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S o u s l direction de a Philippe A N T O I N E et Abdoulaye Bara DIOP

a guichets ferms ?Itinraires, rseaux et insertion urbaine

22 AOUl 1995I F A N / Ch .A.D. INSTITUT F O N D A M E N T A L D'AFRIQUE NOIRE CHEIKH ANTA DIOPOHSTOM

INS TITUT FRA NAIS D E R E C H E R C H E SCIENTIFIQUE POUR LE DVELOPPEMENT EN C O O P R A T ~ O N

SOMMAIREPrface par Abdoulaye Bara Diop .............................................................. lntroduction par Philippe Antoine ................................................................PREMIRE PARTIE

Pages 35

PROBLMATIQUESET IWTHODES

Ph.Antoine,Ph.Bocquier,A.S.Fall,Y.Mb.Guiss,J. Nanitlamio.Etude de l'insertionurbaine Dakar ................................................ R. Marcoux,M.K.Konat,A. Kouam,D.Oudraogo,V. Pich.L'insertion urbaine Bamako.Prsentation de l recherche e de l a t a mthodologie de l'enqute .... ... M. Lututala.-L'tudedmographique des biographies migratoires. t ... ... Potentialits e perspectives .... R. Cabanes.-Pour une socio-anthropologiepolitique du rapport travail/ hors-travail: les temps sociaux de l'histoireindividuelle e de l'histoire t collective .......................................................................................... J. Copans.-Des paradigmes e des mthodes :l culture de l'emprunten t a anthropologie du t a a l .................................................................... rviDEUXIME :L'ACCS RESSOURCES EN VILLE PARTIE AUXV. Dupont.-L'insertion rsidentielle des travailleurs dans l'espaced'une petite vle industrielle en Inde il ... ... ............. Ph.Bocquier.-L'insertionprofessionnelle des jeunes a Dakar .................. Y.Mb. Gulss.Travail salari e insertion urbaine Dakar-Pikine........ t C.Herry.-Vivre ou survivre ? Les migrants masculins de quatre v l e ils du centre-estdu Mali ...... ..... ..... S.Jaglin.-L'insertionpar l "haut": rgularisation fonciere e citadinisation e t dans les priphries de Ouagadougou (Burkina Faso) .. t A. Agounke e M. Pilon.-Quelques aspects de l'insertionurba ' . femmes migrantes moba-gurma Lom (Togo)....

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TROiSleME PARTIE :lNSERTiON ET LARGISSEMENT DE L'ESPACE BE VIE

A. Dubresson.-Travail,migrations,insertion :vers une nouvelle donne spatiale en Cte d'Ivoire? ................................................................ P.LabanBe.-Mobilit spatiale,ethnies,statuts :parcours e construction t si'identitaire des agents de deux f l e marchandes dans une vle iirs il viin secondaire du nord i o r e ....................................................... A.S. Fall.-Relations distance des migrants e rseaux d'insertion t a Dakar............................................................................................. J. Nanitlamio.Insertion urbaine e reprsentations des statuts fminins t S.S.0uattara.-Les rseaux d'insertiondes migrants en milieu urbain . . africain.Le cas des Snotlfo a Abidjan (Cte-d'Ivoire)................... . i o G.Pontie e A. Lericollais.-Relations distance des migrants sereer ...... t V. Ebin.-International networks o a trading diaspora :the Mourides o f f Senegal abroad ...................... ..................... .....................ct>lI. A '

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PRFACEAbdoulaye Bara DIOP

Ceite piiblicaiiorr des cie es 15" S5minait-e IFAN-ORSKhi : 4tinraires, rseaux e insertion urbaine,)tenu au Sefikgai e i991 traduit,dans les fais.l t r ! a volont de coopration de nos deux I s i u s qui en sont les co-diteurs. nttt E l est l'un des rsultats du processus i i i ,depuis plusieurs annes,par le nt une quipe pluridisciplinaire de chercheurs : dmographes, statisticiens, a anthropologues,sociologues, appartenant ces organismes,qui ont prouv l t ncessit d'unir leurs comptences e leurs efforts,de s'enrichirmutuellement,en travaillantensemble autour du thme de l'insertionurbaine Dakar,qu'ilsont choisi eux-mmesd'explorer. Au niveau institutionnel,existait aussi,de p r e d'autre,une politique de at t a partenariat scientifique qui s'est traduite par l signature,en janvier 1990,d'un protocole d'accord. La coopration entre IIORS~OM e I'IFAN, est ancienne,s'inscritaujourt qui d'hui dans un cadre juridique qui en d f n t les domaines,les formes,les objectifs e ii t les moyens. E l se renforce notamment, en inaugurant une ere de partenariat le a e dynamique qui se ralise par l constitution d'quipestravaillant sur l terrain,se fixant des objectifs prcis e ayant l'obligationde rsultats. t t i C e partenariat I'uvreest dj un modle e un exemple,s on en juge par l t a a l accompli par I'quipe ((Insertionurbaine,, dont les membres ont publi e rvi collectivement ou individuellement des rapports e des articles de grande qualit. t Certains d'entreeux ont labor e soutenu des thses de niveau ((trshonorable,,. t II s'agit de ABDOU SALAM FALL e de PHILIPPE BOCQUIER qui ont etudi t t t respectivement les volets : "rseauxde sociabilit e insertion'urbaine" e "insertion e mobilit professionnelle Dakar". t La coopration,ainsi i i i e e conduite,s'elargit d'autres pays comme l nt t e e e Mali e d'autrespartenaires comme l CERPOD,l Dpartement de Dmographie t de l'Universitde Montral.A Bamako,existe aujourd'huiune quipe de chercheurs

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qui travaille en troite collaboration avec celle de Dakar e bnficie de l'exprience t de cette dernire. L'utilisationdes mmes mthodes e techniques,comme celle des t biographies quantitatives,permettra l comparaison,dans l s meilleures conditions. a e des rsultats des recherches sur les processus d'insertion urbaine dans les deux v l e . Dans ce but, un premier atelier s'estdj tenu Bamako, en mai 1993, ils consacr essentiellement l formation,aux mthodes les plus actuelles de collecte a biographique.

L'organisation de ce sminaire de 1991 auquel ont particip des spcialistes comme l e de nombreux pays qui n'appartiennentpas tous l'Afriquede l'Ouest, i l e Zare,n mme au continent africain,comme l'Inde,e Brsil,montre que l cercle t de notre coopration ORSTOM-IFAN s'estlargi de nouveaux partenaires e de nouvelles aires gographiques du Sud comme du Nord. C e dveloppement est certainement bnfique,s on en juge par l possibilit i a ' d'changes enrichissants qu'il permet,comme on l aconstat l'occasion de ce a sminaire dont l publication des actes donne une bonne ide mais qui est partielle, dans l mesure o les dbats n'ont pu tre publis. a

II faut donc se f l c t r de ce partenariat exemplaire qu'ilconvient d'entretenir iie e de renforcer. II est un moyen de conqutes scientifiques pour une mgilbure t connaissance dessocitsafricaines, particulier,auxquellescooprentefficacement en t a des Institutions e des chercheurs du Nord.II est aussi,e ce n'estpas l moindre,une t e exprience de comprhension humaine contribuant favoriser l dveloppement ot de l science qui d i tre mise au service des hommes. a

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LA VILLE A

GUICHETS FERMES

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INTRODUCTIONPhi lippe A N T O I N E

Aujourd'hui,en Afrique, prs d'un habitant sur t o s vit en v l e L'Afrique ri il. subsaharienne reste encore peu urbanise au regard d'autres rgions comme e a l'Amrique Latine ou l'Afrique du Nord. Mais l rythme de l croissance urbaine particulirement rapide pose des problmes graves e complexes car tous les pays t de l sous rgion connaissent une progression de leur population urbaine 2 3 fois a plus leve que leur croissance naturelle. Jusqu'prsent,malgr les espoirs,il a t f r difficile rorienter l s flux migratoires vers les v l e secondaires.Ainsi ot de e ils a l'agglomrationde Dakar abrite l cinquime de l population totale du pays. Dans e ce contexte d'urbanisationrapide il convient donc de s'interrogersur les processus qui conduisent en v l e sur les modes d'accs aux ressources urbaines e en il, t particulier au t a a l e au logement. rvi t

Un premier sminaire concernant "l'insertion migrants en milieu urbain"a dest organis en fvrier 1987 par l CRDI, l dpartement de dmographie de e e

t t urbains de l'Universitdu Bnin e l'exdepartement "urbanisatione socio-systmes I'ORSTOM". rsultats de ce sminaire ont inspir plusieurs projets de recherche Les t comme ceux de V. D U P O N T en Inde ou F. DUREAU en Amrique Latine, e galement ceux mens d'une part Dakar par I'quipede recherche associe IFAN/ORSTOM, e d'autre p r Bamako par !'quipeCERPOD-Universitk de t at Montral. D'autres programmes concernant en particulier les migrations internationalesen Afrique dbutent.Le moment semblait donc opportun de partager tl t ces diffrentes expriences. Il a sembl uie a I'equipede chercheurs de I'IFANe de I'ORSTOMqui organise ce sminaire de confronter son approche celle d'autres equipes oprant en Afrique de l'Ouestsur des sujets voisins. La ralisation de ce a sminaire a bnfici de l'appuifinancier du Ministre Franais de l Coopration. Le processus d'insertion urbaine, est entendu ii comme un processus c dynamique d'installationen v l e en particulier d'accesau travail e au logement. il, t t Urbains e migrants sont confronts ces problmes,mais leurs attentes e leurs t rponses diffrent. Les originaires des villes, souvent scolariss, esprent un t a a l salarie rvi t correspondant leur niveau scolaire e un logement dcent.L'hbergementau sein

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de leur famille leur permet d'attendrel concrtisation de leur espoir. De nombreux a a fn migrants partent en vle l recherche de revenus montaires, a i de pouvoir il investir dans leur localit d'origine;d'autres envisagent leur avenir dans l vle a il d'accueil. consquences de ces migrations varient selon l nature de l'economie Les a locale,les opportunits urbaines,e les dynamiques sociales en oeuvre.Une faible t t croissance migratoire peut cacher des flux importants certains ges, e en particulier ceux des individus d'gesactifs.Dans bon nombre de capitales africaines l t e s des jeunes adultes est arriv dans l'agglomrationdepuis moins de 5 ans. e ir Les communications ce seminaire ont abord diffrents thmes. On peut les regrouper en t o s patties, abordant respectivement: l problmatique e les ri a t t t questions de mthodes; l'accs a l'emploi e au logement; les rseaux e les relations distance.

Itinraires e insertion :problmatiques e mthodes t t

Les deux premiers textes ceux de I'equipe IFAN-ORSTOM (Ph. ANTOINE, Ph. BOCQUIER, A.S. FALL, Y.M.GUISSE, J. NANITELAMIO) e de I'quipe t CERPOD-Universit de Montral (R.MARCOUX, M. KONATE, A. KOUAME, D. O U E D R A O G O ,V. PICHE) prsentent deux enqutes sur l'insertionurbaine ayant une problmatique e une methodologie communes. Ces deux enqutes font appel t a l'analysedes transitions.Ces tudes ne se positionnent pas en termes d'checou de russite de l'insertiondes migrants,mais vise connatre les modalits d'insertion diffrentielle des migrants e des non migrants. II s'agit en particulier,d'une part t t e d'identifierles f l e d'accs l'emploi e les dynamiques diffrentielles sur l iirs t t march du travail;e d'autrepart de saisir I'volutiondes composantes familiales e l mobilit rsidentielle. a Mumpassi LUTUTALA poursuit l rflexion sur l'intrt de l'approche a dmographique des processus d'insertion urbaine e des analyses biot a dmographiques.II insiste toutefois sur l ncessit de mener de paire investigation dmographique e entretien approfondi. t Les deux textes suivants apportent un autre clairage aux questions mthodologiques e conceptuellesconcernant l recueil e l'analysedes biographies. t e t a Robert CABANES montre toute l richesse des biographies;elles permettent de mieux traduire e comprendre l complexit des itinraires professionnels e prives. t a t

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LA VILLEA

GUICHETS FERMES

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Mme lorsque les possibilits de dcisions sont limites,chaque individu,en tant qu'acteur de l vie sociale, opre des choix. Le bien fond des mthodes a tie individualisantes e biographiques est remis en question par Jean COPANS.Il a t r t notre attention sur l ncessit d'largirl perspective historique e de dpasser l s a a t e histoires individuelles. Plusieurs questions traversent ces cinq textes. En particulier celle du traitement du temps,temps individuel ou temps historique,qui renvoient aux notions de priode e de gnrations chres aux dmographes,ou celle du passage du t micro au macro.L'accs l'emploi e au logement en ville t

La concentration de l population en vle est e l seule gnratrice de a il le nombreux emplois:il fautnourrir,loger,habiller,transporter,duquer,soigner...des m l i r de personnes chaque jour.Des m l i r d'emploisde service e de commerce iles iles t a de micro-dtail, adapts l modicit des moyens des clients,sont ainsi induits par l'urbanisation.La recherche d'un logement conduit de plus en plus de citadins il, ti a anciens ou de frachedate du centre v l e o il a t locataire ou hberg,vers i priphrie des v l e o il cherche acqurir une parcelle de terrain. Dans certains ils cas,comme Dakar,l manque de logements est flagrant.La seconde partie de cette e publication permet d'aborderplus concrtement divers processus d'insertion. Selon l contexte social e tes volonts politiques,diverses situations sont rencontres. e t Vronique D U P O N T montre travers l'exemplede l vle de Jetpur (en Inde) a il les diffrentes combinaisons possibles entre insertion professionnelle e stratgie t rsidentielle, allant de l'intgration totale des lieux de rsidence e de travail, t jusqu'aux navettes de travailleurs rsidant dans les villages environnant ; l'accsau t a a l urbain n'impliquepas toujours une rsidence en v l e rvi il.

Sylvy JAGLIN dcrit l processus presqu'inverse Ouagadougou, o se e a a il. dveloppent des pratiques foncires citadines l priphrie de l v l e C e procesfot sus s'inscrit dans un e f r volontariste de I'Etat,grace B une politique de lotissements publics.a Philippe BOCQUIER montre l'impactde l crise des annes quatre-vingtsur l march de l'emploi Dakar. Les jeunes "dakarois" e sont bien plus affects par l e chmage e l prcarit de l'emploique les immigrants rcents.Le dcalage est de ta plus en plus marqu entre l formation scolaire e les dbouchs professionnels a t-7-

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possibles,d'autantque l secteur "informel"n'a pas p i l relais du salariat. e rs e a Youssouf M.GUISSE donne un exemple des rpercussions de l crise que traverse l'economiesngalaise,travers l cas des salaris de l'industrie. cas e En de licenciement,leur reconversion dans des activits comme indpendant s'avre d f i i e Leurs stratgies de survie passent p u par une redistribution des rles e ifcl. ltt t des activits au sein du mnage. Dans un contexte diffrent,celui des petites v l e du Mali, Claude HERRY ils a a e dresse un constat de l prcarit de l situation des migrants tant sur l plan de l'emploique de l rsidence. a E m m a AGOUNKE e Marc PILON montre que des migrants d t passifs, t is les femmes Moba-Gurma originaires du Nord Togo,venant rejoindre ou accompagner ai i le leur m r a Lom, mme s e l reste trs proche de leur communaut d'origine, investissent dans des activits de proximit,e contribuent de faon non ngligeable t aux revenus du mnage,particulirement en temps de crise. Ces diffrentes etudes de cas montrent une certaine diversit,en particulier dans l domaine des choix rsidentiels e du logement. L'tal hsite souvent e t investir dans l logement urbain des plus dmunis,car cela peut avoir comme effet e induit de favoriser l'exode rural. Les diffrences sont moins marques en ce qui concerne l'emploi, l salariat s'rode. o e Absence de t a a l e manque de logements rvi t se conjuguent pour freiner l mariage des jeunes,qui prennent de plus en plus tard e l responsabilit d'unefamille.La crise actuelle touche particulirement l jeunesse a a e l'exclusiondes jeunes d i tre au centre des analyses concernant l s mutations t ot e des socits urbaines.L'insertion e elargissement de l'espace de vie t

Le migrant est membre d'une communaut de parent souvent tendue. e t retrouve des membres de sa communaut anciennement installs en v l e II il. maintient des liens plus ou moins forts avec son milieu d'origine.Les associations de ressortissants d'un mme village ou d'une mme rgion sont particulirement actives en vle Le maintien de relations avec l milieu d'origineentrane d'importants il. e flux financiers entre l capitale e l'intrieurdu pays. A mesure que se prolonge l a t e sjour en v l e l s ples d'intrt relationnel du migrant se multiplient. Ces liens il, e avec l milieu d'origine constituent un des chappatoires possibles aux e

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consequences de l crise.L'insertionse pose aussi en terme d'identit. a Aprs avoir abord l question des reconversions du salariat vers l'artisanat a Alain DUBRESSON s'interroge sur l possibilit de demeurer citadin. La crise e a t l'effritement du salariat industriel rduit l r l d'Abidjan comme principal ple e e d'emploi. Cette nouvelle donne remet en cause l'insertiondurable dans l capitale a ivoirienne. Des dlestages dmographiques s'oprent au sein des mnages, de nouvelles mobilits se font jour e par voie de consquence modifient l'armature t urbaine du pays en renforant les v l e moyennes. ils Pour Pascal LABAZEE I'tudedes trajectoires individuelles e collectives des t commerantsde Korhogo (Cte d'Ivoire), permet de mettre en vidence les modes il t e d'insertion e les enjeux d'identit qui accompagnent l'installation en vle e l t changement de statut professionnel. A Dakar,pour Abdou Salam FALL,l processus d'insertionse traduit par un e passage de rseaux fondements villageois des rseaux plus spcifiquement urbains.Le quartier est un cadre de brassage social:regroupements,associations, tontines se mettent en piace e v v f e t les relations de voisinage. t iiin Jeanne NANITELAMIO aborde l question de 1'8volutionde l perception des a a statuts fminins au cours de l'insertionurbaine.Quelque s i l parcours migratoire ot e l discours des femmes concernant leur statue varie peu, e reste attach aux e t normes traditionnelles. Le seul avantage de l vle s'estde permettre d'assumer a il plus facilement l quotidien. eA travers l'exemple des migrants Snoufo a Abidjan, Souleymane OUATTARA, tend penser que les migrants ruraux s'adaptent plus qu'ils ne a il. s'intgrent l v l e

Le dtour par l monde r r l que nous propose Guy PONTIE e Andr e ua t LERICOLLAIS nous permet de mieux apprhender comment s'oprentles relations distance.La survie des communauts Sereer dans leur village d'originepasse par l'migration d'unepart de leurs ressortissants qui contribuent par leurs envois de a fonds amortir l fluctuation des recettes tires de l'agriculture. Le dernier texte propose un exemple d'largissementde l'espacede v e des i migrants. Victoria EBlN prsente l s rseaux migratoires Mourides qui tendent e

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leurs ramifications du Sngal jusqu'New-York.Leurs dplacements sont d'ordre purement conomiques, e ces migrations internationales constituent aussi un t moyen d'accder des ressources que n'offrentplus les capitales africaines.

CONCLUSION

Les situations sont diverses suivant les pays, mais quelques t a t forts se ris dgagent:l'ampleurde l'urbanisation, flux migratoires continus de jeunes,une des ils migration qui ne touche pas seulement les campagnes mais aussi les v l e de l'intrieur,une forte migration de jeunes scolaires,des migrations fminines qui prennent de l'ampleur. Trs souvent, l'accueilest assur par l parent dj installe a en v l e avec pour consquence une augmentation de l til des mnages,e une il, a ale t accentuation de l charge par a t f Les relations avec l campagne sont plus ou a ci. a moins importantes suivant les pays. Les possibilits de retour au l e d'origine sont iu variables,bien souvent en fonction des potentialits agricoles de l zone de dpart a ou des opportunits de reconversion professionnelle. La croissance urbaine va se maintenir dans l s pays africains,mais dans un e contexte de marginalisation d'unepartie de plus en plus importante de l population a urbaine, phnomne accentu par les effets des programmes d'ajustement structurel.Les rseaux sociaux de solidarit e l parente,ont de plus en plus de t a t mal amortir les effets des compressions d'emploise de rduction des revenus. Le tte de cet ouvrage k milieu -urb->Dk [rural -rur->Dk wb-rur->Dk 1 -urb-urb->Dk~

-13.561 -13.561 1-13.561 452 ,90801 1.4920 ,17389 -14.79

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0.988) 0.988 0.988 0.351 0.083 0.003 0.842 0.965

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i 1 1996.55 1.0959 ,88298 1240.7 __ 0.986 0.050) 4.2124 2.6632 !.I259 1.841 5

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7 Ine parle pas fr parle franais - primaire incomplet - primaire complet - college complet - lycee complet

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LA VILLEA GUICHETSFERMS ?I1

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Priode de chmage aprs ti 0.965 j 0.965

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LA VILLEA

GUICHETS FERMES

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TRAVAIL SALAR^T INSERTION U R B A I N E DAKAR-PIKINE

Y O U S S O U P H M B A R G A N E GUISS

Dterminer les conditions daccs lemploie les dynamiques dattraction, t de fixation ou de mobilit dans lemploiindustriel constituent notre objectif gnral. Nous nous sommes particulirement intresss au secteur des industries ; celui-ci en e f t est ancien e remonte de l priode entre les deux guerres.A p r i de 1946 fe t a atr il sestlargi avec limplantationde lindustriealimentaire, lindustriedes matriaux de a ele Iindustrie de construction e de lextraction minire. A l v i l de lindpendance, t atteint 18% du P I avec un e f c i global de 12 500 employs.Aujourdhui,a part I3 fetf l du secteur industriel dans l formation du PIB slve 31%. Cependant,cette a a progression noccultepas un certain nombre de problmes : comme l rgression du secteur primaire e des maux internes qui ont conduit de nombreuses mesures t de ramnagementsdepuis lindpendance dont actuellement l nouvelle politique a industrielle (NPI)composante du plan dajustementstructurel.Le secteur industriel connat des bouleversements marqus par des restructurations,des dflations,de a nombreuses fermetures dentreprisesqui ont entran en quelques annes l perte demploipour 15 O00 travailleurs de toutes conditions.Les prvisions indiquent l a perte pour lindustriepour l priode 1985-1992, 30% de ses effectifs. a de

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LA VILLE GUICHETS FERMS ?

e La crise de lindustrie,les pertes demploi,l chmage entranent des modifications de comportements e de stratgies des ouvriers. II est intressant t pour nous dtudiercela auprs de t o s gnrations de migrants e de non-migrants ri t salaris de notre chantillon a i de saisir les volutions e les processus dinsertion. fn t Laccs lemploisalari est un objet de ces stratgies car il est lenjeuau niveau des familles e des groupes,de stratgies dinsertion e de reproduction par les t t f l e dembauche,a redistribution sociale,laccumulation, reconversions. iirs l les

LE S E C T E U R INDUSTRIEL E N CRISE1. Ajustement structurel e nouvelle politique industrielle (NPI) t

Depuis 1 8 l Sngal applique son conomie les premiers programmes 91 e dajustementstructurel.Au niveau de lindustrie,e facteursde contre performance ls de l sont identifis : Itroitessedu march depuis Iclatement IAOF,a scheresse affectant les huileries, les cots levs des impts (eau,electricit, carburant), bi lexcsde protection l a r de toute concurrence.La Nouvelle Politique Industrielle (NPI) v i l jour e vise redynamiser lindustriepar des mesures fiscales e ot e t t douanires e par l rvision du Code du Travail. Ces mesures consistent t a supprimer des restrictions 8 limportationde produits,a libraliser les prix,a rviser l code des douanes e celui des impts. Autrement dit, a l v e les entreprises e t irr sngalaises l concurrence internationale. a t La NPI applique brutalement e sans mesures daccompagnementa alors Considrablement aggrav lextrme fragilit des entreprises sbngalaises. Lindustrie connat des bouleversements marqus par des restructurations, des fermetures dusines e des dflations. Des pans entiers scroulent. t Pendant ces cinq dernires annes plus de 40 entreprises au t t l dont les chiffres daffaires oa t varient entre 100 millions e 7 milliards de F CFA ont dpos leur bilan,jetant au chmage des masses douvriers. centaines de petites e moyennes entreprises Des t a de toute nature e de toutes dimensions ont priclit.II est prvu pour l priode de t 1985-1 992,a perte pour l secteur industriel du t e s de ses effectifs. l e ir

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LA VILLE GUICHETS FERM& ?2 La restriction du marche de lemploi .

Le march de lemploi du secteur industriel souffrait dj de dynamisme : 1 7 7 emplois permanents e l moiti des e f c i s saisonniers taient dj perdus 8 ta fetf de 1 7 1 8 . 9 7 9 1 Puis ce march sestbrutalement dtrior.Tous les secteurs sont branls e les plus touchs sont l pche e l s industries de transformation,l t a t e e t x i e e l confection,l mcanique gnrale,les industries chimiques. etl t a a En 1989,l secteur industriel moderne dans son ensemble (activits e manufacturires, industries extractives e production nergtique) compte peu t t prs 300 entreprises,emploie environ 30 O00 salaries permanents e fournit les 2/3 des exportations du pays. Mais note B. F l (1991)((le constat majeur est l al a faiblesse des emplois quoffrel secteur industriel en pleine tourmente. II nemploie e oa a que 30 O00 travailleurs reprsentant un faible pourcentage du t t l de l mainduvrexx.

A Dakar-Pikinenous avons tudi l e f tde ce dclin progressif des industries fe auprs de t o s gnrations de migrants e de non-migrants a i de saisir l s ri t fn e evolutions dans l processus dinsertiondans l salariat industriel mais galement e e limpactde l crise e les stratgies i i i e par l s acteurs. a t nts eCette partie sur l dclin de lemploisappuiedabordsur lanalysequalitative e dun sous-chantillontr de Ichantillon de 1 557 biographies. Les analyses i dcoulent de Itudede 36 biographies ouvrires e aussi de nombreux entretiens t que nous avons eus avec les concerns,21 ouvriers en activit,6 en chmage, 5 convertis indpendants e 5 retraits. Is appartiennentaux secteurs industriels du t l textile, de l brasserie, de lnergie,du transport, de l mcanique e des a a t hydrocarbures. Dans Ichantillon global de lenqute IFAN-ORSTOM,les salaris de lindustrie 8 Dakar-Pikine reprsentent selon les t o s gnrations voques, ri 105% e 5,8% de lensembledes a t f de tous l s secteurs. t cis e respectivement 13,8%, On remarque dj une baisse progressive du poids des ouvriers industriels par rapport lensemble des actifs,traduisant bien l situation actuelle du dclin de a lemploiindustriel.

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LA VILLE A GUICHETS FERMES ?3. Processus diffrents de salarisation

Laccs lemploisalari semble beaucoup plus facile dans l s conditions e Ainsi l s ouvriers de l premire gnration,ges de 45-59 au e a ans des annes 60. moment de lenqute, connu un march du t a a l plus ouvert.On y trouve les ont rvi cas plus frquents de recherche individuelle du travail.Certains dentreeux racontent que,durant l priode coloniale e juste aprs lindpendance, en se promenant a t cest dune usine lautrequilsont t embauchs. II y avait une demande de mainti duvresans qualification ; certes les salaires taient bas mais il a t toujours facile davoir un emploi journalier qui l longue pouvait se transformer en embauche. a Cest parmi ces ouvriers l s plus gs que lon trouve l s paysans venus des e e campagnes pour l salariat industriel. Cela a t pour eux un moyen dchapper e ti l i s a i i des revenus dans lagriculturedue aux alas climatiques e dviter ntblt t e ei galement les alas du march dont est victime l p t t commerce. Le contexte galement moins clientliste, du fi que les patrons dentreprise taient des at Europens, permettait aux ouvriers mritants e disciplins de f i e carrire. La t ar s a i i dans lemploiest en e f t remarquable pour cette premire gnration o tblt fe lon trouve des ouvriers qui ont fi 30,mme plus de 4 ans dans l mme at 0 a entreprise.Recruts au niveau de salaire l plus bas,ces paysans forms sur l tas e e l machine, se retrouvent aujourdhui agents de matrise, certains assimils a cadres avec un salaire confortable,des responsabilits e des avantages dans t lentreprise. ans t La catgorie douvriersde l deuxieme gnration gs de 35-44 e celle a de l troisime gnration ges de 25-34ans sont galement venus au t a a l a rvi salari par des rseaux de parent dont certains par des ouvriers de lentreprisee t aussi par des notables ; il y a galement les rseaux damis denfancequi sont importants. ans a Les ouvriers gs de 35-44 sont l plupart passs par lapprentissage des ateliers du secteur informel. Cest parmi eux que lon trouve des cas de reproduction ouvrire,tant eux-mmesfl douvriers. is Quant aux ouvriers ges de 25-34ans is sont issus pour l plupart de l l a a dperdition scolaire avec l niveau de scolarit primaire. Certains,mais pas tous, e ont acquis une formation dapprentis. Cestparmi ces plus jeunes que lonretrouve

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GUICHETS FERMES

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trs peu avec un niveau de scolarit secondaire (niveau BAC). Certains ont eu une formation e un recrutement par t s professionnel. Is ont fi des stages hors t et l at entreprise dans les i s i u s spcialiss.Cestparmi eux quil y a des agents de nttt a a e matrise. Contrairement l gnration l plus ge o l s parcours professionnels sont simples, on constate parmi l s autres gnrations, une certaine mobilit e professionnelle. Les changements demploi tant motivs par l recherche dun a meilleur salaire ou ds aux nombreuses frustrations dans l s relations de travail. e Cest galement leur niveau que les compressions, licenciements e f i l t s t alie dentreprisesentranent l plus de chmage. e ans Les ouvriers de l gnration des 45-59 sjournaient remarquablement a longtemps dans leur premier emploi.Aucun ouvrier des gnrations ges de 45 59 ans lenqutenavait quitt son premier emploi avant 7 ans de carrire,75% lavaientconserv plus de 24 ans e 50% plus de 29 ans.O note galement que l t n a plupart des ouvriers de ces gkneraiions ne connaissent pas plus de deux emplois dans leur carriere. Dans l gnration des 35-44ans,25% avaient quitt leur premier emploi a t 4 avant 11 ans de carriere e 50% avant 1 ans de carrire.En somme,compare aux gnrations prcdentes,l dure de lemploiouvrier a t rduite de moiti. Les a ouvriers de ces gnrations ont une plus grande mobilit dans l profession mais on a remarque que l mobilit nestpas aussi forte que lon naurait pens e dpasse a t rarement t o s priodes demploidurant l carrire professionnelle. ri a Les ouvriers de l gnration des 25-34ans sont presque tous des jeunes a ouvriers encore leur premier emploi l r de lenqute, lexceptionde certains os ouvriers dakarois qui en sont deja leur deuxime emploi. La dure de lemploi ouvrier sestencore rduite par rapport aux gnrations prcdentes : on peut v i or que 75% navaientpas conserve leur emploi plus de 8 ans e 50% pas plus de 12 t ans. La dure maximale de lemploi ouvrier des hommes gs de 25-44 ans lenquteserait dpeu pres vingt ans, contre pres du double chez l s hommes e ges de plus de 45 ans lenqute.

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LA VILLE A

GUICHETS FERMS

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4 Faible passage au secteur informel .

Peu douvriersde l premire gnration de 45-59 a ans,quilssoient dakarois ou migrants venus en apprentissage,ont connu une priode de t a a l indpendant. rvi Parmi les migrants venus chercher un emploi Dakar-Pikine,probablement en majorit doriginepaysanne,seulement un sur cinq a connu une priode antrieure demploiindpendant. II en est de mme chez les 35-44ans. Chez les hommes gs de 25 35 ans,qui ont connu lemploiindustriel dans l contexte de l crise, e a certains ouvriers dakarois ont connu une priode demploi indpendant mais ce nest l cas pour aucun des ouvriers migrants venus en apprentissage ou venus e chercher un emploi.

Il se dgage en ralit que contrairement ce que lon pourrait penser l e passage du salariat dans lindustrieau statut dindpendantest peu frquent ; les ouvriers industriels sont relativement stables dans ce secteur.On note cependant que cestau niveau des ouvriers entrs dans l v e active dans l priode 80,celle a i a de l crise,que l passage linformelest l plus important ; e l contrairement a e e t lattente, cela concerne, non pas les migrants, mais plutt les ouvriers natifs de Dakar.S linverseon examine chez les travailleurs actuellement indpendants i e e gs de 45 59 ans,l passage antrieur par l salariat industriel,on note quun bon nombre dentreeux ont dj t ouvriers de lindustrie. nestplus tellement Ce l cas chez les indpendants ges de 35 44 ans e encore moins chez les e t indpendants gs de 25 34 ans. II semble donc que,pour les hommes entrs dans l v e active au tournantde lindpendance, reconversions professionnelles a i les du statut douvrierindustriel au statut dindpendant taient plus faciles.Cependant l processus diminue dintensitpour les jeunes gnrations : malgr l plus faible e a dure de leur premier emploi,ces jeunes ne se sont pas pour autant orients vers l e statut dindpendant.

5. Les pertes demplois salaries dans lindustrie

La faible augmentation de l production industrielle en volume entre 1970 e a t 1984avec un taux drisoire de 0,8 e sa stagnation depuis 1985 ont eu un impact %t

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L A V1LL.E GUICHETS FERMS ?

considrable sur Ivolution des e f c i s des salaris. Ces effectifs ont en e f t fetf fe sensiblement baiss entre 1957 e 1989,en comparaison de laugmentationde l t a population active. La production industrielle se caractrise alors, selon B. F l al (1991)par l chute des projets,de trs faibles investissements, a une faible demande de t a a l avec lincapacitdabsorberl s 100 O00 jeunes qui arrivent chaque anne rvi e a sur l march de lemploi.Les rformes introduites par l NPI ont aggrav l e a situation par les nombreuses pertes demploi e les compressions dues des t fermetures dusinesou des restructurations. Pour l groupe des ouvriers ayant accd lemploisalari dans les annes e60 (gees de 45 59 ans lenqute), note chez l s dakarois une plus grande on e

perte demploi que chez les migrants. Cette diffrence entre l s deux groupes e dakarois e migrants sexpliquent en partie par l fi que les migrants plus t e at vulnrables e souvent moins qualifis ont t en gnral plus respectueux de l t a discipline de t a a l dans l s entreprises. rvi e e Durant les annes 60,l s pertes demploissalaris dans lindustrie sont relativement compenses par des offres demploi. Dans l priode des annes 71, a l s changements demploi par perte de t a a l sont nombreux pour les diffrents e rvi i le groupes douvriers.Mais il y a nanmoins encore de loffrede travail,mme s e l est faible. a a La priode des annes 80 traduit l ralit de l crise des industries sngalaises. Des ouvriers perdent l u premier emploi sans esprer en retrouver er cependant que les conditions de t a a l sont juges non convenables e les revenus rvi t salariaux insuffisants.A lampleurdes pertes demploicorrespond une rarfaction de loffrede travail,particulirement dans lindustrie. effet,on estime dans notre En a enqute l nombre de chmeurs ayant dj travaill prs de 8,2% de l population e active masculine ayant dj t a a l ; dans l secteur industriel,ce taux est de rvil e13,7% .

II faut dire que l syndicalisme dans ce contexte,dj fortement tril par l e ial a politique politicienne e mine par des tendances en lutte,manque defficacitface a t l situation.Bon nombre douvriersestiment quilne peuvent r e faire e ne font pas a in t confiance aux dlgus e m m e lorientation gnrale quils jugent t collaborationniste. Les solutions l crise rcente sont plutt alors de se tourner a vers l reconversion professionnelle. a

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LA VILLE A GUICHETS FERMS ?

On trouve des cas de reconversion galement chez les ouvriers retraites, mais seulement parmi ceux qui sont parvenus des salaires relativement levs : il sagit de cration dateliers de couture, de transport dando,>,. dexploitation qui e marachre,dlevagede poulets ou dovins, permettent de maintenir l niveau de v e des concerns. i

6 Les reconversions professionnelles .

De nombreux ouvriers actifs,du fi de l crise,de l dtrioration du pouvoir at a a dachat, l i s a i i non seulement de lemploi, de n t b l t mais de lentreprise qui peut sombrer dun jour lautre,aspirent l reconversion dans linformel.Mais les a possibilits duncapital ou dunfinancementsont trs rares e l secteur informel Iuite mme semble en saturation. Mme les activits secondaires sont rares e s elles t i existent,ne procurent que de trs faibles revenus.Parmi l gnration 25-34ans on a rencontrefrquemment laspiration lmigrationinternationale,mais celle-cidevient extrmement d f i i e Au niveau des chmeurs essentiellement des gnrations ifcl. 25-34e 35-44ans,on rencontre de nouvelles reconversions avec l combinaison t a ei r v i ei de plusieurs activits allant du p t t t a a l de dpannage au p t t commerce. Par exemple,certains connaissant les besoins en outillage de rparation e t de maintenance des ateliers des entreprises,se r v t i l n auprs du grand march aialet du port o les marins de toute nationalit bradent toutes sortes de pieces mcaniques ou doutils; is les replacent alors auprs des entreprises moyennant l souvent un bnfice substantiel. Ces transactions sont dautant plus rendus possibles que les entreprises ont parfois dnormesproblmes commander une piece dfaillante puisquellerevient excessivement chre e l v tardivement,s t ire i e l nest pas souvent introuvable Itranger,ntant plus en fabrication. Ces le ouvriers deviennent ainsi l s intermdiaires dunmarch o cestl secteur informel e e qui assure l renouvellement de certaines pices des ateliers industriels.Certains e mmes se dbrouillent usiner des pices de rechange quil revendent . Ainsi les cas de reconversion vers un statut dindpendant, sont faibles qui e comme nous lavons vu, concernent des ouvriers contraints au chmage par l licenciement ou l filt de lentreprise.Le dpart volontaire en lchange dun a alie pcule, f c l t lentredans l a t v t indpendante.Mais ces reconversions sont aiie cii

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LA VILLE GUICHETS FERMS ?

d f i i e du fi du manque de moyens,des problmes dadaptation,t aussi du fi ifcls at e at de l saturation au niveau des activits informelles. a

7 Le problme des bas salaires .

Pour presque lensembledes ouvriers de Ichantillonl problme est celui e des bas salaires,des blocages dans lavancementou l promotion.Les frustrations a sont dautantplus grandes que l gestion de l main-duvre a a dans les entreprises est dnonce de clientliste.La premire gnration 45 59 ans,compare souvent l gestion rigoureuse e l politique sociale bien meilleure lpoqueo l direction a ta a a t celle des Toubabs celle actuelle des patrons nationaux. ti Mais ce sont l s ouvriers qualifis des gnrations suivantes qui sont les plus e amers a Igardde l gestion patronale,mais aussi des syndicalistes jugs plutt a P3rmmr)us. a Les salaires sont jugs bas permettant a peine l survie. Les diffrences selon les conventions collectivese selon les entreprises e les niveaux de production t t entranent pour les mmes qualifications des niveaux de salaires varis e des t carrires dissemblables.Cestl cas pour l convention Industrie e l convention e a t a Btiment. De mme, l problme de lavancementest gnral. Les dispositions ntant e pratiquement pas respectes par l s directions patronales,il est un point permanent e des revendications syndicales e des frustrations des ouvriers. Les bas salaires t amnent l recherche de revenus supplmentaires comme nous lavonsvu. Mais a n ot t cela est une possibilit trs faible.O v i donc plutt des stratgies de survie e laspiration trs forte mais sans r a i au passage dans linformel ou/et l lt a migration internationale.

O comprend ds lors que limagepositive quavaitl salariat s i en train de n e ot se dtriorer considrablement.De nombreux ouvriers nous ont d t comme celui-ci: i (