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Fabriquer et utiliser son matériel Montessori

VALÉRIE MAËSTRE

8 objets à réaliser1 manuel des fiches détaillées

mon atelierMontessori

Manuel pédagogique

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La pédagogie Montessori

L’INITIATRICE p. 4

UN MATÉRIEL QUI SUIT L’ÉVOLUTION DE L’ENFANT p. 5-6

LE RÔLE DE L’ADULTE p. 7-8

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L’initiatrice

Elle se consacre ensuite rapidement aux enfants « normaux » et sélectionne, reprend, modifie encore son matériel, travaille pour élaborer scientifique-ment le matériel qui est aujourd’hui un des piliers de la pédagogie qui porte son nom. Le but de ce matériel est de permettre à chaque enfant de se construire intellectuellement et de devenir autonome, responsable de lui-même, puis, en grandissant, de ceux qui l’entourent. Pour construire ce matériel, faire évoluer celui d’Itard et Seguin, sélectionner les activités qui permettent à chaque enfant de se construire, Maria Montessori observe pendant plusieurs années des enfants en activité, reprenant du matériel ou le délaissant, et conservera celui qui est pertinent.

Maria Montessori est née en 1870, en Italie. Issue d’un milieu aisé, elle fait des études de sciences puis de méde-cine et devient l’une des premières femmes médecins italiennes. Elle tra-vaille plusieurs années auprès d’en-fants déficients et constate qu’ils ont, contrairement à l’usage qui est alors de les laisser sans jeux et sans activité, un intense besoin, pour progresser, d’utiliser leurs mains et d’agir par eux-mêmes sur leur environnement.

En s’intéressant aux enfants déficients, elle découvre les travaux de Jean Itard sur l’enfant sauvage, Victor, et d’Edouard Seguin, celui que l’on a surnommé « l’instituteur des idiots », pédagogue spécialiste des enfants déficients intellectuels. Maria Mon-tessori commence alors à reprendre le matériel qu’ils ont l’un et l’autre mis au point, le modifie, le perfec-tionne, imagine de nouvelles activités, d’autres matériels, pour accompa-gner ces enfants et leur permettre de progresser.

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Un matériel qui suit l’évolution de l’enfant

où les apprentissages se font faci-lement, comme sans effort volon-taire : pendant la période sensible de l’ordre, tout ce qui est ordonnance-ment est aisé, pendant celle du lan-gage, celui-ci « vient à l’enfant » bien plus aisément que l’acquisition posté-rieure d’une langue étrangère.

Elle note enfin un besoin impérieux et fondamental pour ces jeunes enfants : faire eux-mêmes, être les plus autonomes possible dans leur vie de tous les jours et dans leurs apprentissages intellectuels ; besoin que toutes les personnes côtoyant des jeunes enfants peuvent observer (cette revendication souvent impé-rieuse de faire seul, sans aide, un acte banal et quotidien comme mettre ses chaussures, découper un fruit avec un couteau...).

L’idée d’une pédagogie adaptée à des enfants de cet âge est, pour Maria Montessori, la prise en compte de tous ces aspects fondamentaux de leur développement :

®®Une pédagogie qui permet à chaque enfant d’investir ses sens, de les affiner, de devenir plus habile de ses mains.

Ce travail d’observation lui permet de constater que l’enfant, au début de la période qui va de 3 à 6 ans, est un être en plein développement, déjà doté d’outils sensoriels (son propre corps, ses organes sensoriels), et qui sait s’en servir globalement, mais sans finesse.

Elle révèle ce qu’elle appelle « l’esprit absorbant » de l’enfant, c’est-à-dire la faculté d’un jeune enfant, quand il voit quelque chose qui l’intéresse et qui est à sa portée intellectuelle et motrice, d’en intérioriser la manipula-tion, le « mode d’emploi », de l’imiter et de le reproduire jusqu’à le maî-triser parfaitement. Ainsi un enfant qui observe un geste, même complexe, peut le reproduire parfaitement quelque temps après, même s’il ne l’a pas observé à nouveau, pour peu qu’il ait pu s’exercer à le reproduire par lui-même.

Maria Montessori met pareillement en évidence des « périodes sensibles de développement » par lesquelles tous les enfants passent et où ils sont fascinés par un type d’activités, d’ob-servations qui vont les absorber tout entiers avant qu’ils ne passent à autre chose. Ces périodes sont aussi celles

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Si on observe l’enfant dans son chemin de développement (chemin qui lui est propre), si on le nourrit par cette implication dans le quotidien dont nous avons parlé et par un accompa-gnement sensoriel, on va le voir, tout jeune, s’intéresser aux chiffres, à leur comptine, aux collections d’objets, à la présence du nombre dans son quo-tidien (quand il entend son entourage demander 3 œufs pour une recette ou 4 assiettes pour mettre la table). C’est la connaissance de cet enfant-là, dans son chemin de développement

personnel, qui va permettre à l’adulte l’observant chaque jour, observant ses intérêts du moment, sa maturité, ses capacités, de se rendre compte qu’il est prêt pour cet apprentissage-là et de lui proposer les outils élaborés pour la construction de la notion de nombre.

La notion de nombre est une notion complexe. Elle nous paraît évidente à nous, adultes qui avons fait tout ce par-cours, ce chemin de construction qui nous permet de saisir comme un tout une quantité (4 jetons par exemple),

La notion de nombre

Frise de progression du « Compter jusqu’à 10 »

3 an et d

emi / 4 a

ns

barres sensorielles barres numériques chiffres rugueux

idée d’addition

association quantité et symboles

ardoise de chiffres

grand cahier

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un mot (le mot quatre), un symbole (le symbole « 4 ») et une position dans une série (le quatrième). Souvent ces apprentissages, pourtant complexes, sont proposés en même temps à l’en-fant, multipliant les confusions entre les divers aspects du nombre. En péda-gogie Montessori, le matériel proposé permet de donner à l’enfant la possi-bilité de faire chaque apprentissage de manière claire et indépendante, de construire la quantité, d’y associer un mot, de construire le symbole et d’y associer un mot, puis poser le lien quan-tité/symbole. Il est construit dans une progression qui va permettre à l’en-fant de construire cette abstraction

qu’est le dénombrement jusqu’à 10, de manière à ce que chaque maté-riel proposé lui permette d’apprendre, de construire un concept et un seul, à ce que chaque proposition de l’adulte contienne une difficulté et une seule.

L’approche du nombre en péda-gogie Montessori vient non pas d’une théorie, ou d’une méthode d’appren-tissage, d’un manuel portant sur le concept du nombre, mais de l’enfantlui-même. Elle s’adapte à son intelli-gence, à son mode de fonctionne-ment, lui faisant confiance pour réa-liser par lui-même les apprentissages contenus dans le matériel.

fuseaux

jetons jeu de mémoire serpent de perles

idée de soustraction

petit cahier

Les barres sensorielles rouges

Âge®® Vers 3 ans, 3 ans et demi.

Installation®® Une série de 10 barres rouges

dont la plus longue mesure un mètre, et la plus courte 10 cm. Les barres rouges ne varient qu’en une seule dimension : la longueur.

®® Un tapis d’au moins 1 m dans sa grande longueur.

Objectifs®® Le but direct de cette activité

est de permettre à l’enfant d’affiner sa discrimination visuelle et tactile des dimensions, et plus précisément des longueurs.

®® De manière indirecte, cette activité est une préparation aux mathématiques. Elle permet de préparer la construction de concepts comme le nombre ou l’unité en proposant une première approche visuelle de l’addition (par le contrôle de l’erreur avec la petite barre).

Réalisation des objets voir cahier technique p. 2

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Présentation

®® Inviter l’enfant à aller chercher le tapis et à le dérouler assez loin des barres rouges : « Nous allons porter ces barres rouges, jusque sur le tapis qui est là-bas. »

®®Montrer à l’enfant comment porter la barre la plus longue, une main à chaque extrémité de la barre, horizontalement.

®® Inviter l’enfant à poser, une par une, toutes les barres sur le tapis dans n’im-porte quel ordre.

®® S’asseoir ou s’agenouiller au bord du tapis à droite de l’enfant et prendre la barre la plus longue, la comparer à toutes les autres en alignant les barres deux à deux, à gauche.

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®® La poser en haut du tapis, puis la toucher sur toute sa longueur avec la main droite (pour que l’enfant voie bien le geste), de gauche à droite (pour préparer le sens d’écriture et de lecture des nombres). Ce geste permettra à l’enfant de res-sentir physiquement la longueur de la barre, de s’imprégner des différences de longueur des barres pour pouvoir réaliser leur ordonnancement.

®® Prendre la barre qui vient ensuite, la comparer seulement à la suivante, puis la poser en dessous de la pre-mière en la collant à celle-ci sur toute sa longueur. Aligner les deux barres sur la gauche.

®® Faire de même avec toutes les autres barres puis lui proposer de faire le « contrôle de l’erreur » (voir p. 28).

®® Inviter l’enfant à faire l’activité, puis à ranger les barres.

®® Toucher cette deuxième barre sur toute sa longueur, avec la main droite, de gauche à droite.

Les chiffres rugueux

Âge®® 4 ans, après le début

des barres rouges et bleues, en parallèle de celles-ci.

Installation®® Une série de 10 plaques lisses

vertes (15 x 20 cm) où sont collés chacun des 10 chiffres de 0 à 9, découpés en papier rugueux (environ 8 cm de haut).

Objectifs®® Le but direct de ce matériel

est de permettre l’acquisition de la graphie en reconnaissance (lecture) des chiffres de 0 à 9 et d’en préparer l’écriture.

Réalisation des objets voir cahier technique p. 14 à 19

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La couleur verte correspond à la couleur de l’unité en pédagogie Montessori, elle a son importance mais peut toutefois être rempla-cée par une autre couleur.L’épaisseur du « trait » en papier rugueux doit être suffisante pour que le jeune enfant puisse la tracer à deux doigts (index et majeur), les autres étant repliés sur la paume de la main.

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Cahier technique

Les barres sensorielles rougesLes barres numériques

rouges et bleuesLes chiffres rugueux

L’ardoise des chiffresLes fuseauxLes jetons

Le jeu de mémoireLe serpent de perles

+ leurs supports ou boîtes de rangement

Les barres sensorielles rouges

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Série de 10 barres rouges dont la plus longue mesure un mètre et la plus courte 10 cm, et son support.

Veiller à choisir les tasseaux les plus droits et réguliers possible.

Outillage ®® Scie à onglets®® Ponceuse électrique

ou cale à poncer®® Petit rouleau à peindre®®Mètre®® Réglet

Matériel®® 3 tasseaux de bois de section

carrée de 2,5 x 2,5 cm sur 2 m®® Papier à poncer grain 120

et 260®® Peinture rouge

Les barres numériques rouges et bleues

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Série de 10 barres peintes dans une alternance régulière (tous les 10 cm) de rouge et de bleu, et son support.

Outillage ®® Scie à onglets®® Ponceuse électrique

ou cale à poncer®® Petit rouleau à peindre®®Mètre®® Réglet

Matériel®® 3 tasseaux de bois de section

carrée de 2,5 x 2,5 cm sur 2 m®® Papier à poncer grain 120

et 260®® Peinture rouge et bleue ®® Ruban adhésif de masquage

Veiller à choisir les tasseaux les plus droits et réguliers possible.

Astuce : Pour une fabrication plus rapide, dans le cadre d’un usage familial, on peut envisager de remplacer la peinture bleue par du ruban adhésif d’électricien de couleur bleue, que l’on entourera soigneusement autour des barres rouges dans les sections adé-quates.

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Pas à pas

LES BARRES NUMÉRIQUES

1. La découper Se reporter à l’étape 1 (la découpe, p. 3) de la fiche « Les barres sensorielles rouges ».

2. La peinturer Poncer les barres si elles ne sont pas suffisamment lisses.r Peindre la barre de 10 cm entière-ment en rouge.r Pour toutes les autres barres, mesu-rer et tracer avec un crayon très bien taillé toutes les sections de 10 cm.r Placer ensuite le ruban adhésif sur les marques, de manière à masquer les parties des barres qui seront bleues.

Au moment de placer le ruban adhésif, prendre soin de bien le serrer autour de la barre afin d’éviter d’éventuelles bavures.

r Quand la peinture rouge est sèche, enlever le ruban de masquage.r Masquer cette fois les sections rouges, en étant très précis sur le posi-tionnement du ruban.

r Peindre les sections apparentes en bleu, de la même façon qu’on a peint les rouges.r Enlever le ruban de masquage quand la peinture est sèche.

r Passer une première couche de peinture rouge au rouleau, sur toutes les sections apparentes. r Une fois la peinture sèche, poncer à nouveau au papier rugueux à grain très fin. r Passer une deuxième couche de peinture et laisser sécher. Selon la pein-ture utilisée, une troisième couche peut être nécessaire.

Il est possible de recycler les barres sensorielles rouges quand elles ont été assez manipulées par l’enfant, dans ce cas procéder ainsi :r Marquer les sections de 10 cm sur toutes les barres. r Masquer avec du ruban adhésif les parties qui resteront rouges. r Poncer légèrement les sections apparentes afin que la peinture accroche.r Passer une première couche de peinture bleue, laisser sécher, poncer au grain très fin.r Renouveler avec autant de couches que nécessaire pour obtenir la couleur souhaitée.r Retirer le ruban de masquage une fois la peinture sèche.

LE SUPPORT DES BARRES NUMÉRIQUESVoir p. 6

Les chiffres rugueux

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Série de 10 plaques lisses vertes (15 par 20 cm) où sont collés chacun des 10 chiffres de 0 à 9, découpés en papier rugueux (environ 8 cm de haut) et leur support de rangement.

Matériel ®® Une plaque du matériau

choisi de 40 x 75 cm, épaisseur 5 mm®® Papier à poncer grain 260®® Ruban adhésif noir

(type ruban d’électricien), de 18 mm de large®® Papier rugueux au grain très

fin, sur lequel les doigts peuvent glisser sans accrocher®®Colle forte

Deux techniques sont possibles pour recouvrir les plaques : les peindre ou les plastifier. Selon le cas :

®® Un pot d’apprêt®® Un pot de peinture verte

ou

®® 10 feuilles A4 vertes®® 5 pochettes à plastifier

de 80 microns

Outillage ®® Scie circulaire®® Réglet®®Cutter®®Ciseaux®® Pinceau®® Un bac à peinture

et un rouleau de mousse ou une plastifieuse®® Imprimante couleur

et ordinateur avec une connexion Internet

Plusieurs matériaux peuvent être utilisés pour les plaques des chiffres rugueux. On recherche des plaques fines (5 mm), et surtout un toucher le plus lisse possible. C’est le cas du MDF et de l’Isorel... Il existe également des panneaux de fibres composites, qui ont l’avantage d’être légers, de pouvoir se travailler comme du bois mais aussi d’être coupés avec un cutter. Produit recyclé et recyclable, ce matériau ne craint pas l’eau. Un bémol toutefois : le panneau de fibres composites n’est pas aussi dur que du MDF et « marque » beaucoup plus facilement.

Sans Stéphanie, Arnold, Gilles et leurs expertises, je me serais peut-être arrêtée à 1, 2, 3, Sans les filles du petit salon, aurais-je atteint le 4, 5, 6 ?

Sans ma précieuse Lydie et la patience de mes enfants, aurais-je eu le souffle jusqu’à 7, 8, 9 ?Au-delà de 10, 100, 1000, je te laisse la main, Cécile,

puisses-tu compter toutes les étoiles et l’infini...

Portée par mes études de psychologie du développement et mon métier de formatrice dans le secteur de la petite enfance, c’est en maman enthousiaste que je découvre la pédagogie Montessori et l’approfondit par une solide formation pendant la petite enfance des aînées de mes enfants qui seront scolarisées à la maison.

Persuadée que le monde change, un enfant à la fois, je m’implique dans l’ouverture de l’école Montessori d’Albi et je crée un centre

de formation afin d’ouvrir cette pédagogie aux parents, aux enseignants et aux per-sonnes travaillant avec les enfants.

Dans la continuité de cette activité, cet ouvrage se veut une fenêtre ouverte pour les parents sur cette formidable manière d’apporter le monde aux enfants, dans un grand souci de respect des idées de Maria Montessori, mais aussi de plaisir et de partage parent/enfant.

Valérie Maëstre

Direction : Guillaume PôDirection éditoriale : Tatiana DelesalleÉdition : Julie CotDirection artistique : Chloé EveMise en pages : Vanessa ParisIllustrations : Christine AlcouffeRéalisation des objets et fiches techniques : José Barreiro assisté de Stéphanie CarrascoPhotographies : Fabrice BesseStylisme : Sonia RoyDirection de fabrication : Thierry DubusSuivi de fabrication : Axelle Hosten1re édition - N° d’édition : M17179ISBN : 978-2-3170-1808-4Code MDS : 63476

Achevé d’imprimer en juillet 2017 par par Jelgavas en Lettonie© Mango, 2017Dépôt légal : septembre 2017www.mangoeditions.com