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L’Université commerciale Corporate university NOTRE CAMPUS? La Rotonde Le journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa 75 ans Édition du 14 janvier 2008 volume LXXV No. 14 Pages 3, 6, 18, 19

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LaRotonde Pages 3, 6, 18, 19 7 5 an s Édition du 14 janvier 2008 volume LXXV No. 14 Le journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

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L’Université commercialeCorporate university

NOTRE CAMPUS?

LaRotondeLe journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

75ans

Édition du 14 janvier 2008 volume LXXV No. 14

Pages 3, 6, 18, 19

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ActualitésAndréanne [email protected]

le 14 janvier 2008

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A u Canada, 25 universités ainsi que huit collèges se sont dotés d’un ombudsman, c’est-à-dire d’un employé

indépendant de l’administration et des associations étudiantes, dont le mandat est de traiter les plaintes de façon impartiale et d’apporter des recommandations pour améliorer les politiques et procédures de l’ins-titution. L’Université d’Ottawa n’en fait toutefois pas partie.

Malgré l’importance ainsi que la taille de l’Université d’Ottawa, qui regroupe aujourd’hui 37 000 étu-diants et employés, « l’Université canadienne » n’a toujours pas de bureau ou encore de poste offi ciel d’ombudsman. Elle diffère par là de sa voisine ottavienne, l’Université Carleton, qui elle a vu la création d’un bureau d’ombudsman en 1971, lequel est fi nancé de façon équiva-lente par l’administration et la fédé-ration étudiante.

« L’Université Carleton supporte notre bureau et l’administration nous a fourni beaucoup d’aide. C’est vraiment bien qu’ils appuient le travail que l’on fait », explique Jim Kennelly, l’ombudsman offi ciel de l’Université Carleton, qui semble avoir un grand succès auprès des étudiants qui passent par son bu-reau au nombre de 600 par année. Kennelly est d’ailleurs surpris que l’Université d’Ottawa n’ait pas un poste équivalent sur son campus. « Je ne crois pas que l’Université d’Ot-tawa reconnaisse la valeur qu’un tel poste pourrait avoir », explique-t-il.

L’administration de l’U d’O n’est toutefois pas opposée à l’idée d’éventuellement participer au fi -nancement d’un tel poste sur son campus, mais soutient que la de-mande pour ce service doit venir de la communauté universitaire et doit faire l’unanimité auprès des diffé-rentes associations étudiantes et syndicats des employés.

« Il n’y a pas d’opposition à cette idée, mais c’est garanti que l’Ad-ministration ne l’imposera pas à la communauté. Si les associations n’y voient aucun inconvénient, et que tous sont prêts à payer pour un tel service, alors ça peut être une très bonne idée », explique Victor Si-mon, vice-recteur aux ressources à l’Université d’Ottawa.

Selon lui, une lettre exprimant le

besoin d’un ombudsman et garan-tissant une participation au fi nan-cement du service, signée par les représentants des deux associations étudiantes (FÉUO et GSAÉD) et de tous les syndicats des employés, serait suffi sante pour convaincre l’Administration d’embarquer dans le projet.

Cette attitude n’aurait toutefois pas toujours été présente chez l’Ad-ministration. Pam Hrick, présidente de la FÉUO, explique qu’une lettre semblable avait été envoyée à Gilles Patry il y a cinq ans, démontrant le support de la FÉUO, de la GSAÉD ainsi que des syndicats à l’idée de créer un poste d’ombudsman. Selon Hrick, le recteur n’avait pas accueilli chaleureusement le document et s’était opposé au projet.

Référendum, prise deux

Obtenir à nouveau le consensus parmi toutes les associations risque de ne pas être une mince affaire. Par exemple, pour que la FÉUO accepte de fi nancer une partie du salaire d’un ombudsman, elle aurait à soumettre la question au référendum lors des élections de février, ce qu’elle a déjà fait il y a deux ans.

La question, qui demandait aux étudiants s’ils étaient en faveur de l’instauration d’une cotisation d’un dollar par étudiant à temps plein pour fi nancer un poste d’ombuds-man, n’avait pas obtenu l’appui né-cessaire et le projet était alors tombé à l’eau. Aucune campagne n’avait été menée afi n d’informer les étudiants du rôle qu’un ombudsman jouerait sur le campus.

Cette année, une question sem-blable sera soumise à la population étudiante au référendum 2008 mais ne spécifi era pas de cotisation asso-ciée au poste. Elle demandera tout simplement aux étudiants s’ils « sont d’accords que l’Université d’Ot-tawa devrait avoir un ombudsman ». Les membres du Conseil d’ad-ministration de la FÉUO ont voté en faveur de l’ajout de la question référendaire lors de leur réunion de dimanche dernier.

« On n’inclut pas l’aspect fi nan-cier dans la question référendaire parce qu’on n’est pas rendus à l’éta-pe de savoir comment on va tous s’organiser pour gérer et payer pour

ce service. Le but de cette question référendaire est de relancer le dé-bat sur la question d’ombudsman à l’Université d’Ottawa », explique Pam Hrick.

Si les étudiants votent majoritai-rement en faveur de cette question référendaire, la prochaine étape pour l’exécutif de la FÉUO sera de négocier avec l’Administration, la GSAÉD et les syndicats pour clari-fi er la position de chacun dans ce projet.

Une campagne d’information et de conscientisation devrait se dé-rouler au cours des prochaines se-maines afi n d’éviter que la question référendaire ne connaisse le même sort qu’en 2006.

Des services semblables, mais...

Présentement à l’Université d’Ot-tawa, il existe plusieurs services offerts aux étudiants qui désirent porter plainte. Le Centre de recours étudiant assiste ceux et celles qui désirent porter en appel une déci-sion académique telle qu’une mau-vaise note ou encore une accusation de fraude, alors que le Bureau du re-présentant étudiant accompagne les étudiants qui veulent porter plainte pour des questions de harcèlement ou d’intimidation.

Toutefois, ces deux services se différencient d’un poste d’ombuds-man par le fait même qu’ils ont un parti pris, celui de l’étudiant, leur fi nancement provenant entière-ment de la Fédération étudiante. Ces services n’offrent donc pas la même impartialité et conséque-ment le même pouvoir que pourrait avoir un ombudsman. Dans une institution, ce dernier jouit habi-tuellement d’un haut statut auprès de l’Administration, tout en de-meurant indépendant de celle-ci. Il possède le pouvoir d’enquêter et de soumettre des recommandations à l’Administration sur des change-ments à apporter aux politiques et règlements.

L’intervenante en matière de har-cèlement sexuel à l’U d’O, Andrée Daviau, joue possiblement le rôle qui se rapproche le plus de celui d’un ombudsman mais ne traite pré-sentement que d’un type de plaintes bien précis. « Le fait qu’il n’y ait pas

L’Université d’Ottawa se démarque… par l’absence d’un ombudsmanOMBUDSMAN

Dessin par Francis Chartrand

un service (centralisé) qui a une vue d’ensemble de tous les types de plaintes est là un point clé », ex-plique Daviau. « Il y a tellement de services qui offrent de l’aide qu’on ne sait parfois plus où aller. S’il n’y a pas d’ombudsman sur le campus, alors il faut mieux éduquer les gens sur les ressources alternatives qui existent», ajoute-t-elle.

La création d’un poste d’ombuds-man à l’Université d’Ottawa n’est peut-être pas pour demain, mais

une éventuelle victoire du oui à la question référendaire permettrait certainement de relancer le débat et servirait d’outil de négociation auprès de l’Administration. C’est une avenue que la communauté universitaire se doit de considérer car, selon Jim Kennelly, « un poste d’ombudsman est un bon concept pour assurer un minimum de justice et, à long terme, ça ne fait qu’amé-liorer toute institution ».

Une question référendaire demandera aux étudiants s’ils sont en faveur de la création d’un poste d’ombudsman sur le campus. Andréanne Baribeau enquête sur la situation à l’U d’O.

Saviez-vous que...

Le premier poste d’ombudsman a vu le jour en 1809 au sein du Parle-ment suédois et le concept est longtemps demeuré restreint à la sphè-re gouvernementale, l’ombudsman jouant le rôle de « protecteur du citoyen ». Durant les années soixante, l’embauche d’un ombudsman est toutefois devenue une pratique de plus en plus répandue chez les compagnies privées ainsi que dans les universités nord-américaines.

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La FÉUO élargit sa portéeÉITI

Andréanne Baribeau

Cette semaine, la Fédération étu-diante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) voit sa visibilité renforcée sur le campus avec l’ouverture of-fi cielle d’un nouveau bureau de ré-ception dans le pavillon d’ingénie-rie, le Kiosque 5.

Ce bureau, qui occupera le kios-que du premier étage du pavillon ÉITI situé sous les escaliers me-nant à la mezzanine, offrira aux étudiants les mêmes services que le bureau principal de la FÉUO du Centre universitaire.

Les étudiants des programmes de génie, de physique ou encore d’in-formatique peuvent dorénavant se rendre au Kiosque 5 pour se procu-rer des billets pour les activités de la FÉUO, pour soumettre leurs ré-clamations d’assurance maladie ou leurs formulaires de clubs étudiants, ou tout simplement pour trouver réponses aux questions qu’ils pour-raient avoir sur les services de la FÉUO.

Les membres exécutifs de la Fédé-ration étudiante continueront de tra-vailler au bureau principal du UCU, mais visiteront toutefois le nouveau kiosque sur une base régulière.

« Ça faisait quelques années qu’on parlait de la possibilité d’ouvrir ce bureau, mais cette année on a dé-cidé d’aller de l’avant », explique Melissa Barton, gérante du bureau de la Fédération étudiante. « Notre but est d’être plus accessibles à la population étudiante qui se trouve de l’autre côté du campus. »

Le Kiosque 5, qui occupe le local du pavillon ÉITI depuis septembre et pour lequel des réceptionnistes ont déjà été engagées, sera ouvert du lundi au vendredi, de 10h à 15h. « On espère que ça va grandir et que le bureau restera ouvert au cours des années à venir », explique Bar-ton, en ajoutant que la FÉUO songe déjà à la possibilité d’ouvrir éven-tuellement un bureau semblable au nouveau campus Lees.

Un bureau satellite semblable existe déjà depuis quelques années au campus Roger-Guindon, ser-vant de lien entre les étudiants en sciences de la santé et les services de la FÉUO, concentrés au campus

Photo par Francis Chartrand.

principal. Ce bureau avait toute-fois connu des diffi cultés en début d’année, alors que les deux postes de coordonateurs du centre étaient demeurés vacants entre les mois d’août et octobre. Les postes sont désormais comblés et ce, depuis no-vembre.

L’inauguration du Kiosque 5 aura lieu ce mardi 15 janvier au premier étage du pavillon ÉITI, devant le lo-cal A0150, à partir de 11h. De nom-breuses activités sont à l’horaire, notamment la distribution de café, de boissons énergisantes et de colla-tions, accompagnée d’une foire des associations et services étudiants.

Le professeur de philosophie Daniel Tanguay a pris la parole lors du Town Hall Meeting de décembre pour questionner le nouveau caractère de la bibliothè-que Morisset. Photo par Andréanne Baribeau.

François-Olivier Dorais

A près s’être fait connaître dans la foulée de la fausse vente aux enchères organisée lors de l’inauguration mouve-

mentée du pavillon Desmarais le 30 octobre dernier, la campagne « No-tre campus » et ses représentants cherchent à mobiliser davantage d’étudiants pour la session d’hiver 2008. Au menu : prendre le pouls de la population étudiante au sujet des différents cas de commercialisa-tion, de dons privés et du « manque de transparence » récemment dé-battus à l’Université en vue de poser des actions concrètes.

En dépit de l’absence de nom-breux militants à la réunion bi-heb-domadaire du groupe jeudi dernier, les militants de la campagne espè-rent rassembler plusieurs étudiants autour de leur déclaration de princi-pes, endossée l’automne dernier par la GSAÉD et la FÉUO.

Brièvement, celle-ci demande à l’Université d’exprimer clairement sa position quant à la place des en-treprises commerciales sur le cam-pus, d’organiser un débat public sur la question, de réaffi rmer « son mandat d’institution indépendante de recherche produisant du savoir pour le domaine public », d’établir des « standards éthiques précis » en vue de juger les dons reçus et les contrats négociés et, fi nalement, d’encourager « la création d’espaces gérés par les étudiants ».

« Nous souhaitons que les étu-diants aient davantage de contrôle sur les décisions qui les affectent », avance Michael Cheevers, l’un des seuls représentants présents à la réunion de jeudi aux côtés de Phi-lippe Marchand, vice-président aux communications de la GSAÉD, de l’étudiante Samantha Ponting et du professeur Denis Rancourt.

À la question de savoir si la raison d’être et le mandat de la campagne «Notre campus» était aujourd’hui bien défi nie, les représentants étaient plutôt évasifs dans leur réponse. Tous paraissaient néan-moins se raccorder aux propos du professeur Rancourt, venu assister à la rencontre pour une première fois : « On s’entend tous pour dire

Provoquer un débatNOTRE CAMPUS

que l’Université fonctionne à la manière d’une corporation, ce qui est à de nombreux égards opposé au fonctionnement démocratique d’une institution […] Je crois que le thème qui nous unis tous ici est cet objectif d’acquérir davantage de démocratie. »

Sur une note un peu plus modé-rée, Marchand perçoit quant à lui la campagne comme « un outil de communication » qui permettra de donner une voix aux étudiants qui se réclament du mouvement.

Town Hall Meeting : des lendemains amers

C’est de surcroît sans surprise que les représentants de la campagne «Notre Campus» ont fustigé le dé-roulement du Town Hall Meeting du 11 décembre dernier. La rencontre, tenue à l’amphithéâtre 1160 de l’édi-fi ce Desmarais, a donné la possibilité aux membres du personnel universi-taire de transmettre à la haute admi-nistration de l’Université ses inquié-tudes face à certaines situations.

Immanquablement, le sujet de la commercialisation y fut âpre-ment discuté. Notons entre autres les interventions du professeur de

philosophie Daniel Tanguay, pour qui l’installation d’un Second Cup à la bibliothèque Morisset a rendu l’atmosphère de l’endroit bruyant et non propice à la réalisation d’une part de la mission éducative de l’Université, qui est « de les [les étudiants] éduquer par rapport au silence et à la recherche intellec-tuelle ».

Bien que l’évènement était d’abord destiné aux employés de l’Université, quelques étudiants s’y sont présentés et en ont profi té pour questionner le recteur Gilles Patry au sujet de l’endossement de pro-duits commerciaux sur le campus. Plutôt avare de commentaires, Patry en a indigné plus d’un en refusant de répondre à un étudiant birman inquiet au sujet du possible soutien que la compagnie Total apporterait à la junte militaire de Birmanie, compagnie pour laquelle Paul Des-marais détiendrait des parts.

Dans le même ordre d’idée, une rencontre organisée par les repré-sentants de «Notre campus» avec la haute administration de l’Université, suivant le modèle du récent Town Hall Meeting, est prévue pour le 29 janvier prochain afi n de discuter des principes qui animent la campagne.

Andréanne Baribeau

Les étudiants de premier cycle de-vront se prononcer sur trois ques-tions référendaires lors des élec-tions de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), lesquelles auront lieu du 12 au 14 février prochains. Parmi ces ques-tions, les étudiants devront dire s’ils sont en faveur d’un laissez-passer d’autobus OC Transpo inclu dans les frais d’inscription.

Cette question sondera les étu-diants quant à une éventuelle contri-bution pouvant aller jusqu’à 125$ par session par étudiant à temps plein pour fi nancer un laissez-pas-ser d’OC Transpo, une cotisation qui n’entrera en vigueur qu’une fois l’entente conclue avec la compagnie de transport.

Les négociations avec OC Transpo à ce sujet sont lancées depuis un cer-tain temps, mais selon Pam Hrick, présidente de la FÉUO, la compa-

gnie ne négocie pas de bonne foi. Effectivement, OC Transpo serait prêt à offrir un tel laissez-passer se-mestriel (pour une durée de quatre mois) au prix de 200$. « C’est une offre inacceptable », soutient Hrick. « Surtout quand on considère que l’Université de la Colombie-Britan-nique, à Vancouver, offre un tel lais-sez-passer étudiant pour moins de 30$ par mois. » Effectivement, cette université offre aux étudiants le U-Pass mensuel au coût de 22$, et ce

au lieu du prix ordinaire de 69$. L’offre actuelle d’OC Transpo ne

représenterait qu’une économie de 15.25$ par rapport au laissez-passer semestriel que la compagnie offre déjà aux étudiants à temps plein, et une économie de 39$ par rapport à l’achat de passes mensuelles.

La cotisation demandée aux étu-diants a donc été fi xée à 125$, ce qui laissera une marge de manœu-vre pour négocier davantage avec la compagnie. « Si la question référen-

Le laissez-passer universitaire fera l’objet d’un référendumdaire passe, on pourra montrer à la compagnie qu’on a l’appui de la po-pulation étudiante et qu’on leur as-sure ainsi un revenu annuel de plu-sieurs millions de dollars », ajoute Pam Hrick. Si, à la fi n des négocia-tions, le prix fi nal du laissez-passer dépasse toutefois les 125$, la ques-tion devra être soumise à un autre référendum à l’automne prochain.

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le 13 janvier 2008

L es journaux étudiants choquent, in-forment et tissent des liens entre les différents campus universitaires. Voi-ci ce qui a retenu l’attention de La Ro-

tonde dans les médias étudiants récemment publiés à travers le Canada.

Restrictions et frustrations

Afi n d’attirer de nouveaux étudiants, la plu-part des institutions post-secondaires ten-tent de miser sur la vie étudiante active et l’atmosphère accueillante de leur campus. Elles offrent des multitudes de clubs, des installations sportives, des événements or-ganisés, et j’en passe. L’objectif premier est de fournir à l’étudiant, surtout celui en rési-dence, l’impression d’un chez-soi conforta-ble et dynamique.

Grâce à une nouvelle loi anti-tabac qui est entrée en vigueur le 1 janvier en Colombie-Britannique, les fumeurs de Simon Fraser sentent en effet qu’on leur interdit cette habitude si répandue. En vertu de la loi, la vente de produits du tabac, comme les ciga-rettes, est défendue sur le campus. Il ne sera plus question de courir au dépanneur entre deux cours : il faudra se rendre en ville.

Les étudiants qui demeurent en résiden-ce se sentent particulièrement visés. Non seulement n’ont-ils pas de voiture, mais ils ne pourront plus fumer devant l’entrée non plus. En fait, il est dorénavant interdit de fumer à moins de trois mètres de toute porte, fenêtre ou bouche d’air. Ceci s’appli-que également à tout abris avec trois murs et plus.

Vrai, les non-fumeurs n’ont pas à subir la fumée des autres, mais se rendre dans un champ en plein milieu d’une tempête pour prendre une pause pendant une journée d’étude ardue… Disons que ça frise le ridi-cule.

Les fumeurs de Simon Fraser seraient surpris d’apprendre que ceux de l’Université d’Ottawa n’ont pas la vie plus facile. Malgré le fait qu’ils puissent acheter des cigarettes

à plusieurs endroits sur le campus, ils ne peuvent fumer à moins de neuf mètres des portes, fenêtres ou bouches d’air. Mais en voyant l’entrée principale de Morisset, on peut en déduire que le règlement n’est pas forcément appliqué.

Eille le prof!

Il ne faut pas s’en cacher : les étudiants de notre génération ne sont généralement pas très polis envers leurs professeurs. Ça en dit long lorsque tant d’enseignants prennent la peine de mentionner l’étiquette des cour-riels dans leur introduction de cours.

Montréal Campus a récemment publié un article selon lequel le directeur du pro-gramme de design graphique à l’UQÀM, Frédéric Metz, aurait ajouté la lecture d’un livre d’étiquette à un syllabus de première année. Quoique certains étudiants se soient plaints, le but fi nal était de leur donner des outils pour le monde du travail.

Le professeur Metz admettait que le man-que de courtoisie le dérangeait, mais que c’était plutôt l’inquiétude de voir ces mêmes étudiants s’adresser de cette façon envers leurs employeurs qui lui donnait des maux de tête. Bien que le livre semblait parfois un peu vieux jeu et ne refl était pas toujours no-tre société actuelle, sa lecture aurait produit un changement dans la salle de classe. Les étudiants étaient, selon Metz, plus agréa-bles et courtois.

Répétera-t-il l’exercice l’année prochai-ne? Reste à voir. Et que dire des relations entre étudiants et professeurs à Ottawa? De-puis quelques années, suite à des incidents plutôt regrettables, le vouvoiement mutuel est fortement recommandé, sinon plus, dans tout contexte académique. D’après les commentaires dans plus d’un syllabus, il est clair que la courtoisie n’est pas encore un phénomène assez répandu. Lorsque votre professeur doit mentionner, par écrit, de fermer votre téléphone cellulaire pendant le cours, il y a quelque chose qui cloche…

Revue de presse universitaireAlexa Biscaro

Un menu éclectique

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Alexa Biscaro

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Éric Perronz

Les étudiants en résidences ont dû plier bagages durant le temps des fêtes. Chaque année, le Service de logement de l’Université ferme durant cette période de l’année, à l’exception des résidences Brooks et Hyman Soloway.

Certaines résidences demeu-raient autrefois accessibles durant cette période de l’année, mais seu-lement sept à dix personnes y res-taient alors pour le temps des fêtes. « La dépense était énorme pour le bénéfi ce », affi rme Micheline Char-bonneau Séguin, directrice du ser-vice de logement de l’Université, soulignant que « c’était dispendieux et […] dangereux et qu’il fallait avoir

Avec la majorité des résidences du campus fermées durant le temps des fêtes, les étudiants ont dû temporairement se relocaliser, pour ne pouvoir rentrer dans leur chambre à nouveau que le 2 janvier. Photo par Karine Desjardins

de la sécurité à la porte ». Suite à la construction du Com-

plexe résidentiel 90 Université en 2001, le Service de logement a pris l’initiative de laisser la résidence ouverte aux locataires. Seulement 17 personnes étaient alors restées. Selon Séguin, c’est pour ces raisons que les résidences ferment désor-mais leurs portes le 24 décembre pour rouvrir le 2 janvier. « Laisser le 90 Université ouvert pour 17 per-sonnes, c’est [des gens] 24/24 et ça prend de la sécurité. »

Un programme avait été mis en place ayant pour but de fournir de l’hébergement au sein de familles locales pour les résidents qui se re-trouvaient sans logement. Ce pro-gramme, mis sur pied par le Bureau

international, a toutefois pris fi n il y a deux ans parce qu’une fois encore la demande ne suffi sait pas.

« D’après les rapports, il n’y a pas assez de demande pour tout le travail qui doit être fait », explique Jennifer Ciolfi , agente à l’interna-tionalisation du campus au Bureau international. Effectivement, il semblerait que la majorité des gens quittent durant le temps des fêtes pour retrouver leur famille ou pour voyager.

Présentement, les étudiants en résidences qui n’ont nulle part où aller doivent donc demander à des amis ou à des proches de les héber-ger. Si la personne est toujours en diffi culté, elle peut faire part de ses problèmes au Bureau international

Des locataires qui n’en valent pas la peineRÉSIDENCES

ou encore au Service de logement. « Ce qu’on a fait pour cette année,

c’est que si quelqu’un n’avait pas de place, on le référait [au Service

de logement] puisqu’il y a toujours quelques résidences qui peuvent y être louées par soirée. Il y a aussi les auberges de jeunesse et les hôtels », ajoute Ciolfi , mentionnant qu’aucun étudiant n’a encore déposé de plain-te à ce sujet.

Une étudiante étrangère, qui dé-sire garder l’anonymat, reproche toutefois quelques aspects à cette pratique. Arrivée au Canada le 1er

janvier, l’étudiante a appris que les résidences n’ouvraient que le len-demain. « C’est diffi cile d’arriver et de ne pas avoir d’endroit où res-ter. Il faut payer pour une chambre ailleurs en plus des frais de loge-ment. »

Trop d’efforts pour rien

D’autres facteurs expliquent l’abo-lition de ce programme. Selon Jen-nifer Ciolfi , la communauté était de plus en plus diffi cile à solliciter. «Il n’y avait plus autant de réponses de la communauté pour garantir de l’hébergement », affi rme-t-elle.

De plus, rien n’assurait la sécu-rité, que ce soit celle des étudiants ou des hôtes. Un système d’urgence demeure toutefois nécessaire . « On est responsable [de ces étudiants] », explique Ciolfi .

L’Université fermée, tout cela de-venait très diffi cile à gérer, et l’effort n’en valait pas la peine, considèrent les responsables.

LaRotondeLe journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

75ans

Président et vice-présidente aux � nances déjà connusPour la première fois dans l’histoire moderne de la FÉUO, les postes de Président et de v.-p. aux fi nances ne seront pas contestés. Dean Hal-denby et Roxanne Dubois sont les seuls candidats pour les postes en question.

En Bref

Ne manquez pas l’entrevue de A-L Gagné avec la Chancelière de l’Université d’Ottawa, Huguette Labelle, disponible exclusivement sur www.larotonde.ca.

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Glorianne Pelletier

À l’occasion du soixante-quin-zième anniversaire de La Ro-tonde, nous tiendrons cette chronique hebdomadaire qui

vous permettra de découvrir l’évolu-tion de la culture universitaire, de-puis la création du journal en 1932 jusqu’à aujourd’hui. Grâce à des ex-traits tirés de nos archives, nous re-tracerons l’histoire de l’Université et des grands bouleversements qu’ont vécu les étudiants.

Quinzième anniversaire de La Rotonde : on y publie les noms des 55 gradués de juin 1946, dont seule-ment six sont des femmes. L’époque est fertile côté débats et polémiques: en période d’après-guerre, le cam-pus, la ville, le monde est encore un peu sous la crainte de confl its futurs.

Un article daté du 6 novembre 1946, titré « Réorganisation » , dé-bute comme suit : « Le fait que nous entrions dans une période de paix donne lieu à de grands espoirs. Ce-pendant il ne faut pas se leurrer. Le pays doit être prêt à toute éventuali-té, c’est-à-dire que ses forces armées doivent être préparées à sa défense. L’armée doit suivre pas à pas la science moderne afi n d’obtenir une plus grande effi cacité. C’est pourquoi le Canada se tourne vers les univer-sités pour combler les rangs de ses armées. » (Par Réal Therrien)

Le journal, publié de manière bi-mensuelle au prix de 10 cents l’unité, aborde parfois des sujets courants pour l’époque, mais qui aujourd’hui égratignent un peu l’oeil. Notons le texte « La mode.. Et la femme » où on peut lire : « Par ces modes qui ré-pugnent au bon goût, la femme s’est attiré le mépris de la société honnê-te qui ne voit dans ce prétendu pro-grès de notre siècle qu’un retour à l’époque païenne [...] Les modes ne sont pas seulement le sacrifi ce de la dignité de la femme. Elles sont en-

core la cause de graves dommages temporels. Cette santé altérée, que la plupart des jeunes fi lles appor-tent à leur foyer, trouve sa princi-pale cause dans l’usage de costumes indécents. Sans cesse torturée par ce soulier informe, exposée au froid durant la rude saison [...] la femme devient nécessairement victime de son imprudence et abrège souvent ses jours, après avoir passé la plus grande partie de sa vie dans un état de langueur lamentable. Que dire des sommes fabuleuses que le mari doit verser pour l’hôpital, la phar-macie et tous les soins de la femme-poupée qui a sacrifi é sa santé pour suivre la révolution du temps ! » (Par Cléo Vaillancourt)

La Une de l’édition du 25 novem-bre 1946 présente un titre accro-cheur : « Facistomanie ». L’auteur du petit éditorial soulève une drôle de controverse. Je n’en dis pas plus, il faut lire pour comprendre : « Ja-mais l’on a tant parlé de fascisme que depuis sa disparition. Les vain-queurs poussent le devoir jusqu’à le rechercher dans ses moindres vesti-ges. Sublime tâche!.. mais qui ne va pas sans affecter le cerveau de nos généreux défenseurs. Si bien que leur imagination, du reste féconde, supplée à leur intelligence malade. Ils s’imaginent voir du fascisme partout [...] Ce mot, prononcé à tout propos, deviendra proverbial. On dira d’une soupe trop salée : une soupe fasciste ; d’un steak trop dur : un steak fasciste. On dira la même chose d’un gâteau non levé ou d’une tarte mal réussie. Une personne déplaisante sera une per-sonne fasciste. Dans le domaine des arts, le surréalisme cédera bientôt la place au surfascisme. Ou au su-reffascisme [...] Il n’est question de fascisme qu’en politique. Et cette histoire de fascisme, croyez-moi, c’est du farscisme. » (Par Louis-G. Tardif)

Session d’automne 1946: les femmes, le fascisme et la guerre

RETOUR SUR LES 75 ANS

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Je pensais qu’un mois de vacances m’aurait laissée revigorée, prête à attaquer un nou-veau semestre riche en histoires choquan-tes, en potins et en rumeurs sur lesquelles

enquêter pour vous. Mais voilà qu’à mon retour sur le campus, je réalise qu’on est confrontés encore, et comme toujours, aux même vieux problèmes et aux même vieilles histoires qui semblent aujourd’hui tisser une de toile de fond à notre vie d’étudiants quelque peu blasés.

Pour la quatrième fois de suite, la rencontre du conseil de Faculté des sciences a dû être annulée, ce qui veut dire que ce comité n’a pas réussi à tenir une réunion complète depuis plus d’un an. Les choses ont commencé à mal tour-ner à la réunion du 5 avril 2007, alors qu’un étudiant membre du comité voulait à tout prix discuter de la possibilité de créer un cours d’ac-tivisme de deuxième année. La réunion n’avait duré que 20 minutes et s’était soldée par le refus catégorique du doyen André Lalonde de considérer la demande de l’étudiant, et par l’ar-rivée subséquente de deux agents du Service de protection.

Après deux autres tentatives qui ont connu des échecs semblables, le conseil a tenté de se réunir pour une quatrième fois, le 6 décembre dernier, en vain. Cette fois, l’exercice a duré 15 minutes.

Le bilan aujourd’hui pour la Faculté des

sciences ? Une année de dossiers qui traînent et qui n’ont pu être discutés au Conseil de fa-culté, sans compter les trois membres de la communauté arrêtés par la police après avoir voulu assister à ces réunions. Un cours d’acti-visme de première année (SCI1100) qui, après avoir été offi ciellement approuvé par le Sénat, n’a pas été offert au semestre d’automne sans qu’aucune explication valable ne soit donnée. Un professeur de la Faculté qui reçoit lettre de discipline après lettre de discipline, fondée sur des motifs bidons, dans le but indéniable de le mener à la démission « volontaire ». Des étu-diants qui osent critiquer ces injustices fl agran-tes et qui s’attirent la malveillance des mem-bres administratifs de la Faculté. Et de l’autre côté, des gens qui crient au complot adminis-tratif et qui font tout pour jeter de l’huile sur le feu et paralyser davantage la situation.

Mais merde! Suis-je la seule personne à en avoir assez de voir des adultes prétendument responsables agir d’une telle façon ? Ne som-mes-nous pas capables de nous asseoir à une même table, de se dire les vraies affaires et de régler nos problèmes comme des adultes devraient être en mesure de le faire ? C’est pi-toyable. La Faculté doit à tout prix trouver un moyen de se sortir de cette impasse paraly-sante qui met en péril sa crédibilité ainsi que le succès de ses étudiants.

Bon, croyez-le ou non, je n’avais pas l’inten-tion de faire cette chronique sur le cours d’acti-visme, ni même sur la Faculté des sciences. En fait, je voulais faire un retour sur la rencontre de type Town Hall Meeting qui s’est dérou-lée le 11 décembre dernier, en pleine période d’examens.

Le concept était nouveau. Professeurs et membres du personnel de soutien étaient in-vités à prendre le micro et à partager leurs in-quiétudes, critiques ou éloges devant un panel composé des vice-recteurs, le tout animé par le recteur Gilles Patry.

J’ai été surprise de voir que des professeurs pouvaient avoir des inquiétudes similiaires à celles des étudiants. Parmis les membres du personnel qui ont pris la parole, j’ai apprécié le commentaire de Daniel Tanguay, professeur au Département de philosophie. Il a souligné l’in-cohérence du nouveau format de la bibliothèque avec des règles universelles propres à ce lieu, soit le silence et l’interdiction de manger. Avec le nou-veau Second Cup qui fait pignon sur rue au rez-de-chaussée, le professeur a « mis au défi quicon-que d’aller dans la bilbiothèque et de trouver un endroit le moindrement silencieux ».

Le vice-recteur aux études, Robert Major, a répondu qu’il voyait cette grande fréquentation d’étudiants à la bibliothèque comme un signe de succès, ajoutant que le nouveau format du

pavillon répondait mieux aux besoins des étu-diants, lesquels aiment travailler en groupe dans une atmosphère de café.

J’applaudis la réplique de Daniel Tanguay, qui a rappelé que l’Université a avant tout une mission éducative, et qu’on n’éduque pas les jeunes simplement en leur demandant de quoi ils ont besoin. « C’est sûr que les jeunes gens vont se sentir mieux à des endroits où ils peu-vent prendre un café et où ça ressemble à un Chapters. Mais notre objectif n’est pas unique-ment de satisfaire les besoins des étudiants, c’est de leur apprendre un certain nombre de choses par rapport à la vie intellectuelle. »

Bingo! Tanguay n’aurait pu mieux l’expli-quer. Si je veux prendre un café en parlant à mes amis et en faisant semblant de lire, je vais au Chapters. Mais si je veux étudier sérieuse-ment et me concentrer dans une atmosphère silencieuse, je vais à la bibliothèque. Ou du moins, j’y allais avant.

À quand un town hall meeting version étu-diante ? J’invite les vice-recteurs ainsi que Patry à répéter l’expérience, mais en laissant cette fois la parole aux étudiants. Peut-être pourraient-ils inclure dans leur panel des membres exécutifs de la FÉUO ? Mais un pe-tit conseil, n’attendez pas qu’on soit en période d’examens pour le faire!

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Se sortir de l’impasseAndréanne Baribeau, chef de pupitre, Actualités

J’écris donc je pense

LaRotondeLe journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

75ans

En raison de la conférence nationale de la Presse Universitaire Canadienne, La Rotonde fait relâche la semaine prochaine. Nous serons de retour le 28 janvier 2008.

S i la conférence de presse de Nicolas Sarkozy a fait réagir les journalistes français mardi dernier, c’est d’abord en raison de la proposition du président de la République de supprimer la publicité sur les

chaînes de la télévision publique, en échange du prélè-vement d’une taxe sur celle des chaînes privées, qui leur serait reversée. Cette mesure pose bien sûr le problème de la survie de l’audiovisuel public français. Mais si elle est mise en œuvre, elle permettra, au contraire de ce qui a cours dans d’autres pays, notamment en Amérique du Nord, de regarder une émission sans qu’elle ne soit sans cesse interrompu par des publicités intrusives. En ce sens, la proposition de Sarkozy pourrait remettre au goût du jour une certaine « exception française », dans le secteur public du moins, qui ferait la part belle à la fi n de la télévision – informer, éduquer et distraire – au détri-ment du moyen – le fi nancement par la publicité.

Mais ce que remarquait également la journaliste Anne Chemin dans Le Monde du jeudi 10 janvier, c’est qu’au chapitre des nombreuses réformes que le chef de l’État souhaite engager se trouve la discrimination positive. Pour l’heure, et ce depuis la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, l’idéal uni-versaliste à la base du principe égalitaire interdit que, face à une inégalité, l’on tente de la corriger par une mesure de compensation, telle que l’affirmative ac-tion, aux États-Unis, le permet avec l’établissement de quotas pour les minorités ethniques. Cet égalitarisme abstrait a plutôt fait le bonheur de la France jusqu’à récemment, puisqu’à l’exception du sinistre épisode de Vichy, la législation française a toujours considéré les hommes comme étant égaux, ne permettant donc aucune discrimination, négative ou positive.

Aveu d’échec

Les diffi cultés de l’intégration, depuis une trentaine d’années, dûes à l’incapacité de la société française à assimiler ses populations immigrées, conduisent natu-rellement à remettre en question ce modèle universa-liste, car aucun principe, si excellent soit-il, ne saurait se

soustraire à l’épreuve des faits. Est-il besoin, cependant, de vouloir modifi er la Constitution, loi fondamentale de la Ve République, sous prétexte que le modèle d’intégra-tion français présente, comme tout modèle, des limites, des carences, des failles ?

C’est ce que prétend le président français en déclarant vouloir inscrire dans la Constitution le respect de la diver-sité. Bien sûr, Nicolas Sarkozy met en avant l’égalité hom-mes-femmes, affi rmée par la Constitution de 1946, réaffi r-mée par celle de 1958, mais qui ne permettait pas, jusqu’à la loi sur la parité de 2000, laquelle avait nécessité une ré-vision constitutionnelle, d’imposer une stricte égalité entre hommes et femmes dans l’accès à la députation.

Il est permis de penser que c’est surtout, inspiré par le modèle anglo-saxon qui tolère la discrimination po-sitive, l’intégration des minorités ethniques et culturel-les que le chef de l’État veut faciliter, en permettant des lois instaurant des quotas qui leur seraient réservés. On se souvient qu’en 2004, lorsqu’il était ministre de l’In-térieur, Nicolas Sarkozy avait encouragé à la nomina-tion d’un « préfet musulman ». J’ajoute les guillemets car je ne vois pas l’utilité de cette mention : ne peut-on considérer qu’un préfet est un Français, avant tout et par-dessus tout ? Et que, si un Français musulman –plutôt qu’un musulman de France– n’est pas consi-déré comme tel et ne se considère pas lui-même comme tel, il convient de tout mettre en œuvre pour que ce soit le cas, plutôt que d’acter cet échec et de tenter d’y remé-dier par une discrimination qui, positive ou non, réduit une personne à une identité ethnico-religieuse ?

S’il est certains domaines – transparence politique par exemple – dans lesquels l’inspiration sur le modèle anglo-saxon serait bienvenue, on peut douter de l’uti-lité de vouloir imiter un modèle dont même les Anglo-Saxons constatent les méfaits, comme l’a fait Tony Blair au Royaume-Uni après les attentats du 7 juillet 2005 commis par des Britanniques qu’on avait cantonnés dans leur identité musulmane. La volonté louable de moder-nisation de la France ne doit pas faire oublier les bases plutôt solides sur lesquelles elle repose depuis plus de deux siècles.

La France va-t-elle imiter le modèle anglo-saxon ?Roman Bernard, L’enfant de la patrieIntégration:

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Actualités

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le 14 janvier 2008

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Roxanne Dubois

U n chercheur du Département de communication de l’U d’O se lance dans une recherche

sur cinq ans. Boulou Ebanda de B’béri vient de recevoir un million de dollars du Conseil de recherche en sciences humaines et sociales du Canada pour une recherche portant sur l’amnésie historique des Cana-diens quant à la présence des com-munautés noires.

Selon lui, le fonds Alliance de recherche université-communauté permet d’approfondir une recher-che de façon originale : « La spécifi -cité de ce programme, c’est qu’il faut amener les gens de la communauté à travailler ensemble sur des pro-jets spécifi ques, à créer de nouvelles formes de connaissances. On cher-che aussi à créer des connaissances originales et différentes de ce qu’on connaît par l’écriture d’articles ou de livres, ce doit être autre chose. »

C’est un projet qui cherche à combiner plusieurs champs, soit l’amnésie historique et la présence de communautés noires au Canada, à la fois avant et après l’inclusion du multiculturalisme dans la Consti-tution canadienne. Comme objet d’étude, De B’béri a mis le doigt sur Chatham, petite municipalité du sud de l’Ontario qui a accueilli d’anciens esclaves et abolitionnistes venus des États-Unis dans les années 1800. C’est ainsi que cette petite ville iso-lée est devenue une espèce de Terre promise pour toute une communau-té qui s’y sentait protégée.

En plus d’élaborer sur ce phéno-mène, le professeur indique que le problème dans tout ça, c’est que les gens ne se souviennent pas de cette époque et de l’importance qu’elle a eu pour défi nir le pays : « On se rend compte qu’il y a une grande partie de l’histoire canadienne qui n’est pas écrite. Alors à ce moment-là, je ne parle plus que de la Terre promise, mais plutôt de l’amnésie historique, cette tendance à oublier des choses importantes qui font du Canada le pays qu’il est. »

C’est ainsi qu’il décrit son projet comme rien de moins qu’une révi-sion de l’histoire : « En réalité, c’est

Nouvelle recherche sur l’amnésie historiqueFINANCEMENT D’UN MILLION

Un professeur du Département de communication de l’U d’O, Boulou Ebanda de B’béri, vient de recevoir un million de dollars pour mener une recherche sur l’amnésie historique en lien avec les communautés noires du Canada.

une réécriture de l’histoire cana-dienne à partir d’un petit village du sud de l’Ontario. »

Partir de Chatham

Comme l’amnésie historique ne s’étudie pas dans un laboratoire, ou encore, comme le fait remar-quer avec humour le professeur, en « pren[ant] des clous et en tap[ant] sur les neurones», il faudra explorer toutes les voies possibles. « Pour rechercher l’amnésie historique, il faut creuser, pas seulement dans les archives, mais il faut parler aux gens. Il faut essayer de comprendre pourquoi, par exemple, au 19e siècle, il y avait une grande population des États-Unis, en réalité des Noirs, des Blancs et des Amérindiens qui se rencontraient à Chatham, pour trai-ter des problèmes de ce monde.»

Comme méthodologie, B’béri cite la trajectoire multiple comme outil qui lui permettra de retracer les parcelles de l’histoire de la commu-nauté noire de Chatham, qui, dit-il, à une époque représentait 35% de la population de la municipalité au 19e siècle. « Le projet est très complexe parce qu’on commence à Chatham mais qu’on ne reste pas là. On com-mence à Chatham parce que c’est là que j’ai découvert cette histoire

cachée, mais on peut très bien se rendre dans les Caraïbes, en Côte d’Ivoire ou en Colombie-Britanni-que. »

Il ne va pas sans mettre l’accent sur l’importance de comprendre ce phénomène et de le réintégrer dans l’histoire plus courante : « La Terre promise était cet espèce d’endroit, de quartier général de gens qui lut-taient pour la liberté. Alors ça c’est important. Il faut le dire. Si on ne le dit pas, on n’enseigne qu’une partie de l’histoire. »

Loin de sous-entendre que l’his-toire actuelle du Canada est un mensonge, le professeur B’béri pré-cise le but d’une réécriture histori-que : « La réécriture dit que l’espace précédent a des trous qu’il faut rem-plir. Il ne faut pas seulement écrire l’histoire vécue par les vainqueurs, il faut permettre à tout le monde de participer à l’écriture de cette histoi-re pour qu’elle soit plus riche. »

Rechercher pour enrichir

Contrairement à ce que cette recher-che peut laisser croire, elle ne vise pas à informer les communautés noires du Canada de leur héritage, mais a un mandat bien plus large, comme l’indique le professeur : « La question, c’est qu’est-ce que ce pro-jet représente pour vous, les Cana-diens? Ça représente de ne plus voir un Noir et de lui dire «Toi, tu viens d’où? Tes parents viennent d’où?», parce qu’il y a des Noirs qui sont nés au Canada et que leurs arrière-grands-pères sont arrivés ici comme esclaves ou d’autres étant encore libres. »

Pour revenir sur le projet comme tel, De B’béri indique qu’il vise à dé-montrer que même s’il existe une communauté « européenne domi-nante » au Canada, l’immigration n’est pas un phénomène nouveau : «Le projet que j’ai monté, avec l’idée de la Terre promise, c’est pour dé-montrer qu’avant qu’on écrive la Constitution canadienne qui traite de multiculturalisme, il y avait du multiculturalisme. Il y avait des communautés de diverses races et cultures qui vivaient ensemble dans des petites villes comme Chatham.»

CALENDRIER

Conférence de presse : Accès des personnes sourdes à Cinema PoliticaQuand? Lundi 14 janvier de 15h à 16hOù? Pavillon MacDonald, hall d’entrée

Ouverture offi cielle du Kiosque 5 à ÉITI, le nouveau bureau satellite de la FÉUOQuoi? Distribution gratuite de trousses de survie étudiantes, de café, de collations et de boissons énergisantes. Foire des associations et services étudiants. Écran géant pour les amateurs de Nintendo Wii.Quand? Mardi 15 janvier à partir de 11hOù? Pavillon ÉITI, devant la salle A0150

Journée d’information du Centre de recours étudiantQuoi? Trousses d’information disponibles et représentants du Centre de recours sur placeQuand? Jeudi 17 janvier de 11h à 16hOù? Agora du Centre universitaire

Disponibilité de la liste offi cielle des candidats aux élections de l’exécutif de la FÉUOQuand? Vendredi 18 janvier à 17hOù? Bureau de la FÉUO, Centre universitaire, salle 07

ACTIVITÉS CAMPUS

CALENDRIER DU 7 AU 14 JANVIER 2008

La gestion du stress par l’humourQuoi? La conférencière internationale Andrée Jetté vous apprendra comment pirouetter à travers les embûches du travail.Quand? Jeudi 17 janvier à 19hOù? 101 avenue ParentCombien? Gratuit

CONFÉRENCES

Atelier du Service d’appui au succès scolaire : Préparation à l’entrevue d’admission en médecineQuand? Lundi 14 janvier de 17h à 18h Où? Pavillon Montpetit, salle 204Combien? Gratuit

Collections de bibliothèque au bout des doigtsQuoi ? Trucs de recherche pour trouver les ressources (imprimées et électroniques) disponibles dans le catalogue de la bibliothèque de l’Université d’Ottawa.Quand ? Mercredi 16 janvier 10h à 11hOù ? Bibliothèque Morisset, salle 144Site Web : www.biblio.uottawa.ca

Présentation d’employeur par IBM CanadaQuand ? Mercredi 16 janvier 18h à 20hOù ? Pavillon Desmarais, salle 1130Combien ? GratuitSite Web : www.sass.uottawa.ca

ATELIERS

L’indépendance du journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa La Rotonde va bon train, alors que la présidente de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), Pam Hrick, et le vice-président aux communications, François Picard, négocient avec les représentants du journal afi n d’assurer une transition sans accros.

Si tout se déroule comme prévu, une première lecture concernant l’indépen-dance du média étudiant devrait être effectuée à la prochaine rencontre du Conseil d’administration de la FÉUO, qui aura lieu en février. La motion sera soumise au vote lors de la deuxième lecture à la réunion du mois suivant, ce qui offi cialisera le processus.

La Rotonde, qui se trouve présen-tement sous la tutelle de la FÉUO, pourrait obtenir son indépendance le 1er mai prochain, et se voir allouer un don de 10 000$ de la Fédération étudiante. « Nous proposons un versement de 10 000$ au journal au moment de leur indépendance, dans le but de reconnaître les défi s associés à l’opération d’un média indépendant de qualité dans un en-vironnement minoritaire. C’est éga-lement un témoignage du support de la Fédération à l’égard de l’indé-pendance du journal », a souligné François Picard, lors de la dernière réunion du Conseil d’administration de la FÉUO.

Andréanne Baribeau

Un partenariat avait été éta-bli entre la FÉUO et la Fédération étudiante de l’Université Carleton (CUSA), qui devait également sou-mettre la même question à un ré-férendum cette année. Toutefois, cette dernière a récemment décidé de ne présenter aucune question ré-férendaire lors des élections de cette année, ce qui n’empêchera toutefois pas la FÉUO d’aller de l’avant avec le projet. Les membres du CA ont effectivement réitéré leur appui à la question référendaire lors de la réu-

nion de dimanche dernier.Une deuxième question référen-

daire demandera aux étudiants s’ils sont favorables à la création d’un poste d’ombudsman sur le campus, alors qu’un troisième leur deman-dera leur accord pour contribuer de 1$ par session par étudiant à temps plein afi n de faire du Centre de ressources des femmes un service offi ciel de la FÉUO. Les étudiants défraient déjà des coûts auprès du Service de vie communautaire (SVC) afi n de subventionner ce Cen-tre. Il reste à voir si la cotisation du SVC sera ajustée, ou si les étudiants se retrouveront à payer deux fois pour le même service.

Lire la suite à la page 8

Brèves

Le nombre d’affi ches maximum qu’un candidat pourra affi cher lors des prochaines élections de la FÉUO sera de 250, une baisse signifi cative par rapport à la limite de 1000 qui s’appliquait l’an dernier. « Ça s’ins-crit dans la nouvelle philosophie de responsabilité environnementale que nous tentons de mettre en pla-ce », affi rme Danika Brisson, vice-présidente aux affaires étudiantes. Pour la première fois, les candidats auront également l’option de faire campagne sur Facebook.

Wassim Garzouzi

L’élection de la FÉUO sera un peu plus verte

La Rotonde sera indépendante Référendums

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Blaise D. Guillotte

Pour une neuvième année consé-cutive, le Théâtre du Trillium pré-sentera son Laboratoire de mise en scène. Cette année, deux metteurs en scène provenant de deux cultures différentes présenteront tour à tour leur version de la pièce Duel de Bebi Kotlarewski.

Le Laboratoire de mise en scène du Trillium a vu passé plusieurs metteurs en scène aujourd’hui ré-putés sur la scène théâtrale de la ré-gion. Les Isabelle Bélisle, Geneviève Pineault, Anick Léger ont porté au théâtre les textes de Jean-Marc Dal-pé, Daniel Danis et Wajdi Mouawad pour ne nommer que ceux-là. C’est maintenant au tour de Marie-Ève Chassé (L’autoroute, Libérés sur parole - Voyage aux limites du réel) et Serban Dragnea (After Magritte) de se prêter au jeu de la création et à l’angoisse de l’exploration.

L’exercice de cette année est sim-ple. Deux metteurs en scène et leurs acteurs proposeront au public deux versions de la pièce Duel du dra-maturge roumain Bibi Kotlarewski, traduite en français par Michel Ouellette (French Town, Le testa-ment du couturier). La plus-value de ce laboratoire réside dans le fait que le spectateur aura non seule-ment deux versions d’une même pièce, mais deux versions culturel-lement différentes, une française

et une roumaine. L’idée à fait gra-duellement son chemin dans l’es-prit de la directrice artistique Silvie Dufour quand, il y a deux ans, Ser-ban Dragnea s’est présenté comme bénévole au Trillium. « Sa présence m’interpelle et m’amène à proposer une version inédite du Laboratoire de mise en scène où deux cultures se rencontrent et s’affi rment dans leurs différences et leurs ressem-blances autour d’un même texte », explique-t-elle.

Le Laboratoire, un espace de création

Quelle différence entre une produc-tion théâtrale comme il en s’en fait au cours d’une saison et un labora-toire de mise en scène? Pour Marie-Ève Chassé, la liberté de création et d’exploration est plus large. « Dans un laboratoire de création nous sommes plus dans l’exploration même s’il faut tout de même faire avec certaines contraintes au ni-veau de l’espace et du budget. » Qui plus est, ce type d’exercices permet au metteur en scène de devenir un « touche-à-tout ». L’équipe de pro-duction étant la même pour chaque équipe de metteur en scène et d’ac-teurs, le maestro se doit de mettre la main à la pâte pour ce qui est de la scénographie, des costumes ou des éclairages.

Le Laboratoire de mise en scène n’est pas qu’un exercice de création

et d’exploration, il est également un moment très formateur pour les artisans du théâtre. Le fait de voir une autre version d’une même pièce permet d’ouvrir des horizons tout en permettant une introspection sur la vision artistique de chaque créateur. « On ne se rend pas toujours compte de ce qu’on est en tant qu’acteur ou metteur en scène », mentionne Ma-rie-Ève Chassé. « Le fait de voir une autre version de la même pièce nous permet d’avoir un autre regard sur nos propres choix artistiques. »

Ouvert à tous

Le Laboratoire de mise en scène du Trillium réussi depuis quelques an-nées à réunir un public assez large de néophytes et d’amateurs plus aguerris du théâtre. Il ne faut donc pas penser que ces représentations s’adressent seulement aux spécialis-tes du théâtre et que le profane en perdrait son roumain. Chacun pour-ra y trouver son plaisir. Les connais-seurs s’attarderont aux subtilités des différentes mise en scène tandis que celui qui aimerait approfondir cet art pourra constater comment un seul texte peut donner des ré-sultats fort différents. Mais comme dans toute exploration, l’angoisse de l’échec vient faire de l’ombre à l’exaltation de la création. C’est le risque – le droit même – que cha-que créateur doit prendre.

Le mystère des dieux de Bernard Werber

LITTÉRATURE

Au carrefour de la création

LABORATOIRE DE MISE EN SCÈNE AU TRILLIUM

Le Laboratoire de mise en scène du Trillum se tiendra du 16 au 19 janvier à la Nouvelle Scène. Photo par Karine DesjardinsKheira Jolin-Dahel

Paru en automne 2007, Le mystère des dieux est le plus récent roman de l’auteur français Bernard Wer-ber. Tout commence lorsque Mi-chael Pinson, un mortel, est entraî-né par son meilleur ami Raoul dans le monde des morts dans Les Tha-natonautes (1994). Leurs péripéties dans l’au-delà les amènent ensuite à devenir des anges dans L’empire des anges (2000) et fi nalement des apprentis dieux dans Nous les dieux (2004) et dans Le souffl e des dieux (2005). Le mystère des dieux, der-nier tôme de la trilogie du cycle des dieux, nous raconte la conclusion des aventures de Michael Pison en tant qu’apprenti dieu.

Le scénario prend place en Ae-den, parmi les dieux et les chimè-res de la mythologie grecque. Afi n de déterminer qui pourra passer au niveau de conscience supérieure, tous les apprentis dieux s’affron-tent dans une joute où l’histoire de l’humanité est recréée. L’élève dieu qui réussira, par sa religion, à gui-der son peuple vers la victoire sera le vainqueur et pourra s’élever au niveau supérieur.

L’histoire, assez originale dans son concept, est plutôt entraînante au début de la trilogie. Toutefois, l’intrigue se perd rapidement dans les longs récits historiques sur l’évo-lution de l’humanité, et ce, dès le second tôme. L’auteur, par son slo-gan : « Et vous, à la place de dieux, comment referiez-vous l’histoire? », se vante de réécrire le récit de l’hu-

manité alors qu’il ne fait que le ré-péter. De plus, il réutilise sans cesse les mêmes proverbes et morales tout au long de la trilogie. Morales qui avaient déjà été présentées dans la série du même auteur Les Four-mis, parue de 1991 à 1996.

Finalement, la conclusion de la trilogie prétend nous dévoiler ce qu’il y a de supérieur à Dieu, un su-jet plutôt risqué et controversé que l’auteur n’a pas su maîtriser. La fi n de l’histoire nous paraît bâclée par son manque d’originalité fl agrant et est assez décevante.

Si vous avez comme moi dévoré les romans précédents de l’auteur, je vous conseille fortement de ne pas lire la trilogie du cycle des dieux afi n de conserver la bonne opinion que vous avez de cet auteur.

Il y a plus d’un an déjà, le gouvernement fédéral annonçait qu’un impressionnant montant de 98.1 millions de dollars serait investi dans l’infrastructure culturelle. Le

montant était destiné à cinq institutions ma-jeures de la région : le Musée canadien de la nature, le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée canadien des civilisations, le Musée canadien des sciences et de la technologie et le Centre national des Arts. Plus précisé-ment on cherchait à remédier à des maux urgents. Cet investissement a suscité diver-ses réactions que l’on pourrait disséquer en deux sentiments dont l’ordre d’apparition est interchangeable. Certains citoyens étaient

d’avis le projet et du même coup outrés par l’état des choses qu’ils ignoraient. Pour d’autres, moins inquiétés par la situation des cinq institutions, c’était plutôt la déci-sion de consacrer un tel montant à ce secteur qui était scandalisant. Une situation aussi contradictoire me pousse à me poser de sé-rieuses questions au sujet des infrastructures artistiques et culturelles à Ottawa. Sont-elles en bon état? Sont-elles assez nombreuses? Enfi n, qu’en fait-on et desservent-elles la communauté? La tournure des événements entourant la planifi cation du 29e Salon du livre de l’Outaouais a entamé quelques pis-tes de réponse à ce questionnement. Alors

que la ville contemplait se défaire du Palais des Congrès de Gatineau, les organisateurs du SLO ont dû établir un plan B. L’idée de déménager l’événement les laissait tout de même incertains au sujet de l’avenir du SLO, un événement culturel majeur pour la ville de Gatineau. Les événements culturels se fe-raient donc de fausses idées en croyant avoir une place de choix (dans tous les sens du ter-me) dans la région de la capitale nationale. Contact ontarois n’est également pas à l’abri de cette lacune. L’événement se déroule au MIFO, bien que l’endroit ne soit pas assez grand, ni à proximité d’un hôtel. La possibilité d’adopter le futur Centre des Arts d’Orléans (dont l’inaugu-

ration est prévue pour l’automne 2008) comme nouvelle niche pour Contact ontarois a été dis-cutée. Toutefois, seulement 80 chambres sont prévues pour l’hôtel qui y sera bâti. Encore une fois, les infrastructures ne répondront pas entiè-rement à la demande. Comme l’explique Frédé-ric Julien pour Contact ontarois, « il est possible qu’on se retrouve avec une belle salle qu’on ne pourra pas utiliser parce qu’il n’y a pas d’hôtel avec une capacité suffi sante. Ça demeure un gros défi . »

Gros défi , on l’espère, puisque la tâche est à la hauteur des attentes du milieu culturel et artistique, et elle se cherche un plus grand toit.

Milieu culturel grandissant recherche infrastructures suffi santesClaude Rochon, chef de pupitre, adjointe, Arts et culture

L’art sauvera le monde

Blaise D. GuillotteClaude [email protected] Arts et Culture

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Arts et Culture

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le 14 janvier 2008

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Valérie Mandia

Né à Lima au Pérou, l’artiste Ma-nuel Lau tisse ses toiles à partir des couleurs qui composent son

être : péruviennes, chinoises et cana-diennes. « Homme rapaillé », il puise dans les sources de sa mémoire, afi n de ramener à la surface des expérien-ces qui ont marqué sa vie. Son travail est surtout infl uencé par la culture latino-américaine, d’où émanent les effl uves d’une crépitation de cou-leurs riches et chaudes. Lau l’affi rme lui-même : « Mon travail étant prin-cipalement infl uencé par la culture latino-américaine, il s’y dégage donc une ambiance festive et carnavales-que, caractéristique de la joie de vi-vre des hispanophones. »

Arrivé à Montréal en 2004, Lau présente des œuvres où animaux, paysages et habitants résident dans un même monde enluminé. Amal-gamant diverses techniques, le tra-vail de l’artiste est bien particulier. De la lithographie à la gravure sur bois, les œuvres de Lau traduisent bien le caractère mixte de l’artiste. L’artiste replonge donc dans ce pro-cédé ancien afi n d’imprégner ses œuvres de ses nombreux voyages colorés. Creusant des canaux me-

nant aux lisières de ses souvenirs, il transporte donc le spectateur sur les routes sinueuses qui ont forgé sa main d’artiste.

Ce créateur de la relève a étudié en 1997 et 1998 à L’Institut d’art en gravure, au Capilano College de Van-couver. Il a également étudié dans son pays natal à la Escuela Nacional Autónoma de Bellas Artes. Lau a aussi été artiste en résidence au Ca-nada, en Allemagne, en Belgique. Ses périples ont donc laissé une profonde trace dans son travail artistique. Cet artiste de la relève est récipiendaire de plusieurs prix et bourses, dont deux en 2007, soit le Prix Holbein du Japon pour la cinquième Exposi-tion de Gravure sur bois KIWA, ainsi qu’une bourse de déplacement du Conseil des Arts du Canada.

Les passionnés d’art auront l’oc-casion de plonger au cœur de son travail à partir du 18 janvier, alors que l’artiste présentera ses œuvres au Centre d’exposition Art-image de la Maison de la culture de Gatineau. Marie-Hélène Giguère, artiste et coordonnatrice des espaces d’expo-sition de la Maison de la culture, est fi ère d’accueillir cet artiste graveur : « Je suis fi ère d’avoir invité cet artis-te débordant de talent. Ce n’est pas

tous les jours qu’on invite des artis-tes, mais son travail et sa palette ne cessent de m’emballer. »

Rentrant d’un voyage de recherche entre les deux Amériques et l’Europe, Lau a choisi d’intituler cette exposi-tion Déplacements. Celle-ci présen-tera des lithographies, des aquarel-les ainsi que des impressions, pour un total de 354 œuvres. Parsemées d’odeurs, de couleurs et de saveurs, ces œuvres transporteront le visi-teur dans l’univers visuel de Rome, Venise, Kassel, Barcelone, Paris, Cuzco, Trois-Rivières, Vancouver et Pembroke. L’atmosphère du centre d’exposition s’en trouvera transfor-mée alors qu’un imposant contraste opposera l’exposition actuelle de Reid McLachlan et celle de Lau. La galerie en sera illuminée alors que s’y imprègneront les rouges virulents de l’artiste graveur, alors que Les vérités teintées de gris de Reid McLachlan présentaient les couleurs plus ternes de notre Amérique du Nord.

Ne manquez pas le vernissage de Déplacements qui aura lieu le 18 janvier de 18h à 20h au Centre d’exposition Art-image à la Maison de la culture de Gatineau, au 855, boulevard de la Gappe.

Les couleurs festives de Manuel Lau

ARTS VISUELS CALENDRIER

Be/Longing de Farouk Kaspaules Quand? Jusqu’au 3 février Où? Ottawa Art Gallery, 2 avenue Daly

Pascal GrandmaisonQuand? Jusqu’au 17 févrierOù? Musée des beaux-arts du Canada, 380 promenade Sussex

L’art de lire – La photographie et le livreQuand? Jusqu’au 16 marsOù? Musée des beaux-arts du Canada, 380 promenade Sussex

Ikebana: RenaissanceQuand? Jusqu’au 3 févrierOù? Musée canadien de la Nature, 240 rue McLeod

ARTS VISUELS

CALENDRIER DU 14 AU 21 JANVIER 2008

MacbethQuand? Jusqu’au 26 janvierOù? Centre national des Arts, 53 rue Elgin

THÉÂTRE

Kid KoalaQuand? Le 17 janvier à 22hOù? Heaven Nightclub, 400 rue Dalhousie

Lancement de disque : Anique GrangerQuand? Le 17 janvier, à 20hOù? Petit Chicago, 50 du Portage, Gatineau (secteur Hull)

Lancement de disque : J’envoieQuand? Le 18 janvierOù? Barrymore’s Music Hall, 323 rue Bank

Young Galaxy et HolleradoQuand? Le 18 janvier Où? Zaphod Beeblebrox, 27 rue York

Lancement de disque : DyaLekQuand? Le 18 janvier à 20hOù? Mercury Lounge, 56 Byward Market

Pascale PicardQuand? Le 19 janvierOù? Zaphod Beeblebrox, 27 rue York

MUSIQUE

Soirée d’information au sujet du Programme de fi nancement des arts de la ville d’Ottawa

Quand? Le 15 janvier à 19hOù? Hôtel de ville d’Ottawa, salle Richmond, 110 rue Laurier O.

16e anniversaire du Independent Filmmakers Co-operative of Ottawa (IFCO)

Quand? Le 15 janvier à 19hOù? Mercury Lounge, 56 Byward Market

Festival de musique Believe the HypeQuand? Du 17 au 19 janvierOù? 1848Site Web : www.believethehypefest.blogspot.com

Stories and Songs Quand? Le 19 janvier à 19hOù? Bibliothèque et Archives Canada, 395 rue Wellington

AUTRES

LaRotondeLe journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

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Arts et culture

Le vernissage de Déplacements aura lieu le 18 janvier de 18h à 20h au Centre d’expostion Art-image à la Maison de la culture de Gatineau.

Claude Rochon

Du 16 au 19 janvier, lors de la 27e édi-tion de Contact ontarois, 32 artistes donneront un avant-goût de ce que les arts de la scène au Canada auront à offrir pour la nouvelle année.

Contact ontarois, une activité de Réseau Ontario, est un regroupe-ment artistique ayant comme mis-sion d’agir à titre de protagoniste des arts de la scène. Une fois par année, l’évènement regroupe dif-fuseurs, artistes et public et donne lieu à des ateliers de formation, des activités de réseautage et à la pré-sentation de vitrines. Ces activités font non seulement la promotion d’artistes canadiens, mais elles per-mettent également aux diffuseurs de la région et d’ailleurs de commencer à planifi er leur programmation.

Le terme « vitrine » est utilisé par les organisateurs de Contact on-tarois pour désigner les extraits de spectacles accompagnés de brèves entrevues que les artistes présen-teront aux diffuseurs et au grand public. Frédéric Julien, directeur général de Réseau Ontario, raffi ne l’analogie en décrivant le concept des vitrines : « On pourrait dire que pour les diffuseurs c’est un peu comme un buffet où il est possible de goûter à tout. Pour le public, c’est davantage un repas gastronomique en cinq services. » Cette année, fi gu-rent au menu de nombreux artistes, incluant Andréa Lindsay, Swing, Pascale Lejeune, Numéro#, Nabila Ben Youssef et plusieurs autres.

Parcours ascendant

En 1979, les arts de la scène de la région ne connaissaient pas l’hé-

Sophie Bernard-Piché

J’envoie est un groupe de la région d’Ottawa/Hull qui a vu le jour en 2004. Le groupe à la sonorité s’ap-parentant à la musique progressive des années 70 au Québec lancera son prochain album le 18 janvier prochain au Barrymore’s Music Hall.

La rencontre de Nathan Medema (basse), Olivier Fairfi eld (multi-ins-trumentiste), Patrick Sénécal (bat-terie) et Pier-Luc Clément (guitare) donne un résultat éclectique des plus intéressants. Ces quatre musi-ciens, qui sont avant tout des amis, nous présentent aujourd’hui leur maxi (ou EP), résultat de plus d’un an d’attente et de travail.

La formation, qui s’est produite à plusieurs reprises dans les bars du Vieux-Hull et d’Ottawa au cours des années 2004 et 2005, avait réussi à se faire connaître au sein de la scè-

ne locale pour ensuite se faire plus discrète. En effet, les membres du groupe se sont impliqués dans dif-férents projets musicaux parallèles depuis deux ans, ce qui explique la sortie tardive de l’album, selon Pier-Luc Clément : « Il va sans dire qu’on avait hâte de sortir le maxi, mais nous devions trouver le temps pour le faire. »

La musique de J’envoie s’avère plutôt diffi cile à décrire sans tomber dans les qualifi catifs stéréotypés. Lorsqu’on demande à Clément et Sénécal quelles sont les infl uences pour leur création musicale, ceux-ci répondent que l’environnement y joue un rôle de premier plan. Pa-trick Sénécal, affi rme que le fait de pratiquer dans le secteur du Vieux-Hull amène les quatre musiciens à assister à des scènes de vie plutôt étranges ayant un impact sur leur musique. Pour ce qui est des in-fl uences musicales, ces derniers ont

beaucoup de diffi culté à s’étiqueter pour décrire leur style. Le batteur et le guitariste préfèrent laisser le public les découvrir, mais affi rment toutefois que leur musique se veut du rock instrumental. Le batteur de la formation souligne cependant que J’envoie ne s’est pas imposé de barrières musicales : « Si on trouve qu’il y a besoin de paroles, on va en ajouter. Si on trouve qu’il y a besoin de trompettes, on va en mettre. On a jamais ressenti le besoin de met-tre des paroles jusqu’ici, mais qui sait? ».

Lorsque questionné sur le pour-quoi d’un maxi plutôt que d’un album complet, Patrick Sénécal affi rme que le groupe a préféré s’at-tarder à cinq pièces bien fi gnolées plutôt que de se perdre dans un projet de douze compositions. Les membres du groupe perçoivent d’ailleurs le produit fi nal issu de la session d’enregistrement comme

térogénéité qui les caractérise aujourd’hui. C’est à cette époque que le Conseil des arts de l’Ontario a décidé d’organiser une conférence afi n de mettre en valeur les artistes de la région. Le résultat de celle-ci : Contact ontarois et Ontario Contact voient le jour. C’est en 2003, après que le rôle de Réseau Ontario au niveau de la gestion de l’évènement se soit accru, que l’évènement leur a été entièrement transféré. Ontario Contact a également encore lieu et est, pour sa part, passé aux mains du CCI - Ontario’s Arts Presenting Network. Par contre, l’identité fran-co-ontarienne se dégage fortement de Contact ontarois, ce qui lui don-ne une dimension culturelle tout à

fait singulière. Julien ne néglige pas cette différence au niveau de la mis-sion : « Nous sommes conscients de la valeur que Contact ontarois a au niveau du rôle de phare au sein de la communauté. »

Engouement

Depuis son changement d’adminis-tration, l’évènement s’est grande-ment développé. Un volet scolaire a été mis en place, permettant l’exis-tence d’ateliers de formation des-tinés aux membres, aux diffuseurs et au milieu scolaire. Au cours des dernières années, l’engouement général pour l’évènement s’est dif-fusé sur plus d’un tableau. Seule-

ment l’an dernier, l’évènement a attiré 208 délégués (diffuseurs et observateurs), 315 artistes et pro-ducteurs, 250 spectateurs et 240 élèves du primaire, pour un total de plus de 1000 participants. Des chiffres qui, prévoit-on, devraient augmenter encore cette année. Le directeur général de Réseau Onta-rio se réjouit d’une telle participa-tion : « Chaque année, je m’étonne de voir que les médias de partout en Ontario s’intéressent à ce qui se passe à Contact ontarois. C’est vrai-ment un évènement majeur, dont les gens sont fi ers. » On ne peut nier son importance, puisqu’on compare aujourd’hui sa stature à celle du Prix Trillium et de la Nuit sur l’étang.

Ouverture et détachement

Contact ontarois est dédié à la pro-motion des arts visuels, mais il s’agit d’une délimitation du sujet qui pourrait être transgressée pour lais-ser place à une variété de genres ar-tistiques. Cette année, par exemple, le Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRA-VO) sera présent à la Salle Contact.

Effectivement, selon Julien, la porte est ouverte sur une création plus libre et diversifi ée qu’elle le fut jadis. Alors qu’à la création de Contact ontarois le discours identi-taire était encore prédominant, de nos jours « on s’identifi e comme franco-ontarien parce qu’on est fi er d’être franco-ontarien, mais il n’y a pas un discours identitaire volontaire autre que d’affi rmer qui on est ». Sur la scène artistique, on retrouve toujours certaines traces, historiques ou revendicatrices, de cette quête, mais elle n’est plus le but visé par les artistes. Comme le déclare Julien, la diversité prend le dessus : « L’identité franco-on-tarienne d’aujourd’hui est très plu-rielle [...] Ce n’est donc pas quelque chose qu’on peut aisément dépein-dre avec un seul geste artistique. C’est quelque chose de beaucoup plus complexe que ça. » Reste que cela n’entraîne aucune perte au ni-veau de la richesse créative. « Je crois que nos artistes sont rendus à une étape où ils expriment ce qu’ils ont à exprimer d’abord comme ar-tistes tout en étant conscients de leurs origines. »

Pour plus de renseignements sur Contact ontarois ou pour se pro-curer des billets, au coût de 11$, consultez le www.reseauontario.ca.

Contact ontarois réinvente le lèche-vitrineLES ARTS DE LA SCÈNE EN ONTARIO FRANÇAIS

J’envoie, du rock instrumental à l’état pur!LANCEMENT DE DISQUE

J’envoie lance son maxi le 18 janvier au Barrymore’s Music Hall. Photo par Sarah Kirwan

un mini-album et non pas comme un amalgame de chansons choisies au hasard. Chaque composition a sa place de façon à ne laisser aucun espace aux pièces superfl ues. Il précise d’ailleurs que la sortie du disque s’est bel et bien fait atten-dre, mais que la participation de

Harris Newman, l’homme à la tête du studio Grey Market Mastering, travaillant depuis de nombreuses années avec plusieurs artistes de l’étiquette Constellation de Mon-tréal, en a valu le coup. En effet, Newman, qui est responsable de la «masterisation» de l’album, a contribué à la sonorité particulière du tout premier opus de la forma-tion.

Bref, J’envoie sort certainement des chemins battus et propose une musique à la fois ambiante et capti-vante. La formation espère pouvoir conquérir de nouveaux amateurs de musique avec la sortie du maxi en plus de reconquérir les fans qui les avaient découverts à leurs tous dé-buts. Les deux membres du groupe ajoutent que leur prestation ne lais-sera personne sur sa faim, puisque l’énergie du renouveau sera certai-nement au rendez-vous le 18 jan-vier.

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Simon [email protected]

Sports

Simon Cremer

A près une performance im-pressionnante au tournoi Theresa Humes, à Concordia, à l’issue duquel elles se sont

méritées une médaille de bronze, les Gee-Gees tenaient à reprendre le calendrier du Sport universitaire ontarien du bon pied. C’est chose faite, alors que la formation otta-vienne semble avoir redoublé d’in-tensité, avec deux victoires contre deux rivales de division cette fi n de semaine.

Ottawa 3 Carleton 1Le match a bien commencé pour la troupe de Shelley Coolidge. En début de première période, Kayla Hottot s’amenait seule pour décocher un tir du poignet vif qui touchait le poteau avant de déjouer Valérie Charbon-

neau. Jennifer Gordon assurait la réplique quelques instants plus tard, alors que l’attaquante de Carleton faisait à son tour preuve d’un bel ef-fort pour niveler la marque.

Après un premier tiers chaudement disputé, Ottawa a connu une légère baisse de régime au retour des ves-tiaires. Jessika Audet a eu à se signa-ler à quelques reprises devant le fi let ottavien en deuxième période. Les Gee-Gees ont tout de même réussi à créer bon nombre de chances autour du fi let de Charbonneau, sans toute-fois trouver la touche de fi nition.

La recrue Cassandra Breukel-man a fi nalement rompu l’égalité en début de troisième période, alors qu’elle a su, à genoux, récupérer un retour de lancer de Mandi Duhamel pour enfi ler son 3e but de la saison. À peine quelques instants plus tard, Érika Pouliot donnait une avance de deux buts à son équipe, alors qu’elle

tentait de rejoindre Hottot dans l’enclave. Sa passe de derrière la li-gne des buts s’est retrouvée entre les jambières de Charbonneau, avant de trouver le fond du fi let.

Audet mettait un terme à la ren-contre de belle façon, alors qu’avec cinq secondes à faire à l’engage-ment, et une sixième attaquante des Ravens sur la glace, elle attrapait au vol un tir peu commode. « La ron-delle a rebondi sur la glace, je ne l’attendais pas là où elle est venue », commente-t-elle.

C’est une victoire qui venait juste à point pour les Gee-Gees, selon Audet. « Ça fait deux matchs de suite qu’on gagne contre Carleton. On voulait prouver que la première n’était pas un coup de chance. C’est sûr que ça fait du bien au moral. »

Les Gee-Gees avaient rencontré leurs voisines et rivales la semaine dernière, dans le cadre d’un tournoi

hors-concours à l’Université Concor-dia. Ottawa l’avait emporté sur les Ravens pour remporter la médaille de bronze. Les Ravens avaient jusqu’ici eu le meilleur sur les Gee-Gees, enle-vant en surtemps les deux premiers affrontements entre les deux équipes plus tôt cette saison.

Somme toute, une performance convaincante, si ce n’est parfaite, selon l’entraîneure Shelley Coo-lidge : « Nous avons eu une excel-lente première période. L’intensité a diminué pour nous en deuxième et Carleton faisait un excellent travail en désavantage numérique et pour bloquer nos tirs. »

Concordia 3 Ottawa 5Les Gee-Gees ont continué sur leur lancée dimanche, au Complexe sportif, alors qu’elles ont remporté leur match contre les Stingers de

l’Université Concordia.Kim Kerr et Cassandra Breukel-

man ont marqué en première, mais Rose Healy et Devon Rich assuraient la réplique pour Concordia.

Joelle Charlebois a déjoué Meggy Hatin-Léveillée en deuxième, avant que Kim Kerr donne défi nitivement les devants à Ottawa, comptant en désavantage numérique. Kayla Hot-tot a complété le pointage, alors qu’Ottawa évoluait à cinq contre quatre.

Kerr a terminé le match avec trois points, assistant sur le but de Char-lebois. Taryn Brown a récolté deux passes dans la victoire. Melissa Di-Petta a réalisé 12 arrêts devant le fi let ottavien, face aux 35 de son ho-mologue montréalaise.

Les Gee-Gees joueront un match spécial contre les Ravens de Carle-ton mercredi prochain, à la Place Banque Scotia.

Deux victoires pour bien commencer l’annéeHOCKEY FÉMININ

Les Gee-Gees l’ont emporté sur leurs éternelles rivales, les Ravens de Carleton, samedi soir dernier. Photo par Simon Cremer.

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Sports

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Sports le 14 janvier 2008

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Après s’être bâti une avance de trois buts, les hommes de Dave Leger n’ont su que soutirer un point lors de leur récent passage à l’Université York, cédant la victoire en fusillade par la marque de 5-4.

Ottawa avait pourtant entamé le match de belle façon, se taillant une avance de 4-1 après le premier 20. Martin Hérard, Sean Grady et Dan McDonald ont tous trompé la vigi-lence de Andrew Arklie, le dernier à deux reprises. Les Gee-Gees ont cependant laissé les Lions de York revenir dans le match en fi n d’enga-gement, alors que Matt Willoughby faisait 4-2 en fi n de deuxième. Jo-nathan Southgate a déjoué à deux reprises Martin Bricault en fi n de troisième période pour niveler la marque. York s’est ensuite mérité le point supplémentaire au classement en l’emportant en fusillade.

Une fi n de semaine importante attend les Gee-Gees (9-9-2), alors qu’ils recevront deux fois les Pa-triotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (15-4-1), vendredi et samedi prochain, au Complexe sportif.

-Simon Cremer

Défaite en fusillade pour les Gee-Gees

L’équipe de basket-ball féminin de l’Université d’Ottawa est toujours en quête d’une première victoire cette saison, alors qu’elle s’est inclinée 66-59 contre les Rams de Ryerson, puis 89-48 contre les Varsity Blues de l’Université de Toronto.

Une belle remontée en deuxième moitié de match n’a pas été suffi -sante pour combler l’écart face aux Rams de Ryerson (2-12) vendredi. Émilie Morasse et Katie Laurie ont été les meilleures pointeuses, avec respectivement 14 et 13 points. Lisa Goldring et Rebecca Cox en ont de leur côté amassé respectivement 21 et 18 pour Ryerson.

Les Blues de Toronto (11-3) ont par la suite imposé leur jeu dans un match à sens unique samedi, l’em-portant fi nalement 89-48.

Les Gee-Gees seront de passage aux universités Laurentienne et York, la fi n de semaine prochaine, avant de prendre part à la Classique de la Capitale, samedi le 26 janvier, à la Place Banque Scotia, contre les Ravens de Carleton (3-10).

-Simon Cremer

Maxime Goulet

Ottawa 3, Guelph 0(25-20, 25-10, 25-18)

F ort de sa deuxième position au tournoi ouvert 2008, le Gris et Grenat affrontait l’équipe des Griffons (5 – 6) de l’Université

de Guelph. Le temps des fêtes était bel et bien terminé pour nos Gee-Gees qui n’ont pas fait de cadeau à leurs adversaires, l’emportant en trois sets convaincants de 25-20, 25-10 et 25 – 18.

Dès le premier set, la domina-tion ottavienne sautait aux yeux. Plus organisées défensivement, plus puissantes offensivement,

nos Gee-Gees devaient toutefois se méfier de ne pas prendre leurs opposants à la légère. L’entraîneur ottavien Lionel Woods ne crai-gnait pas pour ses joueuses : « El-les aiment beaucoup le volley-ball […] Elles gardent leur concentra-tion dans ces circonstances, tout simplement parce qu’elles aiment ce qu’elles font. »

Laura Simons, nommée joueuse du match, a encore une fois offert une performance remarquable, distribuant les passes avec la pré-cision qu’on lui connaît. Notons aussi quelques touches surprises qu’elle envoyait çà et là, mystifi ant presque chaque fois les joueuses des Griffons. Au deuxième set, Gagnon, capable de puissants smashs, a dé-

montré qu’elle aussi savait jouer de fi nesse. À deux reprises, elle a pro-fi té de belles passes de Simons pour placer le ballon juste derrière les blocs adverses.

Ariane Thibault, moins domi-nante qu’à l’habitude en début de rencontre, n’a pas pris beaucoup de temps à se réveiller et a terminé la rencontre avec treize points. À l’ins-tar de sa coéquipière, Lamey s’est permis plusieurs frappes autoritai-res, profi tant souvent de longues passes de la placeuse.

Malgré quelques petits manques de communication ainsi que quel-ques services ratés qui ont coûté des points à la troupe de Woods, les Gee-Gees ont su faire face à la nou-velle stratégie adoptée dans le troi-

sième set par Guelph, qui espérait trouver une faille dans la défensive ottavienne.

C’est d’ailleurs avec une dé-monstration de puissance de Kari-ne Gagnon que le match a prit fin. La passe flottante de Simons lui a donné le temps nécessaire pour catapulter un ballon en plein tho-rax de la passeuse de Guelph. Les Griffons ont fait de leur mieux et elles se sont bien battu, mais nos Gee-Gees se devaient de garder le momentum en prévision du match du lendemain qui les opposait à l’Université McMaster, formation qu’elles ont vaincu en finale de championnat du Sport universi-taire ontarien (SUO) l’année der-nière.

Autre semaine di� cile pour la troupe de Brown

VOLLEY-BALL FÉMININ

Retour au travail

Simon CremerRomain Guibert

McMaster 3 Ottawa 1(30-28, 24-26, 25-22, 25-23)

L es Marauders de l’Université McMaster (9-3) ont soutiré de justesse une victoire au pavillon Montpetit, samedi

dernier, dans une reprise de la fi -nale ontarienne de l’an passé. Alors que la troupe de Lionel Woods avait remporté la fi nale du Sport universi-taire l’an passé, cette fois, c’est Heidi

Bench et ses coéquipières qui ont eu le dernier mot, dans un match ma-rathon des plus spectaculaires.

Les deux formations ont affi ché leurs couleurs dès le premier set, qui s’est fi nalement terminé par la marque de 30-28 en faveur de Mc-Master, malgré des erreurs répétées en défensive en début de rencontre. Après un début diffi cile en deuxiè-me set, les Gee-Gees ont réalisé une belle remontée en marquant six points consécutifs, pour fi nale-ment l’emporter à l’arrachée 26-24, créant ainsi l’égalité 1-1.

En troisième manche, les Gee-

Gees se sont à nouveau retrouvées tirant de l’arrière, mais le jeu inspiré de Christine Lamey et Ariane Thi-bault leur a tout de même permis de revenir à 18-18. C’était cependant trop peu trop tard, alors que les Ma-rauders ont été en mesure de garder leur avance, pour fi nalement pren-dre une priorité d’un set.

Mais McMaster a fi nalement eu le dessus en quatrième manche. Après avoir cédé une avance de 7-3 en début de set, les Marauders ont à leur tour effectué une remontée impressionnante, en route vers un score fi nal de 25-23 en faveur de la

formation de Hamilton.Heidi Bench a mené les siennes

dans la victoire, totalisant 20 atta-ques décisives, alors que Christine Lamey en a compté 18, en plus de réaliser 28 récupérations. Véronique Yéon s’est également démarquée en défense, complétant 29 récupéra-tions, dont plusieurs spectaculai-res, dans un match aux échanges souvent très longs, et chaudement disputés.

La troupe de Lionel Woods pro-fi tera d’une semaine de répit, avant de recevoir l’Université Laurier (8-5) vendredi le 25 janvier.

Les Marauders ont in extremis le meilleur des Gee-Gees

BASKET-BALL FÉMININ

HOCKEY MASCULIN

Christine Lamey smashe un ballon à la défensive des Gryphons de Guelph, vendredi dernier, au Pavillon Montpetit. Les Gee-Gees ont remporté leur match en trois sets contre Guelph, avant de s’incliner face aux Marauders de McMaster samedi dans une reprise de la fi nale ontarienne de 2007. Photo par Simon Cremer.

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Nous avons eu beaucoup de plaisir à découvrir la culture Allemande à l’Oktoberfest (bière géante, poulet, pretzel, drôle d’habillement…) !

SC: Maintenant, vous jouez tous les deux au hockey à temps plein. Est-ce que vous considé-rez ça comme une carrière en soi, ou est-ce que vous avez des plans pour plus tard?

JR : Pour moi, j’essaye de profi ter de l’expérience dont j’ai la chance vivre le plus possible car je n’est pas de plan à long terme concernant le hockey. Je n’ai pas encore décidé si je voulais jouer au hockey encore plusieurs autres années. J’essaye donc d’y aller année à la fois. Pour mon après carrière, j’aimerais bien demeurer dans le monde du hockey ou me lancer en affaire.

BM : J’aimerais pouvoir jouer au hockey aussi longtemps que je peux. Quand tu es un joueur de hockey, tu ne sais jamais ce que l’avenir te ré-serve. Moi aussi j’essaye d’en profi -ter le plus possible, et après ma car-rière de hockey j’aimerais devenir enseignant au secondaire.

Nous tenons aussi à saluer tous les gens à l’Université d’Ottawa et nous voulons souhaiter bonne chan-ce à toutes les équipes des Gee-Gees pour la fi n de la saison.

Simon Cremer : Comment est-ce que vous vous êtes retrouvés en Allemagne?

Jonathan Robert : Je me suis re-trouvé en Allemagne justement grâ-ce Benny. Ben venait juste de signer avec Kaufbeuren et je l’ai rencontré cet été. Nous avons commencé à parler de hockey, il m’a dit qu’il ve-nait de s’entendre avec Kaufbeuren. Je lui ai ensuite faite part de mon in-térêt pour l’Europe, il m’a donc mis en contact avec l’équipe et voila…Le monde du hockey n’est donc pas différent, les connaissances aident toujours.

Ben McLeod: C’est grâce a Larry Mitchell, mon agent. Larry a donné mon nom à plusieurs équipes en Europe et Kaufbeuren étais une des premières équipes à m’offrir un contrat. SC: Est-ce que Kaufbeuren est une grosse « ville de hockey »?

(JR et BM) Kaufbeuren est une petite ville de 45000 habitants mais c’est défi nitivement une ville de hockey. Les gens de Kaufbeuren sont vraiment passionnés, ils nous le laissent savoir quand ils sont contents, mais nous le laissent sa-voir aussi quand ils ne le sont pas. Les fans en Europe agissent comme au soccer. Cela veut dire qu’ils sont debout et ils chantent pendant 60 minutes. Il a donc beaucoup d’am-biance lors des joutes. Les fans de l’équipe organisent même des auto-bus pour venir assister au match sur la route.

Voici une anecdote pour vous dé-montrer la passion des fans : pour Ben et moi, c’est la première fois qu’on voyait ça. Lors d’une partie sur la route contre Füssen, les fans de Kaufbeuren lançaient des choses sur la glace durant le match. Ils ont donc demandé aux fans de Kauf-beuren de quitter l’aréna durant le match, les fans ne voulant pas quit-ter, ils ont arrêté le match au début de la 3eime période et donné la vic-toire à Füssen…

SC: Comment le niveau et le style de jeu en Allemagne se comparent-ils avec ceux du hockey universitaire?

JR et BM : Le style de jeu est dif-férent en raison de la grandeur de la patinoire. En Europe nous

jouons sur une glace olympique (plus grande) tandis qu’au hockey Universitaire la plupart des arénas sont de grandeurs nord-américaine (LNH). La grandeur de la patinoi-re affecte le style de jeu par le fait qu’en Europe nous avons plus de place pour circuler sur la glace, le jeu est donc un peu moins physi-que car il est plus diffi cile de met-tre quelqu’un en échec. Avec cette différence, il est diffi cile de compa-rer le style de jeu, mais selon nous, les meilleures équipes au niveau universitaire pourraient rivaliser avec les équipes de notre ligue…

SC: Est-ce qu’il y a beaucoup de joueurs universitaires qui se retrouvent en Europe (en Allemagne ou ailleurs)?

JR et BM : De plus en plus, nous dirions que depuis les dernières années le niveau du hockey univer-sitaire au Canada a beaucoup évo-lué. Il n’est donc pas rare de voir des joueurs universitaires poursui-vre leur carrière après leurs étu-des. Beaucoup proviennent égale-ment des universités Américains…

SC: Ça n’a pas dû être évident de s’installer dans un nouveau pays... comment est-ce que l’adaptation au nouveau style de vie et à la culture allemande s’est faite?

JR et BM : Effectivement, nous pouvons confi rmer qu’il n’est pas facile de s’installer dans un nouveau pays. Surtout un pays avec une lan-gue différente. Il n’est pas toujours évident de se faire comprendre ou de comprendre quelqu’un. Il y a quand même à notre surprise beau-coup de gens qui possèdent une base en anglais. Pour faciliter le tout, nous prenons des cours d’al-lemand à raison d’une fois par se-maine avec une dame qui travaille pour l’équipe… La culture alleman-de n’est cependant pas trop loin de notre culture, le langage est donc le plus la grande diffi culté (menu au restaurant, acheter les bons ali-ments à l’épicerie, etc.). Cependant, nous avons la chance moi et Benny de vivre ce choc culturel ensemble, nous voulons dire que moi et Benny nous nous connaissions avant de se rendre en Allemagne, donc il est toujours un peu plus facile de pas-ser au travers ce genre d’expérience quand tu connais déjà quelqu’un …

Des Gee-Gees de l’autre côté de l’Atlantique

Jonathan Robert (numéro 22, en haut) et Ben Mcleod (numéro 12, en bas), deux anciens Gee-Gees, évoluent maintenant en Allemagne, pour le ESV Kaufbeuren. Photos de esvk.de.

Les joueurs de hockey universitaires canadiens sont rares à se faire une place dans une ligue profession-nelle. Pourtant, c’est ce que Jonathan Robert et Ben McLeod ont réussi à faire. Les deux attaquants, qui

ont tous deux évolués trois ans avec le Gris et Grenat, jouent maintenant pour le ESV Kaufbeuren, dans la ligue de hockey professionnelle allemande. Simon Cremer de La Rotonde s’est entretenu via Internet avec les deux athlètes.

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Sports

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Sports le 14 janvier 2008

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Les Gee-Gees ont connu un passage en dent de scie dans la capitale on-tarienne, alors que la formation de basket-ball masculin a remporté sa rencontre face à Ryerson, mais s’est inclinée contre l’Université de To-ronto.

La troupe de Dave Deaveiro a eu le meilleur des Rams de Ryerson

75-64 vendredi soir. Josh Gisbon-Bascombe et Sean Peter ont mené Ottawa avec respectivement 25 et 21 points, alors que David Labentowicz a accumulé 14 récupérations dans la victoire. Boris Bakovic a été le mar-queur le plus prolifi que des Rams, avec une récolte de 15 points.

Les Varsity Blues de l’Université

de Toronto ont infl igé une deuxième défaite cette saison aux Gee-Gees, s’imposant 71-65. Dax Dessureault a totalisé 21 points pour le Gris et Grenat, face à 22 pour Ahmed Na-zmi, des Blues.

Les Gee-Gees ont maintenant une fi che de dix victoires et deux défai-tes, se classant tout juste derrière

les Ravens de Carleton, toujours in-vaincus en 12 matchs. Les hommes de Dave Deaveiro seront à nouveau sur la route la fi n de semaine pro-chaine, avant de recevoir ces mêmes Ravens à la Place Banque Scotia, sa-medi le 26 janvier, dans le cadre de la seconde Classique de la Capitale.

-Simon Cremer

Finalement! Après avoir battu deux équipes classées au fameux Top 10 national, les hommes de Dave Dea-veiro ont leur place « offi cielle » parmi l’élite du pays. C’est à peu près

temps, me direz-vous, avec une fi che de 10 victoires et deux défaites. Les équipes mascu-line de natation et féminine de volley-ball ont également percé leurs listes respectives. Rien de surprenant de ce côté non plus, sinon le fait qu’il aura fallu attendre la moitié de la saison pour que les entraîneurs du pays reconnais-sent leurs places respectives.

C’est une excellente idée de faire un Top 10 des équipes interuniversitaires au Ca-nada. Chaque mardi, les entraîneurs de chaque discipline votent pour déterminer quelles formations sont les plus fortes au pays. Et franchement, qui est mieux placés que ces entraîneurs, dont le travail est – en-tre autres – de savoir ce qui se trame dans le camp adverse. L’énergie dépensée par les entraîneurs des formations interuniversitai-res doit être phénoménale. On peut égale-ment supposer que, par respect pour leurs collègues, tous votent en toute honnêteté,

de la façon la plus objective possible, pas vrai?

En théorie, sans aucun doute. Mais voilà : dans certains sports, comme le basket-ball masculin, justement, le Top 10 a une inci-dence directe sur les équipes qui se rendent au championnat national.

Une mini-controverse semble se tramer, en basket-ball masculin, selon certaines sources. Le championnat national de cette année se déroulera à l’Université Carleton. La même Université Carleton qui est en tête de la section Est du SUO, et qui est également classée première au pays depuis le début de l’année. Celle-là aussi dont les Ravens sont champions nationaux depuis les cinq derniè-res années.

Une des places dans le championnat na-tional est attribuée à une équipe selon son classement en saison régulière dans le Top 10 national. Les Gee-Gees étant déjà une équipe de haut calibre, la rumeur veut que les entraî-neurs aient décidé de ne pas voter pour Ottawa spécifi quement, pour les empêcher de profi ter d’une chance supplémentaire de participer au championnat du SIC.

Tout ça pour dire que le Top 10 est un ex-cellent concept, mais il reste diffi cilement réalisable. Quand une équipe débarque en ville, c’est diffi cile pour un journaliste local de savoir ce qu’elle vaut vraiment. On peut faire dire n’importe quoi aux statistiques, c’est bien connu, et la seule autre référence, c’est ce clas-sement national qui est, du moins dans certai-nes disciplines, biaisé.

Je pense que c’est en partie ce qui fait que le grand public ne s’intéresse pas spécialement aux sports universitaires : personne, mis à part les entraîneurs, ne sait quelle équipe vaut quoi. Le classement national est un moyen de palier à la situation, mais un moyen imparfait. C’est le rôle des médias d’informer ce public, me direz-vous. Je suis bien d’accord, et je fais ce que je peux.

Regardez ce qui se passe dans les sports professionnels. Qui d’entre vous a déjà vu un match opposant l’Avalanche du Colorado et les Flames de Calgary? Ou les Sharks et les Red Wings? Pas grand monde, je présume, et pourtant, tout le monde sait que ce sont des grosses machines. Pourquoi? Parce que RDS, TSN et les autres en parlent quotidiennement.

Mais pas des équipes interuniversitaires. En fait, ça n’est pas tout à fait vrai. Ils en parlent lors d’évènements importants, comme quand deux grandes équipes rivales s’affrontent, no-tamment (tiens, tiens…) Carleton et Ottawa, en basket.

Les conférences sont trop isolées dans le Sport interuniversitaire canadien. Non sans raison : je doute que beaucoup d’équipes spor-tives tiennent à se taper une demi-douzaine de voyages en avion pour aller jouer contre les universités à l’autre bout du pays. Question de temps, d’argent et de logistique.

C’est dans le cadre de rivalités régionales que le sport universitaire est à son meilleur.

Au lieu, on se retrouve avec quatre associa-tions (Ouest, Ontario, Québec et Atlantique, dans la plupart des sports) ayant un niveau de compétition qui varie énormément. Ce sont aussi quatre associations qui n’ont pas grand-chose en commun, sinon le championnat na-tional à la fi n de la saison.

Pour ce qui est du Top 10, chacun en fait ce qu’il en veut. En bout de ligne, c’est un point de repère, et non une référence.

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Les Gee-Gees dans le Top 10Simon Cremer, chef de pupitre, Sports

Prolongation

Une victoire, une défaite pour les Gee-Gees à TorontoBASKET-BALL MASCULIN

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Photos par Simon Cremer.

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le 14 janvier 2008 Sports

www.larotonde.ca • 17

HOCKEY FÉMININ - FQSÉ

ÉQUIPE PJ V D

MCGILL 11 11 0

OTTAWA 11 5 4

CARLETON 12 4 8

CONCORDIA 12 3 9

DP +/- PTS

0 49 22

2 -5 12

0 -27 8

0 -17 6

// CLASSEMENTS // CALENDRIER DU 14-27 JANVIER //

HOCKEY MASCULIN - SUO FAR EAST

ÉQUIPE PJ V D

UQTR 20 15 4

MCGILL 17 12 4

CARLETON 21 10 9

OTTAWA 21 10 9

CONCORDIA 19 9 9

DP +/- PTS

1 33 31

1 24 25

2 -11 22

2 3 22

1 -9 19

BASKET-BALL MASCULIN - SUO EST

ÉQUIPE PJ V D

CARLETON 12 12 0

OTTAWA 12 10 2

TORONTO 12 9 3

QUEEN’S 12 8 4

% DIFF. PTS

1,000 +294 24

0,833 +132 20

0,750 +93 18

0,667 +90 16

RYERSON 12 4 8

LAURENTIAN 12 2 10

YORK 12 2 10

CMR 12 0 12

0,333 -45 8

0,167 -242 4

0,167 -164 4

0,000 -483 0

BASKET-BALL FÉMININ - SUO EST

EQUIPE PJ V D

TORONTO 14 11 3

YORK 13 11 2

LAURENTIAN 13 9 4

QUEEN’S 13 5 8

% DIFF. PTS

0,786 +185 22

0,846 +160 22

0,692 +140 18

0,385 -4 10

CARLETON 13 3 10

RYERSON 14 2 12

OTTAWA 13 0 13

CMR 13 0 13

0,231 -116 8

0,143 -237 4

0,000 -210 0

0,000 -476 0

VOLLEY-BALL FÉMININ - SUO EST

ÉQUIPE PJ V D

TORONTO 13 11 2

OTTAWA 11 10 3

YORK 11 7 4

LAKEHEAD 11 3 8

SG SP PTS

36 9 22

33 13 20

23 18 14

12 25 6

RYERSON 11 3 8

QUEEN’S 11 2 9

CMR 13 0 13

14 27 6

14 28 4

0 39 0

Hockey fémininContre Carleton, 19h, à la Place

Banque Scotia

MERCREDI 16 JANVIER

Hockey masculinContre Trois-Rivières, 16h, au

Complexe sportif

SAMEDI 19 JANVIER

Hockey masculinContre Trois-Rivières, 19h, au

Complexe sportif

VENDREDI 18 JANVIER

Hockey fémininContre Carleton, 14h, au

Complexe sportif

DIMANCHE 20 JANVIER

Hockey masculinContre UOIT, 14h, Complexe

sportif

DIMANCHE 27 JANVIER

Université d’Ottawa

Maîtrise en service social

École de service socialUniversité d’Ottawa1, rue Stewart, pièce 132Ottawa ON K1N 6N5 Tél. : [email protected]

• Programme professionnel agréé par l’ACESS depuis plus de 10 ans • Cheminement : un ou deux ans selon les études e�ectuées

Admission possible avec un baccalauréat avec concentration en sciences sociales, en sciences de la santé ou l’équivalent

Date limite : 1er février 2008

Volley-ball fémininContre Laurier, 19h, pavillon

Montpetit

VENDREDI 25 JANVIER

Volley-ball fémininContre Waterloo, 14h, pavillon

Montpetit

Basket-ballClassique de la CapitalePlace Banque ScotiaBasket féminin contre

Carleton, 16hBasket masculin contre

Carleton, 19h

SAMEDI 26 JANVIER

KAYLA HOTTOTL’attaquante de deuxième année a récolté deux buts dans les deux victoires des Gee-Gees en hockey féminin. Hottot et Érika Pouliot forment un duo dangereux en attaque, pour une équipe qui semble sur la bonne voie depuis le retour des vacances.

DAN MCDONALDLa saison en dent de scie continue pour les hommes de Dave Leger, en hockey masculin, mais Dan McDonald reste aussi productif. Il a participé avec deux buts dans la défaite en fusillade contre York. Il mène les siens avec 21 points en 18 matchs.

CHRISTINE LAMEYDeux autres matchs, deux autres performances magistrales de la part de Christine Lamey en volley-ball féminin. Sa moyenne de 4,07 attaques décisives par match est la meilleure dans le SUO, et est bonne pour la troisième place au pays.

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Les trois étoiles de La Rotonde Photos par Simon Cremer

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Opinion

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Opinion le 14 janvier 2008

18 • www.larotonde.ca

Catherine Ellyson

La rentrée à l’Université d’Ottawa a été marquée par le déménagement de la Faculté des sciences sociales du pavillon Tabaret — bâtiment re-connu pour son architecture remar-quable et nommé en l’honneur d’un des fondateurs de l’Université —, au pavillon Desmarais – tour à bureaux reproductible en série et nommée en échange d’un don monétaire impor-tant par le magnat canadien de l’as-surance-vie et des communications, Paul Desmarais. De plus, l’École de gestion, partageant ce nouveau pa-villon Desmarais, a été rétroactive-ment nommée l’École de gestion Tel-fer, du nom du président actuel de GoldCorp Inc., compagnie minière poursuivie par le gouvernement du Honduras pour pollution excessive. S’ajoutant à cela, Starbucks a ouvert une succursale au premier étage du pavillon Desmarais et Second Cup exploite désormais un comptoir au sein-même de la bibliothèque, ser-vant cafés et gâteaux, menaçant li-vres et ordinateurs d’être souillés par ces produits alimentaires jadis pros-crits de ces lieux.

Les faits

La situation actuelle de la bibliothè-que de l’Université d’Ottawa consti-tue un cas de fi gure pertinent pour entrevoir la nature et mesurer l’in-tensité de la menace commerciale qui pèse sur la qualité du savoir et de l’éducation. Une fois que les livres n’auront droit de cité qu’à condition d’être compétitifs sur le marché des prêts, que la bibliothèque sera gé-rée suivant les plans stratégiques et commerciaux d’entreprises pu-rement marchandes (par exemple, Chapters), comment les étudiants et chercheurs pourront-ils se pencher sur des problématiques pointues mais néanmoins fondamentales à la compréhension des sociétés? Cette tendance s’est déjà faite sentir à l’Université d’Ottawa par le trans-fert de centaines de livres dans les annexes de la bibliothèque, tout cela pour permettre la construction d’un faux foyer et donner un style plus branché, plus lounge à ce soi-disant lieu de haut savoir.

zEst-ce bien là la mission de la bibliothèque d’un établissement qui se targue d’être « parmi les premiè-res universités canadiennes en ce qui a trait à la recherche »?

La dénomination récente du pa-villon Desmarais est l’une des ma-nifestations les plus fl agrantes d’une chaîne de transformation de l’Uni-versité en vue de l’aligner sur les besoins du marché. Pour découvrir

en quoi elle participe d’une tendance lourde de commercialisation à l’Uni-versité d’Ottawa, nous avons consul-té le document intitulé «Campagne de l’Université canadienne : Rapport aux donateurs 2007 ». Dans ce docu-ment, les organisateurs de la levée de fond se réjouissent : « La campagne de fi nancement la plus ambitieuse de l’histoire de l’Université a en ef-fet réussi à dépasser son objectif de 200 millions de dollars, à plus d’un an de l’échéance. En effet, les fonds recueillis excèdent 226 millions de dollars! » De ce montant, rappelons que Ian Telfer a donné 25 millions et Paul Desmarais 15 millions de dol-lars.

Mise à part l’absence de tout questionnement critique sur l’origi-ne des montants reçus, sur les moti-vations réelles des donateurs et sur les conséquences possibles d’une intrusion majeure d’intérêts com-merciaux sur le campus, un détail pour le moins surprenant attire l’at-tention. Il s’avère que le président exécutif de la campagne de fi nance-ment, un certain Gabriel Tsampalie-ros, est membre du Conseil d’admi-nistration de Second Cup Ltd.

En poussant la recherche, on apprend qu’il fut d’abord le pro-priétaire de Second Cup, jusqu’à ce qu’il vende son entreprise à Cara Operations Ltd. pour en devenir ra-pidement le président et chef de la direction. Aujourd’hui, cette société enregistre des revenus annuels qui frôlent les 1,8 milliards de dollars.

En 2005, après la rénovation coûteuse d’un lounge du pavillon Fauteux, l’Université d’Ottawa inaugure ce qui sera dorénavant appelé l’Atrium Tsampalieros, en l’honneur du père de ce mécène. De plus, la Faculté de droit a décerné à Tsampalieros le 4 juin dernier un doctorat honorifi que. Faisant l’étalage de toute la générosité de Tsampalieros, rappelant sa parti-cipation à la campagne de fi nan-cement 2007 et son engagement dans le Conseil d’administration de l’Université de Guelfe, les hauts di-rigeants de la Faculté de droit et de l’Université d’Ottawa oblitèrent les avantages matériels et symboliques évidents de telles implications dans la communauté.

En fouillant encore plus les re-lations entre l’Université d’Ottawa et Cara Operations et Second Cup, nous découvrons qu’un doctorat ho-norifi que a été octroyé à une autre dirigeante de Cara, détentrice de Se-cond Cup. En effet, Gail Regan, fi lle du fondateur de Cara et à la tête de l’entreprise aux côtés de Tsampalie-ros, a reçu un doctorat honorifi que de l’Université d’Ottawa en 2006,

soit un an plus tôt que son collègue. En regard du monopole alimen-

taire que détient sur le campus Chartwells, on peut se demander en quoi et auprès de qui Cara Ope-rations aurait pu intervenir pour as-surer la mise en place d’une succur-sale Second Cup à la bibliothèque. On apprend qu’il existe depuis 2001 une entente entre Cara Operation et Compass, entreprise britannique dont Chartwells est une fi lière et qui engrange des revenus annuels de près de 11 milliards de livres Ster-ling par année.

Par delà les faits :Une opposition de principe

Au-delà du choc initial causé par de telles transformations à l’Université d’Ottawa, plusieurs questions fon-damentales émergent, sur lesquel-les l’ensemble de la communauté universitaire, incluant étudiants, professeurs et gestionnaires, devrait collectivement se pencher. Quelle est la mission et quelles sont les fonctions d’une université? Jusqu’à quel point peut-on considérer le mi-lieu universitaire en tant qu’un mar-ché de consommateurs avant que sa mission et ses fonctions propres ne soient compromises?

Pour nous, le milieu universitaire se caractérise d’une part par sa mis-sion académique, de transmission et d’avancement des connaissances, et d’autre part par sa mission com-munautaire, de lieu de rencontres riches en possibilités, sorte de so-ciété en miniature. Nous partirons de cette défi nition pour distinguer entre elles les formes de commer-cialisation du milieu universitaire et pour déterminer celles qui pré-sentent la menace la plus probante aux fi ns de l’Université. Certaines distinctions entre quatre types de commercialisation de l’Univer-sité doivent être établies, à savoir l’alignement des programmes aux besoins du marché; les dons et le mécénat; l’achat du capital symbo-lique; et l’achat de l’environnement universitaire lui-même. Parce que relevant d’une logique bien diffé-rente que nous n’abordons pas ici, nous mettrons de côté l’aspect de (probable) commercialisation de l’université que représente l’aligne-ment des programmes aux besoins du marché.

Nous n’avons premièrement aucune intention de nous opposer au mécénat, dans la mesure où celui-ci est gratuit et non conditionnel à la dénomination de lieux ou à l’obten-tion d’honneurs académiques. Dans une certaine mesure, nous croyons qu’il peut s’avérer tout à fait justifi é

de nommer éventuellement un pa-villon au nom d’un mécène, mais cela doit demeurer un honneur of-fert, et non un accord négocié dans le cadre de ce qui s’apparente à des relations commerciales.

Dans la commercialisation par la vente par l’Université du capi-tal symbolique, le donateur offre un montant d’argent important en échange de la promesse, verbale, écrite ou sous-entendue, de déno-mination d’un lieu ou d’attribution d’honneurs académiques. Nous ne pouvons certes pas affi rmer que les dons de Telfer et de Desmarais sont venus suite à de telles promesses, ni que l’engagement dans la com-munauté universitaire par gens d’affaires a pour horizon le doctorat honorifi que, mais il demeure que la chronologie des faits et l’enche-vêtrement des relations laissent au moins planer un tel doute. Il est également déplorable que l’honneur magistral de la dénomination d’une salle ou d’un bâtiment en soit venu à être systématiquement associé à la signature d’un chèque.

S’il s’agit ici de l’achat pur et sim-ple du capital symbolique et d’une visibilité éventuelle — plutôt que d’un hommage à une personnalité marquante et inspirante — il fau-drait alors que l’Université l’admet-te clairement. De plus, de telles dé-nominations devraient être soumi-ses à des procédures transparentes, connues et même démocratiques. Jusqu’ici, cependant, on pourrait ar-guer qu’il ne s’agissait que de capital symbolique, son achat ne compro-mettant pas forcément les missions académique et communautaire de l’Université.

Dans le dernier type de commer-cialisation de l’Université, que nous appelons l’achat pur et simple de cet environnement, celui-ci est acquis et organisé par l’acheteur le plus offrant, rarement issu de la commu-nauté universitaire elle-même. Une illustration frappante de ce phé-nomène consiste au monopole de Chartwells sur le campus, qui par-tage les lieux de consommation ali-mentaire entre ses propres compa-gnies et celles de ses collaborateurs, sans sympathie pour les entreprises locales plus petites (par exemple, Bridgehead) ou pour les initiatives émanant directement de la commu-nauté universitaire.

Si l’expérience universitaire sup-pose la création et la participation d’un milieu, d’une communauté universitaire, l’achat par Chartwells et par ses collaborateurs de l’en-vironnement lui-même constitue alors une dégradation considéra-ble de l’expérience universitaire en

tant que telle. Un autre exemple de cet achat de l’environnement uni-versitaire, touchant cette fois-ci la mission académique de l’Université, est l’apposition nouvelle du sceau de Telfer sur les diplômes et autres émis par l’École de gestion.

Finalement, l’occupation et la congestion par Second Cup d’un des points tournants de l’expérience universitaire, à savoir la bibliothè-que, constituent un autre achat de l’environnement, touchant direc-tement la mission académique de l’Université. Ces exemples menacent chacun à leur façon l’expérience à la fois communautaire et académique de l’Université, faisant en sorte que les débats sur les questions fonda-mentales et sur les questions plus pratiques comme le contenu des programmes, la dénomination des lieux et les rapports au mécénat, ont de moins en moins de lieux pour s’effectuer à l’Université.

En somme, si nous n’avons aucu-nement pour visée de mettre en doute l’intégrité et les bonnes inten-tions des gens d’affaires impliqués à l’intérieur de la communauté uni-versitaire, nous croyons néanmoins que des groupes et des individus ayant des intérêts commerciaux relativement évidents dans la com-mercialisation du milieu univer-sitaire ne devraient ni détenir des postes de pouvoir à l’Université, ni se voir offrir de façon précipitée des honneurs de nature académique. Notre opposition ne tient donc pas au fait que Ian Telfer ait fait une donation à l’École de gestion, mais à ce que ce don ait été immédiate-ment suivi du re-baptême – qui plus est rétroactif!- de l’École sans toute autre forme de débat avec le reste de la communauté universitaire. Si la dénomination du nouveau pavillon, suivant un don de Paul Desmarais, est choquante dans sa signifi cation symbolique sans atteindre directe-ment ou profondément les missions académique et communautaire de l’Université, il s’agit maintenant de s’assurer qu’une telle situation ne se produise pas. En effet, suite à l’épi-sode Telfer et à celui, devenu triste-ment banal sur les campus, du mo-nopole alimentaire de Chartwells, il est envisageable que, suivant un don futur, le Département de communi-cation devienne le Département de communication Desmarais, ou que les quotidiens de la Gesca obtien-nent le monopole sur le campus. Nous n’en sommes heureusement pas là et c’est par souci du devenir de l’Université que nous avons cher-ché ici à dévoiler et à dénoncer les tendances que l’Administration ac-tuelle lui fait prendre.

La provocation d’une rentrée scolaire sous le signe de la commercialisationuottawaNOTRE CAMPUS

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le 14 janvier 2008 • Vol. LXXV No.14

Éditorial

109, rue OsgoodeOttawa (Ontario)K1N 6S1613 421 4686

RÉDACTION

Rédacteur en chefWassim Garzouzi819 208 [email protected]

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ActualitésAndréanne Baribeau (Chef de pupitre)[email protected]

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Directrice généraleCarole Eyram [email protected] 562 5264Représentant de la publicitéFrançois Dionne819 562 [email protected]

La Rotonde est le journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa, publié chaque lundi par la Fé-dération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), et distribué à 6000 copies dans la région d’Ottawa-Gatineau. Il est fi nancé en partie par les membres de la FÉUO et ceux de l’Association des étudiants diplômés. La Rotonde est membre du Carrefour in-ternational des presses universitaires francophones (CIPUF) et de la Presse universitaire canadienne (PUC).

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le 14 janvier 2008LaRotonde

Le journal étudiant francophone de l’Université d’Ottawa

75ans

Dessin par Francis Chartrand

Lorsque le Centre de recours étu-diant (CRÉ) a dévoilé son pre-mier rapport biannuel sur « le

processus d’appel et les injustices du système », un document qui criti-quait sévèrement l’Université d’Ot-tawa et ses mécanismes d’appels pour les étudiants, la première réaction de Bruce Feldthusen, vice-recteur aux relations universitaires, aura été d’at-taquer le professionnalisme du docu-ment.

En entrevue avec La Rotonde, Feldthusen a déclaré que le rapport mettait « en doute l’intégrité des membres du comité d’appel du Sé-nat. » Il a ajouté : « Ça me dérange beaucoup parce que [les auteurs du rapport] ne donnent pas d’exemples pour supporter ce qu’ils avancent. »

Disons que c’est particulièrement audacieux comme accusation de la part du vice-recteur, surtout si on tient compte du fait que l’identité des membres du comité d’appel du Sénat n’est jamais dévoilée, même aux étudiants qui y font face, une situation justement dénoncée dans le rapport. Avec un tel système, c’est un peu diffi cile pour le CRÉ de donner des exemples précis avec les noms des membres fautifs.

Par rapport aux délais manifeste-ment déraisonnables – en moyenne, un étudiant qui fait appel au Comité du Sénat voit son cas régler en 78 jours – Feldthusen a jugé la situa-tion normale : « La justice prend du temps. » Pour le vice-recteur, un juriste et ancien doyen de la section de common law, de tels délais peu-vent sembler acceptables. Or qu’un recours traîne plusieurs mois dans un système qui opère en trois ses-sions de quatre mois n’a rien d’ac-ceptable.

En tant que juriste, Feldthusen aurait raison. En tant qu’adminis-trateur qui a le pouvoir de changer les choses, sa réaction est inquié-tante. Feldthusen aurait mieux fait de citer les paroles d’un ancien pre-mier ministre britannique : « Jus-tice delayed is justice denied. »

Le rapport n’est pas sans ses dé-fauts. À de nombreuses reprises, l’auteure du document, Mireille Gervais, en mettait trop, notam-ment dans son introduction où elle s’excuse d’avoir choisi la balance comme logo. Le style est parfois trop familier, minant ainsi la crédi-bilité de certaines accusations.

Néanmoins, malgré quelques

INJUSTICE

70 sénateurs, undélai de 78 jours

La semaine dernière, La Rotonde a publié un éditorial dans le but d’obtenir des répons-es de l’Administration de l’Université d’Ottawa, et plus particulièrement, de la part du vice-recteur pro tempore aux relations universitaires. Depuis le début de l’année, il semble y avoir une politique à l’Université visant à ne pas réagir aux nouvelles relé-guées par les journaux étudiants. Nous allons reproduire l’éditorial ci-dessous jusqu’à ce qu’un représentant de l’Université d’Ottawa réponde aux critiques.

L a corporisation de l’Université d’Ottawa est un sujet relative-ment complexe. Le débat est

souvent élargi faisant en sorte que le discours n’est pas toujours cohérent. On mélange souvent présence ac-crue des entreprises sur le campus et commercialisation de la recherche. On ne fait pas toujours la distinction entre le nom d’un immeuble comme Desmarais, qui n’affecte pas directe-ment la recherche, et le changement de nom d’un programme au complet qui se retrouve sur tous les diplô-mes et qui infl uence indirectement le curriculum. Certains cours offerts à l’Université d’Ottawa sont donnés par des représentants d’entreprises. Certaines sociétés ont un monopole sur l’équipement utilisé dans cer-tains départements.

Le groupe « Notre Campus », qui est seulement à ses débuts, veut vulgariser le malaise que ressentent plusieurs membres de la commu-nauté universitaire. Lors de la fausse vente aux enchères qui s’est tenu à l’ouverture offi cielle du pavillon Des-marais, le représentant médiatique du groupe, Gaétan-Philippe Beauliè-re, a bien résumé la situation : « Nos demandes ne sont pas du tout utopi-ques ou irréalistes. On est conscients qu’il faut qu’il y ait des partenariats avec le privé dans le but d’offrir des meilleures ressources aux étudiants. Mais ce qu’on demande, c’est qu’il y ait des critères éthiques clairement établis au moment de signer ces en-tentes avec le privé. » La réaction du recteur, Gilles Patry est prévisible. Oui, les universités sont sous-fi nan-cés et il faut combler le vide grâce au secteur privé. Les dons sont fait au nom personnel du donateur, et non celle des entreprises associées à cette personne. (Et la « Terrasse Ottawa Citizen? ») Mais il ne répond jamais à la question de l’implication des étudiants, et de la communauté,

à ces décisions.La remise de doctorats honorifi -

ques ne doit pas être vendue au plus grand acheteur. Dans son texte publié en page 18, Catherine Ellyson arrive à des conclusions inquiétantes pour tous les membres de la communauté de l’Université d’Ottawa. Il se peut que les dons de Tsampalieros n’aient rien à voir avec la remise du doctorat honorifi que. Mais tant son diplôme que ses donations que la présence de son entreprise sur le campus, Second Cup, laisseront planer un doute pour les prochaines années.

Plus rien de sacré à l’Université d’Ottawa. Tout est à vendre. Un café dans une bibliothèque. Un diplôme honorifi que. Le nom d’un program-me. Le nom d’un immeuble. Des cours offerts et donnés par des re-présentants de sociétés privées. Des tribunaux étudiants qui portent le nom de cabinets d’avocats. Des re-cherches subventionnées par des sociétés qui ont des intérêts directs dans les résultats. Du matériel sco-laire gracieusement offert par des sociétés privés… à la condition qu’ils aient un monopole.

L’absence de critères éthiques pour accepter un don privé, ainsi le manque de consultation avec les membres de la communauté univer-sitaire rend inévitable la méfi ance qu’ont plusieurs à l’égard de l’Ad-ministration. Il est temps de mettre en place des balises pour encadrer la présence du privé sur le campus. Si-non, où allons-nous tracer la ligne?

Le prochain recteur sera-t-il choi-si pour sa compétence à recueillir des fonds? Qui sait, il pourrait même être « subventionné » par Ian Telfer. Le « recteur Telfer » Gilles Patry. Tiens, pourquoi pas Telfer lui-même? Et pourquoi l’Université d’Ottawa? N’y a-t-il pas eu d’ache-teurs potentiels pour l’Université commerciale?

L’Université commerciale, où tout est à vendre!

points laissant à désirer, dont celui d’encourager les étudiants à ne pas se sentir obliger de respecter les rè-gles du processus d’appel, le rapport met en lumière plusieurs problèmes alarmants à l’Université d’Ottawa.

À titre d’exemple, Gervais souli-gne qu’il n’existe aucune politique contre le harcèlement et l’intimi-dation pour les étudiants du pre-mier cycle. Pourtant, cette politique existe pour les étudiants aux cycles supérieurs.

Le CRE frappe et il frappe fort. Le processus est remis en question, les délais arbitraires du côté de l’Uni-versité sont critiqués et le fait que les membres du Comité d’appel du Sénat ne s’identifi ent pas est forte-ment dénoncé.

Il est tout de même encourageant d’entendre le vice-recteur exprimer un intérêt suite à certaines propo-sitions du CRE. Il est maintenant temps de passer à l’acte.

Nous ne connaissons aucune ins-tance décisionnelle canadienne où le juge n’est pas identifi é. Nous ne connaissons aucune instance déci-sionnelle canadienne où aucun mo-tif n’est donné suite à une décision. Nous ne connaissons aucune ins-tance décisionnelle canadienne où une présomption de culpabilité pèse toujours contre les accusés, dans ce cas, les étudiants. Nous ne connais-sons aucune juridiction canadienne qui confère plus de droits à certains citoyens qu’à d’autres, comme c’est le cas à l’Université d’Ottawa qui applique des politiques contre le harcèlement et l’intimidation pour certains étudiants, et non pour d’autres.

Il est temps de remédier à ces injustices. Feldthusen a assuré que « ça va changer ». Nous n’attendons rien de moins.

L’Université commercialeCorporate university

NOTRE CAMPUS?

LaRotonde75ans

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