1 Descriptif de la séance 26juin2013 4 - lhg-voiepro.ac...

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1 SUJET D’ÉTUDE : ACTEURS, FLUX ET RÉSEAUX DE LA MONDIALISATION Un lieu de la mondialisation, le port de commerce de Naples Ce travail a été conçu et réalisé en 2010-2011 par Annie Lafon (PLP au lycée E. Delacroix, Drancy) et Sébastien Masse (PLP au LP A. Costes, Bobigny) dans le cadre du groupe de réflexion sur l’enseignement de l’histoire-géographie-éducation civique en lycée professionnel de l’académie de Créteil. Durant l’année 2010-2011, ce groupe de travail réunissait également C. Basile, P. Bertranne, A. Brélivet, A. Foliot, C. Glaymann, C. Jacquelin, F. Jiquel, F. Milleville, S. Perrin et A. Vesta. Cette proposition de travail peut constituer une séance introductive au premier sujet d’étude de géographie en classe de Première Baccalauréat professionnel (Acteurs, flux, réseaux de la mondialisation) Bien évidemment, elle ne vise pas à traiter ce sujet d’étude dans son intégralité ; elle ne se substitue pas non plus aux situations énoncées dans le programme. Cette séance doit permettre aux élèves d’appréhender quelques caractéristiques et enjeux fondamentaux de la mondialisation à partir de la description littéraire d’un lieu : le port de commerce de Naples. Elle doit également leur permettre de comprendre que la réflexion géographique, le vocabulaire et les outils disciplinaires qu’elle propose constituent un vecteur pertinent de compréhension et de connaissance du monde contemporain et de ses territoires. En tentant de saisir le phénomène de la mondialisation à partir d’une étude menée à l’échelle locale, il s’agit non seulement d’ancrer le travail dans la réalité concrète d’un espace mais surtout de saisir la dynamique même de la mondialisation qui « intègre les économies et les territoires dans un système planétaire ». Le choix d’un texte littéraire permet également de mener un travail en relation avec le programme de lettres (voir ci-dessous, étape 2). Présentation du travail p. 1 à 4 Annexes : p 5 à 16 - Annexe 1a : incipit du texte de Roberto Saviano p. 5 - Annexe 1b : incipit du texte avec mention des indices relevés p. 6 - Annexe 2 : intégralité du texte de Roberto Saviano p. 7 à 9 - Annexe 3a : document-support pour l’étude du texte p. 10 et 11 - Annexe 3b : document-support avec relevés des indices textuels p. 12 et 13 - Annexe 4 : éléments de vocabulaire pour décrire un port de commerce p. 14 - Annexe 5 : production-élève : croquis de synthèse p. 15 - Annexe 6 : photographie du port de Naples p. 16 - Annexe 7 : photographie satellitaire du port de Naples p. 16 Document : Roberto Saviano, Gomorra - Dans l'empire de la camorra, Gallimard, Folio, 2009, 480 pages, p. 15 à 23. Quelques problématiques possibles : - Que se passe-t-il dans le port de Naples ? - Le port de Naples est-il un lieu de la mondialisation ? - Quels aspects de la mondialisation révèle le port Naples ?

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SUJET D’ÉTUDE : ACTEURS, FLUX ET RÉSEAUX DE LA MOND IALISATION

Un lieu de la mondialisation, le port de commerce d e Naples

Ce travail a été conçu et réalisé en 2010-2011 par Annie Lafon (PLP au lycée E. Delacroix, Drancy) et Sébastien Masse (PLP au LP A. Costes, Bobigny) dans le cadre du groupe de réflexion sur l’enseignement de l’histoire-géographie-éducation civique en lycée professionnel de l’académie de Créteil. Durant l’année 2010-2011, ce groupe de travail réunissait également C. Basile, P. Bertranne, A. Brélivet, A. Foliot, C. Glaymann, C. Jacquelin, F. Jiquel, F. Milleville, S. Perrin et A. Vesta. Cette proposition de travail peut constituer une séance introductive au premier sujet d’étude de géographie en classe de Première Baccalauréat professionnel (Acteurs, flux, réseaux de la mondialisation) Bien évidemment, elle ne vise pas à traiter ce sujet d’étude dans son intégralité ; elle ne se substitue pas non plus aux situations énoncées dans le programme. Cette séance doit permettre aux élèves d’appréhender quelques caractéristiques et enjeux fondamentaux de la mondialisation à partir de la description littéraire d’un lieu : le port de commerce de Naples. Elle doit également leur permettre de comprendre que la réflexion géographique, le vocabulaire et les outils disciplinaires qu’elle propose constituent un vecteur pertinent de compréhension et de connaissance du monde contemporain et de ses territoires. En tentant de saisir le phénomène de la mondialisation à partir d’une étude menée à l’échelle locale, il s’agit non seulement d’ancrer le travail dans la réalité concrète d’un espace mais surtout de saisir la dynamique même de la mondialisation qui « intègre les économies et les territoires dans un système planétaire ». Le choix d’un texte littéraire permet également de mener un travail en relation avec le programme de lettres (voir ci-dessous, étape 2).

• Présentation du travail

p. 1 à 4

• Annexes : p 5 à 16 - Annexe 1a : incipit du texte de Roberto Saviano p. 5 - Annexe 1b : incipit du texte avec mention des indices relevés p. 6 - Annexe 2 : intégralité du texte de Roberto Saviano p. 7 à 9 - Annexe 3a : document-support pour l’étude du texte p. 10 et 11 - Annexe 3b : document-support avec relevés des indices textuels p. 12 et 13 - Annexe 4 : éléments de vocabulaire pour décrire un port de commerce p. 14 - Annexe 5 : production-élève : croquis de synthèse p. 15 - Annexe 6 : photographie du port de Naples p. 16 - Annexe 7 : photographie satellitaire du port de Naples

p. 16

• Document : Roberto Saviano, Gomorra - Dans l'empire de la camorra, Gallimard, Folio, 2009, 480 pages, p. 15 à 23.

• Quelques problématiques possibles : - Que se passe-t-il dans le port de Naples ? - Le port de Naples est-il un lieu de la mondialisation ? - Quels aspects de la mondialisation révèle le port Naples ?

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Etape 1 : Etude de l’incipit

L’incipit (annexe 1a ) s’apparente à la relation d’un fait divers. Il invite à mener une investigation à partir de trois questions classiques : Où? Qui ? Quoi ? Le travail consiste d’abord à relever les indices textuels qui permettent de répondre à ce questionnement (annexe 1b ). Cette étape peut être complétée par des documents iconographiques et/ou par de rapides recherches individuelles permettant d’emblée de préciser et de visualiser certains termes, notamment ceux relatifs au territoire décrit : un port de commerce (annexe 4 par exemple). Puis, il s’agit de résumer oralement ce fait divers en mobilisant lexique et notions relevant du champ géographique (port de commerce, marchandises, Europe, Asie, migration du travail, migration clandestine, mondialisation). L’étude de cet incipit est donc aussi l’occasion, pour les élèves, d’appréhender un vocabulaire disciplinaire, d’apprendre à l’employer de façon pertinente, de saisir l’intérêt et l’importance de nommer les choses de manière géographique. Dans la mesure du possible, on s’appuiera ici sur les pré-acquis du groupe-classe. Enfin, cet incipit peut trouver un prolongement pertinent dans l’étude d’une des situations relevant de ce sujet d’étude : les migrations internationales. Cette seconde phase du travail peut ensuite donner lieu soit à la rédaction d’une trace écrite commune soit à la production écrite individuelle d’un article de journal relatant ce fait divers. Afin d’inciter l’élève à mobiliser un lexique géographique, on pourra d’emblée imposer un sous-titre à cet article, par exemple : « drame de la mondialisation ». L’utilisation pertinente de ce lexique dans la production écrite sera un critère essentiel d’évaluation.

Etape 2 : Etude de la suite du texte (annexes 2a et 2b)

La longueur du texte et les difficultés lexicales et littéraires qu’il contient peuvent être chronophages et dissuasives. Afin d’éviter ces problèmes, il est possible :

- de préparer et faciliter le travail effectué en cours par une lecture préalable, individuelle et à domicile.

- d’exploiter la possible bivalence de la séance : un travail sur la langue (le lexique, les champs lexicaux, la place de l’émetteur et ses interventions, etc.) relève ainsi du champ disciplinaire des lettres. On remarquera également qu’une des difficultés de ce texte réside dans le recours à de nombreuses descriptions métaphoriques, connaissance dont l’acquisition est explicitement au programme de Première Bac Pro.

- enfin, on peut diviser la lecture du texte en deux parties ; l’étude de la seconde pourra être menée en groupe.

On peut lire une première partie de la suite du texte, allant de la ligne 24 à 108 (« Tout ce qui a été fabriqué passe par le port de Naples […] ils se mélangeaient dans mon esprit. »)

Cette partie s’achève par un paragraphe dans lequel le narrateur avoue sa difficulté à appréhender et comprendre la réalité de ce lieu et de ce qui s’y passe. Ce sentiment et son expression sont d’ailleurs récurrents dans ce texte. L’identification du lecteur au narrateur légitime ainsi le travail à mener sur ce texte.

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Dès lors, l’enjeu est d’essayer de comprendre ce qui se passe à Naples. Pour cela, il s’agit d’abord de reprendre, en l’enrichissant et en le complexifiant, le questionnement mis en place pour l’étude de l’incipit. L’annexe 3a reprend ce questionnement initial : ce document-élève, une fois complété (annexe 3b ), constituera la trace écrite du travail effectué. Plus largement, il s’agit ici de définir et faire comprendre aux élèves la méthode d’analyse d’une situation, quelle qu’elle soit, et les champs de questionnement qu’elle induit : localisation, éventuellement multiscalaire, distinguant les lieux de provenance des lieux de transit et de destination (Où ? D’où ? Vers où ? Par où ?), identification et catégorisation des acteurs (Qui ?), des actions et des procédés (Quoi ? Comment ?). Le travail à mener ici est un moment de réflexion essentiel : ce questionnement, qui détermine le travail géographique à mener sur le texte, ne saurait donc être donné aux élèves, il est à déterminer et à formuler avec eux. Cette compétence, dont la transversalité va bien au-delà du seul champ géographique, s’ordonne ici selon une finalité déterminée : comprendre ce qui se passe à Naples, c’est d’abord étudier ce qui y passe et comment cela y passe ; c’est ainsi comprendre l’échange et la manière dont il s’organise ; c’est donc appréhender la notion de flux. La recherche des indices est menée en groupes, le champ de recherche de chaque groupe étant circonscrit à un questionnement précis (première colonne du tableau – annexe 3a ) Afin d’éviter aux élèves un fastidieux travail de recopiage des informations, il est préférable de demander un relevé direct sur le texte en adoptant un code-couleurs identique à celui utilisé dans l’incipit. Ensuite, les relevés effectués par chaque groupe sont mis en commun et pris en notes par les élèves (annexe 3b , colonne – indices textuels relevés). Cette étape donne également lieu à un classement de ces indices tel qu’il apparaît dans la mise en page des informations de cette même colonne. La dernière colonne est le produit d’un travail de conceptualisation, de synthèse et de reformulation. De par la réflexion géographique et la mobilisation de savoirs disciplinaires qu’elle nécessite, cette dernière étape de la séance est menée sous la direction et le contrôle de l’enseignant. L’apport de connaissances sous une forme magistrale ne doit pas être écarté, si cela s’avère nécessaire, À cette trace écrite pourra s’ajouter la réalisation d’un croquis ou d’une carte à compléter (exemple d’une production élève en annexe 5 ) : tout en travaillant sur quelques figurés essentiels (représenter un mouvement, un flux ; figurer un espace, etc.), on proposera ainsi aux élèves un autre vecteur de mémorisation. Enfin, on pourra éventuellement étudier plus spécifiquement le passage de la ligne 91 à 97 (« Il serait intéressant […] qu’aucun être humain n’aura jamais ») qui permet de préciser les notions de mondialisation, de libre-échange et de division internationale du travail.

Etape 3 : mise en perspective

Afin d’éviter une étude centrée exclusivement sur Naples et limitée à un texte littéraire, il est souhaitable de prolonger le travail par l’étude de documents d’autre nature permettant de replacer le phénomène de mondialisation à l’échelle internationale. En particulier, on pourra étudier une carte des principaux ports à conteneurs du monde ainsi qu’une carte des échanges commerciaux dans le monde, afin de localiser et d’identifier pôles, flux

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et réseaux. Ces documents sont aisément consultables dans de nombreuses publications ainsi que dans des manuels. D’autres ressources proposées sont également susceptibles de prolonger et de compléter le travail mené :

- une photographie du port de Naples : celle proposée à titre d’exemple en annexe 6 permet de visualiser immédiatement et facilement la rupture de charge. Au-delà de la simple illustration du texte étudié, l’image permet ici de réinvestir rapidement le lexique disciplinaire appréhendé dans cette séance.

- une photographie satellitaire du port de Naples (annexe 7) : il s’agit ici d’une capture d’écran extrait du site www.marinetraffic.com, dont l’intérêt et le possible usage en cours vont bien au-delà de cette seule image. Ce site propose en effet, gratuitement et en temps réel, une cartographie des mouvements des navires dans le monde entier. Les fonctionnalités du site permettent également de visualiser ces informations à l’échelle mondiale comme à l’échelle locale et d’identifier le type de navire localisé (navires de plaisance, cargos, navires de pêche, etc.). Le site, sa consultation et son usage, permettent ainsi aux élèves d’appréhender un aspect de la mondialisation de façon active, simple et attractive. Plus spécifiquement, une rapide consultation comparative des mouvements de navires dans la baie napolitaine et dans tout autre port de commerce majeur permettra aux élèves de saisir que, si Naples est un lieu de la mondialisation, il n’est cependant pas l’un des plus importants. Enfin, on trouvera une présentation précise de ce site dans le numéro 104 de la revue Mappemonde, consultable en ligne, (http://mappemonde.mgm.fr/num32/internet/int11401.html) ainsi que d’utiles captures d’écrans des principaux ports, routes et détroits.

- deux extraits de la série américaine The wire (2003), dont la deuxième saison se concentre sur le port de commerce de Baltimore. Le premier extrait (saison 2, épisode 1, de 53’ 40’’ à la fin de l’épisode) montre une situation proche de celle évoquée dans l’incipit : la découverte, par les autorités portuaires, de cadavres d’immigrés clandestins dans un conteneur à quai. Le seconde extrait (saison 2, épisode 3, de 42’ à 44’15’’) permet de répondre de façon simple et rapide à une incompréhension récurrente et légitime des élèves à la lecture du texte de Roberto Saviano : comment un conteneur entier peut-il disparaître ? comment sa marchandise peut-elle être dérobée ? Conclusion

Le texte fournit deux passages facilitant une transition vers une deuxième séance consacrée à une des situations proposées dans les programmes : le circuit mondial d’un produit. L’un est un constat : « 70 % du volume des exportations de textile chinois transitent par le seul port de Naples. » L’autre est une attente : « Il serait intéressant de pouvoir repérer quelque part non seulement le lieu où les marchandises sont produites, mais aussi le trajet qu'elles suivent pour arriver jusqu'au consommateur.» Après avoir étudié un lieu de la mondialisation, la problématisation de ces deux extraits introduit ainsi à la séance suivante, consacrée à la situation sur le parcours mondial d’un produit.

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Le conteneur oscillait tandis que la grue le transportait jusqu'au bateau. Comme s'il flottait dans l’air. Le sprider, le mécanisme qui les reliait, ne parvenait pas à dompter le mouvement. Soudain, les portes mal fermées s'ouvrirent et des dizaines de corps tombèrent. On aurait dit des mannequins. Mais lorsqu'ils heurtaient le sol, les têtes se brisaient bien comme des crânes. Car c'étaient des crânes. Des hommes et des femmes tombaient du conteneur. Quelques adolescents aussi. Morts. Congelés, recroquevillés sur eux-mêmes, les uns sur les autres. Alignés comme des harengs dans une boîte. Les Chinois qui ne meurent jamais, les éternels Chinois qui se transmettent leurs papiers d'identité : voilà où ils finissaient. Ces corps dont les imaginations les plus débridées prétendaient qu'ils étaient cuisinés dans les restaurants, enterrés dans les champs près des usines ou jetés dans le cratère du Vésuve. Ils étaient là et s'échappaient par dizaines du conteneur, leur nom inscrit sur un carton attaché autour du cou par une ficelle. Ils avaient tous mis de côté la somme nécessaire pour se faire enterrer chez eux, en Chine. On retenait une partie de leur salaire, en échange de laquelle, après leur mort, leur voyage de retour était payé. Une place dans un conteneur et un trou dans quelque lopin de terre chinois. Quand le grutier du port m'a raconté cette histoire, il a placé ses mains sur son visage en continuant à me regarder à travers ses doigts écartés, comme si ce masque lui donnait le courage de poursuivre. Il avait vu s'abattre des corps et n'avait même pas eu besoin de donner l'alarme ou d'avertir qui que ce soit. Il avait simplement déposé le conteneur au sol et des dizaines de personnes, sorties de nulle part, avaient remis tous les corps à l'intérieur avant de nettoyer le quai avec un jet d'eau. C'est ainsi que ça se passait. Il n'arrivait toujours pas à y croire, il espérait que c'était une hallucination provoquée par un surcroît d'heures supplémentaires. Il a serré les doigts pour se couvrir complètement le visage et continuer à parler en pleurnichant, mais je ne comprenais plus ce qu'il me disait.

• Où sommes –nous ? � Les lieux, leur description • Qui sont les protagonistes ? � Les acteurs • Que se passe-t-il ? � Le fait divers

Annexe 1a

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Le conteneur oscillait tandis que la grue le transportait jusqu'au bateau . Comme s'il flottait dans l’air. Le sprider, le mécanisme qui les reliait, ne parvenait pas à dompter le mouvement. Soudain, les portes mal fermées s'ouvrirent et des dizaines de corps tombèrent. On aurait dit des mannequins. Mais lorsqu'ils heurtaient le sol, les têtes se brisaient bien comme des crânes. Car c'étaient des crânes. Des hommes et des femmes tombaient du conteneur. Quelques adolescents aussi. Morts. Congelés, recroquevillés sur eux-mêmes, les uns sur les autre s. Alignés comme des harengs dans une boîte. Les Chinois qui ne meurent jamais, les éternels Chinois qui se transmettent leurs papiers d'identité : voilà où ils finissaient. Ces corps dont les imaginations les plus débridées prétendaient qu'ils étaient cuisinés dans les restaurants, enterrés dans les champs près des usines ou jetés dans le cratère du Vésuve . Ils étaient là et s'échappaient par dizaines du conteneur, leur nom inscrit sur un carton attaché autour du co u par une ficelle . Ils avaient tous mis de côté la somme nécessaire pour se faire enterrer chez eux, en Chine. On retenait une partie de leur salaire , en échange de laquelle, après leur mort, leur voyage de retour était payé. Une place dans un conteneur et un trou dans quelque lopin de terre chinois. Quand le grutier du port m'a raconté cette histoire, il a placé ses mains sur son visage en continuant à me regarder à travers ses doigts écartés, comme si ce masque lui donnait le courage de poursuivre. Il avait vu s'abattre des corps et n'avait même pas eu besoin de donner l'alarme ou d'avertir qui que ce soit. Il avait simplement déposé le conteneur au sol et des dizaines de personnes, sorties de nulle part, avaient remis tous les corps à l'intérieur avant de nettoyer le quai avec un jet d'eau. C'est ainsi que ça se passait. Il n'arrivait toujours pas à y croire, il espérait que c'était une hallucination provoquée par un surcroît d'heures supplémentaires. Il a serré les doigts pour se couvrir complètement le visage et continuer à parler en pleurnichant, mais je ne comprenais plus ce qu'il me disait.

• Où sommes –nous ? Les lieux, leurs descriptions • Qui sont les protagonistes ? Les acteurs • Que se passe-t-il ? Le fait divers

Annex e 1b

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Le port

Le conteneur oscillait tandis que la grue le transportait jusqu'au bateau. Comme s'il flottait dans l’air. Le sprider, le mécanisme qui les reliait, ne parvenait pas à dompter le mouvement. Soudain, les portes mal fermées s'ouvrirent et des dizaines de corps tombèrent. On aurait dit des mannequins. Mais lorsqu'ils heurtaient le sol, les têtes se brisaient bien comme des crânes. Car c'étaient des crânes. Des hommes et des femmes tombaient du conteneur. Quelques adolescents aussi. Morts. Congelés, recroquevillés sur eux-mêmes, les uns sur les autres. Alignés comme des harengs dans une boîte. Les Chinois qui ne meurent jamais, les éternels Chinois qui se transmettent leurs papiers d'identité : voilà où ils finissaient. Ces corps dont les imaginations les plus débridées prétendaient qu'ils étaient cuisinés dans les restaurants, enterrés dans les champs près des usines ou jetés dans le cratère du Vésuve. Ils étaient là et s'échappaient par dizaines du conteneur, leur nom inscrit sur un carton attaché autour du cou par une ficelle. Ils avaient tous mis de côté la somme nécessaire pour se faire enterrer chez eux, en Chine. On retenait une partie de leur salaire, en échange de laquelle, après leur mort, leur voyage de retour était payé. Une place dans un conteneur et un trou dans quelque lopin de terre chinois. Quand le grutier du port m'a raconté cette histoire, il a placé ses mains sur son visage en continuant à me regarder à travers ses doigts écartés, comme si ce masque lui donnait le courage de poursuivre. Il avait vu s'abattre des corps et n'avait même pas eu besoin de donner l'alarme ou d'avertir qui que ce soit. Il avait simplement déposé le conteneur au sol et des dizaines de personnes, sorties de nulle part, avaient remis tous les corps à l'intérieur avant de nettoyer le quai avec un jet d'eau. C'est ainsi que ça se passait. Il n'arrivait toujours pas à y croire, il espérait que c'était une hallucination provoquée par un surcroît d'heures supplémentaires. Il a serré les doigts pour se couvrir complètement le visage et continuer à parler en pleurnichant, mais je ne comprenais plus ce qu'il me disait. Tout ce qui a été fabriqué passe par le port de Naples. Il n'est nul produit manufacturé, tissu, morceau de plastique, jouet, marteau, chaussure, tournevis, boulon, jeu vidéo, veste, pantalon, perceuse ou montre qui ne transite par ce port. Le port de Naples, cette blessure. Grande ouverte. Le point final des interminables trajets que parcourent les marchandises. Les bateaux arrivent, s'engagent dans le golfe et s'approchent de la darse comme des petits attirés par les mamelles de leur mère, à ceci près qu'ils ne doivent pas téter mais se faire traire. Le port de Naples est un trou dans la mappemonde d'où sort tout ce qui est fabriqué en Chine ou en Extrême-Orient, comme se plaisent encore à l'écrire les journalistes. Extrême. Lointain. Presque inimaginable. Si l'on ferme les yeux, on voit des kimonos, la barbe de Marco Polo ou le coup de pied latéral de Bruce Lee. En réalité, cet Orient est relié au port de Naples comme aucun autre endroit au monde. Ici, l'Orient n'a rien d'extrême, le très proche Orient, devrait-on dire, le moindre Orient. Tout ce qui est produit en Chine est déversé ici comme un seau d'eau qu'on vide dans le sable et dont le contenu détériore, creuse et pénètre en profondeur. 70 % du volume des exportations de textile chinois transitent par le seul port de Naples, ce qui ne représente pourtant que vingt pour cent de leur valeur. C'est une bizarrerie difficile à comprendre, mais les marchandises ont leur magie, elles peuvent être à un endroit sans y être, arriver sans jamais vraiment arriver, coûter cher au client tout en étant de qualité médiocre, et valoir peu aux yeux de la douane tout en étant précieuses. Car le textile regroupe de nombreuses catégories de biens et il suffit d'un trait de stylo sur le bordereau d'accompagnement pour réduire les frais et la T.V.A. de façon drastique. Dans le silence de ce trou noir qu'est le port, la structure moléculaire des choses semble se décomposer puis se recomposer une fois loin de la côte. Les marchandises doivent quitter très vite le port. Tout se déroule rapidement, au point que les choses disparaissent presque aussitôt. Comme si rien ne s'était passé, comme si tout n'avait été qu'un geste. Un voyage inexistant, un faux accostage, un bateau fantôme, une cargaison évanescente. Comme s’il n’y avait rien eu. Une évaporation. La

Annexe 2

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marchandise doit parvenir entre les mains de l’acheteur sans laisser de trace de son parcours. Elle doit rejoindre son entrepôt, vite, immédiatement, avant que le temps reprenne son cours, le temps nécessaire à un éventuel contrôle. Des quintaux de marchandises qui circulent aussi facilement qu’un pli livré à domicile par le facteur. Dans le port de Naples, avec ses un million trois cent trente-six mille mètre carrés et ses onze kilomètres et demi de longueur, le temps se dilate d’une façon inédite. Ce qui pourrait prendre une heure à l’extérieur semble y durer à peine plus d’une minute. La proverbial lenteur qui caractérise dans l’imaginaire collectif chaque geste d’un Napolitain est ici démentie, niée, brisée. Les premiers contrôles douaniers surviennent dans un laps de temps que les marchandises chinoises prennent de vitesse. Impitoyablement rapides. Ici, chaque minute semble annihilée, c’est un massacre de minutes, de secondes volées aux formalités, poursuivies par les accélérations des camions, tirées par les grues, emportées par les chariots élévateurs qui vident les entrailles des conteneurs. Dans le port de Naples opère le premier armateur d’Etat chinois, Cosco Group, qui possède la troisième flotte au monde et gère le plus grand terminal pour conteneurs en partenariat avec Mediterranean Shipping Company (MSC), propriétaire de la deuxième, dont le siège se trouve à Genève. Suisses et Chinois se sont associés et ont décidé d’installer à Naples la plus grande partie de leurs activités. Ils disposent de neuf cent cinquante mètres de quai, de cent trente mille mètre carrés de terminal pour les conteneurs et de trente mille mètres carrés de surface extérieure, absorbant la quasi-totalité des marchandises qui arrivent à Naples. Pour comprendre comment l’immense production chinoise peut s'appuyer sur une marche aussi petite que le port de Naples, il faut modifier l'échelle de son imagination. La métaphore biblique semble en l'occurrence appropriée : le port joue le rôle du chas d’une aiguille et les bateaux celui du chameau qui passera au travers. Proues qui se heurtent, énormes bâtiments en file indienne qui attendent à l'extérieur du golfe de pouvoir entrer, chaos de poupes qui tanguent et émettent des plaintes métalliques : tôles et boulons qui pénètrent lentement dans le petit trou napolitain, un anus de mer qui s'élargit et martyrise les sphincters. Mais non, ce n'est pas cela. Aucune confusion apparente. Les bateaux entrent et sortent en bon ordre, du moins c'est l'impression qu'on a en les observant depuis la terre ferme. Et pourtant cent cinquante mille conteneurs transitent chaque année par ici. Des villes entières de marchandises se dressent sur les quais avant d'être emportées ailleurs. L'atout du port est sa rapidité : la moindre lenteur bureaucratique, le moindre contrôle approfondi transformerait en paresseux, ce mammifère lent et lourd, le guépard que doit être le transport. Chaque fois que je vais sur le quai Bausan, je me perds. On dirait une construction en Lego : une immense structure qui ne semble pas avoir de place mais se la créer elle-même. Un coin du quai ressemble à un mur de nids de guêpes, des nids hybrides qui le remplissent tout entier : des milliers de prises électriques alimentant les conteneurs reefer destinés à la nourriture surgelée, dont la queue est attachée à chaque nid. Tous les bâtonnets de poisson et les surgelés Findus de la planète sont entassés dans ces conteneurs réfrigérés. Quand je vais sur le quai Bausan, j'ai le sentiment de voir l'endroit que traversent toutes les marchandises produites par l'espèce humaine. Le lieu où elles passent leur dernière nuit avant d'être commercialisées. C'est comme scruter l'origine du monde. En quelques heures transitent par le port les vêtements que porteront les adolescents parisiens pendant un mois, les bâtonnets de colin qu'on mangera à Brescia pendant un an, les montres qui orneront les poignets des Catalans, la soie qu'utilisera tout le textile anglais pendant une saison. Il serait intéressant de pouvoir repérer quelque part non seulement le lieu où les marchandises sont produites, mais aussi le trajet qu'elles suivent pour arriver jusqu'au consommateur. Les biens ont des nationalités multiples et bâtardes. Ils naissent pour moitié dans le centre de la Chine puis sont assemblés dans quelque banlieue d'Europe de l'Est. Ils sont conçus et développés dans le nord-est de l'Italie, fabriqués dans les Pouilles ou au nord de Tirana, puis se retrouvent dans quelque entrepôt européen. Les marchandises possèdent par essence un droit de libre circulation qu'aucun être humain n'aura jamais. Toutes les portions de route, tous les itinéraires officiels ou accidentels débouchent sur Naples. Quand les bateaux accostent au quai, les énormes porte-conteneurs complets (ou full-container load) ont l'air de petits animaux, mais dès qu'ils entrent dans le golfe et s'approchent lentement du quai, ils

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deviennent de lourds mammouths de tôle et de chaînes, aux flancs couverts de cicatrices rouillées qui dégoulinent d'eau. Des bateaux sur lesquels vivent des équipages pléthoriques, imagine-t-on, et dont débarquent au contraire des groupes de petits hommes qui semblent incapables de dompter de tels monstres en plein océan. La première fois que j'ai vu un bateau chinois accoster au port, j'ai cru me trouver devant toute la production du monde. Mes yeux ne parvenaient pas à compter, à estimer le nombre de conteneurs déchargés. Je ne réussissais pas à faire le calcul. Ça peut sembler difficile à croire, pourtant je m'y perdais, les chiffres étaient trop grands, ils se mélangeaient dans mon esprit. Aujourd'hui, à Naples, on réceptionne presque exclusivement des marchandises provenant de Chine, un million six cent mille tonnes par an. Officiellement. Et au moins un million de tonnes supplémentaires entrent sans laisser de trace. Selon la direction des douanes, soixante pour cent des marchandises ne passent pas en douane, dans le port de Naples, vingt pour cent des factures n'y sont pas contrôlées, cinquante mille cas de contrefaçon y ont été répertoriés (quatre-vingt-dix-neuf pour cent en provenance de Chine), et on estime à deux cents millions d'euros le montant des taxes non perçues chaque semestre. Les conteneurs qui doivent disparaître avant d'être inspectés se trouvent dans les premiers rangs. Chaque conteneur est dûment numéroté, mais beaucoup portent le même numéro. Ainsi celui qui est inspecté vaut-il pour tous ses homonymes illégaux. Ce qui est déchargé le lundi peut être vendu le jeudi à Modène ou a Gênes, ou bien se retrouver dans les vitrines de Bonn ou de Munich. Une grande partie des marchandises qui sont introduites sur le marché italien auraient seulement dû y transiter, mais la magie de ce passage en douane les autorise à s'y arrêter définitivement. Les biens ont une grammaire, une syntaxe pour les formalités, et d'autres pour le commerce. En avril 2005, quatre opérations déclenchées presque par hasard, à peu de distance l'une de l'autre, ont permis au service de la répression des fraudes de saisir vingt-quatre mille jeans destinés au marché français, cinquante et un mille objets provenant du Bangladesh et portant le label Made in Italy, environ quatre cent cinquante mille poupées, Barbie ou Spider-Man, plus quarante-six mille jouets en plastique, pour une valeur totale de près de trente-six millions d'euros. En une poignée d'heures, une miette d'économie qui passait par le port de Naples. Puis du port au monde. Et il n'est pas une heure ni une minute ou ce ne soit le cas. Les miettes deviennent des tranches, puis des morceaux et enfin des miches entières d'économie. Le port est à l'écart de la ville, un appendice toujours présent dans l'abdomen de la côte dont l'infection n'a jamais provoqué de péritonite. Certaines zones désertes sont coincées entre la terre et la mer mais semblent n'appartenir ni à l'une ni à l'autre. Un espace amphibie, une mutation aquatique. De la terre battue et des ordures : des années de déchets poussés vers la rive par les marées ont formé une nouvelle couche. Les bateaux vident leurs latrines et nettoient leurs soutes, laissant couler dans l'eau une mousse jaune. On répare les hors-bords et les yachts, on purge leurs moteurs, jetant tout dans la poubelle marine. Et tout se concentre sur la côte, formant d'abord une masse molle puis une croûte dure. Le soleil fait apparaître tel un mirage une mer faite d'eau, mais en réalité la surface du golfe est aussi brillante que des sacs-poubelle en plastique noir. La mer du golfe ressemble à une immense baignoire remplie d'hydrocarbures, non d'eau, et bordée par le quai couvert de milliers de conteneurs multicolores telle une barrière infranchissable. Naples est entourée par une muraille de marchandises, des remparts qui ne protègent pas la ville : c'est au contraire la ville qui défend ses remparts. Nulle part on n'aperçoit les bataillons de dockers, ni la pittoresque populace des ports. On imagine le port comme un lieu bruyant, envahi par des foules frénétiques, par le va-et-vient d'hommes cousus de cicatrices et parlant des langues improbables. C'est au contraire le silence d'une usine automatisée qui pèse sur lui. Il ne semble plus y avoir personne sur le port, et les conteneurs, les bateaux et les camions semblent animés par un mouvement perpétuel. Une vitesse qui ne fait aucun bruit.

Roberto Saviano, Gomorra Dans l'empire de la camorra, Folio Gallimard, 2009, 480 pages, p. 15 à 23.

10

Questions Indices textuels relevés Bilan

Où ?

Qui ?

D’où ?

Où ?

Vers où ? Annexe 3a

Annexe 3a

11

Quoi ?

Comment ?

12

Questions Indices textuels relevés Bilan

Où ?

L’origine des produits ce qui est fabriqué en Chine ou en Extrême-Orient 70 % du volume des exportations de textile chinois presque exclusivement des marchandises provenant de Chine un million six cent mille tonnes par an Centre de la Chine Europe de l'Est Nord-est de l'Italie Les Pouilles Tirana

DES PRODUITS PROVENANT POUR L’ESSENTIEL DE CHINE

Le port Le port de Naples : un million trois cent trente-six mille mètre carrés et ses onze kilomètres et demi de longueur /Les bateaux entrent et sortent en bon ordre / cent cinquante mille conteneurs transitent chaque année par ici /Des villes entières de marchandises se dressent sur les quais /On dirait une construction en Lego : une immense structure qui ne semble pas avoir de place mais se la créer elle-même / Le port est à l'écart de la ville Des milliers de prises électriques alimentant les conteneurs reefer / le silence d'une usine automatisée / Il ne semble plus y avoir personne sur le port, et les conteneurs, les bateaux et les camions semblent animés par un mouvement perpétuel

UN LIEU DE LA MONDIALISATION :

UN PORT DE COMMERCE A CONTENEURS

(porte-conteneur, conteneur, port de commerce)

La destination des produits les adolescents parisiens / Brescia / Les Catalans /Quelque entrepôt européen / Modène / Gênes / Bonn / Munich

DES PRODUITS DESTINES A

L’EUROPE

Qui ?

il suffit d'un trait de stylo sur le bordereau d'accompagnement pour réduire les frais et la T.V.A / contrôles douaniers / douane

L’ETAT

le premier armateur d’Etat chinois, Cosco Group Mediterranean Shipping Company (MSC), propriétaire de la deuxième, dont le siège se trouve à Genève

LES ARMATEURS

D’où ?

Où ?

Vers où ?

Annexe 3b

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Quoi ?

produit manufacturé, tissu, morceau de plastique, jouet, marteau, chaussure, tournevis, boulon, jeu vidéo, veste, pantalon, perceuse ou montre (l. 23 à 25) / Tous les bâtonnets de poisson et les surgelés Findus de la planète /les vêtements / les batônnets de colin / les montres /la soie

DES PRODUITS MANUFACTURES

cinquante mille cas de contrefaçon : jeans poupées, Barbie ou Spider-Man jouets en plastique

UN COMMERCE DE LA CONTREFACON

Comment ?

Le point final des interminables trajets (l. 25-26) cet Orient est relié au port de Naples comme aucun autre endroit au monde

(l. 23) / Transite (l. 25) / transitent par /

Des villes entières de marchandises se dressent sur les quais avant d'être emportées ailleurs/ Le lieu où elles passent leur dernière nuit avant d'être commercialisées / Toutes les portions de route, tous les itinéraires officiels ou accidentels débouchent sur Naples

LA MOBILITE

UN LIEU DE TRANSIT

les marchandises ont leur magie, elles peuvent être à un endroit sans y être, arriver sans jamais vraiment arriver, coûter cher au client tout en étant de qualité médiocre, et valoir peu aux yeux de la douane tout en étant précieuses.

ce trou noir

Tout se déroule rapidement, au point que les choses disparaissent presque aussitôt. Comme si rien ne s'était passé, comme si tout n'avait été qu'un geste. Un voyage inexistant, un faux accostage, un bateau fantôme, une cargaison évanescente. Comme s’il n’y avait rien eu. Une évaporation. La marchandise doit parvenir entre les mains de l’acheteur sans laisser de trace de son parcours. Elle doit rejoindre son entrepôt, vite, immédiatement, avant que le temps reprenne son cours, le temps nécessaire à un éventuel contrôle.

le temps se dilate d’une façon inédite. Ce qui pourrait prendre une heure à l’extérieur semble y durer à peine plus d’une minute.

L'atout du port est sa rapidité : la moindre lenteur bureaucratique, le moindre contrôle approfondi transformerait en paresseux, ce mammifère lent et lourd, le guépard que doit être le transport. Il ne semble plus y avoir personne sur le port, et les conteneurs, les bateaux et les camions semblent animés par un mouvement perpétuel

LE PRODUIT DANS L’ECHANGE

LE PRODUIT EN MOUVEMENT

UN FLUX

RAPIDITE DU TRANSIT

FLUX TENDU

LA MOBILITE

UNE ACTIVITE COMPLEXE, RAPIDE,

SECRETE (FLUX ILLICITES)

Mise en commun des indices textuels

relevés par les élèves dans le cadre du travail en groupes.

Apport de connaissances de l’enseignant

qui finalise également la trace écrite-bilan

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VOCABULAIRE : LES PORTS DE COMMERCE

Port : Espace naturel ou aménagé pour recevoir les navires, charger ou décharger leur cargaison, assurer leur entretien. (port de guerre, port de plaisance, port de pêche, port de commerce)

Commerce : Activité humaine qui consiste à échanger (acheter et vendre) des marchandises.

Conteneur (ou l’anglicisme container) : boîte métallique de taille standard adaptée à tout mode de transport et pouvant contenir jusqu’à 33 m3 de marchandises. Elle se stocke facilement, ne peut pas s’ouvrir facilement et se manipule aisément.

Un porte-conteneur est un navire de commerce spécialisé dans le transport de conteneurs.

Un port à conteneur est un port spécialisé dans l’envoi, la réception et le transit de conteneurs.

Rotterdam , www.oceanattitude.org (consulté le 22/06/2011)

Marchandise : Objet, produit, bien qui se vend et s’achète. Les marchandises en déplacement s’appellent le fret (le chargement, la cargaison). L’échange de marchandise se nomme le commerce .

Transit : passage temporaire et rapide d’une personne ou d’un bien à travers un lieu. (verbe : transiter) Vue aérienne du port de Shangaï (2011) : www.oceanattitude.org (consulté le 22/06/2011)

Espace maritime (transport maritime de marchandises par porte-conteneurs)

Grue

Quai

Espace terrestre (Route) (transport terrestre de marchandises par camions)

Aire de stockage des conteneurs.

Zone de transit

Porte-conteneur

Conteneur

Annexe 4

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Annexe 5

16

Port de Naples, avril 2010 © Collection particulière

www.marinetraffic.com (consulté le 15/06/2013)

Annexe 7

Annexe 6