0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le...

8
ENTREPRISE Centre de formation horlogère du Val-de-Travers PAGES 2-3 HISTOIRE Dessin tecique - Rapporteur PAGE 4 PATRIMOINE Un lieu de formation emblématique PAGE 5 SPÉCIAL FORMATION Une classe du Centre de formation horlogère à Fleurier. MÉTIER Électroplaste PAGE 6 TECHNIQUE Outils en « métal dur » PAGE 7 SOUVENIRS HORLOGERS Lucien Boéchat PAGE 8 De la passion, de l’envie, une bonne dose de dextérité aussi au départ. A l’heure où l’un des fleurons horlogers de notre région vit une période agitée, il peut paraître curieux de placer ce numéro de L’heure by Fleurier sous l’angle de la formation et de l’ouvrir par les qualités attendues des apprenants. Or, l’histoire cyclique de l’horlogerie le montre bien : ce n’est que par la perpétuation de notre savoir- faire que nous continuerons d’avancer. Etant entendu que vouloir aller de l’avant, pas à pas, mouvement par mouve- ment, est une vertu cardinale de tout horloger. Frédéric Mairy Conseiller communal - Commune de Val-de-Travers L HEURE by FLEURIER Le Val-de-Travers passe à l’heure d’hiver... W W W . F L E U R I E R . C H O C T O B R E 2 0 1 5 ÉDITORIAL

Transcript of 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le...

Page 1: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

ENTREPRISE Centre de formation

horlogère du Val-de-Travers PAGES 2-3

HISTOIRE

Dessin technique - Rapporteur PAGE 4

PATRIMOINE

Un lieu de formation emblématique PAGE 5

SPÉCIAL FORMATION Une classe du Centre de formation horlogère à Fleurier.

MÉTIER

Électroplaste PAGE 6

TECHNIQUE

Outils en «métal dur» PAGE 7

SOUVENIRS HORLOGERS

Lucien Boéchat PAGE 8

De la passion, de l’envie, une bonne dose de dextérité

aussi au départ. A l’heure où l’un des fleurons horlogers de

notre région vit une période agitée, il peut paraître curieux

de placer ce numéro de L’heure by Fleurier sous l’angle

de la formation et de l’ouvrir par les qualités attendues

des apprenants. Or, l’histoire cyclique de l’horlogerie le

montre bien: ce n’est que par la perpétuation de notre savoir-

faire que nous continuerons d’avancer. Etant entendu que

vouloir aller de l’avant, pas à pas, mouvement par mouve-

ment, est une vertu cardinale de tout horloger.

Frédéric Mairy

Conseiller communal - Commune de Val-de-Travers

L’ H E U RE by

F LE U RI E RL e Va l - d e - Tr a v e r s p a s s e à l ’ h e u r e d ’ h i v e r. . .

WW

W.F

LE

UR

IE

R.C

H

OC

TO

BR

E 2

015

ÉDITORIAL

Page 2: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

Certaines personnes sont

douées en pratique mais

échouent aux examens à cause

de disciplines superflues pour

devenir opérateur en horloge-

rie. C’est le constat qui a poussé

Jean-Hugues Walther, alors ensei-

gnant au CIFOM (Centre interré-

gional de formation des Montagnes

neuchâteloises), à fonder le Centre

de formation horlogère du Val-de-

Travers en 1996, dans sa propre

maison. Ce constat est toujours

d’actualité.

Charismatique et entier, passionné

de hockey sur glace, Jean-Hugues

Walther se décrit comme un artiste,

heureux de pouvoir compter sur le

côté organisé du nouveau directeur,

Thierry Ray. Le calme de l’un contraste

avec la fougue de l’autre, mais cette

complémentarité semble bien fonc-

tionner. « Jean-Hugues est le gardien du

temple, son expérience est très précieuse

et son regard est important », précise

Thierry Ray, qui a auparavant travaillé

dans l’enseignement et les ressources

humaines. Ce parcours constitue

d’ailleurs un avantage puisqu’il sait

ce que les entreprises attendent et

peut, avec toute l’équipe du centre,

accompagner au mieux les élèves

en fin de formation dans leur

recherche d’emploi.

La finalité est bien là : donner aux

apprenants des atouts pour qu’ils s’insèrent

dans le monde du travail. Plusieurs ate-

liers accueillent ces adultes qui viennent

de divers cantons et de France, et qui ont

des profils variés. Des places sont réser-

vées à ceux qui sont en réinsertion pro-

fessionnelle, en collaboration avec les

offices de l’assurance-invalidité. Certains

élèves financent eux-mêmes leur forma-

tion et suivent un cursus qui va de 40 à

170 heures. C’est le cas d’Irina Robert-

Mudrenko, qui vit à La Neuveville. Après

avoir perdu son emploi, elle s’est inscrite

en « formation générale en horlogerie »,

dans l’espoir d’évoluer et de retrouver une

place intéressante. Enfin, des entreprises

envoient certains de leurs collaborateurs

pour suivre des cours sur-mesure.

Nos formations sont très orientées

sur les réalités industrielles, explique

Thierry Ray. «Nous avons invité les acteurs

locaux à venir découvrir nos installations

situées à Fleurier et nos activités ». Le label

qualité eduQua que le centre vient d’ob-

tenir est une étape importante. Il devrait

lui permettre de former des personnes au

chômage. Des cours seront aussi bientôt

proposés à ceux qui remplissent des mis-

sions temporaires et qui peuvent bénéfi-

cier d’une aide financière à la formation.

Dernière preuve de l’utilité du centre : des

discussions sont en cours avec un grand

groupe horloger qui veut mettre l’accent

sur le réglage. Fleurier sera donc peut-être

le passage obligé pour les futurs régleuses

et régleurs des entreprises de ce groupe.

Au Val-de-Travers, il existe d’autres

lieux de formation, comme EcoVal, pro-

gramme d’insertion professionnelle et

sociale. À Travers, l’institution propose

entre autres un atelier de mise en situa-

tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide

sociale ou de l’assurance-chômage. À

Couvet, le Centre neuchâtelois d’inté-

gration professionnelle (CNIP) est actif

dans la formation et l’aide à la réinsertion

dans différents domaines. En horlogerie,

les élèves peuvent notamment se spéciali-

ser dans l’anglage. Selon les responsables

du Centre de formation horlogère du

Val-de-Travers, ces trois lieux qui

accueillent des élèves ont leur raison d’être

car ils sont complémentaires.

Marylise Saillard

Rebondir à tout âge

Des solutions pour se (re)faire

une place sur le marché du travail

Le Centre de formation horlogère du Val-de-Travers est au service de particuliers,

d’entreprises et d’institutions. Il accueille des adultes aux profils variés et tente de

les préparer au mieux pour trouver ou retrouver un emploi.

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

2

EN

TR

EP

RIS

E

Page 3: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

3

Entreprise

Centre de formation horlogère

du Val-de-Travers, Walther Sàrl

Collaborateurs

6 + 5 intervenants externes

Capacité d’accueil

40 apprenants

Dates marquantes

1996 : Jean-Hugues Walther crée,

à Saint-Sulpice, le Centre de formation

horlogère du Val-de-Travers,

entreprise en nom propre

2002 : le centre s’installe à Fleurier,

dans les locaux de l’ancienne Fleurier

Watch, rue Daniel-JeanRichard

2012 : déménagement ruelle Rousseau,

dans les anciens locaux de Waeber HMS

2014 : l’entreprise change de statut et

devient une Sàrl dirigée par Thierry

Ray et dont Jean-Hugues Walther

est le président

2015 : obtention du label

qualité eduQua

Une deuxième

chance

Pour des raisons de santé,

Pierre Gigon, de Neuchâtel,

ne peut plus être mécanicien

automobile, métier qu’il a exercé

pendant 40 ans. L’AI finance les

cours de contrôleur qualité de com-

posants horlogers qu’il suit au Centre

de formation horlogère du Val-de-

Travers. « C’est intéressant, ça me plaît

beaucoup et la formation est bien adaptée

à ma situation. Je peux utiliser les com-

pétences en matière de mesures acquises

au long de ma vie professionnelle et

espérer ensuite retrouver du travail ».

Thierry Ray et Jean-Hugues Walther dirigent le Centre de formation horlogère du Val-de-Travers avec enthousiasme.

Page 4: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

Apprendre à regarder, analyser et reproduire en diverses pro-

jections, des composants, mouvements, outils et machines. Sous

la houlette d’un professeur qualifié, l’élève commence son appren-

tissage à la planche à dessin en tirant des lignes. Armé de ses

instruments personnels (té, règle, équerre, compas, rapporteur et

tire-ligne), il poursuit avec les formes géométriques, la perspective,

l’étude subtile des ombres, des différentes courbes, sans oublier

l’écriture minutieuse des lettres et des chiffres.

Précédant la réalisation d’une pièce, le dessin oblige l’étudiant

- maîtrisant le calcul et l’algèbre - à l’analyse des dimensions,

volumes et phases de construction. Il offre une compréhension en

profondeur et constitue une première étude de faisabilité. Dans

le cas complexe de l’échappement, cet exercice permet de contrô-

ler le plantage des mobiles, de définir la roue d’échappement et

l’ancre en détail : la position des levées, des cornes et du dard, soit

l’ensemble travaillant avec les plateaux et l’ellipse solidaires de l’axe

de balancier.

Exécutées au crayon graphite ou à l’encre de Chine, les études

peuvent être rehaussées de couleurs appliquées au crayon ou à

l’aquarelle. Sur la feuille de papier ou le calque sont apposées des

inscriptions tels titre, nom de l’école, cotes, échelle de reproduc-

tion, date de réalisation et signature de l’élève. Certains dessins

techniques confinent aux œuvres d’art lorsque traits, couleurs et

ombres riment avec pureté, harmonie et émotion.

Langage universel, le dessin est un puissant auxiliaire de

l’enseignement en horlogerie. Il permet de coordonner l’œil et la

main et de développer discipline, concentration, patience, préci-

sion et propreté, autant de qualités qui sont la base du métier.

Ariane Maradan

Remerciements à Antoine Simonin et Dominique Mouret pour leurs témoignages et

l’accès à leurs cartons à dessins.

Le dessin technique

De l’importance du dessin

dans l’enseignement

Aujourd’hui quasiment exclu du programme des écoles d’horlogerie, le cours de dessin

technique a occupé, dès le milieu du 19e

siècle et durant plus de cent ans, une place fon-

damentale dans la formation aux métiers de l’horlogerie.

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

4

HI

ST

OIR

E

PA

TR

IM

OIN

ESupport à main pour tour à burin fixe (collection MRVT).

Page 5: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

PA

TR

IM

OIN

EUrbanisme horloger

L’École d’horlogerie de Fleurier

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

5

C’est en 1851 qu’est fondée, à

Fleurier, la première école d’horlo-

gerie de la République et Canton de

Neuchâtel nouvellement proclamée.

Rencontrant des difficultés d’ordre

divers, l’institution fleurisane, financée

par l’industriel Édouard Vaucher, ferme

toutefois ses portes dix ans plus tard. Il

fut même envisagé de transformer en

hôpital l’immeuble situé au Pasquier.

Dans les années 1870, un quart

environ de la population de Fleurier

travaille dans le domaine de l’hor-

logerie. En plein essor industriel,

le village doit préparer le délicat

passage du système de l’établissage

à celui des fabriques. Il a besoin

d’une main-d’œuvre qualifiée, maîtrisant

théorie et pratique et ayant suivi une for-

mation au sein d’un établissement spécia-

lisé : sur l’initiative de la municipalité une

deuxième école voit le jour en 1875.

À cette école d’horlogerie s’adjoindra,

quelque vingt ans plus tard, une école de

mécanique. On construit alors le bâtiment

figurant sur notre carte postale, typique de

l’architecture industrielle qui se développe

à cette époque. Un solide édifice, à l’image

de la volonté des Fleurisans de conserver

leur importante place au sein de l’industrie

horlogère neuchâteloise.

Le rez-de-chaussée est sans doute

réservé aux espaces administratifs et au

logis du concierge alors que les salles de

classe et les ateliers sont situés dans les

étages supérieurs. Car le travail à l’établi

exige un maximum de lumière naturelle,

comme en témoignent les larges baies

vitrées dont disposent ces deux niveaux.

Garant de la tradition, l’imposant por-

tique formant la travée centrale est orné de

chapiteaux ioniques. Quant à l’oculus du

fronton, il semble attendre indéfiniment le

cadran d’une horloge publique…

Ariane Maradan

Sources : Anne-Marie Cruchaud - « École d’horlogerie

Fleurier » - In Dix écoles d’horlogerie suisses : chefs-

d’œuvre de savoir-faire - Sous la direction d’Estelle

Fallet et Antoine Simonin - Editions Simonin,

Neuchâtel, 2010, pp. 353 à 388.

Sis entre l’avenue Daniel-JeanRichard et la rue de l’École-d’Horlogerie justement

nommées, le bâtiment fut inauguré le 1er

juillet 1896. Accueillant aujourd’hui le Lycée

Denis-de-Rougemont, il a abrité pendant quatre décennies l’École d’horlogerie et de

mécanique.

Le nouveau bâtiment de l’École d’horlogerie de Fleurier vers 1900 (collection MRVT).

Page 6: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

TE

CH

NIQ

UE

Électroplaste, un drôle de

nom pour un métier bien connu

des horlogers, mais qui n’est pas

encore dans les dictionnaires.

Il s’agit de recouvrir des pièces

métalliques d’un autre métal qui

est, lui, inoxydable et qui gardera

stable et inchangée la surface de

cette pièce.

Ce métier s’applique aussi bien à

la boîte, aux aiguilles, au cadran et à

beaucoup de composants du mouve-

ment de nos montres.

Marie-Agnès Romanzini a décou-

vert la confection des aiguilles à

Fleurier chez Waeber HMS il y a déjà

10 ans et elle a bien vite rejoint l’atelier

dit autrefois de galvanoplastie.

En pleine entente avec le directeur

technique, Thomas Laumon, elle a

choisi de retourner à l’école pour obte-

nir une attestation fédérale profession-

nelle d’électroplaste. Dans sa classe au

CIFOM, Marie-Agnès a augmenté la

moyenne d’âge, avec l’étonnement de

voir des jeunes un peu loin des exi-

gences du métier. La redécouverte

des devoirs le soir n’a pas été simple.

Soutenue par sa famille et ses col-

lègues, elle achève maintenant, au

bout de deux ans, sa formation.

Elle gagne ainsi en autonomie,

acquiert les connaissances de base.

Comme le souligne son mentor,

d’opératrice exécutant soigneusement un

travail, elle est devenue une partenaire à

même de dialoguer, d’analyser des pro-

blèmes et de rechercher avec lui les solu-

tions. Cette démarche d’amélioration

constante, de questionnement, de respect

de chacun est menée par tous les colla-

borateurs, dans tous les ateliers de cette

dynamique fabrique d’aiguilles.

Sa profession demande une grande

rigueur, de la minutie et comme elle le dit

fréquemment « il s’agit d’être à son affaire ».

Effectivement, si tout en accrochant

l’aiguille, elle bute contre le crochet du

bouclard, la pièce est morte. Alors oui, le

travail par habitude et la distraction n’ont

pas place dans l’atelier !

Vigilance, attention et prudence sont

aussi nécessaires dans le maniement des

produits. Toutes les étiquettes avec des

têtes de mort jaune vif ne sont pas des

décorations mais désignent des produits

hautement nocifs. Il ne faut pas polluer,

non seulement parce que c’est interdit mais

surtout par souci de l’environnement, souci

partagé entre toutes les personnes de la

rue du Levant 17.

Benoît Conrath

Un tandem entreprenant

Thomas Laumon

et Marie-Agnès Romanzini

chez Waeber HMS

Avec Marie-Agnès, les aiguilles qui indiquent le temps qui passe n’ont pas le droit de vieillir.

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

6

TI

ER

Marie-Agnès a choisi de retourner à l’école.

Page 7: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

Loin des fabrications usuelles par

coulée et traitements thermiques, il

s’agit d’agglomérer par frittage, c’est-à-

dire la compression sous de très hautes

pressions, du carbure de tungstène avec

du cobalt intervenant comme liant.

Comme le diamant, oui, le métal

dur est très dur et très fragile. Il ne

supporte pas les chocs et n’est pas

souple. Il n’est pas adaptable, ni

retouchable et son affûtage ne peut

être effectué qu’avec des meules

diamantées.

Si ce n’est une révolution, ce métal

a permis une belle amélioration dans la

production des pièces de montres. Cette

fameuse standardisation, si ardue à garan-

tir, se fait beaucoup plus simplement avec

ces outils très chers mais qui peuvent

couper, tailler, tronçonner et façonner les

éléments des montres, sur les tours, frai-

seuses et décolleteuses avec bien moins

de retouches, d’usure et de suivi que les

pauvres outils en acier carbone.

Fini les outils émoussés, qui vibraient,

broutaient, pliaient et griffaient la matière !

Le burin, la fraise en métal dur sont

présents, actifs ou alors cassés, hors

d’usage.

Les horlogers ont pu resserrer les tolé-

rances, les mécaniciens leur garantissant

le centième de millimètre voire le micron

dans les délicats ajustements des tenons,

dans le chassage des pierres, dans l’en-

semble des mécanismes de leurs montres.

Benoît Conrath

Le « métal dur »

Curieux terme que celui-ci,

tous les métaux ne sont-ils pas durs ?

L’HEURE BY FLEURIER

OCTOBRE 2015

7

Commercialisé dès 1926 par la Maison allemande Krupp, le métal dur porte bien son

nom, on l’appelait « Widia » comme « wie Diamant ».

Mots de métier

Chassage

Poussage d’axes, de rubis d’horlogerie

dans des trous très légèrement plus

petits. L’élément chassé est maintenu

en place par l’élasticité du métal.

Tolérances

Il s’agit de l’écart, autorisé par le

concepteur, entre les dimensions

demandées et celles qui peuvent être

mesurées sur les composants réalisés.

Décolleteuses

Ce sont des tours automatiques.

Soigneusement ajustées, ces machines

réalisent en quantité des pièces par

rotation: axes, vis et tenons.

Tenons

Tiges métalliques qui, chassées, servent

de point de pivotement ou de limitateur

de mouvement pour les leviers, les roues.

TE

CH

NIQ

UE

Parties agissantes de machines CNC en métal dur.

Page 8: 0 1 5 C H L HEURE R E U R I by 2 W W . F L FLEURIER E W Le ...fleurier.ch/down/7-heure_by_fleurier_octobre_2015.pdf · tion horlogère à des bénéficiaires de l’aide sociale ou

« Quand j’entends sonner les cloches le

samedi à 18h, ça me rappelle le temps où

j’étais encore à l’école à préparer les leçons et

je me disais qu’il fallait rentrer à la maison ».

Lucien Boéchat était particulièrement

investi dans son travail. L’École d’horlo-

gerie de Fleurier était rouverte depuis trois

ans quand il y a pris ses fonctions de maître

de classe, en 1956. Doté d’une mémoire

d’éléphant, il est capable de décrire chaque

détail de cette époque et de celles qui ont

suivi.

Au total, Lucien Boéchat a formé

près de 200 personnes à Fleurier. L’homme,

gentil et accueillant, reconnaît qu’il était

sévère avec ses élèves. « Mais je l’étais aussi

avec moi-même ». Certains, comme Michel

Parmigiani, l’ont marqué plus que d’autres.

Il se souvient aussi avec émotion des belles

courses d’école qu’il organisait avec soin.

L’aventure a pris fin le 3 juillet 1985 :

l’école a fermé lorsque Lucien Boéchat a

pris sa retraite. « Ça m’a fait mal. Mais glo-

balement, je suis fier de mon parcours, parce

que je me suis donné à fond ».

Marylise Saillard

L’École d’horlogerie

de Fleurier, c’était lui

SO

UV

EN

IR

S H

OR

LO

GE

RS

être proche, c’est soutenir le savoir-faire neuchâtelois »

Editeur

Fondation pour la sauvegarde de la tradition et du

patrimoine horlogers de Fleurier et du Val-de-Travers.

Comité de rédaction

Ariane Maradan, chercheuse indépendante

Marylise Saillard, journaliste à RTN et indépendante

Benoît Conrath, horloger chez Parmigiani Fleurier

Coordination

Laurence Vaucher, conservatrice, présidente de

la Fondation

Ligne graphique

Cyril Schindelholz - Caroline Karakash

Crédits photographiques

p. 1, 3, 6, 7: ©François Charrière;

p. 4, 5: ©Musée régional du Val-de-Travers ;

p. 8: © MRVT Fonds Schelling - Daniel Schelling.

Mise en page et impression

Imprimerie Montandon & Cie, 2114 Fleurier

Achevé d’imprimer - octobre 2015 - 9000 exemplaires

Remerciements

Le Conseil de Fondation tient à remercier pour leur soutien

et leur aide, la commune de Val-de-Travers ainsi que la

Banque Cantonale Neuchâteloise.

Impressum

Lucien Boéchat est la mémoire vivante de l’établissement dans lequel il a enseigné

pendant 29 ans.

Lucien Boéchat dans sa classe de l’École d’horlogerie de Fleurier en 1968.