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1 Le déni et l'oubli Introduction En ce début de 21 è siècle, la radicalisation extrême fait des ravages et des carnages. L’angélisme côtoie l’horreur fanatique. Nous sommes en panne de vérité et d’espérance, d’une sorte de dénominateur commun pur vivre harmonieusement les uns avec les autres. Le sacré est déconstruit au nom d’une certaine modernité sans être remplacé ; tout est relatif et subjectif ! Comment s’y retrouver ? Rester à tout le moins en débats constructifs et respectueux même si nos idées s’opposent ou divergent ? Il devient urgent et nécessaire de plaider – avec Pierre Bühler – pour une tolérance existentielle construite sur des bases très précises et exigeantes faites de réciprocité sans complaisance. « Ses principes sont les suivants : — il n'y a pas de mainmise sur la vérité ultime ; — il se peut donc fort bien que l'autre soit dans l’erreur ou que je sois dans l'erreur, mais cela n'est pas une raison pour lui manquer ou pour me manquer de respect ; — une conviction religieuse n'est toujours qu'un pari risqué sur la vérité, s'exprimant dans un système de croyances dont l'enracinement n'est jamais objectif, mais subjectif et intersubjectif ; — une conviction ne dispose pas de preuves, mais d'arguments plus ou moins pertinents qu'elle peut faire valoir pour son point de vue ; — la conviction ne peut se référer à la vérité au sens d'une totalité, mais seulement comme une vérité crue, confessée, attestée, vécue ; — le fait qu'elle se soit imposée à moi ne signifie pas qu'elle doive s'imposer à un autre; — le dialogue est possible parce qu'il en va, dans toutes les convictions, d'assumer de la manière la plus honnête et franche les défis de la vie ; — la rencontre est fructueuse dans la mesure où elle me permet de me redécouvrir moi-même en me faisant découvrir l'autre, et qu'elle permet à l'autre de se redécouvrir lui-même en le faisant me découvrir. » De même, il convient de rappeler, dans la même recherche d’une tolérance existentielle, la nécessité de quitter le déterminisme comme seule lecture de la réalité. Les principes scientifiques contemporains suivants sont à prendre en compte désormais : 1. nous créons la réalité par notre observation, 2. cette création est plus exactement une sélection parmi toutes les réalités possibles, 3. toutes les réalités possibles sont créées par l'univers, 4. l'histoire vécue se crée du présent vers le passé, et non du passé vers le présent, 5. il est nécessaire d’ajouter des dimensions supplémentaires à notre univers et de postuler des multivers (univers parallèles), 6. Nassim Haramein a décrit un univers connecté holographique et il en a apporté un commencement de preuve. Le 23 janvier 2013, Aldo Antognini et Franz Kottmann ont confirmé ses prédictions sur le rayon du proton, 7. dans cette hypothèse, la dynamique de la structuration de l'espace est une géométrie en rotations de figures. L'échange d'information se fait donc en permanence vers l'intérieur et vers l'extérieur à la vitesse de la lumière. Ce champ magnétique définit

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1 Le déni et l'oubli

Introduction

En ce début de 21è siècle, la radicalisation extrême fait des ravages et des carnages. L’angélisme côtoie l’horreur fanatique. Nous sommes en panne de vérité et

d’espérance, d’une sorte de dénominateur commun pur vivre harmonieusement les uns avec les autres. Le sacré est déconstruit au nom d’une certaine modernité sans être remplacé ; tout est relatif et subjectif ! Comment s’y retrouver ? Rester à tout le moins en débats constructifs et respectueux même si nos idées s’opposent ou divergent ? Il devient urgent et nécessaire de plaider – avec Pierre Bühler – pour une tolérance existentielle construite sur des bases très précises et exigeantes faites de réciprocité sans complaisance. « Ses principes sont les suivants : — il n'y a pas de mainmise sur la vérité ultime ; — il se peut donc fort bien que l'autre soit dans

l’erreur ou que je sois dans l'erreur, mais cela n'est pas une raison pour lui manquer ou pour me manquer de respect ; — une conviction religieuse n'est toujours qu'un pari risqué sur la vérité, s'exprimant dans un système de croyances dont l'enracinement n'est jamais objectif, mais subjectif et intersubjectif ; — une conviction ne dispose pas de preuves, mais d'arguments plus ou moins pertinents qu'elle peut faire valoir pour son point de vue ; — la conviction ne peut se référer à la vérité au sens d'une totalité, mais seulement comme une vérité crue, confessée, attestée, vécue ; — le fait qu'elle se soit imposée à moi ne signifie pas qu'elle doive s'imposer à un autre; — le dialogue est possible parce qu'il en va, dans toutes les convictions, d'assumer de la manière la plus honnête et franche les défis de la vie ; — la rencontre est fructueuse dans la mesure où elle me permet de me redécouvrir moi-même en me faisant découvrir l'autre, et qu'elle permet à l'autre de se redécouvrir lui-même en le faisant me découvrir. » De même, il convient de rappeler, dans la même recherche d’une tolérance existentielle, la nécessité de quitter le déterminisme comme seule lecture de la réalité. Les principes scientifiques contemporains suivants sont à prendre en compte désormais : 1. nous créons la réalité par notre observation, 2. cette création est plus exactement une sélection parmi toutes les réalités possibles, 3. toutes les réalités possibles sont créées par l'univers, 4. l'histoire vécue se crée du présent vers le passé, et non du passé vers le présent, 5. il est nécessaire d’ajouter des dimensions supplémentaires à notre univers et de postuler des multivers (univers parallèles), 6. Nassim Haramein a décrit un univers connecté holographique et il en a apporté un commencement de preuve. Le 23 janvier 2013, Aldo Antognini et Franz Kottmann ont confirmé ses prédictions sur le rayon du proton, 7. dans cette hypothèse, la dynamique de la structuration de l'espace est une géométrie en rotations de figures. L'échange d'information se fait donc en permanence vers l'intérieur et vers l'extérieur à la vitesse de la lumière. Ce champ magnétique définit

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aussi le fonctionnement de la conscience qui n'est évidemment pas localisée dans le cerveau, 8. nous sommes donc reliés en permanence au Tout avec lequel nous échangeons des informations, 9. nous recevons en retour et en cadeau des intuitions, des prémonitions, des inspirations, des heureux hasards, des coïncidences et des synchronicités, ceci toutefois dans le respect du libre arbitre – le nôtre et celui des autres – et pour autant que l’environnement le permette. Il y a donc comme le postule Philippe Guillemant une causalité qui dépend de nous, de notre vouloir humain et une autre qui vient du Futur, de l’Indéterminé avec laquelle nous pouvons interagir. Cette approche novatrice est appelée à être vérifiée dans notre vie quotidienne, expérimentée comme une vérité crue, confessée, attestée, vécue. C’est pour le dire avec Paul Ricoeur une métaphore de la réalité ultime, sachant, comme l’affirmait Einstein, que le réel jamais nous le connaîtrons. Nous aurons à l’aborder de manière exigeante dans une réciprocité sans complaisance.

L’humain en contrastes

Nous pourrions poursuivre l’analogie en disant que l’humain est un mixte de raison et de sensibilité, cerveau gauche rationnel et droit créatif, un animal social et une bête féroce, etc. Dans la lente avancer de la sécularisation, l’humain s’est émancipé du religieux. Une certaine modernité, désenchantée et revenue

de tout, affirme volontiers que nous sommes : Tous pourris...tous coincés, névrosés, obsédés...tous égotiques, à tendances narcissiques, sadiques ou masochistes, assoiffés de jouissances, de puissances et de gloire, taraudés par le sexe et le fric, en somme que l'homme est – restera- un loup pour l'homme ! Irrémédiablement violent. Ni libre ni bon. Cette modernité, désenchantée et revenue de tout, nous convie alors à profiter de la vie tant que nous le pouvons, à rechercher notre épanouissement personnel sans trop se poser de questions. On n'a qu'une vie, elle est courte, autant en profiter ! Est-ce là vraiment notre dignité ou seulement un succédané cynique ou résigné ? De quoi va-t-elle réellement dépendre ? De nos définitions du sens de la vie, de nos actes, de nos choix fondamentaux, de notre adaptation au monde, de notre environnement ? Il y aura forcément un peu de tout mais G.van der Leeuw, dans son étude de la phénoménologie de la religion, nous avertit : il y a chez l’humain un désir profond de ne pas accepter simplement la vie qui lui est donnée ; il y a donc recherche de puissance – et surtout de sécurité - pour avoir une vie plus riche, plus profonde, plus ample dans une quête du tout tantôt accessible tantôt inatteignable ; elle est expérience particulière, éprouvée, vécue mais aussi révélation jamais entièrement expérimentée dans la vie, référence à quelque chose d'étranger ou d’absurde qui traverse – et dépasse - le chemin de notre humanité en venant contester nos raisons de vivre et nos attentes. Notre définition de la dignité va donc être habitée fondamentalement par la question du sens de la vie, de la vérité ou de la destinée, entachée de dimensions magiques ou en tous les cas d’une quête de puissance qui nous permettent aussi de trouver une étincelle de sens face à un univers jugé hostile et indifférent à notre sort. Nous y serons tantôt à

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l’aise, tantôt en malaise. Pourquoi ? Disons, pour faire court avec Jean-Marie Delassus1, que l’absurde règne en maître partout : en nos modes de vie, institutions, en nos lois, nos restructurations, nos changements économiques ou institutionnels. Il y a risque obligé de normalisation. « La société nous tend la main : « Soyez comme nous et vous ne souffrirez plus, soyez des êtres automates et vous n’entendrez plus parler de l’être. » (p.304).» À cette normalisation s’ajoute encore la réification si justement décrite par le marxisme, la transformation, la réduction des êtres à l’état de marchandises, de choses ou d’objets. La dépersonnalisation nous guette et nous incite d’autant plus à réagir pour affirmer notre singularité qui va s’exprimer le plus souvent par une quête de réussites et de mérites personnels. Alors forcément, l’individu perd la référence à son inconscient ontologique, à son être profond et véritable, et ce faisant se trouve dans l’incapacité de vivre le rapport de soi à soi dans une harmonie suffisante ; il est alors impuissant à être son être véritable. Il y a en cette méconnaissance plus qu’un risque assimilé à la banalité de la vie. « Car l’homme qui ignore le sens de son être ne pourra que ressentir une insatisfaction profonde qui le ronge. Sauf à se soumettre pour n’être qu’un automate intégré aux institutions régnantes, il la combat par l’avidité du pouvoir et la volonté de détruire ; il s’attache aux choses sans doute, mais surtout à autrui où il projette ses déceptions et ses rancœurs. L’être humain est alors l’être qui massacre. Il dépouille, il tue à défaut d’être parce qu’il y trouve la justification de son moi dans l’appropriation, l’exploitation ou l’abolition de ce qui s’y oppose (p.322). » C’est l’une des origines incontestables du mal et du malheur humains, du cycle infernal de la violence et de l’oppression. Dès lors, force est d’admettre que la question de la dignité va forcément se situer dans la tension de l’activité et de la passivité, dans celle du déni et de l’oubli. La question est en somme de savoir comment être en son être véritable en toute connaissance de cause ? Le déni de cette dimension fondamentale est du plus haut tragique car cela mène vite à l’arbitraire ; l’oubli est du plus haut comique car l’harmonisation de notre être intérieur est une tâche importante. Pour dépasser ce piège, nous aurons besoin de mieux situer l’importance d’un autre couple incontournable : la raison et l’émotion.

Autonomie et hétéronomie

Pour que le plus humain de l’humain puisse s’exprimer vraiment, il lui faudra pouvoir bénéficier des libertés fondamentales. On peut distinguer différentes catégories. Les droits inhérents à la personne humaine : ils sont pour la plupart établis par la Déclaration de 1789. Il s’agit de l’égalité, de la liberté, de la propriété, de la sûreté et de la résistance à l’oppression. Du principe d’égalité découlent, par exemple, le suffrage universel, l’égalité des sexes, mais aussi l’égalité devant la loi, l’emploi, l’impôt, la justice, l’accès à la culture. Le principe de liberté induit l’existence de la liberté individuelle, d’opinion, d’expression, de réunion, de culte, de la liberté syndicale et du droit de grève. Le droit de propriété implique la liberté de disposer de ses biens et d’entreprendre. Le droit à la sûreté justifie l’interdiction de tout arbitraire, la présomption d’innocence, le respect des droits de la défense, la protection de la liberté individuelle par la justice. Les droits sociaux, c’est-à-dire les prestations à la charge de la collectivité : on peut citer le droit à l’emploi, à la protection de la santé, à la gratuité de l’enseignement public. Les droits dits "de troisième génération" énoncés dans la Charte de l’environnement qui affirme le droit de chacun de "vivre dans un environnement équilibré et

1 In Neuroscience de l’être humain, de la structure à l’existence, éd. Encre Marine, 2012.

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respectueux de la santé" et qui consacre la notion de développement durable et le principe de précaution. Partant de ces droits fondamentaux, le mouvement convivialiste va définir un peu plus ce qui constitue notre dignité humaine : « Le seul ordre social légitime universalisable est celui qui s’inspire d’un principe de commune humanité, de commune socialité, d’individuation, et d’opposition maîtrisée et créatrice. Principe de commune humanité : par-delà les différences de couleur de peau, de nationalité, de langue, de culture, de religion ou de richesse, de sexe ou d’orientation sexuelle, il n’y a qu’une seule humanité, qui doit être respectée en la personne de chacun de ses membres. Principe de commune socialité : les êtres humains sont des êtres sociaux pour qui la plus grande richesse est la richesse de leurs rapports sociaux. Principe d’individuation : dans le respect de ces deux premiers principes, la politique légitime est celle qui permet à chacun d’affirmer au mieux son individualité singulière en devenir, en développant sa puissance d’être et d’agir sans nuire à celle des autres. Principe d’opposition maîtrisée et créatrice : parce que chacun a vocation à manifester son individualité singulière il est naturel que les humains puissent s’opposer. Mais il ne leur est légitime de le faire qu’aussi longtemps que cela ne met pas en danger le cadre de commune socialité qui rend cette rivalité féconde et non destructrice.2 » Comment faire advenir et respecter ces beaux principes ? Par l’effort volontariste et l’éducation. Mais l’élan intérieur n’est-il pas premier ? Ainsi pour Kant de la loi morale découle la dignité de la personne. Car se donnant à lui-même sa loi, l’homme a non seulement un prix, c’est-à-dire une valeur relative, mais une dignité, c’est-à-dire une valeur intrinsèque : “L’autonomie est donc le principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable“. De cette valeur découle le principe moral énonçant que la personne humaine ne doit jamais être traitée seulement comme un moyen, mais comme une fin en soi ; autrement dit que l’homme ne doit jamais être employé comme moyen sans tenir compte de ce qu’il est en même temps une fin en soi. Est-ce seulement possible uniquement dans l’immanence ? Comment l’individu peut-il avoir de manière autonome une valeur intrinsèque ? Qui va la lui donner ? Ou qu’est-ce qui peut la fonder en dehors d’une seule affirmation ? S’il n’épuise jamais ses caractéristiques, alors « il ne peut pas être contourné par une science. Si l’on pense que la science suffit à dire l’humain, alors l’humain ne sera pas respecté. C’est là l’incohérence de la modernité tardive : nous réduisons la pensée à des neurones, le corps à de la chimie, mais nous voulons une dignité inaliénable : et les deux sont incompatibles. Il faut une spiritualité pour que la dignité s’établisse sans condition (ce qui ne veut pas dire qu’elle sera toujours respectée ! mais au moins on saura qu’il faut la respecter, et l’on se repentira de ne l’avoir pas fait). Une culture de l’immanence peut respecter les sentiments de l’individu, ses traditions, ses croyances, mais ne peut pas le respecter en tant que tel inconditionnellement, car il lui apparaît sans mystère. Et c’est le mystère qui fait l’inconditionnel : cette part de nuit suscite la crainte de toucher à quelque chose comme du divin. Seule la part de nuit peut être sacrée au sens de l’intouchable. Les neurones ni la viande ne sont sacrés. Voilà notre paradoxe : lorsque nous disons « plus jamais ça ! », c’est du religieux que nous appelons – mais

2 http://www.lesconvivialistes.org/abrege-du-manifeste-convivialiste>

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en même temps nous récusons le religieux. Ce dont nous avons besoin, c’est de nous mettre en accord avec nous-mêmes3. » La tension entre l’immanence et la transcendance est aussi celle entre l’hétéronomie et l’autonomie : ce qui fonde ma dignité fondamentale peut-il être uniquement de chair et de sang ? Faut-il évoquer une transcendance dans l’immanence et défendre ce plus que Soi en l’humain qui s’appuie sur une nature raisonnable ? Cela peut-il se faire en suivant l’impératif catégorique de Kant disant : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle » ?

La spiritualité sans Dieu

Peut-on en rester uniquement à l’immanence ? Pour le philosophe André Comte-Sponville, il n’y a pas de société sans lien, ni sans rapport au sacré, à ce qui a valeur absolue. On peut se passer de religion, au sens d’être relié, mais pas de communion, ni de fidélité, l’autre sens de la religion (relegare: recueillir ou redire). Elle est ici un attachement, un engagement, une reconnaissance et non une piété. Toutefois, l’absence de foi ne dispense pas d’avoir une morale. L’athée n’est pas condamné à être un lâche, un hypocrite ou un salaud ! Mais toute morale sera humaine, donc relative et marquée du sceau de l’effort volontariste. Pour autant, elle ne sera pas bâtie sur le nihilisme qui fait le jeu des barbares et des fanatiques de tous bords, qui ne connaissent que la violence, le mépris, l’égoïsme, la haine, car le contraire de la barbarie, c’est la civilisation. Une société peut très bien se passer de religion, au sens de la croyance en un Dieu créateur et personnel, elle pourrait se passer de sacré ou de surnaturel au sens large, mais elle ne peut se passer ni de communion ni de fidélité, celle précisément qui combat une sophistique qui cherche à taire la différence entre mentir, dire la vérité ou se raconter des histoires. À la question « Que m’est-il permis d’espérer ? », il faut répondre : rien, en tous cas rien d’absolu, rien d’éternel, rien au-delà de la mort. Rien qui ne soit assuré en ce bas monde. Un athée lucide ne peut échapper au désespoir. Pourtant, il convient de rappeler que ce n’est pas l’espérance qui fait agir, c’est la volonté ; ce n’est pas elle non plus qui fait vivre mais l’amour, le courage, la gratitude ou la miséricorde. L’infini est donc hors de notre portée et gardera toujours une part de son mystère. Croire en Dieu nous conduit invariablement à vouloir expliquer l’inexplicable – le monde, la nature, la conscience, l’univers –, que l’on peine déjà à comprendre par la raison, en y ajoutant des concepts encore plus opaques. Il en va de même avec le scientisme qui masque notre incapacité à expliquer les lois de la nature par exemple. Nous avons à reconnaître cette part d’ignorance et l’inconnu qui nous façonnent, tout en permettant à la connaissance de progresser. Pour André Comte-Sponville la fidélité au vrai (au rationalisme sans la sophistique) se conjugue avec la fidélité à l’amour, à l’humanisme sans le nihilisme. L’esprit qui s’ouvre au Tout et au réel, et peut s’en réjouir, est la Pentecôte des athées. En cet amour qui nous ouvre à l’absolu se déclinent la spiritualité et l’éthique : les sages et les saints l’ont compris. Tout comme ils savent que dans le Royaume l’éternité c’est maintenant ! C'est ce qu'on peut appeler le naturalisme, l'immanentisme ou le matérialisme. Le Tout y est unique « Il est sans créateur (tout créateur faisant partie du Tout, il ne saurait créer le Tout lui-même), sans extérieur, sans exception, sans finalité. C'est ce qu'on peut appeler le réel — l'ensemble des êtres et des événements —, à condition d'y inclure la puissance d'exister et d'agir qui les rend

3 Article de Chantal Delsol, http://institutdeslibertes.org/la-notion-de-dignite-humaine-en-philosophie-contemporaine/

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possibles (l'ensemble des causes, point seulement des effets). C’est la nature « à la fois incréée et créatrice, hasardeuse autant que nécessaire, sans pensée, sans conscience, sans volonté — sans sujet ni fin. Tout ordre la suppose ; aucun ne la contient ni ne l'explique. Nature, sive omnia : la nature, c'est-à-dire tout. 4» À la question « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », le philosophe affirme que la réponse est dans la sensation de l’immensité de la nature face à la petitesse de l’humain. Nous pouvons la rejoindre dans un sentiment océanique, en union avec le Tout et par la suspension du manque, même si le néant nous tient. Nous voilà conduit à la simplicité, à la fin du dualisme corps-conscience, dans la mise entre parenthèses de l’ego : « Rien de plus simple, spirituellement, à vivre — même si cette simplicité-là reste l'exception. Ce sont les moments où l'on s'oublie, comme on dit, et jamais la conscience n'est aussi pure, aussi nette, aussi déliée. Les virtuoses, lors d'un concert, y atteignent parfois, du moins les plus grands : ce sont leurs moments de grâce, quand il n'y a plus que la musique. Mais chacun d'entre nous peut y accéder, à proportion de sa simplicité, de sa maîtrise, de sa virtuosité propre, dans tel ou tel domaine. » Moments de grâce dans un présent neuf qui échappent à l’engloutissement dans l’avenir ou dans le passé ; seul le présent existe et tout y est : nos pensées, nos mensonges, nos vérités, nos idées ou nos connaissances ; tout est à mettre entre parenthèses pour que cessent nos conditionnements nés des bonnes mœurs, des bonnes manières ou de la politesse. Tout est revisité, mises entre parenthèses des dogmes des églises, des règles, des commandements, des partis politiques, des idéologies, etc. L’indépendance est le vrai visage de la spiritualité. Elle n’a toutefois rien à voir avec le libre arbitre, car pour le philosophe nous ne pouvons être (vouloir ou faire) autre chose que ce que nous sommes. Avons-nous seulement les moyens de cette indépendance ? Notre rationalité campée uniquement dans l’immanence n’est-elle pas un leurre ? Nier qu’il existe une transcendance minimale comme au-delà au Soi, est tragique car cela revient à sanctifier le tout est permis égocentrique ; oublier cette dimension est comique car nous sommes des animaux sociaux. Comment éviter le piège ?

Nous pouvons bien sûr tendre à donner la priorité à l’être. Elle est essentielle parce qu'elle prend en compte le danger de la confusion entre l'intériorité et l'extériorité. Où allons-nous chercher l'équilibre ? Quelle sera la place des autres, leur rôle ? La formule de Thierry Tournebise5 demeure vraie : nous sommes enclins

en même temps « à nous protéger des autres pour parvenir à être Soi, et à en avoir besoin...car sans eux, le Soi ne trouve pas sa place. » Ou pour le dire encore autrement : « L'identité par le semblable dans l'accord ontologique avec lui, est la seule voie pour commuer notre angoisse et notre violence en certitude du par-soi. Sans elle, l'être humain est impuissant à être son être6 ». Il risque fort de se perdre alors dans une quête gloutonne des délices et saveurs de la vie, dans le déni de ce

4 L’esprit de l’athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu. Albin Michel 2006 p. 148. 5 À découvrir sur http://www.maieusthesie.com/ 6 Jean-Marie Delassus, Neurologie de l'être humain, de la structure à l'existence, éd. Encre Marine, p.322.

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manque fondamental d'harmonie entre Soi et Soi, né de la confusion entre la tranquillité d'esprit, la réjouissance et le manque de gratitude envers la vie et les autres. L'objectif demeure bien celui posé par Thierry Tournebise : « c'est sentir la vie en soi et autour de soi, c'est se percevoir et percevoir autrui. C'est savourer le bonheur de sentir palpiter l'existence dans ce qu'elle a de plus précieux et de plus intime. Qu'il s'agisse de peines ou de joies, ça palpite, ça se montre, ça se partage, ça se rencontre... » ; ça se vit en somme dans l'équilibre entre l'extériorité et l'intériorité. Comment y arriver ? Par un bon équilibre entre raison et émotions ? Les résultats des recherches d’Antonio Damasio vont effectivement dans ce sens : pour prendre des décisions, le cerveau s’appuie sur des informations émotionnelles (par exemple, des réactions de peur ou de plaisir). Ces informations agissent comme des systèmes d’alerte ou d’attraction pour le cortex et l’informent ainsi sur les décisions à prendre. Cette interaction entre cortex et émotions est réciproque. C'est-à-dire que le cortex préfrontal peut également agir sur nos émotions en les inhibant, afin de contenir nos pulsions par exemple. Une lésion dans la partie ventro-médiane notamment peut avoir deux conséquences : une difficulté à prendre des décisions et un déficit émotionnel (jugement froid, absence d’empathie, etc.). Plus largement, toute atteinte à des parties essentielles du cerveau va empêcher l’exercice de la raison ou le bon usage de la conscience. Donc : sans émotion, pas de raison ! C’est notre fragilité fondamentale. Notre ancrage corps-conscience sexué biologiquement conditionné. Le nier est pathétique car cela revient à vouloir marcher sur une jambe uniquement – la raison – l’oublier est comique car cela revient à vivre à l’aveuglette. Dans ce cadre étroit, la liberté est un leurre ou du moins une dimension limitée : nous sommes plutôt des robots sophistiqués. Le débat se reporte alors sur l’existence d’une conscience non localisée.

La référence à une Conscience cosmique

Les travaux du PEAR7 (Princeton Engeneering Anomalies Research Laboratory) sur la Conscience semblent accréditer l’hypothèse selon laquelle esprit et matière sont intimement liés. L’équipe du PEAR s’interroge sur le rôle de la conscience vitale dans la construction de la réalité physique. Ses méthodes d’investigations consistent à étudier les effets de la pensée où de l’intention d’un opérateur sur le comportement de processus physiques aléatoires. Le labo dispose pour ce faire d’une machine électronique appelée « générateur d’événements aléatoires » qui produit une suite parfaitement aléatoire de 0 et de 1. Mais que ce passe-t-il quand une personne essaye d’influencer la machine pour lui faire sortir plus de 0 par exemple ? En 15 ans, ce sont des centaines d’individus tout à fait ordinaires qui ont pris part à ces expériences, au cours desquelles des milliers de séries ont été imprimées par la machine. Jahn et Dunne, les chercheurs, ont ainsi conclu, avec un fort coefficient de certitude que la conscience peut influencer la réalité physique. L’intention des opérateurs réussit en effet à modifier les séries établies par la machine. Mais les résultats plus approfondis sont très intéressants. Il en ressort que : Le taux de réussite varie selon l’opérateur.

7 https://danyplume.wordpress.com/

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Un couple d’opérateur de sexe différent a une influence nettement plus puissante que celle de chacune de ces personnes. Pour les vrais couples, l’effet cumulatif est encore accentué (jusqu’à 7 fois plus fort que pour un opérateur isolé.) Les hommes obtiennent des résultats plus réguliers que les femmes, mais ceux obtenus par les femmes sont plus déterminants quand ils se produisent. Donc, la personnalité de l’opérateur a un effet sur sa capacité à influencer la machine. Et le fait de partager des sentiments les rend 7 fois plus efficace… A méditer. La probabilité pour que ces résultats soient imputables au hasard est de 1 sur 1035 (en sachant que 1 milliard, c’est 1 suivi de 9 zéros !!!) Donc, pas le moindre doute là-dessus, la conscience, l’intention de l’opérateur est capable d’influencer le monde matériel. Mais comment ? Cela personne ne le sait… La seule chose que l’on peut supposer, c’est l’existence d’un lien avec le sentiment. En effet, les opérateurs qui réussissent le mieux disent souvent qu’ils se mettent en « résonnance », en empathie avec la machine. Jahn et Dunne soulignent que si la science accepte, comme elle le devrait maintenant, de prendre ces résultats au sérieux, cela va obliger les scientifiques à réévaluer radicalement la relation entre conscience, sentiment et monde physique. La conscience jouera alors un rôle central dans la définition de la réalité matérielle. C’est une nouvelle vision du monde. Donc si l’énergie-sentiment-conscience vitale peut influencer la matière, on peut dire qu’elle dépasse les limites du cerveau physique et qu’elle possède un aspect ondulatoire qui s’étale dans le temps et l’espace et qu’elle peut entrer en interaction avec les autres ondes (les autres esprits) qui s’y trouvent. Cette énergie-sentiment-conscience vitale qui remplit l’univers d’ondes est à l’origine des expériences de synchronicités.

D'autres chercheurs ont étudié les ondes cérébrales sur des rats, en s'intéressant plus spécialement à trois zones distinctes de l'hippocampe, la partie du cerveau principalement responsable de la mémoire à long terme et du repérage dans l'espace. « Nous avons découvert l'existence d'ondes gamma rapides et lentes, venant de différentes zones du cerveau, exactement comme des stations de radio émettant sur des fréquences distinctes », explique Laura Colgin, auteur principal de l'étude et réalisant un post-

doctorat au Kavli Institute for Systems Neuroscience and Centre for the Biology of Memory en Norvège. « Lorsque les cellules nerveuses veulent se connecter, elles synchronisent leur activité », poursuit Mlle Colgin. « Littéralement, elles accordent leur longueur d'onde. Nous avons notamment étudié le rôle des ondes gamma dans la communication entre des groupes de cellules dans l'hippocampe, et avons découvert ce qui peut être décrit comme un système de radios dans le cerveau. Les basses fréquences transportent la mémoire des expériences passées, les plus hautes véhiculent ce qui se passe sur le moment. »

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Les chercheurs supposaient jusqu'ici que le traitement de l'information par le cerveau suivait des voies fixes. Cette nouvelle étude suggère que le cerveau est en fait bien plus souple. « Une cellule donnée dans le cerveau reçoit des milliers d'entrées, mais elle peut choisir de n'en écouter qu'une et d'ignorer le reste. En outre, ce choix peut changer à tout moment », résume le Dr Edvard Moser, directeur du Kavli Institute for Systems Neuroscience, qui affirme aussi : « Nous pensons que la commutation gamma est un principe général dans le cerveau, qui sert à renforcer les communications entre les régions cérébrales 8 .» Il y a donc bien une intentionnalité de la conscience non réductible à de simples états du fonctionnement inconscient du cerveau. L’idée fait en tous les cas son chemin. Une décentration / dérivation vers le réseau neuronal du cœur est donc indispensable. Sans elle, pas de vie spirituelle ! Nous vivons sous l'influence chimique de notre cerveau. Seul l'éveil de notre réseau neuronal du cœur, dont les ondes électromagnétiques sont 100 fois plus fortes que celles du cerveau, peut changer la donne et nous remettre en phase avec l'océan d'Amour, la Réalité Ultime. C'est la synchronisation entre la Conscience cosmique et la Dimension Source qui permet ensuite de recevoir en retour les inspirations, intuitions, prémonitions, coïncidences et les matérialisations venues du Futur, comme Philippe Guillemant l'a illustré dans le schéma ci-contre.

Sortir du cadre

Pour que l'esprit puisse parvenir à la conscience, il faut sortir du cadre : du

pilotage automatique de l'ego, par la double intentionnalité du corps-propre et celle de

la conscience, qui nous situe en permanence dans le passé-présent, à la recherche du

contentement, à vouloir éviter la douleur, en nous préservant une solution de fuite, en

évitant surtout d'être échec et mat. Là, tout est lu, interprété, analysé, orienté en

fonction de nos souvenirs positifs et négatifs les plus marquants qui servent de mesure

à tout ce qui se présente; nous le faisons la plupart du temps en mode automatique

mais souvent aussi en écoutant ce que nous disent nos prédictions, de sorte que nous

ne sommes que rarement dans le présent, dans la potentialité qu'il contient vraiment.

Parfois, nous osons désobéir, nous lancer dans l'aventure de la nouveauté par un choix

irréfléchi qui nous fait sortir du mode causal. Mais cela reste exceptionnel. Dès lors, le

mode causal s'impose : nous sommes et restons sur les rails de notre passé-présent qui

conditionne l'avenir à travers la répétition. Il n'y a là aucun libre arbitre. Notre passé

est maintenu et il conditionne l'avenir.

8 Source : Revue Nature, 19 novembre 2009, vol. 462

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Les faits tendent à montrer que nous nous synchronisons avec un au-delà au réel, le divin, via une Conscience plus vaste, notre Âme sans doute, mais en tous cas à travers une onde gamma spécifique, teintée de sérénité, de reconnaissance et d'émerveillement, produite par le réseau neuronal du cœur ; cela nécessite, pour qu'elle émerge pleinement, un abaissement des filtres d’encodage de la réalité ordinaire issus de notre mental conditionné. Alors seulement, nous pouvons nous ajuster à la Dimension Source qui prendra ensuite le relais via notre Âme ; Elle seule est en lien avec tous les possibles de l'Univers. Par cet ajustement, quelque chose de l'ordre de la tendresse nous est donné, en tous les cas le sentiment d'être à la maison, dans notre vraie dimension d'être connectée avec le Tout. Cet ajustement ne réclame aucune tension volontariste : juste un consentement, un libre abandon confiant qui puisse laisser venir l'Aide et la Présence divine. En nous ajustant à la Dimension Source, nous favorisons la néguentropie : nous stimulons par exemple nos biophotons en énergie positive qui va se transmettre à tout l'organisme. Le sentiment d'union avec la Dimension Source nous fait aller vers ce que nous aimons et vers ce que nous sommes profondément, réellement. C'est le Chant de la Création : il n'y a aucun jugement, pas de condamnation, aucune obligation, pas de séparation ni d'exclusion. Nous sommes potentiellement UN. Si nous voulons nous ouvrir au futur, à l'Aide de Dieu, il va falloir apprendre à quitter le mode causal issu du passé-présent ; cela veut dire, bien sûr, observer notre fonctionnement automatique et le mécanisme de nos prédictions, en prendre distance si possible amusée, et développer l'écoute de l'intuition par laquelle notre Âme-Esprit nous parle. Mais, nous aurons aussi à être proactif, à définir un futur en choisissant Qui nous voulons être, Ce dont nous voulons faire l'expérience ; plus ces nouvelles orientations seront claires et mieux nous pourrons bénéficier de l'Aide de Dieu, car ce sont des dépôts d'intentions, des demandes adressées au futur. Si nos intentions ne sont pas violentes, si elles sont généreuses et désintéressées, elles pourront être plus facilement favorisées par notre Âme-Esprit. Nous pouvons également prendre les devants, nous comporter déjà en fonction de ce dont nous voulons faire l'expérience, prendre des risques, suivre nos intuitions, nous lancer à l'eau en pleine confiance et conscience sachant que le libre arbitre régit tout, tout en nous informant de ce qui est possible compte tenu de notre environnement. L'exaucement, ne l'oublions pas, dépend aussi de cette règle fondamentale. Il ne nous sera pas donné ce que nous ne pensons pas pouvoir recevoir ni ce qui signifierait une violation patente du libre arbitre d'autrui ! C'est pourquoi le tout au mental, à la réflexion, peut être un frein important, là où l'émotion et le choix abrupte par exemple seront plus efficaces, plus déclencheurs de réponses favorables. Cette approche, disons-le ouvertement, constitue une révolution copernicienne dont il convient de prendre la pleine mesure. Vouloir la nier est plus haut tragique car nous nous privons d’une aide divine acquise, l’oublier est du plus haut comique car nous nous condamnons à nommer hasards ce qui n’en est pas ! Néanmoins, pour Nassim Haramein, la dynamique de la structuration de l'espace est une géométrie en rotations de figures. L'échange d'information se fait donc en permanence vers l'intérieur et vers l'extérieur à la vitesse de la lumière. Ce champ magnétique définit aussi le fonctionnement de la conscience qui n'est évidemment pas localisée dans le cerveau ; c'est une antenne en

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connexion avec un champ, et cela se fait via le liquide céphalo-rachidien qui oscille à certaines fréquences. « Le liquide céphalo-rachidien est un liquide

produit dans des cavités du cerveau appelées ventricules et coule autour du cerveau et de la moelle épinière. » Le champ énergétique de la conscience oscille et capte des informations différentes d'une personne à l’autre : l'antenne peut capter beaucoup d'informations ou, au contraire, beaucoup de bruit. L'ajustement, le rythme, va dépendre de notre état émotionnel qui a un effet sur la cohérence neuro-cardio-vasculaire ; notre captation sera aussi affectée par notre mode de vie ou par notre environnement. Là aussi, l'échange d'information se

fait en permanence. C'est une nécessité car nous sommes faits de quelque 100'000 milliards de cellules. Toute l'information est holographique ; elle passe par les molécules d'eau qui structure ensuite l'ADN, et non l'inverse ; si l'on retire les 10 couches d'eau présentent dans la structure de l'ADN, plus rien ne se passe ! C'est aussi le cas pour la conscience ou le corps : les cellules s'organisent de façon très complexe à travers le champ d'informations par des feed-back avec l'eau. La même chose se produit avec le spin, le vortex : le tourbillonnement est là où se trouve notre singularité ; au centre se trouve la quiétude et plus on l'atteint plus la dynamique tourbillonnaire du spin augmente autour de nous et avec elle l'inspiration ou l'influence autour de nous. Tout cela même à la conscience que nous sommes UN ; c'est la plus haute connaissance, celle qui va nécessiter de chacun-e des choix qui vont avoir un impact sur le champ morphogénique ; cela se fera par feedbacks successifs : nous donnons au champ de nouvelles informations dont il va tenir compte et nous donnant de nouvelles informations, etc.

Nous ne sommes pas faits pour être des marchandises, des esclaves ou des choses insignifiantes. Pour l’Univers toute vie compte, toute vie est précieuse, il n’y a rien à ajouter à la Vie, rien de spécial n’est à faire, il n’y a nulle part où aller pour gagner son estime, aucun pèlerinage n’est à faire, rien n’est à accomplir absolument pour mériter son soutien. Il n’y a ni obligation, ni contrainte, ni aucune volonté supérieure à suivre à la lettre. Tout pouvoir nous a été donné ! C’est le point d’éveil à intérioriser. Nous avons reçu la liberté de dieuser à notre convenance. Le divin fait l’expérience de lui-même sous des formes différentes : en tant que Tout, il se connaît dans les couples opposés : perfection/imperfection ; absolu/relatif ; éternité/temporalité ; fini/infini ; l’absolu/relatif ; chaos/harmonie, chair/esprit, etc. Nous sommes l’Univers qui fait l’expérience de lui-même sous des formes changeantes et diverses. En conséquence, tout est dieu et rien ne l’est vraiment : nous participons au Tout de manière indépendante, tout en étant UN. Jésus Christ le disait fortement en Jean 14:6 C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père sinon par moi. Ces trois éléments nous incitent à devenir des centres d’harmonie et d’amour, à nous en aller vers ce que nous aimons en privilégiant le respect, la non-ingérence et la non-imposition, via un partenariat créatif. Jésus Christ ne disait-il pas en Jean 10:30 Moi et le Père, nous sommes un ? Nous informons l’Univers de ce que nous aimons, et Lui voit comment créer en retour des occurrences, des synergies ou des opportunités. Nous communiquons avec Lui en permanence ; nul ne peut ne pas communiquer, mais nous pouvons en revanche faire la tête, ignorer cette réalité, la nier de toutes nos forces ;

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notre condition humaine est cocasse, tragi-comique en somme ; vouloir ignorer la communication avec l’Univers est du plus haut comique – c’est l’illusion-faiblesse - parce qu’elle se fait de toute façon ; ne pas en apprendre le langage est du plus haut tragique- c’est l’illusion-force - car nous aurions tout à y gagner ! Pour Nassim Haramein, notre point singulier d’Éveil passe nécessairement par notre centre neuro-cardio-vasculaire et par notre liquide céphalorachidien ; là, nous pouvons atteindre en pleine conscience, en similitude avec le double vortex de la gravité et du champ électromagnétique, et visualiser le double mouvement inversé et superposé de la Sérénité et de la Confiance, et tout lui remettre dans le libre arbitre.

Oser le libre arbitre, c’est apprendre à changer nos manières d’aborder le réel. La métaphore de l’Univers Connecté suppose un rapport à l’énergie du vide, à travers

l’espace, par la rotation rapide de formes géométriques spécifiques qui affectent simultanément le corps et l’esprit d’un individu. C’est un véhicule qui peut aider le corps, l’âme et l’esprit, à accéder et à expérimenter d’autres niveaux de réalité ou de potentiels de vie. Elle permet d’accéder à de nouveaux niveaux de conscience et qui aide les humains à atteindre leur plein potentiel. L'élévation du niveau de rotations modifient notre cerveau, les glandes pituitaires et pinéale notamment, notre ADN et bien sûr les structures géométriques des corps émotionnel, mental et spirituel.

Pour Nassim Haramein, le temps serait venu de faire une double ascension : sur un plan de la science et de la technologie et sur un autre plus humain d’apaisement des relations humaines. Le pattern géométrique du "Double-Tore" à l'origine du vide quantique va permettre, maintenant que sa dynamique est comprise, d'utiliser notamment l'énergie propre de ce vide ou de la gravité. Cela va changer notre rapport à l'univers encore plus que n'a pu le faire l'électricité. L'énergie deviendra disponible à bon marché ; les voyages interstellaires seront possibles. La pollution sera en recul. Il devrait ainsi être plus facile de tendre à une humanité harmonieuse car les ressources et l'espace seront infinis. Il y aura finalement suffisamment de richesses et de biens, des solutions donc pour que tout le monde soit gagnant. L’avenir nous dira si nous avons su préserver et choisir cette solution pour l’avenir de l’humanité, faire notre ascension en somme. Pour l’heure, sous l’angle de l’ascension spirituelle, d’autres liens sont à faire avec des idées souvent développées sous des formes disparates.

Le super-moi

Il y a au fond de nous un génie inconnu, comme aime à le proclamer le psychologue Ian Wilson, docteur de l’université de Bristol. Ses recherches lui ont permis de dire : Les expériences faites sous hypnose montrent que notre mémoire retient la moindre phrase de tous les livres que nous avons lus. Elle ne la restitue que quand un mystérieux « génie » qui se cache au fond de nous le décide. Ce même génie, ce « super-moi », est capable, dans des circonstances précises, d'exécuter en une seconde des calculs qui embarrasseraient le plus puissant des ordinateurs. N'est-ce pas lui aussi qui dicte littéralement leurs livres à des écrivains ? Parfois même pendant leur sommeil ! Et qui accomplit chez certains enfants, pourtant autistes et handicapés,

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des performances musicales déconcertantes ? C'est ce génie prodigieux, caché au fond de nous, qu'étudie le psychologue anglais lan Wilson dans son livre "Le super-moi, l'inconnu qui m’habite », paru aux éditions Tsuru. Face aux témoignages étonnants recueillis par l’auteur, il est permis de se demander si ce super-moi ne serait pas la part

immortelle de notre âme. Ou serait-ce cet « ange gardien dont nous parle la tradition chrétienne ? Ainsi par exemple, un jeune nomme du Somerset, éprouvait des difficultés d'élocution et avait un Qi peu élevé. II possédait un don, le calcul calendaire, consistant en la capacité de donner immédiatement, avec une précision sans défaut, le jour de la semaine (lundi, mardi, etc.) de n'importe quelle date fournie, même des siècles auparavant ou des décennies dans le futur. Lorsque les journalistes de la B.b.c. testèrent ses capacités, David donna le bon jour de la semaine à chaque fois, même lorsque la date se situait dans un futur lointain, comme pour le premier jour de mars 2044, un mardi. Lorsqu'on lui demande quelles années le 30 septembre tombe un

samedi, il répond facilement : « 1978, 19723 1967... II n'est pas le seul autiste à posséder cette faculté étrange. Aux Etats-Unis, le psychiatre William Horowitz a écrit sur le cas de vrais jumeaux d'âge adulte, Charles et George, capables de la même performance, avec une souplesse encore plus grande. Tout comme David, Charles et George ne peuvent fournir aucune explication sur la manière dont ils parviennent à donner leurs réponses, à par un « Je sais ». Notre super-moi se révèle étonnamment créatif du point de vue littéraire et scientifique. Chez un savant, cette entité cachée est capable de trouver la solution de problèmes déroutants pour la conscience ordinaire. Pour un romancier ou un poète, elle sait construire des récits ou des poèmes dont l'originalité semble défier les capacités de cette même conscience. Ses pouvoirs naturels de calcul sont stupéfiants, comme l'ont prouvé les prodiges mathématiques. Le super-moi donne la preuve que nous absorbons et que nous retenons même les détails les plus infimes de notre existence, jusqu'au contenu de pages que nous nous sommes contentés de feuilleter. Pourquoi un tel mécanisme ? Quelle est l'utilité de cet enregistrement de notre existence, qui serait comme celui d'une boîte noire à laquelle nous n'aurions accès que quand elle le décide ? D'un point de vue religieux, certains pourraient considérer les pouvoirs du super-moi comme étant ceux d'un être supérieur. Peut-être un de ces anges gardiens dont parle la tradition chrétienne, qui nous guiderait et nous aiderait dans les circonstances critiques. Se pourrait-il aussi que le super-moi soit notre vrai moi, ce que la foi appelle l'âme, un moi impérissable, en dehors du temps, supérieur au corps physique, qu'aucune altération subie par le corps physique ou son cerveau ne saurait éteindre ? Est-ce notre part éternelle ? L'ère scientifique dans laquelle nous vivons s'est progressivement détournée de l'exploration de notre être intérieur, peut-être parce que nous ne sommes pas censés connaître ces données. Dans l’approche de Nassim Haramein, il s’agit ici de cette Conscience cosmique par laquelle nous échangeons et recevons en permanence de l’information. Vouloir le nier est pathétique, l’oublier du plus haut comique. Néanmoins, pour aborder la nouveauté de l’univers connecté, un apprentissage est nécessaire sous forme de feedbacks incessants que nous appelons l’échange permanent d’informations ; cette approche réclame un lâcher prise et un laisser venir tous deux vécus dans un partenariat, une écoute et une ouverture qui font de nous des observateurs -acteurs – capteurs du divin.

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En lien avec la Singularité

La seule chose qui existe, c'est justement le point, la singularité. Dès lors, chaque point est un centre à part entière de l'Univers, il contient toute l'information et il est connecté à tous les autres points. De ce point de vue, ce serait l'espace qui définit la matière et connecte toute chose et non la matière qui définit l'espace et sépare toute chose. Ce changement de perspective permet une inversion totale de la manière dont nous abordons la physique et dont nous percevons l'Univers et notre relation avec lui. Soudainement, nous ne sommes plus de petits êtres humains isolés, séparés et impuissants, mais des êtres ayant une dimension infinie accessible à l'intérieur d'eux-mêmes et surtout des êtres qui sont tous connectés à un niveau très profond. Nous sommes tous UN, frères et sœurs humains. Nassim Haramein le précise ainsi : "Si vous dirigez toute votre attention vers la

singularité (zone de calme) qui est en votre centre, toute l'information contenue dans

l'Univers est à votre disposition car l'Univers est un champ unifié

holofractographique scalaire infini où toute l'information est présente en chaque

point (singularité)." La conscience est un retour d'informations entre le monde

extérieur et le monde intérieur. C'est fondamental pour toutes les choses. Alors toutes

les choses sont conscientes. Tout ce qui donne des informations à travers le vide

quantique va déterminer ce que chacun peut recevoir en retour en fonction de la

quantité de résistance émise à l’entrée des informations. Ce paradoxe est plutôt

cocasse. Philippe Guillemant le disait ainsi sur Facebook : « C'est la rétroaction du

futur vers le présent qui transforme le hasard en libre arbitre, grâce à l'éveil de la

conscience. Dire que le libre arbitre n'existe pas revient à refuser, comme Einstein,

que Dieu joue aux dés. Mais après tout, ce fameux hasard n'en est plus un lorsque ses

probabilités sont remodelées par les codes que l'on projette dessus et le futur qui

s'ensuit. C'est donc bien la conscience éveillée qui transforme le Dieu hasard en libre

arbitre, en lui attribuant le pouvoir de codifier ainsi son chemin. Décidément, lorsque

je consens à dire que le libre arbitre n'existe pas vraiment pour rassurer quelqu'un

qui refuse de voir le soleil, je suis de plus en plus compatissant... voire hypocrite . »

Et plus la conscience sera en éveil, en confiance et en acceptation, donc en mode

réception, plus nous recevrons ces cadeaux de la rétro-causalité donnés sous formes

d’intuitions, de prémonitions, de coïncidences, de heureux hasards ou de

synchronicités.

À travers la méditation

Nous pouvons atteindre le point d’équilibre en pleine conscience, par le double vortex de la gravité et du champ électromagnétique, en visualisant le double mouvement inversé et superposé de la Sérénité et de la Confiance, à qui nous remettons tout dans le libre arbitre. Pour quels résultats ? Quelles attentes ? Tout va dépendre de notre conviction intime ou plutôt de nos réticences-résistances à imaginer l’apport en feedbacks avec l’Univers connecté. De manière plus générale, de nombreuses études ont eu pour objet les bienfaits ou les effets néfastes de la méditation et de la religion.

Récemment, l'équipe de Jeff Anderson, neuroradiologue à l'université de l'Utah, a publié dans la revue Social Neuroscience une étude portant sur la dimension

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euphorisante des pratiques religieuses : prier active les mêmes réseaux de neurone que la drogue, le jeu ou le sexe. Les IRM montrent une activation du circuit de la récompense, notamment au niveau du noyau accumbens, mais également au niveau des zones associées au jugement, au raisonnement moral ou à la concentration. Anderson va poursuivre son étude pour savoir si le maintien de la croyance religieuse par la gratification varie d'une personne à l'autre et si les circuits impliqués sont les mêmes dans différentes cultures. Cette approche toutefois appelle un constat évident : nombre de choses peuvent être attribuées à une dimension euphorisante ! Qui peuvent à l’évidence susciter des addictions ! Nous sommes ici dans la stratégie du soupçon orienté avec un a priori : la religion peut être dangereuse.

Dans la même parenté d’intentions, certains chercheurs se demandent même : Comment expliquer la fréquente persistance de la sensibilité religieuse ou déiste ? Ils nous suggèrent comme réponse magique une sorte d’état infantile persistant. « Les neurosciences tendent, me semble-t-il, à confirmer son imprégnation neuronale : des neurophysiologistes ont en effet constaté que si les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker inconsciemment le souvenir d'événements à forte charge affective ou des souvenirs émotionnels tels que, par exemple, l'atmosphère « envoûtante » d'une église, les prières et autres comportements religieux des parents, voire leurs inquiétudes métaphysiques, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces « traces » neuronales, appelées « engrammes », sont indélébiles, et se renforcent par plasticité neuronale, au fur et à mesure des expériences religieuses. Les observations par IRM fonctionnelle et par tomographie à émission de positons suggèrent que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal notamment, et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment « éteints », et donc « anesthésiés », à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins en matière de foi.9 » L’argument ressemble fort à l’ancien a priori d’un inconscient omniscient. En réalité, l’inconscient, au même titre que la conscience, fonctionne avec ses propres mécanismes : la condensation (ex : lapsus) ; le refoulement (des désirs, des pulsions…) ; le déplacement (l’importance est donnée à un détail afin d’occulter l’élément réellement important) ; le compromis (ex : l’acte manqué). Ces productions mentales sont maintenues hors de notre conscience par la censure qui prend son origine dans notre éducation, les valeurs transmises par la société, notre expérience. Ces idées refoulées peuvent se manifester à travers des réactions non maîtrisées, comme le lapsus, voire engendrées des maladies mentales, comme les psychoses ou les névroses. Si ce mécanisme devait être prégnant, il le serait alors pour toute conviction intime nourrie avec force, y compris nos délires et nos addictions, et la religion, en vérité, n’en serait que l’un des aspects potentiellement négatifs parmi d’autres…Les militants d’une rationalité athée ferait bien de s’en souvenir. D’ailleurs, le concept de plasticité synaptique s’oppose à de telles préjugés :

9 À partir de l’adresse <http://michel.thys.over-blog.org/article-une-approche-inhabituelle-neuroscientifique-du-

phenomene-religieux-62040993.html>

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Lorsque nous vivons une expérience quelle qu’elle soit, il reste une trace dans notre cerveau. Cette idée de trace est déterminante à la fois pour les neurosciences. Les derniers résultats tendent à montrer que ces traces laissées par l’expérience dans le réseau neuronal modifient ce dernier. Donc notre réseau neuronal est sujet à des changements et ces changements constants ont lieu au niveau de nos synapses. Dans un livre au titre accrocheur intitulé « Pourquoi « Dieu » ne

disparaîtra pas, quand la science explique la religion » Andrew Newberg et son équipe nous expliquent pourquoi l’expérience du divin est incontournable10. Notre cerveau nous porte naturellement vers un excès égotiste, mais il nous fournit aussi la mécanique avec laquelle il devient possible de transcender l'ego, possible de sortir d'une existence purement matérielle pour aller vers une existence spirituelle, vers un Dieu supérieur, en un lieu absolu d'unicité où tous les désirs sont apaisés. Même s’il faut prendre certains résultats scientifiques avec prudence, les résultats de l’équipe d’A. Newberg montrent que l'évolution a privilégié l'émergence d'un cerveau « moral » : nous avons instinctivement des réflexes. Ainsi, nous répugnons naturellement à faire souffrir – sauf quand nous nous sentons menacés ou qu'il faut

10 Andrew Newberg, Eugene d’Aquili, Vicent Rause, aux éditions Sully, 2003 pour la traduction française.

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punir – nous recherchons l'équité, nous sommes capables d'empathie, nous sommes réactifs à la souffrance des autres. Ce sens moral « primitif » serait l'une des origines des religions, l'autre étant la mise en évidence de notre cerveau « religieux » ; ici aussi, l'évolution nous a dotés de capacités spécifiques nées de l'interaction entre au moins quatre acteurs : l'hypothalamus, la plus vieille structure du système limbique – sorte de commandant en chef – qui peut calmer ou exciter le cerveau et produire des émotions comme la fureur, la terreur, le plaisir modéré ou la béatitude. Il peut affecter n'importe quel organe ou partie du corps. Le chien de garde : l'amygdale. C'est elle qui donne à nos émotions leurs nuances subtiles (amour, amitié, affection, défiance) ; elle est à la recherche de toute information qui représenterait une nécessité d'agir, ou un signe de danger, ou encore tout ce qui nécessiterait que l'esprit y porte attention. Pour interagir, elle doit toutefois passer par l’hypothalamus. Le diplomate : l'hippocampe. Il fonctionne en lien avec l'amygdale. C'est lui qui relie les sensations, les émotions, à des images, à la mémoire à court et plus long terme, à l'apprentissage. Ces trois structures vont interagir avec une quatrième, le néocortex, et permettre l'émergence d'opérateurs qui nous sont spécifiques. L'opérateur holistique qui nous permet de voir le monde comme un tout, l'opérateur réducteur qui nous permet de nous attacher aux détails. L'opérateur d'abstraction permettant de voir le lien entre deux faits séparés. L'opérateur quantitatif qui nous permet de classer, d'ordonner, d'estimer le temps, les distances, etc. L'opérateur causal qui s'attache au comment et au pourquoi. L'opérateur binaire qui s'attache à l'existence des opposés tout en donnant un sens fondamental aux choses. L'opérateur existentiel qui nous donne la sensation que ce que le cerveau nous fait voir est réel. L'opérateur à valeur émotionnelle qui nous permet de sentir ce qui nous arrive. Sans ce dernier, nous serions comme des robots. C'est lui qui nous donne la sensation de soi. De ces opérateurs sont nés les mythes et les légendes dont la fonction première est de répondre à des situations menaçantes en donnant du sens au monde et à ce qui nous entoure. Le rituel lui tend à permettre la transcendance de soi et la fusion dans une réalité plus vaste. Sa première fonction est de transformer des histoires ou des représentations, en expériences, en sensations et en actions. La force du rituel réside dans la possibilité de ce dernier de fournir aux croyants une preuve fondée sur leur expérience, leurs sensations qui prouveraient la véracité du mythe à travers l'accès à un état unitaire. Ce dernier est provoqué par les effets sensoriels d'un comportement rythmique répétitif qui va en délimiter l'intensité de bas en haut – du corps vers l'esprit – ou de haut en bas avec le rituel d'une pensée répétitive. La stimulation de l'hypothalamus peut déclencher un état psychologique allant de la sensation légèrement agréable à des sentiments d'extases. De même une activité intense et soutenue de psalmodie ou de prière va stimuler le système de tranquillisation qui, s'il est poussé à des niveaux intenses, va activer directement des effets inhibiteurs de l'hippocampe avec pour résultat final le brouillage de l'aire de l'orientation qui pour finir va estomper le pourtour du sentiment de soi. Tout comportement rythmique ou toute pensée répétitive peut déclencher un état unitaire si la personne veut bien y consentir. L’approche neurologique de Newberg et de son équipe montre que les humains ne s’accrochent pas à Dieu parce qu’il leur manque le courage de faire face au monde sans lui. Elle indique au contraire que « Dieu n'est pas le produit d'un processus cognitif et déductif, mais qu'il a été au contraire « découvert » lors d'une rencontre mystique ou spirituelle portée à la connaissance de la conscience humaine par le mécanisme transcendant de l'esprit. Autrement dit, les humains n'inventent pas un Dieu puissant de façon cognitive pour dépendre ensuite de cette invention, pour acquérir le sentiment de contrôle. Au contraire, Dieu, dans la définition la plus large et

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la plus fondamentale du terme, est d'abord éprouvé dans une spiritualité mystique. Ces expériences unitaires intimes de la présence de Dieu font apparaître alors la possibilité de contrôle (p.196). » Des vérités essentielles vont devoir être traduites de manière rationnelle en croyances spécifiques. Ces dernières devaient apporter des avantages physiques, psychologiques et sociaux pour que les comportements religieux puissent être meilleurs pour la survie. « Les racines neurobiologiques de la transcendance spirituelle montrent que l'Existence unitaire absolue est une possibilité plausible et même probable. De toutes les surprises que notre théorie a à offrir - que les mythes sont poussés par des compulsions biologiques, que les rituels ont été formés intuitivement pour déclencher des états unitaires, que les mystiques ne sont pas, après tout, nécessairement fous et que toutes les religions sont des branches du même arbre spirituel - le fait que cet état unitaire ultime puisse être soutenu rationnellement nous étonne le plus. La réalité de l'Existence unitaire absolue n'est pas une preuve définitive qu'un Dieu supérieur existe, mais elle est un solide argument pour l'idée que l'existence humaine est bien plus qu'une existence purement matérielle. Nos esprits sont tirés par l'intuition de cette réalité plus profonde, ce sens absolu d'unicité, où la souffrance disparaît et où tous les désirs sont apaisés. Tant que nos cerveaux seront constitués de la façon qu'ils sont, tant que nos esprits seront capables de ressentir cette réalité profonde, la spiritualité continuera de donner forme à l’expérience humaine, et Dieu, quelle que soit la façon dont nous définissons ce concept majestueux et mystérieux, ne disparaîtra pas (p.251-252). » Nous en recherchons les bienfaits à travers la méditation notamment. « Voici 5 effets positifs de la méditation sur l’espérance de vie et le cerveau11. 1. La méditation garde l’hippocampe sain et améliore l’apprentissage et la mémoire. L’hippocampe est une petite région du cerveau profondément enfouie sous le cortex. Elle joue un rôle important dans l’apprentissage, la régulation des émotions et aide à la consolidation de l’information de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme. En 2011, des chercheurs de Harvard ont été parmi les premiers à prouver que seulement huit semaines de pratiques méditatives de la Pleine Conscience entraîneraient l’augmentation significative de l’épaisseur de l’hippocampe. 2. La méditation signale à l’amygdale de se détendre et aide à faire baisser le niveau de stress. La même équipe de chercheurs de Harvard a aussi découvert que la méditation attentive diminuait le volume des cellules du cerveau dans l’amygdale, la partie de notre cerveau responsable de la peur, de l’anxiété et du stress. Ces changements correspondent aux données déclarées par les participants sur leur niveau de stress, ce qui prouve de quelle façon les changements dans le cerveau sont en corrélation avec la perception subjective. 3. Influence de la méditation : elle crée un cortex frontal plus rapide, plus gros et plus en forme, favorisant l’amélioration de la concentration et de l’attention. Etant donné que focaliser notre attention sur un objet (ex: respiration ou mantra) est l’une des pratiques centrales de la méditation, il n’est pas étonnant que la méditation contribue à améliorer notre capacité à nous concentrer et à être moins sensibles aux distractions. L’amélioration de la concentration et de l’attention est l’un des avantages les mieux étudiés de la méditation.

11 À partir de l’adresse <http://www.conscience-et-eveil-spirituel.com/influence-de-la-meditation.html>

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La façon dont cela se produit est en réalité assez simple. Lorsque nous concentrons notre esprit, nous activons le cortex frontal et nous augmentons le flux sanguin vers cette zone. Si nous faisons cela suffisamment de fois, nous commençons à voir que l’activité de la circulation sanguine devient plus stable. Cette activité mène à la croissance de la matière grise (connue sous le nom Épaississement cortical) observée dans le cerveau des méditants. 4. La méditation augmente la matière grise et allonge les télomères qui aident à ralentir le vieillissement. Le cerveau humain diminue de volume et de poids lorsque nous vieillissons, en revanche, les méditants ont, à plus long terme, un cerveau en meilleure condition que les non-méditants et un volume plus grand de matière grise. La méditation aide également à protéger nos télomères, les capuchons de protection à la fin de nos chromosomes. Les télomères sont plus longs lorsque nous sommes jeunes et se raccourcissent naturellement quand nous vieillissons. Les télomères plus courts sont associés au stress et à un risque plus élevé à développer de nombreuses maladies, dont le cancer. Ils dépendent de l’enzyme télomérase qui leur permet de se reconstruire et de se réparer. Des chercheurs de l’Université de Californie ont été les premiers à prouver que les méditants ont une activité de télomérase significativement plus élevée que les non-méditants. Leurs conclusions ont depuis été répliquées. 5. La méditation active l’insula, renforçant ainsi l’empathie et la compassion. L’empathie est la capacité à comprendre les sentiments des autres. La compassion est quelque chose de différent – c’est la préoccupation pour la souffrance d’un autre ou de soi-même. Une décennie de recherches a montré de façon constante que la méditation améliorait ces deux qualités à la fois. Ces avantages sont attribués à une région du cerveau appelée l’insula. L’insula a un rôle majeur dans la conscience de soi. Elle nous permet d’être conscient de nos propres réactions émotionnelles, ainsi que de mieux lire et comprendre celles des autres. Les méditants montrent une activité accrue de l’insula et une plus grande épaisseur corticale dans cette région. Des études plus récentes ont aussi démontré que la méditation augmentait les réponses de compassion à la souffrance des autres. » Une question demeure à clarifier : la méditation est-elle à connotation religieuse ? Peut-on la pratiquer simplement dans une quête spirituelle de bien-être ? Pour Frédéric Lenoir, cette quête s'est amorcée dans les années 50/60 : elle tend à l'accomplissement de soi, à la recherche du sens de la vie, d'une sagesse sans absolu; c'est un travail sur soi pour être mieux ou bien, pour aller vers ce qui est juste, plus vrai, pour grandir et s'appuyant sur les qualités de l'être humain. La recherche personnelle s'appuie sur les éléments pratiques de la spiritualité sans les éléments théologiques ; c'est une quête au plus profond de soi ; elle est donc fluctuante, tantôt mystique mais volontiers apophatique, c’est-à-dire centrée sur une approche de la théologie qui consiste à insister plus sur ce que Dieu n’est « pas » que sur ce que Dieu est. La méditation peut être de portée générale mais elle n’a pas à l’être nécessairement car « la théorie de la projection d'un humain amélioré au ciel (Ludwig Feuerbach) n'est pas en mesure de démontrer qu'une vie éternelle est seulement une projection, ou seulement une consolation intéressée (du genre opium du peuple chez Marx), ou encore seulement une illusion infantile (Freud).

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L'inverse peut être postulé : la négation athée de la vie éternelle ne repose-t-elle pas sur une projection dans la nature bonne de l'homme, une société socialiste ou dans une confiance en la science rationnelle ? Le fait constaté de la projection ne dit nullement si le projet auquel elle se réfère existe ou pas ! Au désir de Dieu peut sans restriction correspondre un Dieu effectif qui n'est pas à chercher ni à vivre hors du monde, dans un arrière-monde ou dans un au-delà mythique.12 » Toute référence au religieux n’est pas à bannir forcément. Nous rappellerons ainsi avec Boris Cyrulnick13 que nos chemins de vie se situent sur une crête étroite, entre toutes les formes de vulnérabilités, génétiques, développementales, historiques et culturelles, et les mécanismes de protection, de dépassement mis en place. À l'évidence, pour résilier un malheur passé, il faut justement avoir été vulnéré, blessé, traumatisé, affecté, déchiré... • Il y a résonance, interaction entre l'hérédité et le milieu : nos transactions, au fil de notre développement, sont de moins en moins biologiques et de plus en plus affectives et culturelles. • Le gène du surhomme correspond au chromosome 17 responsable du transport de la sérotonine par la protéine 5-HTT longue ou courte à travers laquelle l'humeur sera plutôt gaie ou dépressive ; il ne s'agira que d'un facteur parmi des milliers d'autres car il est impossible d'affirmer qu'un comportement soit codé par un gène. • La biologie de l'attachement montre que nos formes de développements se font selon notre enveloppe sensorielle unique composée par les figures d'attachement spécifiques (donneurs de soins, personnages signifiants, institutions et récits culturels). Un même événement peut ainsi provoquer une catastrophe dans un certain contexte et aucune réaction à un autre moment. • Le bonheur est une idée récente née au 18 e s. mais elle est à inscrire en fonction de la notion corollaire du malheur ; le tout est en fait coloré par notre cerveau d'un sentiment correspondant. Une lésion dans l'hémisphère gauche provoque régulièrement des accès de mélancolie ; une représentation anticipée par un sentiment éveillé va solliciter des zones spécifiques ; certains neurologues déterministes ont voulu réduire nos comportements via l'ocytocine et la vasopressine. Mais en réalité, les conditions du lien associent aussi bien la souffrance du manque avec le plaisir des retrouvailles, le bonheur et le malheur, la peur et la sécurité, l'attachement avec l'angoisse, l'apaisement avec l'alerte, à travers tous les couples opposés imaginables ! Le couplage de la peur et de l'euphorie favorise des comportements ambivalents destinés à favoriser des événements euphorisants dans une triste existence. En fait, le contact sécurisant avec Dieu est symbolique par la présence d'objet, de lieux, de prières et de rites interactifs : le divin devient partenaire sécurisant dans un lien internalisé, ce qui ne veut pas dire retomber en enfance. Nous retrouvons la cohabitation des extrêmes à travers l'angoisse et l'extase. Les grands mystiques pourraient ainsi être de grands torturés de l'existence qui basculent dans des bouffées d'extases divines. Les bienfaits de la foi seront liés aussi à l'entourage religieux mais principalement fonction de nos représentations : il y a donc mille manières d'aimer Dieu. Les recherches neurologiques témoignent d'un apaisement des marqueurs biologiques du stress via des ondes alpha à 8 cycles-seconde permettant des sensations d'attention paisible ; si l’amygdale rhinencéphalique diminue le fonctionnement du cortex pariétal, une déconnexion avec le monde extérieur devient possible qui apporte parfois des sentiments océaniques ou des voyages hors de son corps. En réalité, croire en Dieu est bien souvent une manière d'être attaché à ceux dont nous partageons la foi et de lutter contre l'angoisse de la mort, du néant, du chaos, etc. C'est

12 La mort heureuse, Hans Küng, p. 108. 13 Boris Cyrulnik, de chair et d’âme, éd.Odile Jacob,2006

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une manière concrète de s’y opposer. Dieu contient ainsi l'ambivalence de l'inconnu effrayant et du connu sécurisant ; s'il est amour, il est lien maternel apaisant et joyeux qui justifierait qu'on prie en disant notre mère...Mais il peut être aussi le dieu morbide et punisseur qu’il faut évidemment dénoncer et déconstruire. Ainsi faut-il constater avec le philosophe Hans Jonas : « Après Auschwitz, nous pouvons affirmer, plus résolument que jamais auparavant, qu'une divinité toute-puissante ou bien ne serait pas toute bonne, ou bien resterait entièrement incompréhensible (dans son gouvernement du monde, qui seul nous permet de la saisir). Mais si Dieu, d'une certaine manière et à un certain degré, doit être intelligible (et nous sommes obligés de nous y tenir), alors il faut que sa bonté soit compatible avec l'existence du mal, et il n'en va de la sorte que s'il n'est pas tout-puissant. C'est alors seulement que nous pouvons maintenir qu'il est compréhensible et bon, malgré le mal qu'il y a dans le monde ». Jonas s'empresse d'ajouter alors que cette puissance limitée ne l'est pas selon le bon-vouloir de Dieu de manière révocable : Dieu ne peut pas retrouver sa toute-puissance et modifier le cours des choses… » Pourquoi ? Tout simplement à cause du libre arbitre.

Du libre arbitre

La métaphore de l’Univers connecté comme celle de la Double causalité présuppose le libre arbitre, le nôtre comme celui du Vivant. Voici quelles en sont les principales conséquences :

1. Notre univers à 4 dimensions est fait de 5% environ de la matière et de l’énergie globale du Tout. Il lui faut, selon tous les modèles testés sur ordinateur, un apport extérieur pour tenir en équilibre.

2. Cet apport vient littéralement du Futur, en fait du vide quantique. Le vide a une structure, et l’énergie du vide (dont l’équivalent-masse du volume d’un proton est exactement celui de la masse de l’univers) assure la cohésion de l’Univers. Il a été démontré que cette chose que nous appelons "le vide de l’espace" est en fait remplie d’énergie. La géométrie en parfait équilibre d’une infinité scalaire de cuboctaèdres est la raison pour laquelle l’énergie infinie du vide (le plénum, l’éther, l’énergie de point zéro, la mousse quantique, l’espace, le champ source, Dieu, la conscience cosmique, l’amour universel, ou appelez-le comme bon vous semble) nous apparaît comme quasi nulle car l’énergie est dans un état d’équilibre parfait à toutes les échelles.

3. L’Univers est holographique : c'est l'espace qui définit la matière et non la matière qui définit l'espace. "Rappelez-vous que la matière est faite de 99,9 % d'espace"- dit Haramein. La seule chose qui existe, c'est justement le point, la singularité. Et chaque point est un centre à part entière de l'Univers qui contient toute l'information et est connecté à tous les autres points.

4. Les trous noirs répondent à une distribution fractale : ils sont répartis depuis l’infiniment petit (distance de Planck) jusqu’à l’échelle cosmologique (l’univers, qui est lui-même un trou noir). Les galaxies et les étoiles contiennent un trou noir en leur centre.

5. Cela présuppose l’existence d’un multivers, d’univers parallèles innombrables pouvant aller jusqu’à 10100 auxquels il faut ajouter des dimensions supplémentaires aux 4 définies classiquement, entre 7 et 11 selon les modèles théoriques.

6. Nous sommes de la poussière d'étoiles, littéralement...L'être humain moyen a approximativement 100 trillions de cellules et chacune d'entre elles est constituées d'environ 100 trillions d'atomes, qui furent à l'origine créés au sein

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d'une étoile. Les atomes de votre main peuvent très avoir été créés dans une autre étoile que ceux de votre pied, donc, par définition, nous sommes des êtres galactiques puisque les structures mêmes qui composent nos corps viennent de partout dans l'univers...

7. Tout vibre dans l'Univers ; pour reprendre la phrase d'Albert Einstein : « tout est énergie » ou « tout est vibration », TOUT est énergie, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Tout est vie dans l'Univers, donc TOUT est énergie et "état vibratoire". L’espace lui-même est constitué de paquets d’énergie discrets réellement minuscules : la plus petite vibration que le spectre électromagnétique puisse produire, la Longueur de Planck.

8. Ces minuscules paquets sont en quelques sorte les "pixels" qui composent notre Univers, et puisqu’ils ne sont pas carrés mais sphériques Haramein les appelle "voxels ", qui s’organisent en un réseau géométrique 3D de Fleurs de Vie où les sphères sont parfaitement imbriquées les unes dans les autres.

9. L'univers est un champ d'énergie holographique sans limite infiniment incorporé qui ne cesse d'en apprendre plus sur lui-même par la résonance de la seule chose qui relie toutes choses : l'ESPACE.

10. L'Univers est une spirale qui tend vers l'immobilité en son centre (singularité) à toutes les échelles, des galaxies aux ouragans, des fleurs aux atomes, jusqu'à ... nous. "Si vous dirigez toute votre attention vers la singularité (zone de calme) qui est en votre centre, - nous dit Haramein - toute l'information contenue dans l'Univers est à votre disposition car l'Univers est un champ unifié holofractographique scalaire infini où toute l'information est présente en chaque point (singularité)."

11. Notre univers a été en quelque sorte fécondé par quelque chose venu d’ailleurs. 12. Nous sommes en permanence reliés par des trous de verre à l’énergie du vide, à

travers l’espace, par la rotation rapide de formes géométriques spécifiques qui affectent simultanément le corps et l’esprit d’un individu. C’est un véhicule qui peut aider le corps, l’âme et l’esprit, à accéder et à expérimenter d’autres niveaux de réalité ou de potentiels de vie. Elle permet d’accéder à de nouveaux niveaux de conscience et qui aide les humains à atteindre leur plein potentiel. L'élévation du niveau de rotations modifient notre cerveau, les glandes pituitaires et pinéale notamment, notre ADN et bien sûr les structures géométriques des corps émotionnel, mental et spirituel. Mais nos représentations du monde et nos convictions intimes vont déterminer ce que chacun peut recevoir en retour en fonction de la quantité de résistance émise à l’entrée des informations dans notre vie.

13. Cela ne peut se faire que par le biais d’une Conscience cosmique non localisée au cerveau. En fait, nous nous synchronisons avec un au-delà au réel, le divin, via une Conscience plus vaste, notre Âme sans doute, mais en tous cas à travers une onde gamma spécifique, teintée de sérénité, de reconnaissance et d'émerveillement, produite par le réseau neuronal du cœur ; cela nécessite, pour qu'elle émerge pleinement, un abaissement des filtres d’encodage de la réalité ordinaire issus de notre mental conditionné. Alors seulement, nous pouvons nous ajuster à la Dimension Source qui prendra ensuite le relais via notre Âme-Esprit ; Elle seule est en lien avec tous les possibles de l'Univers.

14. Cet ajustement se fait aussi par le centre neuro-cardio-vasculaire, par le chakra du cœur. Notre cœur produit des champs électriques 100 fois plus puissant que celui du cerveau et électromagnétique 5000 fois plus puissant que celui de notre cerveau qui changent notre corps et notre monde (500 fois plus que le cerveau), ce qui en fait un organe central chez l'être humain. Les nombreux oscillateurs

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biologiques de l'organisme vont se synchroniser sur cet oscillateur majeur qui va influencer par les ondes gamma toutes les molécules constitutives de l'organisme ainsi que les réactions chimiques dans lesquelles celles‐ci sont impliquées.

15. Nous recevons également par la Conscience cosmique quelque chose de l'ordre de la tendresse nous est donné, en tous les cas le sentiment d'être à la maison, dans notre vraie dimension d'être connectée avec le Tout. Cet ajustement ne réclame aucune tension volontariste : juste un consentement, un libre abandon confiant qui puisse laisser venir l'Aide et la Présence divine.

16. Nous échangeons en permanence, à chaque moment, des informations avec le divin (la Singularité, le vide quantique, la divine matrice, etc.) : nous lui en donnons et nous en recevons en retour. L'échange d'information se fait donc en permanence vers l'intérieur et vers l'extérieur à la vitesse de la lumière. Ce champ magnétique définit aussi le fonctionnement de la conscience qui n'est évidemment pas localisée dans le cerveau ; c'est une antenne en connexion avec un champ, et cela se fait via le liquide céphalo-rachidien qui oscille à certaines fréquences.

17. Nous lui disons Qui et Ce que nous voulons être, Ce que nous croyons pouvoir recevoir ou non, nos croyances et nos convictions profondes, notre état de santé ou de maladie, nos attentes et nos souhaits. Notre partenaire va devoir respecter ces informations, et nous donner en retour des informations si – et seulement si – ce n’est pas en violation avec les personnes ou l’environnement concernés.

18. Cette influence venue du Futur échappe aux lois connues de notre univers tout simplement parce nous sommes dans un multivers. Mais rien toutefois ne nous sera donné par imposition ni par ingérence du divin dans notre vie et dans notre environnement.

19. Le libre arbitre est la signature du divin, son autolimitation, sa marque de respect absolu. Il faut donc abandonner les représentations liées à une obéissance, à toute obligation, contrainte, menace de jugement, punition, privilèges ou mérites personnels.

20. Nous recevons de l’aide par rétro causalité, par réduction d’états, sans qu’elle soit de notre fait, sous formes d’intuitions, d’inspirations, de prémonitions, de coïncidences ou de synchronicités. « C'est la rétroaction du futur vers le présent qui transforme le hasard en libre arbitre, grâce à l'éveil de la conscience (P.Guillemant). »

21. En résumé, nous sommes tous UN, l’univers faisant l’expérience de lui-même. Cette approche nécessite d’en finir avec les représentations d’un univers hostile dans lequel nous n’aurions pas notre place ! Tout indique le contraire. Mais il s’agira d’oser sortir des sentiers battus. D’oser identifier ce qui nous empêche d’avoir un rapport harmonieux d soi à soi notamment. Comme le démontre Pierre Bühler14, Nous sommes tous placés sous le signe de l'angoisse qui est fondamentalement ce vertige qui me saisit devant l'incertitude et la fragilité de la vie : tout est possible, tout peut arriver, rien n'est garanti. Rien n'est absolument sûr ; l'avenir est inconnu : suis-je livré au néant ? Naît alors une double angoisse : celle de la faute et celle du possible qui toutes deux engagent ma responsabilité. Avec pour conséquence un mélange de fatalisme et de culpabilité, l'illusion de pouvoir y échapper ou de les maîtriser. De les fuir ou de les subir.

14 In Le problème du mal et la doctrine du péché, Labor et Fides, 1976.

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Fondamentalement, la structure de la vie est celle de l'appel-réponse ; le croyant est à l'image de Dieu dans la mesure où il faut correspondre sa vie à l'instance dernière Nous sommes fondamentalement notre relation au monde et aux autres ; ma qualité d'humain se joue toujours dans une existence toujours engagée concrètement dans des relations multiples : en relation avec soi-même, les autres et le monde; et mon identité m'est donnée dans une adéquation aux relations vécues, dans cette compréhension globale qui me permet de m'adapter à ma réalité quotidienne. Le mal va se définir ici comme inadéquation - et non pas seulement comme un acte mauvais - car je reste redevable de la prise en charge de mon attitude fondamentale Devant le monde et devant Dieu comme instance suprême. L'existence en forum conduit à l'existence en procès conduit par ma conscience morale que je peux refuser, nier ou contourner. Revendiquer mes errances ou les minimiser. Dans l'activité et la passivité qui pourtant se situe face à l'angoisse du bien et du mal, dans une fascination-répulsion, dans une activité passive et une passivité active, dans un mensonge illusoire et une illusion mensongère. Pour sortir de ce cadre normatif, la foi chrétienne nous propose de désespérer de tout, de nous défaire de nos attaches et même du désespoir auquel nous aimerions nous accrocher. Le salut devra venir de l'extérieur. Le péché va donc ici se définir comme refus de Dieu comme instance dernière de jugement, comme désespoir devant Lui, refus de toute relation : c'est l'insubordination et l'incroyance. Avec Luther il convient de reconnaître notre situation : " Nous concluons donc que Dieu ne peut devenir sage, juste, vrai, fort, bon, etc. que si, croyant en lui et lui faisant place, nous confessons que nous sommes insensés, injustes, menteurs, faibles, mauvais. C'est pourquoi l'humilité et la foi sont nécessaires (commentaire aux Romains, p. 218)." Quand le reconnais, je suis reconnu, quand je justifie Dieu, je suis justifié. Quand je fais place à Dieu, le péché est vaincu ; je suis mort avec le Christ et ressuscité, justifié en lui. Je reçois un nouveau lieu d'existence qui me permet de vaincre l'illusion du péché, d'une existence assumée sans Dieu. C'est en lui et par lui que je peux être sage, juste, fort, bon, dans cette reconnaissance toujours à refaire dans la conscience simultanée de la puissance du péché et de celle de la grâce ; je suis à la fois juste et pécheur, condamné et sauvé, etc. Dès lors, nous n'avons pas à sauver le monde mais à lui tenir tête, en accomplissant ce qui s'impose comme évidence éthique et politique. La foi ne supprime pas le péché elle le pardonne, et rend par-là possibles de nouveaux choix. Une reconnaissance de ce qui faisait mon malheur. « Dans mon passé, j’étais prisonnier de moi-même. Je vivais angoissé sans me rendre compte de cette angoisse qui avait prise sur toutes mes attitudes. Par lâcheté ou par paresse je refusais de me prendre pour ce que je suis, je refusais d’être moi-même, de m’accepter. Et ce refus quant à moi était du même coup le refus de la possibilité que Dieu m’offrait d’une liberté authentique. Ou bien par présomption je m’affirmais moi-même dans une mauvaise foi, une inauthenticité que je ne comprends que maintenant. Dans l’un et l’autre cas j’étais prisonnier des attitudes que j’avais moi-même posées et cette captivité ne m’était connue que par sa saveur écœurante.15 » La méprise au sujet de l’obéissance se précise, car la possibilité d’une liberté authentique passe désormais par le repentir, par la confiance-conscience d’avoir à lâcher le défi ou le déni en se laissant tomber en Dieu, dans la dynamique du libre arbitre par lequel l’avenir reste ouvert et le passé compréhensible. Nous voici aux antipodes d’une obéissance à des lois, rites ou principes religieux ! Notre identité de croyant est fondamentalement celle du pécheur-pardonné, et

15 Pierre-André Stucki, Le christianisme et l’histoire d’après Kierkegaard, 1963, Verlag für Recht und Gesellschaft AG Basel, p.162.

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nul ne peut y échapper. Refuser cette identité est du plus haut comique car elle est offerte, la dénier est du plus haut tragique car il ne peut y avoir aucune libération dans l’obéissance ni dans l’autosuffisance ! Toutes deux sont prisonnières de l’auto-justification /suffisance /valorisation /glorification /proclamation /complaisance. L’apport de Jésus Christ a été décisif sur ce point dans la déconstruction de ces formes de violence même si l’Ancien et le Nouveau Testament contiennent encore malheureusement trop de références à un dieu guerrier, punisseur, colérique et arbitraire qui endurcit le cœur du croyant désobéissant, le livre au péché ou le menace des affres de la Géhenne. Nous avons ici projeté au Ciel nos fantasmes et nos imperfections humaines ! Espéré magiquement contourner l’appel à la liberté authentique par une soumission de façade voulant amadouer un Père sévère mais juste. C’est alors un dieu à l’image de l’homme ! La référence au sacrifice expiatoire de Jésus en est un exemple : quel Père en effet livrerait son fils aux affres de la croix pour laver la désobéissance de tous ? Seul un fou, un pervers narcissique ou un sadique le ferait ! Nous sommes plutôt invités à revoir de toute urgence nos références au divin. La révélation d’une liberté authentique nous conduira immanquablement à lutter et protester contre le fatalisme qui la nie au motif d’une lecture tragique de l’histoire ou de la condition humaine. Ainsi, dans son interprétation du livre de Jonas, Olivier Bauer réfute-t-il à juste titre cette propension au tragique en nous donnant à goûter le message central du conte : « Aujourd’hui, je veux redire cette protestation contre deux adversaires. Contre un fatalisme aux allures scientifiques, je dirai : « Non, tout ce que tu es, tout ce que tu fais n’est pas déterminé par ta carte génétique, ton signe du zodiaque, ton appartenance sociale, ton sexe ou ton quotient intellectuel ! Ce qui te détermine te garantit un espace de liberté. Tu peux être celui que tu veux être. » Contre un fatalisme aux allures religieuses, je dirai : « Non, tout ce que tu es, tout ce que tu fais n’est pas prévu par un Dieu qui compte et qui juge ! Dieu te ménage un espace de liberté et de responsabilité. Tu peux prendre le risque de lui faire confiance ; tu profiteras alors de sa bonté.16 » Est-ce bien raisonnable ? Non assurément car le désir de croire ne peut se fonder lui-même : comme l’a démontré l’école de Palo Alto, il est la réponse à l'invitation à croire, qui elle-même est la réponse à la question de Dieu, qui elle-même est le résultat imprévisible à des événements aléatoires survenus dans l'histoire humaine, sous les traits de personnages particuliers, qui eux-mêmes sont le résultat imprévisible d'événements aléatoires survenus dans leur vie d'où découle le désir de croire ! La même circularité se retrouve dans cette question banale mais forcément insoluble : Dieu dans sa perfection est-il au-dessus des lois de sa propre création ou leur est-il lui-même soumis ? Pour le dire autrement : Qui a créé Dieu ? Ou encore : peut-il créer un rocher qu'il ne pourrait pas porter ? La création est la réponse au pouvoir créateur de Dieu qui lui-même devrait être en toute logique l'émanation du pouvoir qui a créé Dieu, qui lui-même présupposerait le pouvoir du pouvoir qui a créé Dieu, etc. Dans le cas inverse, si Dieu est soumis aux lois de sa création, il est limité, donc lui-même soumis à d'autres lois, qui elles-mêmes dépendent d'un autre sous-groupe, etc. Cette circularité de la question du sens ouvre un gouffre béant dans la mesure où elle condamne l'homme à l'irrationnel, à l'impossibilité d'atteindre les vérités dernières ; Watzlawick signale ce paradoxe majeur à propos de la foi : « La question pressante, et toujours sans réponse, est de savoir comment concilier la faiblesse et la nature peccable de l'homme avec l'exigence de ne pas pécher (p.211). » Le croyant vit dans le

16 In Le jeu de Dieu et de Jonas, éd. du Moulin, 1996, p.78.

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dilemme défini comme insoluble : il est partagé entre sa nature humaine, donc faillible, et le modèle de vie parfaite, l'imitation du Christ que la religion exige de suivre ! C'est le paradoxe du « sois spontané ! », qui introduit obligatoirement une double contrainte. Si j'accepte ma nature humaine faillible, je ne peux obéir en même temps à l'exigence de perfection. Mais si j'obéis à l'injonction de vivre parfaitement, je suis obligé de récuser ma nature faillible, ce qui est impossible.

Le paradoxe est construit de telle sorte qu'il contient deux injonctions contraires inconciliables. La solution est donnée dans la sortie du cadre imposé ou défini, ici l’antagonisme entre la nature faillible et l’exigence de perfection. Il est possible de concilier l’un et l’autre dans une conscience tragi-comique : je ne peux ni être toujours faillible ni constamment parfait. Seul Jésus Christ a dépassé cette tension humaine et c’est pourquoi nous le considérons comme le

fils adoptif de Dieu qui nous libère pour l’amour, la gratuité, le don de soi, la compassion, etc. Cela nécessite le respect du postulat du libre arbitre et avec lui de se reconnaître vulnérable. Il s’agit tout d’abord de reconnaître le poids du mortifère. Qui ne l’a pas ressenti un jour ? Maurice Bellet, en tant que prêtre, théologien, philosophe formé à l’école de la psychanalyse, nous parle de ces personnes blessées dont la conviction profonde est double : il aurait mieux valu que je ne sois pas né(e) ; la vie est moche. Leur existence s’est enlisée dans le mortifère et l’archaïque : « L’impuissance ou le refus à vraiment naître, la contre-naissance qui est, pour qui l’éprouve, condamnation de son existence même. La violence, qui fait de l’autre un esclave, une chose ; l’amour y est, en vérité, haine, et même plus bas ; mépris. La solitude, l’enfermement en soi-même, et d’abord par le corps même : nul autre à aimer. L’enfermement dans le semblable, l’effet de miroir qui stérilise la relation. Le règne des fantasmes, de l’imaginaire qui réduit l’autre à ce qu’on y projette. La violence qui s’exerce par l’argent. La tromperie, la trahison, l’abandon. La stérilité. On peut y être jeté, on peut le faire subir à l’autre17. » Dès lors, pour sortir de là, de ce piège douloureux, il va falloir oser l’Inouï, l’Amour fraternel et consentir à notre cerveau moral en admettant notamment notre fragilité ontologique, plus particulièrement en fait notre vulnérabilité. Elle est une réalité incontournable chez tous. Car tous sont à risque d’être blessés, moi y compris. Au nom de cette fragilité ontologique, il y a lieu de définir un au-delà au Soi qui nous protège individuellement et collectivement tout en favorisant l'épanouissement de la vie. L'objectif demeure bien celui posé par Thierry Tournebise : « c'est sentir la vie en soi et autour de soi, c'est se percevoir et percevoir autrui. C'est savourer le bonheur de sentir palpiter l'existence dans ce qu'elle a de plus précieux et de plus intime. Qu'il s'agisse de peines ou de joies, ça palpite, ça se montre, ça se partage, ça se rencontre... » ; plus spécifiquement dit de manière spirituelle, c'est faire advenir cette joie imprenable du ce-sans-quoi nous serions livrés au néant et à la nuit de nos

17 Maurice Bellet, le Dieu pervers, éditions du Cerf, 1990, p. 252-253.

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pulsions archaïques, tout particulièrement à nos désirs et délires de puissance, de gloire, de jouissance… Nous aurons à faire un travail sur nous-mêmes : « Le rejet de la vulnérabilité découle le plus souvent de son association avec des émotions négatives comme la peur, la honte, le chagrin, la tristesse, la colère et la déception. Ce sont des émotions dont on ne veut pas parler, même quand elles affectent profondément la manière dont on vit, aime, travaille, dirige. Ce que la plupart des gens échouent à comprendre, et qu’il m’a fallu une décennie de recherches pour éclaircir, c’est que la vulnérabilité est également le berceau des émotions et des expériences qui font follement envie. La vulnérabilité est le terreau de l’amour, de l’intimité, de la joie, du courage, de l’empathie et de la créativité. L’endroit de l’envers du décor. Elle est la source de l’espoir, de la responsabilité et de l’authenticité. Quand on veut éclaircir ses objectifs et mener une vie plus spirituelle, la vulnérabilité est la voie à emprunter18. » Elle inclut la bienveillance : c'est «se montrer chaleureux et compréhensif envers soi-même en cas de souffrance, d'échec ou

de défaillance, plutôt que d'ignorer sa peine et de se flageller. » Elle signifiera aussi d’accepter d’être démuni, de se voir tel que l’on est, de ne pas avoir les réponses, d’être sensible à tout ce qui se passe autour de nous. La vulnérabilité nous donne l’expérience de l’Unité, plus de séparations, de barrières, de boucliers, de masques, juste être, savoir, percevoir et recevoir. Dieuser en somme avec l’Univers. Nous resterons vulnérables, jamais à l’abri

totalement de la souffrance. Etre vulnérable toutefois ne veut pas dire se laisser manipuler et accepter de faire tout ce qui est demandé. Il s’agit plutôt, comme nous y invite Maurice Bellet, à voir le « surgissement de noms, de visages, de corps, présences – non comme ce que je dois respecter, mais comme ce qui nous est donné », dans une compréhension première de l'être humain où l'amour peut être délié de la tristesse, de l'infernale dureté des logiques infernales menant à la destruction. Il le sera dans l’Évangile par le principe de réciprocité nous invitant à faire (et ne pas faire) aux autres ce qu’on voudrait qu’ils nous fassent : un principe élémentaire destiné à empêcher les rapports humains d’être meurtriers. « Et il est ajouté plus tard : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C'est donner comme vérité à l'amour non point la référence à mon désir (« ce que tu veux qu'ils te fassent »), mais quelqu'un d'autre, une autre vie ; qui pourtant ne me parle ainsi que d'être, en un autre sens, qui je suis. Je suis ce Christ, qui se présente comme l'amour que j'ai à vivre, à condition de ne le revendiquer en rien ; car je le suis dans la rupture, dans la déchirure fondamentale de Je, en tant que Je serais le Seul. C'est-à-dire que l'amour n'est pas seulement ce que je veux, ou même ce qui m'advient, à moi sujet ; l'amour est ce qui précède l'être en l'être humain ; il n'y a de vérité que d'écoute et communion. Et cette vérité précède tout, y compris la raison même. Mais au final « quiconque aime est né Dieu et connaît Dieu ». » Placide Gaboury le résumait ainsi : « Nous sommes faits pour être harmonisés, en paix, créateurs et heureux. Nous sommes faits pour apprendre à aimer, nous sommes des centres d’amour et de compassion encore peu dégrossis, manquant de constance et de rectitude. La vie nous engage à

18 http://www.inrees.com/articles/vulnerabilite-force-plutot-que-faiblesse/

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aimer, elle ne fait que cela vraiment. » Refuser cette vérité est du plus haut tragique car cela nous aliène à l’archaïque en l’humain, l’oublier est comique car nous passons à côté de notre identité véritable et somme toute de la Vie. Nous sommes faits

pur apprendre à aimer tout ce qui est juste, bon, beau, vrai, sincère, utile, agréable ou nécessaire ! En fonction de ce qui se présente à nous, de ce que nous pouvons réaliser, des demandes, souhaits et attentes que nous confions à l’Univers dans la dynamique du libre arbitre. Le défi sera de vivre dans cet amour qui précède l’être en l’être humain, de l’éveiller avant toute chose. De s’y référer fermement aux bons comme au moins bons jours. De s’y risquer librement sans se faire violence, s’obliger, ni faire le fier ! Comme nous y invite en somme St-Augustin : « Aime et fais ce que Tu veux. Si Tu Te tais, tais-Toi par Amour,

Si Tu parles, parle par Amour, Si Tu corriges, corrige par Amour, Si Tu pardonnes, pardonne par Amour. Aie au fond du cœur la Racine de l'Amour : De cette racine, de mauvais rien ne peut sortir. » Il s’agit comme l’a bien vu Georges Haldas d’un retournement fondamental illustré par Jésus Christ. Sa résurrection est emblématique de ce passage du monde de l'espace-temps ordinaire

avec toutes ses vicissitudes au non espace-temps, à l'éternité où tout est inversé. Et toute la vie du Christ renvoie à ce retournement fondamental où la vie succède à la mort, à cette insurrection contre ce qui nous fait office d'évidences. « Dans le monde économique plus vous dépensez, relève Georges Haldas, plus vous vous appauvrissez. Dans le Royaume du non espace-temps, c'est tout le contraire. Plus vous vous dépensez pour l'autre, plus vous vous enrichissez. » Le Christ ne nie ni le biologique, ni le social. Il est au-delà. « Cette vie de

résurrection telle qu'elle est ouverte par le Christ, commande une manière d'être qui se prépare maintenant en choisissant de vivre une vie de relations marquées par l'anti-puissance, par l'anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui. »

L’humour libérateur

Comment vivre une vie de relations marquées par l'anti-puissance, par l'anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui ? Cette tâche éthique n’est-elle pas globalement au-dessus de nos forces ? Elle le sera si nous tombons dans le piège de la tension entre l’absolu et le relatif qui nous invite sans cesse à relativiser ce qui ne devrait pas l’être – l’absolu – et à rendre absolu ce qui devrait rester dans le domaine du relatif. Souvent, cette tension se traduit par des sentiments ou des passions, comme par exemple l'impuissance, la résignation, la haine ou la révolte. Par rapport à ces affects, l'humour peut fonctionner comme un principe libérateur, déchargeant le sujet éthique du poids psychique des inhibitions et lui procurant le plaisir d'une démarche librement assumée. Pierre Bühler nous invite à voir dans le rire et le pleur le domaine propre à l'humour, que l'apôtre Paul exprimera dans sa belle invitation : « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. » (Romains 12,15). L'humour est ici ce mouvement de sympathie au sens propre du terme, partage des passions et des

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souffrances, des sentiments dans le pleur et le rire. Par conséquent, l'humour sera justement la liberté non pas de se protéger, de se mettre à l'abri des sentiments pénibles, mais bien plutôt de s'y exposer pleinement, la liberté d'assumer consciemment les tensions qui y sont inscrites, comme le souligne ici le couple du rire et du pleur. Dans ce sens, on pourra dire qu'il y a, entre humour et amour, bien plus qu'une simple consonance. Il se pourrait bien que par son double mouvement, l'humour soit le régulateur de l'amour, relançant constamment ce dernier lorsqu'il s'épuise, lui rappelant sa limite lorsqu'il s’absolutise. Parlant des difficultés d'aimer, Max Frisch remarque que l'amour se trouve sans cesse pris au piège des images que les humains se font les uns des autres, dans le sentiment de pouvoir connaître l'autre et de fixer cette connaissance dans une opinion bien arrêtée : « Aussitôt que nous croyons connaître l'autre, c'est la fin de l'amour, chaque fois, mais cause et effet ne se suivent peut-être pas dans l'ordre que nous imaginons — ce n'est pas parce que nous connaissons l'autre que notre amour s'éteint, mais l'inverse ; parce que notre amour s'éteint, parce que sa force s'est épuisée, voilà pourquoi l'autre cesse d'exister pour nous. Tu n'es pas celle ou celui que je pensais, dit celui ou celle qui est déçu. Mais que pensait-on donc ? On pensait que l'autre était une énigme ; mais l'homme n'est-il pas toujours une énigme, captivante, mais qui finit par nous lasser ? On se fait une image. C'est cela l'indifférence, la trahison. 19» Entre humour et amour, la tension pourrait se révéler salutaire et fonctionner comme un ressort spirituel permettant une suspension du jugement à même d’éviter l’objectivation de l’autre par des images projetées sur lui : pourquoi ne pas lui laisser précisément l’espace dans lequel il pourra continuer de tracer son chemin de vie ?

Sur un plan plus personnel, la tension de l’humour et de l’amour se vit comme une tragi-comédie. Kierkegaard suggérait que l’humour est le passage par lequel le croyant doit passer lorsqu’il retourne dans le monde pour y vivre et y agir coram Deo en tant que pécheur-justifié, à la fois fort et faible, juste et pécheur, capable d’imaginer la référence ultime sans pouvoir lui être totalement fidèle, un croyant qui sait avec reconnaissance avoir besoin de la grâce divine et de son pardon libérateur. Ce travail de l'humour aux confins de l’amour reconnaissant protège des idolâtries et des faux sérieux : c’est travail de sanctification. Un travail salutaire pour la foi, si elle veut demeurer lucide et sereine en même temps. La lucidité pourrait nous conduire au désespoir, en ouvrant devant nous les abîmes de la conscience aigüe des limites

humaines. La sérénité pourrait nous bercer d'illusions et nous faire croire que nous sommes déjà au-delà de toutes les difficultés. Nier qu’une sérénité soit possible est hautement tragique, fuir la lucidité et hautement comique. Seul l'humour nous permet de tenir ensemble dans ce monde la lucidité et la sérénité, d'aimer ce monde soi-même et les autres, dans l'esprit de la lucidité sereine ou de la sérénité lucide. Nous serons forcément défaillants, pris en flagrant délit d’exagérer ou de minimiser, de juger, de condamner de réduire l’autre à une caricature, ou à l’inverse de l‘idéaliser. Pris en défaut de générosité, de charité ou de compassion. En lutte pour monter sur la première marche du podium, ou tenter par l’effacement de se faire

19 Max FRISCH, Journal 1946-1949, Paris, Gallimard, 1964, p. 28ss.

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oublier. Les occasions de faillir, de rater la cible des relations marquées par l'anti-puissance, par l'anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui ne manquent pas ! Nous retomberons forcément dans les travers humains du non-amour : dans nos délires et désirs narcissiques, sadiques u masochistes. Nous aurons donc grand besoin de pratiquer l’humour, de consentir à cette tension tragi-comique qui permet une secondarité, de prendre distance et de ne pas tout ramener au Seul, à nos aises et plaisirs, nos intérêts du moment ou notre épanouissement personnel. Cela étant, toutes les formes d’humour ne se valent pas ; « L’humour est la politesse du désespoir », assurait Oscar Wilde. Pour Freud, il était « la plus haute réalisation de défense de l’homme ». Quand l’humour n’est pas un outil de décentration, il devient une fin en soi permettant de goûter immédiatement le bien-être et de s’assurer la sympathie des autres. Il peut être aussi détourné par les esprits caustiques, utiliser pour se moquer, se gausser, ou encore comme autodérision. Cet humour-là se transforme alors en un exercice purement égoïste visant à mettre l’autre à distance. Il peut être mystification, volonté de tromper, de berner (quelqu'un de naïf), généralement pour s'amuser à ses dépens ; Sinon, blague, canular, farce, fumisterie, etc. souvent gratuites. En plus sophistiqué, elle sera répartie paradoxale pour dénoncer des présupposés, de faux accords ou de fausses complicités. C’est une manière de se dégager du besoin de partager des sentiments semblables de gravité par exemple face à l’épreuve ou face à la fragilité. L’humour peut être enfin un pouvoir pervers basé sur une volonté déguisée de toute-puissance ; il se cachera souvent derrière un « c’était pour rire ! » Nous le retrouvons en politique qui émaille un discours de plaisanteries ou dans l’humour vache, grossier et méchant qui faut dans le règlement de compte déguisé ; l’ascendant sur autrui par le rire peut mener à la manipulation. En effet, comment reprocher quoi que ce soit à quelqu’un qui nous fait sourire ? D’ailleurs, peut-on rire de tout ? Faire de l’humour raciste, négationniste ? Franchement, le doute est permis ! L’approche du rire salvateur de Pierre Bühler n’a évidemment rien à voir avec ces formes perverties. Il est au contraire une pratique de la lucidité sereine et de la sérénité lucide dont le but est de nous conduire à vivre en pécheur-pardonné notre condition humaine.

Une complicité joyeuse

Au moment où Spinoza (1632-1677) entame son Traité pour la réforme de l’entendement, il est en quête d’une éthique – d’une façon de vivre et de penser – en accord avec notre nature humaine qui devait inclure la totalité âme-corps, donc aussi nos émotions et nos désirs. Or, le philosophe hollandais déteste les passions, qui nous rendent esclaves : trop souvent, nous subissons la tristesse paralysante, le désespoir, la colère, tellement obsédante, la crainte et la superstition. Comment s’en dégager ? Par quel moyen ? Pour le philosophe, la joie suprême ne réside pas dans le passage à l’acte compulsif, dans l’assouvissement de nos fantasmes, mais dans l’action éclairée par la connaissance. Plus nous connaissons, plus nous comprenons, plus la joie croît en nous et plus, simultanément, nous devenons meilleurs et plus forts. Dans notre approche du rire salvateur plus nous connaissons la nécessité de la lucidité sereine ou celle de la sérénité lucide, plus nous serons dans la cible, dans la joie de

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pouvoir vivre en complicité avec le divin. C’est ainsi que nous serons harmonisés, en paix, créateurs et heureux. Ainsi que nous pourrons apprendre à aimer, même si nous manquons de compassion, de constance et de rectitude. Pour Maurice Bellet, l’ennemi, c'est la tristesse absolue, sans forme, sans mot ni visage, l’innommable. Elle est silence, communion avec l'en-bas. Déchéance - d'un être humain défait, méprisable, hors chemin, maudit – assimilée à la folie, la décrépitude, au crime, à la vie ratée, au mensonge. Rien n'est grandeur ni splendeur ; tout y est compulsion, obsession, haine, répétition de rite, chute et désespérance ; en tout premier lieu manque de cette première assurance qui devrait nous protéger de la haine et du goût de la destruction. L'en-bas campe dans la tristesse d'être, d'être là, qui je suis, de subsister sans remède. Cassure livrée aux émotions infernales, d'une irrépressible amertume qui contamine tout, sans que ça puisse se soigner. Et il y a l'en-bas de l'en-bas traversée par la honte, la haine et la peur, toutes trois rapportées à soi. Ce lieu-là, il faut le traverser pour en sortir. Mais comment ? Il fascine en autant de « je ne peux pas m'en empêcher. » C'est la mort qui parle en toute horreur. Rien ne s'entend. Bête de l'abîme ou tout s'abîme. Pourrissement du cœur et de l'âme. Pas de miséricorde, donc pas de Dieu, juste un maître flou, champion de toutes les fureurs et férocités ; celles des incapables et des meurtriers besogneux qui veulent construire un monde-camp, un camp heureux où les humains ne sont que des pions interchangeables sur l'échiquier gigantesque d'un en-bas peint en rose, un camp sous anesthésie. Impossible de poser une vue simple et cohérente : l'horreur du monde a contaminé aussi les bienfaits et les progrès de la civilisation, comme par en-dessous. La haine est affaire humaine : elle n'est pas chez les animaux ; elle veut la destruction par tous les moyens, pulsion indicible qui se ré-duplique en haine dans la haine, honte dans la honte, etc. Pour la guérir, il faudrait la dureté de la tendresse qui ne cède rien au pouvoir du meurtre. Une haine absolue de la mort, qui est amour envers tout l'homme et tous les humains. C’est ainsi que la vie nous engage à aimer, elle ne fait que cela vraiment. Nous sommes invités d’en-haut à y consentir dans une complicité joyeuse. Nous vivrons dans ce retournement fondamental où la vie succède à la mort, à cette insurrection contre ce qui nous fait office d'évidences. Non plus dans la logique marchande de la valeur ajoutée, pas plus dans l’obsession de l’avoir et du paraître. Nous serons plutôt dé-fascinés, en désintoxication permanente, en ruptures signifiantes avec nos désirs et délires de puissance, de jouissances et de gloire ; en quête de cet au-delà à l’immanence qu’il nous est donné de vivre dans l’ouverture à l‘Univers connecté par notre Conscience cosmique. Bienheureuse transcendance qui s’ouvre sur un temps neuf où tout est possible : « Cette vie de résurrection telle qu'elle est ouverte par le Christ, commande une manière d'être qui se prépare maintenant en choisissant de vivre une vie de relations marquées par l'anti-puissance, par l'anti-meurtre, par une manière de vivre bénéfique pour autrui. » En ces résurrections nous est donné le « ce-par-quoi » le Néant et l’archaïque sont combattus. Il est comme l’appelait Maurice Bellet cette divine douceur que nous recevons en retour de la Singularité.

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La divine douceur20 est paix, profonde paix, paix miséricordieuse, apaisement. C'est une main douce et maternelle, qui sait, qui conforte, qui répare sans heurt, qui remet dans la juste place. C'est un regard comme celui de la mère sur l'enfant naissant. C'est une oreille attentive et discrète, que rien n'effraie, qui ne juge pas, qui prend toujours le parti du bon chemin d'homme, où l'on pourra vivre même l'invivable. Elle est ferme comme la bonne terre sur qui tout repose. On peut s'appuyer sur elle, peser sans crainte. Elle est assez solide pour supporter la détresse, l'angoisse, l'agression, pour tout supporter sans faiblir ni dévier. Elle est constante comme la parole du père qui ne plie pas. Ainsi est-elle le lieu sûr où je cesse d'être à moi-même frayeur. C'est pourquoi c'est sottise de la croire faiblesse. Elle est la force même, la vraie, celle qui fait venir au monde et fait croître. L'autre, celle qui détruit et tue, n'est que l'orgie de la faiblesse. Mais la divine douceur sauve tout, elle veut tout sauver. Elle ne désespère jamais de personne. Elle croit qu'il y a toujours un chemin. Elle est inlassablement inlassable à enfanter, soigner, nourrir, réjouir et conforter. La divine douceur est charnelle, elle est du corps. Elle ne se passe pas en idées et discours, en décisions, en états d'âme. Elle ne se soucie pas d'exhorter ou d'expliquer. Elle est dans les mains, le regard, les lèvres, l'oreille attentive, le visage, le corps entier. Elle est dans les gestes du corps. Elle est l'âme aimante du corps agissant. Elle est la beauté aimante du corps humain. La divine douceur est sans preuve. Elle ne se donne pas par des arguments, des explications, des justifications. Elle paraît naïve et désarmée devant le soupçon ; en fait, elle y est indifférente. Car elle se goûte. Pourquoi divine ? parce qu'elle ne serait pas humaine ? C'est tout l'inverse : elle est divine d'être humaine, entièrement humaine en vérité. Elle est l'amour d'amitié. Elle est l'amour par-delà l'amour, parce qu'elle ne cherche ni preuve, ni satisfaction, ni possession, ni rien de semblable. Elle ne se donne pas par devoir, mais par goût. Elle ne sait même pas qu'elle se donne. Elle est d'un naturel exquis. Elle peut se faire service, et de mille façons. Mais elle est d'abord elle-même, ô douceur divine, et ce don-là précède tous les autres. Elle est présence, elle est hospitalité, elle est parole échangée. Elle est compassion. Elle est la discrétion même. Oh, qu'elle est désirable ! Elle est le sel de la vie. Mais le moment où on le sait est celui de la douleur. Car c’est le moment où justement, elle manque tellement à notre vie ! L’objet vers lequel la lucidité sereine ou de la sérénité lucide se porte, se tourne, est ancrée dans une double conviction : celle d’avoir en Dieu une source incomparable d’Amour qui nous est acquise de manière absolue, inconditionnelle et sans partage ; celle enfin que Source couvre tout, espère tout, endure tout ! C’est une expérience unique de plénitude et de joie. Une Bonne Nouvelle prévenante : « C'est Dieu qui par amour se retire de nous afin que nous puissions l'aimer. Car si nous étions exposés au rayonnement direct de son amour, sans la protection de l'espace, du temps et de la matière, nous serions évaporés comme l'eau au soleil ; il

20 L'épreuve, ou le tout petit livre de la divine douceur (DDB - 1988)

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n'y aurait pas assez de je en nous pour abandonner le je par amour (S. Weil, La Pesanteur et la grâce, 1943, p. 41). » Ici le lâcher-prise vécu dans l’humilité sait que l’univers nous répond, que Dieu est fondamentalement Amour et Bonté, et rien d’autre. Plus cette conviction intime pourra se purifier, devenir lumineuse, plus elle sera efficace, dans nos choix et nos demandes, dans la première comme dans la seconde causalité. Mais nous ne pouvons y accéder qu’en ayant suspendu le pouvoir de la mort et celui du désespoir, c’est-à-dire cette présence de la peur, de la colère, de la tristesse, qui peut se condenser encore en honte et en haine. Il faudra nus souvenir que « Jésus n’aurait pas pu ni vivre, ni agir, ni accomplir sa mission à travers sa vie dramatique, il n’aurait pu exercer ses pulsions actives (ou phalliques) s’il ne s’était pas constamment senti pris par Dieu, épris de Dieu et possédé par Dieu21 » Dans les mots de Paul, la lumière divine brille en nos cœurs pour nous conduire à la connaissance de celle qui a brillé en Christ. Cette œuvre-là ne nous appartient pas en propre : nous la portons dans des vases d’argile, la connaissance est puissance supérieure de Dieu, une révélation, une découverte, une expérience à recevoir d’En-Haut, toujours dans cette tension tragi-comique d’une sérénité lucide et d’une lucidité sereine qui nous permet de mieux remplir notre Esprit de cette divine douceur avant de nous tourner vers l’action. Alors, nous ne sommes plus dans la pesanteur de l’illusion et du mensonge, dans celle du déni ou de la fuite. Nous pouvons œuvrer dans la conviction intime que la mort, tout comme l’absurde, le néant ou l’hostilité présumée de l’univers ne sont pas des vérités tangibles ; l’Amour est donc Tout, douceur divine et complicité joyeuse, à vivre dans cette sérénité lucide et cette lucidité sereine. En osant l’Inouï, comme dans cette histoire vraie : Dans une petite ville de I 'Indiana, Tom, un garçon de 15 ans, fut atteint d'une tumeur au cerveau. La chimiothérapie lui fit perdre tous ses cheveux, et il appréhendait beaucoup de revenir au lycée... chauve. Il imaginait déjà le regard des autres, les filles qui le montraient du doigt, les moqueries. Ses parents I 'accompagnèrent jusqu'au lycée en voiture. Aux abords de son école, il vit un de ses copains qui arrivait lui aussi... chauve. Puis un autre. Et encore un autre. En arrivant au lycée, il finit par comprendre : Tous les élèves de sa classe s'étaient fait tondre ! D'un coup l'appréhension la honte la peur s'envolèrent comme par enchantement. Des larmes de joie et de bonheur lui vinrent aux yeux. Nous pourrions ainsi dire avec Ken Keyes : « Chacun d’entre nous a l’occasion, le privilège d’apporter sa contribution en créant un monde qui soit bon pour tous. Voilà qui demandera du courage, de l’audace et du cœur. Voilà qui est bien plus radical qu’une révolution, c’est le début d’une transformation de la qualité de vie sur notre planète. Vous avez le pouvoir de donner le coup d’envoi dont l’écho se répandra tout autour du monde. Si ce n’est pas vous, qui ?

Si ce n’est pas maintenant, quand ? Si ce n’est pas ici où ? »

Ainsi va la Route du temps… Philippe Nussbaum, décembre 2016.

21 Françoise Dolto, la Foi au risque de la psychanalyse, éd. Seuil p. 77.