« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge...

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C 2mardi 8 septembre 2015 LE FIGARO - N° 22 108 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement Réponses à la question de lundi : Une intervention occidentale en Syrie permettra-t-elle d’endiguer le flux de migrants ? TOTAL DE VOTANTS : 31 297 Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Approuvez-vous la décision de François Hollande d’accueillir 24 000 réfugiés supplémentaires? OUI 44 % AND : 2,20 € - BEL : 2 € - CH : 3,40 FS - CAN : 4,50 $C - D : 2,50 € - A : 3 € - ESP : 2,40 € - Canaries : 2,50 € - GB : 1,90 £ - GR : 2,50 € - Guadeloupe/Martinique : 2.40 € - Guyane/St Martin : 2.70 € - ITA : 2,50 € LUX : 2 € - NL : 2,50 € - PORT.CONT : 2,40 € - MAR : 15 DH - La Réunion : 2.30 € - TUN : 2,90 DTU - ZONE CFA : 1.900 CFA ISSN 0182.5852 JULIEN CAUVIN - HBO I l est des choix qui compteront pour le « jugement de l’histoire ». C’est à cette aune-là que François Hollande entend agir pour relever le défi que posent les réfugiés à l’Europe et à la France. 24 000 d’entre eux seront donc accueillis sur notre sol, en plus des 6 800 autorisés à venir en juillet. L’histoire, mais que retiendra l’histoire ? Une preuve d’humanité et de générosité ? Ici et maintenant, peut-être. Nul ne veut avoir mauvaise conscience, surtout après la photo du petit Aylan gisant sur une plage turque. Mais plus tard ? Quatre millions d’individus peuplent déjà les camps de dé- placés du Moyen-Orient, 350 000 autres sont arrivés en Europe depuis le début de l’année, et ils seront plus du triple d’ici au mois de décembre. Inutile de dire que le dis- positif permanent et obligatoire mis en place pour répartir 160 000 personnes dans les pays de l’Union risque d’apparaître très vite insuffisant. Les réfugiés, combien seront-ils demain ? Sans doute des millions, fuyant la terreur islamiste. L’avenir le montrera, ce témoignage de gé- nérosité se révélera une erreur irréversible. Combien de migrants dits économiques vont continuer à s’engouffrer dans la brèche ? Comment raccompagner chez eux ceux qui ne seront pas éligibles au droit d’asile ? François Hollande s’est montré pour le moins évasif à ce propos. Récemment, la Cour des comptes a souligné que seuls 1 % des recalés quittaient le territoire. Où établir les centres de sélection entre réfu- giés et simples mi- grants ? Le flou est to- tal. Comment obliger les pays européens à ac- cueillir toujours plus d’étrangers sans violer leur souveraineté et ainsi provoquer un éclatement de l’Union ? Certes, il y a la ges- tion de l’urgence, mais une bonne politique commande d’en prévoir les conséquences. Celles-ci s’annoncent des plus sombres. Les quotas sont « une faute morale et éthi- que », affirmait Manuel Valls en mai. Il avait raison. N’en déplaise aux belles âmes qui en appellent à l’histoire, il est irresponsable de faire naître chez des millions de déplacés un espoir qui restera lettre morte. L’engrenage Les réfugiés, combien seront-ils demain ? ÉDITORIAL par Yves Thréard [email protected] Dernière édition @ @ FIGARO OUI FIGARO NON PARIS 15 e - 10, place Etienne Pernet - 01 53 68 15 31 BEZONS (95) - 30, rue Emile Zola - 01 39 61 05 42 LIMAY (78) - 266, route de la Noue, Port Autonome - 01 34 78 73 48 LYON CORBAS (69) - ZI Corbas Mont Martin – rue M. Mérieux - 04 72 48 67 97 MARSEILLE VITROLLES (13) - av. J. Cugnot – ZAC des Cadesteaux - 04 42 78 77 37 CITROËNFÉLIX FAURE ---- Retrouvez nos offres sur www.citroenselect.fr/felixfaure ---- (1) Voir conditions dans les points de vente listés ci-dessous. 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Pour François Hollande, il s’agit d’un « devoir ». è HOLLANDE SE POSE EN PRÉSIDENT DÉCIDEUR FACE AUX CRISES PAGES 2 ET 3 è ASILE : DES CAPACITÉS LARGEMENT DÉPASSÉES PAGE 2 è BRUXELLES DÉTAILLE SON PLAN POUR LES MIGRANTS PAGE 4 è LA FRANCE VEUT SON AUTONOMIE EN SYRIE PAGE 6 è LES RÉPUBLICAINS DIVISÉS SUR LES QUOTAS ET LA SYRIE PAGE 8 ET L’ÉDITORIAL n La peur du « Big One » ravivée en Amérique n La baisse de l’euro rend-elle la France plus compétitive ? n Les tribunes de Patrick Artus et Charles Millon n La chronique de Renaud Girard n L’analyse de Laure Mandeville PAGES 12 À 15 CHAMPS LIBRES FRANCOIS BOUCHON ARCHÉOLOGIE Un nouvel alignement découvert à Stonehenge PAGE 9 TENNIS La Française Mladenovic en quarts de finale de l’US Open PAGE 10 DISTRIBUTION L’ouverture des grands magasins le dimanche compromise par les syndicats PAGE 18 BREXIT Les patrons britanniques hostiles à la sortie de l’UE PAGE 20 ROCK Téléphone se reforme pour un concert unique PAGE 30 Le chef de l’État met en garde la gauche contre la dispersion Dès ce mercredi, la France va mener des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie afin d’« envisager des frappes » contre l’État islami- que, a confirmé François Hollande. Un revire- ment provoqué par le bilan décevant de la coa- lition arabo-occidentale face aux djihadistes et par le risque terroriste accru en France. PAGE 5 Le chef de l’État a confirmé que plus de 8 mil- lions de Français bénéficieront d’une baisse d’impôts sur le revenu en 2016, pour un montant total de 2 milliards d’euros. L’impôt va de fait se concentrer sur une minorité de contribuables, sachant que 10 % des foyers fiscaux supportent déjà 70 % de la facture. PAGE 7 À trois mois des régionales de décembre, François Hollande a affirmé que le scrutin restait un enjeu local, tout en prévenant son camp que « la disper- sion, c’est la disparition ». Il a assuré que « la porte était toujours ouverte » aux écologistes et rappelé avoir « voulu convaincre la gauche qu’elle pouvait gouverner , qu’elle savait gouverner ». PAGE 8 NON 56 % lefigaro.fr

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2€ mardi 8 septembre 2015 LE FIGARO - N° 22 108 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Réponses à la question de lundi :Une intervention occidentale en Syrie permettra-t-elle d’endiguer le flux de migrants ?

TOTAL DE VOTANTS : 31 297

Votez aujourd’huisur lefigaro.frApprouvez-vous la décision de François Hollande d’accueillir 24 000 réfugiés supplémentaires?

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AND : 2,20 € - BEL : 2 € - CH : 3,40 FS - CAN : 4,50 $C - D : 2,50 € - A : 3 € - ESP : 2,40 € - Canaries : 2,50 € - GB : 1,90 £ - GR : 2,50 € - Guadeloupe/Martinique : 2.40 € - Guyane/St Martin : 2.70 € - ITA : 2,50 €LUX : 2 € - NL : 2,50 € - PORT.CONT : 2,40 € - MAR : 15 DH - La Réunion : 2.30 € - TUN : 2,90 DTU - ZONE CFA : 1.900 CFA ISSN 0182.5852

JULIEN CAUVIN - HBO

Il est des choix qui compteront pour le« jugement de l’histoire ». C’est à cetteaune-là que François Hollande entendagir pour relever le défi que posent lesréfugiés à l’Europe et à la France.

24 000 d’entre eux seront donc accueillis sur notre sol, en plus des 6 800 autorisés à veniren juillet. L’histoire, mais que retiendra l’histoire ?Une preuve d’humanité et de générosité ? Ici et maintenant, peut-être. Nul ne veutavoir mauvaise conscience, surtout après la photo du petit Aylan gisant sur une plage turque. Mais plus tard ? Quatre millions d’individus peuplent déjà les camps de dé-placés du Moyen-Orient, 350 000 autres sont arrivés en Europe depuis le début de l’année, et ils seront plus du triple d’ici au mois de décembre. Inutile de dire que le dis-positif permanent et obligatoire mis en place pour répartir 160 000 personnes dans les pays de l’Union risque d’apparaître très vite insuffisant. Les réfugiés, combien seront-ilsdemain ? Sans doute des millions, fuyant la terreur islamiste.L’avenir le montrera, ce témoignage de gé-nérosité se révélera une erreur irréversible.

Combien de migrants dits économiques vont continuer à s’engouffrer dans la brèche ? Comment raccompagner chez eux ceux quine seront pas éligibles au droit d’asile ? François Hollande s’est montré pour le moins évasif à ce propos. Récemment, la Cour des comptes a souligné que seuls 1 % des recalés quittaient le territoire.Où établir les centres de sélection entre réfu-

giés et simples mi-grants ? Le flou est to-tal. Comment obligerles pays européens à ac-cueillir toujours plusd’étrangers sans violerleur souveraineté etainsi provoquer un

éclatement de l’Union ? Certes, il y a la ges-tion de l’urgence, mais une bonne politique commande d’en prévoir les conséquences. Celles-ci s’annoncent des plus sombres.Les quotas sont « une faute morale et éthi-que », affirmait Manuel Valls en mai. Il avaitraison. N’en déplaise aux belles âmes qui en appellent à l’histoire, il est irresponsable de faire naître chez des millions de déplacés unespoir qui restera lettre morte. ■

L’engrenage

Les réfugiés, combien seront-ils demain ?

ÉDITORIAL par Yves Thréard [email protected]

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PARIS 15e - 10, place Etienne Pernet - 01 53 68 15 31BEZONS (95) - 30, rue Emile Zola - 01 39 61 05 42LIMAY (78) - 266, route de la Noue, Port Autonome - 01 34 78 73 48LYON CORBAS (69) - ZI Corbas Mont Martin – rue M. Mérieux - 04 72 48 67 97MARSEILLE VITROLLES (13) - av. J. Cugnot – ZAC des Cadesteaux - 04 42 78 77 37

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« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

CLAIRE CHAZALLA PRÉSENTATRICE VEDETTE QUITTE LES JT DU WEEK-END DE TF1 PAGE 24

GAME OF THRONES LA SÉRIE CULTE S’EXPOSE AU CARROUSEL DU LOUVRE PAGE 26

L’impôt pèsera sur un nombre encore plus réduit de contribuables

Frappes en Syrie : les raisons d’une révision stratégique

RRéfugiés : Hollande engage la France dans la logiquedes quotasRépondant à la demande de Bruxelles, la France va accueillir 24 000 réfugiés supplémentaires ces deux prochaines années. Pour François Hollande, il s’agit d’un « devoir ».

è HOLLANDE SE POSE EN PRÉSIDENT DÉCIDEUR FACE AUX CRISES PAGES 2 ET 3 è ASILE : DES CAPACITÉS LARGEMENT DÉPASSÉES PAGE 2 è BRUXELLES DÉTAILLE SON PLAN POUR LES MIGRANTS PAGE 4 è LA FRANCE VEUT SON AUTONOMIE EN SYRIE PAGE 6 è LES RÉPUBLICAINS DIVISÉS SUR LES QUOTAS ET LA SYRIE PAGE 8 ET L’ÉDITORIAL

n La peur du « Big One » ravivée en Amérique n La baisse de l’euro rend-elle la France plus compétitive ?n Les tribunes de Patrick Artus et Charles Millonn La chronique de Renaud Girardn L’analyse de Laure MandevillePAGES 12 À 15

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TENNIS La Française Mladenovic en quarts de finale de l’US Open PAGE 10

DISTRIBUTION L’ouverture des grands magasins le dimanche compromise par les syndicats PAGE 18

BREXIT Les patrons britanniques hostiles à la sortie de l’UE PAGE 20

ROCK Téléphone se reforme pour un concert unique PAGE 30

Le chef de l’État met en garde la gauche contre la dispersion

Dès ce mercredi, la France va mener des vols dereconnaissance au-dessus de la Syrie afind’« envisager des frappes » contre l’État islami-que, a confirmé François Hollande. Un revire-ment provoqué par le bilan décevant de la coa-lition arabo-occidentale face aux djihadistes etpar le risque terroriste accru en France. PAGE 5

Le chef de l’État a confirmé que plus de 8 mil-lions de Français bénéficieront d’une baissed’impôts sur le revenu en 2016, pour un montanttotal de 2 milliards d’euros. L’impôt va de fait seconcentrer sur une minorité de contribuables,sachant que 10 % des foyers fiscaux supportentdéjà 70 % de la facture. PAGE 7

À trois mois des régionales de décembre, FrançoisHollande a affirmé que le scrutin restait un enjeulocal, tout en prévenant son camp que « la disper-sion, c’est la disparition ». Il a assuré que « la porte était toujours ouverte » aux écologistes et rappeléavoir « voulu convaincre la gauche qu’elle pouvaitgouverner , qu’elle savait gouverner ». PAGE 8

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mais d’ici à 2017 seulement. Le moteur de l’asile tourne encore au ralenti, alors quela machine tragique de l’exode s’emballe. Certaines municipalités (Rouen, Nantes, Strasbourg, Saint-Étienne ou Saint-Na-zaire…) se sont portées volontaires pour accueillir des familles de réfugiés. Ber-nard Cazeneuve a annoncé lundi la no-mination d’un « coordinateur national »,le préfet Kléber Arhoul, chargé d’organi-ser l’accueil des migrants par ces diffé-rentes villes et collectivités locales.

De même, de nombreuses associationsincitent les particuliers à accueillir des fa-milles. L’Église aussi, qui a demandé à ses paroisses un effort similaire. Même des structures professionnelles comme l’Adoma (ex-Sonacotra) préconise la ré-quisition de bâtiments publics comme les casernes (nos éditions du 5 septembre).

Des solutions de bric et de broc qui ontcertes le mérite de la générosité, mais qui ne pallient pas les manquements de l’État, qui a trop longtemps laissé pourrir le dossier de l’hébergement d’urgence. ■

par l’Europe », laisse-t-il encore planer. Dans ce cas, le nombre de personnes à lo-ger d’ici à la fin de l’année en France pourrait donc se situer bien au-delà des 82 000 recensées aujourd’hui.

Le moteur de l’asile au ralentiDe quoi aggraver le déficit d’hébergement actuel. Aujourd’hui, le nombre de places en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) n’excède pas 25 000. Un chiffre qui ne couvre pas la moitié de la de-mande et qui oblige à loger nombre d’en-tre eux à l’hôtel. Une solution très onéreu-se que la Cour des comptes a chiffrée à 25 millions d’euros par an. Il y a quelques mois, l’État s’est certes engagé à augmen-ter le nombre de places d’hébergement. Mais sur les 11 000 annoncées, pas plus de 4 200 devraient être ouvertes d’ici fin 2015 pour les demandeurs en attente.

La situation se complique encore, puis-que la loi sur l’asile, qui vise à désengor-ger les tribunaux, réduit certes le temps des procédures de deux ans à neuf mois,

PAULE GONZALÈS [email protected]

L’INTENDANCE ne suit pas. Et l’État va devoir compter sur des solutions de for-tune pour accueillir demain, les réfugiés,alors même que tous les observateurs ti-rent la sonnette d’alarme depuis de longs mois. La volte-face soudaine de FrançoisHollande, qui a tardé à accepter les quotasde réfugiés, laisse désarmées les structu-res d’accueil habituelles qui sont satu-rées. Lundi en fin d’après-midi, le minis-tre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ainsi annoncé que, dans les prochains jours, 1 000 réfugiés syriens, irakiens et érythréens arrivés à Munich, seront ac-cueillis en urgence en France afin de « soulager » l’Allemagne. Ils seront mo-mentanément hébergés dans des bâti-ments publics désaffectés, mis aux nor-mes en catastrophe.

« Aujourd’hui, si nous voulons accueillirle nombre de réfugiés demandé par la Commission européenne, il manque, au bas mot, en France, 20 000 places d’héberge-ments », souligne un juge de l’asile qui anticipe le mouvement, non sans inquié-tude. « Et encore, c’est seulement si nousen restons à ce qui a été demandé par Bruxelles », renchérit-il un peu inquiet.Aux 65 000 demandeurs d’asiles annuels, vont en effet s’ajouter pour les an-nées 2015 et 2016, les 35 000 réfugiés qu’a fini par imposer l’Europe à la France. « Nous avons eu le petit quota de 10 000 au mois de juillet, nous avons aujourd’hui celuide 24 000. Nul ne sait s’il ne faudra pas al-ler au-delà d’ici à la fin de l’année », souli-gne ce magistrat bon connaisseur des flux migratoires issus des guerres. « Pour l’ensemble de l’année 2015, certaines pré-visions tablent sur l’arrivée en Europe d’un million de personnes fuyant les graves zo-nes de conflits d’Irak, de Syrie et d’Afgha-nistan. L’Allemagne a promis d’en ac-cueillir 800 000 en 2015. Il faudra bien que le reste de l’Europe fasse un effort pour les200 000 restants. Nous pourrions donc dé-passer les 160 000 annoncés aujourd’hui

aucun compte des sondages, qui mon-trent que les Français restent majoritai-rement opposés à l’accueil de nouveauxmigrants. Le président a assuré qu’il sedéterminerait « en fonction de l’intérêtmajeur du pays, de l’idée que nous nousfaisons du pays, de ses devoirs ». MaisHollande sait aussi que ces annonces

un nombre de migrants, qui affluentaux frontières de l’Europe. Le présidenta précisé que la France accueillerait24 000 réfugiés sur les deux prochaines années (sur les 120 000 que la Commis-sion européenne propose de répartir). « C’est le devoir de la France », a justifiéle chef de l’État, qui a invoqué « l’his-toire » du pays, « marquée par des gé-nérations de réfugiés, d’exilés qui sont venus » participer à sa construction.

Face à cet afflux de réfugiés et dépla-cés (350 000 depuis le début de l’année,soit trois fois plus que l’an dernier),Hollande en a appelé à l’« humanité » età la « responsabilité ». Il a ajouté que surun sujet aussi grave, il ne tiendrait

mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

2 L'ÉVÉNEMENT

Hollande justifie ses « choix » face aux crisesAu cours de sa sixième conférence de presse, le président s’est concentré sur les sujets internationaux plutôt que sur les questions économiques.

Asile : des capacités d’hébergement déjà largement dépassées

Ce bâtiment de l’Afpa, à Loudun,dans la Vienne, accueillera près

de 100 demandeurs d’asileà partir de septembre.

F. BOUCHON/LE FIGARO

La Commission

européenne va proposer de répartir 120 000 réfugiés sur les deux prochaines années, ce qui représentera pour la France 24 000 personnes. Nous le ferons»

GUILLAUME LARRIVÉDÉPUTÉ DE L’YONNE ET SECRÉTAIRE NATIONAL DES RÉPUBLICAINS À L’IMMIGRATION

Hollanderéagit

tardivement »La France va devoir accueillir pour commencer 24 000 migrants supplémentaires. Qu’en pensez-vous ?François Hollande se contente d’obéir à Bruxelles. Il n’a ni leadership ni vision. La priorité, c’est de créer, à proximité de la zone irako-syrienne et avant toute traversée de la Méditerranée, des centres internationaux de rétention des demandeurs d’asile.Comment procéder ?Il faut choisir les personnes qui seront accueillies provisoirement non seulement en Europe mais aussi en Amérique du Nord, et dans les pays du monde arabe, comme l’Arabie saoudite. J’insiste : il ne s’agitpas d’installer définitivement en France une partie de la population du Moyen-Orient, mais d’accueillir provisoirement des victimes des islamistes de Daech jusqu’à leur retour dans leurs pays, quand la paix sera revenue, avec la destruction du pseudo État islamique.Mais que faire des centaines de milliers de migrants économiques ?Les policiers, aux prises avec la réalité du terrain, le déplorent : aujourd’hui, malgré tous leurs efforts, on ne renvoie quasiment plus les clandestins dans leurs pays d’origine ! À Calais, par exemple, où les illégaux affluent par milliers, seuls 613 Albanais, 161 Ukrainiens, 10 Moldaves, 8 Kosovars et 6 Turcs ont été éloignés depuis le 1er janvier, souvent vers l’Italie. Beaucoup reviennent. C’est un système absurde ! On entretient une noria sans fin qui ne règle en rien le problème structurel de l’immigration clandestine subsaharienne. Il faut organiser des vols groupés vers les pays de provenance. Les recondui-tes doivent être effectives.PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MARC LECLERC

François Hollande

est apparu une nouvelle fois tel qu’il est : absent et totalement dépassé par les crises structurelles qui secouent la France»MARINE LE PENPRÉSIDENTE DU FN

Nous organiserons

un débat devant la représentation nationale, mardi, sur l’engagement militaire français en Syrie»MANUEL VALLSAU GRAND JOURNAL DE CANAL +, LUNDI

Le chiffre de24 000 réfugiés

paraît modéré et acceptable. Maintenant, il faut voir comment ils se répartissent entre les communes»ALAIN JUPPÉMAIRE RÉPUBLICAIN DE BORDEAUX

Lors de la conférence de presse du chef de l’État, lundi, à l’Élysée. F. BOUCHON/LE FIGARO

sur celle de la lutte armée contre l’Étatislamique, le chef de l’État a en effetchangé de pied, face à l’aggravation des crises. C’est sur la Syrie que ce change-ment de stratégie est le plus spectacu-laire. Alors que Hollande s’était jusqu’iciopposé à toute intervention militaire en Syrie - bombarder Daech revenant à soutenir le régime de Bachar el-Assad -,il a annoncé que la France mènerait des vols de reconnaissance en vue d’éven-tuelles frappes contre l’EI en Syrie (lirep. 5 et 6). « Ce que nous voulons, c’est savoir ce qui se prépare contre nous et ce qui se fait contre la population syrien-ne », a expliqué Hollande. En revanche, le chef de l’État refuse toujours d’enga-ger des troupes au sol dans la région.Une option jugée « inconséquente et ir-réaliste ». Hollande a réaffirmé enfin la nécessité de trouver une issue politiqueau problème syrien. Sans le président Bachar el-Assad qui, à terme, devra « partir », a avancé François Hollande.

Le président a également changé depied sur les « quotas d’immigrés », aux-quels il était opposé avant l’été. Hollan-de a expliqué qu’il avait refusé ce termede « quotas », parce qu’il recelait une « ambiguïté ». Avant de répéter qu’il souhaitait la mise en place d’un méca-nisme « obligatoire » permettant de ré-partir l’effort entre les pays européens,soit ces fameux quotas proposés par laCommission européenne au printemps. Si les Vingt-Huit s’accordent sur ceprincipe, chaque pays accueillera alors

SOLENN DE ROYER £@sderoyer

MOI PRÉSIDENT, « je fais des choix ». Impeccable costume gris, visage grave, François Hollande a soigné lundi à l’Élysée une posture régalienne, très présidentielle, pour sa sixième confé-rence de presse semestrielle. Un styleauquel le chef de l’État s’était déjà es-sayé par le passé, mais qui ne marquaitpas les esprits. Il aura fallu attendre lesattentats de janvier, son implicationdans le dossier ukrainien au côté d’An-gela Merkel et la crise grecque, pourque François Hollande donne enfin le sentiment d’endosser pleinement le costume présidentiel.

En cette rentrée, l’actualité interna-tionale lourde et chargée a égalementpermis au chef de l’État d’apparaître enposition de décideur, tout en l’aidant àfaire naturellement passer au secondplan les sujets économiques et sociaux(lire p. 7) et les sujets politiques (lire p. 8) sur lesquels il a moins prise. A plu-sieurs occasions au cours des deux heu-res qu’a duré cette conférence de pres-se, Hollande a ainsi répété le mot« choix ». Des choix pour « protéger lesFrançais » face aux menaces, a-t-il ex-pliqué devant quelque 200 journalistes, assis sous les ors et pourpres de la salledes fêtes de l’Élysée. Des choix qui« compteront le moment venu pour le ju-gement de l’Histoire », a-t-il ajouté.« Faire des choix, c’est ce que je fais et ceque je ferai, jusqu’au bout de mon man-dat, sans calcul, ni répit », a-t-il insisté,balayant d’un revers de la main toutequestion sur 2017.

Reste que, sur plusieurs sujets évo-qués lundi, Hollande a dû s’expliquersur des choix présents venant remettre en cause des… choix passés. Sur l’épi-neuse question des migrants mais aussi

Sur un sujet aussi grave que celui des migrants, le président a dit qu’il ne tiendrait aucun compte des sondages

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Au terme de ce rituel sans surprise,long et un peu pesant, François Hol-lande a laissé pointer un certain aga-cement devant des questions redon-dantes ou des questions de politiqueintérieure. Comme s’il s’était lassé de l’exercice, il a donné rendez-vousdans six mois « pour d’autres questionsqui pourront parfois ressembler à celles d’aujourd’hui ». Pour ce président ba-din, qui a toujours montré une grande complicité avec la presse, cette sou-daine froideur est aussi une manièrede signifier qu’il n’est plus vraiment làoù il a été. En d’autres termes : moiprésident, je « fais » désormaisprésident. ■

sont de nature à fédérer la gauche, quiregrettait que l’Allemagne apparaisseplus généreuse que la France, au début de cette crise migratoire.

Parallèlement, le chef de l’État a plai-dé pour la mise en place de centres dans« les pays d’origine et de transit », où pourraient être identifiés les migrants pour raisons économiques - qui ont vo-cation à être raccompagnés - et ceuxqui relèvent du droit d’asile. Il a annon-cé aussi que la France proposerait une conférence internationale sur le sort des réfugiés et déplacés dans le monde, à Paris. Un débat au Parlement sera également organisé sur ce thème dansles prochains jours.

aucun compte des sondages, qui mon-trent que les Français restent majoritai-rement opposés à l’accueil de nouveauxmigrants. Le président a assuré qu’il sedéterminerait « en fonction de l’intérêtmajeur du pays, de l’idée que nous nousfaisons du pays, de ses devoirs ». MaisHollande sait aussi que ces annonces

LE FIGARO mardi 8 septembre 2015 LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

A

3L'ÉVÉNEMENT

AGNÈS LECLAIR £@AgnesLeclair

« LA CONDITION pour agir efficace-ment, c’est la mise en place de contrôlesaux frontières de l’Union », en Italie, enGrèce, en Hongrie, avec « des centres decontrôle et d’enregistrement » pour « accueillir », mais aussi pour « établir ladistinction entre ceux qui relèvent du droit d’asile et ceux qui doivent être rac-compagnés de façon digne », a fait valoirlundi le chef de l’État.

L’idée de créer des « hotspots » oucentres d’accueil et de « tri » des mi-grants n’est pas nouvelle. Le 26 août der-nier, le ministre de l’Intérieur, BernardCazeneuve, et le Haut-Commissaire del’ONU pour les réfugiés (HCR), AntonioGuterres, avaient d’ailleurs insisté surl’urgence à créer ces structures destinéesà identifier et enregistrer les migrants- notamment en prenant leurs emprein-tes - et à distinguer réfugiés et deman-deurs d’asile, fuyant des persécutions, et migrants économiques irréguliers, desti-nés à être renvoyés dans leur pays. Ils’agit aussi de « flécher » les réfugiés afin de les répartir au sein des différents pays de l’Union et de contrôler efficacementla frontière extérieure, souligne-t-on au ministère de l’Intérieur.

Organisés sous l’égide de l’Unioneuropéenne avec mise à disposition de moyens des différents pays, les « hot-spots » seraient mis en place dans lespays de première entrée des migrants, tout particulièrement en Italie et en Grè-

ce. Un centre de ce type est déjà installé àCatane, en Sicile, et un autre s’apprête àvoir le jour au Pirée, en Grèce. L’idée decréer un « hotspot » en Hongrie pour aider le pays à traiter les demandesd’asile avait aussi été évoquée fin aoûtpar le porte-parole de la Commission européenne pour les questions liées à l’immigration.

Construire un autre projetLundi, François Hollande a aussi plaidé pour la mise en place d’un autre outil de« gestion » du flux migratoire, des cen-tres dans les pays de transit des migrants « de l’autre côté de la Méditerranée ». « Si nous n’agissons pas pour qu’il y ait des centres (…) qui puissent retenir, accueillirces populations au plus près de leur pays d’origine, alors nous serons face non plus à une crise de déplacés mais à une crisehumanitaire gigantesque, qui ne sera plus sur des milliers mais sur des centaines de milliers » de personnes, a-t-il averti lorsde sa conférence de presse. Là encore, unprojet est déjà sur les rails.

Bernard Cazeneuve œuvre en effet àla création d’un centre d’aide au retouret de prévention des départs au Niger, où les migrants subsahariens, candidats à l’exil vers l’Europe, affluent. Il s’agi-rait notamment d’aider ces migrants à construire un autre projet pour les inci-ter à revenir dans leur pays d’origine.L’idée sera débattue au sommet de La Valette, à Malte, sur les migrations entre l’Union européenne et l’Afrique,le 11 novembre prochain. ■

Des centres pour identifier les « vrais » réfugiésHollande justifie ses « choix » face aux crises

Ce bâtiment de l’Afpa, à Loudun,dans la Vienne, accueillera près

de 100 demandeurs d’asileà partir de septembre.

F. BOUCHON/LE FIGARO

EN ÉCHANGE de sa générosité tardive vis-à-vis des réfugiés syriens et ira-kiens, François Hollande a donné, à une opinion publique qu’il redoute, un gage qu’il aura bien du mal à tenir. « Nous ac-cueillerons les réfugiés, et nous raccom-pagnerons dans leur pays les immigrés économiques », a-t-il promis en subs-tance, ce matin lors de sa sixième grandeconférence de presse.

Autant dire que le gouvernement vadevoir se retrousser les manches s’il veuttenir une promesse rarement honorée par l’État. À ce jour, seulement un tiersdes personnes frappées d’une injonction de reconduite aux frontières, l’est réel-lement. Soit, hors Europe (Bosnie, Rou-manie, Croatie) 20 000 sur 60 000. En la matière, le Royaume-Uni fait bien mieux avec 49 000 reconduites pour le même nombre d’arrêtés grosso modo.

La difficulté est encore plus grande ence qui concerne les déboutés du droitd’asile. Selon la Cour des comptes, si 18 000 personnes environ bénéficiaient jusque-là d’un statut de protection cha-que année, seul un nombre infime de déboutés se font refouler vers leur paysd’origine ou celui d’arrivée dans la zoneSchengen. Selon la Rue Cambon, cechiffre ne dépasserait pas les 5 %.

Plus globalement, les derniers chiffresont montré que la tendance n’a pas été jusque-là à la fermeté. En effet, si les re-conduites étaient de l’ordre de presque33 000 en 2011, ces dernières ont chuté de près de 16 % en 2014. Autant dire qu’il va falloir que le gouvernement

change de paradigme et lutte tour à tour contre les refus d’embarquer, les libéra-tions par le juge des libertés et de la dé-tention, ou encore l’absence des étran-gers à leur convocation.

Même si c’était le cas, l’exercice restedifficile. Comme le fait remarquer unspécialiste au long cours des questions migratoires, « il y a une grande ambiguï-té à lier le thème de l’accueil des réfugiés à celui de la reconduite aux frontières des immigrés économiques. Pensez-vous vraiment que l’on va reconduire des Sou-danais chez eux ? Même s’ils n’obtiennent pas le statut de réfugiés, il sera pour autant difficile de considérer qu’ils ne sont pas là pour raison politique. La question seposera aussi pour nombre d’Irakiens, voi-re de Syriens ».

De même, peut-on émettre des dou-tes sur les reconduites à la frontière li-byenne. « Ce sera difficile d’envoyer des missions de reconduite à Tripoli compte tenu de la situation politique actuelle. Quisait, si le gouvernement de Tobrouk tient,ce que l’on pourra faire », rappelle ce magistrat au fait des questions géopoliti-ques.

Seul espoir réel, la capacité de pres-sion sur certains pays d’Afrique noire occidentale ou du Maghreb. « Nous pou-vons espérer que certains pays comme leMali, pour lequel nous sommes très pré-sents, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Niger acceptent de repren-dre leurs ressortissants. On peut aussi se dire que c’est possible pour des pays com-me la Tunisie, l’Algérie et le Maroc selonnos relations diplomatiques », souligne-t-il encore.

Mais surtout, les reconduites à la fron-tière recoupent des questions budgétai-res non négligeables : le prix d’une re-conduite qui mobilise des effectifs de police, oscille entre 10 000 et 20 000 euros selon ce que l’on inclut dans la fac-ture. Plus que de l’incantation, cettepromesse faite lundi par le président de la République va exiger un certain cou-rage politique. ■ P. G.

L’exercice difficile des reconduites aux frontières

La Commission

européenne va proposer de répartir 120 000 réfugiés sur les deux prochaines années, ce qui représentera pour la France 24 000 personnes. Nous le ferons»

“Il y a une grande ambiguïté à lier le thème de l’accueil des réfugiés à celui de la reconduite aux frontières des immigrés économiques”UN SPÉCIALISTE DES QUESTIONS MIGRATOIRES

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

4 L'ÉVÉNEMENT

mes yeux, c’est que certains disent qu’ilsn’ont rien à voir avec ça, avertit AngelaMerkel. Il y aura des conséquences, mêmesi nous ne le souhaitons pas. »

La clé de répartition envisagée àBruxelles tient compte de quatre critères nationaux : le PNB (à hauteur de 40 %), la population (40 %), le taux de chômage (10 %) et le nombre de réfugiés accueillis avant 2015 (10 %). Londres, Dublin et Co-penhague, dotés d’un régime distinct sur l’immigration et/ou l’asile, peuvent déro-ger. L’Irlande a néanmoins proposé d’ac-cueillir 600 personnes en juillet. Le Dane-mark reste l’un des pays les plus ouverts aux réfugiés. Quant au premier ministre britannique David Cameron, il vient d’entamer un virage à 180 degrés sur l’ac-cueil des Syriens au Royaume-Uni. ■

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Migrants : Bruxelles détaille son planJuncker s’apprête à sonner le rappel en faveur d’un système contraignant de « quotas » qui avait été rejeté en juin.

Réfugiés : Berlin fait un effort de 6 Mds

Le gouvernement d’Angela Merkel a présenté, lundi, un plan d’urgence, après l’arrivée d’environ 20 000 réfugiés ce week-end en Allemagne. Il devrait être adopté fin septembre. « Nous avons connu un week-end vertigineux », a reconnu la chancelière. « Nous avons besoin d’un effort national ». En 2016, 6 milliards d’euros supplémentaires seront alloués à l’aide aux demandeurs d’asile. Dès cet automne, 150 000 places d’hébergement d’urgence seront ouvertes. Les effectifs de police seront renforcés de 3 000 personnes sur trois ans. Accueillante, l’Allemagne veut aussi pouvoir reconduire à sa frontière ceux qui n’ont pas vocation à rester, notamment les migrants en provenance des Balkans. Le Kosovo, l’Albanie et le Monténégro ont ainsi rejoint la liste des « pays sûrs » établie par le gouvernement allemand. N. B. (À BERLIN)

Des migrants installés dans la gare de Budapest-Keleti, samedi en Hongrie. DAVID W CERNY/REUTERS

Pour éviterune crise

humanitaire gigantesque, nous devons aussi agir avec les pays d’origine et de transit, mettre en place des centres d’accueil»

JEAN-JACQUES MÉVEL £@jjmevelENVOYÉ SPÉCIAL À STRASBOURG

LA COMMISSION Juncker, désormais soutenue par Paris, Berlin et Rome, se met en ordre de bataille : le voile se lève sur la batterie de « quotas » contrai-gnants que 25 des 28 pays de l’UE de-vraient observer dans les deux ans qui viennent, afin d’absorber un total de 160 000 demandeurs d’asile venus d’Ita-lie, de Grèce et de Hongrie. François Hol-lande a pris les devants lundi, en annon-çant que la France prendra 24 000 réfugiés supplémentaires, nombre quicorrespond presque exactement aux der-

nières attentes de Bruxelles (24 031 réfu-giés, auxquels s’ajoutent 6 752 déjà ac-ceptés en juillet, sur le papier). L’essor exponentiel des arrivées en Grèce, puis enHongrie, ainsi que les arguments d’Ange-la Merkel pour un système « obligatoi-re », ont eu raison de l’opposition initiale de l’Élysée. Paris s’engage à hauteur de 20 % dans la répartition européenne, tandis que Berlin en prendrait plus de25 % (40 206) - niveau déjà largement dépassé dans la réalité.

Ce n’est que le premier mouvementd’un bras de fer qui s’annonce éprouvant pour l’UE. Mercredi, à Strasbourg, Jean-Claude Junker sonnera la charge pour le système contraignant qu’un sommet avait rejeté en juin, préférant des contri-butions « volontaires ». L’objectif était alors fixé à 40 000 – le quart de ce qui est désormais envisagé. En juillet, les enga-gements concrets dépassaient à peine 32 000. La Commission revient à la char-ge, mais à la notable exception de la Fran-ce, les oppositions sont inchangées. La se-maine dernière, Budapest, Prague, Bratislava et Varsovie jugeaient par avan-ce « inacceptable » toute répartition obli-gatoire fixée à l’échelon européen. La clé de partage « fuitée » lundi à Bruxelles, a pratiquement exempté la Hongrie de Vik-tor Orban. Mais les trois autres, notam-ment la Pologne (11 946), voient tripler l’effort demandé. Pour l’Espagne, autre opposante aux quotas, le facteur est pres-que de 1 à 5 : elle devrait accueillir 19 219 réfugiés d’ici à 2017, au lieu de 4 288 de-mandés, puis refusés au début de l’été.

« Pot commun »L’équipe Juncker a réfléchi à un système d’exemption, dans l’espoir de déminer le terrain, dans une Europe centrale sour-cilleuse sur son identité et sur l’immigra-tion. Cette porte de sortie permettrait par exemple à la Slovaquie de se soustraire à son quota la première année, mais en échange d’une contribution financière à un « pot commun » d’assistance aux ré-fugiés hébergés ailleurs dans l’UE. Offi-ciellement, il n’est pas question de sanc-tionner les récalcitrants, mais Berlins’impatiente : « Ce qui est inacceptable à

À Budapest : « C’est l’Allemagne que nous voulons »

vons pas faire grand-chose de plus… ». Des étudiants proposent de recharger les portables grâce à des panneaux so-laires. Pendant que les parents font la queue, trois grands-mères en jupons froufroutants entraînent les enfantsdans une ronde, au rythme d’une comptine magyare.

Mais les migrants n’ont qu’une hâte :« avancer vers une vie meilleure ». Iman, Abderrahmane et leurs trois en-fants ont marché deux mois depuis leur maison près de Palmyre, en Syrie. « On veut juste vivre en sécurité !, lance la jeu-ne femme voilée de vert, qui vient dedénicher une doudoune fleurie dans l’immense tas de vêtements au sol. Chez nous, tous les vendredis, Daech tue trois ou quatre hommes en public, rien quepour intimider les autres. Mon beau-père a été tué. Un ami qui fumait, on lui a cou-pé les doigts. Alors quand notre fils de 6 ans nous a demandé : “Si je fais une faute à l’école, est-ce que je vais être égor-gé ?”, là, on s’est dit qu’il fallait qu’onsauve nos enfants de cet enfer. »

5 000 euros chacunDe grands gestes épouvantés, des brui-tages d’explosion, des brûlures sur lesbras et une cicatrice le long de la cuisse : Mohammed, 25 ans, et son épouse Ala,17 ans, racontent comme ils peuvent comment « la police d’el-Assad (les) a piétinés » et comment ils ont décidé de partir, avec leur bébé de 1 mois, pour Berlin. Eux ont payé 5 000 euros chacunpour fuir la Syrie : Farid, infirmier, Eh-san, ingénieur et leur jeune sœur ne rê-vent que de Suède. « Tous mes frères sont déjà là-bas, raconte Farid. C’est ungrand pays qui respecte les droits de l’homme ». Najib, un Afghan de 17 ans parti avec cinq copains, hésite encore : « Quel accueil réserve-t-on aux Afghans, en France ?, interroge-t-il.Parce que j’adore le foot et je suis fan de Ribéry… »

Quelque 167 000 migrants ont franchiillégalement la frontière hongroise de-puis le début de l’année, selon Buda-pest. Le premier ministre Viktor Orbana estimé ce lundi que l’Union européen-ne devait fournir un soutien financier à la Turquie et à d’autres pays non mem-bres de l’UE pour aider à gérer cet af-flux. « Mais nous ne voulons pas vivre en Turquie !, s’offusque Abderrahmane. C’est l’Allemagne que nous voulons. Car ce que les Allemands font pour nous, aucun pays arabe ne l’a jamais fait. » ■

STÉPHANE KOVACSENVOYÉE SPÉCIALE À BUDAPEST

UNE COUVERTURE, un savon, quelquesfruits, et à tous le même conseil avisé :« Dépêchez-vous de prendre le train pour l’Autriche, avant qu’on ne ferme les fron-tières ! » À peine les milliers de réfugiés qui campaient depuis des jours dans les gares de Budapest ont-ils gagné l’Euro-pe occidentale, que d’autres arriventdéjà. Ce lundi matin, quelque 250 nou-veaux migrants, des Syriens pour la plu-part, ont été ravitaillés par des bénévo-les sur le parvis de la gare Keleti. « Vous avez un bon peuple, la Hongrie ! », a écrit un étranger, à la craie sur un mur, avant de poursuivre sa route.

Les yeux hagards, le ventre vide et lesjambes fourbues après des heures de marche, ils s’alignent docilement de-vant les tentes rayées. Des toilettes mo-biles ont été installées par la mairie de Budapest, mais la plupart sont hors ser-vice. Ce n’est pas une association hu-manitaire qui distribue vêtements etnourriture, mais de simples citoyens quise sont rassemblés sur une page Face-book. « Tout ce qui est ici est offert, par amour, par le peuple hongrois. PAS par son gouvernement », affichent-ils sur degrands panneaux. Alignées sur le béton, des centaines de paires de chaussures attendent ceux qui ont crapahuté dansla forêt, la nuit dernière, afin de fran-chir sans se faire arrêter la barrière de barbelés récemment érigée par la Hon-grie le long de sa frontière serbe. « J’ap-porte quelques robes, des chaussettes etdes barres chocolatées, indique Judith, une jeune psychologue. Nous ne pou-

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LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

A

5L'ÉVÉNEMENTconserver son indépendance par rapport à la coalition. En envoyant ses avions en Syrie, Paris assure vouloir garder son autonomie d’action et de décision.

Pourtant, au-delà du symbole et dugeste politique envers des alliés qui frap-pent Daech, les frappes aériennes fran-çaises n’auront qu’un impact marginal sur le terrain. Les opérations sont majo-ritairement effectuées par les Améri-cains : 6 500 frappes en Irak, contre 200pour la France. Tous les stratèges le di-sent : une campagne militaire limitée à la seule force aérienne ne peut pas venir à bout de l’État islamique. Une victoire militaire s’obtient toujours au sol.

« Inconséquent et irréaliste »« Jusque-là, l’opération de la coalition vi-sait à contenir Daech… Pour permettre à ses ennemis d’avoir assez de force pour le détruire », analyse Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, dans son blog « La voie de l’épée ». Mais ce « pro-cédé indirect » a buté sur la faiblesse ou le manque de motivation des forces locales,l’armée irakienne et l’opposition syrien-ne modérée. « Actuellement, seules les armées occidentales et peut-être russepeuvent envoyer des soldats combattreavec courage et efficacité, avec éventuel-lement l’appoint de forces des monarchiesarabes », poursuit Michel Goya. Or lesgrands pays occidentaux ne sont prêts à combattre au sol. François Hollande es-time qu’il serait « inconséquent et irréa-liste d’envoyer des troupes françaises » sur le terrain. Quant à Barack Obama, qui fut élu pour extirper les États-Unis des bourbiers afghan et irakien, il ne s’estengagé dans la crise qu’avec une grande réticence. Rien n’indique qu’il soit prêt à changer d’avis. Quant aux pays de la ré-gion, ils tergiversent.

Difficile dans ces conditions d’espérerune solution politique à court terme,même si François Hollande estime qu’ilfaut parler « avec tous les pays qui peu-vent favoriser » la transition, y comprisles Russes et les Iraniens « revenus dansle jeu » depuis l’accord sur le nucléaire.En attendant, la stratégie de la coalitiondemeure marquée d’un grand flou. Et leconsensus entre puissances régionales, nécessaire pour donner de la cohérenceà l’action militaire, n’est pas encoreétabli. ■

européens, implique que l’on traite -aussi - le problème à ses racines.

Au niveau géopolitique, le rapproche-ment opéré par la diplomatie française avec certains pays arabes du Golfe, eux-mêmes engagés dans la coalition, n’a pu que faciliter la décision. De même quel’accord sur le nucléaire iranien, qui lais-se entrevoir un réchauffement des rela-tions entre Téhéran, le grand allié de Ba-char el-Assad, et l’Occident. Enfin, alors que le régime de Damas est très affaibli et que les puissances régionales, Iran et Russie en tête, amplifient leur présence en Syrie, Paris se dote ainsi d’un moyen d’influence qui lui permettra de revenir dans le jeu diplomatique lorsque arrivera le moment du règlement politique duconflit. L’Élysée n’a en revanche pas changé d’avis sur le président syrien. La question de son départ sera posée « à unmoment ou à un autre ». Pas plus aujour-d’hui qu’hier, une solution politique « nepeut passer par le maintien de Bachar el-Assad à la tête de la Syrie », prévient François Hollande.

Au Levant, Barack Obama et FrançoisHollande n’ont jamais été en phase. « Washington considère que Daech est une crise irakienne tandis que Paris estime que c’est une crise syrienne », résume un di-plomate français. La France, qui n’a ja-mais digéré la volte-face opérée par Ba-rack Obama en août 2013 alors qu’elle s’apprêtait à frapper le régime de Bachar el-Assad qui venait de franchir la ligne rouge sur les armes chimiques, entend

nombreuses. Sur le terrain, l’échec de lacoalition à ralentir la progression des dji-hadistes de l’État islamique, qui sont aux portes de Damas, exige un effort accru detous les pays participant à la coalition. La nécessité de lutter contre le risque terro-riste, qui se nourrit de la crise syrienne, est aussi avancée. « Le terrorisme ne vient pas de nulle part » et « la France a toujourspris » face à lui « ses responsabilités », a affirmé le chef de l’État. Les vols d’avionset de drones permettront de récupérer des renseignements sur les centres d’en-traînement et de décision de Daech, alorsque la plupart des auteurs des récents at-tentats sont passés par la Syrie. En partie née du chaos au Moyen-Orient, la crise des migrants, défi immense pour les pays

Le revirement stratégique de Hollande en Syriela France va mener des vols de reconnaissance au-dessus du pays en vue de « frappes » contre l’État islamique.

J’ai demandéau ministre

de la Défense que dès demain puissent être menés des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie»

Le front diplomatique russo-ukrainien bouge. C’est en tout cas ce que sous-entend François Hollande lorsqu’il propose de tenir à Paris fin septembre un sommet au format Normandie, c’est-à-dire entre les dirigeants russe, français, ukrainien et allemand. Alors que l’échéance des accords de paix de Minsk est fixée à la fin de l’année, le président français veut aider le processus « et le

conduire jusqu’à son terme ». Son homologue ukrainien Petro Porochenko a estimé que le cessez-le feu avec les séparatistes était pour la première fois respecté dans l’est du pays. Si le processus de décentralisation de l’Ukraine se poursuit, François Hollande affirme qu’il plaidera pour la levée des sanctions contre la Russie. I. L.

Paris pourrait plaider pour une levée des sanctions contre la Russie

La position française de non-intervention défendue jusqu’à présent par le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, semble désormais dépassée. SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO

rie voisine. À l’époque, certains avaient dénoncé un manque de cohérence politi-que, alors que l’État islamique, en créant son califat au Levant, avait de facto aboli les frontières, provoquant une imbrica-tion des deux théâtres. Paris, qui consi-dère que Daech et le président syrien Ba-char el-Assad sont les deux faces d’une même pièce, redoutait à l’époque que des raids aériens contre l’État islamique ne renforcent le régime syrien. En annon-çant sa décision de mener des vols de re-connaissance au-dessus de la Syrie dès ce mardi, en vue de préparer des frappes, François Hollande a clairement infléchi lastratégie française, particulièrement dé-fendue jusqu’ici par Laurent Fabius.

Les raisons de ce revirement sont

ISABELLE LASSERRE £@ilasserre

LORSQU’ELLE avait décidé de participer,au sein de la coalition anti-Daech, aux frappes militaires en Irak, la France avait refusé d’étendre son intervention à la Sy-

» Lire aussi PAGE 14+« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge �atteur » Beaumarchais

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

6 L'ÉVÉNEMENT

communes, le premier ministre conser-vateur doit compter sur l’assentiment de l’opposition pour compenser les inévita-bles voix qui lui feront défection sur cette question sensible dans ses propres rangs. Une trentaine d’élus conservateurs avaient joint leurs voix à celles de l’oppo-sition travailliste contre l’intervention en2013.

Le Parti travailliste, qui élira à la fin decette semaine son nouveau leader, est, deson côté, toujours loin d’être convaincu de la nécessité d’étendre les opérations militaires à la Syrie, échaudé par le pré-cédent de la guerre en Irak. Le favori des sondages, le socialiste pacifiste Jeremy Corbyn, a laissé entendre que, s’il est élu, il n’appellera pas à voter dans ce sens. ■

cent cette volonté à Londres, comme à Paris.

« Il faut un plan complet visant à lacréation d’une Syrie plus stable et paci-fique », argumentait ce week-end George Osborne, ministre de l’Écono-mie, proche de David Cameron. Ce der-nier a répété lundi qu’existaient « des ar-guments pour que la Grande-Bretagne prenne part aux opérations militaires en Syrie » mais a assuré les parlementaires qu’il ne le ferait pas sans l’obtention d’un nouveau vote l’y autorisant. Il pourrait le solliciter au début du mois d’octobre, « à condition que se dégage un réel consen-sus ». Or cet accord semble en l’état très difficile à trouver. Fort d’une courte ma-jorité de douze sièges à la Chambre des

Londres peut ainsi exécuter des ciblesen Syrie à l’aide d’avions sans pilotemais ne pourrait pas le faire si desmembres de la RAF s’étaient trouvés àbord.

Contre la volonté du premier ministre,le Parlement britannique votait il y a deux ans contre une opération militaire en Syrie. Lié depuis par ce vote, l’exécutifn’a pas pu rejoindre les forces américai-nes qui bombardent des cibles de l’Étatislamique dans son bastion syrien. Avant l’été, David Cameron avait préparé les esprits à une évolution de cette doctrine. La crise des réfugiés syriens, l’émotion internationale due aux photos de la mort du petit Aylan Kurdi et la nécessité de « traiter le problème à la source » relan-

lundi avec beaucoup de précautions ora-toires devant le Parlement, cette opéra-tion « ne s’inscrivait pas dans le cadre des frappes aériennes occidentales en Syrie ». Et pour cause : Londres n’y participe pas et cantonne, comme la France jusqu’à présent, ses raids au territoire irakien. C’était, a-t-il insisté, une action « ciblée d’autodéfense pour répondre à une me-nace crédible », réalisée dans un cadre « légal ».

Échaudé par la guerre en IrakCe souci de déminer toute accusationpotentielle d’une intervention en Sy-rie qui ne dirait pas son nom souligneles contradictions de la politique exté-rieure britannique dans la région.

FLORENTIN COLLOMP £@fcollompCORRESPONDANT À LONDRES

LE 21 AOÛT, un missile Reaper tiré par un drone de la Royal Air Force a tué Reyaad Khan, 21 ans, un djihadiste bri-tannique combattant aux côtés de l’État islamique dans la région de Raqqa, en Syrie, ainsi que deux autres membres del’organisation terroriste. Selon les ser-vices de renseignement de Sa Majesté, le jeune homme originaire de Cardiff, au pays de Galles, préparait un attentat au Royaume-Uni. Un autre djihadiste britannique était tué par l’aviation amé-ricaine.

Comme l’a précisé David Cameron

Les informésdeFrance Info

du lundi au vendredi, de 20h à21hchaquemardi avec Vincent Tremolet

Une émissionde Jean-MathieuPernin,

pour

Cameron entravé dans sa volonté d’intervenir par les réticences de l’opposition

JEAN-MARIE GUÉNOIS£@jmguenois

PARIS ACCUEILLE, ce mardi, un som-met international sur les « minorités » victimes du conflit en Irak et en Syrie.Des populations essentiellement yazi-dies, shabaks, mandéennes et chré-tiennes. La rencontre est organisée par le ministère des Affaires étrangères, àla suite de la réunion du Conseil de sé-curité du 27 mars 2015 au cours de la-quelle Laurent Fabius s’était déjà fait l’avocat de ces minorités. Une soixan-taine de pays et d’organisations se re-trouvent ainsi au Quai d’Orsay, dontles États-Unis, la Russie, l’Arabie saou-dite. Et… la Turquie, accusée de « dou-ble jeu complice » avec l’État islamique par la Coordination des chrétiensd’Orient en danger (Chredo) qui mani-

festait lundi soir. Il s’agit d’adopter desmesures dans trois domaines : « huma-nitaire » en vue d’une meilleure coor-dination des aides en faveur des réfu-giés ; « juridique » avec des poursuites contre les auteurs des persécutions ; « politique » à propos de Constitutions discriminantes quant à l’appartenancereligieuse ou ethnique. Rien n’est tou-tefois prévu sur la question militaire. Ce qui, paradoxalement, inquiète leschefs religieux.

Ignace Youssef III Younan est deceux-là. Il est le patriarche syro-ca-tholique d’Antioche, l’une des Églises orientales concernées au premier chef par cette crise internationale. Il ne met pas en cause « la bonne intention » desorganisateurs de cette conférence deParis, mais il confie au Figaro qu’« elle arrive trop tard » et qu’elle « dénote unenaïveté incroyable ». En tournée au Ca-

nada où il visite ses fidèles en diaspora,il lui semble évident que la lutte contre Daech passe par une intervention ter-restre : « On a besoin d’armée sur terre,mais avant tout on doit soutenir les ar-mées nationales de l’Irak et de la Syrie. »

Un discours qui n’est pas celui d’unva-t-en-guerre mais d’un pasteur té-moin d’une situation dramatique : « De grâce, nous en avons assez de l’hypocri-sie et du double langage des pays occi-dentaux. Ces derniers veulent nousconvaincre qu’ils sont les protecteurs desdroits de l’homme, en particulier des mi-norités, tandis que les hordes barbarespoursuivent impunément leur pland’éradiquer tous ceux et celles qui n’ad-hèrent pas à leur credo d’islam politiqueintransigeant… Les dernières horreurscommises à al-Qaryatayn, en Syrie cen-trale, en sont la preuve… ! »

Et de déplorer : « Nous, les chrétiensdu Moyen-Orient, nous nous sommesorganisés pour survivre comme des ota-ges, dans nos terres devenues, depuis leVIIe siècle, terre d’islam. Pour survivre,nous devions nous taire et tout faire pourplaire aux califes, rois, émirs cheikhs,etc. Maintenant que le chaos règne dans plusieurs pays, c’est la terreur takfiristede Daech, al-Nosra et autres ! »

Son confrère le patriarche Laham,grec melkite, rappelle que « le rétablis-sement de la paix en Syrie » est la condi-tion de « la paix au Moyen-Orient » et

que cela passe effectivement par la lut-te contre l’État islamique. Il attend donc du sommet de Paris « une concer-tation générale et l’union de tous, en Oc-cident comme dans le monde arabe,contre ce danger mondial qui n’exclutrien ni personne qu’est Daech. » L’État islamique, qui, selon lui, « ne sera battuque par la force morale et non pas par laforce ».

Pas moins déterminé depuis le débutdu conflit, le patriarche des Chaldéens,Louis Sako, sera, lui, présent mardimatin à Paris car il estime « que la France peut faire beaucoup pour la sta-bilité de cette région brûlante en pesant de tout son poids sur l’Union européenneet sur les États-Unis pour que soit trou-vée une solution politique durable et ac-ceptable par tous ». Ce cardinal de l’Église catholique se demande toute-fois pourquoi, un an plus tard, « les vil-lages occupés par Daech n’ont toujourspas été libérés » et on laisse toujours

partir des « milliers de réfugiés » alors qu’il faudrait travailler à une « citoyen-neté réelle pour tous, sans logique triba-le, ni sectaire ».

Dans le même esprit, le patriarchedes Maronites, le cardinal BecharaRaï, établi dans un Liban totalementsubmergé depuis le début du conflitpar les réfugiés syriens, s’érige à pro-pos de ce sommet contre la notionmême de « minorités » appliquée auxchrétiens d’Orient. « Ces chrétienssont dans ces pays depuis deux milleans, c’est-à-dire six cent trente-six ans avant l’islam ! Ils constituent labase culturelle de tous les pays duMoyen-Orient. » Il lui paraît donc ca-pital de défendre non pas le statut dechrétien mais « le droit de citoyenne-té » quelle que soit l’appartenance re-ligieuse. Alors « la valeur de la présen-ce chrétienne dans les pays du Moyen-Orient » s’exprimera comme une« garantie de la transmission des va-leurs de la modernité : ouverture àl’autre, différent ; la séparation entrereligion et État », notamment.

Fin connaisseur de ces Églises,Mgr Pascal Gollnisch, directeur del’Œuvre d’Orient, salue l’effort de laFrance mais regrette que « nous ne nousdonnions pas les moyens concrets de neutraliser Daech ». Car, pour lui, les chrétiens concernés n’attendent plusde discours mais « la sécurité ». ■

Sommet sur les minorités : le scepticisme des chrétiens du Moyen-Orient

Il serait inconséquent

et irréaliste d’envoyer des troupes françaises en Syrie au sol »

ALAIN BARLUET £@abarluet

DES VOLS de reconnaissance menant éventuellement à des frappes. FrançoisHollande a usé d’une certaine prudenceoratoire pour annoncer lundi devant lapresse que la France n’excluait pas debombarder des cibles de Daech en Syrie, comme elle le fait depuis un an en Irak. Les missions destinées à recueillir durenseignement, préalables indispensa-bles aux frappes, doivent pouvoir être menées « dès demain » (mardi), a indi-qué le chef de l’État. Le Parlement seraconsulté à ce sujet. M. Hollande a ajouté que les forces aériennes engagées dans l’opération « Chammal » en Irak

(12 avions de chasse) suffiraient à assu-rer les missions au-dessus de la Syrie. Le président de la République a indiqué que ces décisions s’appliqueront de manière autonome, sans que la France ne se joi-gne à la coalition agissant en Syrie sousla direction des États-Unis. Il s’agit depréserver « notre autonomie d’action etde décision », a-t-il déclaré.

Selon un spécialiste, ces annonces nevont pas changer la nature de la mission engagée au-dessus de l’Irak, le 19 sep-tembre dernier : 1 150 vols et plus de 200 frappes ont été effectués depuis lors. Les vols de reconnaissance permettent de dresser des « dossiers d’objectifs ». Analysés par des officiers spécialisés dans le renseignement, ces dossiers per-

mettent d’établir des listes de cibles à« traiter ». Dans le cadre de l’opération« Chammal », ces vols sont entrepris par les avions chasseurs Rafale (fabri-qués par le groupe Dassault, propriétairedu Figaro) équipés de pod Reco NG (na-celle de reconnaissance) et par un avion Atlantique-2, stationnés sur la base aé-rienne 104 d’al-Dhafra, à Abu Dhabi. Les premiers prennent des vidéos, le se-cond des images fixes. Pour mener des opérations en Syrie, les appareils fran-çais doivent être « refuelés » à plusieurs reprises par un ravitailleur de la coali-tion (quand le C-135 français n’est passur zone, ce qui était le cas les jours der-niers). Le processus de recueil de rensei-gnement, avant même son traitement,

peu prendre du temps - les avions étant contraints de passer et de repasser à plusieurs reprises au même endroit. Lesopérations aériennes de la coalition sont dirigées depuis un centre de comman-dement (CAOC), au Qatar, où l’on trou-ve notamment un officier français. L’or-dre de tir demeure une décisionnationale.

Des « renseignements à soi » Conformément au souhait présidentiel, la France devrait dorénavant bénéficierd’une plus grande capacité d’analyse et d’autonomie. Le renseignement consti-tue un « capital » que les armées ne par-tagent qu’avec réticence - il n’est pasrare que les Français nourrissent ce grief

à l’égard de leur partenaire américain. Disposer de « renseignements à soi », dûment vérifiés et maîtrisés, représente donc pour les forces un atout clé. Les Français sont particulièrement intéres-sés par les centres de Daech auxquels pourraient être liés des djihadistes ve-nus de l’Hexagone. Les militaires fran-çais prennent aussi particulièrement encompte les risques de dommages colla-téraux - par exemple dans des zones ur-baines où les combattants de l’État isla-mique pourraient être tentés de se fondre. Sur la base d’une chaîne du ren-seignement mieux maîtrisée, les avia-teurs peuvent alors brandir avec fiabilitéune « carte rouge » (red card) pour re-fuser d’engager une cible douteuse. ■

La France veut son autonomie en SyrieLes avions français mèneront, hors de la coalition, des vols de reconnaissance avant d’éventuelles frappes.

Un Rafale s’apprête à décoller du porte-avions Charles-de-Gaulle naviguant dans le golfe Persique, en février. PATRICK BAZ/AFP

“On a besoin d’armée sur terre, mais avant tout on doit soutenir les armées nationales de l’Irak et de la Syrie”IGNACE YOUSSEF III YOUNAN, PATRIARCHE SYRO-CATHOLIQUE D’ANTIOCHE

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LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

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7L'ÉVÉNEMENT

Photo©

JulienFalsimagne,2

015

«À c c c c c c c c c cc c c cc c c c c c cc c c c c c c .c c ccc c c c c c c c c c c cc c cc c c c ccc c c c c c cccc c c c Bc ccc c cc c. »

Olivier Mony, Le Figaro Magazine

treprises et les ménages, qui en ont grossomodo supporté la moitié.

Ce mouvement pose aussi la questionde la concentration de l’IR, même si,parallèlement, la quasi-totalité des Fran-çais paient la TVA et la CSG. François Hollande a estimé qu’il était « juste » defaire sortir de l’IR les contribuables qui y étaient « rentrés depuis 2010 ». En 2010, 16,8 millions de foyers étaient imposés,soit 45,9 % des ménages. Ce chiffre était monté jusqu’à 19,2 millions en 2013 (52,3 %), avant de redescendre à 17,7 millions (47,5 %) en 2014. Cette an-née, le ratio pourrait revenir à 46,5 %, selon Bercy, puis encore reculer l’an pro-chain, puisque des personnes sortiront à nouveau de l’impôt. D’après le quotidienL’Opinion, entre 1 à 1,5 million de foyerssupplémentaires seraient au total concernés.

Mais parallèlement, rien n’est prévupour alléger la facture des 20 % des Fran-

çais, les classes moyennes supérieures et aisées, qui ont réglé 75 % des hausses d’IRde 2013 et 2014. Le fardeau fiscal va doncmécaniquement reposer proportionnel-lement davantage sur leurs épaules. Au risque d’en pousser certains à s’exiler, critique la droite. Or déjà en 2012, 10 %des foyers fiscaux ont réglé 70 % de lafacture d’IR.

Reste enfin la question du financementde cette mesure. Il se fera « par des éco-nomies », a répondu François Hollande. Un défi, alors que 14,5 milliards d’écono-mies sont déjà prévues l’an prochain et qu’il faudra aussi financer de nouvelles dépenses, comme la création d’un fonds à 1 milliard de soutien à l’investissement des collectivités locales. Sans compter les coupes à trouver en plus pour tenir les objectifs de 2015, évaluées entre 1,1 et 4 milliards par Valérie Rabault, la rapporteure générale du budget à l’Assemblée. ■

Rien n’est prévu pour allégerla facture des 20 % des Français, les classes moyennes supérieures et aisées, qui ont réglé 75 %des hausses d’IR de 2013 et 2014. PHILIPPE HUGUEN/AFP

Un impôt sur le revenu encore plus concentréLa baisse annoncée par François Hollande atteindra 2 milliards d’euros en 2016 et touchera 8 millions de foyers fiscaux.

CÉCILE CROUZEL £@cccrouzel

L’INTENTION est louable. Lundi, Fran-çois Hollande a promis que le gouver-nement présentera dans les prochains mois un projet de loi pour permettre« une meilleure adaptation du droit dutravail à la réalité des entreprises ».Partant du constat que le Code du tra-vail répond de moins en moins aux be-soins des salariés comme des entrepri-ses, l’exécutif souhaite que les règles soient définies au plus près du terrain,au niveau de la branche professionnelleou de la société. Dès avril, il a chargéJean-Denis Combrexelle, l’ancien di-recteur du Travail, de réfléchir au sujet.Ce rapport sera remis mercredi à Ma-nuel Valls.

Le gouvernement se contentera deconsulter les partenaires sociaux sur ses conclusions, dont il s’inspirera pourélaborer son texte. Une négociation en-tre patronat et syndicats serait en effet vouée à l’échec. Si la CFDT est ouverte àune évolution, la CGT et FO y sont hos-tiles. Jean-Claude Mailly, le patron de FO, fustigeait déjà lundi le risque « d’abandon de la République sociale ».

La négociation collective Le gouvernement ne semble pas prêt -surtout avec sa majorité - à basculerdans un système prôné depuis long-temps par le Medef, où la loi fixerait lesgrands principes et où la négociationd’entreprise déciderait du reste. Lechef de l’État a évoqué trois garde-fous : la réforme ne touchera ni à la du-rée légale du travail fixée à 35 heures, ni au smic, ni au contrat de travail - le

CDI étant préservé. L’ensemble des ta-quets légaux devraient être conservés.

Mais selon Les Échos, Jean-DenisCombrexelle, qui présente 44 proposi-tions, propose « d’élargir la place de l’accord collectif dans notre droit du tra-vail » comme le lui avait demandé Ma-nuel Valls.

L’ex-directeur du Travail recom-mande de limiter le rôle de la loi et demodifier la Constitution « en inscrivant dans son préambule les principes de la négociation collective ». Le conseiller d’État plaide pour la mise en place « à moyen terme, c’est-à-dire dans un délai maximal de quatre ans, d’une nouvellearchitecture du Code du travail faisant lepartage entre les dispositions impérati-ves, le renvoi à la négociation collectiveet les dispositions supplétives en l’absen-ce d’accord ».

L’essentiel des négociations se dé-roulera au niveau des branches dont lenombre serait réduit en trois ans. La loiserait réservée à la durée du temps de travail ou à la fixation du smic. Jean-Denis Combrexelle propose de ciblerdès « courant 2016 les domaines sur les-quels il y a une urgence à développer la négociation collective et à adapter enconséquence les dispositions du Code dutravail ».

Lorsqu’un accord vise à « protégerl’emploi, le maintenir, le préserver et ledévelopper, l’accord et l’intérêt collectif qu’il incarne priment sur l’intérêt indivi-duel concrétisé par le contrat de tra-vail », affirme-t-il. Le salarié pourraitalors bénéficier d’indemnités de licen-ciement qui seraient « moins attracti-ves » que celles proposées actuelle-ment. ■

La réforme du Code du travail se précise

La baissed’impôts

sera financée par des économies. Il ne peut pas être question d’augmenter des taxes pour faire baisser les impôts»

Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, va devoir trouver une autre idée. François Hollande a affirmé qu’il n’était « pas favorable » à une redevance audiovisuelle « élargie aux objets connectés ». Un terme large, qui pourrait désigner les smartphones, les tablettes mais aussi les box (abonnements Internet). Cet élargissement est défendu par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin,

mais critiqué par la secrétaire d’État au numérique, Axelle Lemaire. « Il faut desfinancements » pour le service public audiovisuel, « mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d’ajustement » et il faut pas y recourir de façon « exagérée », a ajouté le président. La redevance a crû de 3 euros cette année. Les arbitrages pour 2016 seront rendus en fin de mois. C.PL.

L’élargissement de la redevance écarté

fessions intermédiaires et des enseignants. Tous ont été frappés par larefiscalisation des heures sup, décidée par la gauche. Le président a insisté sur son choix d’agir sur l’IR - et non sur la CSG comme le demande le PS : il s’agit de « faire en sorte que les Français qui sont au-dessus de la première tranche », à14 %, « puissent en avoir le bénéfice ».

Les 2 milliards de baisse annoncés pour2016 devraient se traduire par un geste de 250 euros en moyenne par foyer fiscal.Techniquement, le gouvernement de-vrait jouer sur les bornes d’entrée et de sortie de la première tranche à 14 %.L’entrée dans l’IR (14 000 euros de reve-nu net imposable pour un célibataire) serapprocherait alors des 15 000 euros.

10 % des foyers paient 70 %Cette annonce est évidemment une bon-ne nouvelle pour le public concerné, dontle gouvernement espère tirer les fruits électoraux à l’approche des régionales et de la présidentielle. Elle permet aussi dedonner des gages à l’aile gauche du PS, qui réclame des allégements pour les ménages. Le tableau n’est cependant pasaussi rose qu’il y paraît. La nouvelle ris-tourne est loin de compenser l’ensemble des hausses de prélèvements décidéesentre 2011 et 2013 : 74 milliards sur les en-

CYRILLE PLUYETTE £@CyrillePluyette

COMME il s’y était engagé le mois der-nier, François Hollande a annoncé lundi« plus de 2 milliards d’euros » de nouvelle baisse d’impôts sur le revenu (IR). « Plusde 8 millions » de foyers, appartenant aux classes moyennes, seront concernés. Cette mesure figurera dans le projet debudget 2016 qui sera dévoilé le 30 sep-tembre. Après des années 2011, 2012 et2013 marquées par des hausses massives, il s’agit pour le président de poursuivre le mouvement de « redistribution » amorcé en 2014 et amplifié en 2015. Cette année, 9,45 millions de foyers modestes bénéfi-cient déjà de la suppression de la premiè-re tranche de l’impôt sur le revenu à 5,5 %. Parmi eux, 3 millions sont sortis ou ont évité d’entrer dans l’impôt.

Cette fois, le gouvernement veut aussitoucher les foyers un peu moins modes-tes. L’idée est d’essayer de compenser les augmentations d’IR qu’ont subies les classes moyennes depuis le début du mandat. « La plupart des Français quivont avoir ou qui ont déjà eu des baisses d’impôts, ce sont ceux qui faisaient des heures supplémentaires », a précisé Fran-çois Hollande. Une population qui re-groupe des ouvriers, mais aussi des pro-

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

8 L'ÉVÉNEMENT

membres de Daech ». Le député maire de Belfort Damien Meslot souhaite lui aussi n’accueillir que des «familles de chrétiens syriens et de chrétiens d’Irak», parce qu’ils sont, selon lui «les plus persécutés».

Les Républicains pourraient réunir unbureau politique exceptionnel mardi pour adopter une position commune surl’accueil des réfugiés, mais aussi sur la stratégie militaire de la France en Syrie. Si Frédéric Lefebvre a applaudi lundi la « fermeté » des décisions de FrançoisHollande, qui n’envisage pas pour le mo-ment que la France participe à des opé-rations terrestres en Syrie, BrunoLe Maire continue de plaider pour que nous envoyions « des troupes au sol en nombre limité ».

Nicolas Sarkozy, lui, a répété samedi àLa Baule ce qu’il avait déjà déclaré sur TF1en juillet : « Nous ne nous donnons pas les moyens de faire la guerre contre Daech.Quand on fait la guerre, on la fait totale-ment. » Il a déjà dit qu’il était pour que laFrance envoie des « experts » en Syrie, mais il ne s’est pas prononcé sur l’expé-dition de troupes. Alain Juppé, lui, y est « tout à fait défavorable ». « De grâce, nerefaisons pas la même erreur qu’en Afgha-nistan ! », a-t-il plaidé. ■

pour répartir les réfugiés : « si vous dis-persez, vous enracinez », a-t-il fait valoirdimanche au « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ». Les autres ténors LR sont favo-rables à une « répartition » des migrantsau niveau européen. Lundi, Alain Juppé aqualifié de « modéré et acceptable » le chiffre de 24 000 réfugiés dans les deuxans, proposé à la France par la Commis-

sion européenne et accepté par François Hollande. Le maire de Bordeaux a promis que sa ville participerait à cet « effort ». Christian Estrosi, lui, refuse de se laisser « dicter par le gouvernement une politique basée sur des quotas », mais rappelle que sa ville de Nice a déjà pris des initiatives.

Certains maires LR refusent d’appli-quer le droit d’asile tel que le droit le défi-nit : Yves Nicolin, qui ne veut accueillir « que des chrétiens » à Roanne, au prétex-te que ce serait le seul moyen d’avoir la « quasi-certitude » d’« écarter d’éventuels

JEAN-BAPTISTE GARAT £@figarat ET JUDITH WAINTRAUB £@jwaintraub

« LES VOIX aujourd’hui trop dispersées des Républicains devraient être claires, unies » :dans une tribune publiée par Le Figaro lundi, François Fillon n’a pas caché l’éten-due des divisions à droite face aux vagues de population qui tentent de rejoindre l’Europe. L’ancien premier ministre culti-ve sa spécificité en écartant le mot « mi-grants » - « impropre » selon lui - pour lui préférer celui de « réfugiés ». Il exhorte ses amis des Républicains à défendre la tradition d’asile. Une position que partage Nathalie Kosciusko-Morizet, qui, dans un entretien au Point, soutient « l’accueil des réfugiés » en rappelant que la France avait « su gérer des arrivées massives » par le passé. La vice-présidente déléguée des Républicains estime d’ailleurs que « le droit d’asile est inconditionnel » et donc ne peut être soumis à des « quotas ».

Un mot - et une idée - que Jean-PierreRaffarin est l’un des rares à assumer dans l’opposition. Des quotas au niveau euro-péen parce qu’« on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, donc on plafon-ne ». Mais aussi des quotas en France

une ultime supplique adressée aux éco-logistes pour qu’ils reviennent gouver-ner avec lui : « La porte est toujoursouverte. »

Mais, depuis que Manuel Valls est àMatignon, c’est plutôt du côté de Jean-Luc Mélenchon que lorgnent les Verts.Alors, comme pour tenter de se déga-ger des résultats à venir, François Hol-lande a d’ores et déjà pris ses distances avec le scrutin régional, sur le thème : àélection locale, enjeu local. « Les Fran-çais ont rendez-vous en 2017 avec lescandidats à l’élection présidentielle,c’est là qu’ils feront le choix. Ce que jeleur demande pour l’élection régionale,c’est de prendre la meilleure décisionpour leur région », a-t-il assuré. Iln’empêche, si le PS devait perdre cette élection, François hollande se retrou-verait dans la même situation que Ni-colas Sarkozy avant 2012, battu à tousles scrutins intermédiaires pendant sonmandat. ■

primaires pour pouvoir choisir un autre candidat. Or ce scrutin ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour François Hollande, tant la gauche lesaborde en ordre dispersé. Le chef del’État est d’ailleurs apparu désarçonné par l’éclatement de son camp, comme un spectateur impuissant de son échec. Lui assure en tout cas avoir « voulu convaincre la gauche qu’elle pouvaitgouverner, qu’elle savait gouverner ».

Une ultime supplique « Il y a toujours - pas seulement à gau-che - ceux qui veulent se mettre de côté,qui considèrent qu’on n’en fait jamaisassez, qui préfèrent une bonne manifes-tation plutôt qu’une élection et, mêmedans les élections, parfois, ne pas assu-mer l’union. Je vais vous donner une re-cette, qui vaut d’ailleurs pour toutes les familles politiques : la dispersion, c’est ladisparition », a mis en garde le prési-dent de la République. Puis, comme

le préoccupation, ma seule priorité, mon seul devoir, c’est d’agir. » Une primaire PS ? Évacuée de la même façon. « Je n’ai pas aujourd’hui à me mettre dans desprocédures qui ne sont même pas intro-duites par les partis politiques. » La suite, François Hollande assure donc ne pas ypenser. Mais il est vrai que le pire lui est promis par les sondages : l’éliminationdès le premier tour de l’élection prési-dentielle, et ce quel que soit le candidatde droite en face de lui. D’ici là, le prési-dent de la République doit affronter une dernière épreuve électorale : les régio-nales de décembre 2015.

Ce sera la dernière consultation na-tionale avant l’élection présidentielle,celle qui figera les rapports de force en-tre les différentes formations politiques, notamment à gauche. Celle aussi qui propulsera le chef de l’État vers l’élec-tion présidentielle. Un désaveu dans les urnes ne manquerait pas de relancer ledébat sur l’opportunité d’organiser des

FRANÇOIS-XAVIER BOURMAUD £@fxbourmaud

IL AVAIT l’air lassé, François Hollande.Lassé et agacé. D’être interrogé sur l’élection présidentielle de 2017, sur sacandidature liée à l’inversion de la courbe du chômage, sur l’organisationéventuelle d’une primaire par le PS… Alors, comme à chaque fois que ces su-jets reviennent sur le tapis, il a éludé.

2017 ? « Ce n’est pas une obsession, aassuré lundi le président de la Républi-que lors de la sixième conférence depresse de son quinquennat. Aujourd’hui, ce n’est pas ma préoccupation, ce n’estpas ma priorité de savoir comment, de savoir quand, de savoir avec qui. Ma seu-

PLACÉ VEUT RESTER DANS LA MAJORITÉJean-Vincent Placé, qui a démissionné d’EELV au même

titre que François de Rugy, le coprésident dugroupe des Verts

à l’Assemblée, aconfirmé lundi qu’il

allait créer « la semaineprochaine » un nouveau parti politique qui a vocation à rejoindre « l’Union démocrate écologiste » (UDE), avec Jean-Luc Bennahmias, le fondateur du Front démocrate, et « des amis » de Génération écologie, que préside le député européen Yves Piétrasanta. Invité du « Talk Le Figaro », le président du groupe des Verts au Sénat a précisé qu’il n’avait « pas d’objectif quantitatif », soulignant qu’il est « toujours très difficile d’avoir de nouveaux adhérents dans les partis politiques ». Mais Placé souhaite faire de l’UDE « ce que l’on a un peu raté avec Europe Écologie, à l’époque de Daniel Cohn-Bendit, une sorte de coopérative ouverte, démocratique, citoyenne, très ciblée sur les questions écologiques » mais aussi sociétales. Le sénateur de l’Essonne, qui retrouvera mercredi Rugy, Bennahmiaset Pietrasanta pour une réunion de travail consacrée aux élections régionales, veut donner la priorité aux questions programmatiques, dans la perspective de la conférence climat de décembre. Aux régionales, il aimerait faire de l’UDE « la voix écologique de la majorité présidentielle ».

Lundi à l’Élysée, François Hollande a assuré avoir « voulu convaincre la gauche qu’elle savait gouverner ». F. BOUCHON/LE FIGARO

Hollande met en garde la gauche contre la dispersionLe président affirme que 2017 n’est pas pour lui « une obsession » et que les régionales n’ont qu’une portée locale.

[2017], cen’est pas une

obsession. Je suis président de la République. Il me reste encore deux ans. Je veux que cette période soit accompagnée d’actes, de décisions»

Taisez cette « obsession » que je ne saurais avouer

CONTRE-POINTPAR GUILLAUME TABARD £@gtabard

» Retrouvez Guillaume Tabard tous les matins à 8 h 10 sur Radio Classique

Ségolène Royal a d’abord souri à l’évocation de ce bon souvenir. Les élections régionales de 2004, sa victoire en Poitou-Charentes qui devait la propulser, trois ans plus tard, candidate du PS face à Nicolas Sarkozy. « J’ai connu des élections régionales victorieuses, au moins deux dans mon existence de dirigeant politique, venait de rappeler François Hollande. 2004, un triomphe. Avec des personnalités symboles, un triomphe… » Puis, dans la seconde partie de la phrase, elle s’est crispée, mâchoire serrée, plongée dans

un abîme de réflexion. «… Ça ne nous a pas empêchés de perdre l’élection présidentielle, même avec une candidate courageuse. » Comme si François Hollande venait de rouvrir devant elle le livre des dix dernières années. La difficile campagne de 2007, la défaite face à Nicolas Sarkozy, le PS qui lui échappe à Reims, la primaire de 2011 qui l’humilie. Et Ségolène Royal a regardé François Hollande qui, à ce moment, s’est mis à bafouiller. S’il était lundi sur ce podium, c’est aussi parce qu’il l’avait empêchée, elle, d’y figurer.

Quand Ségolène Royalpasse du sourire à la crispation

démissionné d’EELV au même titre que François

Les Républicains divisés sur les quotaset la stratégie militaire en Syrie

“ Quand on faitla guerre, on la faittotalement”NICOLAS SARKOZY

Ne lui parlez pas des sondages,« ce n’est pas ça qui compte ». François Hollandeassure ignorer les jugements

immédiats des Français. Seul compte à ses yeux « le jugement de l’Histoire ». Car c’est « pour nos enfants et nos petits-enfants » que nous travaillons. Ceux-là, veut-il croire, lui seront reconnaissants d’avoir « fait avancer » la France, quand les électeurs d’aujourd’hui ne lui expriment que leurs impatiences et leurs désillusions. Président désintéressé, homme du temps long, tel a voulu se montrer François Hollande. Sous la posture de l’homme d’État, il n’est cependant pas interdit de reconnaître les calculs du candidat.

Plus l’échéance de 2017 approche et plus le chef de l’État s’agace d’être interrogé sur ses intentions. Ce n’est pas son « obsession », martèle-t-il. « L’obsession », il la laisse à « d’autres ». Comprendre : Nicolas Sarkozy dont on saisit pourtant, par maintes allusions, qu’il reste son obsession à lui… Et quand il prévientla gauche que « la dispersion, c’est la disparition », difficile de ne pas y voir un avertissement intéressé après une série de sondages annonçant son élimination dès le premier tour.

Au travers d’une actualité dramatique, au cœur d’une crise migratoire qui émeut et qui inquiète, la sixième conférence de presse du quinquennat visait donc à redresser une image qui reste fortement dégradée, à corriger un portrait peu flatteur.

Depuis son élection, François Hollande pâtit d’un procès en indécision, en flottement, en dépendance au compromis. Le fil rouge de son intervention a donc été la mise en avant de sa capacité à « faire des choix ». Sur les plans militaire,

diplomatique, économique. Et des choix qui ne seraient pas indexés sur les humeurs de l’opinion, que ce soit sur l’accueil des réfugiés ou la réforme du droit du travail. Des choix « sans calcul, sans répit », quels que soient « les risques et les conséquences ». Capacité à décider et capacité à résister à l’impopularité : deux ingrédients clés de la stature présidentielle. Et tant pis si les réformes réalisées ou annoncées restent au milieu du gué. Ou si le zèle de la conversion à la baisse des impôts trahit quelques soucis électoralistes.

Avec la possibilité de frappes contrel’État islamique jusque sur le sol syrien, François Hollande endosse à nouveau le costume de chef de guerre et de capitaine de temps de crise, panoplie présidentielle par excellence. C’est dans ces habits, et ceux-là seulement, qu’il a enregistré des rebonds de sa popularité : lors de l’intervention au Mali ou après les attentats de janvier. Au regard de l’échec de son action économique et sociale, et conscient que les résultats n’arriveront pas par miracle, le chef de l’État veut donc montrer aux Français son meilleur profil.

François Hollande est lucide sur ladémonétisation de sa parole. Mettre en avant la transcendance de sa fonction est aujourd’hui le préalable à la possibilité d’une campagne. C’est en affichant une forme de distance par rapport aux jeux politiques qu’il cherche à réduire la distance avec les Français. Et préparer ainsi une nouvelle candidature. Plus que jamais son obsession. ■

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CYRILLE VANLERBERGHE £@cyrillevan

ARCHÉOLOGIE Le site de Stonehenge,avec son spectaculaire cercle de mégali-thes, est probablement l’un des sites ar-chéologiques qui a été le plus étudié dans le monde, avec des recherches menéesdepuis le début du XXe siècle. Et pour-tant, une collaboration internationaleutilisant des techniques géophysiques depointe vient de faire une découverte ma-jeure : un alignement préhistorique de près d’une centaine de grandes pierres, actuellement recouvert par du remblai.

Lancée par l’université de Birminghamet l’Institut Ludwig Boltzmann (Autriche)sur une superficie de plus de 12 kilomè-tres autour du site de Stonehenge, une campagne systématique de prospection a permis de détecter ces mégalithes en-fouis, situés sous le remblai d’un cercle gigantesque appelé Durrington Walls.« On a retrouvé 90 pierres à environ un mètre de profondeur avec le radar à haute résolution, mais il y en a peut-être plus », explique Philippe de Smedt, chercheur postdoctorant à la faculté des bio-ingé-nieurs de l’université de Gand, et parte-naire de la collaboration StonehengeHidden Landscapes. « Ce n’est qu’avec ce type de méthodes non invasives et non des-tructives qu’on peut désormais explorer ce site, qui est classé au patrimoine mondial

de l’Unesco », poursuit le chercheur bel-ge, qui a lui-même dressé des cartes desvariations naturelles du sous-sol du site par une technique d’induction électro-magnétique.

Situé à 3 kilomètres de Stonehenge,Durrington Walls est aussi un « henge », structure néolithique circulaire limitée par un fossé et un talus, de très grande taille (environ 500 mètres de diamètre). Cette structure est connue de longue date et des fouilles réalisées en 2005 ont permis d’y trouver des traces d’occupation humaine au néolithique, et certains archéologues pensent même que c’était le lieu d’habita-tion des bâtisseurs de Stonehenge.

4,5 mètres de hautLes 90 pierres retrouvées sous la partie sud du talus du grand henge de Durring-ton sont aujourd’hui couchées, et leurforme est grossièrement rectangulaire. Les plus grandes d’entre elles devaientfaire 4,5 mètres de haut. Ce sont proba-blement des pierres de sarsen, typiques de celles qu’on retrouve dans les sites néolithiques de la plaine de Salisbury, et à Avebury, à 25 km au nord.

Les pierres devaient être à l’originedressées, avant d’être couchées puis re-couvertes de terre, pour une raison enco-re inconnue, lors de la construction du« henge » de Durrington Walls. Les talus qui bordent ce grand cercle ont été dres-

sés il y a 4 500 ans, soit près d’un siècle après Stonehenge, mais il est très possible que l’alignement de mégalithes était contemporain voire antérieur à celui de Stonehenge.

À quoi pouvait donc servir cet impor-tant monument de pierres dressées, le plus grand jamais découvert en Grande-

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Les ados américains fument des e-jointsCette utilisation de la cigarette électronique pour fumer du cannabis serait anecdotique en France.

PAULINE FRÉOUR £@Pauline_Freour

DROGUE L’e-cigarette, désormais bien installée comme outil de sevrage tabagi-que, se creuse une place chez les adeptes du cannabis récréatif. En témoigne une étude de chercheurs américains de l’uni-versité Oberlin (Ohio), selon laquelle prèsd’un lycéen sur 5 utilisant une cigarette électronique le ferait dans le but de consommer de la marijuana.

Selon l’enquête conduite auprès de3 847 adolescents du Connecticut, un État de l’est des États-Unis qui autorise le cannabis thérapeutique mais non récréa-tif, 18 % des ados utilisant une e-cigaret-te l’ont employée pour consommer du haschich. En outre, 18,4 % des fumeurs

de cannabis avaient eu recours pour cela à une e-cigarette. Le cannabis dédié au vapotage se présente sous forme d’huile de haschich ou de cire infusée au THC, lasubstance psychoactive du cannabis.

« Nous ne nous attendions pas à trouverdes résultats si élevés, mais compte tenu de la popularité de l’e-cigarette et de l’ingé-niosité des adolescents ce n’était qu’unequestion de temps avant qu’ils n’associent les deux », note Megan Morean, auteure principale de l’étude parue dans Pedia-trics. Selon elle, cette pratique soulèvedeux problèmes. « Ce mode de consom-mation du cannabis est plus discret car la vapeur sent moins fort que la fumée desjoints. Par ailleurs, les formes vaporisables de cannabis sont souvent plus puissantesque le cannabis que l’on fume. »

En France, l’Observatoire français desdrogues et toxicomanies n’a pas encoreétudié la question. « On a peut-être eu un ou deux cas sur toute l’activité du servi-ce », observe, de son côté, Xavier La-queille, professeur d’addictologie à l’hô-pital Saint-Anne (Paris), notant toutefois que les patients de son service « sont plus âgés que les lycéens de l’étude ». Les chercheurs américains ne précisent pas sil’e-cigarette est davantage utilisée pardes consommateurs réguliers ou si ellesert de voie d’entrée à des néophytes, mais « dans la seconde hypothèse, c’est plus inquiétant car cela fait une modalitéd’admission supplémentaire », estime le Pr Laqueille.

Selon le Dr Nicolas Bonnet, directeurdu Réseau de prévention des addictions (Respadd) et responsable de la consulta-tion jeunes consommateurs à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), « on entendbien parler d’e-cigarettes bricolées pour consommer du cannabis ou de dispositifsspécifiques vendus sur Internet, mais cela reste anecdotique ». Le contexte français, qui diffère des États-Unis, n’y est peut-être pas pour rien. « La légalisation récentedu cannabis thérapeutique dans près d’un État américain sur deux a induit la diffusion de nombreuses informations sur le canna-bis, y compris les risques associés aux mo-des de consommation. Même si l’idéal est de ne rien prendre, le recours au vapotage a au moins l’avantage d’éviter l’inhalationde substances cancérigènes associées à la combustion », explique-t-il.

Des entrepreneurs français avaienttenté en décembre de commercialiser une e-cigarette au chanvre baptisée Ka-naVape, qui ne contiendrait pas de THC. Après l’opposition publique de la minis-tre de la Santé, ils ont suspendu la com-mercialisation et disent travailler avecl’Agence du médicament pour s’assurer de la légalité de leur produit. ■

“Ce n’était qu’une questionde temps avant qu’ils n’associent les deux ”MEGAN MOREAN, AUTEURE DE L’ÉTUDE

Bretagne ? « Pour être honnête, on ne saitpas encore, les fouilles virtuelles sur ce site ne font que commencer , précise Philippe de Smedt. Ce qui est sûr, c’est que cette découverte change la perspective sur l’en-semble du site. » « Tout ce qui a déjà été écrit sur Stonehenge et le paysage alen-tours va devoir être totalement révisé »,

complète pour sa part Paul Garwood, ar-chéologue à l’université de Birmingham.

Si la vision romantique de druides offi-ciant autour du cromlech de Stonehenge est désormais dépassée, les rituels et cé-rémonies qui pouvaient y être organisésau néolithique restent toujours très mys-térieux. ■

Source : �e Stonehenge Hidden Landscape Project Infographie

L'enceinte de Durrington Walls était bordée d'une centaine de menhirs

Grand fossé s’étendantsur 3 km d’est en ouest

A303

A345

Découverte de 90 menhirsenfouis à 1 m sous le sol

autour de l’enceinte

Nouvelles découverteslors des relevés

Zone d’exploration par radaret magnétomètrie

250 mLE SITE DE STONEHENGE

Stonehenge

Vue d’artiste de l’enceinte mégalithique telle qu’elle devait être il y a 4 500 ans sur le pourtour du monument

circulaire appelé Durrington Walls

Grand fossé s’étendantsur 3 km d’est en ouest

Nouvelles découverteslors des relevés

Zone d’exploration par radaret magnétomètrie

LE SITE DE STONEHENGE

devait être il y a 4 500 ans sur le pourtour du monument

LE SITE DE STONEHENGE

Stonehenge

Durrington Walls

Cursus

ANGLETERRE

Stonehenge

Un alignement mystérieux caché près de StonehengeUne campagne de caractérisation du sous-sol a permis d’identifier 90 mégalithes apparemment ensevelis au néolithique.

LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

A

SCIENCES 9

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROC

JEAN-JULIEN EZVAN £@JeanJulienEzvan

TENNIS Soleil de nuit. À 1 heure du ma-tin, lundi, dans le vaste Arthur AsheStadium, face à un public clairsemé mais électrique, Kristina Mladenovicirradie. La 40e joueuse mondiale vient d’éliminer 7-6 (7/2), 4-6, 6-1 (en 2 h 12)la Russe Ekaterina Makarova (tête desérie no 13) pour s’ouvrir en grand les portes des quarts de finale de l’US Open. Une première pour celle qui vit son vingtième tournoi majeur. Un plai-sir oublié, pour un tennis féminin fran-çais moribond ces derniers mois, depuis2013 et la campagne victorieuse de Ma-rion Bartoli à Wimbledon. Aux anges,celle qui avance (après des succès sur les Russes Kuznetsova, Kasatkina et laSerbe Jobanovski) dans une moitié detableau désertée par le forfait de Maria Sharapova, savoure : « J’adore ce genre d’événement et d’ambiance, c’est pour cela que je travaille très dur. Je veux toutle temps me battre, montrer le meilleur demoi-même. C’est une belle performance, mais j’ai envie de voir plus loin. » Pourune place en demi-finale (contre Sere-

na ou Venus Williams), Kristina Mlade-novic a rendez-vous avec l’Italienne Roberta Vinci (43e mondiale) qu’elle n’ajamais croisée sur le circuit. L’intensitédes sunlights et l’ivresse de la qualifica-tion depuis longtemps espérée ne l’em-pêchent pas d’aborder l’échéance avechumilité et méfiance : « C’est unejoueuse expérimentée, elle a beaucoup devécu, elle a remporté des titres en GrandChelem en double (cinq sacres). Cela vaêtre très compliqué, d’autant que c’est une joueuse atypique, très talentueuse. »

Longiligne (1,84 m ; 60 kg), puissan-te, dotée d’un service solide (flashé àplus de 200 km/h), d’une gamme de coups variée (intégrant l’amorti, utilisé avec justesse, ou un coup entre les jam-bes, travaillé à l’entraînement et sortien 8es de finale), Kristina Mladenovic s’appuie également sur une efficaceprésence au filet liée à sa pratique assi-due du double dames (douze titres) etdu double mixte, notamment avec le Canadien Daniel Nestor (ils ont été cou-ronnés à Wimbledon en 2013 et à l’Open d’Australie en 2014, finalistes àRoland-Garros en 2013). « Aujourd’hui, quand je suis sur un match comme celui-

ci, je sais que j’ai la victoire au fond de moi, car j’ai l’expérience des grandsmatchs et des titres en double. »

Née à Saint-Pol-sur-Mer, près deDunkerque, dans une famille d’origine serbe, composée de sportifs (sa mère, Dzenita, a été professionnelle de volley-ball, son père, Dragan, de handball, Luka, son frère, footballeur, a porté les

couleurs du FC Metz dans les catégories de jeunes), Kristina Mladenovic est de-puis longtemps attendue par le tennis bleu, convaincu de son potentiel. Sacréechampionne du monde juniors en 2009, elle a effectué ses premiers pas dans le grand tableau à Roland-Garros à 16 ans, fait trembler (1-6, 6-2, 8-6) la SlovaqueMagdelana Rybarikova (45e mondiale). Dans la foulée, l’espoir tricolore agite vite son ambition, regard clair, fier,sans s’effrayer du poids de l’attente ou

de la déception s’accrochant aux défai-tes prématurées.

La France a l’habitude de ces cham-pions du monde juniors (Thierry Tu-lasne en 1980, Guy Forget en 1982, Sé-bastien Grosjean en 1996, Arnaud Di Pasquale en 1997, Richard Gasquet en 2002, Gaël Monfils en 2004, Pascale Pa-radis en 1983 et Amélie Mauresmo en 1996) tardant à s’épanouir sur le circuitprofessionnel. Kristina Mladenovic si-gne ainsi des performances de choix enGrand Chelem (élimination de Na Li à Roland-Garros en 2014 ou Eugenie Bouchard cette année) lors des premierstours, mais tarde à soigner la régularité.Avant le cap mental et physique passé à New York lui permettant de s’exprimer pleinement. La Nordiste, vedette amé-ricaine, deviendra, lundi, la nouvellenuméro un française, devant Alizé Cor-net (« c’est quelque chose de bien sur lepapier, mais je ne me focalise plus sur leclassement mondial et sur ma progres-sion »). Symbole d’une nouvelle étape pour un élément devenu incontourna-ble en Fed Cup sous les ordres d’Amélie Mauresmo et sur l’échiquier du tennisfrançais. ■

« C’est une belle performance, mais j’ai envie de voirplus loin », avoue Kristina Mladenovicaprès sa victoire contre la Russe Ekaterina Makarova. DON EMMERT/AFP

Mladenovic,étoile dans la nuit new-yorkaiseLa jeune Française qui vivra, à l’US Open, son premier quart de finale d’un tournoi majeur,excite l’orgueil du tennis féminin tricolore.

JO 2024 : les épreuves de voile à MarseilleLa Cité phocéenne accueillerales épreuves de voile en cas de victoire de la candidature de Paris pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024. Marseille a été préférée pourla qualité de son plan d’eau à Brest, Le Havre, La Rochelle,le Morbihan et Hyères par l’association Ambition olympique.

Athlétisme : Bolt met un terme à sa saisonEn déclarant forfait pour le meeting de Bruxelles, Usain Bolt a mis fin à saison. Le triple champion du monde des derniers mondiaux s’est déclaré « trop fatigué » pour prendre le départ de cette épreuve de la Ligue de diamant. « Je pense déjà à la prochaine année et aux Jeux de Rio. »

EN BREF

Matuidi met les Bleus sur de bons railsTrois jours après sa victoire au Portugal (0-1), l’équipe de France s’est imposée devant la Serbie (2-1) lundi soir à Bordeaux, grâce à un doublé de Blaise Matuidi.

CYRILLE HADDOUCHE £@Chaddouche

FOOTBALL L’équipe de France a réussi sa rentrée. Après avoir effacé un premier semestre 2015 calamiteux en s’imposant sur le fil au Portugal (0-1), les Bleus ontobtenu un deuxième succès de rang en dominant la Serbie (2-1) lundi. Pour sapremière dans le nouveau stade de Bor-deaux, la sélection française a réalisé une prestation solide, parfois convaincante, mais encore insuffisante pour espérer remporter son Euro à domicile l’été pro-chain. Si elle ne lève pas totalement les doutes quant à la capacité collective des Bleus de relever le défi du très haut ni-veau, cette nouvelle victoire leur per-mettra de construire dans un climat de sérénité retrouvée. C’est déjà pas mal.

Auteur d’un début de saison canonavec le PSG, Blaise Matuidi a confirmé sa forme éblouissante en inscrivant un dou-blé magistral. Au point de s’imposercomme le maillon fort de la sélection. Après sa sortie à la pause, l’équipe de France s’est montrée comme par hasard plus fragile. Très en jambes, Antoine Griezmann a, lui, été à l’origine de toutes les vagues offensives françaises. Unebonne nouvelle pour Deschamps, qui se désespérait de voir l’attaquant de l’Atlé-tico Madrid exploiter tout son potentiel.

Avec un onze titulaire profondémentremanié (six changements par rapport àcelui aligné à Lisbonne), l’équipe de France a attaqué le match tambour bat-tant. Griezmann allumait la premièremèche en sollicitant Rajkovic. Cette pre-mière incursion donnait des ailes aux

Bleus, qui tentaient d’accélérer le tempo en multipliant les combinaisons. Schnei-derlin décalait Sagna dont le centre trou-vait la tête de Matuidi pour l’ouverture duscore (10e).

Dans la foulée, Trémoulinas trouvaitGiroud au point de penalty. Sa reprise était repoussée par un arrêt réflexe deRajkovic (15e). En dépit d’une domina-tion sans concession, les Bleus se lais-saient surprendre sur un contre serbe. Mais Lloris s’interposait devant Gudelj (18e). Griezmann exécutait aussitôt unedéviation subtile mais Giroud, en pleine déveine, manquait le cadre (21e).

Sur un corner mal renvoyé, Matuidisoulevait le Matmut Atlantique d’une vo-lée imparable (25e). Un but somptueux (son sixième avec les Bleus) pour un deuxième doublé en sélection après celui

réalisé face à la Jamaïque en juin 2014. Le Parisien n’en finit plus de progresser, comme en attestent ses statistiques d’at-taquant en ce début de saison (6 matchs, 4 buts et 2 passes décisives).

Sur une perte de balle de Giroud, laSerbie profitait de l’apathie de la défense française pour réduire le score sur une action confuse conclue par Mitrovic (39e).En seconde période, les Bleus se conten-taient de contrôler le match. Sur une pas-se en profondeur de Kondogbia, Griez-mann trouvait le poteau avant de reprendre sans trouver le cadre (50e). Aufur et à mesure des changements, dont l’entrée en jeu de Martial (75e), la rencon-tre perdait en intérêt. La France préser-vait son avantage non sans trembler,Lloris devant sortir dans les pieds de Skuletic pour préserver la victoire (85e). ■

Parker, un pas de plus dans la légendeLe Français est devenu lundi face à la Pologne,le recordman de points marqués en championnat d’Europe. Un sacré accomplissement.

CHRISTOPHE REMISE £@CRemise77ENVOYÉ SPÉCIAL À MONTPELLIER

BASKET-BALL « Meilleur marqueur del’Euro… Quand même ! » S’il n’arriveplus à être impressionné par Tony Par-ker, les deux joueurs se côtoyant de-puis une éternité en Bleu, Florent Pié-trus ne peut que s’incliner devant les performances de son coéquipier, qui adépassé l’ancien international grecNikos Galis pour devenir le meilleurscoreur de l’histoire du championnatd’Europe lundi soir, face à la Pologne(69-66). Un record que le n° 9de l’équipe de France détient désor-mais avec 1 046 points. « Il faut le faire !Ça prouve qu’il dure dans le temps. Im-pressionné ? Non… J’ai déjà quasimenttout vu de Tony. Mais j’admire toujours

ce qu’il fait parce qu’il y a beaucoup declasse, de rapidité, de finesse. On nepeut qu’apprécier », poursuit Piétrus.

Faits d’armesEt comment ! Voilà plus d’une quinzai-ne d’années que « TP » repousse les li-mites, casse toutes les barrières, écrit l’histoire. Scoreur patenté, leader dans l’âme et gagneur devant l’Éternel, lemeneur de jeu de 33 ans grimpe une àune les marches vers les sommets. Qua-tre fois champion NBA, six fois All Star,MVP des Finales NBA en 2007, meilleur passeur de l’histoire des Spurs, dixièmemeilleur marqueur de l’histoire desplay-off NBA… Voilà une liste non ex-haustive de ses principaux faits d’ar-mes. Sans oublier le titre de champion d’Europe décroché avec l’équipe de

France en 2013, à Ljubljana (Slovénie).Et ce n’est pas fini… De là à imaginer queParker est d’ores et déjà le meilleur bas-ketteur européen de l’histoire, il n’y aqu’un pas… qu’il ne serait pas idiot de franchir. « C’est en tout cas clairementl’un des meilleurs. Je sais que c’est unprivilège de l’entraîner. Je n’ai pas at-tendu qu’il égale le record de Galis, quiétait lui-même un très grand scoreur,un basketteur hors du temps à l’époque

et un joueur absolument phénoménal, trèsdifficile à stopper, explique le sélection-neur national, Vincent Collet. Après, ondistingue les joueurs par ce qu’ils ont ac-compli. On espère donc l’aider à accom-plir ses derniers objectifs en équipe deFrance. Le premier d’entre eux étant de conserver notre titre. Pour cela, il va fal-loir qu’on monte en régime. »

Que Vincent Collet se rassure : il peutcompter sur un Tony Parker parfaite-ment concerné par ses objectifs collec-tifs. S’il aurait pu battre le record de Ga-lis dimanche, lui qui avait déjà atteint la barre des 1 030 points en championnat d’Europe en fin de troisième quart-

temps, TP est resté bien sagement sur lebanc lors des dix dernières minutes. Pas question de risquer la blessure bête-ment. « On aurait eu l’air de quoi s’ils’était blessé ? Ça me paraissait stupidede le relancer, note Collet. Lui-même n’a pas insisté. »

La victoire, toujours la victoireEt pour cause, Parker « ne joue pas pourça » mais « pour gagner des titres ». Ne vous y trompez pas. L’intéressé connaît l’histoire du basket sur le bout desdoigts et ce genre d’accomplissement ne le laisse pas indifférent. Loin s’en faut… Pour atteindre son niveau, il faut avoir de l’ego, de l’ambition personnel-le. Il n’en manque assurément pas. Mais cela ne passe pas avant les trophées.C’est pour cela qu’il vient en équipe deFrance tous les étés depuis quinze ans.

Pour cela aussi qu’il a choisi de resterà San Antonio toutes ces années, alorsqu’il aurait pu gagner plus d’argentailleurs. La victoire, toujours la victoire.« Les records individuels prennent encore plus de significations en cas de victoire, assure TP. Si on gagne l’or à l’Euro et que je peux battre le record de Nikos Galis, ce serait un truc de malade. J’ai toujoursvoulu marquer l’histoire de mon sport de-puis mes débuts. Mais à ce point-là, je n’aurais pas pu l’imaginer. » ■

Tsonga serein à l’heure de défier CilicAprès un été discret, Jo-Wilfried Tsonga, 18e mondial, se régale à l’US Open, où il a atteint les quarts de finale sans perdre le moindre set ni jeu de service. Comme Djokovic et Federer,il a écarté sans ménagement des adversaires moins bien classés (Nieminen, Granollers, Stakhovsky, Paire) en ne passant que 7 h 20 minutessur le court. « C’est encourageant pour la suite. Mais je ne vais pas sortir les confettis. L’important, c’est de gagner les matchs et pour l’instant, je le fais », sourit le trentenaire. Malgré un début de saison passé loin du circuit à soigner un avant-bras douloureux,le Manceau dégage une sérénité dontil aura bien besoin face à Marin Cilic, ce mardi en quart de finale. Le Croate, actuel tenant du titre, mène 4-1 dans leurs confrontations. « Le prochain match sera révélateur demon niveau », avoue Tsonga.

Leader dans l’âme et gagneur devant l’Éternel, Tony Parker grimpe une à une les marches vers les sommets. PASCAL GUYOT/AFP

“Je veux tout le temps me battre, montrer le meilleur de moi-même ”KRISTINA MLADENOVIC

10 SPORT

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LE CARNET DU JOUR 11

mardi8septembre2015

naissances

M. Claude LOSGUARDIet Mme, née Valérie Trapenard,

ont la joied'annoncer la naissancede leur première petite-fille

Emma

le 5 septembre 2015, à Londres,chezMathieu LOSGUARDIet Isabel PIFARRÉ

deuils

Elizabeth Amson,sa femme,

David Amson,Charles Amsonet Daphné Amson-Proisy,Maud Amson,Ariane Amsonet Pierre Heilbronn,ses enfants,

ses petits-enfants

ont la douleurd'annoncer la mort de

Daniel AMSON

professeur éméritedes Universités,avocat à la cour,

officier de la Légion d'honneur,

survenue le 4 septembre 2015.

Les obsèques ont eu lieudans l'intimité.

18, avenue Kléber,75116 Paris.

Rouen, Bihorel(Seine-Maritime).Trouville-sur-Mer (Calvados).Paris.

Marie et Frédéric Chalamet,Jean-Pierre et Annie Broussois,Manou Broussois,Catherine et Philippe Pianko,ses enfants,

Bertrand, Emmanuelle (†),Sébastien, Matthieu,Raphaëlle, Charlotte, Aurélien,Sacha, Laura,ses petits-enfants,et leurs conjoints,Freddie, Karine,Pascaline, Camille,

Léo, Louis, Martin,Rose, Hyppolite, Marie,Constance, Camille,ses arrière-petits-enfants,

vous font partdu rappel à Dieu de

Odette BROUSSOISnée Prat,

le 28 août 2015,dans sa 97e année, muniedes sacrements de l'Église.

Selon sa volonté, les obsèquesont eu lieu dans la plus stricteintimité familiale.Elle repose en paix aux côtésde son mari bien-aimé,sa petite-fille et sa mère,dans le caveau familialde Saint-Pierre-lès-Elbeuf.

La famille remerciele docteur Sylvie Vanesteet toute son équipede l'hôpital de la Prévotièreà Bois-Guillaume pourleur compétence, leur chaleuret leur dévouementexceptionnels.

M. et Mme Jean-Pierre Gatti,le docteur et MmeJean-Pierre Collet,ses sœurs et beaux-frères,et leurs enfants

ont la tristessede faire part du décès de

Michel DELAVALLEchevalier

de l'ordre national du Mérite,chevalier du Mérite agricole,

survenule vendredi 4 septembre 2015,à l'âge de 85 ans.

La cérémonie religieuseaura lieule mercredi 9 septembre,à 10 heures, en l'égliseSaint-Symphoriende Versailles.

« Comme à ton premier matinle soleil brillera et tu entrerasdans la joie de Dieu. »

Mme Pierre-Albert Dubreuil,son épouse,Hortense et Lionel Defrenne,Henri, Alix et Louis,Thomas et Marie Dubreuil,Melchior et Colombe,ses enfants et petits-enfants,M. Gérard Tournand,M. et Mme Pierre Laroze,ses beaux-frères et belle-sœur,les familles Dubreuil, Chalminet Melétrel,la fidèle Dominique Moreau

ont la grande tristessede vous faire partdu rappel à Dieu de

M. Pierre-Albert DUBREUIL

le 6 septembre 2015.

La cérémonie religieuse seracélébrée le jeudi 10 septembre,à 11 heures, en l'égliseNotre-Dame-de-la-Couture,au Mans.L'inhumation aura lieul'après-midi, dans l'intimitéfamiliale, à Aunac (Charente).

23, rue de Tascher,72000 Le Mans.

JacquelineDuchamp de Lageneste,son épouse,Claire et François Gautier,Agnès et Philippe Burtin,Anne et Philippe Roditi,FrançoisDuchamp de Lageneste,Catherine et Marc Le Davay,ses enfants et ses gendres,tous ses petits-enfants

font part du rappel à Dieu de

MauriceDUCHAMP de LAGENESTE

le 5 septembre 2015,à l'âge de 91 ans,à Lausanne (Suisse).

La cérémonie religieusesera célébrée en l'églisedu Sacré-Cœur d'Ouchy,chemin de Beaurivage 3,à Lausanne (Suisse),le jeudi 10 septembre 2015,à 14 h 30.

Ni fleurs ni couronnes,des dons à l'Arche,www.arche-france.org

Cet avis tient lieu de faire-part.

Avenue de Montchoisi 27,CH-1007 Lausanne.

Bertrand Durin,Sophie et Philippe Jaeger,ses enfants,

Antoine, Alexandre, Anneet Jacques,ses petits-enfants,

ont la tristessede vous faire part du décès du

docteur Raymond DURIN

le 6 septembre 2015,dans sa 90e année.

La cérémonie religieusesera célébréele jeudi 10 septembre,à 14 h 30, en l'égliseNotre-Dame-des-Champs,91, boulevarddu Montparnasse, à Paris (6e).

Bertrand Durin,7, rue Victor-Considérant,75014 Paris.Sophie Jaeger,116, rue de Vaugirard,75006 Paris.

On nous prie d'annoncerle décès du

père Jacques de l'EPREVIERmissionnaire,père blanc,

rappelé à Dieu,le samedi 5 septembre 2015,à l'âge de 90 ans,après 61 ans de prêtrisedont 50 années de missionau Malawi (Afrique australe).

La cérémonie religieusesera célébréele mercredi 9 septembre,à 15 heures, en la chapellede la maison de retraitela Chauderaie,4, chemin de la Chauderaie,à Francheville (Rhône).

De la part deses frères, sœurs,beaux-frères et belles-sœurs,ses 20 neveux et leurs conjoints,ses 41 petits-neveuxet son arrière-petite-nièce.

Claudine, sa fille,Jean-Baptiste, Olivier,ses petits-fils,Gladys, Nelson,ses arrière-petits-enfants,Victor

ont la tristessede vous faire part du décès de

Lucienne FUGUETnée Pedrosa,

veuve deJacques Fuguet

chevalierde la Légion d'honneur,

ancien résistant,

survenu le 7 septembre 2015,à l'âge de 85 ans.

Une cérémonie sera célébréele mercredi 9 septembre,à midi, au crématoriumdu Val-de-Bièvre, à Arcueil.

Le Seigneur a accueilli dansSa Paix et dans Sa Lumière

MmeMarcel EUDESnée Marie-Antoinette Rocher,

« Toinon »,

dans sa 82e année,le 3 septembre 2015,dans l'affection deVéronique Eudes,Béatrice (†) et Philippe Parini,Isabelle Eudes,Jacques et Christine Eudes,Marie-Laure Eudes,ses enfants,

Ambroise, Lancelot, Hortense,Donatien Laeuffer,Philippine Parini,Marguerite, CharlotteFradin de La Renaudière,Eléonore, Thibault,Gabriel Eudes,ses petits-enfants.

Elle a rejoint son époux,Marcel Eudes

décédé le 7 février 2015,et leur fille,

Béatrice

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseSaint-Louis-de-la-Salpêtrière,à Paris (13e), à 11 h 15,le mercredi 9 septembre 2015.

Famille Eudes,Kiosque,1, place Monge, 75005 Paris.

Colmar (Haut-Rhin).

Lililane Gall,son épouse,

ses filles,Isabelle, Nathalie, Frédérique,Marine et Constance,ses gendres,ses 11 petits-enfants

ont la tristessede faire part du décès de

Paul Alexandre GALL

survenu le 5 septembre 2015,à Colmar.

La cérémonie religieusesera célébrée en l'égliseSaint-François-d'Assise,23, rue Charles-Sandherr,à Colmar, le jeudi10 septembre, à 14 heures.

Wallerand et Alexiade Gallery de La Servière,son fils et sa belle-fille,Marion et Côme,ses petits-enfants,

et toute la famille

ont la tristesse de vousannoncer le rappel à Dieu de

Louisede GALLERY de LA SERVIÈRE

née comtessedu Monceau de Bergendal,

le dimanche 6 septembre 2015.

La cérémonie religieusesera célébréele jeudi 10 septembre,à 15 heures, en l'églised'Allouville-Bellefosse(Seine-Maritime).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Pierre Guillaume,son époux,

Dominique Mouchotet sa fille,Christian Mouchot,Alain et Françoise Mouchotet leurs enfants,Bernard et Martine Mouchotet leur fille,Chantal Mouchot,Pascal et Cécile Mouchotet leur fille,Henri et SylvieKrecklow-Mouchotet leurs enfants,ses frères, sœur, belles-sœurset leurs enfants,

Anne-Marie et AndréMennessonet leurs enfants,Geneviève et Daniel Bretonnetet leurs enfants,Bernard (†) et Silvia Guillaumeet leurs enfants,ses belles-sœurs, beaux-frèreset leurs enfants,

Thomas, Pierreet Claire Olivier,ses petits-enfants de cœur,et leur maman Véronique

ont la grande tristessede vous faire part du décès de

Anne GUILLAUMEnée Mouchot,

survenu le mardi1er septembre 2015.

La cérémonie religieusea eu lieu le samedi 5 septembre,en l'église Saint-Pierrede Neuilly-sur-Seine, dansla stricte intimité familiale,suivie de l'inhumationdans le caveau de famille.

Cet avis tient lieu de faire-part.

11, rue des Dames-Augustines,92200 Neuilly-sur-Seine.

Toulouse (Haute-Garonne).

Jacques Joos,son mari,Valentin et Maxime,ses fils,ses frères, sœurs,beaux-frères, belles-sœurs

ont la douleurde faire part du décès de

Laurence JOOSnée Chatelain,

le 1er septembre 2015,à l'âge de 73 ans, à Toulouse,munie des sacrementsde l'Église.

2, rue Frayssinet,31500 Toulouse.

Jean-Luc et Lydie Kerdilès,Marie-Caroline et JeanLe Bousse,Antoine et Marie-DominiqueKerdilès,ses enfants,

Marie, Yann, Pauline, Thomas,Cédric, Hélène et Margaux,ses petits-enfants,Lucie, son arrière-petite-fille,

ainsi que toute la famille

ont la tristessede vous faire part du décès de

MmeMarie-MadeleineKERDILÈSnée Martin,

survenu à Saint-Cloud,le 5 septembre 2015.

La cérémonie religieuse seracélébrée le jeudi 10 septembre,à 10 h 30,en l'église Saint-Clodoald deSaint-Cloud (Hauts-de-Seine),suivie de l'inhumationau cimetière de Saint-Cloud.

50, rue Gounod,92210 Saint-Cloud.

Alain Prigent,Stéphane et Irena Prigent,ses neveux,ainsi que toute la famille

ont la tristessede vous faire part du décès de

YolandeSALAÜN de KERTANGUY

survenu à Levallois-Perret,le 3 septembre 2015,à l'âge de 90 ans.

La cérémonie religieusesera célébréele jeudi 10 septembre 2015,à 14 h 30, en l'égliseNotre-Dame-de-Bon-Secours,31, rue du Général-Leclerc,à Bois-Colombes(Hauts-de-Seine),suivie de l'inhumationvers 16 h 30, au cimetièrenouveau de Neuilly-sur-Seine,rue de Vimy, à Nanterre(Hauts-de-Seine).

Jean-Michel, Véronique,Stéphanie Micléa,ses enfants,

Lucie, Mathilde, Morgana,Antoine, Constance,ses petits-enfants,

Louise,son arrière-petite-fille,

Henriette Micléa-Riberolle,

sa famille

ont la tristessede faire part du décès de

Michel MICLÉAmédecin biologiste,

survenu le 1er septembre 2015,à l'âge de 93 ans.

La cérémonie religieusesera célébréele jeudi 10 septembre 2015,à 10 heures en l'églisedes Saints-Archanges,9 bis, rue Jean-de-Beauvais,à Paris (5e).

83, rue d'Assas,75006 Paris.

Mme Philippe Peydière,son épouse,

le capitaine de frégate et MmeFrançois Peydière,M. et Mme Olivier Peydière,M. et Mme Xavier-Mayeuld'Eimar de Jabrun,ses enfants,

Pauline, Laure, Henri, Côme,Louis, Thibaut,Pierre, Yves, Blanche et Xavier,ses petits-enfants,

recommandent à vos prières

M. Philippe PEYDIÈRE

décédé à Tours,le 5 septembre 2015,dans sa 73e année.

La cérémonie religieusesera célébréele jeudi 10 septembre,à 14 h 30, en la cathédraleSaint-Gatien, à Tours.

L'inhumation aura lieule vendredi 11 septembre,à 14 h 30, dans le caveaufamilial, à Billom(Puy-de-Dôme).

Marie Antoinette,Pascal et Sylvain Plé

vous font part du décès de

M. Philippe PLÉ

survenu le 3 septembre 2015,à l'âge de 81 ans.

La cérémonie religieusese dérouleraen l'église Saint-Martinde Verneuil-sur-Seine(Yvelines),le mercredi 9 septembre,à 15 heures.

Le comte et la comtesseArnaud du Plessis d'Argentré,le comte et la comtesseEmmanueldu Plessis d'Argentré,M. et Mme Thierry Dufournet,ses enfants,ses petits-enfants,ses arrière-petits-enfants

font part du rappel à Dieu de la

comtesse Françoisdu PLESSIS d'ARGENTRÉ

née Clotilde du Laz,

le 5 septembre 2015.

La cérémonie religieuse seracélébrée le jeudi 10 septembre,à 14 h 30,en l'église Sainte-Jeanne-d'Arcde Versailles.

L'inhumation aura lieule vendredi 11 septembre,à 14 heures, au cimetièrede Nazelles (Indre-et-Loire).

Hervé Raillon et Florence,Nathalie et Didier Six,Sophie et PhilippeChomel de Jarnieu,ses enfants,ses petits-enfantset arrière-petits-enfants

ont la grande tristessede vous faire part du décès du

colonel (e.r.) André RAILLONSaint-Cyr, promotionCeux de Dien Bien Phu,

officier de la Légion d'honneur,commandeur

de l'ordre national du Mérite,

survenu le 5 septembre 2015.

La cérémonie religieusesera célébrée le jeudi10 septembre 2015, à 14 h 30,en l'église Saint-Germainde Saclay (Essonne).

2200, chemin de Saint-Claude,48, hameaux de Saint-Claude,06600 Antibes.

Grez-sur-Loing(Seine-et-Marne).

Yves Renier,son fils,Hugues Renier,Jean-Loup Renier,Inès Renier,Samantha Renier,Mathieu Renier,Jules et Oscar Renier,ses petits-enfants,ses arrière-petits-enfants

ainsi que toute la famille

ont la douleurde vous faire part du décès de

Gladys RENIERnée Harrison,

survenu le 5 septembre 2015,à Grez-sur-Loing,dans sa 100e année.

La cérémonie religieusesera célébréele mercredi 9 septembre,à 14 h 30, en l'églisede Grez-sur-Loing,où l'on se réunira, suiviede l'inhumation au cimetièrede Grez-sur-Loing.

Jeannine Azières,sa sœur,ses neveux et petits-neveuxdes familles Azières et Maltot

ont la tristessede faire part du décès de

Hélène RODIERcomédienne,

survenu à Paris, le 8 août 2015,à l'âge de 86 ans.

Un hommage lui sera rendule dimanche 13 septembre,à 10 h 30, au petit cimetièreMontparnasse, Paris (14e),rue Emile-Richard.

[email protected], place du Docteur-Félix-Lobligeois, 75017 Paris.

Mme François Xavier Rogez,née Marie-Madeleine Roudié,son épouse,

Cécile et Gauthier Dufrasne,Grégoire, Emeline, Apolline,Etienne et Valérie Rogez,Antoine, Jeanne,ses enfants et petits-enfants,

Mme Jean Rogez,sa belle-sœur,ses enfants, petits-enfantset arrière-petits-enfants,

les familles Loiseau, Lherm,Gilbert, Roudié,

ses anciens et fidèles amis

ont la très grande peinede vous faire part du décès de

François Xavier ROGEZnotaire honoraire,

survenu le 3 septembre 2015,à Charenton-le-Pont(Val-de-Marne).

La cérémonie religieusesera célébrée le jeudi10 septembre 2015, à 14 heures,en l'église Saint-Pierre,à Charenton-le-Pont.

L'inhumation aura lieuau cimetièrede Dourdan (Essonne),le même jour, à 17 heures,dans le caveau familial.

22, avenue de Gravelle,94220 Charenton-le-Pont.

Mme Jean Roussel,ses enfants et petits-enfants,les familles Sartre, Truchot,Teisseire, Abeille et Ambrogi

ont la douleurde vous faire part du décès de

Jean ROUSSELancien avoué,

avocat honoraire,croix du combattantvolontaire 1939-1945,

ancien député,

survenu dans sa 93e année,muni des sacrementsde l'Église.

La cérémonie religieusesera célébréece mardi 8 septembre 2015,à 15 heures, en l'égliseSaint-Charles, à Marseille.

Mme Michel Saillard,née Claude Mourgnot,Dominique et DominiqueLesourd,Frédéric et Chrystel Saillard,Emilien, Camille et Martin,Zoé et Max,les familles Saillardet Mourgnot

ont la tristesse de faire partdu rappel à Dieu de

Michel SAILLARD

le 6 septembre 2015,à l'âge de 87 ans.

La cérémonie religieuseaura lieule jeudi 10 septembre, à 14 h 15,en l'église d'Arcangues,suivie de la crémationau crématorium de Biarritz.

58, route de Saint-Pée,64600 Anglet.

Maussane-les-Alpilles.

Mme Daniel Saint Macary,son épouse,

Xavier (†), Hubert et Anne,ses enfants,

Julie, sa petite-fille,et son époux, Nicolas Blein,Victor, son petit-fils,Emilie, sa petite-fille,Pauline, sa petite-fille,et son époux, Florent Dubois,

Clémentine et Charlotte,ses arrière-petites-filles,

ont la tristessede vous faire part du décès du

général de corps aérienDaniel SAINTMACARY

École de l'air, promotion 1942,commandeur

de la Légion d'honneur,croix de guerre TOE,

médaille de l'Aéronautique,

survenu le 4 septembre 2015,dans sa 93e année.

La cérémonie religieuse seracélébrée le jeudi 10 septembre,à 15 h 30, en l'églisede Maussane-les-Alpilles,suivie de l'inhumationau cimetière du village.

La famille remercietoutes les personnesqui s'associeront à sa peine.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Le Seigneur a accueillidans Sa Paix et Sa Lumière, le

comte Aymon de SOLAGESofficier

de l'ordre national du Mérite,

le 6 septembre 2015,à l'âge de 80 ans.

La comtesse Aymon de Solages,née Marie-Elianede Froidefond des Farges,son épouse,

le comte et la comtesseEric de Solages,le comte et la comtesseRémy de Solages,le comte et la comtesseGuy de Forton,le comte et la comtesseHubert de Solages,ses enfants,

Charlotte, Claire, Etienneet Louise,Pierre-Emmanuel, Maylis,Marie-Liesse et Joseph,Philippine, Antoine, Camilleet Paul,ses douze petits-enfants,

vous invitent à l'accompagnerdans la prière et l'Espérance,au cours de la messe qui auralieu le jeudi 10 septembre,à 14 h 30, en l'église deSaint-Sulpice-la-Pointe (Tarn).L'inhumation suivraau cimetière de Mézens (Tarn).

Brignogan-Plages (Finistère).

Claude Theard,son époux,

Frédéric Theard,Anabel Theard,Vincent Theard,ses enfants,Louna Theard,sa petite-fille,

Ian et DanièleCuypers-Suzanne,François Suzanne (†),Francinede Angelis-Suzanne (†),Jean (†) et Micheline Theard,Jacques et Odette Theard,André et ColetteJacob-Theard (†),Michel (†) et Isabelle Theard,ses frère, sœurs, beaux-frères,belles-sœurs,toute sa familleet ses amies

ont la très profonde douleurde vous faire part du décès de

Christine THEARDnée Suzanne,

le 14 septembre 1940, à Brest,

survenu le 6 septembre 2015,à Brignogan-Plages.

La messe de funéraillessera célébrée en l'égliseSainte-Bernardettede Brignogan-Plages,le mercredi 9 septembre,à 16 h 30.On se réunira à l'église.

L'offrande tiendra lieude condoléances.

Des dons au profit de larecherche sur le cancerseront préférés aux fleurset couronnes.

4, rue Douar-Ar-Pont,29890 [email protected]

Fondettes (Indre-et-Loire).

Christiane Vigreux,son épouse,ses six filles,ainsi que toute sa famille

ont la tristesse de vousfaire part du rappel à Dieu de

François VIGREUXmédaille coloniale

« Extrême-Orient »,

à l'âge de 90 ans.

condoléances

M. Marc Eisenbergprésident,les membres du Haut Conseilet le directeur général del'Alliance israélite universelle

très émus par la disparition de

M. GuyWALLIERmembre des instancesde l'AIU depuis 1977,

s'associent à la douleurde sa famille et lui présententleurs condoléances attristées.

AIU,45, rue La Bruyère, 75009 Paris.

souvenirs

En mémoire de

RaymondMARCELLIN

décédé le 8 septembre 2004.

Que ceux qui l'ont connuet aimé aient une penséepour lui.

Les annonces sont reçuesavec justification d’identité

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

12 CHAMPS LIBRESENQUÊTE

Il aura suffi d’un seul article, certes alarmiste,pour propager une angoissante onde de chocà travers la population américaine. Le20 juillet, l’hebdomadaire The New Yorkerpubliait un récit intitulé « The Big One ».Chiffres et calculs scientifiques à l’appui, ilrévélait que la côte ouest de l’Amérique du

Nord, entre San Diego au sud et Vancouver au nord, vivait sous la menace d’un tremblement de terre deproportions bibliques. L’ampleur de la menace, esti-mée à une force de 9,2 sur l’échelle de Richter, letsunami inévitable qui s’ensuivrait, et la dimensionapocalyptique des dégâts potentiels, a semé un dé-but de panique, notamment à Portland, poumon économique de l’Oregon. Sur les forums de mères defamille, comme le relate l’Agence France-Presse, les conversations ont basculé du jour au lendemain : plus question de courses de rentrée scolaire, de no-mination des instituteurs et d’emploi du tempsdans les classes, mais bien de réserves d’eau pour trois semaines, d’enrobage des câbles électriques, d’étayage des bâtisses trop anciennes au regard des nouvelles normes antisismiques et de mise en place d’onéreux coupe-circuit automatiques pour l’arri-vée de gaz. Et plus un seul plombier, électricien, plaqueur couvreur disponible avant des mois, évi-demment, pour cause de carnet de commandesbien garni.

Avec les réseaux sociaux, la rumeur a enflé, ali-mentée par des « révélations » plus que préoccu-pantes. La moitié des écoles de la ville auraient été construites avant 1940. Les ponts enjambant lesfleuves Willamette et Columbia convergeant au cœur de l’agglomération ne pourraient résister àune magnitude supérieure à 7,5, comme l’affirmeJeff Guite, président-directeur général de la firme American Preparedness, qui commercialise des kitsfamiliaux de survie et reconnaît avoir… le vent enpoupe depuis cet été. Charmante perspective, encas de bouchons routiers, inévitables au regard de la panique générale à venir.

Faille géante courant sur 1 280 kmL’Histoire ne rassure personne. Outre-Atlantique, les géologues de l’USGS (United States Geological Survey), le service fédéral chargé de la surveillance de l’activité sismique, ont fait leurs comptes : untremblement de terre de cette taille frappe la régionen moyenne tous les 243 ans. Le dernier en date, d’une magnitude estimée entre 8,7 et 9,2, remonteau 26 janvier 1700, d’après les témoignages oraux etplutôt poétiques du côté amérindien, relatant lecombat épique entre un oiseau de feu et une balei-ne, ainsi que des villages entiers engloutis par desglissements de terrain, écrits et extrêmement précis du côté japonais, frappé par un tsunami. Soit il y a 315 ans. De quoi dresser les cheveux sur la tête des « Portland Mamas » et de toutes celles de la côte Ouest, qui n’avaient peut-être jamais aussi claire-ment visualisé la menace mortelle pesant sur leur progéniture.

Contrairement à la croyance populaire sur la célè-bre faille de San Andreas au sud-est de Los Angeles, le cœur du problème se situe le long de la dite zone

de subduction de Cascadia, une faille géante courant sur 1 280 km du cap Mendocino, au nord de San Francisco, à la frontière canadienne, entre Seattle et Vancouver.

Un logiciel de calcul des dégâts, le « Hazus »,conçu par l’Agence fédérale des situations d’urgen-ce (FEMA), a rendu ses conclusions, difficilementpubliables dans les grands médias américains : desdizaines, voire des centaines de milliers de victimes le long du littoral. « En gros, tout ce qui se trouve en-tre la mer et l’Interstate 5 (autoroute 5) est foutu »,lâche Kenneth Murphy, de la FEMA, cité par le New Yorker. Dans ce bras terrestre reliant Blaine, au nordde Seattle contre la frontière canadienne, à San Die-go 2 200 km plus au sud, vivent sept millions depersonnes.

Par-delà la frontière canadienne, Vancouver, à80 km à peine de Seattle, se prépare elle aussi au pire. Située sous le niveau de la mer, la perle de laColombie-Britannique, écrin de verdure et de mo-dernité coincé entre les Rocheuses et l’océan Pacifi-que, est une de ces mégapoles menacées d’éradica-tion par la montée des eaux consécutive au « Big One ». Malgré les plans d’évacuation mis en place,les autorités municipales confient redouter10 000 morts et 128 000 blessés graves, 30 % ducentre-ville rayé de la carte, 100 000 réfugiés sans-abri et à peu près autant pris au piège par l’effondre-ment des ponts sur la rivière Fraser. Telles sont lesconclusions de la simulation réalisée grâce à Hazus.À supposer, cependant, que le séisme ne dépasse pas dix à vingt secondes, et 7,3 sur l’échelle de Richter.

Système d’alerte sismique avancéDe l’autre côté de la baie, l’île de Vancouver à la vé-gétation tropicale et l’hygrométrie maximale, déjàtouchée par un tremblement de terre en 1946, pour-rait être fendue en deux sous le choc, comme une vulgaire châtaigne. « Toutes ces prévisions font état de conditions extrêmes et ont été voulues ainsi. Si nous nous préparons au pire des scénarios, alors nous pour-rons adapter notre réaction à l’ampleur de l’événe-ment, plus mesuré, lorsqu’il se produira réellement », observe Kathryn Forge, une sismologue des services d’urgence de la Colombie-Britannique. En outre, lamesure des dégâts économiques laisse rêveur. « L’économie américaine souffrirait de lourdes pertes, prédit Peter DeFazio, représentant démocrate del’Oregon. Imaginez seulement : Seattle et Portland abritent le siège de firmes telles que Microsoft et Intel. »

DeFazio fait partie de ces rares édiles à avoir prisconscience du problème, et qui militent depuis des années pour la mise en place d’un système d’alerte sismique avancé, à l’instar de celui existant au Japon depuis le tsunami dévastateur de Tohoku, le 11 mars 2011, qui fit 15 891 morts et submergea la centrale nucléaire de Fukushima. La technologie existe, mais la levée de fonds, qui nécessite un feu vert du Congrès des États-Unis, reste une gageure, même si

la somme requise - 250 millions de dollars - paraîtraisonnable au regard des autres grandes lignes de dépenses publiques. « Trois à cinq minutes de préavis pourraient faire la différence, note DeFazio. Elle don-nerait le temps de stopper les trains et de fermer lesponts, ainsi que de faire évacuer les grands immeubles les plus menacés. »

« Ce sera chacun pour soi, raille Jeff Guite, redou-tant la destruction des ponts de Portland et ce qui pourrait arriver aux plus démunis, aux vieillards et aux enfants en bas âge. Une mère ne peut marcher deskilomètres avec plusieurs enfants, le plus petit dans les bras. Vous ne pouvez tout simplement pas frapper aux portes en demandant si les gens ont de l’eau et à man-ger. » « C’est pathétique, renchérit DeFazio. Tout lemonde ici réalise désormais l’ampleur du problème,mais au Congrès, c’est une autre histoire. »

Points sensibles en Caroline du SudL’état d’impréparation frisant l’inconscience du grand Nord-Ouest américain laisse songeur. Outre DeFazio, véritable Don Quichotte d’Oregon, des rapports d’audit sur les plans d’urgence de Colom-bie-Britannique, publiés coup sur coup en 2014 et2015, constatent que l’éventualité d’un « Big One »n’a jusqu’ici jamais été considérée comme une prio-rité. De nouvelles failles précédemment inconnues ont en outre été découvertes au sud de celle de SanAndreas, menaçant les agglomérations de San Joseet San Diego, jugées immunes jusque-là contre cegenre d’événement naturel.

La côte Ouest n’est pas la seule région menacée.L’USGS a revu ses statistiques : à la faveur des mou-vements migratoires, ce sont désormais 143 millions d’Américains, soit un gros tiers de la population to-tale du pays, qui se trouvent directement exposés au risque sismique. « C’est le double du chiffre admis en2006 », s’étonne William Leith, de l’USGS.

Les autres points les plus sensibles se trouvent enCaroline du Sud, sur la côte Est, près de la ville deCharleston, et la région autour de la faille dite de« New Madrid ». Dans ce dernier cas, les villes deSt Louis, Memphis, Nashville et Atlanta pourraientêtre rayées de la carte, et une douzaine d’États tou-chés à des degrés divers au centre du continent.Guère plus préparées que leurs homologues de la fa-çade Pacifique, les autorités avaient été totalement prises au dépourvu par le séisme survenu le 23 août2011 en Virginie, le long d’une faille précédemmentinconnue, à côté de la bourgade de Mineral. D’une magnitude de 5,8 - inédite à l’est des montagnes Ro-cheuses depuis mai 1897 -, celui-ci avait ébranlé la capitale fédérale, Washington, à 140 km de là, en-traînant l’apparition de fissures sur les flancs de la cathédrale nationale de St Pierre et St Paul, ainsi que la fermeture pour trois ans de travaux de l’obélisque en granit dédiée à George Washington. Et l’évacua-tion de la Maison-Blanche.

À New York, les courtiers avaient dû évacuer WallStreet, tandis que se déroulait la conférence de pres-se du juge Michael Obus, mettant un terme à la pro-cédure judiciaire contre Dominique Strauss-Kahn, l’ancien patron du FMI. Le passeport français de ce-lui-ci avait été conservé vingt-quatre heures de plus par la justice new-yorkaise, les secousses ressenties ayant semé une pagaille considérable et entraîné la fermeture des services administratifs. L’amour-propre du socialiste avait été la seule victime dutremblement de terre, notait alors la presse améri-caine, goguenarde. Le bilan de la prochaine secoussepourrait ne faire sourire personne. ■

L’Amérique et la peur du « Big One »La publication d’un article alarmiste, mais étayé, sur la menace d’un tremblement de terre de magnitude 9,2 sur l’échelle de Richter a semé un début de panique sur la côte Ouest des États-Unis et du Canada.

Infographie

Océan Pacifique

ÉTATS-UNIS

CANADA

CALIFORNIE

OREGON

WASH.

NEVADA

San Francisco

Portland

Interstate 5

Seattle

Vancouver

Faille deSan Andreas

5

5

5

100 km

Ce sera chacun pour soi. Une mère ne peutmarcher des kilomètres avec plusieurs

enfants, le plus petit dans les bras»JEFF GUITE, PDG DE LA FIRME AMERICAN PREPAREDNESS, QUI COMMERCIALISE DES KITS FAMILIAUX DE SURVIE

Des écoliers participent à un exercice antisismique à Los Angeles, en 2013. Un tremblement de terre de grande taille frappe la côte Ouest des États-Unis en moyenne tous les 243 ans. FREDERIC J. BROWN/AFP

Maurin Picard£@MaurinPicard

New York

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LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

A

CHAMPS LIBRES 13ÉCONOMIE

VALEUR TOTALE (en %) DE L’ENSEMBLE DES EXPORTATIONS FRANÇAISES COMPARÉESÀ L’ENSEMBLE DES EXPORTATIONS ALLEMANDES

1996 2000 2010 201535

40

45

50

55

Le made in France représente moins de 40%du made in Germany

Source : COE - Rexecode

4

% DES EXPORTATIONS FRANÇAISES DANS LESEXPORTATIONS DES PAYS DE LA ZONE EURO*

1996 2015

3 La France n'a toujourspas amélioré ses partsde marché

12

13

14

15

16

17

18 *commerce international, y compris commerce

intra zone euro

Source : COE - Rexecode

ÉVOLUTION (en %) DES COÛTS SALARIAUXpar rapport aux 19 partenaires commerciauxles plus importants de la zone euro

1 La sur-compétitivitéallemande demeure

Zone euro

Allemagne

Luxembourg

Italie

Espagne

France

Pays-Bas

-20,6 %

-11,3

-6,9

-5,2

-4,5

+0,1

+6,1 %

*pondération selon l’importance du commerce avec ces pays

1er MAI 2014 JANVIER 2015 3 SEPTEMBRE 2015

COURS DE L’EURO PAR RAPPORT AU PANIER DES 19 MONNAIES LES PLUS IMPORTANTES*

2 L'euro a baissé de 10 % depuis mai 2014

Base 100 au premier trimestre 1999

Source : BCE

88

90

92

94

96

98

100

102

104

€$$$££

¥¥

CONJONCTURE Alléluia, l’euro recule.Le « made in France » redevientmoins cher et, de New York à Shan-ghaï, le monde s’arrache nos mariniè-res, symbole de notre savoir-faire.Cette chansonnette, on l’entend de-puis des mois et des mois. Elle nousvrille les oreilles comme une crécelle. Plus que tout autre responsable euro-péen, François Hollande l’entonne avecentrain : « Il y aura un effet favorablepour l’activité avec un euro qui est main-tenant à sa bonne parité », déclarait-ille 12 mars dernier alors qu’il visitaitl’entreprise Poma, leader mondial dutransport par câbles (funiculaires, té-léskis). L’euro venait tout juste de pas-ser en dessous de 1,05 dollar, au plusbas depuis douze ans.Mais est-ce vraiment la panacée ? Lechef de l’État ne serait-il pas victime du vieux tropisme dévaluationniste fran-çais qui prévalait du temps du franc ? Àl’époque, les gouvernements bradaient la monnaie pour restaurer la compétiti-vité des entreprises mise à mal par les inconséquences de leur politique éco-nomique.Or cet univers est révolu. La déprécia-tion de l’euro ne saurait s’assimiler àune dévaluation du franc d’antan qui sefaisait erga omnes, vis-à-vis de tous les autres États. Ce n’est plus le cas. Nous partageons notre monnaie avec dix-huit autres pays qui constituent eux-mêmes la grande majorité de nos mar-chés à l’exportation. Par ailleurs il n’y apas que la devise européenne qui s’affai-blit ; c’est le lot de la plupart des mon-naies, dont le yen japonais et le yuan chinois. Outre que la compétitivité estloin de se résumer aux questions de prix,la baisse de l’euro pourrait bien n’avoir que des effets homéopathiques !

❙ L’EURO N’A BAISSÉ EN FAIT QUE DE 10 %

François Hollande entretient une confusion très répandue en étant obnu-bilé par la relation singulière euro-dol-lar. Certes, le billet vert américain est le centre du système monétaire interna-tional. Il sert à la cotation des matières premières, dont le pétrole, et la majorité des crédits internationaux sont libellésen dollars. Il est normal de s’y référer en permanence, et lorsque l’euro est né, le1er janvier 1999, on n’a retenu qu’unchiffre, 1,17 dollar. Depuis lors, leur pa-rité évolue dans une fourchette particu-lièrement large : l’euro est tombé à0,83 dollar à l’automne 2000, puis il s’est propulsé à près de 1,60 dollar enjuillet 2008.Mais le paysage monétaire mondial nese résume pas à ce tête-à-tête. Pour s’entenir aux deux années 2014-2015, l’euro valait 1,40 dollar en mai 2014, et il est

tombé aujourd’hui aux alentours de 1,10 dollar, soit une chute de 20 %. Or il n’y a pas que notre monnaie qui a recu-lé ; la plupart des devises des pays émergents se sont également dépré-ciées. « L’écart de 20 % observé entre le dollar et l’euro traduit pour moitié une hausse générale du dollar et pour moitié une baisse spécifique de l’euro », souli-gne Sébastien Jean, le directeur du Cepii (Centre d’études prospectives et d’in-formations internationales). La vérita-ble baisse de l’euro n’est en réalité que de 10 %, et c’est le chiffre que retient laBanque centrale européenne dans ses analyses.La BCE surveille en effet comme le laitsur le feu l’évolution de l’euro vis-à-vis des dix-neuf autres devises les plus im-portantes de la planète : ce panier cou-vre la quasi-totalité des échanges inter-nationaux de la zone euro. Les techniciens appellent cela « le taux dechange effectif » (TCE) de l’euro. L’ex-pression est d’une grande laideur, ce qui justifie son ignorance par le grand pu-blic, même si la notion qu’elle désigneest fort simple. Précisons que le TCEs’exprime en termes d’évolution et sous forme d’indice (base 100 en 1999, date de la création de la monnaie européen-ne). Le TCE de l’euro a donc baissé de10 % entre mai 2014 et aujourd’hui (voir graphique) : voilà la véritable tempéra-ture de la monnaie européenne.Or les gains de compétitivité stricto sensu pour la France et ses entreprises sont en réalité eux-mêmes encore bien inférieurs à ce chiffre, de moitié envi-ron, soit 5 %. Et voici pourquoi.

❙ ATTENTION AUX EFFETSD’OPTIQUE

Louis Gallois, qui présida aux destinées d’EADS (Airbus Industries) entre 2006 et 2012, a beaucoup contribué à monter en épingle la parité euro-dollar.« Quand l’euro s’apprécie de 10 centimes vis-à-vis du dollar, Airbus perd 1 mil-liard », proclamait-il régulièrement de-vant les caméras de télévision, tel l’On-cle Picsou criant au voleur. C’estparfaitement exact dans un groupe dont le marché est mondial, dont les prix des produits aéronautiques sont fixés endollars, et dont le concurrent quasi uni-que est l’américain Boeing. Mais un tel cas de figure ne représente pas l’ensem-ble des entreprises européennes et afortiori françaises.De même, il ne faut pas confondre l’en-semble de la zone euro avec ses pays prisindividuellement. Quand la BCE note que le « taux de change effectif » (TCE)de l’euro a baissé de 10 % depuis mai2014, elle considère les exportations de la zone euro prise comme un tout vis-à-vis du reste du monde. Il en va diffé-remment pour les pays respectifs, dont la France. « Une bonne partie de notrecommerce extérieur (55 % de nos expor-tations) se fait à l’intérieur de la zoneeuro, et il faut en tenir compte quand on examine le taux de change effectif de la

France », rappelle Olivier Garnier, le chef économiste de la Société générale. En réalité le TCE de la « maison Fran-ce » ne s’est déprécié non pas de 10 %,mais d’un peu moins de 5 %, car le gain de compétitivité dû à la baisse de l’eurone s’applique qu’aux exportations horsde l’Euroland, soit 45 % de leur total.Un autre effet d’optique tend à exagérer grandement les bienfaits de la déprécia-tion de la monnaie européenne. Ainsi lapublication récente des résultats des en-treprises du premier semestre 2015 a donné lieu à un concert de louanges. « Le CAC 40 peut dire merci à l’euro fai-ble », a-t-on pu lire, alors que d’autres voulaient ériger une stèle à Mario Dra-ghi, le président de la BCE, pour les bons résultats de nos groupes. Or il s’agit pour une grande part d’un pur effet comptable. Les entreprises elles-mêmes le reconnaissent. Deux exemples. Le lu-netier Essilor annonce un bond de sesventes de 20 %, mais de 6,6 % seule-ment « hors effet de change » précise-t-il. Tout comme le groupe pharmaceuti-que Sanofi se réjouit d’une progressionde son chiffre d’affaires de 16,1 %, dont11,2 % dus à la baisse de l’euro. « À taux de change constant, l’augmentation n’est que de 4,9 % », selon Sanofi.Le gonflement des ventes lié aux « effets de change » est dû simplement à ce qu’on les comptabilise dans une mon-naie dépréciée. Comme si on avait dimi-nué le mètre étalon qui les mesure d’une dizaine de centimètres ! L’amélioration est nominale, c’est une illusion moné-taire. Qu’en est-il donc des gains réels de compétitivité ?

❙ RIEN DE NEUF SOUS LE SOLEIL EUROPÉEN

Que Sanofi et Essilor aient amélioréleurs ventes « hors effet de change » de 4,9 % et 6,6 % n’est bien sûr pas si mal, c’est même remarquable. La raison enrevient-elle au dynamisme de leursmarchés, à leurs prouesses propres ou à « la bonne parité de l’euro », comme ditFrançois Hollande, qui assimile la jus-tesse à la faiblesse ? Car il est vraisem-blable que l’euro moins fort a réellementpermis d’accroître nos ventes de mari-nières, indépendamment de l’effet comptable signalé précédemment. Mais de combien au juste ?Dans ses comptes trimestriels, l’Insee indique que les exportations françaisesont progressé en volume de 1,3 % au premier trimestre 2015 et de 1,7 % au deuxième (respectivement 5,2 % et 6,8 % en rythme annualisé). « Une dy-namique semble s’être enclenchée, avec deux bémols. Les trois quarts de l’amélio-

ration viennent du matériel aéronautiqueet nous ne faisons pas mieux que lesautres pays. La part de nos exportations de marchandises dans celles de la zoneeuro s’est juste maintenue à son niveau précédent, de 12,2 % », note Axelle La-can, économiste à COE-Rexecode,l’institut de conjoncture qui a mis enplace un observatoire de la compétitivi-té. Comparé à l’Allemagne, en particu-lier, le volume des exportations françai-ses continue de s’effriter ; elles nereprésentent plus que 38 % du total desexportations allemandes, contre 55 %en 1999, lors du lancement de l’euro.Comparaison est toujours raison dans la vie économique où la concurrence est reine. Or cette comparaison demeurelargement en notre défaveur vis-à-vis de nos voisins quand on examine lescoûts de production. Là aussi, la BCE a établi un indicateur de compétitivité,tenant compte à la fois du taux de chan-ge et des coûts salariaux (harmonisedcompetitiveness indicators based on unit labour costs) pour ses dix-neuf États membres.Curieusement, cet indicateur marqueune amélioration pour l’ensemble de la zone euro elle-même depuis la création de l’euro, en 1999. Il ne faut pas s’en étonner. D’une part, l’euro est aujour-d’hui à un niveau inférieur à ce qu’ilétait au départ, tant vis-à-vis du dollar qu’en « taux de change effectif », etd’autre part les salaires ont bien moinsaugmenté en Europe que dans les pays émergents. En revanche au sein de l’union monétaire, on observe d’énor-mes disparités, notamment entre l’Alle-magne et la France, où les coûts ont re-culé pratiquement cinq fois moins vite (tableau 1).Rien de nouveau sous le soleil euro-péen : la chute de l’euro n’a en rien mo-difié les rapports de force en Europe.

❙ FACILITÉS EXTERNES, EFFORTS INTERNES

Coup de chance majeur, l’effondrement du pétrole, et d’autres matières premiè-res, compense largement les contre-ef-fets indésirables d’une dépréciation monétaire qui normalement renchérit le coût des importations. Selon les cal-culs d’Axelle Lacan, « la facture annuelledes importations de produits pétroliers est allégée de 16 milliards d’euros ; celareprésente près de 8 milliards de marges supplémentaires pour les entreprises sur l’année 2015 et 0,5 % d’inflation en moinspour les ménages ». Autrement dit, ungain de pouvoir d’achat de 8 milliardspour les Français.Pourtant, que ce soit l’euro ou le pétro-le, ces coups de pouce venus d’ailleurs ne nous donnent aucun avantage vis-à-vis des autres Européens, nos princi-paux concurrents. Or, la compétitivité est une notion essentiellement relative : si nous étions seuls au monde, on n’en parlerait pas !Pour creuser la différence à son avanta-ge, chaque territoire national n’ad’autre solution que de compter sur sespropres efforts. Or deux clignotants,entre autres, se sont allumés récem-ment à notre détriment. À nos portes, l’Espagne a produit moitié plus de véhi-cules automobiles que nous au premier semestre 2015. Et en Extrême-Orient, la Corée (du Sud) vient de nous ravir notre cinquième place dans le classement despays exportateurs, selon les statistiquesde l’OMC qui sont libellées en dollars bien sûr. Les dépréciations monétairesexercent décidément des effets dopants à double tranchant ! ■

La baisse de l’euro rend-elle la France plus compétitive ?

L’euro s’est certes déprécié depuis un an et demi, mais bien moins qu’on le dit généralement. Et les entreprises françaises n’ont en rien amélioré leurs positions vis-à-vis de leurs principaux concurrents, qui sont européens et ont la même monnaie. L’Allemagne a maintenu tout son avantage compétitif. Ne soyons pas dupes des illusions monétaires.

CHRONIQUEJean-Pierre [email protected]

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mardi 8 septembre 2015 LE FIGAROA

14 CHAMPS LIBRESDÉBATS

France : la croissance sans doute encore faible en 2016, et le chômage stable

Combattre vraiment Daech

Voilà plus d’un an que Daecha proclamé le califat ;voilà plus d’un an qu’unecoalition internationale,sous la houlette des États-Unis, bombarde la région.

Avec quel succès ? Pour l’instant, la paix s’éloigne un peu plus chaque jour. Viols, esclavage, mutilation, destructions de monuments sans prix, déplacements de populations, brimades, mises en scène de tortures : on pourra dire que l’État islamique se sera donné du mal pour être à la hauteur de son rôle de « monstre absolu », renvoyant au deuxième rang les Chebab, les GIA, les talibans et al-Qaida. Daech donc occupe aujourd’hui un vaste territoire, à cheval sur au moins deux pays, l’Irak et la Syrie, et le monde assiste,presque impuissant, à ses exactions et à l’extension de son domaine de nuisance. Aussi la question se pose aujourd’hui, plus que jamais : qu’attendons-nous pour agir vraiment ? Attendons-nous que ces pays se soient définitivement vidés de leurs populations chrétienne, yazidie, ismaélienne, alévie, alaouite et même

chiite ? Attendons-nous que nedemeure plus quele sunnisme à frontde taureau, soussa forme la plusbornée, avec sesfemmes sous tenteportative, ses

interdits odieux et sans limite, sa haine du reste du monde ? Attendons-nous que l’Irak et la Syrie tombent entièrement entre leurs mains, au prétexte qu’il ne faudrait pas traiter avec le tyran Assad, ni avec les méchants iraniens, ni avec le Hezbollah, ni même avec Poutine ? Préférons-nous fermer les yeux sur les sempiternelles attaques turques contre les Kurdes ? Ou sur les bombardements inhumains du Yémen par nos alliés saoudiens et consort ? Personne ne fait la guerre de gaieté de cœur, sauf les imbéciles. Sauf peut-être ceux qui décident un beau jour de faire tomber un dictateur sans prendre garde aux suites mortelles, pour l’Europe elle-même, de leur miniguerre sans risque. Mais aujourd’hui, il s’agit de prendre des risques, et certainement pas inutiles, car il en va peut-être de notre survie, mais certainement de celle d’antiques civilisations et communautés du Proche-Orient.

La France a déjà envoyé ses hommes,seuls, au Mali et en Centrafrique. Ils y sont toujours et sont sans doute les derniers gardiens de la dernière porte avant le chaos en Afrique de l’Ouest. Mais ce qui se joue entre la Méditerranée et l’Euphrate est, comme mille fois auparavant dans l’histoire des hommes, déterminant pour la physionomie du monde dans les décennies qui viennent. L’État islamique est un problème géopolitique, un cancer qui se répand en Libye, en Somalie, au

Sinaï, qui passe des accords avec Boko Haram ou les talibans. Mais c’est plus généralement un monstre dont la barbarie est sans limite. Une sorte, disons-le, de totalitarisme vert, qui ne le cède en rien aux deux totalitarismes du XXe siècle. Né de l’islam, il est conduit maintenant par une idéologie autonome qui fait redouter le pire. Comme l’a

remarqué Renaud Girard dans les pages du Figaro, on ne peut prendre le risque de répéter notre faiblesse des années 1930 face à la montée du nazisme. C’est maintenant qu’il faut agir, avant qu’il ne soit trop tard. En ce sens, il faut que la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité obtienne une résolution de l’ONU autorisant une intervention au sol afin de mettre un terme à ces crimes contre l’humanité. La France doit prendre l’initiative de réunir une conférence internationale dont l’objet sera la constitution d’une vraie coalition, non plus seulement aérienne mais appuyée sur une force d’intervention. Il faut réunir les nations

alliées : celles qui sont prêtes à intervenir militairement, celles qui apporteront leur soutien, et celles qui participeront au financement. L’objectif premier étant de permettre à ces pays, Irak et Syrie d’abord, de recouvrer leur souveraineté et d’empêcher la poursuite de ces crimes, qui dépassent le seul cadre de la guerre et s’apparentent de plus en plus

à des crimes contrel’humanité.

Cette conférenceinternationale devraaussi déterminer le typed’accompagnementqu’il faudra prodiguerà ces pays par la suitepour empêcher qu’ilsne retombent dans

l’anarchie et la misère.L’Europe, fidèle à son histoire,

s’honorerait de prendre la responsabilité de ces opérations de reconstruction et d’accompagnement.

Le temps n’est plus aux lamentations devant les horreurs perpétrées par Daech.

Le temps est à l’action déterminée pourgarantir la dignité des personnes, le droit des minorités et le respect des croyances dans cette région du monde où notre civilisation a ses racines.*Président de l’Avant-Garde.

DES

SINS

DO

BRIT

Z

à sept ans au moins, comme de 1993 à 2000 et de 2002 à 2008. Le monde devrait donc connaître une croissance soutenue de 2010 à 2017 au moins. Mais cette expansion durable ne s’observe pas. Plusieurs causes l’expliquent : le blocage de la croissance dans les pays émergents, avec l’insuffisance de l’emploi qualifié, de la production d’électricité, des infrastructures de transport ; la perte de compétitivité et la déflation avec l’excès de capacité de production en Chine ; les difficultés des pays exportateurs de matières premières ; la croissance modeste des pays de l’OCDE avec le désendettement des États et du secteur privé ; la forte

aversion pour le risque des entreprises, qui hésitent à investir. Si on calcule la croissance mondiale, non avec la croissance officielle de la Chine (7 %), mais avec la « vraie » croissance de la Chine (autour de 3 %),on voit qu’elle est de 2 % environ, ce qui est extrêmement faible par rapport à la croissance normale de long terme (3,5 %) et avec la croissance des années 2000 (5 %).

Il ne faut donc pas compter sur l’économie mondiale, qui est en quasi-récession, pour tirer la croissance de la zone euro ou de la France ; le commerce mondial n’a d’ailleurs augmenté en volume que de 1 % en un an au deuxième trimestre 2015, ce qui est incroyablement faible.

Regardons maintenant, dans cet environnement peu porteur, la croissance de la France. Malgré la croissance nulle du deuxième

Hier, lors de saconférence de presse,François Hollande aassuré que la croissancede l’économie françaiseatteindrait « sûrement

un peu plus de 1 % » en 2015 et « 1,5 % en 2016 ». Il s’alignait ainsi sur le consensus des prévisionnistes tablant sur une reprise de l’économie européenne, et en particulier l’économie française, après les crises de 2008-2009 (crise des subprimes) et de 2011-2012 (crise de la zone euro), et donc que la croissance sera plus forte en 2016 et 2017 qu’en 2015.

Ce consensus est-il suffisant pour permettre au président de la République d’annoncer l’apparition de marges de manœuvre budgétaires et d’une réduction des impôts des ménages en 2016 ainsi que le retournement à la baisse du chômage ? Faut-il adhérer à ce consensus sur une accélération de la croissance rendant possible la baisse des impôts et du chômage ?

En réalité, ce scénario est très improbable, pour trois raisons. Le monde n’est pas du tout en situation de reprise économique, au contraire ; la croissance de la France est soutenue par des facteurs dont les effets vont disparaître progressivement ; enfin, même si la croissance revenait en France, l’effet sur l’emploi serait faible et très décalé dans le temps.

Beaucoup d’analystes pensent que l’économie mondiale est encore

en situationde reprise. Leurargumentationest simpliste. Poureux, après unerécession, il y anécessairementune longue périoded’expansion, de six

trimestre, elle va probablement atteindre 1,2 % en 2015. Peut-elle accélérer en 2016, dégageant ainsi des marges de manœuvre budgétaires et favorisant les créations d’emplois ? La croissance de la France est entièrement due à deux chocs favorables : la dégradation de l’euro et la baisse du prix du pétrole. Malgré la faiblesse du commerce mondial, la dépréciation de l’euro permet aux exportations de la France de progresser, ce qui a soutenu la croissance, sur un an, de 0,7 point. La baisse du prix du pétrole réduit la facture énergétique de la France de 1,5 point de PIB, d’où, sur un an, une progression supplémentaire de

l’activité d’aumoins 0,5 point.Au total, ces deuxchocs (euro etpétrole)soutiennent lacroissance de la

France de 1,2 point, et comme elle est de 1,2 %, il n’y aurait aucune croissance si le prix du pétrole n’avait pas baissé et si l’euro ne s’était pas déprécié : il n’y a aucune dynamique domestique de croissance en France.

Pourtant, en plus du recul du prix du pétrole et de la déprécation de l’euro, l’économie française profite de ce que la situation des entreprises françaises s’est réellement améliorée : les marges bénéficiaires se sont fortement redressées, en particulier dans l’industrie, avec la baisse du coût de l’énergie, la possibilité d’augmenterles prix de vente, avec l’euro plus faible, et aussi les baisses d’impôts, avec le CICE dans le cadre du pacte de responsabilité. Les entreprises françaises montrent cependant un pessimisme considérable dans toutes les enquêtes, ce qui est très différent de ce qu’on observe dans le reste

de l’Europe, et explique la stagnation de l’investissement et de l’emploi. Jouent probablement pour générer ce pessimisme la forte incertitude sur l’économie mondiale et le risque d’instabilité des règles du cadre fiscal en France : les entreprises doutent de la pérennité des bonnes réformes, comme les baisses d’impôts du CICE.

Avec ce pessimisme, ce manque de confiance, difficile à corriger, des entreprises et la disparition progressive des effets positifs de la dépréciation de l’euro et de la baisse du prix du pétrole, les gains induits de parts de marché et de revenu réel ne se répéteront pas ; avec aussi la faiblesse vue plus haut de l’économie mondiale, il est très difficile de croire que la croissance de 2016 en France sera supérieure à celle de 2015. La logique n’est pas une logique d’accélération de la croissance, ni donc de réduction du déficit public.

Supposons même que des événements favorables apparaissent (redressement de la confiance des entreprises, poursuite de la baisse du prix du pétrole) et que la croissance accélère en 2016. Y aurait-il pour autant baisse du chômage ? La France a un déficit de productivité du travail de l’ordre de 3 %. L’emploi n’ayant pas pu être complètement ajusté à la baisse pendant les crises de 2008-2009 et 2011-2012, les entreprises françaises pourraient augmenter leur production de 3 % sans embaucher – en allongeant la durée du travail et en s’organisant plus efficacement. Une reprise de la croissance n’entraînerait donc qu’avec beaucoup de retard une reprise de l’emploi.* Chef économiste de la banque Natixis.

« La croissance de la France est entièrement due à deux chocs

favorables : la dégradation de l’euro et la baisse du prix du pétrole»

CHARLES MILLONL’ancien ministre de la Défense* invite la France à obtenir une résolution de l’ONU autorisant une intervention au sol afin de mettre un terme à la barbarie islamiste.

PATRICK ARTUSAucun élément tangible ne vient étayer l’hypothèse d’une reprise en 2016, et moins encore celle d’une baisse du chômage, explique l’économiste*.

« Attendons-nous que ne demeure plus que le sunnisme à front de

taureau, sous sa forme la plus bornée,avec ses femmes sous tente portative, ses interdits odieux et sans limite, sa haine du reste du monde ?»

» Lire aussi PAGES 5 ET 6+« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge �atteur » Beaumarchais

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LE FIGARO mardi 8 septembre 2015

A

CHAMPS LIBRES 15OPINIONS

Dassault Médias14, boulevard Haussmann 75009 ParisPrésident-directeur général Serge DassaultAdministrateurs Nicole Dassault, Olivier Dassault, Thierry Dassault, Jean-Pierre Bechter, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Bernard Monassier,Rudi Roussillon

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS14, boulevard Haussmann 75009 Paris

Président Serge Dassault

Directeur général, directeur de la publicationMarc Feuillée

Directeur des rédactionsAlexis BrézetDirecteur délégué des rédactionsPaul-Henri du LimbertDirecteurs adjoints de la rédactionGaëtan de Capèle (Économie), Laurence de Charette (directeurde la rédaction du Figaro.fr),Anne-Sophie von Claer(Style, Art de vivre, So Figaro), Philippe Gélie (International),

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Président-directeur généralAurore DomontDirection, administration, rédaction 14, boulevard Haussmann75438 Paris Cedex 09Tél. : 01 57 08 50 00 [email protected]

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“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Ce journal se compose de :Édition nationale : 1er cahier 16 pagesCahier 2 Économie8 pagesCahier 3 Le Figaro et vous 14 pagesPromo portage Explorimmo : diffusion sur une partie du territoire national

ANALYSELaure [email protected] à Washington Migrants : l’Amérique

entre critique et introspection

C’est partagéeentre la compassion,l’anxiété, la tentationde la critiqueet l’embarras quel’Amérique observe

le stupéfiant sauve-qui-peut des migrants syriens qui gagnent l’Europe par dizaines de milliers. Fidèles à une tradition de journalisme de terrain très vivante, retournés, comme nous tous, par l’image terrible du corps inerte du petit Aylan Kurdi, sur une plage de Turquie, ses reporters se sont déployés massivement, couvrant les colonnesde réfugiés qui traversent les frontières de l’Europe pour gagner « l’eldorado allemand ». Mais au-delà de ce nécessaire travail, émerge un début d’introspection sur les gigantesques questions existentielles, moraleset politiques que ce flot de migrantsva poser à l’Europe et à l’Amérique.

La réaction américaine est en réalitémarquée par une tension palpableentre la tentation facile de critiquerune Europe qui « n’en ferait pas assez » et la reconnaissance embarrasséeque ce qui se passe est aussi la responsabilité de l’Amérique.

Cette tension est illustrée ce samedisur une page du New York Times, où se juxtaposent deux articles. Le premier par le journaliste Rick Lyman dénonce le traitement musclé des migrants par les Tchèques et les Hongrois et affirme hâtivement qu’il évoque le traitement des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en reconnaissanttout de même qu’il ne s’agit pasde « génocide » ! Ces images « révèlent peut-être une vérité plus profonde sur l’Europe… Tout en vantant les vertus des

droits de l’homme et de l’humanisme,elle reste, dans de nombreux endroits, résistante à l’immigrationet la diversité », assène Lyman.

Juste en dessous, dans un articlesur « la réponse américaine » à la crise, David Herszenhorn évoque la réponse timide des Américains face au défi des réfugiés. Les États-Unis n’ont accueilli que 1 500 migrants syriens en quatre ans de guerre, invoquant des procédures de vérification très longues et des « motifs de sécurité nationale ». Une goutte d’eau, au regarddes 4 millions de Syriens en demande d’abri. Quatorze sénateurs américains

ont écrit au président Obama,pour demander d’accueillir au moins 65 000 réfugiés, initiative accueillie sans enthousiasme à la Maison-Blanche, dont le porte-parolenote que la crise des migrants« est surtout européenne ». Obama n’exclurait toutefois pas un geste,à l’occasion de la visite du Pape.

L’opinion américaine est en réalité partagée, comme l’Europe, entre compassion et peur d’accueillir surson sol des populations musulmanes susceptibles de se radicaliser. Les appels du candidat Donald Trump,très populaire, à renvoyerles 11 millions d’immigrés illégaux présents en Amérique, montrent que les débats acharnés sur l’immigration et la diversité qui traversent l’Europe existent en Amérique. Le Washington

Post a d’ailleurs comparé le nationaliste anti-immigrés Viktor Orban à Donald Trump. Des voix anti-immigrationse sont élevées pour traiter les14 sénateurs voulant faire un geste pour les Syriens de « Caucus du djihad ».

Certains observateurs américains commencent à comprendre quela tragédie des migrants qui affluenten Europe n’a aucune réponse facile. C’est le cas de Ross Douthat dans son article « Qui a perdu Aylan Kurdi ».Il y rappelle entre autres véritésla part de responsabilité de l’Amérique, vu le désastre de la guerre d’Iraket son impact en Syrie. Il en déduit

qu’elle devraitprendre sa partdu fardeau. Il noteaussi queles interventionnistesnéoconservateurs

devraient se garder d’en déduirequ’il aurait fallu intervenir en Syrie,vu le désastre dans lequel se débatla Libye, où l’Occident a mené une opération au nom d’un « universalisme humanitaire ». Surtout, avec lucidité, Douthat note que la générosité de l’Allemagne pourrait à terme se révéler dangereuse, si elle crée un appel d’air qui suscite de nouvelles migrations massives. « La prudence doit tempérer l’idéalisme, écrit-il. Il y a sans doute une obligation morale à accepter des réfugiés dans des pays prospères. Mais il ne peut y avoir d’obligation morale à accepter des réfugiés à un rythme qu’une société ne pourrait supporter. » Sinon, avertit l’éditorialiste, « on a un jour donnéun consensus pro-immigration. Et le lendemain un parti aux racines fascistes en tête des sondages en Suède ».

« Les États-Unis n’ont accueillique 1 500 migrants syriensen quatre ans de guerre»

Depuis qu’il a été, par sadéfaite dans la SecondeGuerre mondiale, purgé dumilitarisme et du national-socialisme, le peupleallemand s’est lancé dans

un nombre important de grands défis collectifs. Il les a tous relevés avec brio.

Il y a d’abord eu le plus dur, qui futla reconstruction, achevée en moinsde dix ans. Il faut se souvenir dans quel état était l’Allemagne en 1945 pour apprécier l’exploit collectif du peuple allemand. C’était un pays totalement ruiné, moralement, matériellement, économiquement. Dans l’adversité,les Allemands surent se serrer les coudes et travailler comme aucun autre peuple, pour réparer les ravages qu’ils s’étaient

infligés à eux-mêmes en portant Hitler démocratiquement au pouvoir.

Deuxième défi brillamment relevé,les Allemands ont réussi, dans le cadrede la RFA de Konrad Adenauer, à édifier des institutions stables et une économie prospère. Leurs règles constitutionnelles sont fondées sur le fédéralismeet sur un parlementarisme responsable. En inventant l’économie socialede marché, ils ont permis à leur génie industriel de s’épanouir. En Allemagne, l’État fédéral, les Länder, le patronatet les syndicats ouvriers regardent dans la même direction. C’est ainsi qu’ils ont bâti la première industrie exportatricede produits de qualité au monde.

En politique étrangère, les Allemandsse sont lancés à corps perdu dans le défi

de la construction européenne. Ils ont su le relever à leur avantage. L’institution européenne qui marche le mieux aujourd’hui, la Banque centrale européenne, se trouve chez eux. À Bruxelles, lors des nominationsaux deux postes les plus importants,ceux de président du Conseil européenet de président de la Commission,les Allemands ont réussi à placerdeux hommes à eux, à savoir le Polonais Tusk et le Luxembourgeois Juncker.La politique russe de l’UE est désormais celle que les Allemands ont dessinée.

Avec Willy Brandt, les Allemandsse sont lancés, dès 1970, dans le défi d’une expansion vers l’est. Une expansion qui n’avait plus rien à voir avec la recherche brutale de jadisd’un « espace vital ». La génuflexiondu grand chancelier social-démocrate devant le monument dédié aux hérosde l’insurrection du ghetto de Varsoviele signifiait parfaitement : il s’agissait d’établir au centre et à l’est de l’Europe, par le libre consensus de chacun,une communauté de destin, culturelle, financière, industrielle. L’Europe allemande existe aujourd’hui bel et bien.

Les conséquences de mai 1968 ont étéviolentes chez les Allemands. Après les « années de plomb » de la Fraction armée rouge, les Allemands se sont donné le défi d’une société plus harmonieuse, moins clivée politiquement. Aujourd’hui, les socialistes, les verts et les conservateurs collaborent souvent entre eux, au seinde plus ou moins « grandes coalitions ». L’extrême gauche n’existe pratiquement plus en Allemagne. Quant à l’extrême droite, ses scores électoraux sont très inférieurs à ce qu’ils sont dans les autres grandes démocraties européennes.

Le défi récent qui a été le plus remarquablement relevé est bien sûr

celui de l’intégration de feu la RDAau sein d’une Allemagne unie,après l’effondrement du mur de Berlinen novembre 1989.

En rejetant avec Angela Merkel,il y a cinq ans, l’énergie nucléaireet en proclamant leur foi dans les énergies renouvelables, les Allemandsse sont lancé un nouveau formidable défi collectif. Il est trop tôt pour savoir s’ils l’ont relevé avec succès, et s’ils n’ont pas troqué un hypothétique risque nucléaire pour une réelle pollution au charbon.

En acceptant d’accueillir800 000 migrants moyen-orientaux chez elle, la chancelière vient de lancer un extraordinaire nouveau défià son peuple, devenu soudain le plus compassionnel et généreux du monde. Tous les hommes de bonne volonté souhaitent que les Allemands réussissent à nouveau. Espérons seulementque Merkel n’ait pas grandementsous-estimé les difficultés pratiques d’exécution de sa spectaculaire bonne action. Qui triera les réfugiésaux frontières de l’Allemagne ? Quelles seront les conséquences d’un tel appel d’air adressé à tous les miséreux du monde ? Mettant en danger l’espace Schengen et encourageant le Brexit,un tel geste ne risque-t-il pas de faire reculer la construction européenne ? Sur le plan intérieur, l’Allemagne réussira-t-elle mieux l’intégration sociale et culturelle de ces musulmans syriens et afghans des années 2015que celle des musulmans turcs venus dans les années 1960 ? Face à l’islam, Merkel n’est-elle pas naïve ? En lançant ce nouveau défi, la chancelière a prisun énorme risque. Car, si elle échoue,ce sont les réussites allemandessur son Europe et sur son harmonie interne qu’elle aura compromises.

Le nouveau défi collectif allemand

ENTRE GUILLEMETSFrançois Hollande entend maintenir le cap. F. BOUCHON/LE FIGARO

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