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dossier La chanson dans le développement général de l'enfant, par Anne H. Bustarret I 95 La chanson pour enfants, par Françoise Tenier I 103 Les livres de chansons et leurs illustrations, par Évelyne Resmond-Wenz I 111 Rencontre avec Philippe Dumas, par Michèle Cochet I 121 Entretiens avec… Michèle Moreau, Martine Bourre, Rémi Courgeon, Olivier Balez, Cécile Hudrisier, Christian Voltz, Albert Lemant, Isabelle Chatellard, par Cécile Boulaire I 127 Pour la défense d’un art vivant. Entretien avec Marc Caillard, propos recueillis par Malika Ouazi I 143 Des animations autour de la chanson, par Véronique Soulé I 148 Pour en savoir plus I 155 La Chanson

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dossierLa chanson dans le développement général de l'enfant,

par Anne H. Bustarret I 95

La chanson pour enfants, par Françoise Tenier I 103

Les livres de chansons et leurs illustrations, par Évelyne Resmond-Wenz I 111

Rencontre avec Philippe Dumas, par Michèle Cochet I 121

Entretiens avec…Michèle Moreau, Martine Bourre, Rémi Courgeon, Olivier Balez,

Cécile Hudrisier, Christian Voltz, Albert Lemant, Isabelle Chatellard, par Cécile Boulaire I 127

Pour la défense d’un art vivant. Entretien avec Marc Caillard, propos recueillis par Malika Ouazi I 143

Des animations autour de la chanson,par Véronique Soulé I 148

Pour en savoir plus I 155

La Chanson

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La chanson

Pour qui veut permettre aux enfants de découvrir la chanson et ses plaisirs,

l’offre est riche et en plein essor : qu’il s’agisse de transmission

du répertoire traditionnel ou d’accès à la création contemporaine,

par le disque, le livre ou le spectacle vivant, pour écouter ou chanter

soi-même, voire créer ses propres chansons, les initiatives

et les propositions foisonnent : c’est de ce dynamisme et de cette

créativité d’un domaine artistique parfois méconnu que nous avons

souhaité donner un aperçu dans le dossier de ce numéro.

Après un article introductif d’Anne Bustarret qui rappelle le rôle essentiel

que joue la chanson dans le développement de l’enfant, Françoise Tenier

présente un large panorama des démarches artistiques adressées au

jeune public et donne des repères pour guider la découverte et les choix.

La partie centrale du dossier est consacrée aux livres de chansons :

Évelyne Resmond-Wens retrace l’histoire de ce « genre » à la fois

traditionnel et constamment renouvelé ; Philippe Dumas témoigne de

son expérience et livre la réflexion qui la soutient ; Cécile Boulaire donne

la parole à de nombreux acteurs du renouveau éditorial actuel.

Une dernière partie concerne les pratiques : Marc Caillard explique

les objectifs de l’association « Enfance et musique », tandis que Véronique

Soulé, à travers plusieurs exemples d’animations, montre la diversité

et la richesse de ces initiatives. On trouvera aussi en fin de dossier

une liste d’adresses et d’informations pratiques… ainsi que l’adresse

de la page qui, sur notre site, permet d’en savoir encore plus.

Eh bien, chantez maintenant !

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Non seulement, dès leur plus jeune âge, les enfants trouvent du plaisir à la chanson,mais celle-ci joue aussi un rôle essentiel dans leur développement. Anne Bustarret montre ce qu’elle apporte, aussi bien sur le plan de la motricité et du langage, que sur le planculturel et relationnel.

* Anne H. Bustarret est pionnière des discothèques de

prêt pour enfants en France, critique de disques et for-

matrice. Elle a également écrit plusieurs ouvrages de

référence dont L'Oreille tendre (pour une première édu-

cation auditive) et La Mémoire enchantée aux éditions

de l’Atelier.

C ontrairement aux adultes qui sesatisfont volontiers d'écouter leurchanteur préféré en disque ou en

spectacle, sans pour autant en chanterun seul titre, l'enfant, dès qu'il le peut,c’est-à-dire très tôt, va tenter de s'appro-prier la chanson en la chantant.Dans le couloir d’une crèche, un petit de20 mois répète sur 2 notes : aime papa…aime maman en se balançant d'unejambe sur l'autre sur le tempo juste où lachanson lui a été présentée le matinmême. Son plaisir est partout : dans sespieds, dans sa bouche et dans sa tête oùil laisse vibrer et résonner tous ces mmmet exploser ces ppp ! Évoque-t-il déjà en image ses parents ?Pas sûr, mais toute occasion de prononcerces mots familiers le rassure. « À l'aide desa petite ritournelle, l'enfant perdu dansle noir s'oriente... peut-être même sau-tille-t-il d'un pied sur l'autre... sa chansonmet un début d'ordre dans le chaos »

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La chanson dans le

développementgénéral de l'enfant par Anne H. Bustarret*

Une chanson qui vous tient au cœur, au corps et à l'esprit…

ill. A. Rosenstiehl :60 chansons,

60 comptines,Centurion Jeunesse

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écrit Gilles Deleuze dans l'introductiond'un essai sur la musique intitulé De laritournelle.Un an ou deux plus tard, le même enfantsi la chanson lui revient aux oreilles, surun disque, ou en famille, s'efforcera d'en-chaîner sans faute : ... mon p'tit chien,mon p'tit chat, mon p'tit frère... le voilàmaître d'une liste, premier jalon connu dela mémoire verbale ! Enfin vers cinq, sixans si la chanson fait toujours partie durépertoire familial à l'occasion de l’arrivéed'un petit frère, il prendra un malin plaisirà jouer la colère en chanson contre latante pas gentille et « mon cousin Nicolasqui m'a chipé mes billes.… » il prend desaccents, change les noms, les objets,improvise un nouveau couplet en gardantinstinctivement le bon nombre de syllabes(égal en général au nombre de notes de lamélodie) mais il se berce encore durefrain au fond de la voiture quand la nuitse pointe sur la route du week-end... Etpuis, un beau jour, la chanson disparaîtde son répertoire... elle n'est pas perdue,il la retrouvera peut-être comme père, etplus sûrement comme grand-père pour lachanter à nouveau à ses enfants ou sespetits-enfants. Ainsi se forme la tradition orale d'âge enâge ; un patrimoine culturel au traversduquel les uns et les autres établissentdes liens et se reconnaissent.Les chansons traditionnelles ne sont pasles seules à accomplir ce trajet, cellesd'Anne Sylvestre ou d'Henri Dès renais-sent pour la troisième ou la quatrièmegénération. Il faut dire que le développe-ment du disque pour enfants y joue sonrôle de bibliothèque sonore, il aide biensouvent les parents à retrouver l'air ou lesparoles des chansons de leur propreenfance, marquées de tout ce qui lesaccompagnait : le premier mange-cassette,

les voyages en famille où l'on chantaiten voiture, un bord de mer, la voix d'unegrand-mère toujours gaie... c'est toutcela qui se transmet avec la chanson.C'est donc « une chanson qui vous tientau cœur, au corps et à l'esprit » qu'ilnous revient d'examiner de plus prèsavec ce qu'elle apporte à l'enfant sur leplan de la psychomotricité, de l'oreille etde la voix, de l'élocution et du langage,de l'éveil à la poésie et à la musique, dela mémoire et de l'imagination, de l'af-firmation personnelle et de la sociabili-sation et ce, quel que soit l'âge de l'en-fant de 0 à 10 ans selon des mises enœuvre adaptées, individuelles ou collec-tives où le plaisir prédomine.

La chanson au corps Avec une infinie variété de petits rituels,le premier folklore enfantin s'approche dela comptine par sa forme courte, sa règlede jeu, sa pulsation marquée dans legeste, sa mélodie à l'amplitude réduite. Ils'adapte à chaque âge mais en liant tou-jours la posture, les chatouilles ou petitestapes au défilé du chant, au son mêmedes syllabes prononcées : belle minouche– caresse / content, content – tapette surla joue. Plus tard la sauteuse sur lesgenoux lui apprend l'équilibre et le dés-équilibre À cheval gendarme… et Ploufpar terre : la durée de la chanson lui per-met bientôt d'anticiper cette fin ; en com-plice du jeu il se jette en arrière un peuavant. Bientôt le voilà autonome et il estpersuadé qu'il chante lorsque ses mains,tapent, tournent, volent, ou nagent, sur lachanson : tapent, tapent petites mains...À deux ans ou plus on commence àchanter quelques syllabes de ce grandclassique.Les rondes regorgent de consignesimmédiates qui soutiennent l'attention

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et stimulent la motricité :demi-tour Sandra, demi-tour

Maria, belle, belle, belle,Embrassez-vous sur les deux

joues en caoutchouc !

En face à face, en miroir, on se touche,on se regarde, on s'imite, comme avecl'adulte lorsqu'on était tout bébé et cen'est pas fini, à huit ou neuf ans les tape-mains des cours de récréation lient uneélocution rapide à des gestes acroba-tiques et toujours en face à face et en setouchant. Le geste fait en chantant avaleur rythmique et sémantique et ilentraîne la voix dans son mouvement :

C'est le capitaine le capitaine dunavire / c'est le capitaine le capitaine duvaisseau

Helli Helo, remonté aussitôt,beurre beurre beurre de cacao !

Les bals chantés d'enfants, emmenés parles groupes folk-rock ont fleuri depuisune vingtaine d'années avec Amuletted'abord puis avec Imbert et Moreau ilsfont une grande place aux consignes :tout le monde saute et tout le mondebalance...Si on ne chante pas encore tous ensembleon écoute et on fait tous ensemble.

L'histoire de la chanson atteste de lagrande proximité de la chanson et de ladanse. Difficile dans tout cela de savoir sic'est le chant qui mène le jeu ou la dansequi tient le fil de la chanson et peut-êtrela dominante n'est pas la même pourchaque joueur, ce qui est sûr c'est que lavoix et l'élocution, elles-mêmes affairede motricité, y trouvent appui commeelles prendront plus tard appui pourchanter en chœur sur les gestes du chef.

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Enfantines, ill. P. Dumas, L’École des loisirs

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Écoute, voix et parole mises en jeupar la chanson « On oublie trop souvent, disait lepsychologue Jérôme Brunner, que laparole est d'abord un acte moteur » ;certes, mais non sans l'intervention del'oreille. Et l'on ne peut qu'évoquer icile disque Pouce de Steve Waring réalisépour les besoins de l'orthophonistechargée d'amener son fils trisomique àparler.

En effet la chanson est comme un moulepour la diction : souvent répétée elleredonne toujours dans le même ordre lesmêmes mots et sons à prononcer quiviennent à point nommé selon le rythmeimprimé à la mélodie ; l'enfant n'enrepère que quelques syllabes ou parolesau début puis comble petit à petit lesvides. C'est vrai pour l'enfant qui com-mence à parler, pour celui qui a undéfaut d'élocution comme pour celui quiapprend une langue étrangère.Par son écriture et sa structure la chansonoffre toutes sortes de manières de joueravec le son des mots coupés, syllabesrépétées, rimes insistées,

jamais on n'a vu, vu, vu /jamais on n'verra ra ra

la queue d'une souris ri ri /dans l'oreille d'un chat cha cha...ou, ailleurs les « souliers lilas lala » deMon âne.

De fait la chanson traditionnelle et la plu-part des chansons modernes pour lesenfants sont en général syllabiques (unesyllabe par note) ce qui en facilite beau-coup l'exécution :

mon pa-pa ne veut pas / que jedan-se, que je dan-se

mon pa-pa ne veut pas / que jedan-se la pol-ka.... il di-ra etc Les repères d'oreille et d'élocution se

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« Mon âne » in : Deuxième livre des chansons de France,

ill. R. Sabatier, Gallimard Jeunesse

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conjuguent : assonances en p et a, répé-titions de mêmes mots, sur le même airou un air parallèle (un ton plus bas) ; cetype d'écriture est repris par de grandsauteurs de notre patrimoine de la chan-son française comme Francis Lemarquedans ses chansons pour enfants quevient d'enregistrer Jacques Haurogné :Petit cordonnier t'es bête, bête... Comme il devient acrobate en tape-mains l'enfant devient vers sept, huitans expert en jeux de langues et virelan-gues qui abondent dans la chanson :c'est le gentil co kiki coco des mousta-ches mirbo joli du Bal des souris ou leMirlababi, surlababo / mirliton ribonribette de Victor Hugo... voilà de quoidélier les langues.Qu'en est -il de la voix et de sa justesse ?Encore une fois une histoire d'oreille, demotricité et d'imitation : chante qui a vuet entendu chanter autour de lui (et peuimporte au début si cela sonne faux oujuste) ; aussi le livre de chansons peut-ilêtre parfois préféré au disque s'il donnel'occasion à l'adulte de chanter pour l'en-fant. En chantant des mélodies simples,la voix de l'enfant s'affirme et s'ajuste, lachanson lui donne l'occasion de respireren fin de phrase ou de vers, de lier ou deséparer les notes et les syllabes, de mur-murer ou de chanter « à pleine voix »,d'explorer le grave et l'aigu de sa voix.Par répétition du modèle donné les sen-sations sont mémorisées, le chantdevient plus conscient et autonome.Or ces répétitions se multiplient dans lachanson héritée de la tradition orale oùl'un chante et les autres répètent enchœur :

Margoton va-t-à l'iau, avecqueson cruchon (bis) (1er vers répété)

La fontaine était creuse, elle esttombée au fond ( 2ème vers non répété )

Aïe aïe aïe aïe s'écrie Margoton(refrain ritournelle)

La fontaine était creuse, elle esttombée au fond (bis) (reprise vers 2 ducouplet 1)

Par là passèrent trois jeunes etbeaux garçons (2ème vers...)

Aïe aïe aïe aïe s'écrie Margoton(refrain ritournelle)

toutes ces répétitions immédiates oudifférées se combinent pour former une« chanson enchaînée », alors que d'au-tres répétitions se feront en « randon-née » ou chanson à récapitulation, ou àcompter et décompter etc. On retrouveici des structure souvent proches descontes. On pourrait aussi invoquer l'ef-fet théâtre de la chanson mise enscène, comme cela se produit de plusen plus souvent grâce aux mini opéras,comédies musicales et contes à chan-sons composés pour et chantés par desenfants quasi professionnels (le CREAd'Aulnay-sous-bois ou la maîtrise deRadio France dont on trouve des enre-gistrements) ou plus simplement dansles écoles et des petites chorales en find'année : une écoute et une prise deconfiance en soi, dans sa voix et dansles autres qui peut transformer lesenfants.

Sens poétique de la langue, approchedu patrimoine culturelL'enfant va d'abord prendre ses repèresdans chaque chanson à travers des motsqu'il reconnaît ou ceux qui sonnent àson oreille et l'oreille des enfants est trèsattirée par les assonances et les rimes ;à ce stade il y a égalité de chances pourle son et le sens : pour passer le ruis-seau Jean de la lune fit-il d'herbe unpont ou l'air pimpon comme le chan-

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taient mes enfants ? La poésie délicatedu paysage minuscule glisse vers le quo-tidien de la rue, véritable univers poé-tique d'un petit citadin de quatre ans. Ilest donc de plain-pied avec la poésiemi-sonique, mi-sensique ou non sen-sique et finalement humoristiqued'Anne Sylvestre :

Muse, musaraigne N'aime pas les châtaignes

N'aime pas les glands Ni la mousse Ni les pousses

Du sureau tout blanc

Muse musaraigne Les mouches la craignent

Et les vers luisants Mais pas les harengs

Ni les enfants Ni les éléphants !

Autre vertu du vers dans la chanson : ladécoupe en phrase courte, ou portion dephrase, portée par une mélodie qui sereferme dans le grave sur la fin.

L'araignée Gypsie monte à lagouttière.

Tiens voilà la pluie, Gypsietombe par terre.

Mais le soleil a chassé la pluie.L'araignée Gypsie r'monte à la

gouttière, etc.

en un geste arabesque qui se déroule letemps de chaque phrase, le mime prendici sa force dans le verbe, véritablemoteur de la phrase. On ne sait plus, làencore, s'il s'agit d'analyse musicale ougrammaticale, rien ne s'explique tout sesent et s'enregistre. Dans certaines chan-

sons fort longues, la phrase est réduiteau minimum :

Sur l'pont du nord, un bal y estdonné. (bis)

Adèle demande à sa mère d'yaller (bis)

Non, non ma fille tu n'iras pasdanser (bis) etc.

c'est à peine un récit, presque un scriptrimé en « é » pendant quinze couplets....Magnifique complainte (sans refrain)qui évoque les rites cruels du solsticed'hiver où une jeune fille (lune) étaitjetée à la rivière où son galant (soleil)devait la rattraper... beaucoup en mou-raient. La chanson abrite ainsi quantitéde légendes ou de périodes historiquesplutôt dramatiques : Le Petit navire seréfère aux légendes de vaisseau fantôme ;Auprès de ma blonde à la guerre contrel'Autriche sous Louis XIII ; par usureelles sont devenues chansons pourenfants. Aujourd'hui l'histoire contem-poraine est présente dans la chansonpour enfants quand Gérard Delahayebrosse des portraits comme ceux deGérard Daboville ou de RigobertaManchu.

Un éveil musical sur mesure Aussi naturellement et progressivementqu'un enfant se met à parler avent d'ap-prendre à lire, il est normal de se mettreà chanter et à danser bien avant d'allerau cours de solfège ou d'instrument. Onestime même aujourd'hui que pour êtreaccepté au cours d'éveil musical l'enfantde quatre ou cinq ans doit savoir déjàchanter seul trois ou quatre comptinesou petites chansons.Chanter c'est, seul ou en groupe, jouerde sa voix et la maîtriser pour prendre lanote, reproduire la mélodie qu'on vient

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d'entendre, tenir la pulsation sur letempo donné. C'est utiliser son oreillepour reconnaître ou anticiper unthème, apprécier une nuance, un tempsfort ou un contretemps, un refrain quirevient, une fin qui s'approche. Au grédes chansons apprises, l'enfant déve-loppe et enrichit une mémoire auditiveet musicale dont il se sert comme inter-prète mais aussi comme créateur et lesenfants qui chantent en improvisant seservent de ce qu'ils ont en tête. La pra-tique du chant en groupe lui apprend àécouter et ajuster sa voix en mêmetemps que celle des autres et que l'ins-trument ou la seconde voix qui peut-être les accompagne... une écoute poly-phonique et rythmique qui prépare àtoutes les musiques.Cette écoute-là s'enrichit avec le disque :aujourd'hui les chansons s'entourentd'arrangements d'autant plus soignéset riches qu'on sait que les parents lesécouteront plus volontiers, et que d'au-tre part le disque va contribuer à la for-mation de l’oreille et du sens musicaldes petits. Nul doute qu’« Enfance etMusique » ait ouvert la voie.Aujourd'hui, Didier jeunesse, GallimardJeunesse Musique, et bien d'autres édi-teurs apportent autant de soin aux arran-gements qu'aux illustrations graphiquesdes chansons de tous pays, d'opéras etautres contes à chansons. Ces arrange-ments ont pris une telle place que l'en-fant à qui on fait écouter une chansonenregistrée « a capela », vous dira peut-être comme il m'est arrivé « c'est bien,mais ça chante pas ! ». Une questionqu'il ne se pose pas lorsqu'il chante lui-même.Que la chanson soit écoutée sur undisque dans tout son habillement ryth-mique et musical, ou chantée peut-être

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Anne Sylvestre : Fabulettes sans notes pour marmots et marmottes,ill. Pef, Actes Sud Junior

« Sur le pont d’Avignon… Les beaux messieurs font comme ça »,in : Savez-vous planter les choux ?, ill. A. Louchard,

Bayard Jeunesse

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imparfaitement mais avec ou sans lesupport d'un livre mais de vive voix parl'un des proches de l'enfant, que ce soitdans son groupe de crèche, de vie sco-laire ou de loisirs qu'il la découvre detelle façon qu'il la chante finalement lui-même... on peut dire que cette chanson-là lui fait faire ses premiers pas de musi-cien. Il n'a pas à savoir tout ce que cettechanson a mis en jeu de ses capacitésphysiques, psychomotrices et mentales,

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« Il court, il court, le furet », in : Chansons, Imagerie Pellerin

car il n'a eu que du plaisir et en garde ledésir de chanter. Mais le jour où il vou-dra vraiment commencer à apprendre lamusique, ce sera déjà pour lui du vécu etdu concret. Même si l'enfant ne se met pas à lamusique, les chansons de son enfancelui auront rendu de fiers services,comme nous avons tenté de le montrer,dans tout son développement, et elles luiresteront comme un trésor.

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Françoise Tenier invite à surmonter les préjugés et les obstacles qui empêchenttrop souvent le grand public et même les professionnels de s’intéresser à la chanson pour enfants. Elle plaide, nombreux exemplesà l’appui, pour que soient reconnues la richesse et la diversité de ce secteur, dans le domaine traditionnelcomme dans celui de la créationcontemporaine.

* Françoise Tenier est bibliothécaire à la bibliothèque

l’Heure Joyeuse à Paris et responsable de la commission

d’écoute de phonogrammes pour enfants.

« L a chanson pour enfants,n’est-ce pas un peu niai-seux ? » Voilà une opinion

assez largement répandue non seule-ment parmi le grand public mais aussichez un certain nombre de profession-nels, enseignants, bibliothécaires, disco-thécaires, animateurs. Et pourtant… c’estun domaine d’une incroyable richesse etd’une grande variété, tant dans le patri-moine traditionnel d‘expression françaiseet étrangère que dans le secteur de lacréation.La raison d’un jugement aussi péremp-toire ? Le public ne connaît en fait que lapartie émergée de l’iceberg, c’est-à-direce qui est diffusé par les média : soit desproductions franchement médiocres(comme les lamentables comptines deSteevy), soit des créations honorables etplutôt bien faites mais surmédiatiséescomme Émilie jolie ou Le Soldat rose quiapparaissent alors comme des excep-tions dans la médiocrité générale.

Déjà difficile pour le grand public, lerepérage n’est pas plus aisé pour les pro-fessionnels, d’une part à cause de lamultiplicité des supports éditoriaux,

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La chanson pour enfants

par Françoise Tenier*

Manque pas d’airs :

Les Nouveaux talents

de la chanson pour enfants,

Naïve (CD)

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d’autre part à cause de la rareté des cri-tiques sur ce sujet. En effet la chanson pour enfants est cou-verte aussi bien par des éditeurs phono-graphiques (Universal, ARB music,l’Autre distribution) que par des éditeursde livres (Gallimard, Didier Jeunesse),des associations (Rimandelle) et desautoproduits – ces deux dernières caté-gories étant très mal diffusées. Chez leséditeurs ayant pignon sur rue certainspossèdent des collections entières, d’au-tres un ou deux titres noyés dans unimmense catalogue.

Par ailleurs les professionnels n’ont à leurdisposition qu’un appareil critique assezlimité : il existe peu de chroniques sur lesujet (rares sont ceux qui s’y intéressenttoute l’année comme Gilles Avisse dansParis Mômes ou Blandine Canonne dansLa Croix). Dans la presse destinée augrand public, les informations se rédui-sent la plupart du temps à des sélectionsde fin d’année : on s’y contente trop sou-vent de recenser les derniers services depresse arrivés sans tenir compte de la pro-duction annuelle ni de la complexité del’édition.À part quelques ouvrages de référencequi ne tiennent pas compte de l’actuali-té, il faut donc consulter la presse spé-cialisée ; par exemple Chorus qui consa-cre une ou deux pages aux CD de chan-sons pour enfants à chaque numéro ;sinon, il faut piocher ça et là. SurInternet on peut accéder aux coups decœur enfants décernés par l’académieCharles Cros deux fois par an au prin-temps et en automne (www.charles-cros.org ). Il existe aussi des sélectionsspécialisées comme les « Meilleurs CD etCD livres pour enfants » édité chaqueannée par L’Heure Joyeuse, fruit du tra-

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logo de Michel Gay pour la commission d’écoute de l’Heure Joyeuse

La commission d’écoute de phonogrammes pour enfants

Sa créationLa commission d’écoute de phonogrammes a été créée en

décembre 1975. Elle a été créée au sein de l’Heure Joyeuse par Anne

Bustarret et Françoise Tenier avec la collaboration de la Discothèque

de France, alors sous la direction de Jean-Marie Daudrix.

Ses objectifsDès sa création, la commission d’écoute de disques pour

enfants s’est fixée une double tâche :

- Sélectionner les meilleurs disques pour enfants dans la production

disponible et les nouveautés, afin d’établir une liste de disques qui

constituerait une sorte de fonds idéal pour les enfants.

- Rédiger pour chaque titre sélectionné une fiche critique

Son fonctionnementDans la mesure du possible, les membres de la commis-

sion organisent sur leur lieu de travail des écoutes auprès des

enfants afin de noter leurs réactions, plus indicatives que décisives.

Une analyse est rédigée pour chaque document écouté. Un docu-

ment est sélectionné après trois avis nettement positifs. Cette sélec-

tion est proposée aux sections jeunesse et discothèques des biblio-

thèques de la Ville de Paris par l’intermédiaire du Service Technique

des Bibliothèques de Paris.

La commission d’écoute fonctionne aujourd’hui à raison

d’une réunion par mois à la Bibliothèque de l’Heure Joyeuse. De sep-

tembre 2005 à juin 2006, elle a examiné 318 titres et en a retenu 113.

Ses membresLa commission comprend essentiellement des discothé-

caires et bibliothécaires pour la jeunesse de Paris et sa banlieue. Au

fil des années, elle s’est ouverte à d’autres catégories profession-

nelles : instituteurs, animateurs musicaux, libraires spécialisés pour

les enfants, musiciens, directeur de crèche…

Elle est passée de 8 membres en 1975 à 28 en 2007.

Meilleurs disques et CD livres pour les enfantsChaque année le résultat du travail annuel de la commis-

sion d’écoute est publié dans un fascicule « Meilleurs disques et CD

livres pour les enfants »

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vail de la commission d’écoute de phono-grammes pour enfants des bibliothèquesde la Ville de Paris (voir encadré).

Déjà difficile, le repérage, est encorecompliqué par la présentation : CD seulou de CD inclus dans un livre ? Dans lesmilieux professionnels, les discothécairesse déclarent embarrassés par la présen-tation livre-CD qu’ils ont du mal à consi-dérer comme un produit sérieux ; quantaux bibliothécaires, ils se déclarentincompétents pour analyser des docu-ments sonores qui les déconcertent – àtort, car il suffit d’avoir des oreilles et deprendre le temps d’écouter pour se fairedes références. Tous évoquent des pro-blème de temps et de disponibilité, d’oùl’éternelle question : où mettre lesdisques pour enfants et particulièrementles chansons dans la médiathèque ? Cette question qui revient régulièrementdans les propos des professionnels n’apas de réponse unique. On privilégie soitle support, soit le contenu. En fait, alorsqu’elle devrait être le résultat d’une véri-table concertation, la place qui est attri-buée aux disques pour enfants est tropsouvent le fruit d’une décision autoritairevenue d’un chef d’établissement voired’un politique : maire de commune,adjoint à la culture... Ne serait-il pas plusjudicieux de mettre les chansons pourenfants quel que soit leur support dans lasection où elles seront le mieux défen-dues ; ce sera indifféremment par unbibliothécaire ou un discothécaire quisaura les faire aimer aux usagers parceque lui-même les connaît et les apprécie.

Mais, quel que soit le support, la chan-son pour enfant existe bel et bien. Elleest encore présente dans les familles, àl’école, dans les centres aérés, les lieux

de la petite enfance et aussi dans des fes-tivals qui accueillent des artistes en rési-dence et suscitent des animations (ate-liers d’écriture, d’interprétation, mon-tage de spectacles avec les jeunes). Pourpeu qu’on s’y intéresse, on est tout desuite frappé par la richesse et la diversi-té de ce secteur, tant dans le domainetraditionnel (avec toute une partieconsacrée à la petite enfance et au réper-toire en langue étrangère) que dans ledomaine de la création contemporaine.

La chanson pour enfant traditionnelletype « Le bon roi Dagobert », « Il pleutbergère » ou « Au clair de la lune » a étélargement enregistrée depuis qu’il existedes supports sonores pour les enfants (nedit-on pas que le premier enregistrementd’Edison sur un rouleau fut la comptine« Mary had a little lamb » ?). À noterqu’au fil des années ce sont souvent lesmêmes titres qui ont successivement figu-ré sur les rouleaux, 78 tours, microsillons,cassettes, CD… Heureusement le réper-toire enregistré s’est élargi grâce à desassociations (UPCP, Rimandelle)1, desenseignants (Poucet Radiguet)2 ou desmusiciens intéressés par le folklorecomme Les Gens de Lorraine3 qui fontchanter des enfants sur accompagnementd’instruments anciens. Plus récemmentdes éditeurs de livres se sont intéressés àce répertoire – notamment Gallimardavec les impeccables Chansons de France,Mon imagier des amusettes, Mon imagierdes rondes.4

À côté des chansons existent aussi descomptines, berceuses, sauteuses, jeux dedoigts qui concernent spécifiquement lapetite enfance touchant à la fois à la poé-sie et à la chanson. Chantées dans lescrèches, les familles, les haltes garderies,

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ces « Enfantines » dont parle si bienMarie-Claire Bruley5 ont finalement étépeu enregistrées avant l’arrivée de 75comptines, chansons et jeux de doigtspubliés par Enfance et musique en 1987.Cet éditeur indispensable fondé par desmusiciens professionnels allie la qualitémusicale de ses enregistrements à untravail sur le terrain dans les lieux de lapetite enfance (crèches mais aussi servi-ces pédiatriques des hôpitaux).Ces « amusettes » ont aussi un rôle for-mateur dans l’acquisition du langage etle développement psycho-moteur du petitenfant : on se rappelle le témoignage dePier Jakez Hélias dans Le Cheval d’or-gueil ; c’est avec les comptines, les for-mulettes et les jeux de doigts que lepetit Bigouden a appris à nommer enbreton les jours de la semaine, les cou-leurs, les chiffres… Il n’est donc pasétonnant que s’y soient d’abord inté-ressés des éditeurs pédagogiques :Nathan avec Petit oiseau d’or conçu parAnne Bustarret en 1989 et sans cesseréédité depuis, Didier jeunesse et sa col-lection des « Petits lascars » conçue audépart dans le cadre de l’apprentissagedu « français langue étrangère ».

L’intérêt croissant pour les musiques dumonde s’est répercuté dans les collec-tions pour enfants dès la fin des années90. Depuis 1993, les instituteurs dispo-saient déjà chez Arion du Chant desenfants du monde 6, recueilli aux quatrecoins de la planète par le musicologueFrancis Corpataux. Mais il faut attendreles années 2000, pour trouver des chan-sons et comptines en langue étrangèredans une présentation directement utili-sable par les enfants. À l’ombre del’Olivier 7 paraît en 2001 chez Didier jeu-nesse ; c’est le premier volume d’une col-

lection aussi remarquable par le répertoireet l’interprétation que par l’album : celui-ci propose à chaque fois les paroles enlangue originale ou transcription, traduc-tion et des indications sur chaque mor-ceau. Une réussite éditoriale avec des titresparticulièrement brillants : À l’ombre dubaobab, À l’ombre du flamboyant, LeJardin d’Eden, Chansons et comptinesde Babouchka.8

Dans le même temps, au sein de son édi-tion ARB music, Tania Le Saché crée lacollection « Terres d’enfance » qui couvreaujourd’hui une trentaine de pays dontcertains n’avaient jamais figuré dans ladiscothèque enfantine : Viet-Nam, Tibet,Afghanistan, Scandinavie… un cataloguequi comporte de véritables perlescomme l’Arménie, la Colombie, la Grèce,l’Égypte, l’Argentine, la Russie…Depuis 1997, Françoise Cartade « fabri-cante de curiosité » et directrice du festival« Les temps chauds » organise des ren-contres entre les artistes du monde et desenfants du département de l’Ain dans lecadre de l’opération « Au fil de l’air » quidonne chaque année lieu à l’édition d’unCD. Sans oublier des initiatives isolées :Nanurismata à Pau, Sofélé à Villeneuve-d’Ascq, Comptines de nos quartiers àÉvreux. 9

Marginal mais néanmoins remarquable,le mouvement de « tradition réinventée »amorcé dans les années 80 avec lesContes, comptines et ballades du BelgeJulos Beaucarne. Dans le même tempsGilles Vigneault publiait chez Auvidisses Chansons contes et comptinesreprises avec bonheur par des artistesquébécois dans Un Trésor dans mon jar-din et Un Dimanche à Kyoto (Montagnesecrète). Dans cette lignée s’inscriventaussi la québécoise Carmen Campagne

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ANNE SYLVESTREAnne Sylvestre chanteuse féministe engagée des

années 60 a commencé à composer pour sa fille aînée les « pre-

mières Fabulettes » : « Veux-tu monter dans mon bateau »,

« Berceuse pour une pomme », « Hérisson »… Des chansons encore

dans toutes les mémoires et qui ont remporté un succès immédiat

malgré les réticences de Philips, son éditeur d’alors.

C’est une artiste qui a toujours mené parallèlement sa

double carrière pour adultes et pour enfants, même si elle n’a

jamais chanté en direct pour le jeune public. D’autres s’en sont

chargés à sa place : Marén Berg, Christine Costa, et plus récem-

ment Jacques Haurogné.

Anne Sylvestre a le don de faire paroles nouvelles sur

vieux sujets : les saisons, les objets qui tournent, les lunettes… Sa

qualité d’écriture, sa richesse de vocabulaire ont recueilli la faveur

des enseignants qui lui ont demandé des chansons sur des « thè-

mes » : la mer, le square, les mots magiques. Elle a eu le don de

parler à la place des enfants sans s’encombrer de références « cul-

turelles » style Bécassine ou Guignol pour leur parler de leur vécu

quotidien, de leurs perception auditives, tactiles ou olfactives. Son

vocabulaire riche et élaboré demeure toujours compréhensible

dans le contexte de la chanson. Depuis le début, elle est restée

fidèle aux arrangements classiques de François Rauber.

Dès le début, elle a soigné la présentation de ses

disques faisant appel à de jeunes illustrateurs de talent – un cer-

tain Pef, notamment.

HENRI DÈSHenri Dès, ancien architecte, a très vite abandonné une

carrière pour adultes pour se consacrer au public enfant. Comme

Anne Sylvestre, il a écrit ses premiers textes pour son fils et sa

fille.

En prise directe avec la vie quotidienne des enfants (les

poux, les copains, le cancre, les questions qui dérangent), il fait

preuve d’humour et de fantaisie. Contrairement à Anne Sylvestre,

c’est un homme de scène qui sait « chauffer » une salle dès la pre-

mière minute de spectacle. Ses chansons s’apprennent facilement

et restent bien dans l’oreille.

Du point de vue musical, son registre va de la rengaine

à brailler à la chanson douce et tendre. Il sait s’entourer d’excel-

lents musiciens, comme l’inventif Jacky Lagger et les enfants qui

chantent avec lui sont toujours justes et naturels.

et, en Bretagne, Yann Dour et lesDiaoulezed et surtout les Ours du Scorffet leurs grosses voix rustiques.10

Cette incroyable diversité de la chansontraditionnelle se retrouve dans la chansonde création même si celle-ci est relative-ment récente. On peut en effet dater despremières Fabulettes d’Anne Sylvestre (voirencadré) dans les années 60 la création dela chanson « moderne » pour les enfants – même s’il existait antérieurement unechanson de création comme en témoi-gnent Chansons pour les petits Bretons deThéodore Botrel11, Chansons pour lesenfants 1928-1943 (Frémeaux) ouChansons de Bob et Bobette (Rym music).C’est aussi dans les années 60 avecJacques Douai chante pour les enfantsque débute un mouvement de poésiemise en musique repris ultérieurementpar Max Rongier, Claudine Régnier, DonPedro et ses dromadaires – et JamesOllivier à qui Claude Fonfrède etDominique Becker ont rendu récemmenthommage dans Planète poésie. 12

Indubitablement, les belles années de lachanson de création pour enfants se situentdans la décennie 70-80. Presque toutes lesmaisons d’édition lui consacrent alors undépartement spécifique. Se créent alorsdes collections phares comme Chevance(Chant du monde) ou Le paradisier (Arc-en-ciel SM). À partir de là vont émergerdes artistes comme Françoise Moreau,François Imbert (aujourd’hui les Z’ImbertMoreau), Jacky Galou, Pierre Chêne, JeanHumenry, Henri Dès, Steve Waring et sedessiner les grands secteurs de la chan-son moderne pour enfants : poésie, ani-mation, réalisations avec des enfants.C’est l’époque où Renée Mayoud à Lyon,Gabby Marchand à Fribourg (Suisse)13

animent pour les enfants des ateliers de

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création de chansons associée à la cons-truction d’instruments de musique àpartir d’objets de récupération. DanielBaume à Marseille coordonne un travailsimilaire dont le CD C’est chouette lavie14 porte encore témoignage.Récemment, « Les Serruriers magiques »,« Tamérantong »15 s’inscrivent danscette lignée ; mais la tendance actuelleporte davantage sur l’interprétation - souvent dans le cadre de conservatoiresou d’associations, comme en témoigne letravail du CREA à Aulnay-sous-bois. Les années 70-80, c’est aussi le développe-ment des festivals de chansons pourenfants : carrefour d’Yzeure, Chansonsz’aux pommes, Enfants Chant’Eure…Aujourd’hui comme hier, c’est dans lesfestivals qu’on voit éclore de nouveauxtalents. Manque pas d’airs16 compilationde Gilles Avisse (programmateur auFesti’Val de Marne) donne une assezbonne idée de la création actuelle dans sadiversité : il regroupe en effet de jeunesartistes tous passés par la scène et aussidivers que Tartine Reverdy, CatherineVaniscotte, Isabelle Bal, Les Farfadas,Amipagaille, le couple franco-brésilienSambalélé, Dragibus et ses délires techno. Parallèlement Enfance et musique donnecarte blanche à des créateurs maison :Hélène Bohy, Wanda Sobzak, AgnèsChaumié, ou accueille dans son cataloguedes chanteurs comme Samir Kacel, GilChovet, Jacky Galou.Marie-Céline, Jacques Boilley, RogerCactus, Christine Costa, Bruno Coupé,Bernard Noly, Gibus, Hervé Suhubiette,Pierre Piveteau, Robinson, Claude Jardin :on ne saurait les citer tous mais on nepeut oublier des créateurs originauxcomme le Breton Gérard Delahaye arti-san délicat, le subtil Alain Schneider,Vincent Malone, malpoli « roi des papas ».

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STEVE WARING

Musicien inventif, créatif, polyvalent, Steve Waring

« Ricain lyonnais » comme il aime à se définir lui-même a quitté

son Massachusset natal pour se fixer à Lyon où il a pris racine

après un petit détour par l’Afrique. De ses origines d’Outre-

Atlantique, il a gardé le goût du folk américain (Cf. les célèbres

« Grenouilles ») et des chansons de Woody Guthrie qu’il a su

adapter mieux que personne ; de son séjour en Afrique, il a rame-

né le balafon, son instrument de prédilection, et il pratique volon-

tiers les percussions corporelles à l’instar de Bobby MacFerrin.

Sa rencontre avec le Workshop de Lyon a donné lieu

à de beaux moments de jazz et à une amitié durable avec le trom-

boniste Alain Gibert (conteur à ses heures) présent dans tous les

disques de Steve Waring.

Il s’est aussi tourné vers le domaine de la petite

enfance (Pouce, Le colporteur, L’Ogresse) ; il n’est donc pas

étonnant qu’Enfance et musique ait collaboré avec lui et mis plu-

sieurs titres à son catalogue.

À l’ombre de l’olivier, ill. N. Novi, Didier Jeunesse

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Aujourd’hui comme hier, les auteurscompositeurs interprètes s’éparpillentdans la France entière : en Normandie,François Lemonnier, dans le midi,Michel Melchionne, à Épinal, PhilippeRoussel qui a travaillé avec le QuatuorDebussy … La région lyonnaise pour sapart a fourni – outre Steve Waring – destalents aussi variés que Gilles Pauget,Jacques Mayoud, Patrick Di Scala, AlainGibert. Certains artistes comme le guitaristeManu Galvin, le bluesman PatrickVerbeke ou la chanteuse Élise Caron18

n’ont à leur actif qu’un seul enregistre-ment ; d’autres puisent leur inspirationaux sources de la solidarité et dans lacroyance à un monde meilleur :Dominique Dimey, Christian Merveille,Christiane Oriol, Jean Nô, ChristianFerrari sont de ceux-là.Présents dès les années 70, les groupesse sont multipliés : au départ tournésvers l’animation comme Amulette etBouskidou, ils semblent évoluer aujour-d’hui vers un répertoire tout public avecZut, les Guilidoux, Papak, Boufadou lesZèbres en pyjama avec une orientationnettement marquée vers le style groupevocal : Baby Boom, Mama Kaya oul’Autobus à vapeur.Depuis toujours on trouve dans les bacsde la discothèque enfantine de grandsnoms de chansons française : HenriSalvador, Yves Duteil, Pierre Perret19 etmême Georges Brassens ont dès le débutrecueilli les suffrages des enfants.D’autres comme Michèle Bernard leuront consacré un album entier20. Plusrécemment, l’édition de livres s’estemparée de cet engouement pour propo-ser des compilations thématiques de« grands » chanteurs : Chanter contre leracisme, Chanter pour la paix, Chanter

C’est chouette la vie, Enfance et Musique

Les Serruriers magiques : Gouttes de paix

Vincent Malone : Super papa, Unidisc

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contre la misère21. Si cette collection s’adresseen priorité à un public de préadolescents,« Si ça me chante » de Gallimard vise desenfants plus jeunes avec Le Cirque et LaJungle. En 2006, Thierry Magnier chezActes Sud junior sollicite respectivementDick Annegarn, Françoiz Breut etFabulous Trobadors pour les trois pre-miers titres de sa nouvelle collection « Toto ou tartare ».22

Alors niaiseuse la chanson pour enfants ?Allez, un peu de curiosité : plongez dansle catalogue Enfance et musique,Gallimard jeunesse, Didier jeunesse, ARBmusic, l’Autre distribution et les autres ;prenez le risque d’écouter des titres quevous ne connaissez pas ; commencezpar des compilations ; les discothèquesmunicipales et bibliothèques jeunessesont là pour aider à faire des découvertes.Nul doute que vous en ferez et que votrejugement sur la chanson pour enfantrisque d’en être modifiée.

1. U.P.C.P Maison des ruralies BP 01, 79230 Prahecq.

Rimandelle BP 01, 44145 Chateaubriant Cedex

2. Poucet Radiguet, École maternelle publique 44140

Le Bignon. Tél. 02 40 78 12 71

3. Gens de Lorraine : Une Année en Lorraine, Le Bal des

petits, Les Chansons des petits, Les Petits s’endorment,

Si on chantait, Le Tour de France des chansons, …

4. Chansons de France vol.1 et 2, par la Maîtrise de

Paris

5. Bruley, Marie-Claire : Enfantines, L’École des loisirs,

ill. Philippe Dumas

6. La collection compte aujourd’hui une quinzaine de

titres : Guinée-Sénégal, Sud de l’Inde, Népal-Thaïlande-

Malaisie-Indonésie, Amérique du Sud, Mauritanie,

Maroc, Bulgarie, Cameroun, Madagascar, Brésil et une

compilation de berceuses

7. À l’ombre de l’olivier, le Maghreb en 29 comptines,

collectage de Hafida Favret et Madeleine Lerasle, ill.

Nathalie Novi.

8. Comptines et berceuses du baobab, l’Afrique noire en

30 comptines, collectage de Chantal Grosléziat, ill. Élo-

die Nouhen. À l’ombre du flamboyant, 30 comptines

créoles, collectage de Chantal Grosléziat, ill. Laurent

Corvaisier. Comptines du jardin d’Eden, 28 comptines

juives, collectage de Nathalie Soussana ; ill. Béatrice

Alemagna. Comptines et berceuses de Babouchka,

29 berceuses et comptines slaves en russe, polonais,

tchèque, biélorusse, ukrainien, yiddish, collectage de

Nathalie Sousssana, ill. de Sacha Poliakova.

9. Nanurismata, association Viatje 2 rue du Château

64000 Pau. Tél. 05 59 30 41 47. Sofélé Kaï music (57

rue de la Station 59650 Villeneuve-d'Asq. Tél.03 20 55

08 48, courriel : [email protected]

10. Carmen Campagne : Un bon chocolat chaud, La

Vache en Alaska, L’Arbre est dans ses feuilles,

Enchantée (Universal jeunesse). Les Ours du Scorff : Le

grand bal, La bonne pêche, La maison des bisous, Le

plus mieux (Keltia musique).

11. Chansons pour les petits Bretons, de Théodore

Botrel, ill. Magdeleine Jacquier, Reprint de l’édition

Ondet de 1901 (Fortin) CD livre.

12. Planète Poésie, Rym musique.

13. Mayoud-Visconti, Renée: Les Aujourd’hui qui chan-

tent, inventer des chansons avec les enfants, Le

Centurion.

Marchand, Gabby : Petites percussions pour les quatre

saisons, Fleurus. Et l’Intégrale enfants 1976-1984,

(Anik productions) coffret de 5 CD

14. Les Chansons des enfants des quartiers Nord : c’est

chouette la vie (Enfance et musique)

15. Les serruriers magiques : T’es qui t’es d’où ? par les

enfants de Belleville et Château rouge (Serruriers

magiques, www.serruriersmagique.com), Tamérantong :

Zorro el zapato (19 rue Frédéric-Lemaître 75020 Paris.

Tél. 01 47 97 03 30).

16. Manque pas d’airs : Les Nouveaux talents de la

chanson pour enfants (Naïve) CD.

18. Galvin, Manu : Chasseurs de nuages, Nocturne CD.

Patrick Verbeke : Willie et Louise, Arc-en-ciel SM. ;

Caron, Élise : Chansons pour les petites oreilles, Chant

du monde.

19. Chante avec Pierrot, Naïve.

20. Bernard, Michèle : Nomade, Rym musique.

21. Mango .

22. Annegarn, Dick : Soleiman, ill.Sergio Garcia. Da

Silva : Le Mystère des couleurs, ill. Françoiz Breut. Sicre,

Claude : Le Quartier enchantant, ill. Tom Shamp, chanté

par les Fabulous Trobadors, Bombe 2 bal et la Chorale

civique d’Arnaud Bernard.

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L’association Enfance et musiquemène depuis plus de 25 ans un travail de création musicale,d’édition de disques – et maintenant de livres-disques –,mais aussi de formation et d’animation sur le terrain,dans les crèches, les écolesmaternelles… Marc Caillard, son fondateur,présente les objectifs qui sont à l’origine de l’association et les perspectives actuelles.

* Marc Caillard est directeur-fondateur d’« Enfance et

Musique ». Cette association, créée en 1981, s’intéresse

à l’éveil culturel et artistique des tout-petits et défend

l’existence d’un art vivant dans la vie familiale et sociale

des enfants.

Malika Ouazi : Quelles étaient vosmotivations à l’origine du projet « Enfance et Musique » ? Marc Caillard : Je suis né dans unefamille de musiciens. Mon père dirigeaitdes chorales, et pour moi chanter étaittout à fait naturel de même que lamusique partagée en famille. Je me suisaperçu plus tard que beaucoup de gensn’avaient pas eu cette évidence d’accès àla musique. Jeune adulte, quand je me suis retrouvéprofesseur à l’école nationale demusique de Romainville, je me suisrendu compte qu’il y avait un vrai pro-blème social autour de la place de lamusique vivante et je me suis demandéde quelle façon elle pourrait exister dansla vie de l’enfant. On chante, on fait de lamusique parce que cela existe « pour devrai » dans les relations avec les autres,parce que cela a du sens. Il fallait doncpromouvoir cette existence de l’artvivant dans la vie sociale des enfants etdes familles. L’école nationale de musique deRomainville faisait un travail pilote, enaccueillant tout autant les enfants que lesadultes. Les parents s’inscrivaient donc

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Pour la défensed’un art vivantEntretien avec Marc Caillard*propos recueillis par Malika Ouazi

Les Tout-petits loups du Jazz, ill. A. Louchard, Enfance et musique

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souvent à des cours pendant que leursenfants participaient à des activitésd’éveil. Ainsi, la musique devenait unvrai partage dans la vie des familles. Cesont ces deux expériences qui m’ontmotivé pour la création d’« Enfance etMusique ».

M. O. : D’où est venu votre intérêt pourla petite enfance ? M. C. : Je suis intervenu en tant quemusicien dans des écoles maternelles.Comme j’étais également titulaire d’unDESS de psychologie clinique, j’ai étésollicité à la fin des années 1970 par l’équipe d’une crèche départementale deSeine-St-Denis pour développer des acti-vités musicales pour les tout-petits. Àtravers ces expériences, j’ai pris cons-cience que c’est à cette période de lapetite enfance, comme je l’avais moimême vécu dans mon histoire familiale,que s’enracinait un rapport vivant à lamusique. Il m’est apparu indispensablede relier l’éveil musical du jeune enfantà un projet culturel global associant tousles acteurs de sa vie quotidienne. L’association a rassemblé en quelquesannées un véritable collectif d’artistes etd’intervenants culturels. La réflexion surl’éveil culturel et artistique se nourrit desapports complémentaires des artistes(metteurs en scène, musiciens, dan-seurs, plasticiens) et des intellectuels,des praticiens de la petite enfance (édu-cateurs de jeunes enfants, psychologues,psychanalyses, psychomotriciens). Aujourd’hui, « Enfance et Musique » adifférents champs d’action : la créationartistique à travers le spectacle vivant, etles disques, la formation, l’animation etle soutien d’initiatives de projets d’éveilculturel et artistiques en région. Le centrede formation est un lieu de transmission

et surtout de « mise en mouvement » desprofessionnels de l’enfance. On ne cherchepas à proposer une méthode pédago-gique, on souhaite surtout que les pro-fessionnels retrouvent un contact avecquelque chose de vivant, une pratique,une expression.

M. O. : Quel peut être le rôle de la chansondans des structures accueillant des enfantscomme les crèches ou les bibliothèques ? M. C. : La musique renvoie à la culturede chacun. Lorsqu’on partage un mor-ceau de la culture de l’autre, on crée ducommun. La musique c’est un rapportau monde qui reste proche du corps, desémotions, de l’histoire. Au fond il y a deux langages du côté duson : la musique et la parole. Et la chan-son rassemble les deux en mêlant texteet musique. C’est un art à travers lequell’homme exprime ses sentiments, sesinterrogations. L’expression artistique estproche de l’identité profonde, de soi.C’est donc extrêmement chargé et extrê-mement porteur de subjectivité, d’indi-vidualité et de richesse humaine. Les expériences d’« Enfance et Musique »nous ont montré combien la chansonfavorise la communication. On est inter-venu dans des salles d’attente de PMI(Protection maternelle et infantile), descrèches, à l’hôpital, dans de multipleslieux d’accueil de la petite enfance et desfamilles. Quand une famille nous apprendune chanson, c’est d’abord une recon-naissance extraordinaire de sa culture àelle et aussi une découverte culturelle.On a des langages différents, quelle quesoit notre origine culturelle. Chanter per-met à chacun d’exister avec sa voix, soninterprétation et de partager avec les autres.C’est cet espace commun qui crée dulien social, du lien familial.

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M. O. : « Enfance et Musique » privilé-gie ce type d’expériences ?M. C. : Oui, notre projet trouve sa sourcedans des actions de terrain. Certainsartistes vont dans les quartiers, dans desservices de néonatalogie, des PMI, à larencontre de gens dans leur vie quoti-dienne. Ils conduisent ce que l’on appelledes recherches-actions. C’est un disposi-tif vivant dont ils sont les animateurs.Tout cela constitue une nourriture, uneexpérimentation sociale et culturelle.L’association inscrit son projet dans unevéritable démarche d’échange créatifavec ces différents acteurs et territoiresde la vie sociale et culturelle.

M. O. : Les musiciens du label Enfanceet musique rencontrent-ils des enfantspour la création de leurs chansons ?M. C. : Pour la création des disques, onprend le temps d’associer les enfants auprojet et de leur donner une place. C’estune grande différence je pense avec cer-tains de nos concurrents. Il y a uneconnaissance des enfants, une rencontre,quelque chose d’authentique qui ne s’in-vente pas. Ce sont des vraies aventuresartistiques et ça s’entend, comme celle desP’tits Loups du Jazz par exemple. Nous nesommes pas les seuls mais nous avonsréussi à trouver un style bien à nous.

M. O. :Vous défendez une certaine qualité ? M. C. : J’ai toujours eu une exigence dequalité, et c’est peut-être ce qui fait qu’« Enfance et Musique » est encore là !Nous avons toujours eu à cœur de trou-ver des moyens pour agir sur le terrainou créer, mais aussi de ne pas agir pouragir, de ne pas produire pour produire. « Enfance et Musique » défend de vraisprojets. S’ils ont du succès, tant mieux,car c’est cela aussi qui nous donne les

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« Le Coucou », ill. A. Louchard, in : Mon petit doigt m’a dit,

Enfance et musique

ill. A. Louchard : Les Tout-petits loups du Jazz,

Enfance et musique

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moyens pour continuer, mais l’essentielreste la qualité artistique. On revendique un vrai projet culturelpour l’enfance, c’est un positionnementculturel, philosophique, politique, unevolonté de défendre la place de l’art et dela culture dans la société, face à uncontexte difficile de marchandisation, destarification. Prenons le marché du disque par exemplequi est en crise, qui n’a pas plus de véri-table réseau car les disquaires de proxi-mité n’existent plus. C’est un marchéqui s’est effondré notamment avec lagratuité, le téléchargement. Le label « Enfance et Musique » surnageparce que justement on est dans une « niche » comme on dit !! Un petit sec-teur spécialisé, celui des disques pourenfants. Depuis sept ou huit ans,Benoît Caillard, impliqué dans le projetde l’association du côté de la diffusionet de la production, a créé une sociétéde distribution des créations du label « Enfance et Musique » (la société AuMerle Moqueur). Cela a donné unegrande force au projet de production enlui permettant de garder son indépen-dance face au monde commercial pur etdur. Cette diffusion à taille humaine per-met aujourd’hui d’assurer une bonnevisibilité de nos produits et de mettre envaleur l’originalité de notre projet.Malheureusement, on est presque lesderniers producteurs de disques pourenfants. Et je ne m’en réjouis pas cardans un secteur, plus on a de concur-rents, meilleur c’est… C’est signe que lesecteur est vivant, et dynamique.

M. O. : Aujourd’hui vous venez de créervos premiers livres-disques ? M. C. : Oui, mais je m’interroge sur ledéveloppement récent du livre-disque.

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Enfance et Musique c’est :- Des spectacles jeune public : 9 spectacles,

350 représentations en 2006

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- Un Centre de formation à l’éveil artistique :

49 stages proposés avec pour thème la

musique, la danse, le chant, le conte, le

théâtre, les arts plastiques, le clown, les

marionnettes

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- Des disques et des publications

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Il me semble tout autant lié à la crisedramatique du disque qu’à une vérita-ble innovation dans la création. Commele disque ne « vaut plus rien », beau-coup d’éditeurs ont saisi l’occasion– sans qu’on puisse le leur reprocherd’ailleurs – et l’ont inscrit quasimentcomme une annexe au livre. Une ques-tion essentielle se pose concernant lavaleur du disque et de la création musi-cale quand chez certains éditeurs, lecoût des livres-disques est à peine plusélevé que le coût d’un album équiva-lent vendu sans disque ! On voit mêmela mention « disque donné » affiché surla couverture du livre… ce qui contri-bue pour moi à dévaloriser le disque.Cela reviendrait à dire que le disque nevaut rien ? À ce prix-là en tout cas, il ya une certitude : il ne suffit pas à rému-nérer toute la chaîne de production. Dulivre et du disque ! « Enfance et Musique » est à l’origineun producteur de disques. C’est pour-quoi nous avons choisi de nommer lanouvelle collection « un livre un disque »pour montrer l’importance égale desdeux « objets » et le travail de créationinteractive qu’il reflète entre les deuxsupports. Il y a les auteurs du livre, il ya les artistes de la musique ! La collec-tion s’appelle « un univers d’imagespour accompagner l’écoute. » Cette for-mulation a été travaillée avec KatyCouprie et Antonin Louchard qui sesont associés à nous en tant que direc-teurs de cette nouvelle collection et dece nouveau projet.

M. O. : Quels sont vos projets, vos per-spectives ?M. C. : Aujourd’hui, le label « Enfance etMusique » s’ouvre à de nouveaux pro-jets. Il y a d’un côté des artistes majeurs

qui sont à la base de son histoire commeAgnès Chaumié, Hélène Bohy, OlivierCaillard, Béatrice Maillet, GenevièveSchneider, Steve Waring et IsabelleCaillard. Et d’un autre côté, le label s’en-richit de nouveaux talents. En effet, denombreux artistes nous sollicitent car ilsse retrouvent sans producteur ni distri-buteur ! Comme nous avons la chancede résister encore dans ce contexte decrise, notre ambition depuis trois ouquatre ans est d’associer ces artistes ànotre projet. Nous collaborons aujourd’-hui avec Mama Kaya, Michèle Bernard,Christian Ferrari, Philippe Roussel, GuyPrunier, etc., tout autant sur certaines deleur créations actuelles que sur la valori-sation de leur ancienne production.Quand nous reprenons certains de sesdisques passés, l’artiste dispose alorsd’un apport économique pour soutenirson prochain disque ou son spectacle encours. Ainsi, nous essayons, à notremesure, d’être acteur d’un secteur, dedonner des moyens aux artistes et derevitaliser leurs œuvres. Rêvons… malgré le contexte et sesinquiétudes légitimes, le label« Enfance et Musique » pourrait deve-nir une plate-forme de rassemblementet de promotion de la création musicalepour l’enfance… À ce propos, nousenvisageons dans un avenir proched’organiser avec tous ces artistes unfestival comme celui de Chanterelle(http://festivalchanterelle.free.fr),dans le Sud, auquel participent plu-sieurs d’entre eux et auquel s’est asso-cié « Enfance et Musique ».

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A u cours de ces dernières années, ledéveloppement de l’éducationartistique à l’école a favorisé nom-

bre de projets ambitieux autour de lachanson, chanson traditionnelle ouchanson contemporaine, grâce, entreautres, à des initiatives institutionnellesou associatives, soutenues par les collec-tivités territoriales.Dans les médiathèques, c’est surtoutautour de la petite enfance que se sontdéveloppées les activités autour de lachanson. On entend de plus en plus debibliothécaires chanter avec les tout-petits, encouragés d’abord par une pro-duction de livres-CD de qualité qui a faitentrer de plain-pied la chanson dans lessecteurs jeunesse, mais aussi par l’at-mosphère joyeuse qui entoure ces tempsde rencontre. Comptines, enfantines,chansons traditionnelles mettent à l’unis-son les enfants et leurs parents.Réhabilitation et exploration d’un patri-moine commun sont à l’œuvre lors de cesanimations, sans en oublier la dimensionsociale évidente.Des collectages et enregistrements decomptines et de chansons du mondeentier auprès des parents de cultures dif-férentes peuvent aboutir à la réalisationde CD ou livres-CD, diffusés à l’échellede la ville. Des formations, conçues pardes associations culturelles fortes d’une

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Des animations autour de la chanson

par Véronique Soulé*

Au-delà des animations de plus en plus fréquemmentproposées aux tout-petits dans les médiathèques, nombre d’expériences et de projets se développent– notamment en milieuscolaire – autour de la chansonavec des enfants plus grands et des adolescents : spectacles,expositions, festivals, ateliers d’écriture… Véronique Soulé propose un petit tour d’horizon de ces pratiques et plaide pour leur développement.

* Véronique Soulé est responsable de Livres au trésor,

centre de ressources sur le livre de jeunesse en Seine-

Saint-Denis. Elle est également animatrice de l'émission

« Écoute, il y a un éléphant dans le jardin ! » diffusée sur

Aligre FM (voir encadré page 152).

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longue expérience dans le domaine(Enfance et musique1 ou Musique enherbe2, par exemple), apportent desoutils utiles aux professionnels pour orga-niser ces animations, pour en définir lesobjectifs et les enjeux. Toujours pour lespetits, à l’instar de spectacles de contesou de théâtre jeune public, des spectaclesde chansons d’artistes contemporainssont parfois programmés : bien sûr, cesont des formes légères, nécessitant peuou pas de matériel technique.Plus exceptionnellement, il arrive qu’unebibliothèque inaugure la toute nouvellecréation d’un artiste. Ce fut le cas, parexemple, à la bibliothèque de Villiers-sur-Marne, en octobre 2000, avec leconcert « Chansons pour les petitesoreilles », d’Élise Caron – dont c’étaitd’ailleurs la première création pour lesenfants – dans le cadre d’une commandeet aide à la création du Festi’Val deMarne. Ici le lien avec la bibliothèqueétait tout naturel, puisque c’est l’albumTout un monde d’Antonin Louchard etde Katy Couprie (création soutenue cetteannée-là par le Conseil général du Val-de-Marne et offert aux nouveau-nés dudépartement) qui a inspiré la chanteusede jazz. Depuis, Élise Caron3 a enregis-tré ses chansons sur un CD disponibledans le commerce (Le Chant du monde,2003).

Mais qu’en est-il de la rencontre avec lacréation et les créateurs pour les enfantsplus grands ? Quelles animations imagi-ner autour de la chanson ? Si depuislongtemps, les bibliothèques jeunesseinitient de nombreux ateliers autour dulivre, ateliers d’écriture, rencontres avecdes auteurs ou des illustrateurs, lesinitiatives autour de la chanson sontbeaucoup plus rares.

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Élise Caron : Chansons pour les petites oreilles,

Le Chant du monde

Brice Kapel : Cocoricocola

Universal

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Peu de spectacles de chansons jeunepublic sont programmés dans les biblio-thèques : pour des questions techniqueset financières évidentes, mais pas seule-ment. Hormis les festivals et quelqueslieux spécialisés en France (Cité de lamusique à Paris, par exemple), les chan-teurs ne se produisent pas si souvent surscène. En dehors de la période de Noël, laprogrammation jeune public des théâtresou services culturels des villes, àquelques exceptions près, fait rarement lapart belle à la chanson. Les bibliothécai-res n’ont donc pas souvent l’occasion devoir et de connaître les chanteurs d’au-jourd’hui. C’est alors plutôt à partir depassions ou découvertes individuellesque s’organisent les projets autour de lachanson, tel, par exemple, celui mené en2005 à la médiathèque de Noisy-le-Grand.

Chantines : une animation à lamédiathèque de Noisy-le-GrandPendant trois mois, la médiathèque avécu au rythme de la chanson pourenfants, dans le cadre d’une animationtitrée Chantines, néologisme créé par leschanteurs François Imbert et FrançoiseMoreau4 pour désigner la chansonenfantine. C’est la passion communicative pour lachanson pour enfants des équipes du sec-teur jeunesse et de la discothèque, ainsique leur connaissance de la scène actuel-le dans le domaine, qui sont à l’origine du projet. À partir du constatque les CD des nouveaux talents de lachanson jeune public étaient peuempruntés, un programme d’animationsest imaginé pour faire connaître la diver-sité et la créativité de ce secteur.Expositions, ateliers, concerts, conféren-ce : ce programme d’animations a prisquasiment l’allure d’un mini-festival ! Du

côté des livres, deux expositions, crééespar les éditions Didier Jeunesse, mettenten valeur leurs collections « musique » :elles donnent à voir les illustrations desalbums des collections « Pirouette »,« Guinguette », « Les Petits cousins » etautres albums de comptines françaises etdu monde entier. Une autre exposition,« Comptines et histoires » pour les tout-petits, conçue par Élisabeth Devos5, pro-pose des mises en scène, jeux et manipu-lations autour de comptines traditionnel-les. Plus de cinquante groupes d’enfants(écoles, centres de loisirs…) sont venus lavisiter. Durant trois mois, les séances tra-ditionnelles de contes du mercredi cèdentla place à la chanson enfantine et auxconcerts de chanteurs, accueillis sous uneforme allégée dans l’auditorium de lamédiathèque : Philippe Roussel chantepour les plus petits depuis une vingtained’années, souvent accompagné du qua-tuor de cordes Debussy ; AlainSchneider6 écrit et chante pour lesenfants de tous âges.« Coloricocola », le spectacle tout publicde Brice Kapel7, est nourri des musiquesdu monde. Des ateliers de création sontproposés à des classes d’écoles mater-nelles ou élémentaires, menés parChristian Ferrari8, l’un des pionniers dela chanson enfantine, sur un cycle decinq séances à la médiathèque. À partird’un thème choisi par la classe, lesenfants inventent une chanson, mise enmusique ensuite par Christian Ferrari etinterprétée par les enfants lors duconcert du chanteur sur la scène duthéâtre municipal, à la fin du cycle. Lepartenariat, engagé à cette occasion avecle théâtre municipal, peu ouvert jusque-là à la chanson pour enfants, aboutiramême à une tournée de Christian Ferraridans les écoles maternelles de la ville, et

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au spectacle du groupe « Zut »9 pour lesenfants des écoles primaires ! Des ren-contres intergénérationnelles (la choralede la maison de retraite et des collé-giens) animées par Brice Kapel, uneconférence et des ateliers sur l’éveilmusical des tout-petits par ChantalGrosléziat (musicienne formatrice, fon-datrice et directrice de l’associationMusique en herbe) complètent ce pro-gramme de découvertes musicales.

Un exemple d’atelier d’écriture dechansons avec Monsieur NôComme Brice Kapel ou Christian Ferrari,de nombreux chanteurs animent des ate-liers d’écriture de chansons, avec desenfants ou des jeunes dans les écoles,collèges, lycées, bibliothèques, hôpitaux,centres de loisirs, centres de vacances oulieux associatifs, etc. Pour certains (Hervé Suhubiette10, parexemple), cela reste exceptionnel ; pourd’autres, ces ateliers nourrissent leurscréations comme c’est le cas pour JeanNô11, qui a archivé toutes les chansons– plus de 300 ! – qu’il a créées avec desenfants. Vingt-cinq d’entre elles ont déjàdonné lieu à la publication de CD, LesEnfantastiques (volumes 1 et 2), enregis-trés par une chorale d’enfants ; ils sontvendus au profit d’associations interve-nant dans le domaine de l’enfance poursoutenir leurs projets.Même s’ils sont « commandés » par desbibliothèques, les ateliers d’écrituremenés par Jean Nô (qui a lui-mêmesuivi les ateliers d’écriture de ClaudeLemesle) se déroulent presque toujoursdans le cadre scolaire : « Je préfère, deloin, car les enfants se concentrentmieux. L’ambiance est au travail, écrireune chanson demande beaucoup deconcentration. Si l’atelier se déroule

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Les Enfantastiques de Monsieur Nô

Christian Ferrari : Ma famille, c’est tout ça, Enfance et musique

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dans un autre lieu, les enfants ont ten-dance à s’éparpiller. » Pour cela, il a reprisune pratique déjà éprouvée avec les « Stylomaniaques » il n’y a pas loin devingt ans : il s’agissait, pour un grouped’auteurs-compositeurs-interprètes, pen-dant le temps d’une représentation, d’écrire une chanson sur un thème impo-sé par le public, tandis que chacun d’entreeux se produisait sur scène à tour de rôle,puis de la chanter tous ensemble, en finaldu spectacle. Son atelier est donc court,rarement plus d’une demi-journée, aucours duquel la chanson, paroles etmusique sera écrite (« On dit atelier d’écriture, mais en vrai, je suis le seul àécrire au tableau pour que les enfants gar-dent leur énergie pour les idées ! ») et sou-vent finalisée. Mais la séance a été prépa-rée en amont par l’enseignant et lesenfants : quelques semaines plus tôt, ilsont choisi le thème, rassemblé des idées,commencé à travailler sur des bribes detexte qu’ils ont envoyés à Jean Nô qui leura retourné conseils et commentaires. Àl’arrivée du chanteur dans la classe, pasde temps à perdre : très vite, à partir dequelques mots ou expressions qui fusent,un premier quatrain est créé. Puis, sur labase de deux ou trois propositions demélodies faites par les enfants, il est misen musique (une musique simple àmémoriser) que tout le groupe se met àchanter, histoire de s’encourager. La struc-ture musicale est affinée ; non pas par untravail sur la matière musicale (si ce n’estla tonalité – triste, grave, douce, drôle)mais sur les impulsions rythmiques ; endécoulent alors les contraintes d’écrituredu texte (accents toniques, pieds, formedes rimes…). Comme pour ses propreschansons, Jean Nô fait composer lamusique en même temps que les paroles :« De cette façon, les enfants ont vraiment

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Écoute ! Il y a un éléphant dans le jardinMagazine radiophonique sur l’actualité culturelle des enfants

Aligre FM 93.1 - Mercredi 10 h-12 h

réalisé et animé par Véronique Soulé, avec la collaboration

de nombreux chroniqueurs

Si la création pour les enfants a gagné – un peu – ses

lettres de noblesse au cours des dernières années, les créa-

teurs ont encore peu l’occasion de s’exprimer sur leur travail,

leurs réalisations, leurs convictions.

Si aujourd’hui, des supports grand public, plus nombreux

qu’hier, présentent des livres, des CD ou des spectacles pour

les enfants, la critique ou la réflexion y sont peu présents, les

critères de choix peu exposés.

Les initiatives locales, ambitieuses et de qualité, sont

souvent, elles aussi, peu médiatisées.

Cette émission de deux heures hebdomadaires, créée il

y a plus de quinze ans, propose de découvrir les livres, les

musiques, les chansons, les expositions, les spectacles, les

jeux, le théâtre, le cinéma, le multimédia et autres initiatives

culturelles à destination des enfants.

Découvrir, accompagner ou soutenir au long des années

est l’un des fils conducteurs de cette émission.

L’émission, c’est :

- des interviews, où on laisse le temps aux invités pour par-

ler en détail de leur démarche. Côté chanson pour enfants :

une semaine sur deux, Gilles Avisse interviewe chanteurs,

musiciens ou responsables de labels de disques.

- des informations et des présentations de livres, spectacles,

expositions, CD, festivals, événements, etc.

- des chroniques régulières, présentées par les collabora-

teurs : CD (Gilles Avisse), jeux de plateau (Gaëtan Bésieux),

internet (Delphine Girard), portraits d’auteurs ou illustra-

teurs (Malika Person), créations sonores (Christophe

Rosenberg, studio son à la Cité de la musique), cinéma

(Andreia Carreiro), bande dessinée (Jessica Jeffries-Britten,

Je Bouquine), choix du libraire (Delphine Beccaria,

Association des librairies spécialisées jeunesse), contes (La

Parole / Contes à croquer), lectures (Lionel Chenail).

- des chroniques présentées par des enfants ou adolescents :

présentations de livres, interviews d’auteurs,

- et beaucoup de chansons pour enfants à écouter !

Aligre FM est une radio associative (non commerciale) qui

diffuse sur Paris et la région parisienne.

Contact : [email protected]

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l’impression d’écrire une chanson. C’esttrop ardu d’écrire d’abord le texte. » Enfin,l’enregistrement de la chanson (ou dudébut de la chanson) sur dictaphone per-met de ne pas laisser la mélodie s’envoler.Très souvent, la restitution des ateliersaura lieu quelques jours plus tard, sur lascène du théâtre, lors de séances familiales :à la fin du spectacle de Monsieur Nô lesenfants se joignent à lui pour chanter leurchanson. Moment important, d’autant quepour nombre d’entre eux (adultes ouenfants), c’est la première fois qu’ils entrentdans un théâtre !

Autant de chanteurs, autant de formesd’ateliers de création de chansons, et passeulement menés par des chanteurs ditspour enfants. Ainsi, depuis 1992, « Banlieues Arts »12, festival des artspluri-disciplinaire à Saint-Quentin-en-Yvelines, réunit enseignants et artistes(eux-mêmes en démarche de création)pour la mise en place d’ateliers artis-tiques à partir de novembre, principale-ment sur le temps scolaire, dont la resti-tution a lieu en mai ou juin.Un chanteur ou un groupe de la scèneactuelle francophone est donc invité àanimer un atelier dans une classe surplusieurs séances, qui verra son aboutis-sement sur scène, dans le cadre du festi-val. Après « Les Elles » ou « Les FabulousTroubadors », entre autres, c’est DavidSire qui a animé, cette année, cet atelierdans une classe de lycéens de Trappes. Ou encore, en Seine-Saint-Denis, « Zebrock au bahut »13, une action de l’as-sociation Chroma, créée à l’initiative duConseil général de la Seine-Saint-Denis,propose depuis une quinzaine d’annéesaux collégiens du département un par-cours dans l’univers de la chanson fran-cophone et des musiques actuelles.

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Le groupe « Zut »

photo extraite du site :www.coucouzut.com

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Chaque année, à partir d’un thème général(« Villes en vie », pour 2007), les jeunessont invités à explorer le patrimoine de lachanson française, à découvrir chansonset artistes d’hier et d’aujourd’hui à tra-vers une vingtaine de titres. Un CD et unlivret pédagogique sont remis à chaqueélève des classes participantes ; desconférences, des rencontres avec leschanteurs et des animations visent à déve-lopper l’émergence d’un sens critique, àencourager l’écoute, l’analyse et l’expres-sion : sur le site de « Zebrock au bahut »(qui regroupe un certain nombre d’outilspédagogiques), on peut lire les repor-tages, articles ou chroniques réalisés parles élèves. Cette année, quelque sept centscollégiens de Seine-Saint-Denis ont ainsirencontré, entre autres, Alain Souchon,Grand Corps Malade, Bertrand Louis ouAnis.

Ce petit tour d’horizon de quelquesinitiatives et pratiques autour de la chan-son (bien sûr, il y en a beaucoup d’autreset un peu partout sur le territoire), loind’être modélisantes, permet d’entrevoirle champ des possibles, autour d’unepratique culturelle, encore peu répanduedans les bibliothèques.

1. www.enfancemusique.asso.fr

2. musiqueenherbe.free.fr

3. bouillir.la.pluie.free.fr/Caron/index.htm

4. www.imbert-moreau.com

5. 39 rue Arago – Atelier 5 – 93400 Saint-Ouen.

Tél. 01 40 12 80 46 – [email protected]

6. www.alainschneider.com. Discographie importante,

mais aussi des livres CD édités par Gallimard et Actes

Sud Junior.

7. www.bricekapel.com

8. www.christianferrari.fr

9. www.coucouzut.com

10. www.hervesuhubiette.com

11. www.monsieurno.com

12. www.lamerise.free.fr

13. www.zebrockaubahut.net

Rencontre avec le groupe M.A.P. (Ministère des Affaires Populaires

dans le cadre des manifestations organisées par « Zebrock au bahut »photo extraite du site :

www.zebrockaubahut.net

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Pour s’informer sur la chanson et les chanteurs pour enfantsActuellement, il n'existe pas de catalogue exhaustif. Il faut donc travailler

avec les catalogues d'éditeurs ou sur Électre www.electre.com

ou avec le catalogue de la librairie Mots et merveilles, spécialisée dans les cassettes de textes enregistrés, 63 bd

Saint-Marcel – 75013 Paris – Tél. 01 47 07 25 21 ou www.motsetmerveilles.com peut tenir lieu de catalogue

exhaustif.

Sélections• Les meilleurs disques et cassettes pour enfants 2006, 2007...

de la Bibliothèque l'Heure Joyeuse (6-12 rue des Prêtres-Saint-Séverin – 75005 Paris).

Cette sélection annuelle est réalisée d'après le travail de la Commission d'écoute de phonogrammes pour enfants

des bibliothèques de la Ville de Paris. (voir encadré page 104).

Pour se la procurer s’adresser à [email protected]

• Pic sons, saison 2004 2005 : meilleurs disques et cassettes sonores pour jeune public.

Édité par la Médiathèque de la communauté Française de Belgique, place de l'Amitié 6, Bruxelles, Belgique.

Site : www.lamédiathèque.be

• L’Académie Charles Cros propose deux fois par an ses coups de cœur (printemps et automne).

www.charlescros.org

rubriques de journaux• Chorus : les cahiers de la chanson (trimestriel)

BP 28, 28270 Brézolles. Tél. 02 37 43 66 60, Fax 02 37 43 62 71 www.chorus-chanson.fr

rubrique « Chantons z’enfants » .

• La Revue des livres pour enfants (numéro de sélection annuelle, parution fin novembre)

rubrique « Chansons, contes et textes enregistrés », par Françoise Tenier

Édité par La Joie par les livres, 25 bd de Strasbourg – 75010 Paris. Tél. 01 55 33 44 44, Fax 01 55 33 44 55

www.lajoieparleslivres.com

Et au moment de Noël un certain nombre de revues consacrent une page aux disques cadeaux pour enfants

(Télérama, Classica-Répertoire, presse féminine... )

quelques ouvrages indispensables- Anne Bustarret : La Fureur d'écouter, Syros Alternatives, 1992

- L'Oreille tendre, Éditions de l'Atelier, coll. Enfance heureuse. (réédition remise à jour de l'ouvrage paru en 1982)

- La Mémoire enchantée, Éditions Ouvrières, coll. Enfance heureuse, 1986

quelques sites à consulterwww.enfancemusique.asso.fr

http://musiqueenherbe.free.fr/accueil.php

www.livresautresor.net/

rubrique liens – activités culturelles : musique et chanson

www.cite-musique.fr

Pour en savoir plusDas groBe Liederbuch, ill. T. Ungerer, L’École des loisirs

Pour en savoir plus : discographie, adresses,liens avec les sites d’éditeurs, de chanteurs,d’organismes ou d’associations spécialisésconsultez notre site Bibliothèque numérique

Outils documentaires

www.lajoieparleslivres.comweb

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Quelques festivals de chanson jeune public où découvrir des chanteurs :

• Rockyssimômes (Sablé/Sarthe)Créé par le Centre culturel Joël Le Theule de Sablé-sur-Sarthe en 1981

Festival de chansons pour enfants, une journée en juillet.

16, rue Saint Denis – B.P. 177 – 72300 Sablé Cedex – Tél. 02 43 62 22 22

• Alors, chante (Montauban)Créé en 1985

Festival de chanson française, en mai, avec un programme jeune

public (Les Mômes en Zic).

www.alorschante.com

• Festi’Val de Marne (94)Créé par le Conseil général du Val-de-Marne en 1986

Festival de chanson francophone (deux semaines en octobre), avec

un programme jeune public (Le refrain des gamins) dans une ving-

taine de villes du département

www.festivaldemarne.org/

• Chorus des Hauts-de-Seine (92)Créé par le Conseil général des Hauts-de-Seine en 1987

Festival de chanson francophone (deux semaines en novembre), avec un programme jeune public

(Chorus des enfants). www.hauts-de-seine.net/chorus

• Les rencontres chansons Tintinnabule (77)Créé en 1988

Festival de « chansons pour l’enfant, chansons pour l’enfance », en mars, dans

plusieurs villes du département.

83 avenue A.-Roll 77590 Bois-le-Roi – Tél. 01 60 66 30 89

• Chanterelle (Toulouse)Créé par l’association Chanterelle en 2001

Festival de musiques et chansons pour enfants, en septembre.

Festivalchanterelle.free.fr

• Festival Chanson jeune public (Magny-les-Hameaux, 78)Créé par l’Estaminet Café Culture et Magny Loisirs en 2002

Festival de chansons jeune public en mars.

Esplanade Gérard-Philipe, quartier Le Buisson, 78114 Magny-les-Hameaux –

Tél. 01 30 23 44 28

• Mino (Paris)Créé par l’ADAMI et les Jeunesses musicales de France en 2003

Festival de chansons jeune public, trois jours en décembre

www.mino.fr

• Pestacles du Parc Floral (75)Festival de la Mairie de Paris au Parc Floral avec, entre autres, des concerts tous les mercredis de juin à septembre.

www.pestacles.fr

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