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© Cned, Français 3e 88 Sommaire Séquence 4 Découvrir comment l’engagement peut se manifester Durée approximative : 10 h 30 Séance 1 Montrer son engagement Séance 2 Chanter pour dénoncer et argumenter Séance 3 La lettre ouverte pour dénoncer… Séance 4 Le participe passé des verbes pronominaux Séance 5 Dénoncer le racisme et la discrimination dans les textes et les images Séance 6 Le participe passé des verbes impersonnels et le participe passé suivi d’un infinitif Séance 7 Un discours engagé Séance 8 Je m’évalue Socle commun Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items des compétences ci-dessous. Compétence 1 : La maîtrise de la langue française - Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments implicites nécessaires. - Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu. - Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire. - Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une consigne donnée.

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— © Cned, Français 3e88

SommaireSéquence 4

Découvrir comment l’engagement peut se manifester

Durée approximative : 10 h 30

Séance 1 Montrer son engagement

Séance 2 Chanter pour dénoncer et argumenter

Séance 3 La lettre ouverte pour dénoncer…

Séance 4 Le participe passé des verbes pronominaux

Séance 5 Dénoncer le racisme et la discrimination dans les textes et les images

Séance 6 Le participe passé des verbes impersonnels et le participe passé suivi d’un infinitif

Séance 7 Un discours engagé

Séance 8 Je m’évalue

Socle commun

Durant cette séquence, tu auras l’occasion de développer tes connaissances et de travailler des items

des compétences ci-dessous.

Compétence 1 : La maîtrise de la langue française

- Repérer les informations dans un texte à partir des éléments explicites et des éléments

implicites nécessaires.

- Dégager, par écrit ou oralement, l’essentiel d’un texte lu.

- Écrire lisiblement un texte en respectant l’orthographe et la grammaire.

- Rédiger un texte bref, cohérent et ponctué, en réponse à une question ou à partir d’une

consigne donnée.

© Cned, Français 3e — 89

Séquence 4séance 1 —

Séance 1Montrer son engagement

Durée : 1 h

© Cned/ N. Julo

Je peux lire aussi

- Maus de Art Spiegelman

- Persépolis de Marjane Satrapi

- Cannibale, Didier Daeninckx

Dans cette nouvelle séquence, tu vas approfondir tes connaissances sur la manière dont peut se manifester l’engagement. En effet, dans la séquence précédente, tu as lu des poèmes engagés : tu vas voir que de nombreux autres supports peuvent témoigner d’un engagement pour une cause. Ainsi tu découvriras dans cette séquence aussi bien des chansons, des discours, des lettres ouvertes que des publicités.

Pour cette première séance, c’est une tapisserie que nous avons choisi de te faire étudier.

Prends une nouvelle page dans ton cahier. En haut, note le numéro et le titre de la séquence en rouge. Encadre-les.

Saute deux lignes, puis note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Observe l’œuvre ci-dessous et réponds aux questions posées.

— © Cned, Français 3e90

Séquence 4 — séance 1

Jean Lurçat, Liberté (1942) © Pierre Barbier / Roger-Viollet © ADAGP

Note : cette œuvre est une tapisserie. Elle fut composée et tissée en 1943, clandestinement

dans les ateliers d’Aubusson. Ces ateliers sont des ateliers très réputés de tapisseries.

Jean Lurçat revendique qu’elle peut être « lourde de sens ».

A Observer

1- Décris les différents éléments de cette tapisserie :

a) Quels sont les éléments centraux ?

b) Que peux-tu dire de la forme ? Des couleurs ?

2- Une particularité :

a) Quels éléments remarques-tu à chaque angle de cette tapisserie ?

b) Quel est ce texte ? À quelle occasion l’as-tu déjà lu ? Dans quelles circonstances a-t-il été écrit ?

c) Quel mot du poème est particulièrement mis en valeur ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de passer à la seconde partie.

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Séquence 4séance 1 —

B Interpréter

1- À quel phénomène les deux astres qui passent l’un devant l‘autre font-ils penser ?

2- Que représentent les motifs tissés à l’intérieur du soleil ? Et ceux sur l’autre astre ?

3- Que peut symboliser le coq en haut de l’image ?

4- Cette tapisserie a-t-elle uniquement une vocation décorative ?

5- En t’aidant du paratexte* et de tes connaissances historiques, explique quel est le contexte de réalisation de cette œuvre.

C Conclure

En t’aidant des différentes réponses aux questions précédentes, réponds à la question suivante :

La peinture, la tapisserie ont-elles seulement une fonction décorative ?

Réponds dans un paragraphe argumenté en y donnant arguments et exemples.

— © Cned, Français 3e92

Séquence 4 — séance 2

Séance 2Chanter pour dénoncer et argumenter

Durée : 1 h 30

Dans cette séance, tu vas lire et écouter deux chansons qui ont un point commun : l’objectif sera, après les avoir étudiées, de dégager ce point commun et d’être capable de faire des rapprochements entre ces textes.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

TEXTE A : LE CHANT DES PARTISANS

Ce texte militant, hymne de la Résistance, a été commandé par un réseau de résistants.

En 1943, une artiste russe, Anne Marly, réfugiée à Londres, compose la musique. Joseph Kessel et Maurice Druon, écrivains français eux aussi exilés à Londres, composent le texte.

Il est diffusé à la radio, transmis par les parachutistes, chanté par les résistants prisonniers, parfois au moment de leur exécution.

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Le chant des partisans Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ? Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme. Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes. Montez de la mine, descendez des collines, camarades ! Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades. Ohé, les tueurs à la balle ou au couteau, tuez vite ! Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite... C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères. La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère. Il y a des pays où les gens au creux du lit font des rêves. Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève... Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe. Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place. Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes. Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute... Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ? Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...

Paroles de Joseph Kessel et Maurice Druon, 1943 © Éditions Raoul Breton

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Séquence 4séance 2 —

A Comprendre

1- Strophe 1 :

a) À quoi font référence « le vol noir » et « les corbeaux » ?

b) Que cherchent à souligner « les cris sourds » ?

c) Comment le pays est-il présenté ?

d) Quel est le terme qui lance la révolte ?

2- Strophe 2 :

a) Quels sont les différents moyens mis en œuvre pour la révolte ?

b) Quel est le mode employé dans ces vers ? Justifie son emploi.

3- Strophe 3 :

a) Relève les termes qui montrent une situation désespérée.

b) Quelle est la situation des Français ?

4- Strophe 4 :

Quels sont les risques encourus par tout résistant ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre ton travail.

Pour aller plus loin : connecte-toi sur Internet et cherche ce chant… tu y trouveras la version originale et aussi une autre version adaptée par le groupe Zebda.

B Bilan

Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces questions doit te permettre de construire un paragraphe synthétique.

Quel est le but de ce chant ? Que représente-t-il ?

Que peux-tu dire du rythme de la musique ?

En quoi la jaquette du disque ci-contre correspond-elle bien aux idées exposées dans le poème ? (observe bien les différents éléments dessinés)

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire.

Jaquette du disque de 1945 (litho en couleur de René Lefebvre)

© Collection privée / Archives Charmet / The Bridgeman Art Library

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Séquence 4 — séance 2

TEXTE B :

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Anne, ma sœur Anne Anne, ma sœur Anne, Si j´ te disais c´ que j´ vois v´nir, Anne, ma sœur Anne, J´arrive pas à y croire, c´est comme un cauchemar... Sale cafard! Anne, ma sœur Anne, En écrivant ton journal du fond d´ ton placard, Anne, ma sœur Anne, Tu pensais qu´on n´oublierait jamais, mais... Mauvaise mémoire! Elle ressort de sa tanière, la nazi-nostalgie: Croix gammée, bottes à clous, et toute la panoplie. Elle a pignon sur rue, des adeptes, un parti... La voilà revenue, l´historique hystérie! Anne, ma sœur Anne, Si j´ te disais c´ que j´entends, Anne, ma sœur Anne, Les mêmes discours, les mêmes slogans, Les mêmes aboiements! Anne, ma sœur Anne, J´aurais tant voulu te dire, p´tite fille martyre: "Anne, ma sœur Anne, Tu peux dormir tranquille, elle reviendra plus, La vermine!" Mais beaucoup d´indifférence, de patience malvenue Pour ces anciens damnés, beaucoup de déjà-vu, Beaucoup trop d´indulgence, trop de bonnes manières Pour cette nazi-nostalgie qui ressort de sa tanière... comme hier! Anne, ma sœur Anne, Si j´ te disais c´ que j´ vois v´nir, Anne, ma sœur Anne, J´arrive pas à y croire, c´est comme un cauchemar... Sale cafard! Louis Chédid © Éditions Louis Chedid, Publications Francis Day, 1985.

Écoute si tu peux cette chanson en te connectant par exemple sur Internet : tu seras alors particulièrement attentif à la partie instrumentale à la fin de la chanson.

le coin des curieux

Anne Frank est une jeune fille juive qui, durant la seconde guerre mondiale a dû entrer dans la clandestinité pour échapper aux nazis. Le journal qu’elle a tenu a été publié après sa mort.Pour la connaître mieux, tu peux te connecter sur le site suivant :

http://www.annefrank.org/fr/

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Séquence 4séance 2 —

A Observer pour comprendre

1- À qui s’adresse le chanteur ?

2- Quels sont les termes qui montrent l’état d’esprit du chanteur ?

3- Que voit-il venir ? Relève tous les termes appartenant au champ lexical à l’appui de ta

réponse.

4- « les mêmes discours, les mêmes slogans, les mêmes aboiements ! » (v. 18-19)

Que peux-tu dire de la construction de cette phrase et sur la succession des termes ?

5- Que regrette le chanteur quand il dit « j’aurais tant voulu te dire …. » ?

6- Comment se caractérise cette « nazi-nostalgie » ? Cite précisément le texte.

Compare tes réponses avec celles du corrigé.

B Bilan

Pour répondre à ces questions, appuie-toi sur tes réponses précédentes. La réponse à ces

questions doit te permettre de construire un paragraphe synthétique.

Quel constat dresse ce texte ? Que cherche-t-il à montrer ?

Quel peut être l’impact d’une telle chanson sur ceux qui l’écoutent ?

Lis ensuite dans le corrigé un exemple de ce qu’il était possible d’écrire avant de poursuivre ton

travail.

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Séquence 4 — séance 3

Séance 3La lettre ouverte pour dénoncer…

Durée : 1 h 30

Dans cette séance, tu vas lire deux documents sous forme de lettres. Le premier est un texte d’Emile Zola, le second un poème de Boris Vian.

L’objectif est de comprendre ce qu’est une lettre « ouverte » et de dégager l’argumentation présente dans ces textes.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

Pour comprendre ce qu’est l’affaire Dreyfus, lis d’abord le texte suivant :

L’affaire Dreyfus commence comme une banale histoire d‘espionnage militaire, par la découverte d’un bordereau à l’ambassade allemande. Après une enquête rapide basée sur des rumeurs, l’antisémitique et une vague ressemblance d’écriture, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné et déporté en 1894 vers la Guyane, accusé à tort d’espionnage.

L’affaire commence réellement en 1898 quand l’article « j’accuse » d’Emile Zola est publié dans l’Aurore. Il met en accusation le jury militaire du procès et réclame la révision du procès. Par la suite la France va être déchirée en deux partis :

- Les Dreyfusards : qui prônent les droits de l’homme et la notion de justice.

- Les Antidreyfusards : dont l’importance majeure reste l’honneur de l’armée et le bien-fondé de l’état. Mais de façon cachée le tout est réalisé sur fond d’antisémitisme.

Ces deux partis s’affronteront sur fond de guerre médiatique, d’article publié et de polémiques. Cette affaire n’est pas seulement politique mais aussi sociale, morale et religieuse

Enfin le nouveau gouvernement de« défense républicaine » de 1899 ordonnera le rapatriement de Dreyfus, Il sera rejugé en 1899 suite à cela ; il accepte la grâce présidentielle. Cependant, il n’est réhabilité qu’en 1906, ainsi que réintégré dans l’armée tout en étant nommé chevalier de la légion d’honneur.

Texte A : J’accuse de Zola

Cet extrait est la fin de la lettre parue dans le journal l’Aurore.

Si tu veux consulter l’intégralité du document, tu peux consulter le site internet suivant :

http://www.cahiers-naturalistes.com/jaccuse.htm

Lis bien cet extrait avant de répondre aux questions.

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LETTRE À M. FELIX FAURE

Président de la République

Monsieur le Président, Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ? […] Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure. J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables. J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle. J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir étouffées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique, et pour sauver l'état-major compromis. J'accuse le général de Boisdeffre et le général Gonse de s'être rendus complices du même crime, l'un sans doute par passion cléricale, l'autre peut-être par cet esprit de corps qui fait des bureaux de la guerre l'arche sainte, inattaquable. J'accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d'avoir fait une enquête scélérate, j'entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace. J'accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d'avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu'un examen médical ne les déclare atteints d'une maladie de la vue et du jugement. J'accuse les bureaux de la guerre d'avoir mené dans la presse, particulièrement dans L'Eclair et dans L'Echo de Paris, une campagne abominable, pour égarer l'opinion et couvrir leur faute. J'accuse enfin le premier conseil de guerre d'avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j'accuse le second conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable. En portant ces accusations, je n'ignore pas que je me mets sous le coup des articles 30 et 31 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, qui punit les délits de diffamation. Et c'est volontairement que je m'expose. Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice. Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l'enquête ait lieu au grand jour ! J'attends. Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mon profond respect.

Émile Zola

Séquence 4séance 3 —

— © Cned, Français 3e98

L’Aurore du13 Janvier 1898 © Collection privée / Archives Charmet / The Bridgeman Art Library

A Comprendre

1- En t’aidant du paratexte, réponds aux questions suivantes :

a) À qui cette lettre est-elle adressée ?

b) Cette lettre a-t-elle été envoyée directement à son destinataire ? Explique en détail.

2- De quelle manière le titre même de la lettre est-il repris ?

3- Quelles personnes Émile Zola accuse-t-il ?

4- Comment cette accusation est-elle mise en valeur par les premiers mots de chaque phrase ?

5- Quelle est la figure de style utilisée alors ?

6- Relève le champ lexical du mensonge.

7- « Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice. Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour. »

a) Quel est le but d’Emile Zola en écrivant cette lettre ?

b) Dans les expressions soulignées, quelle est la figure de style utilisée ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.

Texte B : Le déserteur, Boris Vian

La chanson de Boris Vian a été écrite à la fin de la guerre d’Indochine (1946-1954) et au début de la guerre d’Algérie qui a débuté en 1954.

Cette chanson a été censurée jusqu’en 1962 (c’est-à-dire qu’elle a été interdite de diffusion par le gouvernement).

Au moment de la guerre du Vietnam, elle est reprise aux Etats-Unis par une chanteuse américaine, Joan Baez.

Elle a également été chantée en France par Mouloudji.

Séquence 4 — séance 3

© Cned, Français 3e — 99

Lis-la bien avant de répondre aux questions.

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Le déserteur Monsieur le Président Je vous fais une lettre Que vous lirez peut-être Si vous avez le temps Je viens de recevoir Mes papiers militaires Pour partir à la guerre Avant mercredi soir Monsieur le Président Je ne veux pas la faire Je ne suis pas sur terre Pour tuer des pauvres gens C'est pas pour vous fâcher Il faut que je vous dise Ma décision est prise Je m'en vais déserter Depuis que je suis né J'ai vu mourir mon père J'ai vu partir mes frères Et pleurer mes enfants Ma mère a tant souffert Elle est dedans sa tombe Et se moque des bombes Et se moque des vers Quand j'étais prisonnier On m'a volé ma femme On m'a volé mon âme Et tout mon cher passé Demain de bon matin Je fermerai ma porte Au nez des années mortes J'irai sur les chemins Je mendierai ma vie Sur les routes de France De Bretagne en Provence Et je dirai aux gens : Refusez d'obéir Refusez de la faire N'allez pas à la guerre Refusez de partir S'il faut donner son sang Allez donner le vôtre Vous êtes bon apôtre Monsieur le Président Si vous me poursuivez Prévenez vos gendarmes Que je n'aurai pas d'armes Et qu'ils pourront tirer Boris Vian © Éditions musicales Djanik, 1954.

Séquence 4séance 3 —

— © Cned, Français 3e100

1- Cherche dans un dictionnaire le sens du verbe « déserter ».

2- Quelle raison Boris Vian donne-t-il au fait qu’il a l’intention de déserter, dans la première strophe ?

3- À quel vers apparaît réellement sa décision ?

4- Deuxième strophe :

a) Quelles personnes évoque-t-il ?

b) Quelles autres raisons donne-t-il à sa décision ?

5- Troisième strophe :

a) À quel temps est conjugué le verbe du premier vers ?

b) À quel mode sont conjugués les verbes des vers 37 à 40 ?

c) Qu’a l’intention de faire le poète ?

Connecte-toi sur Internet et écoute cette chanson dans la version de Boris Vian. Si tu souhaites l’écouter dans une autre version, tu peux chercher avec les mots clefs « déserteur », « Reggiani » ou « Mouloudji ».

6- Le fait qu’il s’agisse d’une chanson rend-il le texte plus fort ?

La lettre ouverte

Une lettre ouverte est un texte qui, bien qu’adressé à une ou plusieurs personnes en particulier, est diffusée publiquement afin d’être lu par le plus grand nombre de personnes.

Cette publication permet de diffuser largement le point de vue de son auteur, et de servir une cause.

Pour cela, c’est le plus souvent la presse qui est utilisée, mais une lettre ouverte peut également prendre la forme d’une affiche, d’une chanson, d’un tract, ou plus récemment être mise en ligne sur Internet.

j e retiens

Séquence 4 — séance 3

© Cned, Français 3e — 101

Séance 4Le participe passé des verbes pronominaux

Durée : 1h30

Dans cette séance, tu vas apprendre les règles particulières d’accord du participe passé des verbes pronominaux.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

A Qu’est-ce qu’un verbe pronominal ?

1- Choisis la bonne réponse :

a) Il se promène. verbe pronominal vrai faux

b) Il le promène. verbe pronominal vrai faux

2- Choisis la bonne réponse :

a) Le verre s’est brisé. Pronom COD Pronom COI

b) Il s’est cassé le bras. Pronom COD Pronom COS

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant d’apprendre le Je retiens qui suit.

Les verbes pronominaux

Un verbe pronominal se forme à l’aide d’un pronom qui renvoie au sujet, appelé pronom réfléchi :

Ex : je me promène, tu te promènes, il se promène, nous nous promenons, vous vous promenez, ils se promènent.

On distingue parmi les verbes pronominaux :

- Les verbes essentiellement pronominaux, qui n’existent pas sous une autre forme.

Ex. : se souvenir (le verbe *souvenir seul n’existe pas).

- Les verbes pronominaux de sens réfléchi quand le sujet fait l’action sur lui-même.

Ex : Il s’est promené. (= Il a promené « lui-même ».)

- Les verbes pronominaux de sens réciproque quand les sujets (toujours au pluriel), font l’action l’un sur l’autre.

Ex : Georges et Richard se regardent. (= Chaque personne regarde l’autre.)

j e retiens

Séquence 4séance 4 —

— © Cned, Français 3e102

B Appliquer :

Dans les phrases suivantes, souligne les verbes pronominaux et dis s’ils sont essentiellement pronominaux, pronominaux de sens réfléchi ou pronominaux de sens réciproque.

a- Les oiseaux se sont enfuis.

b- Nous nous sommes parlé.

c- Ils se sont rencontrés à la plage.

d- Elle s’est inscrite à l’université.

C Comment accorder le participe passé d’un verbe pronominal ?

1- a) Précise la fonction du pronom réfléchi en gras :

COD COI COSElles se sont rencontrées à la plage.Les tempêtes se sont succédé tout l’été.Ils se sont réunis pour organiser une fête.Je me suis fixé des objectifs ambitieux.Ils se sont frotté les mains.

b) Que remarques-tu concernant l’accord du participe passé dans ces phrases ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de lire et mémoriser le « Je retiens » suivant.

L’accord du participe passé des verbes pronominaux

Le participe passé s’accorde avec le sujet si :

- Le verbe est essentiellement pronominal :

Ex. : Elle s’est évanouie. (Ce verbe n’est que pronominal car le verbe « évanouir » n’existe pas.)

- Le verbe pronominal a un sens passif :

Ex. : Les vendanges se sont faites en Octobre. (= Les vendanges ont été faites en Octobre)

Le participe passé des verbes pronominaux de sens réciproque et de sens réfléchi se fait avec le COD si :

- Le pronom réfléchi est le COD :

Ex. : Ils se sont lancés dans cette aventure. (Se = COD)

- Un COD (autre que le pronom réfléchi) est placé avant le verbe :

Ex. : La balle qu’ils se sont lancée est restée dans le jardin.

Le participe passé des verbes pronominaux de sens réciproque et de sens réfléchi est invariable si :

- Le pronom réfléchi est COI ou COS et que le COD est placé après le verbe :

Ex. : Ils se sont lancé des plaisanteries. (« des plaisanteries » = COD / Se = COS)

j e retiens

Séquence 4 — séance 4

© Cned, Français 3e — 103

D Appliquer

1- Conjugue les verbes pronominaux des phrases suivantes au passé composé en accordant

chaque participe passé si nécessaire.

a) Ma sœur s’aperçoit de son erreur.

b) Il se tait.

c) Elle se lave les mains.

d) Elles s’évanouissent.

e) Il se prépare au concours.

2- Écris deux phrases dans les lesquelles tu utiliseras :

a) « ils se sont rappelé »

b) « ils se sont rappelés »

Séquence 4séance 4 —

— © Cned, Français 3e104

Séance 5Dénoncer le racisme et la discrimination dans

les textes et les images

Durée : 1h30

Dans cette séance, tu vas lire et observer des documents différents : extrait de roman, texte de chanson, image… afin de dégager la force de persuasion qu’ils dégagent.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

DOCUMENT A

Lis le texte suivant et réponds aux questions : 1 5 10 15 20 25

En 1931, le narrateur et son ami, Badimoin, originaires de Nouvelle-Calédonie, sont emmenés à Paris pour figurer à l’Exposition coloniale, où ils sont présentés comme des cannibales. Ils s’échappent et s’enfuient vers Paris. Un grand bâtiment blanc à colonnades occupait toute la droite de l’esplanade de Reuilly ; Badimoin la traversait en courant, pour se réchauffer, lorsqu’une voiture a surgi de nulle part, lancée à pleine vitesse. Les pneumatiques ont glissé sur les pavés luisants, l’auto a fait une embardée pour l’éviter et s’est arrêtée à quelques mètres, près d’une mappemonde où les possessions françaises dessinaient de larges taches rouges. Le chauffeur a fait pivoter un petit carreau rectangulaire. Il a détaillé Badimoin qui ne se remettait pas encore de sa peur et s’est mis à hurler : – Tu ne peux pas faire gaffe, le chimpanzé ! Tu descends de ta liane ou quoi… tu te crois encore dans ta brousse ? Une femme s’est mise à rire, à l’arrière, puis la voiture a filé vers les fortifications en crachant des nuages de fumée. J’ai pris Badimoin par l’épaule. – Tu vois, on fait des progrès : pour lui, nous ne sommes pas des cannibales, mais seulement des chimpanzés, des mangeurs de cacahuètes. Je suis sûr que, quand nous serons arrivés près des maisons, là-bas, nous serons devenus des hommes. Nous sommes entrés dans la ville. Une jungle de pierre, de métal, de bruit, de danger. Les publicités électriques, les lumières des candélabres, des restaurants, les phares des autos transformaient la nuit en jour. Un véritable fleuve automobile nous séparait encore de Paris, et nous ne savions comment le franchir sans risquer notre vie. Nous avions failli mourir mille fois au cours de ces premières heures de liberté. J’ignorais jusqu’à la signification des mots « passages cloutés », « feu tricolore » ! Le fleuve suspendait son cours de manière incompréhensible, pendant quelques instants, et il suffisait que nous nous décidions à le traverser pour que les moteurs se remettent à rugir. Cela faisait bien vingt minutes que nous étions rejetés sur le trottoir, comme des naufragés sur un rivage hostile, quand un groupe de fêtards s’est annoncé en braillant. Ils étaient trop saouls pour s’enquérir de qui nous étions. Ils ne se sont même pas aperçus que nous avions emprunté leur sillage et ont passé le boulevard en marchant au pas sur le rythme d’une chanson que les haut-parleurs de l’Exposition ne cessaient de diffuser.

Didier Daeninckx, Cannibale © Editions Verdier, 1998.

Note :Cannibale : Ce mot est emprunté à l’espagnol. Avec le mot canibal, Christophe Colomb désignait les indiens des caraïbes qu’il pensait être des mangeurs d’hommes. Le mot anthropophage est un synonyme d’origine grecque.

Séquence 4 — séance 5

© Cned, Français 3e — 105

A Comprendre

1- Où se trouvent les deux personnages ? (Utilise le paratexte* pour répondre.)

2- Lignes 1 à 7 :

a) Quels sont les éléments de la ville qui surprennent ces personnages?

b) Que ressent Badimoin ?

3- Comment se comporte le chauffeur de la voiture ?

4- a) Quel terme emploie-t-il pour s’adresser à Badimoin ?

b) Pourquoi le tutoie-t-il ?

c) Qu’est-ce que le tutoiement révèle ?

5- Ligne 15 et suivantes :

a) Comment les personnages caractérisent-ils la ville ? Pourquoi ?

b) Relève les deux expressions qui décrivent la ville et son activité (ligne 15 à 17).

c) Quelle est la figure de style utilisée ?

6- « Il suffisait que nous nous décidions à le traverser pour que les moteurs se mettent à rugir »

a) Quelle est la fonction de la proposition soulignée ?

b) Que cherche-t-elle à montrer ?

7- Explique, en relisant la fin du texte, comment les deux personnages sont considérés.

8- Quel sentiment le narrateur veut-il inspirer au lecteur ?

Vérifie tes réponses dans le corrigé avant de poursuivre.

Pour défendre une idée, l’auteur cherche à toucher le lecteur dans ses sentiments, en suscitant la pitié, la révolte, la sympathie.

Pour cela, il fait en sorte que le lecteur s’identifie à un ou plusieurs personnages.

j e retiens

B Écrire

Raconte cette scène vue par un passant : il a, par hasard, suivi les « cannibales » et raconte alors ce qu’il a vu à un ami.

Précise les sentiments qu’il a éprouvés et qu’il éprouve encore pour les deux personnages.

Séquence 4séance 5 —

— © Cned, Français 3e106

Séquence 4 — séance 5

DOCUMENTS B et C

Affiche publicitaire de 1930 © Bibliothèque Forney / Roger-Viollet

1- Comment les slogans publicitaires pour le savon sont-ils mis en valeur ?

2- Qu’arrive-t-il à la main de l’homme quand il se lave ?

3- Qu’est-ce que cela laisse sous-entendre ?

4- Observe le visage de l’homme : que semble-t-il ressentir ?

5- À quel métier est associé cet homme ?

© Cned, Français 3e — 107

Séquence 4séance 5 —

6- L’image ci-dessous est une autre publicité, bien plus récente.

a) Comment comprends-tu le « before » et le « after » ?

b) En quoi sommes-nous assez proches de l’affiche précédente de 1953 ?

© Dove / Unilever

— © Cned, Français 3e108

Séquence 4 — séance 5

C Écriture

« Avez-vous besoin de cacher votre vraie personnalité pour être accepté ? »

À partir de cette image, des affiches étudiées, du texte de D. Daeninckx, explique ce qu’est

la discrimination et ce qu’elle implique.

Quel est, à ton avis, le moyen le plus efficace pour interpeller la population ? Pourquoi ?

© Cned, Français 3e — 109

Séquence 4séance 6 —

Séance 6Le participe passé des verbes impersonnels et le participe passé

suivi d’un infinitif

Durée : 1h00

Dans cette séance, tu vas travailler sur des cas particuliers d’accord du participe passé : lorsqu’il est suivi d’un infinitif, et lorsqu’il s’agit d’un verbe impersonnel.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

A Les verbes impersonnels

je sais déjà

La forme impersonnelle du verbe

On dit qu’un verbe est employé à la forme impersonnelle quand il a pour sujet le pronom « il » qui ne reprend aucun nom ou groupe nominal cité dans le texte.

1- Dans les phrases suivantes, souligne les tournures impersonnelles :

- Il a eu ce qu’il méritait.

- Il est tombé des mètres de neige cette année.

- Il est tombé dans la cour de récréation.

- Quelle catastrophe il s’est produit !

- Il lui a plu tout de suite.

- Il a plu la semaine dernière.

2- Que remarques-tu concernant le participe passé de ces verbes à la forme impersonnelle ?

Vérifie tes réponses puis lis et mémorise le « Je retiens » suivant.

Le participe passé des verbes impersonnels

Le participe passé des verbes impersonnels est toujours invariable :

il a plu, il s’est produit...

Ex : Après la fuite d’eau qu’il y a eu, nous avons été très vigilants.

j e retiens

— © Cned, Français 3e110

Séquence 4 — séance 6

B Le participe passé suivi d’un infinitif

Observe les phrases suivantes dans lesquelles des participes passés sont suivis d’un infinitif.

Les acteurs jouent la pièce que nous avons entendu répéter.

Ces fleurs, je les ai vues se faner peu à peu.

Mon frère a compté les voitures qu’il a vues passer.

1- Quel autre mot de la phrase remplace chacun des pronoms en gras ?

2- Quelle est la fonction grammaticale de chacun de ces pronoms par rapport au verbe à l’infinitif ?

3- Quel est le seul de ces pronoms qui ne commande pas l’accord du participe passé ?

Le participe passé suivi d’un infinitif

Le participe passé s’accorde avec le sujet du verbe à l’infinitif.

Ex : Les enfants jouent dehors. Nous les avons entendus crier toute la journée.

Explication :

« Nous avons entendu les enfants crier » : « les », pronom mis pour « les enfants » est sujet de l’infinitif « crier ». Il y a donc accord du participe passé avec « les ».

Le participe passé est invariable dans tous les autres cas.

Ex. : La chanson que j’ai entendu chanter est magnifique.

Explication :

« J’ai entendu chanter une chanson » : le pronom « que » reprend « chanson » et est COD du verbe « chanter ». Donc « entendu » ne s’accorde pas.

À noter : le participe passé du verbe faire + infinitif est toujours invariable :

Ex : Nous les avons fait examiner.

j e retiens

C Application

1- Réécris les phrases suivantes en remplaçant le mot en gras par celui donné entre parenthèses à la fin de la phrase, et en faisant toutes les modifications nécessaires :

a) L’avion passe si haut que nous ne l’avons pas entendu venir. (Les avions)

b) Mon ami était en cours : la CPE l’a envoyé chercher. (Mon amie)

c) Quel effort il a fallu faire pour arriver au sommet ! (Quels efforts)

2- Complète les phrases suivantes avec le participe passé du verbe faire et accorde-le s’il y a lieu.

a) Quelle bêtise as-tu encore ………………………….. ?

b) La CPE a ………………………….. appeler mon amie.

c) Ces gâteaux ont été ………………………….. par un grand pâtissier.

d) On nous a ………………………….. attendre longtemps.

© Cned, Français 3e — 111

Séquence 4séance 7 —

Séance 7Un discours engagé

Durée : 1h00

Tu vas découvrir dans cette séance un discours engagé très célèbre qui a eu une conséquence très importante : l’abolition de la peine de mort en France.

Prends ton cahier. Note le numéro et le titre de la séance en rouge. Souligne-les. Fais ensuite le travail demandé.

En 1981, Robert Badinter, ministre de la Justice, est chargé par le président de la République François Mitterrand, d’œuvrer pour abolir la peine de mort. Le texte qui suit est un extrait de son discours à l’Assemblée Nationale.

Tu peux écouter ce discours ou le lire en te connectant à Internet sur le site suivant :

http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/badinter.asp

1 5 10 15 20 25 30 35

Il s'agit bien, en définitive, dans l'abolition, d'un choix fondamental, d'une certaine conception de l'homme et de la justice. Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction : qu'il existe des hommes totalement coupables, c'est-à-dire des hommes totalement responsables de leurs actes, et qu'il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir. À cet âge de ma vie, l'une et l'autre affirmations me paraissent également erronées. Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'hommes en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. Et je ne parle pas seulement de l'erreur judiciaire absolue, quand, après une exécution, il se révèle, comme cela peut encore arriver, que le condamné à mort était innocent et qu'une société entière - c'est-à-dire nous tous - au nom de laquelle le verdict a été rendu, devient ainsi collectivement coupable puisque sa justice rend possible l'injustice suprême. Je parle aussi de l'incertitude et de la contradiction des décisions rendues qui font que les mêmes accusés, condamnés à mort une première fois, dont la condamnation est cassée pour vice de forme, sont de nouveau jugés et, bien qu'il s'agisse des mêmes faits, échappent, cette fois-ci, à la mort, comme si, en justice, la vie d'un homme se jouait au hasard d'une erreur de plume d'un greffier. Ou bien tels condamnés, pour des crimes moindres, seront exécutés, alors que d'autres. plus coupables, sauveront leur tête à la faveur de la passion de l'audience, du climat ou de l'emportement de tel ou tel. Cette sorte de loterie judiciaire, quelle que soit la peine qu'on éprouve à prononcer ce mot quand il y va de la vie d'une femme ou d'un homme, est intolérable. […] Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales - celles qui l'ont faite grande et respectée entre toutes - la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois, et c'est le choix de l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel, et c'est l'élimination. Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité. J'en ai fini avec l'essentiel, avec l'esprit et l'inspiration de cette grande loi. Raymond Forni, tout à l'heure, en a dégagé les lignes directrices. Elles sont simples et précises. Parce que l'abolition est un choix moral, il faut se prononcer en toute clarté. Le Gouvernement vous demande donc de voter l'abolition de la peine de mort sans l'assortir d'aucune restriction ni d'aucune réserve.

Robert Badinter, Discours sur l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée Nationale, 1981. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/badinter.asp

— © Cned, Français 3e112

Séquence 4 — séance 7

1 5 10 15 20 25 30 35

Il s'agit bien, en définitive, dans l'abolition, d'un choix fondamental, d'une certaine conception de l'homme et de la justice. Ceux qui veulent une justice qui tue, ceux-là sont animés par une double conviction : qu'il existe des hommes totalement coupables, c'est-à-dire des hommes totalement responsables de leurs actes, et qu'il peut y avoir une justice sûre de son infaillibilité au point de dire que celui-là peut vivre et que celui-là doit mourir. À cet âge de ma vie, l'une et l'autre affirmations me paraissent également erronées. Aussi terribles, aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'hommes en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement. Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. Et je ne parle pas seulement de l'erreur judiciaire absolue, quand, après une exécution, il se révèle, comme cela peut encore arriver, que le condamné à mort était innocent et qu'une société entière - c'est-à-dire nous tous - au nom de laquelle le verdict a été rendu, devient ainsi collectivement coupable puisque sa justice rend possible l'injustice suprême. Je parle aussi de l'incertitude et de la contradiction des décisions rendues qui font que les mêmes accusés, condamnés à mort une première fois, dont la condamnation est cassée pour vice de forme, sont de nouveau jugés et, bien qu'il s'agisse des mêmes faits, échappent, cette fois-ci, à la mort, comme si, en justice, la vie d'un homme se jouait au hasard d'une erreur de plume d'un greffier. Ou bien tels condamnés, pour des crimes moindres, seront exécutés, alors que d'autres. plus coupables, sauveront leur tête à la faveur de la passion de l'audience, du climat ou de l'emportement de tel ou tel. Cette sorte de loterie judiciaire, quelle que soit la peine qu'on éprouve à prononcer ce mot quand il y va de la vie d'une femme ou d'un homme, est intolérable. […] Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui tue et accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales - celles qui l'ont faite grande et respectée entre toutes - la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois, et c'est le choix de l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le criminel, et c'est l'élimination. Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité. J'en ai fini avec l'essentiel, avec l'esprit et l'inspiration de cette grande loi. Raymond Forni, tout à l'heure, en a dégagé les lignes directrices. Elles sont simples et précises. Parce que l'abolition est un choix moral, il faut se prononcer en toute clarté. Le Gouvernement vous demande donc de voter l'abolition de la peine de mort sans l'assortir d'aucune restriction ni d'aucune réserve.

Robert Badinter, Discours sur l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée Nationale, 1981. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/badinter.asp

http://www.assemblee-national.fr/histoire/badinter.asp

Note : un orateur est la personne qui parle.

1- Que veut obtenir l’orateur ?

2- Ligne 6 : quelle est l’expression qui montre que l’orateur s’implique personnellement ?

3- « Aussi prudente que soit la justice, aussi mesurés et angoissés que soient les femmes et les

hommes qui jugent, la justice demeure humaine, donc faillible. » (l. 8 à 10)

a) Cherche dans le dictionnaire et recopie la définition de « faillible »

b) Quelle idée est exprimée ici ?

4- « Cette sorte de loterie judiciaire, quelle que soit la peine qu’on éprouve à prononcer ce mot

quand il y va de la vie d’une femme ou d’un homme, est intolérable. » (l.22-23)

a) Comment l’orateur caractérise-t-il certains jugements ?

b) Quelle est la force de cette expression ?

5- « Le choix qui s’offre à vos consciences est donc clair. » (l. 24)

a) À qui s’adresse l’orateur ?

b) Pourquoi interpelle-t-il directement son auditoire ?

c) Quel impact cela peut-il avoir ?

© Cned, Français 3e — 113

Séquence 4séance 7 —

6- Observe l’image ci-contre :

L’objet représenté sur cette affiche est fait en cire.

a) Explique le lien entre cette image et le texte que tu viens de lire.

b) « La peine de mort est condamnée à disparaître » : en quoi ce slogan est-il fort ? Explique particulièrement l’utilisation du mot « condamnée ».

Affiche de la campagne d’Amnesty International contre la peine de mort en 2011 © TBWA / Paris

7- Écriture

Tu es journaliste et tu dois écrire un court article pour rendre compte du discours et des

arguments donnés par Robert Badinter dans son discours.

Écris cet article.

Lis dans le livret de corrigés un exemple d’article.

— © Cned, Français 3e114

Séquence 4 — séance 8

Séance 8Je m’évalue

Durée : 1h

Comme à la fin de chaque séquence, tu vas faire un bilan de ce que tu as appris. Cela te permettra

de faire le point sur ce que tu dois savoir, et ce que tu dois être capable de faire pour le devoir.

Complète maintenant le tableau suivant. Tu peux bien sûr utiliser ton cours si tu as oublié quelque

chose. Quand tu auras fini, prends le corrigé afin de vérifier tes réponses. Il est très important que

ce tableau de synthèse ne comporte pas d’erreur.

Je connais Je suis capable de Une tapisserie qui reprend le poème

intitulé ……………………………...... .

Une chanson qui est un …………………….. à la résistance.

Citer l’artiste auteur de cette tapisserie :

…………………………………...…………….

Donner le titre de cette chanson :

…………………………………...…………….

Expliquer dans quel contexte elle a été écrite :

…………………………………...…………….

…………………………………...…………….

…………………………………...……………. La lettre d’Émile Zola au président de la

République. Elle s’appelle ……….………. . Elle

défend le capitaine ……...………….. .

Dire comment on appelle ce type de lettre :

Il s’agit d’une lettre ……………………… .

Les verbes pronominaux

Je sais qu’un verbe pronominal peut être

de sens ……………………… ou de sens

……………………… .

Indiquer le sens de ces verbes pronominaux :

Il s’est promené : …………………..………

Ils se regardent : …………….………..……

© Cned, Français 3e — 115

Séquence 4séance 8 —

Les accords particuliers du participe passés

- Le participe passé s’accorde avec le sujet si le verbe est essentiellement …………..…………..........……………………

- Le participe passé des verbes impersonnels est toujours …………..…………..........……………………

- L’accord du participe passé des verbes pronominaux de sens réciproque et de sens réfléchi se fait si le pronom réfléchi est …………..…………..........……………….

- Le participe passé suivi d’un verbe à l’infinitif …………………… avec le COD du verbe conjugué si celui-ci est placé …………………… le verbe et s’il est …………………… du verbe à l’infinitif.

Accorder correctement les participes passés des verbes entre parenthèses :

- Elle s’est (enfuir) …………………… de chez ses parents qui la battaient.

- Les toits se sont (couvrir) …………………… de neige.

- Elles se sont (embrasser) …………………… avant de partir.

- Les ouvriers se sont (succéder) …………………… pour terminer la maison à temps.

- Les enfants étaient fatigués. Leurs mères ont (penser) …………………… les garder à la maison.