La sélection 2012 comporte 41 titres : cette diminution au regard de l'objectif initial n'est pas due à une « baisse de régime » mais à un choix qualitatif ; le comité n'a retenu, dans les lectures présentées par ses membres, que les ouvrages approuvés par au moins trois d'entre eux. Cette sélection sera étoffée dans le courant de l'année 2013.Nous espérons que ce catalogue critique sera utile aux collègues, au moment d'effectuer les commandes ou à titre personnel.Bonnes lectures à tous !

ACCAWI, Anwar - L’enfant de la tour de la lune - Autrement (Littératures), 2010 - 158 p. - 16 €

« Je bâtis ma pyramide de mes propres mains, avec l'aide de deux esclaves appliqués, Destinée et son demi-frère, Hasard » ; ainsi commence le récit autobiographique d'Anwar au coeur des montagnes du Liban. Il évoque ses souvenirs d'enfance jusqu'à son départ pour les Etats-Unis en 1975, alors que marié, il fuit son pays en guerre.Ce récit d'enfance émouvant et bien écrit est empreint de nostalgie et nous fait revivre le bouleversement qu'a entraîné dans les villages l'apparition progressive d'innovations technologiques telles que la radio, la voiture et le téléphone. Ce texte sensible et parfois teinté d'humour n'a rien à envier aux écrits de Mark Twain et de Marcel Pagnol.Liban – milieu rural – enfance

Genre : récit autobiographique

AUDOUARD, Antoine - L’Arabe – l'Olivier, 2009 – (Folio, 2011) - 301 p. - 6,50 €Un village du sud voit arriver un Arabe qui va déchaîner haine et racisme alors même qu’il fait tout pour être transparent. Le jour, il travaille sur un chantier de terrassement. La nuit, il dort dans une cave prêtée par Juste, un villageois qui a accepté de le loger. Pourquoi se cache-t-il ? On ne sait. Lorsqu’un meurtre est commis, les soupçons se portent sur lui, « l’Arabe ». Une jeune femme un peu sauvage lui fait croire, le temps d’une nuit, à la douceur. Un commandant de gendarmerie s’efforce d’empêcher le lynchage qui se prépare.Beau roman qui monte en puissance au fil des pages, écrit dans une langue concise où le parler populaire se mêle à un lyrisme à la Giono. Un roman qui fait réfléchir. Antoine Audouard montre à quel point l’ignorance et la peur peuvent engendrer la haine de l’autre. racisme – violence – haine Coup de coeur

AZZEDINE, Saphia - Mon père est femme de ménage - Leo Scheer, 2009 – 172 p. - 18 €Paul, 14 ans, vit dans une cité plutôt lugubre, entouré de son pote Mawan et d’une famille qui lui fait un peu honte. Il aide son père, la nuit, à faire le ménage dans différents lieux publics, mais surtout la bibliothèque. Et là, il apprend les mots, les collectionne presque, et comprend vite que c’est une richesse, voire une arme pour se différencier des autres justement. Et il sait aussi que cela le différencie de son père, qui les manie si mal ! Mais ce père va lui montrer combien il l’aime, combien il est un vrai père ! L’auteur, par un langage direct et imagé, nous fait bien vivre la vie banale de ce garçon et ses rêves difficiles à réaliser. On sent poindre une critique de l’époque sous la simple histoire d’une vie adolescente. Et le père sait toujours servir d’exemple à son fils, même si le métier qu’il exerce n’est pas valorisant. Un petit roman plein d’une vraie tendresse entre ces deux personnages, et une fin très drôle, en forme de pirouette.relation père-enfant – banlieue – adolescence – 20e siècle – France

BERTHOLON, Delphine - Twist – J.-Cl. Lattès, 2008 - (J'ai lu, 2010) – 443 p. - 8 €Guéthary, 14 juin. Madison, 11 ans, est enlevée au retour de l'école. Au fond de la cave qui lui servira de chambre pendant quatre ans, elle essaie de comprendre le pourquoi du comment. Le personnage de Madison, en dépit de son enfermement, reste celui d’une pré-adolescente pleine d'énergie et d'humour. Elle raconte dans ses précieux cahiers le lien étrange qui la lie à son ravisseur, mais aussi l'adolescence et les changements de son corps qu'elle doit affronter seule, ou l'écriture qui l'empêche de devenir folle. Deux voix lui font écho, celle d'une mère brisée mais qui espère toujours, et celle de Stanislas, le béguin d’enfance de Madison aux prises avec ses propres histoires d’amour.Le sujet peut effrayer, Delphine Bertholon s'inspirant d'un fait divers qui avait bouleversé l'Europe il y a quelques années. Mais ici le romanesque et la sensibilité l'emportent largement sur le sordide et le sensationnel. L’auteur réussit avec beaucoup de délicatesse à dépeindre les rapports ambigus entre Madison et son geôlier, la culpabilité de la mère à continuer de vivre, le regard des autres... Original, souvent très drôle et non dépourvu de suspense, ce roman se lit de bout en bout. enlèvement - adolescence

BIALOT, Joseph - 186 marches vers les nuages - Métailié - 2009 – 171 p. - 15,50 €Berlin à la fin de la seconde guerre mondiale. Bert Waldeck, 40 ans, a passé onze années dans des camps nazis au titre de schutzhäftling, détenu de sécurité enfermé sans jugement. Après avoir survécu au naufrage de bateaux cages, bourrés de déportés, il retrouve sa ville natale Berlin, début mai 1945, anéantie. Un officier américain le récupère pour l'aider à retrouver un certain Hans Steiner, recherché comme criminel de guerre. Au cours de cette recherche, Bert va se rendre compte qu'il n'est qu'un instrument que manipulent les Gi's et que le but de son travail n'a rien à voir avec le châtiment des SS.L'histoire met en parallèle la vie et le destin du rescapé des camps et d'un capitaine SS qui fut son ami d'enfance. Le récit avance, jumelé, et permet d'imaginer ce que fut la vie en Allemagne de 1918 à 1945. « 186 marches vers les nuages » est à la fois un roman historique, un roman d'espionnage dans une ville qui fut une grande capitale et dont au début du récit il ne reste rien, avec la guerre froide qui pointe son nez à l'horizon... C’est profondément humain et l’écriture de Bialot, sans emphase, réussit à dire l’indicible. Malgré l’intrigue d’espionnage un peu sommaire, un roman fort. seconde guerre mondiale - guerre froide - Genre : policier

BLOTTIERE, Alain - Le tombeau de Tommy – Gallimard (Blanche), 2009 – (Folio, 2011) – 247 p. - 5,95 €Comment filmer un héros et avec quel acteur pour l’incarner ? Tel est le dilemme du narrateur qui désire depuis longtemps réaliser un film sur un héros, un vrai, mort jeune. Son choix se fixe sur Thomas Elek dit Tommy, lycéen parisien, juif hongrois, combattant de la résistance dans les FTP-MOI aux côtés du groupe Manouchian et qui finit fusillé au Mont Valérien en février 1944 comme ses frères d’armes de l’Affiche Rouge. Et c’est à Gabriel, lycéen croisé par hasard sur son skate, place du Trocadéro, qu’il propose le rôle de Tommy à l’écran.Se noue alors une histoire triangulaire : l'identification dévorante du jeune acteur avec son personnage, la description minutieuse de scènes du film qui sont autant de moments clés de la vie de Tommy et le récit du véritable destin de Thomas Elek à partir des souvenirs consignés de sa mère, de témoignages et d’archives.Une langue épurée et accessible pour ce récit prenant où les héros, Thomas Elek, et son interprète sont des adolescents, tout comme le sont la plupart des compagnons de Tommy sur l’Affiche Rouge. engagement - seconde guerre mondiale - adolescence – cinéma

CAUVIN, Patrick – Venge-moi ! - Albin Michel, 2007 - (Livre de Poche, 2009) – 183 p. - 6,10 € Simon vit dans un monde clos étouffant, seul avec sa mère, rescapée de la déportation et qui ressasse inlassablement ses souvenirs : la dénonciation, l'horreur des camps de concentration, la disparition de son époux... Le soir de sa mort, sa mère lui demande de la venger. Simon tient sa promesse et découvre une vérité inconcevable.Suspense garanti jusqu’au dénouement inattendu et qui apporte un éclairage original sur cette période de l’histoire. vengeance – relation mère-enfant – seconde guerre mondiale

CHEVALIER, Tracy – Prodigieuses créatures – la Table ronde, 2010 – (Folio, 2011) – 421 p. - 8,10 €

Dans les années 1810, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning, jeune villageoise un peu rude, découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l'existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille, issue d'un milieu modeste, se heurte aux préjugés de la communauté scientifique. Celle-ci, exclusivement composée d'hommes, la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elisabeth Philpot une alliée inattendue. Cette vieille fille intelligente et acerbe, partage la même passion. S'il lui arrive d’être jalouse de sa jeune compagne d’exploration, elle ne renoncera pourtant jamais à la défendre face à l’hostilité générale.Lecture passionnante qui rappelle les grands romans anglais du 19ème. L’auteur

campe des personnages attachants tout en livrant une critique sociale et une dénonciation du traitement autrefois réservé aux femmes en Angleterre.condition féminine – théorie de l'évolution – amitié – Angleterre – 19e siècle

CISSOKO, Aya (et DESPLECHIN, Marie) – Danbé – Calmann-Lévy, 2011 – (Points, 2012) – 192 p. - 6 €Aya Cissoko, née en France de parents issus du Mali, vit dans une famille très pauvre mais heureuse et unie. Un drame casse la vie d’Aya : l’immeuble dans lequel nombre d’immigrés sont entassés est victime d’un incendie criminel. Le père d’Aya meurt, sa petite sœur aussi.

Sa mère, Massiré, continue à avancer en élevant ses enfants avec un seul mot d’ordre « Danbé » - dignité… Elle affronte les humiliations, le relogement à Ménilmontant dans un ghetto pour pauvres mais elle accepte que sa fille choisisse son destin. Contre tous, elle lui permet de faire de la boxe française et Aya deviendra championne du monde.Une histoire qui pourrait jouer avec les larmes du lecteur à chaque page mais Marie Desplechin libère simplement les mots d’Aya, sa tristesse, ses choix, ses combats, sa volonté de s’en sortir jour après jour ; à travers elle, c’est la situation de toutes les familles immigrées devenues françaises qui nous est racontée avec réalisme et clarté. Un livre pour comprendre, pour aiguiser le regard, sortir des

clichés, agir pour ne pas subir.boxe – immigration – condition féminineGenre : récit de vie

CLAUDEL, Philippe - Trois petites histoires de jouets – Virgile, 2004 - (Livre de Poche, 2010) – 96 p. - 4,60 €Trois histoires à la mémoire d’une industrie en voie de disparition, celle du jouet (région de Franche Comté). D’abord celle d’un riche industriel, M.Framottet, s’offrant comme jouet une des premières automobiles (dans les années 1900), ce qui va faire basculer sa vie entière. Puis, le tragique sort de Firmin, ouvrier tourneur, qui perdra ses mains d’artisan durant la Grande Guerre. Enfin, celle de cet employé retrouvant son émouvante mémoire d’enfant orphelin grâce à un Pierrot découvert dans la vitrine d’un musée.À travers son écriture toujours aussi précise et pudique, l'auteur dépeint, dans chacun de ces récits, le destin bouleversant de trois hommes. jouet – première guerre mondiale

CONNELL, D.J. - Julian Corkle est un fieffé menteur – Belfond, 2011 – (10/18, 2012) – 400 p. - 8,80 €Dans une petite ville de Tasmanie, dans les années 1970-80. Depuis tout petit, Julian Corkle invente, fabule, fait le clown, multiplie les bobards ; bref, Julian Corkle est un fieffé menteur. Bien obligé quand on grandit dans une petite ville paumée de province avec des rêves de célébrité et des secrets honteux. Car quand ses petits camarades jouent au base-ball, Julian, lui, dévore les magazines people, joue à l'infirmière, regarde des feuilletons à la télé, décore sa chambre et pomponne sa mère. Autant dire qu'il est loin de faire l'unanimité dans sa famille : son père, pilier de pub et dingue de foot, ne le trouve pas assez viril ; sa sœur, sportive accomplie, alterne bourrades brutales et coups de gentillesse ; son frère le méprise. Seule sa mère l'adore, croit en lui et l'encourage dans ses nombreuses entreprises. Car Julian ne manque ni de ressources (déco, stylisme, chant, coiffure, télé) ni de panache... Hélas ! De petites déceptions en grandes désillusions, Julian Corkle va comprendre que le monde n'est pas prêt pour les esprits avant-gardistes. A moins qu'une rencontre fortuite ne le mette sur la voie d'une célébrité inattendue...Fraîcheur et sympathie marquent ce roman d'apprentissage aussi hilarant qu'émouvant.Tasmanie – homosexualité – vie familialeGenre : roman d'apprentissage

CUSSET, Catherine - Un brillant avenir – Gallimard, 2008 – (Folio, 2010) – 366 p. - 7,50 €C’est le récit éclaté de la vie d’Eléna, née à la fin des années 30 en Bessarabie, qui grandit dans la Roumanie « communiste », s’éprend de Jacob, jeune juif, et l’épouse malgré l’avis de ses parents. Las de subir le régime de Ceausescu et l’antisémitisme ambiant, les deux jeunes gens émigrent en Israël, puis aux Etats-Unis avec Alexandru leur fils. Mais, devenu adulte, Alexandru s’éprend de Marie, une jeune Française. Et Eléna, devenue Helen, redoute que cette étrangère qu’elle juge égoïste et arrogante, ne lui prenne son fils pour l’emmener en France.

Le roman va et vient entre le Bucarest des années 50/60 et le New York de la fin du 20ème et du début du 21ème siècle. Le fil conducteur en est Eléna, élève brillante devenue ingénieur mais constamment taraudée par l’angoisse. C’est aussi l’affrontement de ces deux femmes dans leur amour pour Alexandru mais qui apprendront à se connaître, à se respecter et sans doute à s’aimer.Si la succession de flash-back peut dérouter quelque peu le lecteur, la narration est cependant très fluide et la vie d’Elena à Helen très prenante. L’évolution de la relation entre la mère et la belle-fille est finement analysée.Roumanie – relation mère-enfant – condition féminineGenre : saga familialeGoncourt des lycéens 2008

DAVRICHEWY, Kéthévane – La mer noire – Sabine Wespieser, 2010 – (10/18, 2011) – 180 p. - 7,10 €En ce jour anniversaire de ses 90 ans, la première pensée de Tamouna est pour Tamaz. Cet homme, qu’elle a rencontré l’été de ses 15 ans à Batoumi (Géorgie) et qu’au fil des années elle n’a cessé d’attendre, s’est annoncé à la fête qui se prépare. Dans un demi-sommeil, la vieille dame se souvient de leurs amours timides et éblouies, très vite interrompues par le départ précipité de la famille fuyant la révolution bolchévique. La jeune fille est brutalement coupée de son univers, de ses grands-parents et de son amour de jeunesse. Sa vie peu à peu s’est construite à Paris, parmi la communauté des exilés géorgiens. Et quand Tamaz finit par reparaître, leurs vies se sont dessinées autrement…Tamouna, au cours de cette journée, laisse libre cours à ses souvenirs et dans une narration élégante, l’image de la doyenne se superpose à celle de la jeune fille exilée qu’elle a été. L’auteur, qui a puisé dans la mémoire familiale, dépeint avec tendresse et retenue, une femme toujours habitée par la joie et le désir malgré les deuils et les déchirements.Géorgie – mémoire – amour – immigration – 20e siècleGenre : saga familiale

DRAGOMAN, György – Le roi blanc – Gallimard – 2009 – 287 p. - 23,90 €Nous sommes en Roumanie dans les années 1980. Un jeune garçon de onze ans voit son père partir, encadré par des étrangers. Il devient peu à peu évident qu’il a été déporté en tant qu’opposant au régime. Les jours passent, sans la moindre nouvelle de lui. La vie de l'enfant se partage alors entre la tendresse qui le lie à sa mère, les vexations qu’il subit de ceux qui savent et… les bêtises ! Les jours passent ; l’espoir de revoir le père s’amenuise et les tentatives de la mère pour faire libérer son mari semblent condamnées à l’avance…« Le roi blanc » nous plonge dans une société terrorisée, mais le point de vue

adopté, celui de l’enfant, donne au livre une tonalité particulière de tragi-comédie. Des chapitres courts, une justesse de ton, et une puissance d'évocation font de ce récit une lecture profondément attachante.Roumanie – totalitarisme – enfance

EDDIE, Christine – Les carnets de Douglas – Héloïse d'Ormesson, 2009 – (Livre de Poche, 2010) – 192 p. - 6,10 €Romain Brady, héritier d’une célèbre dynastie, quitte à 18 ans cette vie qui ne lui ressemble pas. Le même jour, Eléna Tavernier fuit une maison pleine de sang et de fracas pour se réfugier à Rivière-aux-Oies. C’est là au cœur de la forêt que les deux jeunes gens vont se découvrir et s’aimer. Et c’est là qu’Eléna donnera à Romain, le nom du plus robuste et spectaculaire des arbres : Douglas. Une vie singulière s’improvise, malgré les ragots et en dépit des blessures.Un roman tendre et original, mêlant gravité et poésie.amour – nature

ENARD, Mathias - Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants - Leméac – 2010 – 153 p. - 17,30 €13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu'il dessine pour le pape Jules II, mauvais payeur. Il répond à l'invitation du Sultan Bajazet qui veut lui confier la conception d'un pont sur le Bosphore.L'argument est simple et authentique et c’est avant tout la rencontre de Michel Ange, homme de la Renaissance, avec l’Orient, son raffinement, ses séductions et ses dangers mais aussi les angoisses de la création chez ce génie que l’auteur met en scène en pages très courtes et dans un style élégant et concis.Un beau roman sur la vie, sur les rêves, sur le pouvoir et la faiblesse humaine. création artistique – 16e siècle – Michel-Ange – ConstantinopleGenre : biographie romancéeGoncourt des lycéens 2010

FOENKINOS, David - Délicatesse (La) – Gallimard, 2009 – (Folio, 2011) – 209 p. - 6,50 €Nathalie rencontre François ; ils s’aiment ; il meurt ; la jeune veuve se refuse alors à tout nouvel amour. Son patron la drague avec lourdeur, Markus passait par là, elle l’a embrassé sans réfléchir. Maintenant elle se demande si elle a bien fait. Markus est laid, c’est un problème... pour les autres. Nathalie, elle, est sous le charme de sa délicatesse.Un roman d’amour, frais, léger, bien écrit avec une pointe d’humour, tout en finesse et en délicatesse.amour – résilience – deuil – relation de travail

GEDA, Fabio – Dans la mer, il y a des crocodiles – Liana Levi, 2011 – (Piccolo, 2012) – 173 p. - 8,50 €Enaïatollah, Afghan, âgé de 11 ans, est condamné à une mort prochaine du fait de ses origines pachtounes. Il est conduit par sa mère au Pakistan et à son réveil il se retrouve livré à lui-même. Pendant cinq ans, avant d’atteindre l’Italie, il travaille durement dans le bâtiment au Pakistan, en Turquie, en Grèce, passant de pays en pays toujours dans des conditions illégales, dangereuses et précaires. Témoignage du parcours courageux d’un adolescent réfugié, écrit simplement et parfois drôle malgré la gravité du sujet.

enfance – xénophobie – immigration – AfghanistanGenre : récit de vie

GIORDANO, Paolo - Solitude des nombres premiers (La) – Seuil, 2009 – (Points, 2011) – 342 p. - 7,10 €L'histoire parallèle de deux âmes en souffrance. Mattia, à l'origine malgré lui de la disparition de sa sœur jumelle, semble enseveli sous le poids terrible de la culpabilité. Seul, l'univers désincarné des mathématiques apaise sa douleur. Quant à Alice, victime d'un grave accident qui la rendra boiteuse, elle se réfugie derrière les images de la photographie... Entre automutilation et anorexie, leurs corps portent les stigmates des fêlures et meurtrissures de leur prime jeunesse. De l'enfance à l'âge adulte, ils ne cessent de se frôler, de s'éloigner puis de revenir l'un à l'autre.adolescence – solitude – anorexie – culpabilité – mathématiques

GIRARD, Isabelle – Telle une abeille – Fallois – 2007 – 171 p. - 17,75 €Comment survivre quand on est une toute petite fille brésilienne de cinq ans, abandonnée sur un trottoir de Rio ? Il faut beaucoup de courage et de présence d'esprit pour transformer chaque obstacle en une chance à saisir. C'est ce que fait l'héroïne dont nous suivons le récit jusqu'à l'âge adulte. Le goût pour l'école et la soif d'apprendre permettent à cette enfant abandonnée de devenir une adolescente affirmée qui peu à peu s'intègre dans la société et devient une adulte épanouie.enfance – Brésil - résilience

GUENASSIA, Jean-Michel - Le club des incorrigibles optimistes – Albin Michel, 2009 - (Livre de poche, 2011) – 725 p. - 8,60 €

Nous sommes dans les années 1960, Michel Marini fréquente le lycée Henri IV, arpente Paris entre Luxembourg et Denfert-Rochereau et s’intéresse beaucoup plus aux parties de baby-foot qu’à ses études. Il découvre le monde des adultes par l’arrière-salle du café « Le Balto » à St Germain des Prés, où Sartre rencontre Kessel et où de nombreux réfugiés du bloc de l’Est parlent à voix basse et l’initient aux échecs. Michel Marini va y apprendre la vie...De courts chapitres s’enchaînent, troussant un tableau particulièrement vivant de la

vie d’une famille française de 1960 à 1980. Ce récit réussit aussi à faire exister de nombreux personnages attachants, que ce soit Igor, le chauffeur de taxi, Sacha le photographe ou Cécile amie de Michel. Une belle écriture déliée et simple, de l’humour et beaucoup d’humanité pour ce récit initiatique, un vrai régal de lecture. Il ne faut pas se laisser arrêter par le nombre de pages.Paris – adolescence – immigration – 1960- Goncourt des lycéens 2009

HADDAD, Hubert - Palestine – Zulma, 2007 - (Livre de Poche, 2009) – 155 p. - 5,60 €Quelque part en Cisjordanie, entre la ligne verte et la « ceinture de sécurité », une patrouille israélienne est assaillie par un commando palestinien. Un soldat tombe sous le feu, un autre est enlevé par le commando bientôt en pleine déroute... Blessé, sous le choc, l’otage perd tout repère et devient amnésique. Seul survivant, sans papiers, en vêtements civils et en keffieh, le jeune homme est recueilli, soigné puis adopté par deux Palestiniennes. Il sera désormais Nessim, frère de Falastin, étudiante anorexique, et fils d’Asmahane, veuve aveugle. C'est ainsi qu'il découvrira la vie quotidienne des Palestiniens, et subira les souffrances et les tensions de la Cisjordanie occupée.Roman âpre, sans fioriture mais écrit dans une langue métaphorique, un roman tragique comme peut l’être une tragédie antique. conflit israélo-palestinien - amour – violence – identité Prix Renaudot poche 2009

HAGEN, George - Grandes espérances du jeune Bedlam (Les) – Belfond, 2008 – (10/18, 2009) – 637 p. - 9,60 €Ni ses origines obscures, ni son enfance passée dans les ruelles d’un quartier misérable n'ont réussi à entamer l'optimisme de Tom Bedlam, gamin débrouillard, loyal et courageux. Une série de coups du sort, la réapparition de son comédien raté de père, l'arrivée d'un mystérieux bienfaiteur, et le destin de Tom va prendre un tour inattendu. À l'aube du XXe siècle, de Londres à l'Afrique du Sud en passant par Édimbourg, les aventures tragi-comiques d'un héros irrésistible. Une chronique familiale loufoque, foisonnante et enlevée, qui rappelle Charles Dickens.voyage – internat – 1900- Genre : roman d'apprentissage

HINTZY, Guillaume – L’homme tordu – Arthaud (L'esprit voyageur) - 2010 – 119 p. - 12 €.Au Xe siècle, les Vikings conduits par Erik le Rouge abordent la côte ouest du Groenland et y fondent une colonie. Quatre siècles plus tard, ce peuple jadis glorieux vit ses derniers instants dans l'isolement et l'oubli. Dévoré par le froid, la famine et la peur, captif des glaces et des préjugés, il s'accroche aux ruines de sa civilisation. L'homme tordu, c'est l'autre, celui que l'on craint, le primitif. L'existence d'Einar Thorvaldsson prend pourtant un sens nouveau lorsqu'il fait l'expérience de la vie avec les Inuits, qui ne semblent pâtir ni du froid ni de l'austérité de cette terre. Cette histoire ancienne fait étrangement écho aux problèmes de notre temps : la peur de l'autre, les questions sur la survie, la folie. Tous ces thèmes sont présents dans cette fable aux accents de fin du monde et à la portée universelle. Un premier roman bien écrit qui donne à réfléchir.Inuits – Vikings – Groenland – 14e siècle – adaptation au milieu

HOMES, A.M. – Le sens de la famille – Actes Sud - 2009 – 234 p. - 20,10 €Issue d'une liaison entre une jeune femme de vingt-deux ans et son employeur - un homme marié plus

âgé qu'elle et déjà père de famille -, adoptée par un couple d'universitaires que la mort a privés de leur fils, c'est à l'âge de trente et un ans que A. M. Homes voit ses parents biologiques surgir l'un après l'autre, sur la scène de son existence... Un roman très réussi, tant par sa spontanéité que par sa construction qui le rend accessible à tout le monde. Des moments de lecture d'une densité exceptionnelle autour de l'humanité, de l'ascendance, du rapport à la vérité. L'épaisseur du temps est très bien rendue et sans artifice. Les lecteurs concernés trouveront beaucoup d'informations pratiques sur les recherches en paternité/maternité. A.M. Homes, romancière confirmée, parvient à rendre universel ce récit autobiographique.

orphelin – secret familial – identitéGenre : récit autobiographique

INDRIDASON, Arnaldur – Hiver arctique – Métailié, 2009 - (Points Policiers, 2010) – 404 p. - 7,60 €Le corps d’un petit garçon couché dans la neige est retrouvé au pied d’un immeuble de la banlieue de Reykjavik. Il avait 12 ans, ses parents étaient divorcés, sa mère venait de Thaïlande et son grand frère avait du mal à accepter un pays aussi froid. Aucun indice pour le commissaire Erlendur et son équipe qui vont explorer tous les préjugés que nourrit la présence d’étrangers toujours plus nombreux dans une société fermée. Mais Erlendur, pressé de boucler l’enquête, néglige d’autres affaires et bouscule cette femme qui l’appelle au téléphone et ne sait que pleurer.Peinture d’une Islande sombre, xénophobe et qui n’aide pas Erlendur à sortir de son pessimisme sur ses contemporains.Islande – xénophobie – adolescence

KERANGAL (de), Maylis – Corniche Kennedy – Verticales, 2008 – (Folio, 2010) – 192 p. - 5,30 €

Le temps d'un été, quelques adolescents désoeuvrés défient les lois de la gravitation en plongeant le long de la corniche Kennedy, quelque part vers Marseille. Derrière ses jumelles, un commissaire, chargé de la surveillance de cette zone du littoral, les observe. Entre tolérance zéro et goût de l'interdit, les choses vont s'envenimer...Un roman qui a le goût et les sensations de l’adolescence, écrit dans une langue qui en épouse la vivacité et l’acidité.adolescence - transgression

LAZAR, Liliana – Terre des affranchis – Gaïa, 2009 – (Babel, 2011) – 235 p. - 7,70 €Slobozia, village perdu de Moldavie, années 1970-1980. Près d'un lac auquel on prête un pouvoir maléfique (surnommé « la Fosse aux lions »), meurtres et disparitions se succèdent. Le coupable, Victor, est un être fruste que sa famille cache à l'écart du village ; il se voit d'abord « offrir » une rédemption par un pope bien intentionné : copier en secret des textes religieux interdits par le régime de Ceaucescu. Après de nombreuses années de vie recluse, Victor retrouve ses pulsions de meurtre, en toute impunité car il semble protégé par le mystérieux lac où il fait disparaître ses victimes...Un roman étrange qui mêle atmosphère fantastique, thriller, chronique villageoise, avec en arrière-plan l'Histoire et le folklore de la Roumanie : terre où l'on croit aux « moroï » (morts-vivants) et au pouvoir de la nature. Palpitant d'un bout à l'autre, ce récit plaira aux fans de fantastique dès la 2nde.Roumanie – totalitarisme – nature – psychopathe

LE CORRE, Hervé – L'homme aux lèvres de saphir – Rivages (Noir) – 2004 – 503 p. - 9,15 €Paris, 1870. Une série de meurtres sauvages semble obéir à une logique implacable et mystérieuse qui stupéfie la police, fort dépourvue face à ces crimes d'un genre nouveau. Le meurtrier, lui, se veut " artiste " : il fait de la poésie concrète, il rend hommage à celui qu'il considère comme le plus grand écrivain du XIXe siècle, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, dont il prétend promouvoir le génie méconnu. Un ouvrier révolutionnaire, un inspecteur de la sûreté et deux femmes que la vie n'a pas épargnées vont croiser la trajectoire démente de l'assassin. Nul ne sortira indemne de cette rencontre.guerre de 1870 - classe ouvrière - prostitution - poésie : Lautréamont - genre : policierCoup de coeur

LETHIELLEUX, Maud – Dis oui, Ninon – Stock, 2009 - (J'ai lu, 2010) - 221 p. - 5,80 €Du haut de ses neuf ans, Ninon observe le monde. Ses parents, Fred et Zélie, l'ont eu trop jeunes, idéalistes, avec des rêves pas tout à fait matérialisés. Des parents qui se sont séparés et Ninon en souffre. Ninon décide de se détourner du monde conventionnel de sa mère, et de vivre avec son père, marginal éleveur de chèvres qui n'a plus qu'elle. Beaucoup de fraîcheur et de tonicité pour cette tranche de vie atypique où Ninon raconte avec naïveté et humour sa drôle de vie entre sa maman qui veut retrouver une vie « normale » et son papa écolo et marginal.enfance – relation parent-enfant – marginalité – divorce

LEVISON, Iain – Trois hommes, deux chiens et une mangouste – Liana Levi, 2009 - (Piccolo, 2011) - 266 p. - 10,15 €

Dans une petite ville minière du fond des USA, frappée par un fort chômage, végètent trois jeunes paumés sans cervelle qui rêvent leur vie en la passant à fumer du haschisch. Las des petits emplois qui ne rapportent rien et des combines d'amateur, ces abrutis aux yeux rouges sont tentés par un vrai gros coup. Quand on les quitte, deux d’entre eux sont en prison, heureux et « plus libre[s] ici avec du fric que dehors sans ». Le troisième s’est enfui…Des héros marginaux à la fois pathétiques et attendrissants, et dont l'un exerce le job original de promeneur de chiens... Des dialogues souvent savoureux reflétant la « non-communicabilité » entre les personnages. Quelques réflexions très sérieuses sur la société américaine et ses laissés pour compte.

Etats-Unis – marginalité - amitié

LEVISON, Iain – Arrêtez-moi là – Liana Levi, 2011 - (Piccolo, 2012) – 240 p. - 9,50 €Charger un passager à l’aéroport, quoi de plus normal pour un chauffeur de taxi ? Mais la cliente n’a pas assez d’argent sur elle et pour être réglé, il faut entrer dans sa maison pourvue d’amples fenêtres. Plus tard, deux jeunes femmes passablement éméchées font du stop et l’une d’elles déverse sur la banquette son trop-plein d’alcool, la corvée de nettoyage à la vapeur s’avère nécessaire. Après tous ces faux pas comment s’étonner de voir débarquer chez vous la police texane qui vient vous arrêter pour l'enlèvement d'une gamine de 12 ans et vous déclare coupable sur la foi d'une empreinte de doigts. Qu'importent alors les témoignages, la police a besoin d'un nom, d'un visage à exhiber dans les médias. La « justice » suit alors son cours

et l'auteur décrit minutieusement le calvaire du pseudo-coupable, au poste de police, en prison et au tribunal. Il dissèque le travail d'enquête bâclé, la pression de la rue et des médias, la médiocrité de l'avocat commis d'office, le simulacre du procès. Devenu malgré lui le héros d'une mauvaise série télévisée, Jeff Sutton va faire l'amère expérience d'un système judiciaire américain dévoyé.Avec son efficacité habituelle, l'auteur met à vif les dérives de la société américaine et de son système judiciaire mais réussit avec son humour noir, à faire de cette impitoyable dénonciation un roman réjouissant.Etats-Unis – justice – solitude – peine de mort

OLAFDÖTTIR, Audur Ava – Rosa Candida – Zulma, 2010 – (Points Seuil, 2012) – 332 p. - 7,50 €Un jeune homme en deuil de sa mère quitte le giron paternel où il laisse aussi son jumeau, garçon charmant et autiste très entouré des siens ainsi qu'une petite fille issue d'un quart de nuit avec une amourette de passage. Arnljotur, c'est son prénom, part en car pour trouver du travail, « faire sa vie » et c'est tout au long de son périple et même à bon port qu'on suit ses cheminements intérieurs dans les mailles du quotidien. Qu’il tombe malade, se retrouve dans le lit d'une fille ou découvre la vie monastique, qu'il cajole sa fille ou travaille au jardin, cuisine, discute, c'est la simplicité, l'humour et comme une espèce de transparence qui baignent ce roman très singulier par son thème et son écriture.Islande – quête spirituelle – paternité – amour – jardin – cinéma Genre : roman d'apprentissage

OVALDE, Véronique - Ce que je sais de Véra Candida – L'Olivier, 2009 - (J'ai lu, 2011) – 315 p. - 6,90 €Dans une île imaginée d’Amérique latine (Vatapuna), l’auteur raconte la vie de trois femmes, de Rose la grand-mère à la petite-fille Véra, comme une dynastie de destins soumis à la fatalité de la condition féminine : elles enfantent sans l’avoir voulu et uniquement des filles, et ne peuvent jamais dévoiler le nom du père. Rose sera plus ou moins sauvée par son orgueil démesuré. Sa fille Violette aura une vie aussi dissolue que courte et ne s’occupera pas vraiment de Vera Candida, qui sera élevée par sa grand-mère. Mais l’adolescente se retrouvant enceinte à 15 ans, choisira, elle, de quitter l’île et sa grand-mère adorée, pour chercher ailleurs un peu de dignité dans une autre vie : elle brisera ainsi ce cercle fatal, mais enfantera une fille, Monica Rose. Elle découvrira l’amour : pour sa fille, pour elle plus tard, à travers Itxaga, seule figure masculine respectable du roman.Superbe fable sur les femmes et leur destin, leur grande résistance ou leur grande acceptation, leur quête d’amour incrédule. Les dialogues, insérés sans guillemets, comme si les personnages pensaient tout haut, sont un point d’originalité déconcertant au début, mais le style est très fluide, très beau, très léger.relation mère-enfant – maternité – amour – condition féminineGenre : saga familiale

PECHEROT, Patrick - Tranchecaille – Gallimard, 2008 – (Folio, 2010) – 320 p. - 7,50 €Chemin des Dames, 1917. L'offensive du général Nivelle tourne à l'hécatombe. Dans l'enfer des combats, un conseil de guerre s'apprête à juger un soldat accusé d'avoir assassiné son lieutenant. Le capitaine Duparc se voit confier l'enquête, qui pour tout le monde, est évidente : tous les indices mènent à ce soldat, Jonas, qui s'était déjà fait remarquer à plusieurs reprises. Mais si certains le voient comme un manipulateur, d'autres le considèrent comme une victime. Coupable? Innocent? Jonas est-il un simulateur ou un esprit simple? Le capitaine Duparc n'a que quelques jours pour percer le masque, découvrir qui est réellement celui que ses camarades ont surnommé Tranchecaille et établir la vérité.Une enquête qui se construit de chapitre en chapitre, une construction faite de points de vue variés et complémentaires et qui dresse le tableau d’une époque et le portrait d’un homme. Un travail de la langue s'adaptant à chaque interlocuteur qui fait que toutes les voix sont crédibles et sonnent juste. Une enquête qui prend à la gorge, peu à peu, même et surtout, si l’issue tragique est connue d’avance.première guerre mondiale – justice Genre : policier

SALATKO, Alexis – China et la grande fabrique – Fayard, 2008 - (Livre de Poche, 2010) – 312 p. - 6,60 €

Quand Marc Dubreuil arrive à Limoges en 1847, c'est un gamin misérable, prêt à tout. Mais il a un don. Et un jour il s'imposera comme un maître peintre sur porcelaine, au prix de sacrifices inouïs, de patience, d'entêtement. Originaire de New-York, un négociant du nom de Hollister a de grandes ambitions pour cette porcelaine d'une blancheur surnaturelle dont toute l'Amérique raffole. Sous son impulsion, les ateliers insalubres se transforment en usines. Des campagnes, affluent de pauvres bougres en quête de travail. Marc Dubreuil entre à la grande fabrique. Comment un génie ne se brûlerait-il pas les ailes dans la fournaise industrielle ? Un roman picaresque et sentimental, une fresque sociale aussi, dans ce Limoges du

19ème voué à la porcelaine.révolution industrielle – Limoges – 19e siècle – condition ouvrière

SHAFFER, Mary Ann / BARROWS, Annie – Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates – Nil, 2009 – (10/18, 2011) – 310 p. - 4,80 €Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivain anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. C’est la lettre d'un inconnu, natif de l'île de Guernesey, qui va le lui fournir. Au fil de ses échanges avec son correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis , celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande. Ce Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse et d'humanité. Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey. Elle découvre ainsi l'histoire de l'île, les goûts de chacun, l'impact de l'occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle, le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.Cet échange épistolaire entre Juliet de Londres et des gens de Guernesey n’a rien d’ennuyeux : au contraire, c’est une lecture facile, drôle et palpitante.Guernesey – seconde guerre mondiale – écriture – amour Genre : roman épistolaire

STRASSER, Todd – La vague – J.-Cl. Gawsewitch, 2008 – Pocket, 2009 – 221 p. - 6,10 €Un lycée californien, dans les années 1970. Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d’histoire, organise une expérience pédagogique. En quelques jours, l’atmosphère du paisible établissement se transforme en microcosme totalitaire. Avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, lui-même totalement pris par son personnage. L'Histoire est-elle destinée à se répéter, malgré les leçons du passé ?...Un style simple et si ce livre n'était qu'un roman, on pourrait penser qu'il n'a rien d'extraordinaire. Mais l'expérience a bien été menée, l'auteur expose très clairement comment chaque être humain peut être happé par les mirages du pouvoir. Une lecture qui suscite malaise et réflexion. Etats-Unis – totalitarisme – expérience pédagogique – 1970-

TADJER, Akli – Il était une fois… peut être pas - J.-Cl. Lattès, 2008 – Pocket, 2011 – 252 p. - 6,70 €

Après vingt ans de tête-à-tête quasi fusionnel avec son père, Myriam est partie poursuivre ses études à Toulon. Mais de retour le temps d’un week-end-end, elle présente Gaston, Français de souche, le nouvel homme de sa vie qu’elle confie à son père. L’équilibre affectif de cet artificier s’en trouve fort perturbé, d’autant que Myriam à Toulon est séduite par le discours religieux de Malik… Alors il se console auprès de Lucifer et Cruella, et convoque la légende glorieuse de ses ancêtres algériens, formidables Mille et une nuits qu’il contait chaque soir à sa fille chérie pour l’endormir en se promettant de lui révéler la fin qui hante ses nuits.Un roman original (le héros est algérien, né à Paris, tout à fait intégré) plein de

saveur et d’humour pour évoquer les problèmes d’intégration culturelle, d’intégrisme et prôner la tolérance.Algérie – relation père-enfant – intégrisme religieux – tolérance

TROUILLOT, Lyonel - Yanvalou pour Charlie - Actes Sud, 2009 - (Babel, 2011) - 176 p. - 7,70 €Jeune avocat d’affaires dévoré d’ambition, Mathurin Dieutor Saint-Fort a cru pouvoir oublier ses origines pour se tenir désormais du meilleur côté possible de l’existence. Jusqu’au jour où fait irruption dans sa vie, Charlie, un adolescent loqueteux, en cavale après une tentative de braquage et qui vient lui demander son aide au nom des attachements à leur même village natal. Contraint de renouer avec le passé, l’élégant Mathurin D. Saint-Fort embarque, malgré lui, pour une aventure qui le fait plonger au cœur des bidonvilles de Port-au-Prince où survivent les plus démunis, derrière les demeures surprotégées qui cachent les puissants. Mathurin, Charlie, Nathanael, Anne : quatre voix se relaient, racontant leur petit bout d'existence et soulevant chacune un coin du voile qui recouvre la vie haïtienne. Un voyage initiatique au cœur de la désespérance qui « prend aux tripes ! » mais qui réaffirme aussi la rédemption d’être ensemble, symbolisée par le « Yanvalou », chant de salut à la terre ancestrale. Haïti – sous-développement – solidarité – adolescence – misère socialeCoup de coeur

ZUSAK, Markus – La voleuse de livres – Oh ! Editions, 2007 – Pocket, 2008 – 633 p. - 8,10 €Allemagne 1939, la Mort est déjà à l'oeuvre. C’est en effet la Mort qui sera la principale narratrice et témoin de la vie de Liesel Meminger, une enfant de 9 ans confiée à un couple, par sa mère persécutée par le régime. Son père, communiste, a été déporté et alors qu'elle quitte Munich pour rejoindre sa famille adoptive, son petit frère décède.

La jeune fille abandonnée se lie peu à peu d'amitié avec son jeune voisin, Rudy, quelque peu tête brûlée et son père nourricier qui lui apprend à lire avec « Le Manuel du Fossoyeur » qu’elle a ramassé lors de l’enterrement de son petit frère. Commence alors entre elle et les mots, une étrange histoire d'amour… et pour elle, les livres deviennent de puissants vecteurs de liberté dans cette impitoyable Allemagne nazie.Le roman se place dans un contexte peu abordé, la 2nde guerre mondiale vécue par les Allemands. Le regard parfois naïf mais toujours juste de l'héroïne se heurte aux injustices, à la doctrine et à l'horreur de la guerre. La narration par la Mort

donne au récit un côté sombre mais aussi une drôlerie cynique qui permet une distanciation par rapport à la violence de la guerre. lecture – Allemagne – enfance – 3e ReichGenre : saga familiale