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5.2011 – Reptiles – Page 1 Introduction Le Centre de coordination pour la protection des amphibiens et des reptiles de Suisse (KARCH), soutenu par la Confédération, les cantons et les organisations de protection de la nature, existe depuis 1979. Il coordonne toutes les activités ayant pour but de protéger et d'améliorer les conditions de vie des batraciens et des reptiles indigènes. C'est aussi un centre d'information pour les particuliers, les offices et les groupes de protection de la nature. La mise en œuvre de la protection des reptiles dans le canton de Berne fait l'objet d'une convention de prestations avec le bureau régional du KARCH. Le recensement des reptiles du canton de Berne s'est fait entre 1987 et 1990, puis a été actualisé entre 1991 et 1997. Les résultats, ainsi que des données sur la répartition et l'effectif des reptiles dans le canton de Berne, sont publiés dans l'ouvrage intitulé "Die Reptilien im Kanton Bern" (voir bibliographie). Le SPN et le KARCH ont développé en collaboration un "projet de protection des reptiles dans le canton de Berne" en 1998, afin de lutter contre la détérioration des conditions de vie des reptiles. Auteur Dr Ulrich Hofer, Musée d'histoire naturelle Bernastrasse 15, 3005 Berne [email protected] Sommaire Introduction et bibliographie Protection des reptiles Les espèces de reptiles dans le canton de Berne Bibliographie Principaux ouvrages à consulter ou à acquérir. Les adresses des éditeurs sont indiquées au chapitre "Adresses". On trouvera d'autres titres dans l'encadré "Suggestions de lecture" (p.7). Die Reptilien im Kanton Bern. U. Hofer, 1998. Reptilienschutzkonzept Kanton Bern – Schlussbericht 1998. U. Hofer und J. Ryser. Serpents: comment réagir ? U. Hofer, 1998. KARCH, Berne REPTILES

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Introduction

Le Centre de coordination pour la protection des

amphibiens et des reptiles de Suisse (KARCH),

soutenu par la Confédération, les cantons et les

organisations de protection de la nature, existe

depuis 1979. Il coordonne toutes les activités

ayant pour but de protéger et d'améliorer les

conditions de vie des batraciens et des reptiles

indigènes. C'est aussi un centre d'information

pour les particuliers, les offices et les groupes de

protection de la nature. La mise en œuvre de la

protection des reptiles dans le canton de Berne

fait l'objet d'une convention de prestations avec

le bureau régional du KARCH.

Le recensement des reptiles du canton de Berne

s'est fait entre 1987 et 1990, puis a été actualisé

entre 1991 et 1997. Les résultats, ainsi que des

données sur la répartition et l'effectif des reptiles

dans le canton de Berne, sont publiés dans

l'ouvrage intitulé "Die Reptilien im Kanton Bern"

(voir bibliographie). Le SPN et le KARCH ont

développé en collaboration un "projet de

protection des reptiles dans le canton de Berne"

en 1998, afin de lutter contre la détérioration des

conditions de vie des reptiles.

Auteur

Dr Ulrich Hofer, Musée d'histoire naturelle

Bernastrasse 15, 3005 Berne

[email protected]

Sommaire

Introduction et bibliographie

Protection des reptiles

Les espèces de reptiles dans le canton de

Berne

Bibliographie

Principaux ouvrages à consulter ou à acquérir.

Les adresses des éditeurs sont indiquées au

chapitre "Adresses". On trouvera d'autres titres

dans l'encadré "Suggestions de lecture" (p.7).

Die Reptilien im Kanton Bern.

U. Hofer, 1998.

Reptilienschutzkonzept Kanton Bern –

Schlussbericht 1998. U. Hofer und J. Ryser.

Serpents: comment réagir ? U. Hofer, 1998.

KARCH, Berne

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PT

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Protection des reptiles

La thermorégulation (c'est-à-dire le maintien d'une température corporelle optimale) est l'une des activités principales des reptiles. Sur la photo, on peut voir une Vipère aspic noire (Vipera aspis atra) en train de se réchauffer le matin sur une branche (photo Bertrand Baur).

Protection

Les reptiles sont protégés dans toute la Suisse

depuis 1967 par le droit fédéral (art. 20 OPNP).

Le canton de Berne a inscrit des dispositions de

protection dans sa législation (art. 25 à 27 OPN).

Il est donc interdit de capturer, de blesser ou de

tuer des reptiles ou d'en faire commerce. Il y a

lieu également de protéger et de favoriser autant

que possible leurs habitats et, en cas d'interven-

tions inévitables, de prendre des mesures de

protection, de remise en état ou de remplace-

ment aussi efficaces que possible. Une déroga-

tion du Service de la promotion de la nature est

obligatoire pour garder et soigner des reptiles à

des fins scientifiques ou pédagogiques. Les

enseignants et les étudiants de biologie doivent

aussi obtenir une dérogation.

Moeurs et habitats

Les reptiles sont des animaux poïkilothermes:

contrairement aux oiseaux et aux mammifères,

ils sont incapables de maintenir une température

corporelle constante et dépendent de l'environ-

nement pour atteindre leur température optimale

(entre 25 et 30°C), avec les deux conséquences

suivantes:

Notre climat contraint les reptiles à passer

quatre à six mois de l'année (d'octobre à

mars environ) en hibernation à l'abri du gel.

Durant leur phase active en été, le comporte-

ment des reptiles est fortement tributaire de

la météorologie. Quand il fait frais, ils passent

souvent la journée dans leur abri; dès qu'il fait

plus doux, ils recherchent le moindre rayon

de soleil pour se réchauffer, et quand le

thermomètre grimpe vraiment, ils s'abritent à

l'ombre de la couche herbeuse après une

brève exposition au soleil.

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Tous les reptiles indigènes sont carnivores et se

nourrissent de leurs proies. Les lézards mangent

surtout des insectes et des araignées, les orvets

des limaces et des vers, et les serpents toutes

sortes de petits vertébrés. Les reptiles à leur tour

sont la proie de plus gros animaux (oiseaux

de proie, corneilles, pies, renards, martres,

blaireaux, hérissons). C'est pourquoi, en dehors

de leurs périodes d'activité, ils se mettent à l'abri

dans leur refuge.

Reproduction

Les reptiles ont deux modes de reproduction:

Ovipare: les femelles pondent des oeufs (le

plus souvent sur des amas de matériaux

organiques) qui éclosent au bout d'environ

deux mois (Lézard agile, Lézard des

murailles, Couleuvre à collier).

Vivipare: les embryons se développent dans

le corps de la femelle qui reste dans des

endroits très ensoleillés pour emmagasiner

un maximum de chaleur nécessaire au déve-

loppement des embryons; les jeunes naissent

complètement formés (Orvet, Lézard vivipare,

Coronelle lisse, Vipère aspic et Vipère

péliade). Contrairement aux oiseaux, les

mères des reptiles ne s'occupent pas de leurs

petits, qui sont indépendant dès leur éclosion

ou leur naissance.

Les Couleuvres à collier femelles pondent leurs œufs surtout sur des amas de matériaux organiques (compost, sciure, détritus). La photo montre l'éclosion de petites Couleuvres à collier (Natrix natrix helvetica) en train d'éclore (photo Bertrand Baur).

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Répartition régionale des espèces

Le canton de Berne se divise en trois grandes

régions naturelles: le Jura, le Plateau et les

Alpes. Chacune de ces régions, en raison de sa

géomorphologie, de son climat, de son altitude et

de l'aménagement de son territoire, offre aux huit

espèces de reptiles indigènes des conditions de

vie très différentes.

Six espèces de reptiles vivent dans le Jura

bernois. Elles occupent surtout les terrains

empierrés, les éboulis, les forêts clairsemées et

les prairies sèches sur la face sud des crêtes.

Jusqu'à présent, on n'a observé aucun reptile

dans les prairies au-dessus de la limite artificielle

des forêts. Il faut cependant noter la présence de

quelques populations isolées de Lézard vivipare

sur la face nord des crêtes.

Le Plateau compte aussi six espèces de reptiles.

Leurs habitats préférés sont les rives des lacs et

des grands cours d'eau proches de la nature,

ainsi que les versants molassiques exposés au

sud et le paysage plissé des collines du Haut-

Emmental. Malheureusement, sous la pression

des constructions et de l'agriculture intensive, le

Plateau, dans son ensemble, n'offre plus guère

d'habitats appropriés aux reptiles. De nombreu-

ses régions, qui abritaient une population

importante de reptiles dans les années 70,

se sont structurellement appauvries à tel point

qu'on ne trouve plus que des individus ou des

populations restreintes d'espèces autrefois

répandues. Cette évolution a eu un effet particu-

lièrement dramatique sur les deux espèces de

serpents du Plateau bernois: la Coronelle lisse

est en voie d'extinction et la Couleuvre à collier,

autrefois très répandue, ne se trouve aujourd'hui

plus que dans le voisinage immédiat des rivières

principales et de quelques lacs. Les deux espè-

ces venimeuses indigènes, la Vipère aspic et la

Vipère péliade, ne se rencontrent pas sur le

Plateau.

Couleuvre à collier cachée dans des branchages (photo Bertrand Baur)

L'Oberland bernois est le principal milieu natu-

rel des reptiles et l'on y trouve les huit espèces

indigènes. En effet, l'Oberland, avec ses vastes

versants exposés au sud et son climat favorable

jusqu'à l'étage subalpin, offre une grande variété

d'habitats. La vallée de l'Aar entre Thoune et

le verrou de Kirchet au-dessus de Meiringen

conserve encore les caractéristiques du Plateau

avec une altitude de 550 à 600 mètres. C'est là,

ainsi que dans d'autres vallées comparables,

qu'on trouve les plus fortes densités de reptiles.

A des altitudes plus élevées, de telles densités

ne sont atteintes que dans les vallées à foehn.

Malgré quelques lacunes de répartition dans

l'Oberland, dues à l'exploitation du sol, la zone

alpine devrait à moyen terme rester favorable

aux reptiles.

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Menaces

Des reportages dramatiques dans la presse à

sensation sur des morsures de serpent avec

sauvetage par hélicoptère soulèvent la question

suivante: est-ce l'homme qui est le plus dange-

reux pour les serpents, ou le contraire? Sur ce

thème, nous recommandons la brochure intitulée

"Serpents: comment réagir ?" éditée par le

Centre de coordination pour la protection des

amphibiens et des reptiles de Suisse (KARCH).

Elle explique comment éviter les morsures de

serpents et comment réagir en cas d'accident.

La principale menace pour les reptiles est la

dégradation et la destruction de leurs habitats

par l'homme. L'agriculture traditionnelle a certes

d'abord favorisé le développement de la plupart

des espèces.

Toutefois, durant les cent dernières années, un

bon nombre de milieux naturels originaux ont été

négligés, radicalement transformés ou détruits,

de sorte que les serpents et autres reptiles sont

devenus rares dans beaucoup de régions et ne

subsistent que dans des stations spéciales et en

bordure de zones agricoles. Malheureusement,

ces endroits ne correspondent que rarement à

l'image qu'on se fait d'un beau paysage: talus,

ballast, décharges, puits, terrains vagues,

pierriers et éboulis n'ont aucun attrait et se

"vendent" donc mal comme objets dignes de

protection. Ils sont plus facilement sacrifiés au

profit d'autres projets, car l'exploitation de ces

"surfaces résiduelles" donne rarement lieu à des

conflits d'intérêts.

On ignore l'importance pour les reptiles de petites structures, comme par exemple des amas de branchages, qui sont souvent détruites.

De simples mesures de protection des espèces

sont plutôt difficiles à défendre si l'on considère

les priorités actuelles de la protection de la

nature, et cela d'autant plus lorsqu'il s'agit de

préserver des serpents venimeux. Deux désa-

vantages - la réputation toujours mauvaise des

serpents et le manque d'attractivité des habitats

reptiliens - doivent être compensés par une

information accrue du public, ce qui permettrait

de surmonter des conflits d'intérêt matériel et de

mettre en œuvre des plans de protection.

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Buts de protection

La priorité à l'échelon cantonal est d'empêcher

l'extinction régionale d'espèces individuelles,

puis d'assurer pour toutes les espèces des aires

de distribution plus étendues et d'un seul tenant.

Ces deux objectifs sont inscrits dans un plan

cantonal de protection des reptiles. Pour la

Coronelle lisse toutefois, il ne semble guère

possible d'assurer une aire de répartition d'un

seul tenant sur le Plateau. On a toutefois réussi

à maintenir à moyen terme les dernières

populations isolées. La Vipère aspic devrait

pouvoir être maintenue dans le Jura bernois

grâce à des mesures appropriées. La question

se pose de savoir si un échange d'individus entre

les différents peuplements pourra être rétabli.

La mise en œuvre du plan de protection des

reptiles (voir bibliographie) à partir de 1999

prévoit les étapes suivantes:

maintien des populations de serpents dans

le Jura bernois;

maintien des populations de serpents dans

l'Oberland bernois (il est prévu que ces

populations deviennent des objets d'impor-

tance nationale);

maintien des populations les plus importantes

de Couleuvres à collier le long de l'Aar, de la

Sarine, de la Gürbe, de l'Emme et de la

Singine;

maintien de toutes les populations de Vipères

péliades attestées depuis 1990;

maintien des dernières populations de

Coronelles lisses sur le Plateau.

Autrefois, les bancs de gravier et les pierriers des zones alluviales abritaient de nombreuses espèces thermophiles animales et végétales. Aujourd'hui, seuls le ballast ou les gravières présentent un microclimat et des structures analogues: ici une Coronelle lisse (Coronella austriaca) sur du ballast (photo Bertrand Baur).

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Mesures régionales

Les mesures de protection doivent se concentrer

sur les serpents dans l'ensemble du canton, car

les quatre espèces ont subi une régression plus

forte que les lézards. Notons que les efforts pour

conserver et entretenir des habitats de serpents

sont en même temps favorables aux lézards. Les

trois régions naturelles ont cependant chacune

leurs priorités.

Jura bernois: Il s'agit en premier lieu de

débroussailler régulièrement les éboulis et les

terrains empierrés, d'enrichir la structure

des lisières de forêts et d'entretenir avec

ménagement les talus de voies ferrées. Par

ailleurs, il ne reste que peu de pâturages

jurassiens qui pourraient bénéficier de

contrats d'exploitation favorisant les reptiles,

car nombre d'entre eux sont à une altitude

trop élevée et trop exposés au vent pour leur

servir d'habitat. Enfin, à plus faible altitude,

l'élimination des pierriers et des groupes

de buissons a accéléré la disparition des

reptiles dans la plupart des pâturages. Les

vignobles au-dessus du Lac de Bienne offrent

des conditions plus favorables aux reptiles: il

y a donc lieu de maintenir l'état actuel.

Plateau: dans cette région, les principaux

habitats pour reptiles sont les biotopes

périphériques: talus de routes et de voies

ferrées, digues, lisières de forêts et rives de

rivières et de lacs. Ils doivent être entretenus

avec ménagement et leurs structures enri-

chies. Une fois informées, les communes, les

autorités et les administrations des chemins

de fer responsables doivent transmettre les

instructions aux exécutants des travaux

d'entretien. Il faudrait aussi diminuer la

pression des loisirs sur les dernières grandes

zones alluviales, ce qui n'est guère possible

sans en restreindre, voire en interdire l'accès.

Vipère péliade femelle (photo Bertrand Baur)

Oberland: Comme on peut craindre que les

prairies et les pâturages des versants abrupts

et difficiles d'accès soient abandonnés au

profit d'une exploitation intense dans les

vallées et sur les alpages, une régression des

populations de reptiles, comparable à celle

observée sur le Plateau, est prévisible dans

l'Oberland. Les espèces occupant les terrains

ouverts entre les lisières de forêts et les fonds

des vallées sont les plus touchées. Il faut

donc limiter les remembrements et motiver

les agriculteurs par des contrats d'exploitation

afin qu'ils contribuent à l'entretien des prairies

menacées d'embroussaillement. Les reptiles

qui vivent dans les éboulis, les pierriers, les

zones alluviales et les alpages sont surtout

menacés par la construction de nouveaux

chemins d'exploitation et par des activités de

loisirs, telles que rafting, escalade extrême,

trial, etc. Une planification stricte et des

restrictions sont nécessaires pour enrayer

ces menaces.

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Les personnes qui souhaitent s'engager en

faveur des reptiles du canton de Berne ...

… sont cordialement invitées à adhérer au

groupe de bénévoles "monitoring de populations

de reptiles". Au cours d'excursions qui ont lieu

le week-end, le groupe essaie avant tout de

compléter les connaissances sur la répartition et

l'état de la faune reptilienne du canton de Berne

et de surveiller les populations menacées.

Personne de contact: U. Hofer (adresse électro-

nique voir introduction).

Base de données

Compte tenu de ses possibilités financières, le

canton de Berne dispose d'une bonne base de

données pour la protection des reptiles, surtout

grâce à un groupe de volontaires toujours plus

nombreux qui la mettent régulièrement à jour.

Cinq mille observations de reptiles ont été

rapportées entre 1942 et 2003, dont deux tiers

ont été classés comme habitat spécifique dans

l'inventaire des reptiles.

Il a fallu quatre ans, de 1987 à 1990, pour

dresser l'inventaire des reptiles, qui correspond à

la carte topographique officielle des habitats des

reptiles dans le canton de Berne. Ce relevé avait

pour objectif d'obtenir une vue d'ensemble de la

répartition et des exigences de chaque espèce et

de dessiner le périmètre d'habitats individuels

(objets partiels), qui serviront de base pour la

mise en œuvre des mesures de protection spéci-

fiques. Jusqu'à aujourd'hui, 1150 objets partiels

ont été saisis, dont un tiers par des bénévoles

depuis la conclusion de l'inventaire officiel.

Enfin l'inventaire des reptiles a permis la création

de "zones prioritaires": il s'agit de 32 objets

partiels et de sept associations d'habitats, qui

à leur tour regroupent 94 habitats individuels. En

1996/1997, un dossier a été attribué à chaque

zone prioritaire, comprenant des plans détaillés,

un aperçu des objectifs de protection et des

indications pour l'exploitation et l'entretien de

chaque parcelle.

Le Lézard agile mâle, aux couleurs chatoyantes (photo Alex Labhardt)

Suggestions de lecture

Les reptiles du canton de Berne.

U. Hofer, 1991.

Naturforschende Gesellschaft in Bern, Mittlg. NF. 48, tome 1991 Nos reptiles. E. Kramer & O. Stemmler, 1988.

Musée d'histoire naturelle, Bâle Guide des amphibiens et reptiles d'Europe.

G. Matz & D. Weber. Delachaux & Niestlé,

Editeurs, Neuchâtel-Paris, 1983.

En librairie • Biologie comparée de Vipera aspis L. et de

Vipera berus L. (Reptilia, Ophidia, Viperidae)

dans une station des Préalpes bernoises.

Thèse de doctorat, 179 pp. J.-C. Monney.

Université de Neuchâtel, 1996.

En librairie

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Les espèces de reptiles dans le canton de Berne

Orvet (Anguis fragilis)

L'Orvet se rencontre dans tout le canton jusqu'à

1700 mètres d'altitude. Dans le Jura bernois et le

Plateau, il est présent partout où vivent d'autres

espèces de reptiles. Dans les Alpes, sa présen-

ce est limitée par le climat: il reste dans les

vallées de basse altitude et ne monte plus haut

que sur des versants exposés au soleil. Pour

trouver des orvets (souvent plusieurs ensemble),

il suffit de retourner des planches, des plaques

de tôle, des pierres, ou des bouts de bois ou

d'écorce. Dans l'Oberland bernois, les jeunes

orvets ou des spécimens avec un fort reflet

rouge, parfois appelés "Kupferschlängli "ou

petits serpents cuivrés ont la réputation d'être

extrêmement dangereux.

Lézard agile (Lacerta agilis)

Le Lézard agile se rencontre dans tout le canton,

mais plus particulièrement sur le Plateau. Dans

l'Oberland, on le trouve dans la vallée de l'Aar

jusqu'au verrou de Kirchet (près de Meiringen),

dans la vallée de la Simme jusqu'à Matten, dans

la vallée de la Kander jusqu'à Frutigen, dans les

vallées des deux Lutschines jusqu'à Lütschental

et Lauterbrunnen. Venu du pays de Vaud, il a

colonisé le Gessenay jusque dans la région de

Gstaad. Il est très rare au pied Sud du Jura,

dans les zones élevées du Plateau et dans

certaines parties du pays de Schwarzenbourg

et du Haut-Emmental.

Lézard vivipare (Lacerta vivipara)

Le Lézard vivipare se rencontre dans tout le

canton depuis des régions de plaine (Mörigen-

bucht sur le lac de Bienne, 430 m) jusqu'à l'étage

alpin (Drunengalm Diemtigtal, 2350 m). Dans

l'Oberland bernois, il se concentre dans les

zones ensoleillées de l'étage subalpin, entre

1200 et 1800 mètres. Dans le Jura, il évite les

versants secs orientés vers le Sud, préférant

les terres plus humides, voire les versants Nord

moyennement ensoleillés. Sur le Plateau, il est

presque aussi fréquent que le Lézard agile, mais

nettement plus difficile à observer car très

discret. En outre, sa présence en plaine se limite

à des zones forestières ou humides, et on ne le

rencontre que très rarement à proximité des

agglomérations.

Orvet (photo Bertrand Baur)

Lézard agile mâle (photo Bertrand Baur)

Lézard vivipare mâle (photo Bertrand Baur)

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Lézard des murailles (Podarcis muralis)

Le Lézard des murailles vit dans tout le canton,

principalement dans le Jura. Dans l'Oberland,

il se limite aux vallées de l'Aar et de la Basse

Simme, d'où il peut atteindre quelques vallées

latérales (Diemtig, Gen, Urbach). Sur le Plateau,

l'espèce occupe naturellement les falaises et les

rochers le long des grandes rivières, et de là

parvient jusqu'aux voies ferrées, habitations et

zones industrielles. Dans les villes, on l'observe

souvent sur les murailles anciennes (châteaux

ou enceinte de la ville), par exemple à Berne,

Berthoud, Bienne, Aarberg et Laupen.

Couleuvre à collier (Natrix natrix) – inoffensive

La Couleuvre à collier colonise principalement le

Plateau. Ses populations les plus importantes

se trouvent le long des grands cours d'eau: Aar,

Emme, Sarine, Singine, Gürbe, ainsi que quel-

ques rivages lacustres. Il n'a pas été possible de

confirmer une présence relevée par le passé de

cette espèce dans le Jura bernois. Elle n'y a

probablement jamais été fréquente et a peut-être

disparu aujourd'hui. En revanche, on la rencontre

encore aujourd'hui au pied du Jura, au Sud, de

même que dans les vignobles biennois. Dans

l'Oberland, elle est très répandue et peut

atteindre le Guttannen, les vallées de l'Urbach

et de la Gadmen, en passant par le verrou de

Kirchet. On a trouvé quelques spécimens jusqu'à

1900 m d'altitude.

Les données fournies par le Grand Marais per-

mettent peu à peu de comprendre comment la

Couleuvre à collier parvient à se maintenir dans

une zone d'agriculture intensive. Le réseau

aquatique est moins dense que ne le laisseraient

supposer les nombreux canaux, fossés et

étangs, mais c'est loin des plans d'eau, dans leur

habitat d'été, que la Couleuvre à collier capture

crapauds et grenouilles, qui forment l'essentiel

de sa nourriture. On a également trouvé des

souris dans l'estomac de couleuvres mortes.

Lézard des murailles mâle (photo Bertrand Baur)

Couleuvre à collier (photo Andreas Meyer)

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Coronelle lisse (Coronella austriaca) – inoffensive

La Coronelle lisse est très peu connue, ce qui

s'explique par son mode de vie très discret sur

le Plateau et par le fait qu'on la confond très

souvent avec des serpents venimeux. A l'origine,

la Coronelle lisse occupait tout le canton, mais

elle a fortement régressé sur le Plateau, où il se

peut qu'elle soit en voie d'extinction. On ne la

trouve que dans quelques sites: versants

ensoleillés des colllines molassiques, zones

alluviales, parois rocheuses ou ravins le long des

cours d'eau (Sarine, Singine, Schwarzwasser,

Gürbe, Emme, Aar), où l'exposition, la pente et

des abris d'éboulis, de grès et de Nagelfluh

créent un micro-climat favorable.

Ce petit serpent, discret et de petite taille, est

plus répandu dans le Jura bernois et les Alpes.

Des amis de la nature, surtout dans l'Oberland,

nous signalent souvent qu'ils ont découvert des

nouveaux sites qui nous étaient inconnus

jusque-là. La Coronelle lisse apparaît souvent

aux mêmes endroits que la Vipère péliade,

mais moins fréquemment, selon les quelques

estimations disponibles.

Vipère aspic (Vipera aspis) – venimeuse

Deux sous-espèces de Vipère aspic colonisent

le canton de Berne: Vipera aspis aspis seule-

ment dans le Jura bernois et Vipera aspis atra

dans les Alpes. Elle est totalement absente du

Plateau. Dans le Jura bernois, elle est menacée

d'extinction parce que, durant les dernières

décennies, nombre d'éboulis ont disparu au

profit de forêts et que la plupart des pâturages

jurassiens ont fait l'objet de remembrements.

C'est seulement dans les vignobles au bord du

lac de Bienne que la Vipère aspic n'est pas

directement menacée. Ces trois dernières

années, nous avons pu, dans le cadre du plan

de protection des reptiles, revaloriser par des

défrichements la plupart des habitats restants de

la Vipère aspic, mais il est encore trop tôt pour

juger de l'effet de ces interventions.

Coronelle lisse femelle (photo Alex Labhart)

Vipère aspic femelle (photo Alex Labhart) Dans l'Oberland, on la rencontre surtout sur les

versants Sud des vallées ayant une orientation

Est-Ouest. Dans quelques vallées, on la trouve

encore en grand nombre, depuis des petits

coteaux jusqu'à environ 1800 mètres d'altitude.

Au-dessus de la limite des forêts, on ne trouve

plus de population, mais de nombreux spéci-

mens isolés jusqu'à plus de 2000 mètres. La

Vipère aspic est devenue très rare au bord du

lac de Thoune, dans le Hasliberg et dans la

vallée d'Engstligen.

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Vipère péliade (Vipera berus) – venimeuse

Dans le canton de Berne, la Vipère péliade ne se

trouve que dans les Alpes, entre 1100 et 2100

m. Elle est nettement plus rare que la Vipère

aspic et n'a pas d'aire de répartition d'un seul

tenant. Jusqu'à ce jour, 25 sites de l'Oberland

sont connus avec certitude, dont 13 seulement

ont pu être confirmés au cours des cinq derniè-

res années.

Des moyens de recherche insuffisants ne per-

mettent pas de démontrer clairement la régres-

sion massive de cette espèce dans l'Oberland

bernois, ni d'en évaluer les causes. On ne peut

donc actuellement guère justifier des mesures de

protection spécifiques à l'espèce. Il est toutefois

possible d'intervenir dans toute planification

comportant une atteinte à leur habitat ou un

changement d'affectation.

Serpents noirs

C'est surtout dans l'Oberland bernois que l'on

observe régulièrement des serpents noirs. Il

s'agit surtout de Vipères aspics noires. Dans

certaines populations, celles-ci sont même plus

nombreuses que les serpents comportant des

dessins. On ne voit que des spécimens isolés de

Couleuvres à collier noires, dans l'ensemble de

l'Oberland et parfois sur le Plateau. En revanche,

une seule population de Vipères péliades, dans

le Gessenay, comporte des éléments noirs, et

aucune Coronelle lisse noire n'a jamais été

observée dans le canton de Berne.

Cistude d'Europe (Emys orbicularis)

Il existe une controverse au sujet du caractère

indigène de la Cistude d'Europe dans le canton

de Berne. L'espèce est considérée aujourd'hui

comme éteinte et les quelques individus obser-

vés au bord d'étangs sont la conséquence d'une

action de réintroduction par le WWF dans les

années 70. Elle ne semble toutefois pas s'être

implantée, probablement pour des raisons

climatiques.

Vipère péliade mâle (photo Bertrand Baur)

Vipères aspics avec un spécimen noir (photo Bertrand Baur)

Page 13: 11 3 Protection des espèces Reptiles - Kanton Bern · 5.2011 – Reptiles – Page 3 Tous les reptiles indigènes sont carnivores et se nourrissent de leurs proies. Les lézards

5.2011 – Reptiles – Page 13

Introduction de serpents

On reproche souvent aux organisations de

protection de la nature de disséminer en masse

des serpents, même par hélicoptère. En réalité,

aucun organisme officiel n'a jamais ni introduit ni

déplacé des serpents en Suisse. Il en va tout

autrement pour des soi-disant amis des reptiles

qui n'hésitent pas à entreprendre des actions

illégales et répétées!

La Couleuvre tessellée (Natrix tessellata),

inoffensive, a été introduite en 1975 au bord du

lac de Brienz (à l'Ouest de Brienz) et occupe

aujourd'hui des tronçons de rivages jusqu'à

Oberried. Cette espèce thermophile, qui se

nourrit de poissons, ne peut guère s'éloigner

des rives du lac et ne s'étendra pas plus loin.

L'introduction au fond du Haslital de la Vipère à

cornes (Vipera ammodytes), originaire de

l'Europe du Sud-Est, a fait plus de bruit, même

si elle n'a pas été couronnée de succès. Un

spécialiste des reptiles a capturé les deux

derniers spécimens sur un éboulis en 1992.

Deux ans plus tard seulement, apparut dans le

vignoble biennois la Couleuvre d'Esculape

(Elaphe longissima). Une visite des lieux en juin

1997 démontra la présence de 17 spécimens de

cette espèce inoffensive et typique des régions

méridionales, qui devrait, à moyen terme, faire

partie de la faune du vignoble.

De telles mesures d'introduction d'espèces n'ont

aucun sens et l'on doit s'y opposer fermement.

Dans le meilleur des cas, elles n'auront aucun

effet nocif sur la faune existante, mais au pire,

l'espèce introduite pourrait supplanter une

espèce indigène. De toute façon, ces mesures

font du tort au travail de protection des espèces,

puisqu'on soupçonne les "protecteurs de la

nature" de vouloir arriver à leurs fins par des

élevages et des introductions d'espèces.