15 avril 2016 La Bretagne ovine s'éveille

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21 DOSSIER 15 avril 2016 La Bretagne ovine s'éveille La Bretagne n'est pas la plus impor- tante des régions ovines françaises même si les moutons y ont toujours eu leur place, mais elle est peut-être une terre d'avenir pour une produc- tion qui revient de loin, après des an- nées d'importations néo-zélandaises à prix cassé. Ce temps-là semble révolu, aujourd'hui l'élevage ovin remonte la pente, porté par un consommateur qui joue nettement la carte de la pré- férence nationale dans ses achats de viande et de lait... dans un marché couvert à 40 % seulement par la pro- duction française. ll y a des places à prendre, notamment dans les filières sous signe de qualité, mais pas seule- ment. Autant de sujets qui feront le menu du congrès national de la FNO (fédération nationale ovine) les 21 et 22 avril prochains à Saint Malo. À l'ouest, on y croit. Dossier-Ovins.indd 21 12/04/16 18:11

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La Bretagne ovine s'éveille

La Bretagne n'est pas la plus impor-tante des régions ovines françaises même si les moutons y ont toujours eu leur place, mais elle est peut-être une terre d'avenir pour une produc-tion qui revient de loin, après des an-nées d'importations néo-zélandaises à prix cassé. Ce temps-là semble révolu, aujourd'hui l'élevage ovin remonte la pente, porté par un consommateur qui joue nettement la carte de la pré-

férence nationale dans ses achats de viande et de lait... dans un marché couvert à 40 % seulement par la pro-duction française. ll y a des places à prendre, notamment dans les filières sous signe de qualité, mais pas seule-ment. Autant de sujets qui feront le menu du congrès national de la FNO (fédération nationale ovine) les 21 et 22 avril prochains à Saint Malo. À l'ouest, on y croit.

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C’est dans un contexte plutôt favorable que la production ovine française retrouve un regain d’intérêt après des années de décapitalisation du cheptel. La conjoncture est en effet particulièrement favorable, liée à la moindre pression des importations mais aussi à des aides couplées revalorisées dans le cadre de la PAC.L’élan est pris, reste à le confirmer par le renouvellement des générations d’éleveurs. Le potentiel de développement de la production ovine en Bretagne est bien réel pour relever ce défi.

La moindre concurrence des importa-tions depuis quelques années de la part des grands pays exportateurs (Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle Zélande) oriente les prix à la production à la hausse. Même si le marché mondial est un peu moins dynamique avec le ralentissement des importations chinoises, les prix mon-diaux devraient rester tendus en 2016, en raison de disponibilités réduites. L’Europe et la France restent en effet défi citaires en viande ovine.Dans un contexte global de stabilisation de la production en France et dans l’Union

La filière ovine bretonne a de l’avenir !

européenne, les agneaux commerciali-sés sous signe d’identifi cation de la qua-lité et de l’origine permettent de sécuri-ser les prix et de conserver des parts de marché face aux produits importés. Ainsi des démarches identifi ées ont été mises en place en Bretagne. On peut citer, l’agneau label rouge de Brocéliande, l’AOP prés salés du Mont Saint Michel et la CCP SVA Jean Rozé, sans oublier l’agneau bio et l’agneau de Belle Ile en mer. Cette segmentation du marché s’appuie sur l’organisation et le dynamisme des fi lières engagées dans une démarche sous signes de qualité.

Des systèmes spécialisés plutôt intensifsL’agriculture bretonne est majoritairement tournée vers l’élevage mais la Bretagne est loin d’être une terre moutonnière à côté des mastodontes que représentent l’élevage lai-tier, le porc ou la volaille.En effet, 232 éleveurs de plus de 50 brebis détenaient 45 000 brebis primées en 2014, soit moins de 1 % des effectifs de l’hexa-gone. Il reste cependant stable et ,compte tenu d’un contexte favorable à la production ovine, on retrouve à nouveau une dynamique autour de projets d’installation ou de projets de reconversion vers l’élevage ovin.Dans leur grande majorité, les systèmes sont plutôt spécialisés, orientés vers la production d’agneaux de bergerie et l’uti-lisation de races prolifi ques (Romane). En effet, la forte pression foncière sur la région explique en partie le choix de ce type de conduite intensive. On trouve néanmoins selon les territoires, une diversité de sys-tèmes de production : herbe, mixte, vente directe ou circuit court, sans oublier la fi lière laitière biologique mise en place par la laiterie Triballat de Noyal sur Vilaine (35).

Une filière bretonne bien organiséeOvi Ouest, organisation de producteurs, basée à Chateaubourg (35), est la seule coopérative ovine présente sur la région depuis l’arrêt d’activité de la section ovine du Gouessant. Avec ses 99 éleveurs ovins et ses 24 000 brebis, elle rayonne sur les départements bretons et la Mayenne. Depuis 2011, elle a rejoint l’union Ter’Elevage (100 000 brebis) mais garde son identité bretonne et son indépendance de fonctionnement.

La Safer s'engageLors du congrès de la FNO en 2015, une conven-tion afi n de faciliter l’accès et le fi nancement du foncier avait été signée entre la FNO et la fédé-ration nationale des Safer qui regroupe toutes les Safer de France.Les Safer s’étaient engagées à s’investir dans le nouveau programme Inn’Ovins afi n d’instal-ler en production ovine et conforter les exploi-tations ovines en place. Ainsi, en 2015, la Safer Bretagne a contribué à l’installation de 4 pro-ducteurs ovins et conforté 9 exploitations avec production ovine en attribuant 161 ha répartis sur les 4 départements bretons.En 2014, la Safer Bretagne avait pu permettre l'installation de Sébastien Bellec sur la commune de Plouray (Morbihan), sur une surface de 56 ha avec 400 brebis. Cette surface avait été initialement acquise par un groupe industriel français pour y réaliser un centre d’enfouissement de déchets qui n’a jamais vu le jour. La Safer Bretagne a pu acquérir ce foncier agricole auprès de l’industriel car les engagements de réaliser les aménage-ments dans les 3 ans, n’avaient pas été respectés.

Thierry Couteller Safer Bretagne

Sébastien Bellec installé en 2014, par la Safer Bretagne, en production ovine.

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La filière ovine bretonne a de l’avenir !Inn’Ovin est un programme de développement de la production ovine qui fait suite à la Charte de Relance et la Reconquête Ovine. Son but est de rassembler les partenaires techniques et les acteurs de terrain pour mettre en place des actions de communication et de développement.

Avec le soutien fi nancier d’Interbev Ovins et de la Confédération Nationale de l’Elevage, Inn’Ovin se dote de moyens pour proposer et agir dans un double objectif : produire plus d’agneaux et de lait pour satisfaire la demande et ainsi créer plus d’emplois sur l'ensemble du territoire, accroître le reve-nu des éleveurs tout en améliorant leurs conditions de travail et donc l'attractivité du métier d'éleveur ovin.

L’ambition du programme Inn’Ovin : +10 % d’agneaux d’ici 2020Pour donner un véritable élan à la démarche, une ambition a été clairement affi chée : + 10 % d’agneau en 2020. Pour y répondre la priorité a été donnée pour 2016 et 2017 aux actions destinées à améliorer la performance technique et économique des exploitations. Mais 3 autres axes de tra-vail qui doivent permettre d’atteindre les objectifs ont été défi nis : le renouvellement

La filière recrutedes générations et l’attractivité du métier, l’amélioration des conditions de travail des éleveurs et le salariat, l’environnement, la transition énergétique et l’aménagement équilibré du territoire.

Un an après son lancement, où en est-on ?2015 a été une année de transition entre Reconquête Ovine et Inn’Ovin. Cette année a permis de mettre en place une nouvelle gouvernance qui permet de remettre les régions au cœur du système. 5 comités d’orientation ovins régionaux ont été mis en place pour défi nir et mettre en œuvre un programme d’actions. Après un an d’exis-tence, tous les acteurs ont commencé à s’approprier la démarche et de nouvelles actions et outils ont vu le jour. Un réseau de s pécialistes, experts dans leur domaine de compétences, contribue fortement au programme. Au-delà des interventions sur le terrain auprès des éleveurs et/ou des techniciens, ces Spécialistes travaillent à l’élaboration d’outils de diffusion des connaissances techniques, comme les web conférences, formations en ligne desti-nées aux techniciens, des grilles d’audit pour faciliter le conseil ou bien encore du matériel de démonstration. A ces nouveau-tés, n’oublions pas de citer les actions qui ont fait leur preuve aujourd’hui et qui sont devenues des piliers d’Inn’Ovin comme les ovinpiades des jeunes bergers ou le site internet www.inn-ovin.fr.

Audrey DESORMEAUXchargée de mission FNO

Audrey Dibet

INFORMATION : Retrouvez toutes les informations et tous les outils d’Inn’Ovin sur www.inn-ovin.fr

en bref

Chez SVA, faire de l’Agneau de Nos Régions une fi erté qui rapporte !Depuis 2002, sous la certifi cation Conformité Produit "Agneau de Nos Régions", la SVA Jean Rozé développe une fi lière d’agneau français de qualité. L’agneau ANR est régi par un cahier des charges précis. Il porte sur des animaux de moins de six mois. Le poids carcasse moyen est de 18,4 kg. En 2015, 84 % des agneaux ANR étaient de race à viande, 74 % des agneaux présentés ont été certifi és. La selection s’opére selon plusieurs critères tech-niques : état d’engraissement de 2 ou 3 et bonne conformation notamment. En 2015 67 % des agneaux ANR présentaient une conformation R contre 27 % en U (+ 3 points) et 2 % en E. La viande doit être rosée ou rosée clair et le gras blanc à légèrement coloré

et ferme. En contrepartie du bon res-pect du cahier des charges ANR, les éleveurs perçoivent, de la part de la SVA, une plus-value en sus du cours de l’agneaux français. Pour 2015, la plus value moyenne était de 47 cts/kg, inclue la prime de désaisonnement du 1er octobre au 31 janvier, pour inciter les éleveurs à produire des agneaux lorsque la production est tra-ditionnellement plus faible.562 éleveurs sont engagés dans la démarche ANR, essentielle-ment situés dans la moitié nord de la France. L’objectif est de pro-gresser de 200 agneaux ANR par semaine. Un comité de pilotage reunissant les apporteurs (OP, commerçant, éleveurs…) et la SVA a lieu 1 fois par an afi n de réaliser un bilan sur la campagne pas-sée et se projeter dans l’avenir. Des outils d’aide à la décision ont été développés pour aider les apporteurs du cahier des charges. Des visites d’abattoir sont également réguliérement proposées.

Même s’il existe des filières courtes ou de vente directe, la grande majorité des agneaux bretons sont abattus à la SVA Jean Rozé de Vitré (35). Cette entreprise par-tenaire d’Intermarché abat 295 000 têtes par an en provenance de toute la France. 64 000 agneaux ont été commercialisés sous CCP Agneaux de nos régions en 2015 dont 10 000 en provenance de Bretagne. 562 éle-veurs sont engagés dans la démarche au niveau national.SVA effectue également de la prestation d’abattage pour Ovi Ouest dans le cadre des référentiels Agneaux Label Rouge de Brocéliande et l’AOP Prés Salés du Mont Saint Michel. Ces deux produits sont commercialisés par AIM, grossiste de la région rennaise, auprès des boucheries traditionnelles.

L’avenirLa production ovine bretonne a donc des atouts pour se développer en système spé-cialisé ou en atelier complémentaire. Entre tradition et modernité, l’élevage ovin est en pleine mutation. Il bénéfi cie d’outils de pro-duction innovants, qui permettent de garan-tir de bonnes conditions de travail et une qualité de vie. Aujourd’hui le revenu dégagé par la production ovine permet de vivre et d’investir. Il y a donc de la place pour de nouveaux producteurs en Bretagne à condi-tion d’être technique, productif et autonome. L’enjeu du renouvellement des générations est donc naturellement une préoccupation majeure pour la fi lière.

Alain Gouëdardconseiller en production ovin,

chambre d’agriculture d’Ille et VilaineAudrey Dibet

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A 36 ans tous les deux, Emily et Nicolas Michaud se sont installés il y a une dizaine d'années à Saint Germain en Coglès, en lait de brebis bio. Une trajectoire qu'ils n'avaient pas imaginé au départ, eux qui pensaient s'installer en vaches laitières. Aujourd'hui, ils ne regrettent en rien ce changement de destin.C'est pendant leurs études qu'Emily et Nicolas se sont rencontrés. Lui est origi-naire de Rennes et n'est pas issu du milieu agricole. Contrairement à Emily dont les parents sont installés en vaches laitières bio à Saint Germain en Coglès. Après avoir travaillé tous les deux pendant deux ans comme salariés, le couple envisage de reprendre l'exploitation des parents d'Emily. Pourtant, ce projet ne verra pas le jour, leur étude prévsionnelle à l'installation ayant été refusée. "On a alors étudié différentes pistes comme s'installer ailleurs ou dans une autre production", se souvient Nicolas. Finalement, en lien avec Triballat, le couple décide de reprendre l'exploitation familiale mais en lait de brebis bio. Le projet est remonté en six mois. "On a trouvé un lot de

De la vache laitière au lait de brebis bio

Nicola Michaud, à gauche, ici avec Théo Harel,stagiaire sur l'exploitation.

100 agnelles de repro de race Lacaune dans l'Aveyron, on a monté la bergerie. Notre pre-mier agneau est né le 24 décembre 2015", témoigne encore Nicolas. Le fait que les terres étaient pour partie déjà en bio a faci-lité l'installation. Aujourd'hui, l'exploitation compte 50 ha et 300 brebis à la traite. En 2008, l'exploitation se munit d'un séchoir en grange. Le système d'élevage est quant à lui calé sur les mises bas d'octobre.En brebis, la traite s'effectue deux fois par jour, sauf le dernier mois avant le taris-sement, et il n'y a pas de traite pendant trois mois, environ d'août à début octobre. "J'apprécie ce changement de rythme. Ca permet aussi de libérer du temps pour la récolte du foin et de faire ce que l'on a pas trop le temps d'entreprendre le reste de l'année", explique Nicolas. Avec Emily, ils ne regrettent pas du tout aujourd'hui d'avoir choisi cette production, même si au départ il a fallu se former par le biais de Triballat et d'une association de vétérinaire dans l'Avey-ron. Avec le recul, Nicolas estime que c'est une production qui n'est pas forcément très compliquée, mais qui demande beaucoup de présence, notamment pendant la période d'agnelage.A noter qu'à l'occasion du congrès FNO, Nicolas et Emily Michaud ouvriront les portes de leur exploitation dans le cadre des circuits programmés pour découvrir la production ovine en Bretagne.

Arnaud Marlet

Triballat recherche de nouveaux producteursSu l'Ille-et-Vilaine, la fi lière lait de brebis bio a démarré avec Triballat en 1999, suite à une demande qui émanait au départ des consommateurs. "Nous avons créé un programme de travail avec un groupe de producteurs, qui a été assez intense pendant deux ans", se souvient Marc Belhomme, responsable des relations agricoles chez Triballat. Ils sont aujourd'hui six producteurs en Ille-et-Vilaine qui apportent entre 600 et 700 000 litres de lait. "En 2000, nous avons eu l'opportunité de racheter une entreprise en Lozère qui collectait aussi du lait de brebis bio et, là-bas, nous collectons un peu plus de 6 millions de litres", ajoute Marc Belhomme. Depuis 15 ans, la collecte a été multipliée par 10, "car il y a une véritable demande du consommateur et sur un marché national qui globalement se porte bien, avec une segmentation des produits effi cace", poursuit le responsable des relations agricoles. Choisir cette production, ça peut aussi être une manière de soustraire à la volatilité des marchés internationaux. D'ailleurs, pour accompagner le développement des produits de l'entreprise, Triballat est à la recherche de deux nouveaux producteurs de lait de brebis bio sur l'Ille-et-Vilaine. Côté produits, le brebis frais est fabriqué à Noyal-sur-Vilaine et le reste de la gamme en Lozère.

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Une viande de qualité pour plusieurs circuits

à leur demande. Avec la contrainte d'éta-ler la production sur l'année, c'est compli-qué, remarque Christophe. On se le permet car nous sommes deux sur l'exploitation". Christophe et Caroline Roger fournissent ainsi Les Fermiers du coin à Saint-Jacques de la Lande, Douz'Aromes à Betton, La Ferme des Aubriais près de Dinan, Les Fermiers de la baie à Saint-Malo. Il faut dire que leur ferme est particulièrement bien située, entre Rennes, Dinan et Saint-Malo.

Technique et équipementsLe troupeau, encore jeune, est doté d'une belle génétique, avec une bonne prolifi cité en vendéen de 1,9. En production, l'objectif de Christophe et Caroline est d'approcher une moyenne de 21 kg. "On est sur une race à viande. Ce sont les derniers kilos qui sont payants", justifi ent les éleveurs."Le mouton, même en système herbager, cela fonctionne s'il y a de la technique et en étant bien équipé, conclut Christophe, aidé au quotidien dans son travail d'un logiciel de suivi du troupeau. La brebis ne met bas qu'une fois par an, il y a des étapes à ne pas louper. L'élevage est contraignant avec à chaque saison un travail spécifi que. Et il ne faut pas oublier les investissements à réaliser dans le bâtiment et les clôtures".

Audrey Dibet

déroulent en janvier, avril et juillet pour le vendéen, et en octobre pour la race Romane qui a l'avantage de mieux "désaisonner" naturellement.

Circuits courts en croissanceÀ son installation, les trois quarts des agneaux de la ferme du Rocher étaient valo-risés en fi lière longue, en label rouge : les producteurs sont organisés au sein d'Ovi Ouest, et leurs agneaux sont abattus à la SVA Jean Rozé pour être ensuite vendus en grandes surfaces et boucheries tradition-nelles. La vente en circuits courts quant à elle n'a cessé de prendre de l'ampleur au sein de l'exploitation. "La vente directe est un choix. On souhaite produire comme on consomme", explique Christophe. Une cen-taine d'agneaux sont vendus en caissette aux particuliers directement à la ferme et sur commande, ils sont découpés à la ferme par Caroline depuis l’an dernier. "En faisant très peu de com', précise l'éleveur. 90 % de nos clients sont à moins de quinze kilo-mètres. Cela marche rien qu'au bouche à oreille".Mais c'est surtout la vente dans les maga-sins de producteurs qui se développe. Les éleveurs peuvent y toucher une autre clien-tèle qu'en vente directe. "Ces magasins se développent très bien mais il y a peu de producteurs d'ovins qui peuvent répondre

Christophe et Caroline Roger élèvent des ovins dont la viande est valorisée à la fois en vente directe, circuits courts et circuit long. Pour ces jeunes éleveurs, le métier est tout aussi passionnant qu'extrêmement technique et prenant.

"Le mouton cela ne se fait pas tout seul. Si on s'installe en ovin, ce n'est pas pour moins travailler", prévient Christophe Roger, installé en 2012 à Québriac en Ille-et-Vilaine. Lui s'est installé en agriculture par "évidence" en reprenant l'exploitation en vaches laitières de ses parents. Et a rapi-dement choisi de spécialiser dans l'élevage d'ovins viande car cela lui "correspondait". Sa sœur Caroline qui a également "attrapé le virus", l'a rejoint l'an dernier. La Ferme du Rocher est alors passée de 350 brebis à 600 aujourd'hui.L'élevage est basé sur l'herbe. 50 hectares de prairies sont accessibles au pâturage sur les 110 que compte l'exploitation, et une vingtaine d'hectares sont exploitées pour le fourrage. Le reste sert aux cultures valo-risées à la ferme (orge, pois, féverole) ou à la vente. Les éleveurs sont autonomes pour l'alimentation des brebis. Les agneaux suivent les brebis à l'herbe.Pour Christophe, le choix du mouton ven-déen s'imposait dans ce système : la race valorise bien l'herbe et les agneaux sont bien conformés. L'agrandissement du trou-peau a néanmoins été réalisé avec l'apport de 150 brebis romanes pour pouvoir mieux répondre à la demande de viande toute l'an-née. Le bâtiment - agrandi à 2 000 m2 cette année - est aussi mieux exploité avec des mises bas davantage étalées. Celles-ci se

Il mise sur la génétiqueChristophe Roger qui a misé sur la génétique dès le début "en n'achetant que des agnelles inscrites et de bons béliers", est devenu sélectionneur sur mouton vendéen depuis deux ans, le seul aujourd'hui en Bretagne. Ce qui a permis aux éleveurs de mieux valoriser le travail qu'ils réalisaient déjà, c'est-à-dire la paternité et le contrôle de perfor-mances. Cette année, on lui a déjà com-mandé 100 agnelles et une quinzaine de béliers.

De la vache laitière au lait de brebis bio

Christophe Roger élève avec sa soeur Caroline, 450 brebis de race vendéenne et 150 romanes.

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Éleveur à Dinéault (29), Patrick Sastre utilise les landes du Ménez Hom pour faire pâturer ses brebis et vend en circuits courts de la viande d'agneau bio et de la laine prête à être tricotée. Portrait d'un éleveur qui a fait le choix de sortir des sentiers battus.

Installé à Dinéault en agriculture biolo-gique depuis 5 ans, Patrick Sastre est à la tête d'un troupeau de 120 brebis Landes de Bretagne et 90 Avranchines, deux races à faible effectif mais à finalité différente. "La première valorise les landes du Ménez Hom une bonne partie de l'année. Et la seconde fournit une laine de bonne qualité, que je vends en écheveaux ou en pelotes, via Internet pour les particuliers ou dans des magasins". Et c'est toujours en circuits courts qu'il commercialise reproducteurs ou viande d'agneau, auprès de particuliers et de restaurateurs, et qu'il réalise quelques prestations d'éco-pâturage, avec mise à dis-position d'une poignée de brebis pour entre-tenir pelouses ou espaces verts.

AtypiqueMais, avant d'en arriver là, Patrick Sastre a eu un parcours pour le moins atypique ! Son père étant chercheur au Muséum d'histoire

Des brebis Landes de Bretagne pour valoriser le Ménez Hom

naturelle, il passe son enfance entre nature, plantes et environnement. Doté d'une très forte sensibilité naturaliste, il commence sa carrière professionnelle dans une asso-ciation pour le développement du ver à soie dans les Cévennes. Il y puise son goût pour l'élevage et la culture, avant de travailler dans une structure intercommunale de développement.

Puis il accompagne des projets collectifs de vente de produits agricoles avant que l'en-vie de s'installer à son compte ne soit plus forte. Il commence par se former, BPREA petits ruminants puis Ecole du Merle, où il apprend le métier de berger transhumant. Mais trouver du foncier s'avère compliqué dans le Sud de la France, où il réside. Et c'est la fréquentation assidue du Fil, le Festival interceltique de Lorient, qui lui don-nera la solution. "J'aimais bien la Bretagne, j'y venais depuis longtemps, mon arrière-grand-mère était originaire du Cap Sizun. Pourquoi ne pas m'y installer ?"

De Moëlan à DinéaultIl lance son élevage à Moëlan sur Mer (29), sur une dizaine d'hectares au sein d'un espace naturel sensible, propriété du Conseil départemental. Puis une oppor-tunité se présente à Dinéault, aux portes de la presqu'île de Crozon. "Là, je pouvais bénéfi cier de 70 ha de terres, d'un bâtiment pour abriter mes animaux, et d'une estive de 26 ha de landes sur le Ménez Hom, là aussi mises à disposition par le Conseil départemental". Avec un objectif clair : que le pâturage participe à l'ouverture du milieu pour favoriser la biodiversité.Désormais, tout son système de produc-tion s'articule autour de ces landes. "Les agnelages ont lieu en fi n d'automne pour les Landes de Bretagne et en début d'hiver pour les Avranchins, relate Patrick Sastre. Les agneaux restent sous la mère pen-

Patrick Sastre a choisi la race Landes de Bretagne pour sa capacité à s'adapter à son environnement.

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Des brebis Landes de Bretagne pour valoriser le Ménez Homdant 6 mois. Puis les brebis sont taries, tondues et partent sur le Ménez Hom au 15 mai". Début septembre, les Avranchines reviennent à Dinéault, que les Landes de Bretagne rejoindront un mois plus tard. "Comme leur nom l'indique, elles sont adaptées aux landes : elles valorisent l'ajonc mieux que les Avranchines et peuvent y res-ter plus longtemps".

Dehors tout l'hiverL'éleveur profite de l'estive pour faner les parcelles de l'exploitation, où 3 ha sont réservés tous les ans à la produc-tion de céréales pour complémenter les Avranchines à la mauvaise saison. "Les Landes de Bretagne, elles, sortent tout l'hiver et se contentent d'un régime à base d'herbe et de foin".

Mais il compte aller encore plus loin dans la valorisation de ces landes. Une étude menée avec le Parc naturel régional d'Armorique, la fédération des races bretonnes et son équivalent des Pays de Loire rassemble une dizaine de producteurs, qui vont se former au diagnostic pastoral. "Nous aurons ainsi des outils de gestion des espaces natu-rels. Et nous pourrons échanger sur nos pratiques".

Chantal Pape

Si les Landes de Bretagne sont

dehors d'un bout à l'autre de l'année,

les Avranchins restent à la

bergerie durant l'hiver.

Si la race Avranchine est connue pour la qualité de sa laine, les agneaux ressemblent à des peluches !

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Parmi l’ensemble des services proposés par GDS Bretagne aux adhérents de la section ovine, la maîtrise du risque parasitaire est l’un facteur essentiel aux bonnes performances techniques de l’élevage. Pour y arriver, 7 règles sont à prendre en compte

Repérer les périodes à risque maximal d’apparition des parasites : une fois repé-rées les périodes à risques, en s’aidant d’analyses coprologiques en laboratoire, il est possible de décider du meilleur moment pour les traitements. Ni trop tard après l’ap-parition de signes cliniques (amaigrisse-ment), ni trop tôt afin de permettre un contact qui stimule la mise en place d’une immunité.

Réduire le nombre de traitements et leur durée : le nombre de traitements effec-tués pour un lot sur une année, combiné à la durée d’action des produits utilisés, donne une bonne indication de la pression de sélection que l’on exerce sur les parasites.

Gérer le parasitisme : 7 règles importantes à respecter

Plus on traite et plus on utilise des produits à longue durée d’action, plus le risque d’ap-parition de résistances augmente.

Diminuer le risque par la gestion des pâtures : si un lot d’animaux change de par-celle toutes les 3 à 4 semaines (idéalement), ils recyclent beaucoup moins de larves. Au fil de la saison de pâture, le nombre de larves est donc réduit.

Ajuster les posologies aux poids : éviter le sous-dosage et ne pas sur-doser dans une trop grande proportion. Le mieux est de peser l’animal le plus lourd du lot et d’appli-quer à tout le lot la posologie ainsi calculée.

Traiter les animaux introduits : un ani-mal introduit peut être porteur de parasites inconnus de vos propres animaux. Le plus sûr est de traiter les nouveaux arrivants, pendant la période de quarantaine, avec un produit large spectre.

Alterner les familles d’antiparasitaires utilisés : les molécules d’une même famille d’antiparasitaires ont le même mode d’ac-tion sur les parasites. Conséquence : si le parasite devient résistant à une spécialité, il

l’est aussi pour toutes celles de la même famille. Il est donc préférable d’alterner les médicaments employés, mais en tenant bien compte du fait qu’ils n’appartiennent pas à la même famille.D’une manière générale, contactez votre vétérinaire traitant pour adapter le choix des matières actives à votre situation.

Alban Barbé, référent ovin GDS Bretagne

Action parasitismeGDS Bretagne-section ovine propose de réaliser des analyses coprologiques pour permettre de suivre l’évolution du risque parasitaire, de cibler les périodes de traitement et d’optimiser l’utilisation des antiparasitaires chez les adhérents. Afi n d’encourager les éleveurs à réali-ser des analyses coprologiques, GDS Bretagne rembourse à 100 % les frais d’analyse.

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