhattan School of Music.

Débuts au Grand Théâtre de Genève.

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36 GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE • RÉCITAL | SUSAN GRAHAM

Malcolm MartineauPiano

BIOGRAPHIES

Originaire d’Édimbourg, Malcolm Martineau a étudié la musique au St Catharine’s College de Cambridge et au Royal College of Music de Londres. Considéré comme l’un des pianistes accompagnateurs les plus brillants de sa généra-tion, il a travaillé avec certains des plus célèbres chanteurs, notamment Thomas Allen, Janet Baket, Olaf Bär, Barbara Bonney, Ian Bostridge, Angela Gheorghiu, Susan Graham, Thomas Hampson, Della Jones, Simon Keenlyside, Angelika Kirchschlager, Magdalena Kožená, Solveig Kringelborn, Jonathan Lemalu, Felicity Lott, Christopher Maltman, Karita Mattila, Lisa Milne, Anne Murray, Anna Netrebko, Anne Sofie von Otter, Joan Rodgers, Amanda Roocroft, Michael Schade, Frederica von Stade, Sarah Walker et Bryn Terfel. Il a été invité par le Wigmore Hall à donner ses propres cycles de concerts (cycles Britten et Poulenc, Decade by Decade – 100 Years of German Song et Songlives retransmis par la BBC) et par le Festival d’Édimbourg où il a notamment présenté l’intégralité des lieds de Hugo Wolf. Il s’est produit au Wigmore Hall, au Barbican, au Queen Elizabeth Hall et au Royal Opera House de Londres, au Teatro alla Scala de Milan, au Théâtre du Châtelet de Paris, au Gran Teatre del Liceu de Barcelone, à la Philharmonie et au Konzerthaus de Berlin, au Concertgebouw d’Amsterdam, au Konzerthaus et au Musikverein de Vienne. Aux États-Unis, on a pu l’entendre à l’Alice Tully Hall et au Carnegie Hall de New York, en Australie au Sydney Opera House, ou encore dans les festivals d’Aix-en-Provence, Vienne, Munich et Salzbourg. Avec Bryn Terfel (Deutsche Grammophon), il a enregistré des sélections de pièces de Schubert, Schumann et de compositeurs anglo-saxons, avec Simon Keenlyside (EMI) des œuvres de Schubert et Strauss. Des récitals avec Angela Gheorghiu et Barbara Bonney (Decca), Magdalena Kožená (Deutsche Grammophon), Della Jones (Chandos), Susan Bullock (Crear Classics), Solveig Kringelborn (NMA) et Amanda Roocroft (Onyx) ont donné lieu à des enregistrements. Avec Sarah Walker et Tom

Krause, il a enregistré l’intégrale des mélodies de Fauré, des folk songs de Britten (Hyperion), des Volkslieder de Beethoven (Deutsche Grammophon) et des mélodies de Poulenc (Signum). Avec Florian Boesch, il a enregistré l’intégrale des songs de Britten et Die Winterreise de Schubert (Onyx). Parmi ses enregistrements récents citons également Heimliche Aufförderrung et Scene! avec Christiane Karg ainsi que Portaits avec Dorothea Röschmann. Cette saison, il se produira en compagnie de Simon Keenlyside, Elina Garanca, Anna Netrebko, Susan Graham, Christiane Karg, Paula Murrihy, Lucy Crowe, Dame Ann Murray, Florian Boesch and Anne Schwanewilms. Malcolm Martineau a reçu de nombreuses distinctions et recon-naissances, parmi lesquelles, un doctorat hono-raire de la Royal Scottish Academy of Music and Drama en 2004, en 2009 une nomination en tant que « International Fellow of Accompaniment », et cette année, l’ordre de l’Empire britannique (OBE) au New Year’s Honour de 2016. Par ailleurs, Malcolm Martineau a été directeur artistique de l’édition 2011 du Leeds Lieder+ Festival.

Au Grand Théâtre de Genève : récitals avec Simon Keenlyside 94-95, 98-99 et 09-10, Amanda Roocroft 95-96, Bryn Terfel 96-97 et 14-15, Barbara Bonney 03-04.

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PROCHAINEMENT

Directeur de la publication Tobias Richter

Responsable de la rédaction Daniel Dollé

Responsable de l’édition Aimery Chaigne

ont collaboré à ce programme Sophie Barenne, Sandra Gonzalez,

Isabelle Jornod, Petya Ivanova

Impression Atar Roto Presse SA

ACHEVÉ D’IMPRIMER EN MARS 2016

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OPÉRA

CONCERT EXCEPTIONNEL

RÉCITAL

Sara MingardoContralto

À l'Opéra des NationsVendredi 15 avril 2016 à 19 h 30Alto Diemut Poppen Piano João Paolo Santos

Brahms, Wagner, Mahler

Le Médecin malgré luiOpéra-comique en 3 actes de Charles Gounod

Nouvelle production À l'Opéra des Nations4, 6, 8, 12, 14, 16 avril 2016 à 19 h 3010 avril 2016 à 15 hDirection musicale Sébastien RoulandMise en scène et costumes Laurent Pelly Décors Chantal ThomasCostumes Jean-Jacques DelmotteLumières Joël AdamAvec Franck Leguérinel, Clémence Tilquin, Stanislas de Barbeyrac, Boris Grappe, Ahlima Mhamdi, Doris Lamprecht,Nicolas Carré, José Pazos, Romaric BraunOrchestre de la Suisse RomandeChœur du Grand Théâtre de GenèveDirection Alan Woodbridge

Conférence de présentation par Georges Schürch en collaboration avec l’Association genevoise des amis de l’opéra et du ballet.Au Théâtre de l'Espérance8, rue de la Chapelle, 1207 GenèveJeudi 31 mars 2016 à 18 h 15

Purcell & HaendelChœur du Grand Théâtre de GenèveL'Orchestre de Chambre de GenèveDirection musicale Alan Woodbridge

Coproduction avec la Fondation des Concerts de la Cathédrale et L’Orchestre de Chambre de Genève. À la Cathédrale Saint-Pierre de GenèveVendredi 22 avril 2016 à 19 h 30

HENRY PURCELLMusique pour les funérailles de la Reine Mary (extraits)

GEORG FRIEDRICH HAENDELConcerto grosso op. 6 n°2The King shall rejoice hwv 260Israel in Egypt hwv 54 (extraits)Zadok the Priest hwv 258

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