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TomTom, icône éphémère du GPS Pionnier de la géolocalisation pour tous, le néerlandais peine face à Google « UN DE LEUR PRINCIPAL ATOUT, C’EST QU’ILS SONT ARRIVÉS AVEC UNE INTERFA- CE SIMPLE ET INTUITIVE » Anne Bioulac analyste au cabinet Roland Berger AUX ÉTATS- UNIS, LES VENTES DE GPS SE SONT EFFONDRÉES DE 70 % ENTRE 2008 ET 2013 plein cadre C ’est toujours la même routine. Le client entre dans le taxi et donne sa destination. Le chauf- feur pianote sur l’écran de son GPS l’adresse communiquée, il suit ensuite les instructions de sa fidèle machine jusqu’à l’arrivée à bon port. « Tournez à gauche », « attention travaux après le prochain rond-point », une voix suave de femme ou d’homme devenue familière pour des centaines de millions d’automobilistes partout dans le monde. Il y a moins de vingt ans, cette situation aurait été impossible : pour trouver sa des- tination, le chauffeur de taxi aurait dû connaître Paris dans ses moindres recoins – comme l’exige un examen toujours en vigueur –, ou sortir les bonnes vieilles car- tes Michelin. Car bien qu’il soit devenu un objet du quotidien pour les automobilistes, le GPS n’est pas si ancien. Le mois de juin 2014 ne marque que ses dix ans ! Ce n’est qu’en juin 2004 que le néerlandais TomTom commercialise la première machine porta- ble et surtout abordable. « Nous avons litté- ralement créé le marché », s’enorgueillit Corinne Vigreux, cofondatrice de l’entre- prise. « Avant cette date, le GPS existait déjà, mais il était hors de prix et n’était dis- tribué que dans quelques bolides de luxe et conçu par les constructeurs eux-mêmes », précise Olivier Claire, chef de produit objets multimédias chez Renault. A l’époque, la technologie est chère et encore mal maîtrisée. M. Claire se sou- vient qu’en 1995 il fallait compter 20 000 francs (3 048 euros) pour se doter des premières versions de logiciels de loca- lisation. Des programmes qui reposaient sur une technologie développée par l’ar- mée américaine. En 1968, le Pentagone décide de se doter de satellites géostationnaires. En commu- niquant entre eux, ils peuvent déterminer la position exacte de n’importe quel objet : c’est le « Global Positioning Sys- tem ». En 1978, le rêve se concrétise avec un premier satellite envoyé dans l’espace. Suivront alors quelques dizaines de lance- ments avant que le système ne soit décla- ré opérationnel en 1995, avec une constel- lation d’une bonne vingtaine de satellites. C’est à ce moment-là que TomTom s’em- pare de la technologie. Fondée en 1992, la jeune entreprise s’occupe de produire des logiciels qu’elle licencie à des grands grou- pes comme Oracle ou Palm, qui les reven- dent à leur tour à leurs clients. Sa grande spécialité : les logiciels embar- qués dans les PDA, ces agendas électroni- ques qui faisaient fureur dans les années 1990. C’est d’ailleurs au départ sur ces peti- tes machines que TomTom propose ses services de navigation. « Au départ c’était une interface rudimentaire en noir et blanc, ça ne fonctionnait pas encore avec le GPS, se remémore Corinne Vigreux. On ne pouvait pas avoir la géolocalisation de sa voiture. C’était un système qui calculait les itinéraires en fonction de la carte et des informations relatives au point de départ et d’arrivée renseignées par l’utilisateur. » Les dirigeants de TomTom se rendent vite compte que, bien que sommaire, ce service est le plus populaire auprès de leurs clients. « C’était le produit le plus demandé du catalogue, alors on a décidé de se lancer avec le GPS mais on a très vite réalisé qu’un simple PDA ne supporterait pas la puissance de calcul nécessaire », explique la responsable de TomTom. L’entreprise travaille alors sur un systè- me indépendant. Un petit boîtier qui contiendrait en mémoire des cartes préci- ses sur lesquelles la voiture est localisée grâce aux signaux des satellites. Et de la guider sur tout son trajet. C’est ainsi que naît le premier GPS portatif. « D’un coup, on avait des modèles de GPS portatifs à moins de 800 euros, là où il fallait compter 3 000 ou 4 000 euros pour un système embarqué », explique M. Claire. Le terminal est tout de suite un succès : le premier million de GPS TomTom s’écou- le alors bien plus vite que ne s’était écoulé le premier million de téléphones porta- bles. « A l’époque on était une entreprise d’à peine trente personnes et on a très vite décidé de se lancer à l’assaut du marché européen, qui était pourtant très fragmen- té. Mais ça a marché, car le besoin était réel », raconte Corinne Vigreux. « Un de leur principal atout, commente Anne Bioulac, analyste au cabinet Roland Berger, c’est qu’ils sont arrivés avec une interface simple et intuitive, qui n’avait rien à voir avec ce que pouvaient faire les constructeurs automobiles. » L’autre gran- de force de TomTom, selon l’experte : la précision des cartes. La société licenciait les plans du cartographe Tele Atlas, qu’elle a fini par racheter en 2008. « Ils n’ont cessé d’investir dans leurs fonds de cartes afin d’avoir les plans les plus précis possible », explique M me Bioulac pour qui le fond de carte est le « nerf de la guerre ». Sébastien Amichi, spécialiste de l’auto- mobile chez Roland Berger précise, pour sa part, que le partenariat signé avec Renault en 2008 n’est pas étranger au suc- cès du GPS en France. « Renault s’est alors mis à intégrer des GPS du néerlandais à ses voitures pour moins de 500 euros. Ils ont réuni le meilleur des deux métiers : la préci- sion du cartographe et le savoir-faire d’inté- gration du fabricant de voiture », explique le spécialiste. En Europe, TomTom se taille très vite 80 % du marché qu’il a contribué à faire décoller. Seule la présence de son rival Gar- min aux Etats-Unis met un frein à l’im- pressionnante déferlante néerlandaise. L as, le fulgurant succès du GPS est stoppé avec l’arrivée d’un concur- rent de poids : Google Maps. Propul- sée dans les poches de tous les pro- priétaires de smartphones à partir de 2008 (date de lancement de l’App Store, le magasin d’applications d’Apple), l’applica- tion de cartographie de Google ne cesse de séduire de nouveaux adeptes. D’autant qu’elle est sans arrêt amélio- rée par le moteur de recherche du géant américain de l’Internet. Ne proposant au départ qu’un plan et une géolocalisation, elle se met très vite à calculer des itinérai- res très précis grâce au système de satelli- tes GPS ou encore à une triangulation par GSM, les ondes radios qui permettent d’ap- peler ou d’envoyer des SMS depuis son mobile. Une déclinaison « navigation auto- mobile » avec une voix donnant des ins- tructions a même été lancée. En quelques années, Google Maps est devenue l’une des applications les plus uti- lisées au monde : 90 % du milliard de pro- priétaires de smartphones l’ouvrent au moins une fois par jour. En 2013, le moteur de recherche rachète la très populaire application Waze qui per- met aux internautes de se signaler entre eux tout possible obstacle (trafic, acci- dent ou travaux) sur la route et de recalcu- ler l’itinéraire en temps réel en consé- quence. Le finlandais Nokia s’est pour sa part offert le cartographe Navteq en 2007 et a lancé un système de navigation baptisé « here » disponible gratuitement sur ses smartphones Lumia. Et accessible sans surcoût de connexion partout dans le monde. Résultat, les ventes de GPS se sont effondrées en quelques années : elles ont reculé de 70 % entre 2008 et 2013 rien qu’aux Etats-Unis. En quelques années, la navigation en temps réel et la géolocalisation sont pas- sés d’un luxe associé aux grosses cylin- drées allemandes à un produit banalisé et gratuit. L’existence de TomTom, dont tou- te l’histoire est associée à celle de ce pro- duit, est-elle menacée pour autant ? « C’est la beauté et le revers des technolo- gies, les choses y changent très vite ! Le mar- ché n’est pas mort et nous allons nous adap- ter à la nouvelle donne en nous concen- trant sur les produits comme les bracelets qui monitorent les battements de cœur », explique M me Vigreux. Un créneau déjà occupé par Fitbit ou JawBone, des bébés d’Internet à l’instar de Google… p Sarah Belouezzane Le premier GPS TomTom a été commercialisé en juin 2004. ROBIN VAN LONKHUYSEN/REUTERS Waze ou le succès de la navigation communautaire San Francisco Correspondance Le succès fulgurant de Waze n’a pas échappé aux géants de la Silicon Val- ley. D’abord courtisée par Facebook, la jeune société a été rachetée, en juin 2013, par Google pour 966 mil- lions de dollars (713 millions d’eu- ros). Fondée en 2008 en Israël, la start- up revendiquait alors près de 50 mil- lions d’utilisateurs. Aucun chiffre n’a été communiqué depuis, mais tout laisse à penser que la base d’uti- lisateurs a poursuivi sa croissance. Selon le cabinet App Annie, Waze est la deuxième application gratui- te la plus téléchargée de sa catégorie sur les boutiques françaises et amé- ricaines d’Apple et de Google. Pour- tant, la société ne dispose d’aucun budget marketing : c’est le bou- che-à-oreille qui assure son succès. Face à ses rivales, l’application se démarque par son approche com- munautaire. Chaque utilisateur peut indiquer à tous les autres ce qu’il voit : des bouchons, un acci- dent, des travaux ou la présence de la police. Jusqu’en février, il était aussi possible de signaler les radars en France, une option supprimée pour se conformer à la réglementa- tion. Ces alertes s’affichent en temps réel, permettant aux automo- bilistes d’adapter leur itinéraire. L’application utilise également les données GPS de ses utilisateurs afin de déterminer leur vitesse. Elle peut ainsi établir l’état du trafic et proposer le trajet le plus rapide. Celui-ci évolue aussi en temps réel si les conditions de circulation chan- gent. Cette communauté active consti- tue le point fort de Waze. Plus elle grandit et plus le service s’améliore. A la sortie des bureaux, lundi 16 juin, plus de 5 000 personnes étaient connectées dans le centre- ville de San Francisco. Ils avaient laissé près de 500 alertes. Autant d’informations qui ne sont pas dis- ponibles ailleurs. Service monétisé Le rôle de la communauté ne s’ar- rête pas là : elle contribue à amélio- rer les cartes. Sur Internet, un édi- teur permet à près de 150 000 volon- taires de modifier la base de don- nées. Par exemple, ajouter des rues, changer le sens de circulation, indi- quer la présence de péages… Waze se sert également des données GPS pour actualiser ses cartes. Et aussi pour couvrir de nouvelles zones géographiques. Ce modèle permet à l’application d’être entièrement gratuite. Pour monétiser son service, les cartes intègrent des publicités, qui s’affi- chent sous la forme d’icônes signa- lant la présence d’un restaurant ou d’un magasin. La société ne commu- nique cependant aucunes données financières. Malgré son rachat par Google, Waze a conservé son indépendance. Son siège social est toujours basé en Israël et ses principaux dirigeants n’ont pas bougé. L’application a peu changé. Elle a en revanche intégré certains outils de sa nouvelle maison mère pour améliorer sa plate-forme. Et la socié- té bénéficie surtout de nouvelles res- sources financières, notamment pour accélérer ses embauches et son développement à l’international. p Jérôme Marin 2 0123 Jeudi 19 juin 2014

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TomTom,icôneéphémèreduGPSPionnierde lagéolocalisationpour tous, lenéerlandaispeine faceàGoogle

«UN DE LEURPRINCIPALATOUT, C’ESTQU’ILS SONTARRIVÉS AVECUNE INTERFA-CE SIMPLE ETINTUITIVE»AnneBioulac

analysteau cabinet

RolandBerger

AUX ÉTATS-UNIS, LESVENTES DEGPS SE SONTEFFONDRÉESDE 70%

ENTRE 2008ET 2013

plein cadre

C’est toujours la même routine.Le client entre dans le taxi etdonne sa destination. Le chauf-feur pianote sur l’écran de sonGPS l’adresse communiquée, il

suit ensuite les instructions de sa fidèlemachine jusqu’à l’arrivée à bon port.«Tournez à gauche», «attention travauxaprès le prochain rond-point», une voixsuave de femme ou d’homme devenuefamilière pour des centaines de millionsd’automobilistes partout dans lemonde.

Il y amoinsde vingt ans, cette situationauraitété impossible:pourtrouversades-tination, le chauffeur de taxi aurait dûconnaîtreParis dans sesmoindres recoins– comme l’exige un examen toujours envigueur –, ou sortir les bonnes vieilles car-tesMichelin.

Car bien qu’il soit devenu un objet duquotidien pour les automobilistes, le GPSn’est pas si ancien. Lemois de juin2014nemarque que ses dix ans ! Ce n’est qu’enjuin 2004 que le néerlandais TomTomcommercialiselapremièremachineporta-bleetsurtoutabordable.«Nousavonslitté-ralement créé le marché», s’enorgueillitCorinne Vigreux, cofondatrice de l’entre-prise. «Avant cette date, le GPS existaitdéjà,mais il était hors de prix et n’était dis-tribué que dans quelques bolides de luxeetconçu par les constructeurs eux-mêmes»,précise Olivier Claire, chef de produitobjetsmultimédias chezRenault.

A l’époque, la technologie est chère etencore mal maîtrisée. M.Claire se sou-vient qu’en 1995 il fallait compter20000francs (3048 euros) pour se doterdespremièresversionsdelogicielsdeloca-lisation. Des programmes qui reposaientsur une technologie développée par l’ar-mée américaine.

En1968, lePentagonedécidedesedoterde satellites géostationnaires. En commu-niquantentreeux, ilspeuventdéterminerla position exacte de n’importe quelobjet : c’est le «Global Positioning Sys-tem». En 1978, le rêve se concrétise avecunpremier satellite envoyé dans l’espace.Suivrontalorsquelquesdizainesde lance-ments avant que le système ne soit décla-ré opérationnel en 1995, avec une constel-lationd’unebonnevingtainede satellites.

C’estàcemoment-làqueTomToms’em-pare de la technologie. Fondée en 1992, lajeune entreprise s’occupe de produire deslogicielsqu’elle licencieàdesgrandsgrou-pes commeOracle ou Palm, qui les reven-dent à leur tour à leurs clients.

Sagrandespécialité : les logicielsembar-qués dans les PDA, ces agendas électroni-ques qui faisaient fureur dans les années1990.C’estd’ailleursaudépartsurcespeti-tes machines que TomTom propose sesservices de navigation. «Au départ c’étaitune interface rudimentaire en noir etblanc, çanefonctionnaitpasencoreavec leGPS, se remémoreCorinneVigreux.Onnepouvait pas avoir la géolocalisation de savoiture. C’était un systèmequi calculait lesitinéraires en fonction de la carte et desinformations relatives au point de départet d’arrivée renseignées par l’utilisateur.»

Les dirigeants de TomTom se rendentvite compte que, bien que sommaire, ceservice est le plus populaire auprès deleurs clients. «C’était le produit le plusdemandé du catalogue, alors on a décidéde se lancer avec le GPSmais on a très viteréalisé qu’un simple PDA ne supporteraitpas la puissance de calcul nécessaire »,explique la responsable de TomTom.

L’entreprise travaille alors surun systè-me indépendant. Un petit boîtier quicontiendrait enmémoire des cartes préci-ses sur lesquelles la voiture est localiséegrâce aux signaux des satellites. Et de laguider sur tout son trajet. C’est ainsi quenaît le premier GPS portatif. «D’un coup,on avait des modèles de GPS portatifs àmoinsde800euros, làoù il fallait compter3000ou 4000euros pour un systèmeembarqué», expliqueM.Claire.

Le terminal est tout de suite un succès :lepremiermilliondeGPSTomToms’écou-

le alors bienplus vite quene s’était écouléle premier million de téléphones porta-bles. «A l’époque on était une entreprised’à peine trente personnes et on a très vitedécidé de se lancer à l’assaut du marchéeuropéen, qui était pourtant très fragmen-té. Mais ça a marché, car le besoin étaitréel», raconte CorinneVigreux.

«Un de leur principal atout, commenteAnne Bioulac, analyste au cabinet RolandBerger, c’est qu’ils sont arrivés avec uneinterface simple et intuitive, qui n’avaitrien à voir avec ce que pouvaient faire lesconstructeurs automobiles.» L’autre gran-de force de TomTom, selon l’experte : laprécision des cartes. La société licenciaitlesplansducartographeTeleAtlas,qu’ellea finipar racheter en2008.«Ilsn’ont cesséd’investir dans leurs fonds de cartes afind’avoir les plans les plus précis possible»,explique MmeBioulac pour qui le fond decarte est le «nerf de la guerre».

Sébastien Amichi, spécialiste de l’auto-mobile chez Roland Berger précise, poursa part, que le partenariat signé avecRenault en2008n’estpas étrangerausuc-cès du GPS en France. «Renault s’est alorsmis à intégrer desGPSdunéerlandais à sesvoitures pour moins de 500 euros. Ils ontréuni lemeilleurdesdeuxmétiers : lapréci-sionducartographeet lesavoir-faired’inté-grationdu fabricant devoiture», expliquele spécialiste.

En Europe, TomTom se taille très vite80% du marché qu’il a contribué à fairedécoller.SeulelaprésencedesonrivalGar-min aux Etats-Unis met un frein à l’im-pressionnante déferlante néerlandaise.

Las, le fulgurant succès du GPS eststoppé avec l’arrivée d’un concur-rentdepoids:GoogleMaps.Propul-sée dans les poches de tous les pro-

priétaires de smartphones à partir de2008 (datede lancement de l’AppStore, lemagasind’applicationsd’Apple), l’applica-tiondecartographiedeGooglenecessedeséduire de nouveaux adeptes.

D’autant qu’elle est sans arrêt amélio-rée par le moteur de recherche du géantaméricain de l’Internet. Ne proposant audépart qu’un plan et une géolocalisation,elle semet très vite à calculer des itinérai-res très précis grâce au système de satelli-tes GPS ou encore à une triangulation parGSM,lesondesradiosquipermettentd’ap-peler ou d’envoyer des SMS depuis sonmobile.Unedéclinaison«navigationauto-mobile» avec une voix donnant des ins-tructions amême été lancée.

En quelques années, Google Maps estdevenuel’unedesapplicationslesplusuti-lisées aumonde: 90%dumilliard de pro-priétaires de smartphones l’ouvrent aumoinsune fois par jour.

En2013, lemoteurde rechercherachète

latrèspopulaireapplicationWazequiper-met aux internautes de se signaler entreeux tout possible obstacle (trafic, acci-dentoutravaux)sur larouteetderecalcu-ler l’itinéraire en temps réel en consé-quence.

Le finlandais Nokia s’est pour sa partoffert le cartographe Navteq en 2007 et alancé un système de navigation baptisé«here» disponible gratuitement sur sessmartphones Lumia. Et accessible sanssurcoût de connexion partout dans lemonde. Résultat, les ventes deGPS se sonteffondrées en quelques années: elles ontreculé de 70% entre 2008 et 2013 rienqu’aux Etats-Unis.

En quelques années, la navigation entemps réel et la géolocalisation sont pas-sés d’un luxe associé aux grosses cylin-drées allemandes àun produit banalisé etgratuit. L’existencedeTomTom,dont tou-te l’histoire est associée à celle de ce pro-duit, est-ellemenacée pour autant?

«C’est labeautéet le reversdes technolo-gies, leschosesychangenttrèsvite !Lemar-chén’estpasmortetnousallonsnousadap-ter à la nouvelle donne en nous concen-trant sur les produits comme les braceletsqui monitorent les battements de cœur»,explique MmeVigreux. Un créneau déjàoccupé par Fitbit ou JawBone, des bébésd’Internet à l’instar deGoogle…p

SarahBelouezzane

Le premierGPSTomTomaétécommercialiséen juin2004.

ROBIN VAN

LONKHUYSEN/REUTERS

Wazeoulesuccèsdelanavigationcommunautaire

San FranciscoCorrespondance

Le succès fulgurant deWazen’a paséchappéaux géants de la SiliconVal-ley. D’abord courtisée par Facebook,la jeune société a été rachetée, enjuin2013, parGooglepour 966mil-lionsde dollars (713millions d’eu-ros).

Fondée en 2008 en Israël, la start-up revendiquait alors prèsde 50mil-lionsd’utilisateurs. Aucun chiffren’a été communiquédepuis,maistout laisse à penser que la base d’uti-lisateurs a poursuivi sa croissance.Selon le cabinet AppAnnie,Wazeest la deuxième application gratui-te la plus téléchargéede sa catégoriesur les boutiques françaises et amé-ricaines d’Apple et deGoogle. Pour-tant, la société ne disposed’aucunbudgetmarketing: c’est le bou-

che-à-oreille qui assure son succès.Face à ses rivales, l’application se

démarquepar son approche com-munautaire. Chaqueutilisateurpeut indiquer à tous les autres cequ’il voit : des bouchons, un acci-dent, des travauxou la présencedelapolice. Jusqu’en février, il étaitaussi possible de signaler les radarsen France, uneoption suppriméepour se conformer à la réglementa-tion. Ces alertes s’affichent entemps réel, permettant auxautomo-bilistes d’adapter leur itinéraire.

L’applicationutilise égalementles donnéesGPSde ses utilisateursafinde déterminer leur vitesse. Ellepeut ainsi établir l’état du trafic etproposer le trajet le plus rapide.Celui-ci évolue aussi en temps réelsi les conditions de circulation chan-gent.

Cette communauté active consti-

tue le point fort deWaze. Plus ellegrandit et plus le service s’améliore.A la sortie des bureaux, lundi16juin, plus de 5000personnesétaient connectées dans le centre-ville de San Francisco. Ils avaientlaisséprès de 500 alertes. Autantd’informations qui ne sont pas dis-ponibles ailleurs.

ServicemonétiséLe rôle de la communauté ne s’ar-

rête pas là : elle contribue à amélio-rer les cartes. Sur Internet, un édi-teurpermet àprès de 150000volon-taires demodifier la base de don-nées. Par exemple, ajouter des rues,changer le sens de circulation, indi-quer la présence de péages…Wazese sert également des donnéesGPSpour actualiser ses cartes. Et aussipour couvrir de nouvelles zonesgéographiques.

Cemodèle permet à l’applicationd’être entièrement gratuite. Pourmonétiser son service, les cartesintègrent des publicités, qui s’affi-chent sous la forme d’icônes signa-lant la présence d’un restaurant oud’unmagasin. La société ne commu-nique cependant aucunes donnéesfinancières.

Malgré son rachat parGoogle,Waze a conservé son indépendance.Son siège social est toujours basé enIsraël et ses principauxdirigeantsn’ont pas bougé.

L’application apeu changé. Elle aen revanche intégré certains outilsde sanouvellemaisonmèrepouraméliorer saplate-forme. Et la socié-tébénéficie surtoutdenouvelles res-sources financières, notammentpour accélérer ses embauches et sondéveloppement à l’international. p

JérômeMarin

2 0123Jeudi 19 juin 2014