#10: Lumières sur l'Afrique de l'Est

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1 INSPIRE AFRIKA Mayang Reath et son Helping Humanity Project Stride Africa Unisex les sandales de Fiona Foculture Au coeur des tambours L'ENTREPRISE QUI CRÉE LE LIEN ENTRE ARTISANS LOCAUX ET COMMERCE INTERNATIONAL La formidable aventure d’Andrew Mupuya Mawano Kambeu l’exemple d’un « échec fulgurant » Découvrez les délices de Feed Green Éthiopia en 4 questions LUMIERES SUR L’AFRIQUE DE L’EST MAGAZINE # 10 SEPTEMBRE / OCTOBRE SOKO ,

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Pour cette nouvelle édition, votre magazine s'attarde sur les entrepreneurs de la vallée du grand rift.

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INSPIRE AFRIKA

Mayang Reath et son Helping

Humanity Project

Stride Africa Unisex les sandales de

Fiona

Foculture Au coeur des tambours

L'ENTREPRISE QUI CRÉE LE LIEN ENTRE ARTISANS LOCAUX ET COMMERCE INTERNATIONAL

La formidable aventure d’Andrew

Mupuya

Mawano Kambeu l’exemple d’un

« échec fulgurant »

Découvrez les délices de Feed Green

Éthiopia en 4 questions

LUMIERES SUR L’AFRIQUE DE L’ESTMAGAZINE # 10 SEPTEMBRE / OCTOBRE

SOKO

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Elle peut se vanter d’avoir en son sein le fameux Mont Kilimandjaro, l’un des symboles forts de notre continent. Cette région d’Afrique composée d’une dizaine de pays, est sans doute l’une des plus versatile : à la fois redoutée car minée par les conflits, elle fascine aussi. Tourisme, innovation, art… Vous trouverez toujours une bonne raison de fantasmer sur l’Afrique de L’Est.

En réalité, les pays de la zone font partie des plus novateurs sur le continent. Vous vous souvenez sans doute de la fameuse plateforme kenyane USHAHIDI (Inspire Afrika N°7). Un concept basé sur le «crowdsourcing» permettant de recueillir des témoignages de violence de part le monde et de les répertorier sur Google Maps. Eh bien, USHAHIDI ne représente que la partie émergée de l’iceberg !

Mais la région n’oublie pas non plus les enjeux essentiels : s’affranchir et atteindre un degré d’autoconsommation respectable. Du côté de la vallée du grand rift, ils ont compris qu’il était crucial de combler des besoins immédiats, tout en restant à la pointe de la modernité.

Nos invités du mois sont des « wabunifu1 » qui vont droit au but. Le gouvernement interdit l’usage de polythène dans les emballages ? Alors trouvons une alternative plus écologique ! (Andrew Mupuya p. 24).

Les artisans locaux se font avoir par les dures lois du commerce international ? Alors

apportons leur l’assistance qu’ils méritent ! (Catherine Mahugu, p.10)

Des milliers de réfugiés sont abandonnés à eux mêmes hors de leur pays ? Emboitons le pas aux gouvernements et montrons l’exemple ! (Manyang Reath Kher p.16)

Tous autant qu’ils sont ont compris qu’il n’était plus question d’attendre ! Le développement, tout comme la victoire dans certains cas, s’arrache !

Soma Salama! Bonne lecture !

Joan Y.1 Innovateurs en Swahili

ÉDITO

LUMIÈRES SUR LA VALLÉE DU GRAND RIFT

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SOMMAIREP . 6 - INSPIR’ NEWS

P . 8 - COUP DE CŒURMawano Kambeu, un « échec fulgurant » !

P . 10 - INSPIR’ INTERVIEWSOKO, ou comment créer un lien équitable entre artisans locaux et commerce international

P. 15 - OSER INSPIRERFocus sur la corne de l’Afrique

P . 16 - INSPIR’ ASSOCIATIONHelping Humanity Project

P . 20 - INSPIR’ START-UPLes sandales de Fiona

P . 24 - INSPIR’ CAREERLa formidable aventure d’Andrew Mupuya

P . 26 - 4 QUESTIONS ÀEnvie d’épices venant d’Afrique? Découvrez Feed Green Ethiopia

P . 30 - FOCULTURE Au cœur des tambours du Burundi

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INSPIRE AFRIKASEPTEMBRE / OCTOBRE

DIRECTRICE DE PUBLICATIONJoan Murielle Yombo

DIRECTRICE GÉNÉRALEChrys Eve Nyetam

REDACTRICE EN CHEF ADJOINTEAmma O. Aburam

REDACTIONJoan Murielle Yombo, Chrys Eve Nyetam, Amma O. Aburam, Anita Bakal

RELATIONS PUBLIQUESOpemipo Akisanya, Ivan Nyetam

GRAPHISME ET ILLUSTRATIONRaphaël Kalinowski

Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.Reproduction interdite pour tous les articles sauf accord écrit de la Rédaction.

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INSPIRE AFRIKA

Mayang Reath et son Helping

Humanity Project

Stride Africa Unisex les sandales de

Fiona

Foculture Au coeur des tambours

L'ENTREPRISE QUI CRÉE LE LIEN ENTRE ARTISANS LOCAUX ET COMMERCE INTERNATIONAL

La formidable aventure d’Andrew

Mupuya

Mawano Kambeu l’exemple d’un

« échec fulgurant »

Découvrez les délices de Feed Green

Éthiopia en 4 questions

LUMIERES SUR L’AFRIQUE DE L’ESTMAGAZINE # 10 SEPTEMBRE / OCTOBRE

SOKO

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02 /LA MODE, C’EST DE CÉLÉBRER L’AFRIQUELa marque de vêtements 54 Kingdoms a lancé le mois dernier :

THE ANANSE COLLECTION.Une sélection de pièces originales destinées à célébrer l’histoire de l’Afrique à travers la mode. Dans l’imaginaire africain, ANANSE représente une araignée héroïne qui intervient dans les contes pour enfants. La marque célèbre donc à travers ce personnage, la forte tradition orale réputée provenir du continent.

01 / ASUS COMPTE INVESTIR LE MARCHÉ KENYANLa société informatique a annoncé en Août dernier qu’elle souhaitait augmenter ses parts de marché au Kenya.

Pour cela, elle va introduire sur le marché trois nouvelles gammes d’ordinateurs portables: Zenbook Touch Ultrabook, G-Series et Taichi Convertible Ultrabook.

Une campagne marketing intensive a été lancée depuis Aout pour commercialiser les nouveaux produits Asus introduits sur le marché Kenyan.

INSPIR’NEWS

03 / FESTIVALS, VENEZ À NOUS !Vous êtes amateur de musique ? Fou de concerts ? Vous rêvez d’un festival de musique à la Coachella/Glastonbury/Rock en Seine en Afrique ? Alors ouvrez les yeux, car non seulement les festivals de musique de ce type existent, mais en plus, vous aurez bientôt sur vos écrans (de télévision ou d’ordinateur) une émission qui retrace le parcours de ceux qui participent à ces évènements culturels d’envergure.

L’équipe des « Fest Gurus » vous amènera au Malawi, en Mozambique, au Zimbabwe, et un peu partout ! Le but ? Fédérer les jeunes et apporter un nouveau type de divertissement à l’Africaine. On adhère ?

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Travailler 10 heures de temps avec un ordinateur sans recharge électrique sera bientôt possible grâce à SOL. Conçu par la société canadienne WeWi Télécommunications pour les pays en voie de développement, l’outil fabriqué en partenariat avec Intel, tourne sous le système d’exploitation UBUNTU. Il sera possible de l’équiper d’un module satellite, ce qui permettra aux utilisateurs de se connecter où qu’ils soient. Le Ghana est le pays choisi pour officialiser la sortie de ce laptop rechargeable au solaire, qui devrait couter aux alentours de 350 dollars.

Vous pouvez désormais regarder vos films Nollywood préférés en version DVD. Iroko TV met à disposition des fans une boutique Amazon où ils pourront acheter leur films favoris à 4 dollars l’unité (frais de port exclus). La marque rappelle qu’elle dispose en plus de 136 boutiques physiques dans la ville de Londres et qu’elle compte en ouvrir de nombreuses autres en Angleterre et en Europe dans les mois à venir.

05 /SOL, le PC qui se recharge au soleil !

04 /IROKO SE LANCE SUR AMAZON

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On aime tous les VRAIS entrepreneurs ! Ceux là qui ont échoué de nombreuses fois, mais qui se sont toujours relevés, inlassablement, pour finir par atteindre leurs objectifs. Après tout, les échecs sont une sorte de droit de passage pour tout amateur de risques qui se respecte, donc pour tout entrepreneur.

Dans la catégorie serial entrepreneur, je vous présente Mawano Kambeu. Après de nombreuses tentatives et projets dans le monde de la musique, il a su tirer profit de chacune de ses expériences pour être l’homme expérimenté qu’il est aujourd’hui.

Tout commence en Zambie, où à 18 ans, Mawano pense pouvoir changer le monde. Il pense faire partie de ces personnes exceptionnelles qui ont le pouvoir de changer leur pays et leur entourage. On ne peut pas vraiment dire qu’il se trompait, mais très vite, la réalité le rattrape, et le manque d’opportunités dans son pays le pousse à s’envoler aux USA pour poursuivre son ambition de « percer » dans le monde de la musique.

Une fois de plus, le jeune homme s’est vu confronté aux réalités. Il a vite compris que pour pouvoir vivre son « rêve américain », il lui fallait ne rien lâcher. Il a donc dû cumuler les petits jobs, dormir sur des canapés, manger des conserves pour finalement se lancer dans la production musicale en 2003.

En 2007, Mawano se rapproche de son rêve de toujours. Amoureux de l’art et de la musique, le jeune homme, qui s’était lancé en tant qu’agent et manageur de musiciens, commence à gagner en crédibilité, notamment grâce à son originalité et à sa créativité. Il était à deux doigts de signer un de ses plus gros contrats avec la maison de disque EMI, pour un artiste zambien très prometteur : JK1 . Ce dernier avait même attiré l’attention des plus grands : Akon, Bad Boys, Def Jam et Atlantic Records ! Malheureusement, le deal entre Mawano, JK et EMI n’a jamais eu lieu.

Comme si cela ne suffisait pas, Mawano va essuyer un autre échec. Une équipe de divertissement Sud Africaine fait appel à lui pour un projet d’envergure : faire venir le célèbre rappeur Kanye West en Afrique du Sud. Au moment de signer le contrat, l’équipe de communication de Kanye West annule, prétextant avoir trouvé un meilleur deal. Vous avez dit guigne ?

Malgré ces échecs, Mawano n’abandonne pas. Si près de son but, il aurait été dommage de le faire me direz vous. Mais la chance est fourbe… Le jeune homme se dirige vers une troisième désillusion ! L’opportunité lui est offerte d’être à la charge de la version zambienne du télé crochet « American Idol2 ». Les producteurs de l’émission 1 Découvrez l’artiste ici http://youtu.be/W_TP2RtEgyU2 Emission visant à dénicher des talents dans le domaine de la musique.

COUP DE COEUR

MAWANO KAMBEU

L’EXEMPLE D’UN « ÉCHEC FULGURANT »

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étaient à la recherche d’un zambien qui avait déjà touché du doigt la scène internationale. Mawano était l’homme de la situation ! De plus, il était déjà le manager d’un artiste zambien plutôt connu. Curieusement, Mawano ne fut pas retenu pour ce projet. La raison ? Il était considéré comme un « Mwaiche1 », c’est à dire un novice.

Cette dernière mésaventure a été la goutte d’eau débordant le vase, car clairement, du haut de ces 24 ans, Mawano avait beaucoup plus d’expérience et d’ambition que les professionnels qui ont finalement été retenus pour cet « American Idol » zambien.

Après ce dernier coup de massue, notre jeune homme fini par se dire qu’il n’est peut être pas fait pour l’industrie du disque après tout. Et voilà l’une des choses les plus difficiles à faire lorsqu’on est entrepreneur : admettre que l’on s’est trompé de voie, changer de stratégie et capitaliser l’expérience déjà acquise dans un autre domaine.

1 Mwaiche” signifie “L’Enfant” dans un dialecte zambien.

Quatre ans de travail acharné, bien qu’étant « couronné » d’échecs, n’auraient en aucun cas pu être une perte de temps pour notre jeune entrepreneur. Non. Tout ce travail, toutes ces réflexions, tous ces échecs sont devenus des armes pour Mawano. Des armes de REUSSITE.

Aujourd’hui, Mawano a crée Dot Zambia. Il s’agit d’un site de shopping en ligne exclusivement zambien. Il possède aussi Zed Football Millionaire, une entreprise de divertissement sportif spécialisée dans la diffusion online (EPL et championnats zambiens).

Mawano ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, il est gestionnaire de placements chez Prudential Financial, l’une des plus grosses entreprise financière au monde. Qui a dit que l’échec était négatif?

Amma Aburam.

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INSPIR’INTERVIEW

SOKO : CRÉER UN VÉRITABLE LIEN ENTRE ARTISANS LOCAUX ET MARCHÉ INTERNATIONAL

Faire connaître le travail des artisans locaux au monde entier via l’outil Internet. Telle est la mission que Catherine Mahugu, Ella Peinovvich et Gwen Flowd avaient en tête en créant SOKO en 2011. Avec 30 membres à son actif, SOKO évolue rapidement et a pour objectif de devenir le premier marché virtuel où « les consommateurs auront accès à d’excellents produits qui n’existaient pas au préalable sur le marché international » Catherine Mahugu, une des créatrices du projet et directrice de la section technologie et information, nous en dit plus sur ce commerce d’un tout nouveau genre.

Inspire Afrika : Bonjour Catherine. Rentrons dans le vif du sujet. Si je vous dis SOKO ?

Catherine Mahugu : Alors je vous réponds autonomie des femmes. Car nous, les 3 créatrices de SOKO, partageons le même point de vue sur cette thématique. Nous avons remarqué au fil du temps le déséquilibre entre la richesse du travail de nos artisans, en particulier celui des femmes, et le peu de revenus que ces dernières engrangent une fois leur travail exposé sur le marché international. Ce gouffre était, voire est dû aux intermédiaires de commerce qui se remplissent les poches avant même de transmettre à ces travailleuses le fruit de leur labeur.

L‘objectif majeur de notre compagnie est d’éjecter les intermédiaires de commerce du processus, et de nous assurer que les artisans perçoivent entièrement ce qui leur est dû. Lorsque nous avons commencé, l’entreprise s’appelait « Sassa Africa ». Nous avons changé le nom en SOKO parce que nous avions une vision plus globale de ce projet et que nous voulions l’étendre à d’autres pays dans d’autres continents. SOKO tombait à pic, car le mot signifie « marché » en Swahili. Il reflète bien notre mission, qui est de créer un lien entre le marché mondial et les artisans locaux, d’où qu’ils viennent.

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I.A : Comment vous est venu l’idée de ce projet ?

C.M : Nous nous sommes rencontrées lors d’un atelier sur le développement des communautés informelles en 2011. L’une d’entre nous avait à plusieurs reprises côtoyé les artisanes locales et constaté ce qu’elles enduraient dans ce processus de commerce global. Elle maitrisait donc les pourtours du problème. Quant à moi, avec ma connaissance des TIC, j’étais capable d’apporter les outils nécessaires qui nous permettraient de passer de l’idée à l’action. Alors, au courant de l’été 2011, nous avons effectué un test pilote pour prouver la faisabilité du projet. Ensuite, Gwen est arrivée avec ses compétences en business, pour transformer ce projet pilote en projet viable.

I.A : SOKO met principalement en relation des artisans Kenyans et des acheteurs potentiels. Comment sélectionnez vous vos artisans ?

C.M : Nous avons une équipe mobile qui est chargée du recrutement des vendeurs qui opéreront sur notre plateforme. Il existe deux moyens pour ces vendeurs de s’enregistrer chez nous : ils peuvent se servir des codes SMS/ MMS prévus à cet effet. Ils peuvent aussi s’enregistrer via notre application Android. Et puisque notre projet est relativement récent, nous permettons aux vendeurs de s’enregistrer directement auprès de notre équipe chargée du recrutement. Une fois l’enregistrement effectué, ils peuvent commencer à ajouter leurs produits sur le site.

Par la suite, nous vérifions la qualité des produits proposés par le vendeur. Si ils respectent les normes du commerce international le vendeur est

sélectionné à priori. Il doit être capable de fournir des produits de qualité irréprochable, de produire la quantité suffisante pour répondre à la demande, et de conserver lesdits produits jusqu’à la vente, car nous ne stockons aucun produit chez nous. Une fois que le produit est acheté, le vendeur reçoit un message, et nous fixons une date pour lui prendre les produits qui ont été achetés.

I.A : Selon vous quel est l’avantage compétitif de SOKO ?

C.M : Notre plateforme combine à la fois mobile et web. Nous partons du mobile pour arriver au web. Si vous observez le fonctionnement de nos concurrents, vous remarquerez que les vendeurs qui y opèrent ont ABSOLUMENT besoin d’un ordinateur pour proposer leurs produits à la vente. Chez SOKO, ce n’est pas le cas. Nous cherchons à faciliter la vie de nos cibles prioritaires : Dans un premier temps, les artisans, qui sont à la base de la pyramide. Ils ont difficilement accès aux ordinateurs, à Internet, ou encore à un compte bancaire. Nous facilitons les choses pour eux et mettons à leur disposition des mobiles pour qu’ils puissent s’enregistrer et mettre leurs articles en ligne. Nous nous assurons qu’ils sont capables de renseigner leurs informations moyennant des frais minimes, voire inexistants. Ensuite, les potentiels acheteurs. Nous facilitons les processus d’achat, la logistique et l’envoi des produits, notamment aux USA. Nous sommes l’une des seules entreprises dans notre secteur à proposer ce service actuellement.

I.A: Pourquoi avez vous choisi d’exporter aux USA en premier?

C.M: La première raison est le fait que la taxe d’exportation des produits en provenance d’Afrique aux USA a été réduite grâce à l’AGOA1. Cette loi est un gros atout pour nous, et in extenso, pour nos consommateurs. Cependant, nous avons découvert que des dispositions similaires ont été prises en Europe. Par conséquent, nous testons actuellement l’envoi des produits dans divers pays Européens. Idéalement, nous souhaitons « connecter » les vendeurs, qui ont un profil plutôt « hors ligne », avec les acheteurs, qui

1 African Growth and Opportunity Act. Il s’agit d’une loi américaine votée en Mai 2000 pour facili-ter à certains pays africains l’accès au marché américain si ils suivent les principes de l’économie libérale.

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quant à eux sont plutôt « en ligne ».

Malheureusement, nous déplorons le fait que les africains sur le continent ne soient pas au courant de l’existence d’initiatives comme la notre, encore moins de la richesse des produits dont ils disposent à proximité. Nous travaillons à changer cela, et à permettre aux locaux d’acheter eux aussi les produits présents sur SOKO, tout en étendant notre offre au maximum de pays.

I.A: SOKO en Chiffres ça donne quoi ?

C.M: Il y’a encore quelques mois, nous comptabilisions 250 artisans, tous recrutés en 2 semaines. Aujourd’hui, ce chiffre a radicalement augmenté grâce à la notoriété nationale et internationale que nous avons eu. A cause de la grosse demande, nous avons décidé d’élargir notre base de données de vendeurs.Depuis le lancement officiel de notre site web en Avril 2013, nous attirons des milliers de visiteurs uniques par jour.

I.A: Pensez vous que le “peer to peer” soit réellement un business model adapté aux pays en voie de développement ?

C.M: Oui, nous en sommes persuadées. Les artisans locaux ont besoin d’un véritable coup de pouce. Nous voulons leur fournir les outils nécessaires à la promotion efficace de leurs

produits. Nous les formons de manière à ce qu’ils augmentent leurs ventes et donc leurs bénéfices sur notre site.

I.A: Quel est l’impact social de votre entreprise sur la communauté ?

C.M: C’est une chose qui nous tient énormément à cœur. Premièrement, nous favorisons l’autonomie et la responsabilisation des femmes en faisant d’elles des agents économiques à part entière. Nous montrons que le changement peut aussi arriver par elles. Parallèlement, notre action permet de limiter certains risques sanitaires auxquels elles sont exposées : elles doivent se rendre sur les marchés 7j /7, elles n’ont pas un accès évident à l’eau, et peuvent donc difficilement assurer leur hygiène. Parfois, elles sont exposées aux viols et autres harcèlements.

Nous essayons aussi d’augmenter le nombre de micro-entreprises au sein des communautés assurant ainsi la croissance de ces dernières vers quelque chose de plus global.

Pour terminer, SOKO a aussi une implication environnementale au sein de la communauté : nous recyclons les matériaux et nous assurons que les produits que nous proposons respectent les normes écologiques.

SOKO a aussi une implication environnementale au sein de la

communauté.

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I.A: Quels sont vos projets et aspirations futures pour SOKO?

C.M: Dans les années à venir, nous comptons ouvrir SOKO à un tout nouveau marché. Nous avons déjà développé des partenariats stratégiques avec des organisations telles que You And Women ou encore Just For Women. Ces partenaires sont des alliés essentiels dans notre conquête de nouveaux marchés et de nouvelles cibles.

Côté artisans locaux, nous comptons investir toute l’Afrique de L’Est d’ici deux ans. L’Afrique du Sud et de l’Ouest sont également dans notre viseur. Nous avons effectué un projet pilote en Inde cette année. Nous avons obtenu une subvention nous permettant de travailler sur le terrain et d’y développer des partenariats sur le long terme.

Côté consommateurs, nous allons livrer en Europe et sur les marchés locaux cette année. L’année prochaine, nous attaquerons le marché Indien.Nous avons pour objectif d’avoir au moins 8000 vendeurs et de nombreux consommateurs sur notre plateforme d’ici 2017.

Pour plus d’informations sur SOKO, rdv sur http://shopsoko.com/

Interview réalisée par Mireille Bakal

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OSER INSPIRERFOCUS SUR LA CORNE DE L’AFRIQUE

QUELQUES FAITS...

• 4 millions de touristes visitent chaque année l’Afrique de l’est. Le secteur s’organise car la coopération entre les pays de la région permettra, sur le moyen terme, de doubler le nombre de visiteurs. Avec des enjeux tels que la préservation de l’écosystème et des populations locales des ravages d’un tourisme intensif.• Innover dans le système productif angolais : c’est le thème du prochain concours organisé par le pays. Un objectif : promouvoir la culture scientifique et l’entrepreneuriat technologique. Dans le même temps, l’accès au crédit bancaire pour les PME a été facilité par le gouvernement, toujours avec un maître mot : l’innovation.• Désormais, comme partout sur le continent, la course pour une créativité constructive et impactante se dessine en Afrique australe. La jeunesse bénéficie de peu de moyens et même si de grandes multinationales y sont installées, leurs apports ne profitent aujourd’hui qu’à une frange marginale de la population. La réussite viendra donc de ceux qui sauront observer et satisfaire les besoins simples autour d’eux.

OSER...

Il appartient à ceux-là même qui Oseront être dans les starting blocks de saisir les opportunités liées à l’engouement international pour la région. Le climat optimiste ambiant qui relève de l’effervescence autour de la croissance africaine mais aussi d’une tradition de créativité émergente sont des atouts sur lesquels la jeunesse Est Africaine devra patiemment jouer pour montrer le chemin à ses voisins.Car en effet, une autre histoire se raconte aujourd’hui dans la zone… Charge à sa jeunesse de la raconter à voix haute, la porter au travers des frontières pour lui donner le poids qui lui sied. Charge à elle, au travers des moyens qui lui sont aujourd’hui propres, de relever les défis.Il y aurait environ 26 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans en Afrique de l’Est. Ce qui implique autant de possibilités de réussir. La région en plus d’être le berceau de l’humanité, est celle des grands espoirs du renouveau d’une Afrique qui réussit. Une Afrique qui Ose.

Quand on pense Afrique de l’Est, on pense Corne de l’Afrique. Quand on pense Corne de l’Afrique, on pense famine : selon les derniers chiffres, 260.000 personnes y sont mortes de faim entre octobre 2010 et avril 20121.

Pourtant l’Afrique de l’Est a des attributs surprenants loin des poncifs criards. Et les géants ne s’y trompent pas : alors qu’IBM se lance dans l’analyse cognitive en Nairobi, Google participe à faire du Kenya un pays à fort investissements étrangers.

La croissance des pays de la région se diversifie. Si elle repose encore principalement sur les matières premières, ses sources attirent l’attention sur d’autres secteurs.1 http://www.aufaitmaroc.com/monde/afrique/2013/5/3/260000-morts-de-faim-entre-octobre-2010-et-avril-2012_211459.html#.UaI-0kBM-ss

Marylène Owona pour Oser L’Afrique

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« Notre objectif c’est vraiment

d’apporter notre aide à ces 250.000 personnes, et je suis persuadé que

cela est possible. »

INSPIR’ASSOCATION

HELPING HUMANITY PROJECTBY MAYANG REATH KHER

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On compte aujourd’hui près de deux millions de personnes mortes de famine ou de maladie suite au conflit qui oppose depuis une vingtaine d’années le Soudan et le Sud Soudan. Dans la foulée, plus de quatre millions de personnes se sont retrouvées déportées à l’étranger, notamment en Ethiopie. Manyang Reath Kher, évacué dans la région de Gambella en Ethiopie en 1993, ne connaît que trop bien le parcours de ces réfugiés.

« L’association a étendu ses activités durant l’été 2012 en ajoutant des

programmes concernant la photographie et la couture »Après 13 ans de lutte pour survivre, Manyang a pu migrer aux USA, où il vit depuis 2005 (il avait alors 16 ans). Malgré son jeune âge, il n’a jamais oublié ses origines, encore moins les personnes qu’il a laissé derrière lui. Au cours de l’entretien que nous avons eu avec lui, il nous a parlé de sa passion pour aider. Aider à nourrir les réfugiés soudanais déplacés en Ethiopie à travers son association, Humanity Helping Sudan Project.

L’association Humanity Helping Sudan Project (HHSP) a été créée en 2008 pour aider à reconstruire les milliers de vies détruites par cet interminable conflit qui mine les deux Soudan depuis tant d’années. L’association a aussi pour objectif principal de combler le manque criard de ressources alimentaires dans la région. Pour arriver à ses fins, le HHSP met sur pied des programmes visant à apprendre aux réfugiés à être auto-suffisants.

Les échanges mis en place tournent autour de la pêche, l’élevage de volailles, de l’agriculture et de la construction de forages. Selon Mr Reath, « L’association a étendu ses activités durant l’été 2012 en ajoutant des programmes concernant la photographie et la couture ». Elle travaille aussi en collaboration avec une école, qui éduque les

populations et les familiarise aux programmes du HHSP.

Les rescapés déportés dans la région de Gambella en Ethiopie vivent dans des camps de réfugiés surpeuplés. En fait, il s’agit de propriétés gouvernementales. Ils n’y ont donc techniquement aucun droit. De plus, ces réfugiés ne possèdent aucun bien ni patrimoine. De fait, l’on se retrouve dans un cercle vicieux, où des enfants naissent et meurent dans la misère. Le HHSP existe pour permettre à ces personnes de posséder leurs propres terrains, leurs propres habitations, et de leur permettre de se débrouiller par eux mêmes, de manière à aspirer à un train de vie beaucoup plus décent.

Nous avons cherché à savoir quel(s) étai(en)t le(s) catalyseurs de l’action du Human Helping Sudan Project. La réponse de Manyang Reath est à la fois simple et pleine d’inspiration : « J’ai eu l’opportunité de fuir la guerre et la pauvreté par chance et grâce à des personnes bienveillantes. Mais pendant que je profitais de cette nouvelle vie, je n’ai jamais oublié d’où je venais, ni ce que les miens qui étaient restés au Soudan enduraient au quotidien. Après avoir terminé mes études et tissé un réseau relationnel

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solide, j’ai décidé de lancer le Humanity Helping Sudan Project, pour aider les membres de ma communauté à sortir eux aussi de la misère. Je me sens obligé d’aider ceux qui sont dans le besoin et de leur donner une chance, comme cela a été fait pour moi.»

Bien sûr, le travail qu’essaie de mettre sur pied Manyang n’est pas de tout repos, et l’association a besoin de la coopération des gouvernements Sud Soudanais et Ethiopien, qui sont intéressés par l’initiative.

«Je travaille de près avec le gouvernement Ethiopien car de cette manière, je peux acquérir des espaces terrien sur le territoire. De même, à chacun de mes voyages au Sud Soudan, je rencontre des personnalités politiques avec qui je discute des meilleurs moyens pour améliorer les conditions de vie des soudanais.»

Il faut aussi ajouter que l’indépendance du Sud Soudan en 2011 a été un grand moment pour

Manyang et son association. Sa détermination dans le combat qu’il mène depuis déjà 5 ans n’en a été que renforcée.

Le travail de Manyang jusqu’à présent ne passe pas inaperçu. Il a obtenu le soutien de célébrités telles que Beyonce Knowles, et a été interviewé par la CBS en Mai 2013. Mais ce dont il est le plus fier, c’est la reconnaissance de l’Union Africaine : «Durant mon séjour à Addis Adeba en 2012, j’ai été invité par l’union africaine pour faire un speech à propos de la situation des réfugiées et leur développement socio économique. Ils ont été impressionnés par le travail de HHSP, et l’ont présenté comme un exemple de lutte contre la pauvreté en Afrique.»

Au delà de reconnaissance, Manyang est fier de dire que son association est ouverte à tous sans exception. Toute personne qui souhaite contribuer à cette grande cause peut le faire de différentes manières.

En tant qu’internaute, il est possible de liker la page Facebook du Humanity Helping Sudan Project, de le suivre sur Twitter, ou encore suivre toutes nos actions sur notre site internet. Vous pouvez aussi postulez en tant que volontaire, effectuer un don ou encore vous inscrire pour un des nombreux événements que nous organisons.

Nous sommes très reconnaissants du support dont nous bénéficions depuis le début de cette aventure. Après chaque donation, nous mettons un point d’honneur à contacter chaque donateur

« Ils ont été impressionnés par le travail de HHSP, et l’ont présenté

comme un exemple de lutte contre la pauvreté en Afrique »

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Si jamais vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice, n’hésitez pas et rendez vous sur :

http://humanityhelpingsudanproject.org/sudan/

Pour terminer l’année en beauté, Manyang a été invité à participer au Nexus global Youth Summit qui se tiendra au Nations Unies à New york du 24 au 27 Juillet 2013. L’association compte aussi organiser une collecte de fonds vers mi-octobre.

« Je n’ai jamais oublié d’où je venais, ni ce que les miens qui étaient

restés au Soudan enduraient au quotidien. »

et à le remercier personnellement. Nous lui expliquons dans quelle mesure son geste est précieux pour l’association, et quels impacts il aura sur des milliers de soudanais. De plus chacune de nos actions, chacun de nos voyages ou déplacements est filmé et photographié, en vue de montrer les changements profonds que ces différents dons apportent au sein de ces communautés de réfugiés.

Opemipo Akisanya

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Mère de 27 ans, Fiona ORIZIKA est à la tête de Stride Africa Unisex, une entreprise de fabrication et création de sandales, qu’elle a fondé lorsqu’elle était enceinte, après avoir démissionné de son poste de directrice des ventes dans une entreprise de solutions informatiques. Fiona possède un Bachelor en system d’information à l’université de MAKERE en Ouganda. Parallèlement à la gestion de son entreprise, elle y fait des études de droit. Du système d’information à la conception de chaussures en passant par le droit : voilà une parcours très curieux. Nous avons demandé à Fiona comment elle en est arrivé là.

INSPIR’START-UP

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LA MARQUE

Le nom « Stride Africa Unisex » a été choisi pour renvoyer l’image d’un produit universel. Fiona voulait quelque chose de général, tout en restant spécifique. Mais avant tout, elle voulait une marque mixte. La marque a pris de l’ampleur grâce à ses amis et sa famille,

qui avec le bouche-à-oreille ont réussi à faire connaître ses produits. La popularité s’est amplifiée lorsqu’elle a commencé à faire de la publicité sur Internet (elle vend ses produits sur Eyetrader et Google trader). Son interview sur NTV1 et le travail des réseaux sociaux ont aussi contribué en grande partie à faire vivre la marque.

1 Chaîne télé Ougandaise

LES DÉBUTS

« Le passage de l’informatique à la création de chaussures, je l’ai décidé une fois que je suis tombé enceinte. J’étais très bonne en tant que Directrice des ventes, mais comme vous le savez surement, il y’a beaucoup de pression dans ce domaine d’activité. Je savais que sur le long terme, j’allais avoir de plus en plus de mal à atteindre mes objectifs. Il me fallait donc une solution alternative. »

Au départ, Fiona a 3 idées en tête : fabriquer des bougies, des chaussures ou des coussins et oreillers. Après avoir étudié chaque filière et pesé le pour et le contre, elle opte pour les chaussures.

Elle comprend que les chaussures seront plus rentables dans le sens où il s’agit là d’un besoin constant. Pour elle, l’usage des chaussures est crucial, au même titre que le fait de s’alimenter ou d’avoir un toit. Les chaussures (de qualité) ne sont plus l’apanage d’un certain milieu social, pourtant tout le monde devrait y avoir accès. Les sandales de Fiona sont reconnues pour leur qualité et leur confort. Les écoles et les universités représentent le gros de sa clientèle, puisque les jeunes, qui ont pour la plupart un look décontracté, ont justement besoin de ce type de chaussures.

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DES SANDALES DE QUALITÉ FAITES MAINS

S.A.U fabrique donc des sandales unisexes faites à la main. Ceci implique aussi que l’entreprise fabrique des chaussures pour enfants. Pendant les premiers 8 mois, Fiona finance le projet de sa propre poche. Elle peut compter sur le soutien de son entourage pour faire parler de la marque. Deux mois après son accouchement, elle commence à chercher de l’aide et recrute 3 personnes. La team utilise principalement du coton, du caoutchouc, du daim, et du cuir. Tous les produits utilisés sont locaux. Les sandales sont fabriquées avec de grands moules utilisés pour configurer les différentes tailles et modèles

de chaussures. Une machine de finition est utilisée pour les dernières retouches. La plus grosse partie des ventes de S.A.U se fait dans les supermarchés et auprès des particuliers, qui passent directement leurs commandes à l’atelier. Elle considère ses sandales comme différentes et originales.

En effet, les produits de contrefaçons étant nombreux sur le marché, Fiona, est fière de proposer des produits à la fois confortables, solides, abordables en terme de prix, et respectueux de l’environnement.Sur le long terme, Fiona souhaite être capable de vendre ses produits dans toute l’Afrique de l’Est.

QUELQUES CONSEILS Pour Fiona, la condition pour démarrer une activité est d’identifier un besoin dans un premier temps. Une fois que c’est fait, il faut absolument être organisé et maximiser les ressources dont on dispose. Elle souligne par ailleurs qu’il est important de consulter et de demander des avis, au lieu de garder des idées pour soi. L’ouverture d’esprit est une clé !

Chrys Nyetam

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Son entreprise est la première à fabriquer des emballages en papier en Ouganda et en trois années consécutives, il a raflé tous les prix : Le « Business Plan Writing

Competition » en 2011, le « Anzisha prize » et le « African Leadership Institute Young Entrepreneur Award » en 2012, et dans quelques jours, le « Social Entrepreneur Award ». Andrew Mupuya a donc le vent en poupe, et ne compte pas s’arrêter là. Entrepreneur précoce _ il s’est lancé dans l’aventure à 16 ans seulement _, le PDG de Yeli Paper Bags Limited revient sur son parcours.

Comment commence l’aventure Yeli Paper Bags ?

En 2008. Le gouvernement Ougandais envisage à ce moment là d’interdire l’usage des emballages en polythène (sacs plastiques) pour des questions de protection d’environnement. Dans la même période, je faisais face à des difficultés financières de plus en plus difficiles à gérer. Mes parents étaient au chômage, et je devais assurer mes

frais de scolarité en plus des besoins de la famille.

J’ai donc vu cette décision du gouvernement comme une opportunité à saisir : commencer à produire des emballages en papier, dans un contexte de respect de l’environnement.

Comment avez vous trouvé les fonds pour y arriver ?

J’ai eu l’idée de rassembler des bouteilles en plastique usées, que j’ai revendu à une usine de recyclage pour la somme de 16$. Or, pour commencer mon affaire, j’avais besoin de 18$. J’ai donc emprunté les 2 dollars restant à mon professeur de l’époque.

En tant qu’entrepreneur précoce si l’on puis dire, (vous aviez 16 ans à l’époque). Quels ont étévosdéfis?

J’ai rencontré de nombreuses difficultés, mais je pense que les choses les plus délicates à gérer au début ont été la gestion des finances, la difficulté à répondre à de grosses commandes, le fait de réussir à jongler entre les cours et la mini

ANDREW MUPUYA

INSPIR’CAREER

»

« Il n’existe pas de limitation d’âge en

matière de business et d’entrepreneuriat

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ANDREW MUPUYA

entreprise, l’influence et/ou les critiques de mon entourage (camarades, professeurs, etc.) qui ne croyaient pas en mon projet.

Est-il facile pour un jeune entrepreneur de 16 ans de réussir à convaincre des collaborateurs adultes ?

Je dirais oui. Je n’ai pas eu de problème particulier de ce côté là. Pour moi, il n’existe pas de limitation d’âge en matière de business et d’entrepreneuriat. Au contraire, il faut mieux s’y prendre très jeune. Du moment qu’on aime ce qu’on fait, tout va bien.

Quel serait votre unique conseil pour aidez nos lecteurs à bâtir leur business plan ?

Je vous répèterais exactement ce qu’on vous a sans doute déjà appris : Un bon Business plan se prépare dès le début du projet, après une étude de faisabilité précise et une connaissance du marché dans lequel on souhaite se lancer.

Quelle a été votre pire expérience dans cette aventure ?

La comparaison incessante de prix entre mes produits et ceux des emballages en plastique (beaucoup moins chers bien sûr) me dérange. Les gens ont souvent du mal à évaluer le coût qu’il y’a derrière la fabrication d’un emballage respectueux de l’environnement.

Quelle a été la meilleure ?

Pouvoir créer et produire un bien qui suscite l’attention, mais qui est surtout utile.

Pensez vous que l’entreprenariat soit un don ?

Bien sûr que non. On ne naît pas entrepreneur, on apprend à le devenir.

Lemotdelafin?

Je pense que les jeunes africains devraient plus que jamais se focaliser sur l’entrepreneuriat, au lieu de chercher à travailler pour de grosses multinationales. Etre employé a une durée dans le temps, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on travaille à son propre compte.

Propos recueillis par Joan Yombo

Visitez l’entreprise d’Andrew : http://yelipaperbags.com

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4 QUESTIONS À :FEED GREEN ETHIOPIA

Découvrez les épices de Feed Green Ethiopia

En farfouillant sur Internet, nous sommes tombés sur une petite start-up sympa-thique. Il est question d’épices, de saveurs, de spécialités culinaires…Hmmmm…

Rencontre avec les fondateurs de Feed Green Ethiopia.

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Pouvez-vous nous présenter votre structure?

Feed Green Ethiopia est l’une des entreprises d’export d’épices leaders en Ethiopie. Nous sommes enregistrés en tant que SARL au ministère du commerce et de l’industrie.Nous nous engageons donc à produire, mettre sous condition et exporter des épices et des spécialités culinaires éthiopiennes. Nous exportons aussi bien des épices universellement connues telles que le poivre, la cannelle, la cardamome, les clous de girofle, etc., que des spécialités culinaires purement éthiopiennes comme l’injera1 ou encore le shiro2.Nous sommes connus pour notre expertise à l’échelle internationale en matière d’exportation de la cuisine éthiopienne. Les épices les plus connues sont exportées dans les Emirats Arabes Unis, en Chine, au Pakistan, au Vietnam, et dans certains pays africains tels que le Nigéria et l’Afrique du Sud. Parallèlement, les épices propres à la cuisine éthiopienne sont achetées par des éthiopiens vivant à l’étranger qui pour la plupart du temps possèdent des restaurants un peu partout en Occident (Norvège, USA, UK, Allemagne…)

Les produits partent du port de Djibouti lorsqu’il s’agit de grosses commandes. Si il s’agit d’une commande basique, nous les envoyons par avion à partir d’Addis Adeba.De manière basique, nous achetons des épices au quatre coins du pays. Ensuite nous les

1 Grande crêpe très consommée en Ethiopie2 Ragoût épicé à base de pois chiche, qui se consommé essentiellement avec de l’injera

assemblons, les trions, et les empaquetons. Nous mettons un point d’honneur à maintenir nos produits frais, du début à la fin du processus.

Pouvez-vous nous parler de votre team?

Nous existons depuis 2011. L’entreprise s’est créée sous l’initiative de Senai Wolderufael et de Eyob Woldegabreal, tous les deux âgés de moins de 30 ans. Notre compagnie a connu de nombreux succès depuis les 2 dernières années. Nous sommes bien sûr fiers de ce succès, mais il ne faut pas oublier que le succès implique de travailler encore plus. A présent, nous sommes sur le point d’ouvrir toute une gamme de boutiques dans le pays. Ce qui nous permettra de créer des richesses et des emplois.

Comment impliquez vous les travailleurs locaux dans le processus de production chez Feed Green?

La grosse majorité de nos employés et ouvriers sont des locaux. La production d’épices en Ethiopie est généralement l’apanage des femmes. Nous les chérissons car la qualité de nos produits dépend d’elles. Leur connaissance et leur expertise nous procure un avantage comparatif par rapport à nos divers concurrents dans le monde.Nos employés sont bien traités : les salaires sont bons, ils sont couverts à tous les niveaux, notamment au niveau de la santé, il bénéficient de congés payés, etc.Comme dans toutes les sphères d’activité, nous avons des hautes et des basses saisons. En période de haute saison, nous engageons des contractuels qui bénéficient des mêmes avantages que nos salariés permanents, en dehors de l’assurance santé. Comme nous l’avons mentionné précédemment, la majorité de nos salariés sont des femmes. Nous accordons un soin particulier à collaborer avec elles et espérons de cette manière contribuer à l’égalité des genres en Ethiopie, où les femmes sont très souvent au chômage.

Pouvez-vous nous parler de votre programme de charité?

Nous essayons le plus possible d’être socialement responsables. Nous sommes pensons avoir

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l’obligation de nous impliquer dans nos communautés et de « rendre » en quelque sorte tout le support et le soutien que nous avons reçu. Voilà pourquoi nous avons lancé ce programme de charité. Deux fois par an, nous faisons une donation à une ONG locale et contribuons à construire un meilleur lendemain. Nous avons notamment de très bons rapports avec la fondation Connected In Hope qui s’attelle à soutenir les femmes, leurs projets et leurs familles. Nous sommes aussi sur le point de coopérer avec le Yaya Girls Running Program1 et de participer à la prochaine course qui aura lieu cet automne à Sulula, un petit village près de Addis Adeba. Ce programme de charité va au delà des dons. Il s’agit aussi d’une manière pour nous de rencontrer des personnes incroyables qui s’impliquent pour la communauté. Ce sont de vrais modèles, et nous sommes heureux d’avoir la chance de participer à cette grande aventure !

Joan Yombo1 Le Yaya Girls Running Program est une ONG qui a pour but de promouvoir l’égalité des genres en Ethiopie

»

«La majorité de nos salariés sont des femmes. Nous accordons un soin particulier à collaborer avec elles et espérons de cette

manière contribuer à l’égalité des genres en Ethiopie

Envie de passer une petite commande ? C’est par ici ! https://www.facebook.com/

FeedGreenEthiopiaExports

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attire l’attention, il fascine… Et pour cause ! Comment cette espèce de fût en bois est-il capable de

produire une telle variété et une telle qualité de son ? Instrument emblématique en Afrique, le tambour est aussi le garant d’un héritage culturel exceptionnel.

Déjà, aucun tambour n’est similaire à un autre. Tous différents, ils sont fabriqués à partir de différentes souches d’arbre, pour leur donner un aspect, une sonorité et une personnalité uniques.

FOCULTUREAU CŒUR DES TAMBOURS

IL

credit photos : Google

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Le Burundi reste indéniablement le lieu par excellence où l’on peut voir se manifester la puissance révélatrice des sons et rythmes émanant de cet instrument magique. Connu notamment pour sa tradition basée autour des percussions, la renommée des percussionnistes à l’intérieur et en dehors du pays n’est plus à démontrer.

C’est le cas des Royal Drummers and Dancers of Burundi, qui ont réussi avec brio à exporter leur culture du tambour et leur extrême sens artistique.

Ce collectif d’artistes se produit dans le monde entier depuis les 60’s. Ils ont par ailleurs mis 3 albums sur le marché et ont vu leurs œuvres enregistrées en bande originale pour de nombreux films. Ils ont aussi influencé des artistes tels que Bow Wow Wow1 ou encore Adam & The Ants2 et ont inspiré la création du festival WOMAD3 en 1982. Aujourd’hui, encore, ils parcourent le monde, avec dans leurs besaces leur bonne humeur et leurs tambours qu’ils déposent le temps d’une prestation live dans les plus grandes salles de spectacles qui soient.

1 Bow Wow Wow est un groupe de new wave britannique. Leur apogée eut lieu en 1982 avec la sortie des tubes Go wild in the country et I want Candy. (Wikipédia)2 Adam and the Ants est un groupe de rock britannique actif à la fin des années 1970 et le début des années 1980. Ils sont l’un des groupes qui ont marqué la transition entre le punk rock des années 1970 et le courant new wave/post-punk.3 Festival de musique. (World and Music Art and Dance)

Il faut savoir que dans la tradition, les tambours sont bien plus que des instruments de musique. Sacrés, ils ne sont utilisés que lors des grandes occasions et jouent le même rôle que les médias en annonçant les nouvelles, bonnes comme mauvaises : enterrements, naissances, intronisations, etc. Ils entretiennent une relation privilégiée avec la nature qui les entoure. Par exemple, ils annoncent le début de la saison des moissons, et la récolte des graines de sorgho pour la fabrication de la fameuse bière de sorgho. Chez les Royal Drummers and Dancers of Burundi, chaque tambour porte un nom correspondant au concept de la fertilité. Ainsi, le mot « Amabere » (les « chevilles » du tambour) équivaut à la poitrine dans le champ lexical de la fertilité. De même, le mot « Umukondo » qui représente le pied du tambour équivaut au cordon ombilical.

Les tambours ont donc conservé une valeur symbolique au Burundi. Il suffit d’observer attentivement le drapeau national. Au centre, se trouve un cercle de couleur blanche avec 3 étoiles. Ce cercle représente le Karyenda, une variété de tambour qui symbolisait la royauté au Burundi. Les Rois (appelés les Mwami) interprétaient les sons de leur Karyenda et les traduisaient en règles de conduite dans leur royaume. De 1962 à 1966, le Karyenda était explicitement représenté sur le drapeau du Burundi.

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Qui a dit que la culture africaine avait besoin d’être « travestie » avant d’être soumise à la face du monde ? Car oui, notre culture s’exporte, mais souvent après avoir été soumise à une sorte d’« adaptation ». Prenons le fameux exemple de l’in-dustrie de la mode. La seule raison pour laquelle nous voyons le wax partout, c’est parce qu’il est adapté aux codes vestimentaires occidentaux. Il est rare de voir un mannequin arpenter les

tapis rouges avec un dashiki ou un kanga pure-ment traditionnels. Et force est de constater que lorsqu’il n’y a pas « déguisement/camouflage », le courant culturel ne passe pas (encore) assez entre Afrique et Occident. Tenez, par exemple la cuisine africaine ! Bien qu’importée depuis long-temps et appréciée par la plupart, elle reste en marge des habitudes alimentaires en comparai-son à une gastronomie chinoise ou japonaise. Et

n’allez pas me parler d’épices piquantes ! Le wasabi fait partie des condiments les plus piquants au monde !Les « Royal Drummers and Dancers of Burundi » sont donc une bouffée d’air frais en ce sens. Ils exposent et subliment l’art ancestral du « drumming » africain, sans fioritures, à l’état brut.

Amma Aburam

Courez admirer le talent des Royal Drummers and Dancers of Burundi !http://www.youtube.com/watch?v=u7cCvzKMiVvs

credit photos : Google

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