Le magazine des musiques actuelles

10ème année – Nr 12/2005Fondateur :Pascal Noël

Rédacteur en chef :Philippe Schoonbrood

Rédacteurs :Patrick BivortClaude LoxhayPhilippe Franck

Robert SacréJean-Michel Van Schouwburg

Yves TassinLes Allumés du Jazz

Photographes :Jos KnaepenJacky Lepage

Milena StrangePatrick Tombellellustrateurs :

Yves BudinJampur Fraize

PAO :Vincent ChâtelImpression :

Verheyen GraphicsTirage :

10.000 ex. + 3.000 tirés à partRédaction & Administration

Muzak asblQuai P. Van Hoegaarden 02/144

4000 LiègeTél. + Fax 32/4/222.90.25.

Photo couverture :Cassandre turboisAvec l’aide de la

Communauté FrançaiseWallonie – BruxellesTous les quinze jours

aussi dans

S ouhaiter « les bons vœux »,entre la mi-décembre et la mi-janvier,période de la trêve des confiseurs,relève de la tradition.Le jazz ne peut devenir une tradition,même si historiens et musicologues conti-nuent de se pencher sur ses racines et ses différentes (r)évolutions.J@zz@round choisit plutôt de

situer le jazz dans les entrelacs que les musiques du globe continuent d’assembler. Pas de linéarité, doncpoint de bilan,les aventures continuent,comme la vie,tout simplement.Dans ce numéro,l’équipe de chroniqueurs propose tout de même plusieurs idées de cadeaux,à déposer aupied du sapin.Et,un vœu singulier :que les jours et les nuits à venir soient jalonnés de rencontres musica-les tourneboulantes,de dissonances porteuses et de rythmes déroutants ! Enfin,rendez-vous le mardi 24 janvier,pour le prochain numéro qui sera un spécial « Lundis d’Hortense »,àl’occasion de leur 30ème anniversaire et de leur 20ème festival programmé les 17 & 18 février 2006,au Cen-tre Culturel Le Botanique (Bruxelles).

PHILIPPE SCHOONBROOD – schoonbrood_p@yahoo.com

NB : “2006 – L’âge du feu” est une illustration de Jampur Fraize, ses cartes de vœux sont en vente dans les librairies liégeoises sui-vantes : Livre Au Trésor, Le Comptoir du Livre et à La Distro (La Zone) - infos au 04/253.59.15.

2006,

ET SI…?2006,

ET SI…?

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avec Bert Joris et Kurt Van Herk (Werf). Pour les amateurs de guitareélectrique aux accents rock, signalons les der-nières productions Igloo et De Werf : d’unepart, « Mainly Joy » du Danza Quartet avec leguitariste Hughes Kolp et le saxophoniste JanRzewski (deux élèves du Conservatoire deLiège), de l’autre, « Konglong » du groupeMoker, avec le guitariste Mathias Van deWiele et l’inclassable Bart Maris à la trom-pette. Pour les fidèles amis de Jacques Pelzer,s’impose la réédition de l’album « Fairly »,avec en bonus sept inédits (Le Chant duMonde) de ce maître de la mélodie que futle pianiste Michel Graillier, indéfectiblecompagnon de route du saxophoniste lié-geois : un vrai régal avec des compositionsde Coltrane, Mc Coy Tyner mais aussi unétonnant Gottingen de Barbara. Côté “jazzitalien”, je m’en voudrais de ne pas citer« Danza di una Ninfa », le dernier albumEGEA, d’Enrico Pieranunzi et de la chanteuse Ada Montellanico, enhommage au chanteur Luigi Tenco, tragiquement disparu après unpassage au festival de San Remo (tous les téléphages qui ont vu letéléfilm dédié à Dalida se souviennent sûrement de cet épisode dra-matique). Certes, en 1993, la chanteuse Tiziana Ghiglioni avait déjàconsacré un album au jeune chanteur italien, en compagnie de Paolo

Fresu et Gianluigi Trovesi, mais ici, l’originalité, à côté des classiquesque sont Mi Sono Innamorato Di Ti et Ho Capito Che Ti Amo, tientà l’enregistrement de quatre textes inédits et à la subtilité des ar-rangements avec bois et cordes. Plus intimiste, l’album « New OldAge » réunissait le clarinettiste Gabriele Mirabassi, le pianiste JohnTaylor et la guitare basse de Steve Swallow (Egea). Pour terminerce chapitre, une somme : « Terronia », le dernier opus de l’incorri-

gible Pino Minafra qui réalise ici une synthèsede tout son parcours passé, en réunissant sonSud Ensemble, les vocalistes de Faraualla et leMeridiana Multijazz Orchestra (Enja). Pour ceuxqui auraient écouté, le 12 septembre dernier,l’émission que Musique 3, en collaboration avecJazzaround, consacrait à Joëlle Léandre, un dé-tour s’impose par « Face It », enregistré live audernier festival du Mans, en compagnie de la

vocaliste Lauren Newton (Leo Records). Enfin, pour les déçus d’Euro-palia Russie, qui ignora superbement la nouvelle musique improviséerévélée à l’Ouest par l’infatigable Leo Feigin, signalons « ForgottenStreets of St Petersburg » du groupe TriO en compagnie de la voca-liste virtuose Sainko Namchylak (Leo records) et deux albums où l’onretrouve le cor d’Arkady Shilkloper, « Stepping Out » du groupePago Libre (Leo Records) et « Piment » du VSP Orkestra (Orkestra Pro-duction). Et, pour les amateurs de dévédé, rappelons la série « Live inAmsterdam », panorama de la jeune scène néerlandaise (Jazzaroundn° 11). Bonne pioche et joyeuses fêtes.

D epuis quelques mois, les dévédés entrent en force dansles rayons des magasins, au point d’offrir le triste spec-tacle de produits engoncés dans

les bacs, difficiles à consulter. La logiquemarchande, souvent à courte vue, semble iciêtre à nouveau prise de vitesse. Mais quecette réalité ne vous empêche pas d’offrirquelques bijoux récents, véritables outils pé-dagogiques et courroies de transmission cul-turelle. « The Continuing Adventures of Ta-raf de Haïdouks » (www.crammed.be) pro-pose un dévédé en trois volets : la captationd’un concert donné à Londres en 2005 (Dir. Marc Allen), reprissur le cédé audio du même album, ensuite un portrait haut encouleurs du Taraf, filmé dans le cadre de leur village d’origine,Clejani, mais aussi à Bucarest (Dir. Elsa Dahmani), ainsi qu’uncourt métrage de 17 minutes (Michel Winter & Stéphane Karo),construit autour d’archives enregistrées depuis le début de leurstournées internationales. Quant aux bonus, une galerie photos,une discographie, un extrait de Latcho Drom, le film de Tony Gat-

lif, et des entretiens (« The Taraf SpeakTo You »), ils complètentun tableau d’exposition pour pénétrer avec curiosité le mondecomplexe et chaleureux d’une musique dont les racines plongenttout de même dans les rives du Gange ! « Native Lands »(www.jazzrecords.com/enja) du percussionniste Will Calhoun, an-cien batteur de Living Colour et membre permanent du PharoahSanders Quartet, entraîne les yeux et les oreilles dans un voyageépicé au carrefour du jazz, des musiques traditionnelles africai-nes, brésiliennes et de l’électronique. Les « puristes » regretteront

sans doute une captation traditionnelle, sans jeu sur lestechniques vidéo. Pendant plus de 70 minutes, le dévédépropose des images du Maroc, du Brésil et des HarmolodicStudios d’Ornette Coleman, à Harlem (New York), pendantles sessions d’enregistrement et à l’occasioin d’entretiens. Levolet audio de la seconde galette contient plus de 75 minu-

tes de compositions de Will Calhoun,mais aussi de Wayne Shorter (Nefertiti),Mongo Santamaria (Afro Blue), Elvin Jo-nes (Three Card Molly) et Nana Vasconce-los (Native Lands). Le personnel qui en-toure Calhoun sur ce cédé laisse rêveur :Pharoah Sanders, Stanley Jordan, MarcusMiller, Kevin Eubanks, Buster Williams,Wallace Roney, Orrin Evans… Cette intro-

duction originale à l’univers d’un maître tambour d’aujourd’huiréjouira les connaisseurs par la qualité des enregistrements, maisaussi l’inventivité du travail vidéo réalisé par Charles Kliment.

SAPIN DE SON EN IMAGES

PHILIPPE SCHOONBROOD

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R U B R I Q U E S

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L’AUTREINFO

CHEZ VOTRE LIBRAIRE

ENRICO RAVA - STEFANOBOLLANI - PAUL MOTIAN,TATI (ECM)

La complicité entre Enrico Rava et Stefano Bol-lani n’est plus à démontrer, nombreux sont lesalbums qui les réunissent depuis 1998 : « CertiAngoli Secreti », « Shades of Chet », « Plays MilesDavis », « Easy Living » et, particulièrement ceduo, « Diary B »,enregistré à Montréal en 2001.Ce nouvel album tranche pourtant avec les pré-cédents, et pas uniquement en raison de cette

formation à trois,sans contrebasse,mais avec un PaulMotian omniprésentet très ouvert à lasensibilité italienne(il a joué, à plusieursreprises, avec EnricoPieranunzi ou le

saxophoniste Pietro Tonolo). D’un côté, un ly-risme épuré (Birdsong,Tati, Mirrors), une quié-tude sereine, loin de l’exubérance du quintetavec Gianluca Petrella. De l’autre, un jazz mo-derne aux attaques acérées (Fantasm,Cornetto-logy) qui rappelle l’époque américaine du trom-pettiste mais toujours avec une inter-action spontanée entre les troismusiciens. Une complicité quis’inscrit aussi dans le réper-toire puisqu’ à côté d’uneversion tout en nuances deThe Man I love et ce E Luce-van le Stelle,repris à la Toscade Puccini (dans une versiontrès différente de celle de l’al-bum « Rava L’Opéra Va »), toutesles autres plages sont des composi-tions originales :six de Rava,une de Bollaniet trois de Motian.Un album intéressant, il pré-sente une autre facette de la riche personnalitédu trompettiste natif de Trieste.Claude Loxhay

THE YOUNG GODS, XX Years 1985-2005 (Play It Again Sam)

AL COMET, White Planet” (Watermelon/Hysterias)

THE NEON JUDGEMENT, Box (Play It Again Sam)

Pas folichonne la pop 80’s ! Entre deux révo-lutions libertines (le punk en 1976 et le grungeen 1990), la pop anglo-saxonne a traîné son en-nui dans l’ineptie ! Bien décidés à ne pas se plan-ter les pieds dans cette souille-là,quelques grou-pes continentaux (Einstuerzende Neubauten

pour l’Allemagne,Young Gods pour la Suisse,Front 242 pour la Belgique, …) abandonnentmomentanément la structure classique guitare /basse / batterie et résistent à l’assaillant.La modeest au « rock industriel »,à « l’electro body »,brefà la différence sonique affichée.Quelques-uns serappellent à notre bon souvenir ces jours-ci…Au début des années 80,Franz Treichler délaissela guitare (dont ilest pourtant unvirtuose) pour étu-dier de plus prêtune technologiefraîchement dé-barquée : le Sam-pler.Cinq ans plustard, il crée lesYoung Gods autour des machines infernales :un groupe de rock puissant,tribal et sans guita-res (visibles).Le succès mondial ne sera au ren-dez-vous qu’en 1992, grâce au disque TV Sky.Vingt ans d’existence (pas toujours heureuse)cela se fête ! Le double XX Years retrace les mo-ments de gloire « electro-core » des Young Godssur son disque 1.Le second cd (remix et raretés)est en fin de compte plus anecdotique, malgré

quelques reprises saugrenues (The End,Requiem pour un Con).Hasard du

calendrier ( ?), l’éditeur Water-melon ressort ces jours-ci lequatrième album solo d’AlComet, le claviériste desYoung Gods. Moins violenteet pourtant plus tendue que

celle des Young Gods, la mu-sique d’Al Comet se veut cos-

mique et volontairement dérou-tante.Elle vous plonge sous hypnose

vers les contrées autrefois explorées parEno.Mutant !

Au même titre que Front 242 (mais de façonbeaucoup plus discrète),Neon Judgement a re-présenté dignement notre pays à l’étranger surles scènes « electro rock ».Avec ce nom pré-disposé et une approche musicale obscure, leduo constitué de Dirk DaDavo & TB Frank aémoustillé la curiosité des hordes gothiques…Insuffisant :le son « daté » des sbires belges a ra-pidement vécu ! C’est donc avec un étonne-ment certain que l’on découvre ce Box consti-tué de deux cd remplis jusqu’à la gueule (douzetitres originaux, trois « live », huit « remix » ettrois inédits).Sont-ils revenus au goût du jour ? Avous de vous faire votre propre Nouveau Juge-ment ! Yves Tassin

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