0-Filliozat - Hindouisme Et Bouddhisme (Compte Rendu)(Article_rhr_0035-1423_1950_num_137!1!5710)

download 0-Filliozat - Hindouisme Et Bouddhisme (Compte Rendu)(Article_rhr_0035-1423_1950_num_137!1!5710)

of 4

Transcript of 0-Filliozat - Hindouisme Et Bouddhisme (Compte Rendu)(Article_rhr_0035-1423_1950_num_137!1!5710)

  • Jean Filliozat

    Ananda K. Coomaraswamy. Hindouisme et BouddhismeIn: Revue de l'histoire des religions, tome 137 n1, 1950. pp. 116-118.

    Citer ce document / Cite this document :

    Filliozat Jean. Ananda K. Coomaraswamy. Hindouisme et Bouddhisme. In: Revue de l'histoire des religions, tome 137 n1,1950. pp. 116-118.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1950_num_137_1_5710

  • 116 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

    Le chapitre VI concerne le Brahmanisme, issu du Vdisme : sources sanskrites (unpanishad postvdiques, popes, purna, iantra, littrature de dharma, etc.) et non-sanskrites ; formes religieuses (croyances, spculations, rites et pratiques, tats de vie et castes) ; sectes (particulirement les sectes ivates et vishnuites et les sectes tendances rformatrices) ; enfin, la bhakli ou voie du salut par la dvotion, par l'amour et la grce de l'tre divin.

    A eux seuls, les chapitres V et VI,- qui traitent essentiellement de faits religieux, occupent plus de la moiti du volume. Nul ne s'en tonnera : des plans divers, la culture indienne traditionnelle est sature de valeurs sacrales. Le volume suivant, rserv aux systmes philosophiques, gnralement insparables de conditions et d'aspirations religieuses, et aux religions autochtones htrodoxes, Bouddhisme et Janisme, rendra un son tout pareil. C'est dire l'intrt considrable que peut prsenter pour les lecteurs de notre revue le manuel ici recens, soit qu'on en veuille faire une tude continue, soit qu'on le consulte la manire d'un dictionnaire.

    A peine ai-je besoin de dire la clart, la fermet, la force, la rigueur, la sret scientifique de ce livre.

    Olivier Lacombe.

    Ananda K. Coomaraswamy. Hindouisme et bouddhisme, traduit de l'anglais par Ren Allar et Pierre Ponsoye ( Tradition , 5). Paris, N. R. F., Gallimard, 1949. In-8, 155 p. Traduction de Hinduism and Buddhism, ouvrage paru en 1943, synthse des ides sur les religions de l'Inde d'un des plus brillants rudits anglo-indiens de notre temps. Coomaraswamy possdait une double culture indienne et europenne qui en faisait un humaniste- au sens le plus large, un homme connaissant l'esprit humain dans sa plnitude, et non pas seulement dans ce que l'information limite de la culture classique europenne en fait apercevoir. La varit de son rudition et la richesse de ses connaissances philologiques, dj prouves depuis longtemps, se manifestent ici en un foisonnement de citations empruntes dans leur texte original toutes les grandes littratures anciennes et modernes, et destines souligner des rapprochements de penses entre les courants religieux et philosophiques de l'Inde, d'une part, des civilisations les plus diverses, d'autre part.

    Ces citations, tout en donnant un grand clat l'expos et en incitant maintes rflexions, ont plusieurs inconvnients. Tout d'abord, beaucoup ne sont pas traduites et, pour en saisir la porte, le lecteur doit pouvoir lire aussi bien le sanskrit et le grec que l'allemand de Eckhart et l'italien du Dante. Il doit, de plus, chercher les replacer dans le contexte, ou, au moins, dans l'ensemble des spculations qui en dterminent le sens rel. S'il le fait, il s'aperoit que, souvent les rapprochements proposs sont purement formels. S'il ne le fait pas, il est induit s'abandonner un comparatisme inconsistant,

  • NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES 117

    et c'est bien d'ailleurs un tel comparatisme que Coomaraswamy cde volontiers lui-mme. Mais, chez lui, ce n'est pas faute de pouvoir comprendre les textes, car son sens philologique est trs aiguis et sa culture trs profonde : c'est de propos dlibr, par une opinion arrte sur l'unicit d'une mme Philosophia perennis, partout et toujours identique elle-mme, travers les doctrines religieuses les plus diverses (voir p. 9).

    Il est bien vrai qu'il existe dans la plupart des grandes doctrines religieuses un fonds commun d'aspirations gnrales, de poursuite d'un salut, de confiance en une ralit plus haute et plus stable que celle de la vie vulgaire. Mais cela est si vrai qu'il n'est plus ncessaire de l'tablir. On attendait des historiens de l'hindouisme et du bouddhisme, non qu'ils prouvent que ces religions ont en commun un mme fonds indien de donnes et de tendances, mais qu'ils tablissent les diffrences spcifiques qui, souvent, les ont fait se sentir comme antagonistes et se combattre comme telles. Coomaraswamy, qui reproche aux historiens, fort exagrment d'ailleurs, de les avoir opposes, cherche ces historiens une mauvaise querelle ; on ne blme pas l'entomologiste d'opposer les sphinx aux teignes sous prtexte que les uns et les autres sont des papillons.

    En fait, le bilan des dpendances et des indpendances du bouddhisme l'gard du brahmanisme est constamment l'tude et, en insistant sur les conformits des deux religions, Coomaraswamy a simplement suivi une tradition. A cet gard, il n'est pas exact de dire, comme le font ses traducteurs (p. 8), qu'il a rtabli la vritable signification du Bouddhisme originel, qui avait t dnature par les orientalistes . Il a seulement pouss l'extrme une tendance, qui tait frquente chez nombre d'historiens du bouddhisme (Kern, par exemple), ramener quantit de donnes bouddhiques des origines brahmaniques ou hindouistes. Il est loin de s'carter autant qu'il le dit lui-mme des rudits modernes , aux corrections de textes desquels il dclare ne pas se fier parce que les mthodes critiques de ces rudits relvent principalement de leur aversion pour les constitutions monastiques et de leur opinion individuelle sur ce que le Bouddha a d dire (p. 92). En effet, il ne cite les textes que d'aprs les ditions de ces rudits, il en est un lui-mme et, comme eux, donne son opinion personnelle sur ce que le Bouddha a d dire. Il reste que cette opinion mrite d'tre examine ct des autres.

    Personnellement, nous la jugerons souvent bien excessive dans la tendance confondre bouddhisme et brahmanisme. C'est ainsi qu'il n'est nullement tabli que le Bouddha des textes pli n'est autre que Cela qui se fait soi-mme multiple et en qui tous les tres redeviennent un , en mme temps que Brahma, Prajpati..., le Feu..., le Premier Principe (pp. 151-152). Au reste, lorsque Coomaraswamy ajoute aussitt que nous sommes contraints parla logique des critures elles-mmes de dire qu'Agnndra, Bouddha, Krishna, Mose et Christ

  • 118 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

    sont les noms d'une seule et mme descente dont la naissance est ternelle , nous voyons bien que nous ne sommes plus dans le domaine de l'histoire des religions, mais au cur d'un systme confusionniste. Mais, avant de sauter ainsi dans l'abme, Coomaraswamy trouve maintes occasions de faire des rapprochements et des analyses qui, sans autoriser ses conclusions, sont importants en eux-mmes et font que son livre intresse rellement l'histoire des religions, pourvu qu'il soit mani avec prcaution.

    Jean Filliozat.

    Jean Sainte Fare Garnot. La vie religieuse dans l'Ancienne Egypte (Collection Mythes et Religions , vol. 22). Paris, Presses Universitaires de France, 1948. Un vol. in-16, vin + 146 p. Cette introduction l'tude des religions gyptiennes veillera bien des souvenirs chez les anciens tudiants qui en entendirent la version originale en Sorbonn, il y a quelques annes, et en aidera aussi beaucoup d'autres prendre contact avec un problme' ardu, d'abord souvent difficile.

    Petit livre prcis, clair, mais dense aussi, et soucieux de rajeunir, d'assainir un sujet trop frquemment raidi par l'rudition ou enfoui sous la prolifration des interprtations fantaisistes. M. Sainte Fare Garnot a dcid d'aborder les religions gyptiennes, non comme un froid catalogue de figures arbitraires et de penses mortes, mais comme des forces doues et gnratrices de vie. Les dieux et les dogmes ne sont point, en fait, d'immuables et abstraits objets de foi imposs du dehors au peuple qui les vnre, mais l'manation mme de la conscience religieuse des hommes soumise* ds lors l'atmosphre, au climat particulier dans lequel baigne cette conscience, et aux variations de ce climat. D'o la triple tude de vie propose par ce livre : vie mentale et psychologique de l'gyptien ; vie et volution des dieux et des dogmes dans lesquels se sont cristallises les aspirations religieuses du peuple gyptien ; vie, enfin, et ractions quotidiennes de ce mme peuple en prsence de ses dieux : les rites, la foi, la spiritualit.

    De ces trois enqutes menes avec la mthode, la patience et la finesse que l'on connat, ressortent avec force quelques traits dominants : le profond enracinement de la religion dans l'me des gyptiens, leur got pour le spculation thologique ; la constance de leur pit, quelque variables que soient les objets de cette pit, et variables ses formes, depuis la confiance la plus abandonne, la plus dgage des contingences de la terre, jusqu'aux rites bizarres, dconcertants encore que trs explicables, d'une superstition trangement pratique. Tout ceci donne lieu d'excellents passages (vocation du caractre gyptien, classification et portrait des dieux, ides sur la magie, etc.), d'information nette et de maniement commode, agrablement relevs aussi de citations originales, qui constituent une vive invi-

    InformationsAutres contributions de Jean Filliozat

    Pagination116117118