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1. UNITÉS / nomade: SI C’EST UN HOMME (Rhizome 1)

Unités / nomade: Premier germe. Il faut bien quelque chose, qu’une histoire surgisse. Celle-ci n’est autre que l’écriture de Primo Levi et de la création au Théâtre Poche de «  Si c’est un homme » (Meilleur seul en scène, 2006). c’est la rencontre entre Michel Bernard et Frederik Lars Haugness.

Unités / nomade: depuis le début, à savoir la découverte et la mise en scène de « Anéantis » de Sarah Kane (2001), Michel Bernard choisit un théâtre post-tragique, à déplorer une esthétique de la confrontation directe (violence, sexe, politique, émotion). Qui sommes-nous, nous qui posons la question, aujourd’hui, de manière paniquée, de notre nature humaine et des sociétés que nous engendrons? Notre dramaturgie est celle qui défait les vies, qui déconstruit des destins, qui interrogent les silences, les refus.lUnités/nomade interroge les corruptions des faits (politiques, pulsionnels). C’est une plongée dans la fiction du réel … ou dans ce que le réel peut avoir comme prêt à porter de fiction.

photosStéphanieJassogne

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Unités / nomade: unités au pluriel et nomade au singulier - oui c’est voulu - histoire de dire que nous sommes tous des unités indépendantes et que nous avons le nomadisme comme philosophie, un nomadisme thématique, esthétique et créatif.

Ecriture Primo Levi / Traduction Martine Schruoffeneger / Mise en scène Michel Bernard / Avec Frederik Lars Haugness / Avec la participation de Paul Sobol / Scénographie Olivier Wiame / Lumières Xavier Lauwers /

SI C’EST UN HOMME: «  Comment écrire en quelques mots la marque profonde que laisse Frédérik Haùgness dans ce chef-d’oeuvre de l’écrivain italien, Primo Levi ? Pénétré jusqu’au fond de l’âme, le comédien réussit haut la main l’exercice délicat de cette autobiographie mondialement connue, description puissante et dépassionnée des camps d’extermination. Il n’était pourtant pas facile de trouver l’équilibre précaire entre la force inouïe des mots et la retenue qu’impose un procès de la conscience humaine qui se veut dénué de passion, de pathétique et de haine. C’est là toute la virtuosité de Frédérick Haùgness, solidement épaulée par la sobre mais puissante mise en scène de Michel Bernard. Sans en faire trop, mais avec une tension qui vous file des coulées de sueur glacée dans le dos, le comédien porte en lui les mots de Primo Levi, déporté à Auschwitz en 1944 où il deviendra le détenu n°174.517 jusqu’en 1945. » – Catherine Makereel

ANÉANTIS: « Sans verser dans la caricature, la mise en scène de Michel Bernard travaille en sensibilité l'acidité et les contrastes, faisant apparaître le manque d'amour de ces trois êtres. Patrick Lerch est éblouissant de justesse,(.) René Georges offre cette désespérance, tellement humaine. Impossible de ne pas être bousculé par Anéantis : ce spectacle prend aux tripes, nous relie au monde en nous confrontant au fondement de la condition humaine ».  (Janine Dath/Le Soir du 26 avril 2001)

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2. UNITÉS / nomade: FEBAR (rhizome 2)

« Il y a un trou dans la pirogue. C’est écoper ou couler »

Michel Bernard, Michael de Cock et Younouss Diallo parcourent le Sénégal et développent une écriture documentaire sur la question de l’immigration: une descente aux enfers sur une barque qui quitte le Sénégal en direction de l’Europe, une plongée avec ces morts silencieux dans les eaux de la Méditerranée.

EcritureMichaeldeCock,YounoussDiallo,MichelBernard/MiseenscèneMichelBernard/AvecYounoussDiallo/MusiqueGerryDemol/ScénographieStefDepover/CostumesAnnaSeniow/DirectionTechniqueFelixGoossens

création ’T Arsenal Mechelen, Festival des Francophonies Limoges et Théâtre de Poche

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3. UNITÉS / nomade : VERSUS «  Parce qu’il s’agit de Hamlet Parce qu’il s’agit de Coltrane Parce qu’il s’agit de mon père Mon père qui a été assassiné »

Unités / nomade: spectacle fondateur: création autour d’une biographie, celle du meurtre du père de Frederik et du travail de réconciliation avec le meurtrier qu’il a entrepris. Une création emplie de jazz, de théâtre, de Shakespeare et de Coltrane.

Ecriture Frederik Lars Haugness &Michel Bernard / Mise en scèneMichel Bernard / AvecFrederikLarsHaugnessetGregHouben(trompette,bugle),SamGerstmans(basse),LaurentDelchambre(batterie),MatthieuVandenabeele(piano)/ChorégraphieFannyRoy/LumièresFredDelay

photosBénédicteThonon

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4. UNITÉS / nomade : MAL DE MÈRE «  Quand la vie est magnifique,

faut la traiter avec beaucoup de précautions, faut faire gaffe, c’est tout »

Un texte poignant dans l’univers d’une mère infanticide.

Ecriture Vinciane Moeschler / Mise en scène Michel Bernard / Avec Micheline Goethals / Scénographie diverse / Olivier Wiame, Thomas Delord, Michel Bernard / Lumières Léo Claris, Fred Delay / Musique Jean-Christophe Potvin

le texte a bénéficié d’une bourse de parrainage du Centres des Ecritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles et d’une bourse SACD Belgique

photosBénédicteThonon

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5. UNITÉS / nomade : FEMME NON RÉÉDUCABLE (Mémorandum théâtral à propos de Anna Politkovskaïa) Création: Ecriture Stefano Massini / traduction Pietro Pizzuti / Mise en scène Michel Bernard / Avec Frederik Lars Haugness, Angelo Bison, Zoura Radoueva et la participation de Ilyas Mettoui, Gael Soudron, Fanny Dumont, Fabian Finkels, Bruno Borsu, Martin Goosens, Ahmed Ayed, Olivia Smets, Amel Felloussia, Aline Breucker / Scénographie Olivier Wiame / Lumières Xavier Lauwers / Costumes Aline Breucker / Dramaturgie politique Aude Merlin / Décors sonore Jean-Christophe Potvin / Musique Pierre Jacqmin / Vidéos Marie Kasemierzack / Avec l’aide de la Communauté française de Belgique (CCAPT).

photos Gianfraco Zille

UNITÉS / nomade : REPRISE / FEMME NON RÉÉDUCABLE (Mémorandum théâtral à propos de Anna Politkovskaïa)

REPRISE: Festival de Bruxelles, Théâtre Mercelis, Les Riches Claires

Ecriture Stefano Massini / Traduction Pietro Pizzuti / Mise en scène Michel Bernard / avec Angelo Bison, Andrea Hannecart / Scénographie Thomas Delord / Musique The Social Sanity / Lumières Xavier Lauwers / avec le soutien du Théâtre du Sygne

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6. UNITÉS / nomade : PARKING SONG  « Comme Hamlet,

je dois choisir entre le suicide et la mort » (Kurt Cobain)

Parking Song… ou le désespoir perdu d’une génération dont la mort de Kurt Cobain est la figure emblématique et des études scientifiques sur la maladie de Parkinson.

Ecriture Sonia Chiambretto / Mise en scène Michel Bernard / Assistante Carlottta vonHaebler/AvecMarie-Aurored’Awans,EmmanuelDell’Erba,Quintijn Ketels,MasamiSakurai,FrançoisSaussus,GaëlSoudron,HiroshiWakamatsu/BatterieArthurAncion/MusiqueJean-ChristophePotvin/ScénographieThomasDelord/LumièresLeoClaris

photosThomasDelord

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7. UNITÉS / nomade : YESSO « Coupe du monde de Football 2002,

France 0, Sénégal 1… c’est ça la décolonisation ».

Ecriture & Mise en scène Michel Bernard / Assistante Sophie Delacolette / Avec Yaya Guissé, Al Hassan Bâ / Musique The Social Sanity / Scénographie Aline Breucker, Thomas Delord, Michel Bernard / Chorégraphie Hiroshi Wakamatsu / Avec le soutien de WBI, de la SCAD ( bourse à l’écriture)

photos Thomas Delord

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8. UNITÉS / nomade : AFROSTAR FACTORY «  Et l’Art à quoi ça sert? »

Ecriture Sylvain Prudhomme / Mise en scène Michel Bernard / Avec Yaya Guissé, Al Hassan Bâ, Mamadou Abdoulaye Diatta, Fatou Hane / Scénographie Thomas Delord / Musique The Social Sanity / Vidéos DjalouboyAvec l’aide de WBI et de La Vènerie.

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9. UNITÉS / nomade : EUREA, ce n’est pas la révolution qui gronde au dehors

« Après, ce fut au tour de l’Esclavage de prendre possession d’elle. Je la reconnaissais à peine. Ce n’était plus des soupirs d’extase,

désormais, mais des bruits étouffés, des gémissements, des claquements suivis de cris rauques. Parce que là, il s’agissait d’un univers

particulier »

Ecriture In Koli Jean Bofane / Mise en lecture Michel Bernard / avec Catherine Salée, Angelo Bison, In-Koli Jean Bofane, Raphaelle Bruneau / Scénographie Thomas Delord / Musique Iannis Heaulme / une production BOZAR dans le cadre Afropolitan Festival 2017

photosThomasDelord

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10. UNITÉS / nomade : SX

Une rumeur circule en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale… Certains individus voleraient des sexes !

Est-ce de la sorcellerie urbaine ou un effet du post-colonialisme définit comme un monde de virilité angoissée ?

En tout cas, ces voleurs sont lynchés, incendiés, tabassés. C’est arrivé à un de nos amis. Il a été désigné comme voleur de sexe.

C’est quoi cette histoire ?

Ecriture & Mise en scène Michel Bernard / Avec Idy Mbengue, Jovial MBenga, Aïcha Cissé.

projet théâtral présenté à ’t Arsenal (Mechelen) devenu une fiction radiophonique avec les voix de Idy Mbengue, Jovial Mbenga, Nadège Ouedraogo, François Saussus, prise de son Cyril Mossé, montage Michel Bernard, mixage Christian Coppin, Cyril Mossé, Lazslo Umbreit.Avec l’aide du FACR

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11. UNITÉS / nomade: L’AVENIR DURE LONGTEMPS «  Un seul mot:

que ceux qui pensent en savoir et dire plus ne craignent pas de le dire.

Ils ne peuvent plus que m’aider à vivre »

Ecriture Louis Althusser / Adaptation & Mise en scène Michel Bernard / Avec Angelo Bison / Scénographie Thomas Delord / Lumières & Vidéos Marie Kasemierczak / Musique Cristian Coppin / Assistant Mise en scène François Saussus / construction Benoît Francart / Régie Lily Danhaive / une coproduction Théâtre Poème 2 et Unités/nomade / avec le soutien du Théâtre du Sygne / remerciements à Olivier Corpet et François Boddaert

Meilleur seul en scène / Prix de la Critique 2016.

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DOCUMENTAIRES RADIO - «  Les Statues parlent aussi  » / Réalisation Michel Bernard / Avec Antoine

Tshitungu Kongolo / Montage & mixage Laszlo Umbreit / Avec l’aide de l’Atelier Graphoui / Avec le soutien du FACR

- « Doumadem / Ellipses sonores » / Réalisation Michel Bernard / Avec Yaya Guissé & Al Hassan Bâ / Mixage Christian Coppin

- «  A plumes et à poils  » / Réalisation Vinciane Moeschler / Avec Akira Mizubayashi & Olivia Rosenthal / Montage Michel Bernard / Mixage Christian Coppin

- « Buenos Aires / Emission 1: De Palermo à La Boca / Emission 2: Le Droit de mémoire» / Réalisation Michel Bernard & Vinciane Moeschler / Avec Pablo Cagliesi, Christine Pintat, Rosa Buscarita, Eduardo Jozami / Mixage Christian Coppin

MUSIQUE ELECTROACOUSTIQUE

« D’Ithaque à Lampedusa » / Michel Bernard, Christian Coppin, Nadine Preiser

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UNITÉS / nomade25 Rue de Vergnies / B.1050 Bruxelles (Belgique)

tel * 00.32.(0)498.41.57.93mail * [email protected]

site: unitesnomade.wordpress.com

membresMichel Bernard

Vinciane Moeschler Christian Coppin Joelle Keppenne

Lydia Chagoll

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RENCONTRE AVEC MICHEL BERNARD ET FREDERIK HAUGNESS

VOUS AVEZ ÉCRIT LE TEXTE DE VERSUS À 4 MAINS. VOTRE COLLABORATION EST-ELLE RÉCENTE ?

Michel Bernard : Avant de collaborer (bien que je n'aime pas ce terme, je préfère le mot cheminer), il faut qu'il y ait une rencontre. Elle s'est produite, en 2006. Je commençais mon travail d'adaptation de « Si c'est un homme » de Primo Lévi. Je suis parti en Pologne (Varsovie, Auschwitz et Birkenau) empli de questions. Comment faire? Comment convoquer le théâtre sur la question génocidaire? Que montrer? Qu'oser montrer? Et surtout qui dit ce texte fulgurant? Quelque part entre le « Canada » et le « Mexique », deux endroits très précis du camp de Birkenau, quelque chose s'est imposé à moi: comment résonne la question génocidaire chez un acteur jeune? Comment peut-il, sans faire un travail d'identification à Primo Lévi, laisser convoquer les spectres du désastre, les traces et les mots pour dire l'insaisissable? Quel acteur accepterait de se provoquer lui-même dans cette démarche? Je ne sais pas pourquoi, j'ai pensé à Frederik.. J’avais entendu parler de lui, je l’avais vu dans des exercices à l’IAD alors qu'il était encore étudiant. A mon retour, je l’ai appelé. On s'est vu, et depuis ce jour de l'été 2006, quelque part dans le Bois de la Cambre, une rencontre s'est produite. Nous avons marché. Et à l'image de cette promenade, nous cheminons ensemble.

Frederik Haùgness : Pour l’anecdote, quand Michel m’a téléphoné, je pensais qu’il parlait de Lévi Strauss ! Plus sérieusement, notre rencontre est survenue à un moment de ma vie où je me posais beaucoup de questions, notamment sur le fait de continuer le théâtre. Le parcours théâtral et humain que nous suivons depuis 2006 a bouleversé nos vies. Depuis ce premier spectacle, nous n’avons pas cessé de travailler ensemble : sur « VERSUS » qui voit le jour au Théâtre Marni prochainement, sur « Non rééducable » de Stefano Massini qui y sera monté la saison prochaine. Les projets ne manquent pas, comme « Les Exécuteurs » d'après le livre de Harald Welzer, « Wittgenstein Incorporated » de Peter Verbugt, et la poursuite d'une forme théâtrale que j'ai appelé « Jazz Théâtre ». C'est vrai que c'est le livre de Primo Lévi a produit, déclenché une foule de questions et nous avons décidé d'ouvrir nos yeux, même si c'est au pied de biche! Comme l'on dit: interroger le monde et s'interroger soi-même. 4

Michel Bernard : Et cette interrogation peut prendre des formes et des esthétiques diverses. Au fond, nous ne sommes pas sortis d'une phrase de Primo Lévi: « ce qu'un homme a pu faire à une autre homme ». Nous l'actualisons en disant théâtralement, « ce qu'un homme continue à faire à un autre homme ».

LA COMPLICITÉ ENTRE VOUS EST ÉVIDENTE. DANS LE TRAVAIL, ENTRETENEZ-VOUS UNE RELATION D'ACTEUR ET DE METTEUR EN SCÈNE OU PLUTÔT D’AMIS ?

Frederik Haùgness : Une façon particulière de travailler s’est imposée à nous, comme une évidence, on pourrait l’apparenter à du « non travail » ! Pour le texte de Primo Lévi, le travail avançait sans « vraies répétitions ». Dès le début, je me suis senti en confiance avec Michel, avec ce texte qui pourtant pouvait sembler effrayant. Nous parlions, nous nous promenions, nous lisions, nous regardions des films, nous avons rencontré Paul Sobol, Lydia Chagoll. Le plateau devenant le reflet de toutes ces promenades physiques et intellectuelles, le témoin de nos incertitudes, la trace de notre communauté de questions.

Michel Bernard : Ce qui nous rejoint aussi, c’est une grande liberté et une réelle écoute. Chacun pousse l’autre, sans plan de carrière, sans chercher de reconnaissance théâtrale. C'est avant toute chose, lui et moi, moi et lui. Pas une confusion d'idées, mais un mouvement d'incertitudes dont le théâtre en est et en sera le tympan. Pour « VERSUS », Fred est arrivé il y a plusieurs années avec

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un texte. Je l'avais lu avec grand intérêt. Mais quelque chose s'y cachait. Il a écrit une deuxième version. Et par une nuit (quelques whiskys et quels paquets de cigarettes plus tard), nous avons décidé de « rip it up et start again » (déchire tout et recommence), mais cette fois-ci ensemble. Il fallait oublier les protections dont Fred avait jalonné ses précédentes versions, oublier le spectacle de son autobiographie et chercher la théâtralisation du propos. Il a écrit, j'ai écrit, nous avons écrit. Et puis, grâce à des ciseaux et de la colle (merci à Burroughs et à John Coltrane) nous avons construit une première version, une colonne vertébrale. Et en ce moment, nous peaufinons, nous habillons cette ossature.

Frederik Haùgness : Nous voyons tous les deux le théâtre comme un outil plus que comme un objectif. On essaie d’être au plus juste de ce que nous sommes. Il s’agit de trouver une forme de théâtre qui nous correspond, plus que d’innover pour innover. La musique occupe une place importante dans cette recherche. Pour cette création jazz-théâtre, les musiciens jazz seront au même plan que moi : ils exposeront le récit avec leurs notes et moi avec mon instrument, les mots et la voix. Chaque soir, le tapis musical évoluera, comme l'audace de renouer avec le style « free jazz », comme Ornette Coleman quand il ose en 1960 ouvrir les cadenas d'un style. Le but étant de sortir de scène avec le sourire, quoi qu’il arrive ! Nous ne travaillons pas ensemble pour faire un spectacle de plus, mais pour trouver des réponses à des interrogations similaires sur l’homme, sur le monde, son passé et son devenir, son présent et son silence. Avec « VERSUS », nous déchirons le manuscrit, et nous avançons comme Coltrane à la recherche de quelques chose. Mais quoi? A love Supreme...?

COMMENT COUS COMPLÉTEZ-VOUS L’UN L’AUTRE DANS LE TRAVAIL ? Michel Bernard: Je pense que nous rencontrons les gens que nous devons rencontrer… Difficile de dire ce qui nous lie, on se complète assez naturellement et on reste aussi avec nos différences. Je n'aime pas le light, et Fred en boit des litres! J'aime le rock et Fred aime Prince. Mais nous avons une passion commune pour le jazz. Bref, nos différences et nos spécificités font une variation comme.... Miles et Coltrane (rires)

Frederik Haùgness : Michel a une longueur de vie d’avance sur moi. Il est la personne que j’attendais à l’époque où nous nous sommes rencontrés. Reste à ne pas savoir qui est Miles ou Coltrane de nous deux.... (rires)

L’ÉCRITURE EST-ELLE NOUVELLE POUR VOUS ?

Michel Bernard : J'ai toujours eu à voir avec l'écriture. D'abord parce que depuis mon adolescence, les livres sont pour moi des compagnes (je le mets au féminin). Puis de par ma formation universitaire en philosophie, puis par le fait du travail de dramaturge avec de nombreux metteurs en scène. Ecrire n'est pas neuf pour moi, même si je n'ai jamais écrit que quelques pièces restées confidentielles (mais j'ai une certaine pratique de l'écriture, articles de philosophie, sur le cinéma, la bande dessinée, le théâtre, quelques nouvelles, un livre sur l'art brut...., des adaptations pour le théâtre – Bauchau, Althusser, Primo Lévi... et tout récemment « Febar » avec Younouss Diallo et Michael de Cock). Par contre, j'aime écrire dans un processus de création théâtrale, adapter, triturer, caresser les textes, faire sonner la langue, déployer les mots, chanter les idées, malaxer la tension littéraire, frôler le réel des lettres.....

Propos recueillis par Marie-Charlotte Caux, Théâtre Marni Mars 2009