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Erwan DianteillNormalien et agrg de sciences sociales,Erwan Dianteill est matre de confrences lEHESS,o il enseigne la sociologie et lanthropologie,et chercheur au Centre dtudes interdisciplinairesdes faits religieux. Il a publi plusieurs ouvragessur les religions dorigine africaine Cuba,aux tats-Unis et au Brsil. Son dernier livresintituleLa Samaritaine noire Les glises spirituellesnoires amricaines de la Nouvelle-Orlans (ditions de lEHESS, coll. Cahiers de lhomme ,2006).

adpf association pour la diffusionde la pense franaise

Ministre des Affaires trangresDirection gnralede la coopration internationaleet du dveloppementDirection de la cooprationculturelle et du franaisDivision de lcritet des mdiathques

ISBN : 2-914935-73-0EAN : 9782914935739

fvrier 2006adpf 6, rue Ferrus, 75014 [email protected]


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100 TITRES POUR LA SOCIOLOGIE ET LANTHROPOLOGIE FVRIER 2006

Lcole des Hautes tudesen Sciences Sociales(EHESS)

Prsident : Danile HERVIEU-LGER54, Bd Raspail 75006 Paris FranceSite internet : www.ehess.fr

LEHESS est un grand tablissementrelevant du ministre charg de lenseignementsuprieur et de la recherche. Elle a pour missionla formation la recherche par la recherche.Entirement voue aux sciences sociales,lEHESS accueille les tudiants partir du Master,correspondant en France la quatrimeet la cinquime anne aprs le baccalaurat.Ce Master vise prioritairement former destudiants pouvant sinscrire ensuite en Doctorat.Elle offre galement des tudiants, admissur dossier, un cursus sanctionn par un diplmespcique, le Diplme de lEHESS, permettantventuellement la poursuite du cursus en Masterou en Doctorat. Ses principaux domainesde recherche et denseignement sont lhistoire,la sociologie, lanthropologie, lconomie,la dmographie, la gographie, larchologie,

la psychologie, la linguistique, la philosophie,le droit, les mathmatiques.


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SOMMAIRE

5 PRFACEDanile HERVIEU-LGERE

8 INTRODUCTIONErwan DIANTEILLE

13 THORIE, PISTMOLOGIE, HISTOIRE DE LA PENSEE

21 RELIGIONE28 POUVOIRS, INSTITUTIONS ET CONFLITS SOCIAUXE

37 CONOMIE, TRAVAIL, MONNAIEE

45 PARENT, FAMILLE, GNRATIONSE

51 CULTURE, MDIASE

58 CORPS, SANT, SEXUALITE

63 INDEXPAR NOMS DAUTEURSE


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100 Titresest une publicationhors srie deVient de paratre.Vient de paratre, publi quatre foispar an et tir 12 000 exemplaires,est diffus dans les serviceset tablissements culturels franais ltranger.

Directeur de la publication : Jean de Collongue

Rdacteur en chef :Paul de Sinety

dition :adpf association pour la diffusionde la pense franaise

Conception graphique :David Poullard

Impression :Imprimerie Dumas-TitouletAchev dimprimer 12 000 exemplairesen fvrier 2006 Saint-tienne

Les textes publis dans ce livretet les ides qui peuvent sy exprimernengagent que la responsabilitde leurs auteurs et ne reprsententen aucun cas une positionofficielle du ministre des Affairestrangres.


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Les orientations contemporaines de la recherche franaise en sociologieet en anthropologie se comprennent mieux si lon claire rapidementlhistoire de ces disciplines. Cette histoire nest pas exempte de tensions,mais ce sont des tensions dynamiques et fertiles.

Dans les dbats qui ont entour la reconstitution de la sociologie dansles annes de laprs-guerre, les historiens de laVIe section de lcole pratiquedes hautes tudes interpellaient les reprsentants dune discipline rendueincertaine delle-mme par laffaissement de la tradition durkheimienne. O sont vos enqutes, o sont vos statistiques ? demandait Lucien Febvreen 1948, impatient de voir les sociologues abandonner le terraindes gnralits . Mais peu de distance, Fernand Braudel dploraitqu une sociologie vnementielle encombre nos bibliothques . Si ceschanges peuvent tre voquer ici, cest quils tmoignent dun cartlementconstant dans lhistoire de la sociologie franaise, entre lambition de produireune thorie unie du social au prix ventuel dun glissement versla philosophie sociale et le souci de revenir lenqute et au terrain,avec le risque dune fragmentation du savoir sociologique, dont la dispersion

monographique peut constituer le point ultime.Cette tension en croise plusieurs autres, qui lui sont connexes :ainsi celle qui magnie la dimension critique de la sociologie et son pouvoirde subversion des vidences sociales tablies, contre une conceptionutilitariste, voire instrumentale, du savoir sociologique comme savoirexpert , au service de la dcision politique, conomique ou administrative.Une autre divergence concerne, plus fondamentalement, lhorizon scientiquepropre de la sociologie. Elle stablit entre deux ambitions :expliquer les logiques lourdes du social, partir des structures et des dterminationsqui modlent les comportements et les reprsentations individuelleset collectives ;comprendreles situations sociales en prenant en comptelengagement actif des acteurs dans ces situations, sans oublier le sensqueux-mmes donnent leurs actions. Il ne sagit pas pour autant de choisirlune ou lautre de ces approches comme la seule perspective scientiquementvalide pour la discipline. Tout au long de son histoire rcente, la sociologiesest dveloppe dans ce va-et-vient constant entre deux voies et grce la critique raisonne de lune par lautre.

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Du ct de lanthropologie, une de ces tensions cratrices qui caractrisentle dploiement des sciences sociales sexprime dans une polarisationentre le souci dedcrire en prservant autant que possible la singularitde ce que la ralit sociale donne voir et leffort pourinterprter ,qui implique de rapporter ces observations un univers de rfrenceet un langage familiers. De cette mise en rapport, on attend lexplicitationdu point de vue qui gouverne la faon dont le chercheur dlimite et dnitses objets. Mais cest delle galement que procde la capacit dentrerdans le mouvement de la comparaison qui caractrise, par excellence,la dmarche anthropologique.

Slectionner, dans lensemble de la production scientique en languefranaise de ces dix dernires annes, une centaine de titres sufsammentreprsentatifs de ces mouvements est un exercice prilleux, qui comportesa part darbitraire ou de prfrence personnelle. Reste que la listequi nous est offerte ici constitue une coupe signicative dans la dynamiquede ces tensions multiples. De faon transparente, il apparat quela recherche franaise dans ces deux disciplines a t domine dans

la priode concerne par le souci de lenqute et lattention aux situations,plutt que par llaboration de grands systmes qui tous ont montr leursinsufsances et leur propension la rigidication doctrinaire.Lheure est, sans aucun doute, lafrmation de la libert des explorationsempiriques (il ny a pas ou de moins en moins de grands objets ou d objets nobles , par rapport des objets mineurs ou secondaires).Elle est aussi lintrt accord aux approches microsociologiques et auxperspectives de moyenne porte, plutt quaux synthses macrosociologiques.Elle est marque enn par la centralit de lindividu, plac au coeur desrestitutions sociologiques et anthropologiques des dynamiques collectives.Mais cette tendance nest pas exclusive de la production de travaux de genrethorique, ceux en particulier qui maintiennent haut la tradition fcondede la rumination des classiques des deux disciplines.

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Sil fallait cependant enrichir cette coupe dune observation sur les pratiquesde la recherche au cours des dernires annes, on ne saurait manquerde souligner ce que ces productions doivent au dveloppement du travail collectif et lintensication des interlocutions entre disciplines quirecomposent le jeu des tensions voques plus haut. Dans un lieu commelcole des hautes tudes en sciences sociales, o se concentre une partimportante du potentiel de recherche national en sociologie et enanthropologie, et qui est il faut le rappeler lhritire de cetteVI e sectionde lcole pratique voue ds sa cration la promotion de ces changes,cette tendance est particulirement sensible. Ce souci du travail collectif est tout spcialement prsent chez les jeunes chercheurs, qui ont t formsds la prparation de leur doctorat ou de leur master au contactde la recherche en train de se faire. Loin de signier une dislocationdes savoirs, la pratique concrte de linterdisciplinarit est le lieu o peuttre repense comme un exercice poursuivre et non comme une optionthorique soutenir la question de lunication des savoirs sur le social,question qui demeure lhorizon des diffrentes disciplines.

Danile HERVIEU-LGER Sociologue, prsidente de lcole des Hautes tudes en Sciences Sociales

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Vivons-nous un nouvel ge dor des sciences sociales en France ?

La question peut surprendre tant il semble beaucoup que cet apogeappartient au pass. Pourtant, dans les dix dernires annes, un grand nombredouvrages remarquables ont t publis et leur qualit scientique vautcelle des ouvrages des annes 1960 et 1970, considrs parfois commeinsurpassables. Ctait alors le temps des grands systmes en sociologieet en anthropologie. Le marxisme pntrait profondment ces disciplines, linstar de lhistoire et de la philosophie. Par ailleurs, le structuralisme promupar Claude Lvi-Strauss faisait des mules plus ou moins dles sa pense,quil sagisse de Pierre Bourdieu ou de Michel Foucault. Dautres paradigmesslaboraient aussi. Georges Balandier dveloppait alors une anthropologiedynamique aux antipodes du structuralisme, tandis quAlain Touraine construisaitune thorie des mouvements sociaux et de la production de la socit.Lindividualisme mthodologique port par Raymond Boudon faisait lobjetde premiers ouvrages importants. Michel Crozier proposait de nouveaux principesdanalyse des organisations, des bureaucraties et des blocages sociaux.Henri Mendras commenait rendre compte des transformations profondes

de la paysannerie et de la socit franaise. Ces grands noms ont laissdes uvres majeures qui semblent difciles galer.Les disparitions de Pierre Bourdieu, en 2002, et de Henri Mendras, en 2003,symbolisent prcisment la n de cette poque, mais cest une vingtainedannes plus tt quun changement dorientation scientique importantavait t amorc. Le structuralisme a en effet reu dans les annes 1980,au prot dapproches portant laccent sur lindividu, sa culture, ses valeurs.Lide dun dterminisme de laction humaine par des structures inconscientesest alors battue en brche par des approches en termes de rationalit limitede lacteur social. Cela a concid avec laffaiblissement du marxisme,qui a cess dtre un courant majeur des sciences sociales en France bien avantleffondrement de lUnion sovitique. Le libralisme a retrouv un certain lustre,alors quil tait marginal dans le champ scientique depuis Raymond Aron.Aujourdhui, mme si des sociologues et des anthropologues des annes 1960poursuivent leurs uvres, ils ne reprsentent plus quune minoritde chercheurs.

INTRODUCTION


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Certains dduisent de la n des grands systmes thoriques que nous serionsplongs dans une re du vide des sciences sociales. Rien nest moins sr.Lensemble des ouvrages runis ici tmoigne au contraire de la grandevitalit de la sociologie et de lanthropologie franaises, mais il apparatassez clairement que le pragmatisme et la recherche empirique ont pris le passur les constructions purement abstraites et statiques. Et il faut sen fliciter.Soulignons pourtant que la recherche franaise en sciences sociales na pasdlaiss la thorie et on trouvera dans cette bibliographie des ouvragesexceptionnels de ce point de vue. Mais la thorie est de plus en plus mise lpreuve des faits, la rationalit formelle ne sufsant plus la faire tenir debout toute seule. On ne se satisfait plus dafrmations premptoireset mal fondes en ralit. La proccupation thorique est alors plusdordre mthodologique comment construire lobjet ? quarchitectonique comment est-il structur ? , ou plutt cette deuxime question nintervientpasa priori , maisa posteriori . Lmergence dune sociologie pragmatique,qui sinspire de lethnomthodologie nord-amricaine, est tout fait signicativede cette inexion. Elle va de pair avec le refus de se placer en surplombvis--vis des acteurs sociaux : sociologues et anthropologues daujourdhui

prennent au srieux le sens que les individus donnent leurs actes.La mthode comprhensive sest ainsi gnralise dans les sciences sociales.

Nous navons pas souhait sparer sociologie et anthropologie, dont les frontiressont aujourdhui de plus en plus oues. Le grand partage entre socite moderneet socit traditionnelle na plus aucun sens, sil en a jamais eu. Personnene peut aujourdhui prtendre que Bombay est moins dveloppe que Newcastle.Le chercheur qui prend pour objet le maraboutisme africain Paris est-il moins anthropologue (ou plus sociologue) que celui qui sintresseau pentectisme au Ghana ? Une religion traditionnelle en pays moderne dun ct, une religion moderne en pays traditionnel de lautre :on voit que ces catgories, dj fortement questionnes par Georges Balandierdans les annes 1950, sont aujourdhui obsoltes. En outre, les mthodeselles-mmes convergent souvent : les anthropologues hsitent moins utiliser ou mme produire des statistiques, les sociologues ont intgrbeaucoup de mthodes qualitatives (lobservation participante au premierchef) qui taient lapanage des anthropologues.


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Ajoutons que le refus de sparer les travaux des deux disciplines(dont le divorce institutionnel est principalement le produit de la colonisation)prsente lintrt de montrer combien la recherche franaise est actuellementinternationalise. Beaucoup de sociologues nhsitent plus enquter ltranger, tandis que des anthropologues accomplissent le chemin inverse.Aprs avoir tudi lexercice de la souverainet en Afrique, certainssintressent, comme Marc Abls, aux pratiques politiques rgionales,nationales et mme supra-nationales. De plus en plus de recherches incluentainsi une dimension comparative europenne, ou mme plus globale.

Comment est compose cette bibliographie ? En premier lieu, il fallait,bien entendu, se plier la rgle de base de la collection : cent ouvragespublis depuis une dizaine dannes (le plus ancien date de 1994),pas un de plus, pas un de moins. Nous avons exclu les traductions et les rditions,tout comme les revues. Certains ouvrages collectifs ont en revanche t retenuscar ils manifestent matriellement un principe essentiel de la recherche :la coopration des individus, associe la confrontation des ides et des faits.Enn, la slection comporte exclusivement des auteurs dexpression franaise.

Sept grandes orientations scientiques ayant structur la rechercheont t identies. Un ouvrage de rfrence est cit dessein dans chaquesection : on y trouvera une bibliographie complmentaire sur chaquethmatique. La premire srie comporte des ouvrages lambition gnrale,qui sappuient souvent sur une relecture des auteurs classiques .Philippe Descola, dans son dernier livre, reprend par exemple nouveauxfrais la dnition du totmisme et celle de lanimisme, concepts utilissds leXIXe sicle. La deuxime section comprend des publications centressur la religion. Ce domaine, qui semblait en dshrence, a pris beaucoupdimportance dans les dernires annes, du fait du dveloppementdes fondamentalismes, des nouveaux mouvements religieux et de lislamen Europe. Il existe une large bibliographie sur ce dernier sujet :nous nous sommes limits citer louvrage remarquable de Liliane Kuczynskisur le maraboutisme en France, qui montre que lislam franais ne se rduit pas lactivisme salaste. Les questions politiques, quil sagisse de lordreou de la contestation, qui sont les deux faces dune mme monnaie,font lobjet dune troisime srie de publications, comme le grand ouvrage

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comparatif de Dominique Schnapper sur la citoyennet en Europe. La partiesuivante est axe sur le travail et les questions conomiques en gnral.La construction europenne et ltablissement de leuro a suscit un grandintrt sociologique et anthropologique pour la monnaie. Louvragede Maurice Godelier sur le don en est un exemple. Autre question sociale ayantmerg dans les annes 1990 : la restructuration de la famille et la parent.La loi sur le Pacs et lextension (dans la varit) de la recomposition familialeont incit les chercheurs repenser les catgories de la parent et tudierde prs les nouvelles familles . Nous avons choisi une douzaine douvragessur ce thme, runis dans la cinquime partie. On trouvera dans la siximepartie un ensemble dtudes culturelles et mdiatiques. Les analyses que lon y lit ne sont pas, bien sr, dordre journalistique : elles prennent les actions,les institutions et les entreprises culturelles pour objet. La liste inclutnotamment louvrage important de Bernard Lahire sur la culture des individus.Enn, ce orilge sachve par la prsentation douvrages sur le corps,la sant, la sexualit, dont beaucoup ont t suscits par la pandmie de sidaqui a profondment modi les pratiques et les reprsentations dans cesdomaines. On verra que la question politique est souvent articule par les

chercheurs celle du rapport au corps : ltat, de par sa gestion des maladies,simmisce dans la relation de lindividu son identit corporelle.Cest ce que montre par exemple Didier Fassin dans son ouvrage surles politiques de la sant.

Il y a bien sr une part darbitraire dans cette slection. Bien dautreslivres auraient pu apparatre ici. Nanmoins, cet chantillon, dans sa varitet sa qualit, nous engage loptimisme pour lavenir de la sociologieet de lanthropologie franaises.

Erwan DIANTEILL

Matre de confrences lEHESS

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Jean-Loup AMSELLEBranchements : anthropologiede luniversalit des cultures[Flammarion, 2001, 265 p., 16,78 ,ISBN : 2-08-212547-5]

,!7IC0I2-bcfehf! Lanthropologie classique privilgie la monographiede communauts locales. Jean-Loup Amselle souhaiterompre avec cette approche autochtoniste .Ltude du NKo lui en donne loccasion : il sagitdun mouvement culturel, une sorte de prophtismescripturaire afro-centriste, en partie sotrique,n dans la population mandingue mais qui a la particularitdtre dissmin largement en Afrique. travers lanalyseanthropologique du NKo, Amselle construit un nouveauconcept, celui de branchement , qui vise mieuxrendre compte de la globalisation culturelle.Mieux que les notions de syncrtisme ou de mtissage ,qui supposent peu ou prou lexistence pralablede cultures stables et homognes, le branchement permet de penser la globalisation en terme de rseauxet de drivations. Il ny a pas de cultures pures ,toutes les socits sont traverses de courants dchangesqui les dpassent. En dautres termes, la globalisationest loin dtre un fait nouveau et, dune certaine faon,elle a toujours t (ou aurait d tre) le vritableobjet de lanthropologie culturelle. Cet ouvrage documentevigoureusement cette thse provocante, et modienotre vision de la mondialisation.

Marc AUGPour une anthropologiedes mondes contemporains[Flammarion, coll. Champs , 1999, 195 p., 6,20 ,ISBN : 2-08-081373-0]

,!7IC0I0-ibdhdc! Comment faire de lanthropologie culturelle lheure o les distinctions fondamentales de la discipline(primitif/volu, oral/crit, tradition/modernit,socit froide/socit chaude) nont plus aucun sens ?Tel est le d relev par Marc Aug, qui procde unevaluation critique de lanthropologie, constituant ainsiun inventaire de ses thories, de ses mthodes et deses objets. Les relations de fertilisation mutuelle aveclhistoire sont discutes, ainsi que la tendancepost-moderne en sciences sociales. Une critique prospectivepeut alors se dvelopper. Trois nouveaux mondesmritent spcialement dtre explors : lindividu, quela tradition durkheimienne a eu tendance ngligeren France ; les religions afro-amricaines (vaudou, santeria,candombl), qui nous obligent penser la cultureautrement quen termes de totalit homogne ; la ville,car elle est une combinaison de lieux et de non-lieux ,concept forg dans un ouvrage antrieur pourcomprendre la surmodernit (Non-Lieux , 1992).Au total, on comprend mieux pourquoi laltrit, la pluralitet lidentit sont au cur des interrogationsde lanthropologie des mondes contemporains.

THORIE, PISTMOLOGIE, HISTOIRE DE LA P


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Georges BALANDIERCiviliss, dit-on[Presses universitaires de France, 2003, 397 p., 18 ,ISBN : 2-13-053165-2]

,!7IC1D0-fdbgfe! Dans cette slection de textes jalonnant cinquanteans de carrire, lun des grands noms de lanthropologiefranaise livre certaines clefs de son uvre.On comprend mieux les tapes du parcours intellectuel, ses continuits, ses ruptures, ses engagementset ses dsenchantements . Dabord africaniste,Georges Balandier a contribu dissiper limage duneAfrique intemporelle, ge dans les mythes et les ritesimmmoriaux. Ds les annes 1950, il a t lundes premiers montrer les effets de lurbanisation,de la colonisation, puis de la dcolonisation, de lamodernit conomique et culturelle sur le continentnoir . Dans les annes 1960, lanthropologie dynamiquesoppose alors au structuralisme, jug incapablede rendre compte de lvolution historique.Puis, la problmatique et la mthode slargissent,Georges Balandier thorise le dtour par lequel ltudedes socits non occidentales permet de mieuxcomprendre les ntres. Dans les dernires annes,il a dvelopp des analyses toujours originales de lindit,de lactuel et de la surmodernit. Lextraordinairevivacit de la pense de Georges Balandier, en parfaitaccord avec les dynamismes sociaux quil dcrit,apparat ainsi clairement dans cet ouvrage.

Jean-Michel BERTHELOT Les Vertus de lincertitude :le travail de lanalysedans les sciences sociales[Presses universitaires de France, 1996, 271 p., 25,60 ,ISBN : 2-13-047121-8]

,!7IC1D0-ehbcbj! Comment les sciences sociales produisent-ellesdes connaissances ? Cest une rponse paradoxale quiest apporte ici puisque lauteur sefforce de formaliser(au moyen dun symbolisme logique complexe)les procdures de sciences incertaines. On suit les tapesde la construction du savoir sociologique en suivantun l, celui de lanalyse. On passe ainsi de la connaissancecomme traduction la fonction de largumentationet de la schmatisation, pour dboucher sur laporiedes disciplines. La sociologie apparat ainsi comme

une discipline de lincertitude mais aussi de linvention.Les questions thiques et politiques ne sont pas absentesde cet essai dpistmologie. La dernire tapeanalytique consiste problmatiser le rapportdes sciences sociales laction. quelles conditionsla sociologie peut-elle intervenir de faon lgitimedans le monde social ?

THORIE, PISTMOLOGIE, HISTOIRE DE LA PENSE


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Raymond BOUDON(avec Robert LEROUX) Y a-t-il encore une sociologie ?[Odile Jacob, 2003, 249 p., 23,90 ,ISBN : 2-7381-1211-0]

,!7IC7D8-bbcbbi! Sous la forme dun dialogue avec un historiende la sociologie, le principal tenant de lindividualismemthodologique en France expose la gense de son uvreet les rsultats les plus intressants de ses recherches.Dabord form en philosophie dans les annes 1950,Raymond Boudon a ensuite suivi les enseignementsde Raymond Aron, dont il a hrit la mance lgarddu marxisme et du durkheimisme et lintrt pourles sociologues libraux (Tocqueville, Weber, Pareto).Cest dans les annes 1960 et 1970 quil dveloppeune sociologie fonde sur ltude (principalement au moyende mthodes mathmatiques) de lagrgation descomportements individuels, phnomne qui peut produiredes effets pervers. Puis, partir des annes 1980,lintrt du sociologue se dplace vers la sociologiede la connaissance. Il examine alors les ressortsde lidologie, l art de se persuader des ides fausses,mais aussi la possibilit dune rationalit des valeursou, pour utiliser lexpression wbrienne, l actionrationnelle en valeur que lon doit distinguerde la rationalit technique. On lira avec grand intrtles pages consacres aux croyances religieusesdans le dernier chapitre.

Pierre BOURDIEUMditations pascaliennes[d. du Seuil, coll. Liber , 1997, 316 p., 21,80 ,ISBN : 2-02-032002-9]

,!7IC0C0-dcaacd! Aprs une solide formation en philosophie dansles annes 1950, Pierre Bourdieu est devenu sociologue.Dans lun de ses derniers ouvrages, il opre un retourcritique la philosophie, dont il interroge le biaisscolastique. Blaise Pascal, le premier, portait un jugementsvre sur les mots denure , sur la vanit de certainsdiscours philosophiques. Bourdieu identie trois formesde lerreur scolastique. Dans lordre de la connaissance,le savant scolastique impute autrui un intrt de purecomprhension, qui est en gnral tranger ceuxqui sont intresss par autre chose que par la science.Dans lordre de lthique, lerreur consiste verserdans un universalisme abstrait qui nglige les conditionssociales daccs luniversel. Beaucoup de professionsde foi universalistes sont hypocrites car elles supposentque la culture et la libert du savant sont gnralises.Enn, dans lordre de lesthtique, le scolastique tend ngliger que l exercice pur de la facult de sentir nest possible que pour ceux qui sy sont exercspar lducation. On apprend apprcier une uvre dart,alors que le scolastique suppose quil sagit dune facultuniverselle. Contre ces trois erreurs, le sociologuedveloppe une thorie de la pratique qui met laccentsur lincorporation, les postures et les habitudes.Celles-ci sont acquises mais elles sont aussi

gnratrices de conduites. Cet ouvrage permet ainside mieux saisir la contribution de la sociologiecritique la philosophie.



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Pierre BOURETZLes Promesses du monde Philosophie de Max Weber [Gallimard, coll. NRF - Essais , 1996, 625 p., 27,43 ,ISBN : 2-07-074250-4]

,!7IC0H0-hecfaj! O se trouve lunit dune uvre aussi foisonnanteque celle de Max Weber ? Plutt que dtudier telle ou tellepartie de limmense corpus wbrien (sociologie dudroit, de lconomie, de la religion, thorie de laction,pistmologie des sciences humaines, entre autres),Pierre Bouretz lapprhende dans son ensemble andy thmatiser un ressort fondamental : le constatdu dsenchantement du monde. Dans les crits conomiques,politiques et juridiques, un mme pessimisme lgardde la rationalisation de la civilisation occidentale apparatsous la plume du sociologue allemand. Cest doncdans les crits portant sur la religion que se dcouvrele cur battant de la philosophie de Weber : on y litlhistoire de la perte du sens quengendre la modernit.Alors que, des Lumires au positivisme, on a conu laraison comme une force de libration, Weber montrequelle mne au contraire nous jeter dans lobscuritdu sens : le progrs de la raison destabilise les valeurs,il dtruit la transcendance. La rationalisation du mondeconduit un monde irrationnel. Ce dsenchantement contamine aussi la pense wbrienne, comme si toutephilosophie systmatique devait dornavant seffacerface la description de formes sociales contingentes.La philosophie de lhistoire de Weber mnerait ainsiparadoxalement une a-philosophie. Les dernires pagesde louvrage, o les noms de Bloch et de Benjaminsemblent constituer un contre-point messianiqueau dsespoir wbrien, annoncent louvrage monumental que Bouretz a consacr rcemment ces auteurs(Tmoins du futur , 2003).

Jean-Claude COMBESSIELa Mthode en sociologie[La Dcouverte, coll. Repres , 1996, 123 p., 7,55 ,ISBN : 2-7071-2568-7]

,!7IC7A7-bcfgic! Par quoi se caractrise la mthode en sociologie ?Doit-on parler dune ou de plusieurs mthodes ?Quel rapport la mthode entretient-elle avec la thorie ?On trouvera ici quelques rponses ces questions,prsentes de faon particulirement pdagogique.Lintroduction est consacre linvention de la mthode ,sans laquelle la sociologie nexisterait pas.La premire partie de louvrage passe en revue lesprincipales procdures de recherche dans la discipline :observation, entretien semi-directif, questionnaire,sondage. Pour chacune delles, on comprend la foislintrt et les limites de loutil considr, sans aucunscientisme : le choix dune enqute par observationou par questionnaire, par exemple, dpend essentielle-ment de la construction de lobjet sociologique.La deuxime partie du livre porte sur la manirede traiter les informations, une fois celles-ci collectes.La prsentation des tests statistiques concernantla liaison entre deux variables est particulirementclaire, ce qui est une gageure dans ce domaine(les lments de statistique et de probabilit en annexecompltent le dossier). Les dernires pages du livresont stimulantes : comment peut-on sociologiser la mthode sociologique ?



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Philippe DESCOLAPar-del nature et culture[Gallimard, coll. Bibliothque des sciences humaines ,2005, 618 p., 35 , ISBN : 2-07-077263-2]

,!7IC0H0-hhcgdg! Philippe Descola reprend frais nouveaux la questiondu rapport entre nature et culture, telle que lavaitpose Claude Lvi-Strauss. Quatre faons denvisagerla relation entre lhomme et la nature sont identies.Certaines de ces modalits ont dj t qualiesdans lhistoire de lanthropologie, mais lauteur rednitcompltement ces concepts. Ainsi, lanimisme correspond limputation par les humains des non-humainsdune intriorit identique la leur, sans pourtant queles corps soient considrs comme identiques. Le totmismeest repens comme participation la fois matrielleet morale entre rgne humain et rgne non humain :les hommes ont une parent avec une espce animaleou vgtale (souvent un anctre primordial commun).Troisime ontologie , le naturalisme postule unecontinuit matrielle mais une discontinuit subjectiveentre lhomme et lenvironnement. Les vises humainesne sont propres qu lhumanit, mais le corps humainest fait datomes comme le reste du monde. Enn,la pense analogique tablit des correspondances entredeux univers disjoints autant par la matire que parlesprit. Les similitudes organisent alors le sens entredes ordres distincts. Louvrage explore magistralementtoutes les possibilits offertes par ce quadrantconceptuel.

Michel de FORNEL, Albert OGIENet Louis QUERE(dir.)LEthnomthodologie :une sociologie radicale[La Dcouverte, coll. Recherches , 2001, 444 p.,35,29 , ISBN : 2-7071-3373-6]

,!7IC7A7-bddhdb! Lethnomthodologie est une mthode sociologiquefonde par Harold Garnkel dans les annes 1960.Contre les approches durkheimiennes, fonctionnalistesou marxistes, lethnomthodologie postule que lonne peut considrer les faits sociaux comme des choses,car les relations humaines sont faites de sens.Loin dtre dtermins par des forces impersonnelles,les agents en situation sont capables de rexivit,dajustement, mais aussi de trangression des rgles.Dans la perspective ethnomthodologique, il faut

revenir aux actes les plus concrets. La descriptionse substitue alors la thorie sociologique. Issudun colloque Cerisy consacr cette rorientationradicale de la mthode en sciences sociales, cet ouvragerunit les contributions de sociologues, de linguisteset de philosophes. On comprend mieux commentlanalyse des organisations, la sociologie du travail,la sociologie des sciences, la sociolinguistique ont tprofondment transformes par lethnomthodologie.Nanmoins, louvrage na pas de nalit apologtique :les limites et les apories de la mthode sont aussilonguement discutes.



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Bernard LAHIRELEsprit sociologique[La Dcouverte, coll. Textes lappui , 2005, 434 p.,26,50 , ISBN : 2-7071-4568-4]

,!7IC7A7-befgia! En quoi consiste la sociologie ? Bernard Lahiresefforce de rpondre cette question classique depuisDurkheim. Tout discours sur la socit nest pasncessairement sociologique. Il faut pour cela quuncertain nombre de conditions dordre thorique,mthodologique et empirique soient remplies.Bernard Lahire, auteur de plusieurs tudes empiriques(voir par exempleLa Culture des individus, 2004,prsent plus bas), livre ici un ensemble de textespistmologiques sur le mtier de sociologue .Il rend compte de lusage sociologique de la description,de linterprtation et de ses dangers (la surinterprtation),de la validit des analogies, du rapport entrescience sociale et littrature, de lobjectivationet de la critique sociale . Ces thmes, parfois difciles,sont pourtant toujours traits avec clart et sansaffectation. Le chapitreXIII, qui porte sur la diffrenceentre sociologie et astrologie, illustre parfaitementce point de vue, que lon pourrait qualier de rationalismenon dogmatique. Louvrage tmoigne, en dernireinstance, dune vritable passion de la sociologie donton peut esprer quelle soit communicative.

Franois LAPLANTINEDe tout petits liens[ Mille et Une Nuits, coll. Essai , 2003, 414 p., 12 ,ISBN : 2-84205-741-4]

,!7IC8E2-afhebb! Plutt que de se consacrer llaboration de thorieset de concepts visant expliquer les faits sociaux,Franois Laplantine se concentre sur les petites liaisons,les graduations minuscules, les micro-vnementsqui tissent les relations entre les individus. Il prend ainsile contrepied dune anthropologie monumentale qui crase son objet plus quelle nen rend raison.Autant que lobjet, la mthode est originale. Laplantinecherche dans la littrature et dans le cinma une sourcedune connaissance quil qualie de micrologique . partir des ctions de Flaubert, Kafka, Tchekhov,des lms de Bresson et de Godard, il vise construirele concept (ou plutt le dcept , notion laquelleest consacr un chapitre) de petit . Il sagit dexplorerle mode mineur de la ralit sociale, fait doscillations,de murmures et de chuchotements. Les liaisons discrtes,les associations libres, les petites bribes de sensentrent ainsi dans le champ de recherche de lanthropologie.



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Sylvie MESURE(dir.)La Rationalit des valeurs[Presses universitaires de France, coll. Sociologies ,1998, 333 p., 30,18 , ISBN : 2-13-048988-5]

,!7IC1D0-eijiih! Il est assez simple de comprendre ce queMax Weber entend par rationalit instrumentale :il sagit de ladquation de moyens techniques des ns empiriques. La rationalit en valeur est en revanche beaucoup plus difcile concevoir.Cet ouvrage collectif runit des contributionsde philosophes et dhistoriens de la sociologie quisinterrogent sur cette notion. Avons-nous des raisonsde croire la raison dans le domaine des valeurs ?Tel est lenjeu du dbat organis linitiativede Raymon Boudon. Il y a bien une rationalit axiologique,car ceux qui agissent en fonction didaux ne noussemblent nullement insenss. Tout au contraire,celui qui est dpourvu de valeurs a aussi perdu la raison.Mais la rationalit axiologique ne se ramne pas la rationalit instrumentale, car les valeursqui rglent laction ne sont en rien des objets empiriques.Ni le bien, ni le beau, ni le juste nont dexistenceconstatable. Or, ces valeurs sont multiples, changeantes,relatives la culture et lpoque : commentleur accorder une rationalit alors quelles semblenttellement arbitraires ? Cest en relisant Weber, maisaussi Durkheim et Simmel, que les auteurs runis icitentent de donner une rponse ces questions.

Jacques REVEL(dir.) Jeux dchelles La micro-analyse lexprience[d. du Seuil /Gallimard, coll. Hautes tudes , 1996,243 p., 23 , ISBN : 2-02-028773-0]

,!7IC0C0-cihhdj! La micro-histoire a t lune des principales innovationsdans les sciences sociales pendant les trente derniresannes. la n des annes 1970, un petit groupedhistoriens italiens a mis en uvre une mthode nouvelleen se concentrant sur des objets limits (une biographie,un vnement). Que se passe-t-il si lon change dchellescientique, si lon passe de ltude du collectif surla longue dure celle du fait individuel dans sa modestetemporalit ? Alors que lcole historique dite des Annales privilgiait une approche globalisante, lamicrostoria italienne sintresse au concret, aux signes, traces, pistes .Si lon suit Carlo Ginsburg, cette approche constitueun paradigme de lindice , oppos la constructiondun grand systme explicatif. Le grand intrt des tudesrunies par Jacques Revel est dvaluer la pertinencedune telle approche, dont la connaissance a tlongtemps restreinte en France, en faisant dialoguerhistoriens et anthropologues.



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Germaine TILLIONIl tait une fois lethnographie[d. du Seuil, coll. Biographie , 2000, 292 p., 20 ,ISBN : 2-02-025702-5]

,!7IC0C0-cfhacc! lve de Marcel Mauss et pionnire de lethnographiede terrain, Germaine Tillion relate ici son enqutedans les Aurs entre 1934 et 1940. Le texte prsentedabord un grand intrt documentaire, puisquil donneune description des murs et du folklore des Berbresalgriens des annes 1930. G. Tillion a collect ainsides contes, des lgendes, des lments de croyance,des rgles de mariage, des jeux, des calendriers,des patronymes dans les douars berbres. Mais louvragenous permet aussi de comprendre de faon extrmementvivante quel tait concrtement le mtier dethnologueavant la deuxime guerre mondiale. On dcouvrece qutaient ses relations avec la population tudie,ainsi que celles quil (ou elle) devait entretenir avecles autorits coloniales. Tmoignage dun certain tatde la science anthropologique, cet ouvrage comprendaussi des lments dpistmologie pratique(souvent teints dironie) toujours dactualit.

Alain TOURAINEUn nouveau paradigme : pour comprendre le monde daujourdhui[Fayard, 2005, 364 p., 23 , ISBN : 2-213-62363-5]

,!7IC2B3-gcdgde! Thoricien de la socit comme production et non reproduction , et sociologue des mouvementssociaux depuis les annes 1960, Alain Touraine proposeune nouvelle perspective sur la haute modernit.Longtemps, notre vision de la ralit sociale a pris une formepolitique : la base de la socit occidentale semblaittre lingale distribution du pouvoir. Puis, la rvolutionindustrielle a profondment modi notre visiondu monde social. Ce sont les catgories de lconomiequi se sont imposes, autour des questions lies la production, lchange et la consommation.Or, les constructions cognitives politiques et cono-miques sont largement inadquates aux problmescontemporains mergents. La place des minorits,la sexualit, la religion, par exemple, ne peuvent passe rduire une analyse politique ou conomique.Le nouveau paradigme qui les rendra intelligibles estde nature culturelle. Il est distinct des prcdentsen ce quil est, dune certaine faon, autocentr : alorsque le politique et lconomique visaient la conqutedu monde, le culturel est centr sur lautocomprhension,sur la capacit du sujet se comprendre lui-mme.



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lisabeth ALLSMusulmans de Chine Une anthropologiedes Hui du Henan[ditions de lEHESS, coll. Recherches dhistoireet de sciences sociales , 2000, 334 p., 30,50 ,

ISBN : 2-7132-1350-9]

,!7IC7B3-cbdfac! Lislam ne se rduit pas au monde arabe :une grande partie de lAfrique et de lAsie est aussiconvertie cette religion. Dans cet islam priphrique,les musulmans chinois taient peut-tre les moinsbien connus. lisabeth Alls a pass de nombreusesannes chez les Hui, une minorit musulmanedans la Chine o les Han sont majoritaires : cest cetteenqute qui est restitue ici. Aprs une utile miseau point historique et gographique (comment lislam

a-t-il pntr en Chine ? O vivent aujourdhui les Hui ?),les relations de conit ou de coopration entre Huiet Han sont nement dcrites. Le statut de minoritne signie pas ncessairement la violence ou la rvolte :les Hui se peroivent bien comme partie intgrantede la socit chinoise. Notons aussi que lanalysede la place des femmes chez les Hui, et notammentlethnographie des mosques fminines, constitueun apport particulirement original ltudede lislam non arabe.

Jackie ASSAYAGAu conuent de deux rivires Musulmans et hindousdans le sud de lInde[Presses de lcole franaise dExtrme-Orient, 1995,289 p., 18 , ISBN : 2-85539-781-2]

,!7IC8F5-djhibi! Les relations entre musulmans et hindousne se rduisent pas des heurts violents, elles sont,de faon beaucoup plus complexe, composesdattirance et de rpulsion. Pendant plusieurs annes,Jackie Assayag a tudi sur place cette relation ambivalentedans la partie la plus mridionale de lInde, en milieurural et urbain. Chaque chapitre met en regard,sur un thme particulier, lislam indien et son contrepointhindou. Les deux communauts ont leurs dicesreligieux, leurs ftes, leur dmonologie et leurs formes

dexorcisme, avec parfois des fusions, des superpositions,des mtissages religieux inattendus. Dans les campagnespauvres, les pratiques syncrtiques semblent mmetre la norme plutt que lexception. Rsumant cettesituation, J. Assayag crit : On y prie pour Allah au nomde Vishnu, et inversement ! . Il nen reste pas moinsque lintolrance progresse. Lauteur observe ainsi unemonte en puissance du conit intercommunautaireen milieu urbain au dbut des annes 1990.Il montre notamment comment la mmoire collective,en particulier le culte des saints musulmans, est ractivepour solidier les identits.

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Christiane BOUGEROLUne ethnographie des conitsaux Antilles Jalousie,commrages, sorcellerie[Presses universitaires de France, coll. Ethnologies ,1997, 161 p., 19 , ISBN : 2-13-048290-2]

,!7IC1D0-eicjab! Cet ouvrage prend pour objet les conits privsou domestiques, et plus prcisment la sorcellerie,dans les Antilles franaises, partir dun terrain dansles environs de Basse-Terre, en Guadeloupe.Sappuyant sur les principes de lanalyse interactionniste,lauteure montre comment naissent, se dveloppentet se rsolvent ces luttes domestiques qui opposent le plussouvent des proches, parents ou voisins. loriginede bien des diffrends se trouve la jalousie , termevernaculaire qui correspond plutt l envie : il sagit

du dsir dacqurir quelque chose quautrui possde.Scartant de lanthropologie classique afro-amricaniste,qui cherchait la fois lucider les origines africainesdu magico-religieux et les modes de combinaison entrechristianisme et paganisme , Christiane Bougerol dcrit brillamment la logique paradoxale sur laquellereposent les conits interpersonnels. Dans le casde la jalousie, de lindiscrtion comme de la sorcellerie,celui qui se considre comme une victime a toutesles chances dtre considr comme un agresseur par celuiqui est accus. Le signe principal de la jalousie consiste acqurir des biens au moins aussi prestigieuxque ceux possds par celui qui est jalous.Or, confront un jaloux, on sefforcera de lui donnerune occupation , cest--dire de se montrer le plusriche possible pour le narguer ce qui est prcismentle signe auquel on reconnat un jaloux.

lisabeth CLAVERIELes Guerres de la Vierge Une anthropologiedes apparitions[Gallimard, coll. NRF - Essais , 2003, 452 p., 25 ,ISBN : 2-07-076390-0]

,!7IC0H0-hgdjaa! En 1981, la Vierge est apparue six enfants enBosnie-Herzgovine. Depuis cette poque, les apparitionsnont cess de se produire, et Medjugorje est devenuun lieu de plerinage o se rendent des milliers de personnes.Pendant dix ans, lisabeth Claverie a enqut surlvnement originel, elle a suivi les plerins avant,pendant et aprs la guerre de Bosnie (1991-1995).Paralllement, elle a men une recherche approfondiedanthropologie historique sur le personnage de la Vierge tel quil a t conu par les pres de lglise.

On comprend mieux alors comment la Vierge a pu treconue, en Croatie, la fois comme Mre de misricorde , Guerrire et Annonciatrice . Lethnographiede E. Claverie est toujours dune grande prcision,se refusant absolument porter un jugement sur la ralitdes apparitions. Elle cherche au contraire restituerles espoirs et les attentes des plerins, selon une mthodecomprhensive radicale.

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Danile HERVIEU-LGERLa Religion en miettesou la Question des sectes[Calmann-Lvy, coll. Essai - Socit , 2001, 222 p.,16,74 , ISBN : 2-7021-3192-1]

,!7IC7A2-bdbjcd! Le problme sectaire doit tre comprisen France dans le contexte historique des relationsentre ltat et lglise catholique. En principe,la Rpublique ne reconnat ni ne subventionne aucunculte, mais, dans les faits, le catholicisme, le protestantismeet le judasme sont traits diffremment des autresreligions, sur le plan scal, immobilier et ducatif principalement. Le catholicisme, en particulier,a longtemps t conu par ltat lac comme la religionnormale . Il faut pourtant tudier les sectes de faon neutre, sans se laisser abuser par la polarisationclassique lacit/catholicisme . D. Hervieu-Lgerpose ainsi la question du succs de ces mouvements.Pourquoi sduisent-ils ? Les nouveaux mouvementsreligieux proposent en fait un corps de croyanceset de techniques relatives laccomplissement de soi, la gurison et la prosprit nancire, ce quiles met en phase avec les valeurs de la modernit.Alors quune grande partie de lglise catholique restemante lgard de lindividualisme contemporain,beaucoup de nouveaux mouvements religieux en fontau contraire le point central de leur doctrine.

Liliane KUCZYNSKILes Marabouts africains Paris[CNRS ditions, 2002, 439 p., 27 , ISBN : 2-271-06087-7]

,!7IC2H1-agaihh! Nous avons tous (ou presque) conserv les petitsprospectus, distribus la sortie du mtro ou surles marchs, vantant les pouvoirs surnaturels desmarabouts africains. Voici le premier ouvrage approfondisur ces magiciens-thrapeutes africains en France.Liliane Kuczynski rend compte des motivationsdu dpart du pays dorigine et de ladaptationen France. Qui sont les clients et quels sont les rituelsauxquels ils se soumettent ? Quel est le sens queles marabouts donnent au malheur et au dsir ?Quel genre de cure proposent-ils ? Loin dtre attachsabsolument une tradition islamique, les maraboutsnhsitent pas intgrer les pratiques divinatoiresde toute origine auxquelles ils ont accs dans la grandeville. Ils sont conscients de la lgislation franaise,sur lexercice illgal de la mdecine en particulier.Les techniques publicitaires, quil sagisse de la diffusionde tracts ou de la publication dans la presse crite,sont fort bien matrises. Sans dogme, le maraboutismedonne ainsi lexemple dune religion pratique et plastique,sujette aux bricolages individuels. Paradoxalement,le maraboutisme se rvle donc extrmement bienadapt la vie urbaine moderne.

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Michael LWY La Guerre des dieux. Religionet politique en Amrique latine[ditions du Flin, coll. Histoire , 1998, 224 p., 21 ,ISBN : 2-86645-293-3]

,!7IC8G6-efcjdd! Ce livre propose une vue densemble des rapportsentre religion et politique au cours des trente-cinqdernires annes en Amrique latine. Il sagit notammentde rendre compte du phnomne habituellementdsign comme thologie de la libration , mais quiest en fait un mouvement social ayant de profondesracines dans la vie et la culture des populations pauvresdu continent. Ce mouvement, que lauteur dsignepar le terme christianisme de la libration , est prsentsurtout au Brsil et en Amrique centrale : il est lundes facteurs dcisifs de lvolution contemporainede lAmrique latine. la fois critique de la modernisationcapitaliste et inspir par des ides sociales modernes,le christianisme de la libration a gnr des formesnouvelles de pratique sociale et une nouvelle culturereligieuse. Michael Lwy offre au lecteur uneinterprtation originale de ce phnomne, la lumiredune sociologie de la culture dinspiration la foismarxienne et wbrienne, qui prend en considrationles conits de classes en Amrique latine et les tensionsentre lthique catholique et lesprit du capitalisme.Voil lune des meilleures analyses socio-historiquesdes socits latino-amricaines daujourdhui.

Nathalie LUCALe Salut par le foot Un ethnologuechez un messie coren[Labor & Fids, 1997, 147 p., 19,20 ,ISBN : 2-8309-0787-6]

,!7IC8D0-jahihc! Parmi un grand nombre de nouveaux mouvementsreligieux drivs du pentectisme, lglise de la Providenceest lune des plus originales. Cette glise corenneest en effet organise autour du culte dun messie vivantqui se fait apppeler Jesus Morning Star (JMS), et pourqui le salut passe par le football. Surtout implante dansle milieu tudiant, o ce sport est trs populaire, lglisede la Providence organise rgulirement des matchesritualiss pendant lesquels le messie joue avec, puis contretoutes les quipes. La partie est souvent interrompue

pour permettre JMS dexpliquer les raisons spirituellesdun but marqu ou manqu. Lensemble vise rendremanifeste un charisme exceptionnel qui sexprime danslhabilet footballistique du fondateur de lglise.Cette activit sportive sacralise pourrait apparatresduisante ; Nathalie Luca montre quelle cache un cultebeaucoup moins innocent quil ny parat. Linitiationdes jeunes femmes de lglise passe en effet par lobligationde relations sexuelles avec le matre, que celui-ci justife par lpisode biblique de Cham et de No. Lapprocheethnographique de type observation participante montre ici ses limites : lanthropologue a d romprecompltement avec un mouvement menaant pour elle.

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Jacques MATREet Guy MICHELAT (dir.)Religion et Sexualit[LHarmattan, coll. Religion & sciences humaines /AFSR , 2002, 263 p., 21,35 , ISBN : 2-7475-3703-X]

,!7IC7E7-fdhadc! Issu dun colloque sur les relations entrereligion et sexualit, louvrage runit une quinzainede contributions, dont la thmatique ne se rduit pas lapproche psychanalytique. Certes, on peut considrerla religion comme la sublimation des pulsions sexuelles(cest lobjet dune partie du livre), mais lhistoire,lethnologie et la sociologie proposent des points de vuetout aussi intressants sur le sujet. Quelle est la doctrinedu judasme, du catholicisme, du protestantismeen matire dthique sexuelle ? Cette question est lgitime,mais les auteurs se gardent bien de se limiter cette problmatique. En effet, ceux qui se rclamentdune confession peuvent scarter trs notablementde la norme xe par linstitution, comme cest le caspour la sexualit avant le mariage chez les catholiques,par exemple. On sarrtera tout particulirementsur les contributions consacres lislam. Hocine Benkheiratraite de la moralisation et de la politique du sexe dans lislam mdival, Aline Tauzin des femmesde Mauritanie, Janine Mossuz-Lavau du rapport particulierque les femmes musulmanes, en France, entretiennentavec la sexualit. Ces trois contributions permettentde nuancer trs fortement limage dun islam intolranten matire de morale sexuelle.

Andr MARY Le D du syncrtisme Le travail symboliquede la religion dboga (Gabon)[ditions de lEHESS, coll. Civilisations et socits ,1999, 513 p., 42,68 , ISBN : 2-7132-1305-3]

,!7IC7B3-cbdafc! Rien nest plus erron que de concevoir les religionsafricaines comme des systmes traditionnels gsdans le temps. Louvrage dAndr Mary est au contraireune excellente illustration du caractre volutif et dynamique de ces religions. Le bwiti des Fangdu Gabon est en effet un culte syncrtique qui associedes sources africaines et chrtiennes. Il sagit dunexemple particulirement achev du bricolage africaindes hros chrtiens , titre dun autre ouvrage du mmeauteur (2000). En outre, le travail symbolique de lboga

est centr sur un prophtisme visionnaire dun genreparticulier puisquil repose sur lutilisation dun psychotrope,lboga. Pour autant, les rituels du bwiti ne sont pasdsordonns. Andr Mary rend ainsi raison avecbeaucoup de prcision de leur logique structurale,en particulier de celle de linitiation, conuepar les Fang comme une naissance lenvers .

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Albert PIETTELa Religion de prs Lactivit religieuseen train de se faire[Mtaili, coll. Leons de choses , 1999, 271 p., 21 ,ISBN : 2-86424-321-0]

,!7IC8G4-cedcbc! Il y a plusieurs faons dtudier la religionsociologiquement. La plupart des chercheurs partentdune hypothse thorique quils sefforcent de validerpar lenqute. Cest une autre mthode que proposeAlbert Piette. Il sagit de mener une ethnographieminutieuse des actions de certains catholiquesde lOuest de la France, en sattachant aux plus menusdtails de leur vie cultuelle. Lexplication par lhistoire,les structures, les institutions, les dterminationset les motivations sociales sont volontairement mises

entre parenthses an de restituer le sens de la relationavec Dieu, sans pour autant verser dans la thologie.Ce qui caractrise laction religieuse, cest de rendreprsent un absent. Lethnographe est un acteur parmiles autres, il apparat souvent dans les interactions,sans aucun primat de l objectivit scientiquesur le point de vue des individus. Louvrage, volontairementtrs descriptif, est parfois droutant, mais il donnetoujours penser.

Camille TAROT De Durkheim Mauss,linvention du symbolique :sociologie et sciences des religions[La Dcouverte, coll. Recherches , 1999, 710 p.,37,34 , ISBN : 2-7071-2963-1]

,!7IC7A7-bcjgdf! En sciences sociales, lpistmologie est presquetoujours historique, cest--dire quelle passepar ltude de la gense des concepts. De ce point de vue,louvrage monumental de Camille Tarot est exemplaire :il montre comment la notion de symbolique sest labore au cur des sciences des religions ,puis impose dans le champ des sciences sociales.Pour comprendre lmergence de cette notion, il fautrevenir la n duXIXe sicle, et plus particulirement lentreprise de fondation de la sociologie comme

discipline scientique en France. Le cur du problmese trouve dans les relations complexes entre la pensede Durkheim et celle de Marcel Mauss, ce dernier tantun disciple htrodoxe du grand sociologue franais.Si Durkheim tait encore sous linuence dunecertaine physique sociale, Mauss construit de nouveauxconcepts (le fait social total , la notion de personne ,les techniques du corps ou les parents plaisanterie )et se dgage dune conception trop mcanique desrelations humaines. Esprit moins systmatiqueque Durkheim, Mauss scarte aussi plus volontiersdes sentiers battus de la recherche. Cest pourquoisa postrit est protiforme, de Gurvitch Lvi-Straussdans les annes 1950, de Caill Godelier aujourdhui.

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Jean-Paul WILLAIMESociologie des religions[Presses universitaires de France, 1995, 127 p., 8 ,ISBN : 2-13-046941-8]

,!7IC1D0-egjebe! En quoi consiste la sociologie des religions ?De faon trs didactique, J.-P. Willaime expose dabordle point de vue des fondateurs de la discipline :Marx, Tocqueville, Weber, Durkheim, Simmel et Bastide.Puis, il montre comment la sociologie religieuse,fortement lie en France linstitution catholique,sen est dgage pour devenir une sociologiedes religions non confessionnelle, moins centresur les questions de mesure statistique de la pratique.La sociologie des religions tudie aujourdhuiun ensemble de phnomnes qui ne se rduisent pas la scularisation. Les nouveaux mouvements religieux,le fondamentalisme, lislamisation, les syncrtismeset les cumnismes ou les religions sculires sont autantdobjets nouveaux pour la sociologie contemporaine.On trouvera en n de volume un essai stimulantde dnition sociologique de la religion.

Marc ABLSUn ethnologue lAssemble[ditions Odile Jacob, 2001, 349 p., 22,86 ,ISBN : 2-7381-0988-8]

,!7IC7D8-bajiia! Dabord africaniste, Marc Abls est lauteurdune importante srie douvrages danthropologiedu politique en modernit. Aprs avoir tudile Parlement europen dans un ouvrage antrieur(1992), lauteur nous livre ici une analyse de la viequotidienne lAssemble nationale franaise.Le grand intrt de cette tude est daller au-delde limage ofcielle que la reprsentation nationaledonne delle-mme. Que font effectivement nosdputs ? Telle est la question pose par lethnologue,qui sefforce de comprendre la vision du monde,les valeurs et les pratiques des reprsentants du peuple.En tudiant lactivit des dputs, cest le rapportde la socit franaise la politique et la dmocratieque lon peut esprer approcher. On dcouvre ainsiles arcanes du Palais-Bourbon, la faon dtreet de se comporter des hommes politiques, des plusmodestes jusquaux tnors , dans les coulisseset sur la scne. Notons que ltude de cas portant surle Pacs est spcialement bien conduite : elle illustreparfaitement le processus de fabrique des lois qui est au cur de lactivit de lAssemble nationale.En outre, louvrage, crit la premire personnedu singulier un peu comme un journal de voyage,est particulirement agrable lire.

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Stphane BEAUDet Michel PIALOUXViolences urbaines, violencessociales Gense des nouvellesclasses dangereuses[Fayard, 2003, 426 p., 22 , ISBN : 2-213-61457-1]

,!7IC2B3-gbefhb!Publi en 2003, ce livre a un caractre prophtiqueau regard des meutes de lautomne 2005. Les deuxauteurs prennent en effet pour objet une meuteurbaine qui sest produite Montbliard en juillet 2000.Forts dune familiarit de long terme avec le quartier(voir louvrageRetour sur la condition ouvrire, 1999,prsent ici mme), ils rendent compte dun paradoxeapparent : cest au moment o les conditions socio-conomiques semblaient samliorer que les jeunesse sont rvolts. Au-del de lvnement qui met le feu

aux poudres (larrestation mouvemente dun jeunedlinquant de la cit) et de la conjoncture conomiqueapparemment favorable, il faut comprendre la crisecomme laboutissement dun processus dexclusionde long terme, qui possde plusieurs dimensions.Lexclusion est en effet spatiale, conomique, scolaire,et elle est encore renforce par le racisme et les discri-minations, par les faux espoirs gnrs par les emploisprcaires. Loin daborder lmeute comme un soubresautcontingent, cette tude exemplaire permet ainsiden comprendre la gense sociale : elle est le produitde la violence structurelle qui pse sur les jeunes

des cits depuis une vingtaine dannes.

Jean-Louis BRIQUET La Tradition en mouvement,clientlisme et politique en Corse[Belin, coll. Socio-histoires , 1997, 303 p.,16,91 , ISBN : 2-7011-2079-9]

,!7IC7A1-bcahjj! Violence, incivisme, omerta et vendetta : tels sontles prjugs qui envahissent lespace public lorsquil est question de la Corse. La ralit est tout autre.Loin dtre le produit dun quelconque atavisme,le clientlisme corse est issu dune relation spciqueentre le peuple et les notables de lle, cette relationtant loin dtre ge. partir dune enqute de terrainde quatre ans, en zone rurale principalement, lauteurmontre bien comment se construit le rapport clientlaire .Le rgime des obligations et des faveurs sappuiesur les rseaux familiaux qui doivent garantir la stabilit.La politique locale est fortement lie ce systme.Pourtant, il existe des forces de contestation du pouvoirdes notables. Dans la dernire partie de louvrage,on comprend comment le nationalisme corse vient en partiedune raction contre ce clientlisme traditionnel .N dans les annes 1960, puis radicalis dans les annes1970, le mouvement indpendantiste sinspire des luttesanti-coloniales qui triomphent alors dans le tiers-monde,mais il propose aussi de rompre avec le pouvoirdes lites locales, juges corrompues et compromisesavec ltat colonisateur.

CONFLITS SOCIAUX POUVOIR, INSTITUTIONS ET CONFLITS SOCIAUX


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Florent CHAMPY Les Architecteset la Commande publique[Presses universitaires de France, 1998, 397 p., 32,32 ,ISBN : 2-13-049366-1]

,!7IC1D0-ejdggc! Comment se caractrisent les nouvelles politiquespubliques en matire darchitecture et quelles sontleurs relations avec la profession darchitecte ?Tel est le propos de cet ouvrage, lun des rares tudiersociologiquement larchitecture. Lanalyse dun exempleprivilgi, celui de lAssistance publique-Hpitauxde Paris, montre comment la politique des matres douvrageaffecte profondment le march du travail des architectes.Lauteur recourt diffrentes sources thoriques(interactionnisme, analyse stratgique des organisations,thorie conomique des conventions) an de montrerque larchitecture est une activit traverse par le pouvoir,et non un simple exercice technique. On sattarderaen particulier sur le chapitre portant sur le travail collectif dlaboration du projet et la contribution de larchitecte ,dont les dveloppements sur la transgressiondu programme par larchitecte et sur la ngociationdu projet en aval du concours sont passionnants.Le paradoxe de larchitecte, crateur toujours menacdtre dpossd de sa cration, matre duvredun ouvrage dont il nest pas le matre, y apparattrs clairement.

Dominique COLASSociologie politique[Presses universitaires de France, coll. Quadrige ,2002, 568 p., 16 , ISBN : 2-13-052967-4]

,!7IC1D0-fcjghf! Voici une introduction trs complte la sociologiepolitique par un spcialiste du communisme,des questions de citoyennet et des idologies racistes.Sans parti pris ni myopie disciplinaire, lauteur proposeune propdeutique la comprhension de la chosepublique . Les principaux thoriciens du politique y compris certains philosophes sont dabord prsentset comments. On notera les rfrences Freud et Sartre,rarement inclus dans les classiques de la sciencepolitique . Dans une deuxime partie, ce sont les grandescatgories de la sociologie politique domination,action et organisation qui sont analyses, lauteursattachant toujours illustrer son propos thoriquepar des tudes de cas. Les relations entre le pouvoiret la guerre, lconomie et la communication sontabords dans la partie suivante. La section consacre lcriture comme mode de domination estparticulirement intressante, notamment les passagesconsacrs lcriture totalitaire sous le rgimecommuniste. Enn, louvrage sachve par des dvelop-pements concernant ltat, la socit civile et la nation,qui nomettent pas lorganisation des socits sans tat .

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douard CONTEet Cornelia ESSNERLa Qute de la race :une anthropologie du nazisme[Hachette, coll. Histoire des gens , 1995, 451 p.,24,39 , ISBN : 2-01-017992-7]

,!7IC0B0-bhjjcb! Le nazisme a fait lobjet dune multitude dtudesdhistoire politique, sociale, conomique. douard Conteet Cornelia Essner, quant eux, abordent le sujetdu point de vue de lanthropologie historique.Ils se proposent dexplorer le labyrinthe de la logiqueraciale . En premier lieu, le nazisme est une foi nouvelle ,fond sur un mythe du sang . Il exige une adhsioninconditionne un dogme compos de quelquesprincipes fondamentaux : linfaillibilit du Fhrer,la supriorit de la race nordique et les droits

qui en dcoulent (l espace vital en particulier),lantismitisme et la lutte contre le mtissage, synonymede dgnrescence. Ces principes ne sont pas de pureslucubrations, ils ont donn lieu une raciologieapplique . La deuxime partie tudie de prs le casdu mariage, et plus prcisment les noces posthumes,qui lient une femme vivante et un soldat mort au combat.Cette union vise lgitimer la naissance dun enfantdont le pre biologique est mort, mais elle entreen contradiction avec la conception bourgeoise de la naissance issue dun couple mari. Les deuxdernires parties sont consacres au racisme dirigcontre les juifs et les slaves. Les nazis sont en permanenceconfronts labsurdit de leur idologie. Ils doiventperptuellement se demander o commence le puret o nit limpur, question videmment insoluble.Cest larbitraire et la violence qui lemportent.

Franois DUBET Le Dclin de linstitution[d. du Seuil, coll. Lpreuve des faits , 2002, 421 p.,22 , ISBN : 2-02-055163-2]

,!7IC0C0-ffbgdc! La crise de lautorit lcole, lhpital et dans les institutions de travail social est un sujetde socit sans pour autant tre habituellementun objet sociologique. Pour aborder rigoureusementcette question, il faut dabord bien comprendrece qutait le programme institutionnel de linstituteur,du mdecin, du prtre, avant le dclin de linstitution.Ce travail sur autrui, fond sur des valeurs universelles,sur une vocation et sur lide que la socialisation, mmecontrainte, rend libre, est aujourdhui en dclin.Lexprience des acteurs sociaux les mne une formede nostalgie du temps o ils se sentaient animsdune mission de service public reconnue et acceptepar tous. Lauteur ne se contente pas de dveloppercette thse dun point de vue thorique, il sappuie surles rsultats de plusieurs interventions sociologiquesauprs denseignants, dinrmires et de travailleurs sociaux.Loin dencourager les regrets dune poque rvolue,louvrage tend montrer quune socialisationpost-institutionnelle est possible si lon intgre bienle fait que la socit nest plus un tout homogne.Lapprentissage du vivre ensemble apparat alors commeplus contradictoire et plus tendu. Il faut pouvoircombiner des principes parfois divergents,mais lorsque la socialisation en modernit est russie,

la capacit dinitiative des acteurs saccrot aussi.



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Vincent DUBOISLa Vie au guichet : relationadministrative et traitementde la misre[conomica, coll. tudes politiques , 2003, 202 p., 23 ,ISBN : 2-7178-4655-7]

,!7IC7B7-iegffd! Les relations entre usagers et fonctionnairesdans les administrations publiques semblent concentrertous les travers de la bureaucratie. Attente inutile,horaires incommodes, fonctionnaires tatillons, la dmarcheadministrative apparat la plupart du temps commeune corve. Lauteur sest intress spciquement auxinteractions qui ont lieu dans les locaux de la Caissedallocations familiales. Trois thmatiques structurentlouvrage. La premire concerne lidentit et les rlessociaux. Le guichetier adopte rarement un rle

de fonctionnaire impersonnel et interchangeable :une relative incertitude entoure sa fonction. Dun autrect, tous les usagers ne rentrent pas dans la mme case administrative. Une adaptation chaque situationse rvle ncessaire. La deuxime problmatiquea trait la rgulation des tensions et la productiondu consentement. Comment est maintenu lordreinstitutionnel ? Enn, ltude des usages de linstitutionet de ses transformations constitue un troisime l directeur. Lenqute, fort bien documente, constitueune remarquable contribution la sociologiede la domination sous sa forme administrative.

Olivier FILLIEULEStratgies de la rue Les manifestations en France[Presses de Sciences Po, 1997, 435 p., 40,39 ,ISBN : 2-7246-0707-4]

,!7IC7C4-gahahj! Chaque anne, plusieurs milliers de manifestationsont lieu en France. Pourtant, les sciences politiquesont longtemps focalis leur analyse sur ce quelles estimenttre lexpression lgitime de la volont gnrale dansune dmocratie librale, savoir le suffrage, les partiset les institutions. Le grand mrite de cet ouvrageest danalyser sociologiquement les manifestations de rue,incarnation par excellence de la participation politiquedirecte. Lauteur considre ainsi systmatiquementles interactions entre les activistes du mouvement social,les forces de lordre et le pouvoir politique en place,en analysant les archives policires Paris et en province.Aprs une excellente prsentation des thoriesde la mobilisation collective et un expos des formestemporelles et spatiales prises par les manifestationsen France, on passe ltude du continuum entre actionpolitique lgale et illgale, en particulier les violencesassocies aux dmonstrations collectives. Plus stablesque certains le pensent, les manifestations sont en faitmajoritairement organises, depuis longtemps, parles mmes acteurs, associations ou syndicats. On sarrterasur les deux derniers chapitres, qui portent sur le rledes forces de maintien de lordre, trop souvent considrescomme de simples excutants des autorits politiques,alors que la marge dautonomie de la policereste importante.



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Bernard HAUMONT et Alain MOREL(dir.)La Socit des voisins Partager un habitat collectif [ditions de la Maison des sciences de lhomme,coll. Ethnologie franaise , 2005, 334 p., 23 ,

ISBN : 2-7351-1061-3]

,!7IC7D5-bbagbc! Quels sont les comportements observables dansces espaces semi-publics (ou semi-privs) que sontles parties communes des immeubles et des rsidences ?Cest l que se joue un certain type de rapport soiet aux autres. Les tudes runies par Bernard Haumontet Alain Morel, dans leur grande diversit, ont en communde montrer que la relation de voisinage est faitede conits, de petits accommodements, de ngociationsqui ont lespace quotidien pour enjeu. Ni trop proches

ni trop distantes, les relations entre voisins sont faitesen gnral dune civilit limite , qui nest pas vraimentde la familiarit, ni habituellement de lindiffrenceabsolue. La formule inconnu familier , propose parlun des auteurs (Herv Paris), est particulirementheureuse. Cette relation peut voluer vers le conit,dont les causes sont bien analyses, mais aussi verslamiti. La dernire section, qui porte sur les transgressionset les ngociations dans les espaces communs, inclutun chapitre remarquable sur le souci de propret dansun squat (par Marc Breviglieri et Luca Pattaroni).

Philippe MASSONLes Coulisses dun lyce ordinaire Enqute sur les tablissementssecondaires des annes 1990[Presses universitaires de France, coll. ducationet formation Recherches scientiques , 1999, 278 p.,

22,70 , ISBN : 2-13-050299-7]

,!7IC1D0-facjjj! Depuis le dbut des annes 1990, le systme ducatif franais a notablement volu, autant du point de vuedes personnels enseignants que de celui des usagers ,parents et lves. Ce sont les relations entre cesdiffrentes catgories dacteurs sociaux dans les lycesqui sont prises pour objet dans cette tude. Le pointde vue adopt est distinct des recherches classiquesen sociologie de lducation qui ont euri dans les annes1960. Ces dernires taient surtout centres sur les

mcanismes gnrant les ingalits en matire scolaire,alors que lauteur sintresse linteraction au quotidiendes enseignants, administrateurs, personnels de serviceet utilisateurs. Lune des russites de louvrage estde ne pas sparer dans lanalyse les contraintes institu-tionnelles (rglement intrieur, statut des personnels)des relations concrtes, qui sont restitues par une trsbonne ethnographie et de nombreuses tudes de cas.Applique ltude de lorientation des lves, cettemthode montre bien que la carrire scolaire des lvesest aussi le produit de lactivit locale des acteurssociaux, et non seulement des atouts ou des handicapsfamiliaux en matire conomique ou culturelle.



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Nona MAYERCes Franais qui votent Le Pen[Flammarion, 2002, 478 p., 21 , ISBN : 2-08-068387-X]

,!7IC0I0-gidihi! Publie aprs les lections prsidentielles de 2002,cette tude prsente un bilan des donnes disponiblessur llectorat du Front national. Lauteure sappuieprincipalement sur une enqute dopinion auprsdun chantillon de quatre mille personnes, interrogesavant le premier tour des lections prsidentielles,aprs le second tour puis aprs les dernires lgislatives.Alors que le FN semblait un parti affaibli men parun leader vieillissant, la consultation de 2002 a apportun dmenti cinglant ceux qui misaient sur son dclinlectoral. Qui sont les lecteurs de Le Pen ? Dans quellesrgions, quelles catgories socio-professionnelles,quelles classes dge a-t-il le plus demprise ? Les hommessont-ils plus sensibles que les femmes son discours ?Lanalyse statistique apporte des rponses prcises ces questions. Llectorat frontiste est majoritairementmasculin, puissant dans les classes populaires, maisgalement dans le patronat et chez les paysans. Le Pensduit aujourdhui plus les sniors que les jeunes.Au-del de cette morphologie de llectorat, lauteurerend aussi compte des valeurs et des opinions de ceuxqui ne votent plus pour les partis rpublicains classiques .

Laurent MUCCHIELLIet Philippe ROBERT (dir.)Crime et Scurit Ltat des savoirs[La Dcouverte, 2002, 438 p., 24,50 ,ISBN : 2-7071-3620-4]

,!7IC7A7-bdgcag! Les meilleurs spcialistes de la criminalit,de la dlinquance et de son traitement par la puissancepublique proposent ici un bilan des connaissancesparticulirement bien venu lheure o les questionsde scurit ont envahi le dbat public. Les sciencessociales sont ici au service de linformation du public,loin des passions du dbat politique et journalistique.Dans lintroduction, les organisateurs proposentune dnition du crime en trois critres : lexistencedune rgle de droit, la transgression de cette rgle,la sanction de cette rgle. Louvrage est organis partir de cette dnition tripartite. En premier lieu,une srie de contributions synthtiques donnentles grandes volutions de la dlinquance, des politiquesde scurit, de leur traitement dans les mdias et dansle champ politique. La deuxime partie est consacre la cration de la loi pnale. Comment un acte est-il pnalis ? La section qui suit prend les faits de dlinquancepour objet, dans leur grande varit. Enn, les auteursdcrivent le systme pnal et ses professionnels.Cet ouvrage, exemplaire de ce que la sociologie peutapporter lexercice de la citoyennet, sachvepar des ouvertures sur les dbats contemporains.



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Corinne ROSTAINGLa Relation carcrale :identits et rapports sociauxdans les prisons de femmes[Presses universitaires de France, coll. Le lien social ,1997, 331 p., 22,71 , ISBN : 2-13-048924-9]

,!7IC1D0-eijcef! Issu dune enqute dans trois tablissementspnitentiaires, cet ouvrage nous prsente la vieau quotidien dans un milieu ferm et violent :les prisons de femmes. Lauteure sait viter deux cueilsde ltude des institutions rpressives : lidologiecontestataire et le discours dinstitution. En sociologue,elle sefforce dadopter un point de vue qui nest pasdnu dempathie vis--vis des femmes incarcres,sans pour autant verser dans le discours militant.La complexit des relations de pouvoir et de ngociation

entre surveillantes et prisonnires est ainsi restituetrs nement. Aprs une premire partie historiqueportant sur les mutations contemporaines de luniverscarcral, on passe lanalyse des cadres de lexpriencedes acteurs en prison : la prison y est envisage commeun lment dun systme pnal plus gnral, qui vadu jugement lincarcration. La dernire partie de louvrageporte sur la dynamique des relations et des reprsentationsdes acteurs : on y apprend beaucoup sur le rapportdes dtenues leur condition et sur le rapportdes surveillantes leur mtier. Louvrage sachvesur la question centrale de la dignit : commentmaintenir une identit respectable lorsque lon estemprisonne ?

Dominique SCHNAPPERLa Relation lautre : au cur de la pense sociologique[Gallimard, coll. NRF - Essais , 1998, 562 p., 25,91 ,ISBN : 2-07-075113-9]

,!7IC0H0-hfbbdg! Quels sont les effets et les limites de la citoyennetmoderne ? De la pense des Lumires jusquauxdveloppements les plus contemporains de la sociologiedes socits multiculturelles , les diffrentestraditions scientiques nationales, principalementfranaises, britanniques et allemandes, sont analysessur ce sujet. La prsentation approfondie des recherchessociologiques est conduite de faon faire apparatreles contradictions du relativisme culturel et deluniversalisme, et leurs ventuelles drives politiques, dtournements ou perversions qui peuvent mener la barbarie. Trs critique lgard du communautarisme,du diffrentialisme et du relativisme absolu, lauteurplaide pour un relativisme, lui-mme relatif,selon lequel, par-del la diversit des cultures, il existeun horizon duniversalit qui permet la communicationentre les hommes et autorise porter des jugementsmoraux . Par le prisme de la question des relationsinterethniques, cet ouvrage sinscrit ainsi dans le domainede lhistoire de la sociologie et de lpistmologie,en dialogue avec la philosophie politique.



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Jean-Pierre TERRAILDe lingalit scolaire[La Dispute, 2002, 348 p., 23 , ISBN : 2-84303-062-5]

,!7IC8E3-adagci! Quelle est la source de lingale russite scolairedes lves ? Ce thme, grand classique de la sociologiede lducation, est ici repris partir de donnes portantsur les quarante dernires annes. Depuis les annes1960, lcole unique a paradoxalement autoris laccs lenseignement des jeunes issus des classes dfavorisestout en maintenant le diffrentiel des chances de bonparcours scolaire au prot des classes suprieures.Les enfants des milieux les plus pauvres, mme sils sontaujourdhui massivement scolariss, suivent les liresles moins valorises qui leur donnent une positionprcaire sur le march de lemploi. Alors que lcole laque,gratuite et obligatoire vise en principe assurer les mmeschances tous, elle reproduit en fait les ingalits.Le propos est principalement sociologique, mais lauteurnhsite pas faire appel la psychologie, la linguistiqueet la pdagogie pour lucider la question de la gensedes ingalits scolaires. Celle-ci se joue sur troisregistres : le projet familial de scolarisation, le processusdtiquetage qui implique les enseignants, lingalerussite des apprentissages eux-mmes. Cette vuedensemble est extrmement utile dans un domaineo la littrature scientique abonde.

Michel WIEVIORKALa Tentation antismite Haine des juifs dans la Francedaujourdhui[Robert Laffont, 2005, 452 p., 22 ,ISBN : 2-221-10445-5]

,!7IC2C1-baeefd!Les attentats antismites en France ont souventfait la une des journaux dans les dernires annes.Une quipe de chercheurs mene par Michel Wieviorkatente daller plus loin que lmotion lgitime que cesactes engendrent. Quelle est la diffusion de lantismitismeen France, du point de vue des opinions comme des actes ?Quelle est la relation de cette forme de racisme aveclextrme droite, lislam et lanticolonialisme gauchiste ?Le communautarisme juif renforce-t-il le racisme ?Les enqutes menes Sarcelles, Roubaix, Marseille

conduisent les auteurs une conclusion mesure. Oui,il est exact que lantismitisme existe dans diffrents groupessociaux, mais il nest pas gnralis dans la populationfranaise. Lancien antismitisme est toujours prsentdans les milieux traditionnalistes et dans lextrme droite.Dun autre ct, un discours qui prend pour cible les juifsfranais, accuss dtre complices de loppression desPalestiniens par Isral, se dveloppe dans certainsmouvements dextrme gauche et, paralllement, dansla population dorigine arabe. Pourtant, pour les auteurs,le rapprochement dnonc par certains entre islamradical et tiers-mondisme ne semble gure avr.On peut lire dans les dernires pages de louvrage desrecommandations trs stimulantes, lune des principalestant que la lutte contre lantismitisme passe parla mobilisation contre le racisme touchant les immigrsrcents et leur descendance.



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Stphane BEAUDet Michel PIALOUXRetour sur la condition ouvrire :enqute aux usines Peugeotde Sochaux-Montbliard[Fayard, 1999, 468 p., 22 , ISBN : 2-213-60338-3]

,!7IC2B3-gaddie!Le dveloppement du secteur tertiaire, la mcanisationde lindustrie, la dlocalisation des usines semblentavoir entran une diminution de la population ouvrireen France. Pourtant, il reste bien des ouvriers dansce pays, puisquils constituent toujours la premire catgoriesocioprofessionnelle en nombre. Issu dune enqutedune dizaine dannes dans une grande usine automobile,cet ouvrage expose les formes actuelles du travail ouvrier, sans luder la question des rapports de dominationqui les traversent. Lune des originalits de louvrage

est de ne pas sparer les transformations du modede production de celles du systme denseignement.Lenqute lusine est donc complte par une tudede la scolarit des enfants douvriers, et en particulierdes difcults de la transmission familiale : les enfantsdouvriers ne trouvent plus ncessairement leur place lusine. La question de la succession des gnrationsse trouve donc au cur des analyses portant sur latelieret sur lcole. Les espoirs de promotion sociale sontaujourdhui faibles sinon inexistants, lemploi ouvrierest de plus en plus prcaire, le chmage sest gnralis,quil soit permanent ou temporaire. Enn, cette rosion

de la classe ouvrire dans ses conditions de vie objectivessaccompagne dun affaiblissement de la consciencede classe : le monde ouvrier est aussi profondmentdstabilis dans son identit.

Luc BOLTANSKIet ve CHIAPELLOLe Nouvel Esprit du capitalisme[Gallimard, coll. NRF - Essais , 1999, 843 p., 29,72 ,ISBN : 2-07-074995-9]

,!7IC0H0-hejjfj! La sociologie pragmatique dveloppe par Luc Boltanskitrouve ici, aprs le grand livre thorique que futDe la justication(avec Laurent Thvenot, 1991), unesuite magistrale. Le prsent ouvrage assurmentlun des plus importants de lhistoire rcente de la sociologie dveloppe une thse simple : le capitalisme, autantdans ses pratiques concrtes que dans son idologie,sappuie dornavant plus sur lautonomie des individus,sur lorganisation en rseaux, et beaucoup moins surla hirarchie et la contrainte comme au temps du fordisme.Le paradoxe est que cette transformation est en partiele produit de ce que les auteurs appellent la critiqueartiste du mode de production rigide des Trente Glorieuses.En rendant le travail exible , en sefforantde responsabiliser les salaris et de leur donner de linitiative,le capitalisme a intgr la critique artiste .Du mme coup, la critique sociale qui se centraitsur la dnonciation de lexploitation, manque aujourdhuisa cible. Du point de vue mthodologique, les auteursconstruisent un idal type nomm cit par projet partir de la littrature managriale destine aux cadres.Les dernires pages de louvrage reprennent la questionde lefcacit de la sociologie en lui donnant unrle possible de relance de la critique , quelle soit sociale ou artiste .

CONOMIE, TRAVAIL, MONNAIE


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Robert CASTELLes Mtamorphosesde la question sociale :une chronique du salariat[Fayard, coll. Lespace du politique , 1995, 490 p.,29,30 , ISBN : 2-213-59406-6]

,!7IC2B3-fjeage! Le salariat nest pas la forme universelle de relationde production. Il est au contraire le produit dunehistoire sociale heurte, solidaire de la rvolution industrielle.Paradoxalement, le salariat, qui tait frapp de discrditpar rapport au travail indpendant artisanal ou agricole,sest valoris au point de devenir aujourdhui uneprotection contre la prcarit dans la socit occidentale.Le dveloppement du salariat nest pas sparabledu problme de ceux que lauteur nomme les dsaflis : vagabonds , surnumraires , aujourdhui exclus .

Le dveloppement de la socit capitaliste sest ainsi,tt, accompagn dune inquitude face la questionsociale , cest--dire linterrogation sur les causesde la pauvret et de la misre et sur les remdes y apporter. La faon de poser la question sociale est dpendante du type de formation socio-conomiquedans lequel elle merge, et plus prcisment de la dnitionrelative de ceux qui jouissent de la stabilit conomique,des dsaflis et des prcaires. Retracer la gensede la condition salariale, de lge prcapitaliste ltatkeynsien, permet de comprendre la mtamorphosecontemporaine de la question sociale : leffritementde la condition salariale, la prcarisation gnralisede lemploi, le maintien du chmage de massevont de pair avec une rednition de ltat de marginalitconomique et, par consquent, des politiques quile prennent pour cible.

Michel CROZIER quoi sert la sociologiedes organisations ?TomeI, Thorie, culture et socit[Seli Arslan, 2000, 288 p., 22,50 , ISBN : 2-84276-050-6]

,!7IC8E2-hgafac! DepuisLe Phnomne bureaucratique(1963),luvre de Michel Crozier sest impose comme unerfrence incontournable de la sociologie des organi-sations. Un recueil darticles (en deux volumes) retracesa trajectoire intellectuelle. Ce premier volume estconsacr des questions de thorie des organisations,mais aussi des dveloppements plus gnraux surlorganisation sociale. Ds les premires publications,dans les annes 1960, la question des relationsde pouvoir dans lorganisation apparat comme centrale.Un article rtrospectif (avec Erhard Friedberg) fait

le point sur les principes et les mthodes de la sociologiedes organisations telle quelle est dveloppe en France.Il ne faut pas considrer le comportement des agentscomme le produit dune socialisation ou dune adaptationpassive un rle, mais comme un ensemblede stratgies ou de tactiques qui tire parti des zonesdincertitude gnres par toute organisation.Mais, dun autre ct, ce serait une erreur de survaluerles capacits de calcul des agents : ils sont dots dunerationalit limite. La deuxime partie de louvragecomprend des textes centrs sur la socit et la culturefranaises, en particulier sur les blocages et les crisesquelles ont traverss.

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Sabine ERBS-SEGUINLa Sociologie du travail[La Dcouverte, coll. Repres , 2004, 121 p., 7,95 ,ISBN : 2-7071-4232-8]

,!7IC7A7-becdca! Cet ouvrage constitue une introduction trsbien documente ltude du travail du point de vuede la sociologie. Aprs une mise en perspectivede la spcicit de lapproche sociologique par rapport la psychologie, lconomie, lhistoire, au droitet lergonomie, lauteur retrace brivement la naissanceet lvolution de la discipline en France. Les problmatiquesclassiques concernent le rapport entre techniqueet organisation du travail, la dnition de la qualicationprofessionnelle, la question de laction collectiveet du conit au travail. Louvrage sachve par un examendes tendances rcentes de la sociologie du travail.Le concept de comptence tend se substituer celuide qualication pour dcrire la relation entre lemploiet les aptitudes. De mme, le concept de profession est de plus en plus rpandu. Les questions relativesau statut stable ou prcaire du salari, son entre danslactivit sur le mode de l intgration ou de l insertion constituent un autre champ de recherche nouveau.Enn, les diffrences entre hommes et femmes face lemploi salari ont donn lieu des recherchesoriginales par rapport la tradition sociologique.

Maurice GODELIERLnigme du don[Fayard, 1996, 315 p., 23 , ISBN : 2-213-59693-X]

,!7IC2B3-fjgjdi! Pour comprendre les rgles du don telles queMarcel Mauss les a formules dans les annes 1920,il faut considrer la nature des choses qui circulent,et surtout de celles qui ne doivent pas circuler.Pour lauteur, il ne saurait en effet exister de socitsans que certaines choses ne soient soustraites la circulation, quil sagisse de don ou dchangemarchand. Lanalyse propose ici dplace donc le regardanthropologique : alors que la perspective maussienneprivilgie lanalyse de lobligation de donner, de recevoiret de rendre, ce sont plutt les choses inalinablesquil faut examiner attentivement. Ce programme mnelauteur sinterroger sur la catgorie de sacr qui semble caractriser les choses inalinables. En prenantpour exemple privilgi les pratiques de lchangechez les Baruya de Nouvelle-Guine, il montre que leschoses que lon garde pour soi et que lon

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