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Bulletin mensuel d’information sur le Caucase du nord [email protected] Mai 2011 N°39 25/04 – Procès Tikhonov / Khassis. Pour le procureur, la culpabilité des deux suspects de l'assassinat de S. Markelo et A. Babourova en janvier 2009 a été démontrée. Plusieurs témoins ont reconnu en Tikhonov l'homme qui a tiré sur les deux victimes. Dans une vidéo, le leader de « Rousskii obraz » (le modèle russe), Goriatchev, ra- conte comment les deux suspects lui ont avoué leur participation au crime. (kasparov.ru) La perpétuité pour le meurtrier de S. Markelov et A. Babourova! Moscou. L'ultranationaliste Nikita Tikhonov a été condamné hier, 6/05, à la réclusion crimi- nelle à perpétuité. Sa compagne et complice Evguenia Khassis, elle, en a pris pour 18 ans. N atalia Estemirova, Anna Politkovs- kaïa, Magomed Evloïev, Telman Alichaev, Yakhya Magomedov... la liste des journalistes assassinés dont la plupart documentaient les atrocités et les abus des droits humains dans le Caucase du Nord s’al- longe à un rythme effarant chaque année. À cette liste s’ajoutent de nombreux humanitaires qui ont été tués ou portés disparus, notamment Zarema Sadoulaeva et Alik Djabraïlov en juillet 2009 et également des opposants au régime tchétchène comme Oumar Israilov. Le documentaire d’enquête « Qui a tué Natalia Estemirova? » réalisé par Mylène Sau- loy représente une importante contribu- tion pour tous ceux d’entre nous qui s’intéres- sent à la situation dans le Caucase du Nord. Ce documentaire cherche à nous rappeler qui était Natalia Estemirova, son rôle central dans la documentation des abus des droits humains en Tchétchénie, mais également de faire la lu- mière sur son assassinat ainsi que sur le rôle joué par l’administration tchétchène. Son do- cumentaire s’avère cependant beaucoup plus qu’une simple biographie de Natalia Estemiro- va et que le récit de son meurtre crapuleux en juillet 2009. Il s’agit en fait d’un minutieux travail d’enquête qui cherche à faire la lumière sur ce meurtre. Le documentaire de Mylène Sauloy nous fait revivre les minutes d’horreur qui ont suivi l’enlèvement d’Estemirova, l’an- goisse de ses collègues et sa mort subséquente. L’enquête nous amène par la suite à Moscou, St-Pétersbourg, Londres et finalement en Tchétchénie pour suivre la piste des meurtriers qui se termine à Kourtchaloï. Le documentaire nous permet également de prendre conscience du rôle central joué par Estemirova et l’ONG Memorial en Tchétchénie et comment ces meurtres, incluant celui de Politkovskaya et d’Israilov, sont tous liés aux enjeux économi- ques et à la lutte de pouvoir en Tchétchénie. En effet, malgré l’importante baisse du nombre d’actes de violence en Tchétchénie depuis 2009, l’omniprésence de la milice de Ramzan Kadyrov et des forces armées camou- fle très mal la situation d’instabilité dans la république. Ce documentaire démontre de fa- çon exceptionnelle le rôle d’intimidation des forces de sécurité à l’endroit de la population et des journalistes. Le travail de Mylène Sauloy permet également de mettre l’emphase sur les conditions et les contraintes auxquelles les journalistes sont soumis dans le Caucase du Nord. « Qui a tué Natalia Estemirova? »: un documentaire d’enquête qui se doit réson- ner comme un coup de semonce auprès des gouvernements occidentaux. De passage à New York au mois d’avril, j’ai assisté à la pré- sentation du nouveau documentaire de Mylène Sauloy por- tant sur le meurtre de Natalia Estemirova intitulé « Qui a tué Natalia Estemirova ». Je vous propose donc mes ré- flexions sur cet excellent documentaire, mais également la situation des journalistes, des opposants politiques et des travailleurs humanitaires dans le Caucase du Nord et par le fait même en Russie. Jean-François Ratelle, candidat au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa, Canada « Qui a tué Natacha? » Le film documentaire de Mylène Sau- loy, qui a reçu le prix contre la torture au Festival international de Genève, était présenté le 13 avril dernier à New York. D'après la réalisatrice française, « Les enquêteurs savent... » Tous les indices, selon elle, mènent au commandant des services secrets de Kourtchaloï, lequel est connu même s'il n'est pas nommé dans le film. L'équipe du tournage n'a pu le rencontrer. Pour Mylène Sauloy, « Les enquêteurs officiels de Rostov savent que le film sait. Ils savent tout, mais Moscou leur interdit de le rendre public. » D'après Doka Itslaev, de « Memorial », aucune enquête sur des faits compara- bles n'aboutit actuellement, en Tchét- chénie. « L'impunité y reste à un niveau toujours aussi haut. », dénonce-t-il. Après une période où les défenseurs des droits réclamaient une « tchétchénisation » de la gestion de ces affaires opaques, force aujourd'hui est de reconnaître que cela n'a rien amélio- ré: les défenseurs eux-mêmes sont de- venus une cible... Suite page 3

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Bulletin mensuel d’information sur le Caucase du nord [email protected]

Mai 2011

N°39

25/04 – Procès Tikhonov / Khassis. Pour le procureur, la culpabilité des deux suspects de l'assassinat de S. Markelo et A. Babourova en janvier 2009 a été démontrée. Plusieurs témoins ont reconnu en Tikhonov l'homme qui a tiré sur les deux victimes. Dans une vidéo, le leader de « Rousskii obraz » (le modèle russe), Goriatchev, ra-conte comment les deux suspects lui ont avoué leur participation au crime. (kasparov.ru)

La perpétuité pour le meurtrier de S.

Markelov et A. Babourova! Moscou. L'ultranationaliste Nikita Tikhonov a été condamné hier, 6/05, à la réclusion crimi-nelle à perpétuité. Sa compagne et complice Evguenia Khassis, elle, en a pris pour 18 ans.

N atalia Estemirova, Anna Politkovs-kaïa, Magomed Evloïev, Telman Alichaev, Yakhya Magomedov... la

liste des journalistes assassinés dont la plupart documentaient les atrocités et les abus des droits humains dans le Caucase du Nord s’al-longe à un rythme effarant chaque année. À cette liste s’ajoutent de nombreux humanitaires qui ont été tués ou portés disparus, notamment Zarema Sadoulaeva et Alik Djabraïlov en juillet 2009 et également des opposants au régime tchétchène comme Oumar Israilov .

Le documentaire d’enquête « Qui a tué Natalia Estemirova? » réalisé par Mylène Sau-loy représente une importante contribu-tion pour tous ceux d’entre nous qui s’intéres-sent à la situation dans le Caucase du Nord. Ce documentaire cherche à nous rappeler qui était Natalia Estemirova, son rôle central dans la documentation des abus des droits humains en Tchétchénie, mais également de faire la lu-mière sur son assassinat ainsi que sur le rôle joué par l’administration tchétchène. Son do-cumentaire s’avère cependant beaucoup plus qu’une simple biographie de Natalia Estemiro-va et que le récit de son meurtre crapuleux en juillet 2009. Il s’agit en fait d’un minutieux travail d’enquête qui cherche à faire la lumière sur ce meurtre. Le documentaire de Mylène Sauloy nous fait revivre les minutes d’horreur qui ont suivi l’enlèvement d’Estemirova, l’an-

goisse de ses collègues et sa mort subséquente. L’enquête nous amène par la suite à Moscou, St-Pétersbourg, Londres et finalement en Tchétchénie pour suivre la piste des meurtriers qui se termine à Kourtchaloï. Le documentaire nous permet également de prendre conscience du rôle central joué par Estemirova et l’ONG Memorial en Tchétchénie et comment ces meurtres, incluant celui de Politkovskaya et d’Israilov, sont tous liés aux enjeux économi-ques et à la lutte de pouvoir en Tchétchénie.

En effet, malgré l’importante baisse du nombre d’actes de violence en Tchétchénie depuis 2009, l’omniprésence de la milice de Ramzan Kadyrov et des forces armées camou-fle très mal la situation d’instabilité dans la république. Ce documentaire démontre de fa-çon exceptionnelle le rôle d’intimidation des forces de sécurité à l’endroit de la population et des journalistes. Le travail de Mylène Sauloy permet également de mettre l’emphase sur les conditions et les contraintes auxquelles les journalistes sont soumis dans le Caucase du Nord.

« Qui a tué Natalia Estemirova? »: un documentaire d’enquête qui se doit réson-ner comme un coup de semonce auprès des gouvernements occidentaux.

De passage à New York au mois d’avril, j’ai assisté à la pré-sentation du nouveau documentaire de Mylène Sauloy por-tant sur le meurtre de Natalia Estemirova intitulé « Qui a tué Natalia Estemirova ». Je vous propose donc mes ré-flexions sur cet excellent documentaire, mais également la

situation des journalistes, des opposants politiques et des travailleurs humanitaires dans le Caucase du Nord et par le fait même en Russie.

Jean-François Ratelle, candidat au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa, Canada

« Qui a tué Natacha? » Le film documentaire de Mylène Sau-

loy, qui a reçu le prix contre la torture au Festival international de Genève, était présenté le 13 avril dernier à New York. D'après la réalisatrice française, « Les enquêteurs savent... » Tous les indices, selon elle, mènent au commandant des services secrets de Kourtchaloï, lequel est connu même s'il n'est pas nommé dans le film. L'équipe du tournage n'a pu le rencontrer. Pour Mylène Sauloy, « Les enquêteurs officiels de Rostov savent que le film sait. Ils savent tout, mais Moscou leur interdit de le rendre public. »

D'après Doka Itslaev, de « Memorial », aucune enquête sur des faits compara-bles n'aboutit actuellement, en Tchét-chénie. « L'impunité y reste à un niveau toujours aussi haut. », dénonce-t-il. Après une période où les défenseurs d e s d r o i t s r é c l ama i e n t u n e « tchétchénisation » de la gestion de ces affaires opaques, force aujourd'hui est de reconnaître que cela n'a rien amélio-ré: les défenseurs eux-mêmes sont de-venus une cible...

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Islam

I slam Oumarpachaev est un jeune Tchétchène

qui, à 20 ans, a été condamné pour avoir « participé aux formations armées hors-la-loi ». Déte-nu un an dans une colonie pénitentiaire alors qu'il n'avait participé à rien mais avait dû avouer sous la torture. Puis arrêté de nouveau en dé-cembre 2009 selon le schéma habituel: irruption chez lui d'hommes masqués qui l'ont emmené vers une destination incon-nue. C'est-à-dire une base d'OMON en Tchétchénie. Islam a eu de la chance. On ne l'a pas abattu d'entrée. Après l'avoir frappé pen-dant plusieurs jours de suite, les mili-ciens ont compris qu'il n'était pas lié avec la rébellion. Ils ont alors essayé de le convaincre de collaborer, mais il a refu-sé. Ils l'ont alors « gardé au chaud » pour « faire du chiffre ». C'est-à-dire que le détenu reste enfermé le temps que lui poussent barbe et cheveux, puis on transfère son cadavre sur le lieu d'une opération armée et on le fait passer pour un « frère de la forêt » abattu par les for-ces de l'ordre. Mais ses proches ont fait du scandale, non seulement auprès des autorités loca-les, mais directement devant le Tribunal européen. Lequel a aussitôt relancé Mos-cou sur la question de l'enlèvement d'Islam. Du coup, le plan prévu a été an-nulé et Islam a été relâché après quatre mois de cachot. Ils lui ont proposé de

retirer sa plainte, de nier avoir été déte-nu par les OMON tchétchènes, mais il a refusé. Sans doute aurait-il accepté s'il n'y avait eu l'attentat dans le métro de Mos-cou: de peur d'être suspecté il a choisi de s'adresser au groupe mobile. D'entrée de jeu il fut décidé de le mettre en sécurité: Islam et sa mère furent expé-diés à Nijnii Novgorod, en vacances. Ensuite, le Groupe réactiva la plainte pour enlèvement. Il s'agissait de pouvoir mener légalement une enquête sur les lieux de sa détention: la base des OMON tchétchènes.

Retour vers l'enfer L'affaire Oumarpachaev ébranla rapi-dement toute la verticale de l'institution policière en Tchétchénie, d'autant que par les canaux internationaux furent in-terpellées les autorités fédérales russes au plus haut niveau: le procureur Tchaï-ka, le directeur de la police Bastyrkine, et le président Medvedev lui-même! Sous la pression du commissaire aux

droits de l'homme du Conseil de l'Eu-rope Tomas Hammarberg, les autorités russes finirent par céder et donnèrent le feu vert au juge Igor Sobol – celui chargé

précédemment de l'en-quête sur l'assassinat de Ntalia Estemirova - . Arri-vé en Tchétchénie, celui-ci annonça sa visite au commandant de la base. Lequel commença par réagir (devant témoins, dont le ministre de l'inté-rieur tchétchène ) en me-naçant d'ouvrir le feu sur

quiconque s'approchait des lieux... Mais, le jour dit, rien de tout cela: à la base OMON, c'était « journée porte ou-verte sans les maîtres ». Islam indiqua avec précision l'endroit où il fut détenu, torturé, la cage aux ours et aux loups dont on menaçait les récalcitrants. Il re-connut également dans le sous-fifre venu les accueillir (le seul) un de ceux qui l'avaient torturé. Islam, un cas unique, mais représen-tant de milliers d'autres. Un cas exem-plaire: le pouvoir doit comprendre qu'il est illégal de torturer et de tuer les gens ainsi que le pratique actuellement le ré-gime de Kadyrov, en dehors de toute loi. Elena Milachyna Le 31 mars, Igor Kaliapine (*), un des membres du Goupe mobile et dirigeant du Comité Contre la Torture, a été arbi-trairement arrêté à Nijnii Novgorod lors d'une manifestation... pour le droit de manifester. (en défense de l'article 31 qui garantit ce droit dans la Constitution russe) (*) à gauche d’Islam sur la photo

Les experts: « En Tchétchénie règnent la ter-reur et l'arbitraire »

L e 21 avril, les organisations de défense des droits humains ont adressé une lettre ouverte au président Medvedev exi-geant qu'il mette fin à la terreur et à l'arbitraire en Tchétchénie. Les représentants du Groupe Helsinki de Moscou, du Centre « Memorial », de Human Rights Watch et du Comité Contre la Torture ont déclaré qu'en Tchétchénie persistent des « violations grossières des droits de l'homme » et qu'y règne « un climat de terreur et d'impunité » permettant des enlèvements et la pratique de la torture. » (AFP) « Jusqu'à maintenant, nos organisations ont coopéré activement avec la Justice et la Commission d'enquête tchétchènes afin qu'aboutissent les enquêtes sur les enlèvements et que soient punis

les coupables. » Les signataires dénoncent « un système de sabotage de leurs ef-forts » exercé par le régime en place et les structures de l'occu-pation. Le président du Comité Contre la Torture, Igor Kaliapine, a dési-gné des membres des OMON de Kadyrov comme responsables de cette situation. Il a cîté le cas d'Oumarpachaev comme le seul dont l'enquête a abouti. (grâce au Groupe mobile et à la collabo-ration rare de la victime, v. plus haut). Oleg Orlov, de « Memorial », a déclaré que le scénario des enlè-vements « à la tchétchène » s'est non seulement répandu dans d'autres régions du Caucase russe, mais qu'il atteint maintenant Moscou. Les signataires disent être désillusionnés par Medvedev, lequel « ne fait rien pour régler ces problèmes ».

Cela vaut le coup de défendre la Tchétchénie (Novaïa gazeta du 15/02/2011) « Trois ans après l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, celui de Nata-lia Estemirova en septembre 2009 marquait l'aboutissement de la mise en place du régime personnel établi en Tchétchénie. Cela marquait simultanément l'arrêt des activités des organisa-tions de défense des droits de l'homme tchétchènes sur le terri-toire de la république, désormais trop risquées. Mais l'assassinat de Natalia Estemirova démontrait que le régime n'envisageait pas le moindre dialogue social avec sa propre population et qu'il reposait entièrement sur la terreur rendue possible par le sou-tien de Moscou. » (...)

Le Groupe mobile A contresens du consensus négatif de la société vis à vis de la Tchétchénie actuelle, vingt huit organisations russes de défense des droits de l'homme ont, suite à l'assassinat de Natalia Estemi-rova, signé la création d'un groupe libre et mobile composé de juristes, d'avocats et de militants afin de poursuivre les missions en Tchétchénie. La locomotive de ce groupe est le Comité

contre la torture basé à Nijnii Novgorod. Cela fait plus d'un an que ses membres se relaient en Tchétchénie. Leur mode opéra-toire se distingue totalement de celui des défenseurs des droits de l'homme; Il allie des enquêtes (parallèlement à celles officiel-les) à des pressions juridiques sur les organes du pouvoir: « collaborez ou bien vous avouez l'évidence que les autorités tchétchènes ne sont soumises ni contrôlées par personne ».

L ’ A F F A I R E I S L A M O U M A R P A C H A E V

Islam , au centre

L’affaire Zarmaev (*)

La Belgique, terre(eur) d'asile pour les Tchétchènes? (« Sortez le Commandant Zarmaev du block d'extermination de Bruges! » Jacque-line de Croy, « Droit Fondamental »)

L e Commandant Arbi Zarmaev est arrivé en Belgique après avoir com-battu contre les troupes russes lors de la guerre dans son pays. Son frère Khe-di: « Notre mère nous a acheté un faux passeport et un faux permis de conduire au nom de Mamuev pour qu'Arbi puisse sortir en vie d'Itchkérie (Tchétchénie). Nous sommes arrivés en Belgique en 2002. La communauté tchétchène nous a avisés du danger de se présenter en qualité de soldat. » Il fallut sept ans à la Sûreté de l'État belge, « manifestement aidée par le KGB (FSB) », pour découvrir l'identité du Com-mandant Zarmaev. La police arrêta son

épouse, escomptant qu'il se manifeste. Entraîné dans un piège, le Com-mandant a été arrêté le 29 juillet 2009 en vertu d'une demande d'extra-dition russe. Le statut de réfugié politique lui fut retiré au motif d'une « usurpation d'identité », mais il a été in-carcéré sous le nom qui le « protège » en tant que réfugié politique, « Mamuev Bi-

slan ». Accusé de « terrorisme, Zarmaev a été tabassé, privé d'eau et de soins. En 21 mois de régime de déshydra-tation dans la prison de Bruges, il ne pèse plus que 45 kg (pour 1m85). La Commission des Pétitions du Par-lement européen a rejeté la pétition

lancée par diverses organisations de dé-fense des droits de l'homme. Le 23 avril, quarante Tchétchènes se sont rassemblés devant le Parlement euro-péen en déployant une banderoles « Free

Arbi Alive ! ». Ils ont été bousculés, puis embar-qués par les forces de l'ordre et les policiers en civil. S'agit-il de faire mourir le Commandant Zarmaev pour éviter l'extradition réclamée par les Russes

et signée par le gouvernement belge le 8 mars dernier? s'interroge Jacqueline de Croy... (*) Dans notre numéro précédent, nous rapportions dans une brève:

23/03—Le smilitants de Pax Christi, Memorial et Amnesty manifestent contre l’extradition projetée du Tchétchène Arbi Zarmaev. Celui-ci a combattu contre les Russes en 1999-2000 et s’est enfui en 2002 pour se réfugier en Bel-gique. Marié, 2 enfants, il aurait été battu en prison. Moscou l’accuse d’avoir transmis un pistolet à une femme qui a commis un crime avec cette arme.

J e résidais à Moscou en octobre 2006 et en juillet 2009 au moment des meurtres res-pectifs d’Anna Politkovskaïa et de Nata-

lia Estemirova. Je me souviens comme si c’é-tait hier d’avoir assisté aux funérailles de Polit-kovskaïa qui avaient été boudées par les princi-paux diplomates des pays occidentaux excep-tion faite d’un membre de la délégation améri-caine. Le meurtre avait été présenté par le Prési-dent Poutine comme un événement malheureux, malgré l’insignifiance de l’impact journalistique de Politkovskaïa.

Je me souviens également de mon incrédu-lité face à la réaction de la population russe, mais également des dirigeants occidentaux. Tout comme dans le cas du meurtre d’Estemiro-va, malgré de vives protestations dans les jours qui ont suivi les deux meurtres, les gouverne-ments occidentaux ont laissé rapidement tomber la pression politique sur le gouvernement russe. Le travail des deux journalistes a été honoré par plusieurs organisations non gouvernementales et également par la publication du journal per-sonnel de Politkovskaïa. Les gouvernements occidentaux restent cependant d’une apathie déconcertante face à la situation dans le Cau-case du Nord si nous comparons avec la réac-tion vive et immédiate de plusieurs dirigeants occidentaux et organisations internationales au moment de la guerre russo-géorgienne de 2008.

Comme le démontre le documentaire de Mylène Sauloy, les coupables du meurtre d’Es-temirova sont actuellement connus de la justice russe. Il manque uniquement la volonté politi-que d’agir, tout comme dans le cas du meurtre de Politkovskaïa.

Il est important de rappeler que les cas d’Estemirova et de Politkokskaïa sont les plus connus, cependant plusieurs cas moins connus comme celui de Magomed Evloïev sont tout aussi inquiétants pour la liberté de presse dans le Caucase du Nord et demeurent sans condam-nation. Ce dernier, un journaliste ingouche res-

ponsable du site d’opposition ingushetiya.ru, a trouvé la mort lors d’une opération des forces spéciales en septembre 2008. Les détails de sa mort restent encore aujourd’hui très nébu-leux. Ce dernier a été tué après avoir été arrêté par les forces de sécurité. Evloïev était très critique sur les violations des droits humains commis par le régime de Mourat Zyazikov (2002-2008) en Ingouchie et sa mort ne fut jamais entièrement élucidée par le gouverne-ment russe. Le département d’État américain avait même demandé à cette époque une en-quête sur la mort du journaliste, cependant en-core une fois sans donner suite à cette demande auprès de la Russie.

Les récents événements impliquant l’acti-viste ingouche Magomed Khazbiev et la mani-festation pour la libération d’Ilez Gorchkhanov démontrent que malgré l’arrivée au pouvoir de Younous-bek Yevkourov en Ingouchie, la situa-tion demeure périlleuse pour les journalistes et les activistes. En effet, le 23 mars dernier, à la suite d’une manifestation pour la libération de Gorchkhanov, Khazbiev a été violemment battu et arrêté par les forces de sécurité ingouches. Ce dernier a été condamné à 10 jours de prison et remis en liberté le 27 mars sur l’ordre du Prési-dent Yevkourov.

Le travail des journalistes dans le Caucase du Nord, où les risques seront toujours plus grands que la reconnaissance, demeure un sujet

tabou pour nos gouverne-ments.

L’excellent documentaire de Mylène Sauloy lève le voile sur le cas de Natalia Estemirova et nous pousse à nous de-mander pourquoi les gouvernements occiden-taux ne réagissent pas aux atrocités commises dans le Caucase du Nord ainsi qu’au traitement subi par les journalistes. La guerre au terro-risme a servi de prétexte pour légitimer des méthodes antiterroristes illégales et inaccepta-bles, tant aux États-Unis qu’en Russie. La nou-velle administration Obama, malgré sa volonté de se distancer des méthodes de son prédéces-seur, n’a cependant pas daigné faire pression de façon significative sur la Russie pour poursui-vre les coupables des meurtres non résolus de nombreux journalistes au cours des dernières années. Le passage à tabac de Kachine à Mos-cou à l’automne 2010 a momentanément remis le problème de la sécurité des journalistes en Russie à l’avant-scène mondiale. Encore une fois, les gouvernements occidentaux ont man-qué une occasion de faire pression sur la Russie.

La récente condamnation de Nikita Tik-honov pour les meurtres de Stanislav Markelov et Anastasia Babourova peut être vue comme un certain progrès en Russie, cependant le docu-mentaire de Mylène Sauloy nous rappelle qu’il reste beaucoup à accomplir. Pour atteindre cet objectif, il est central pour les gouvernements occidentaux de s’engager à militer auprès de la Russie pour que justice soit faite et d’assurer la protection des journalistes et des travailleurs humanitaires dans le Caucase du Nord ainsi que l’ensemble de la Russie.

Jean-François Ratelle [email protected] Candidat au doctorat en science politique à l’Université d’Ottawa, Canada

« Qui a tué Natalia Estemirova? »: un documentaire d’enquête qui se doit résonner comme un coup de semonce auprès des gouvernements occidentaux. Suite de la page 1

26/04 – Vladimir Poutine au pays d'Andersen. Ce jour était prévue la visite du Premier ministre russe, Vladimir Poutine à Copenhague. La diaspora tchétchène réfugiée au Danemark s’est mobilisée pour accueillir son « bienfaiteur ». (ichkeria info) Interviewé par la presse, en réponse à une question sur la Libye (« Pourquoi avez-vous utilisé le terme « croisade »?), il a répondu: « On nous dit « Nous ne voulons pas tuer Khadafi », mais maintenant, des personnes disent officiellement « Oui, nous essayons de l'éliminer »... Mais qui donc les autorise à le faire? Y a t il un procès? Qui a donc pris sur lui le droit de condamner à mort un homme quel qu’il soit? » Réaction du fils de Aslan Maskhadov, Anzor: « En 1996, Djok-har Doudaev était abattu par un avion russe. Y a-t-il eu pro-cès? En 2002, Zelimkhan Yandarbiev a été assassiné par des agents russes à Doha (Qatar). Ceux-ci, libérés, ont été déco-rés par le pouvoir russe en rentrant. En mars, 2005, Aslan Mas-kadov est mort après avoir été traqué par les forces russes. En juin 2006, son successeur Abdoul Khalim Sadoulaev a été pa-reillement assassiné... » (VN) Autant de présidents tchétchènes successifs exécutés sans aucun procès. Sur les ordres d’un dirigeant qui donne des leçons de morale à toute la planète à ce sujet !

E lu président du Comité exécutif du Congrès du peuple tchétchène procla-mé les 23-25 novembre 1990, puis président de la République tchétchène le 1er novembre 1991, Djokhar Doudaev n'avait jamais vécu en Tchétchénie avant la chute du Mur. Depuis l'école militaire, dans sa jeunesse, il avait consacré toute sa vie à sa carrière dans l'armée. Chef d'une division stratégique basée dans la région balte, si-tuation exceptionnelle qu'il avait réussi à obtenir grâce à ses états de service durant la guerre en Afghanistan et à sa femme, de nationalité russe; on ne pouvait pas l'accuser d'avoir des sentiments anti-russes. Par ail-leurs, il fut membre du Parti communiste. Sa dernière affectation fut la Baltique, région qui était la plus agitée depuis l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir. Il fut témoin de la remise en cause par les Baltes de leur ap-partenance à l'URSS, ce qui constitua pour lui une bonne expérience et lui inspira par la suite comment mener un mouvement de libération nationale en Tchétchénie. Les Russes tentèrent de lui proposer de nou-velles fonctions au sein de l'armée, dont le poste de vice-ministre soviétique de la Dé-fense. Cependant, Djokhar Doudaev avait déjà opté pour une carrière politique en qualité de chef de la République tchétchène.

Maïrbek Vatchagaev

I l y a q u i n z e a n s , D j o k h a r D o u d a e v

« Comment ils ont tué Djokhar Doudaev » (Doshdu.ru)

L e journal « Komsomolskaïa pravda » publiait dernièrement l'interview

de deux ex-officiers du GRU, Vladimir Yakovlev et Youri Aksenov,

ayant participé en avril 1996 à l'assassinat de Djokhar Doudaev. Extraits.

I l y a 15 ans, le 21 avril 1996, Djokhar Doudaev, 52 ans, dirigeant des combattants pour l'indépendance de la Tchétché-nie, freine son véhicule à proximité du village de Guekhi-Tchou, sort de sa « Niva », dispose sur le capot son téléphone satellitaire et compose son numéro, probablement celui de l'homme politique proche du Kremlin Konstantine Borovoï. Celui-ci confirmera effecti-vement avoir discuté avec Doudaev à 6 heures du soir le jour de sa mort et que la conversation a été brusquement interrompue. Les collaborateurs et les gardes du corps du premier président de la République tchétchène d'Itchkérie se trouvaient à distance, mais suffisamment près pour entendre de quoi et avec qui il discutait. De loin, Alla Doudaeva observait son cher mari. Peut-être eut-elle le temps de lui sourire avant que le souffle de l'explosion d'un missile frappant de plein fouet la voiture du président ne jette Alla au fond d'un fossé près duquel elle se tenait. Peu après, reprenant leurs esprits, l'entourage de Doudaev accou-rut vers le chef ensanglanté. Mais il n'y avait plus rien à faire pour le secourir. La longue traque des services russes contre le « guide des séparatistes » s'achevait victorieusement. (...) D'après le témoignage d'officiers du GRU participant à l' « opération de liquidation » - tenue étroitement secrète jusqu'à maintenant – des Tchétchènes ont été utilisés. Ils ont exigé d'abord 2 M de dol-lars, puis ont convenu à 1 million. Tuer l'« invincible » Doudaev a été possible au moyen de beaucoup d'argent et de trahison. Et d'une innovation technique: sachant que le leader tchétchène était obligé de converser de temps en temps par le canal satellite, les services russes ont confectionné un système pour le localiser préci-sément. Le jour de sa mort, Doudaev a prolongé sa conversation téléphonique plus longtemps que de coutume, ce qui a permis à un des bombardiers Sukhoï 24 patrouillant au-dessus de Guekhi-Tchou de tirer un missile droit sur la « Niva » du général.

Chechenpress

« Jusqu'à ce jour fatidique du 21 avril 1996, Doudaev avait échappé à trois tentatives de le tuer, organisées par les services spéciaux russes. La première fois, la balle tirée par un sniper avait frôlé la toque du président. La seconde, la mine posée au passage de sa voiture avait juste retourné celle-ci. Quant à la troisième, par miracle, Doudaev venait juste de quitter la maison avant qu'un missile air-sol ne la pulvérise. Le prési-dent tchétchène avait gagné une répu-tation d'invincibilité... Mais, à quelques semaines des élec-

tions présidentielles, son élimination était devenue une nécessité absolue en raison de la chute catastrophique, dans les sondages, de la cote de popularité du président russe Boris Eltsine. Celui-ci abordait les élections avec une cote de 6%. Insupportable! De plus, la Douma exigeait qu'il limoge et sanctionne des membres éminents de son entourage, dont le ministre de la Défense Gratchev en raison des lour-des pertes russes en Tchétchénie. Pendant ce temps, Doudaev donnait ci et là des interviewes sur les médias moscovites et occidentaux, rabaissant les généraux russes. Le 22 avril, Eltsine était à Khabarovsk en campagne électorale quand il ap-pris la nouvelle de la mort de Doudaev. Des témoins l'entendirent crier: « C'est certain?! C'est vrai!?! », puis le virent revenir à la table du restaurant où il se trouvait en dansant comme un enfant: « Aujourd'hui c'est fête! » Le lendemain, toutes les agences com-muniquaient la nouvelle de la mort de Djokhar Doudaev. »

Conférences à l'EHESS, derniers séminaires de l'année

12 mai: Maïrbek Vatchagaev: Mouvements migratoires et démographie de la population caucasienne. 19 mai: Mariel Tsaroïeva: Tentatives de russification du Caucase du nord. 26 mai: Georges Mamoulia: La Géorgie de la seconde guerre mondiale à la mort de Staline. 9 juin: Table ronde en clôture de l'année 2010-2011: Le problème du Caucase, Histoire, politique. EHESS, 190-198, av. de France 75 013 Paris Salle 3 (R de C)

N O U V E L L E S D E T C H E T C H E N I E

Le « Ben Laden tchétchène » 22/04 – La mort, dans le district de Chatoï, en Tchétchénie, de Moganned (Mokhannad) a été annoncée par les autorités tchét-chènes et russes et confirmée sur un site islamiste. D'après les services russes, cet « émissaire d'Al Qae-

da » était une figure importante de la rébellion armée sur les plans mili-taire, religieux et logistique: Mogan-ned contrôlait l'aide financière en prove-nance de l'étranger. Il était aussi responsable de l'entraînement et la préparation de tous les attentats-suicide. Il aurait planifié la ve-

nue de boéviki par la Géorgie afin de pren-dre le contrôle de la rébellion dans le Cau-case du nord, causant la fracture de l'été der-

nier entre Dokou Oumarov et lui. En septembre, sur une vidéo, Oumarov l'avait accusé d'avoir tenté de pren-dre le pouvoir. Depuis 1999, il poursuivait en Tchét-chénie la mission de Khattab (*) (VN)

(*) L' « Emir » Khattab, né en Arabie saoudite, a mené des opérations militaires en Tchétchénie contre les forces fédérales russes lors des deux guerres. Il a été tué en 2002 par le FSB.

22/04 – Le gouvernement tchétchène a adressé au centre fédéral une demande de 500 milliards de roubles d'ici 2025 pour la réalisation de 515 gros projets, dans le cadre du développement de la république. Soit 35,6 Md de roubles par an au lieu de 18,4 actuellement. Les arguments avancés pour justifier un tel investissement ne manquent pas, selon l'ana-lyste Boris Savenkov: la république a été détruite (par les Russes) après les deux guerres; l'argent reçu a permis des réalisa-tions spectaculaires, dont la reconstruction de Grozny. L'argent y est efficace, contraire-ment à l'Ingouchie. De plus, les dépenses des dix dernières années se sont chiffrées à 800 Md. (Bien plus que ce qui est demandé pour 14 années). D'autre part, si la Tchétché-nie reçoit 43 000 roubles par habitant et par an, d'autres régions déshéritées en reçoivent

parfois deux fois plus. Alors, pourquoi cette levée de boucliers à Moscou? Il y a l'hostilité compréhensible envers le personnage de Ramzan Kadyrov: ses voitu-res de luxe, son exhibition comme footbal-leur (match Grozny-Brésil début avril), ses distributions de billets, les assassinats de touristes et de défenseurs des droits de l'homme... Mais, pour Savenkov, le pro-blème de l'affectation des subventions à la Tchétchénie et au Caucase du nord concerne le centre fédéral et non les Caucasiens: c'est à la Russie de contrôler où va l'argent. De même pour l'évolution actuelle de cette région vers des pratiques traditionnelles, islamistes, non constitutionnelles: Moscou, en ne contrôlant rien, soutient de fait cette d é r i v e . (kasparov.ru)

24/04 – La Tchétchénie achète 148 voitures pour sa police. Dont des Pors-che Cayenne Turbo, des Mercedes E350, etc.. pour 113M de roubles. (169M l'année dernière). Voilà de l'argent bien dépensé! (VN) 24/04 – Ramzan Kadyrov s'inquiète de l'état de santé des quelques rebelles survivants, lesquels, selon lui, meurent de faim. « Moukhannad pesait 50 kilos quand il a été tué! » « Les boéviki ne peu-vent se déplacer afin de chercher de quoi se nourrir et se soigner. » D'après lui, Mokhannad a été vendu par un com-plice. (VN) 24/04 – New York. L'ONG Human Rights Watch alerte la justice au sujet des contraintes vestimentaires et des sanctions visant les femmes en Tchét-chénie. « Des hommes non identifiés agissant au nom du pouvoir menacent les femmes résistant aux normes vestimentai-res (foulard, tenues « décentes », etc.. ) On leur tire dessus avec des paint-balls. Tout ça avec l'approbation de Ka-dyrov: en août 2010, il a déclaré qu'il récompenserait ceux qui font cela. » HRW demande aux autorités russes de dénoncer publiquement ces actes et de laisser venir sur place des observateurs internationaux.(VN) 25/04 - « Ils sont revenus à la mai-son! », annonce le site de Kadyrov. 24 Tchétchènes sont revenus de Pologne et ont visiblement été bien accueillis par le pouvoir tchétchène. « On nous a chassés d'un camp en Polo-gne. Nous nous sommes retrouvés nulle part. Sans le dirigeant de la république de Tchétchénie (on ne dit plus « président », car « seul Poutine peut l'être »), on ne sait ce qui nous serait arri-vé. » A leur retour, ils ont pu être logés dans un hôtel et ont reçu tout ce dont ils avaient besoin. On les a aidés à régula-riser leurs papiers confirmant leur natio-nalité russe, réglé toutes leur dépenses juridiques, logistiques. (chechnya to-day) Qu'ils en profitent tant que les caméras sont là... 26/04 – Le parlement tchétchène veut « relocaliser » ses prisonniers. Les auto-rités se disent préoccupées du sort des Tchétchènes détenus dans le nord de la Russie, loin de leur pays et ainsi coupés de leurs proches. Elles s'émeuvent des violations des droits qu'ils y subissent. « C'est mauvais pour leur santé », « Conditions climatiques difficiles », « Maladies, suicides... Cela les prive du rôle rééducatif de leurs pro-ches » (Grani.ru) Tout cela est bien sûr à interpréter sous un angle moins évangélique... 2/05 – Ramzan Kadyrov a accueilli la nouvelle de la mort de Ben Laden avec « satisfaction », mais s'est dit inquiet des conséquences possibles. (VN) Tchétchénie: c'est le printemps! 3/05 – Accrochage à Charo-Argoun: un « kontraktnik » tué, deux blessés, contre deux boéviki tués. (VN) 5/05 – Combats dans la région d'Ou-rous-Martan entre une quinzaine de « rebelles » et les forces armées, dont des hélicoptères de combat. (VN) 6/05 – Opération antiterroriste dans les environs de Chalaji et de Rotchi-Tchou, suite. Malgré les roquettes, les rebelles auraient réussi à s'échapper. Trois sol-dats ont été blessés. (VN)

Bling bling à la tchétchène Un proche de Kadyrov sur le point d'ache-

ter le Neufchatel Xamax, club de football

de 1ère division suisse, fortement endetté. Installé à Genève, où il « gère ses affaires », Bulat Chagaev est un businessman tchét-

chène assez riche pour finan-cer le Terek de Grozny, club russe de 1ère division présidé par son ami Ramzan Kadyrov. Il a injecté des millions pour embaucher le célèbre entraî-neur Ruud Gullit (« qui roule en Mercedes 500 dans les rues de Grozny ») et vise, avec le

soutien inconditionnel du président-dictateur Kadyrov, d'autres stars de foot en vue de l'inauguration du nouveau stade de Grozny le 9 mai: dont Ronaldo, la star brésilienne (qui résiste), notre Zidane (qui se débat), Platini

et Joseph Blatter, le président de la FIFA, son voisin de Zurich... (Le Monde du 26/04) Dernières infos: l'achat projeté a été conclu le 5 mai. Recyclage: Diego Maradonna, le « Michael Jackson argentin du football », viendra jouer à Grozny le 11 mai. Les citoyens tchétchènes sont-ils dupes de ce grand jeu destiné à faire oublier un quoti-dien bien moins flatteur? - « Non, ils sont conscients de toute cette mise en scène; Pour les matches, on réquisitionne les étudiants, on les déguise en supporters et on les achemine au stade. Comment croire à quoi que ce soit de spontané lorsqu'ils applau-dissent? Ils se taisent car ils ont peur, mais ils n'en pensent pas moins. » (Un réfugié tchét-chène à Paris)

13/04 – « D'après nos données, Dokou Oumarov est quand même vivant », a déclaré à la télévision Russia today Anatoli Safonov, envoyé auprès la pré-sidence pour la lutte contre la criminalité. « Aujourd'hui, le comité antiterro-riste a une vision complète de la situation en ce qui concerne la rébellion. » 14/04 – D'après certaines sources, le groupe de Dokou Oumarov aurait ré-ussi à briser l'encerclement dans la région de Verkhnii Alkoun, en Ingou-chie. « En montagne, il pleut presque chaque jour, il y a du brouillard. Dans ces conditions, les recherches sont inefficaces. » (RIA Novosti) Rappelons qu'un important groupe de rebelles avaient été repérés la semaine précédente et ont subi de lourdes pertes (17 à 19 tués) après un violent pilonnage de l'aviation. Rapidement (trop), les autorités russes annoncèrent la mort « certaine » du chef des rebelles dans le Cau-case du nord, Dokou Oumarov. Pour Kadyrov, le président tchétchène, « Il n'y a pas de preu-ves que D. Oumarov soit vivant ». Faute d'avoir des preuves qu'il est mort…

Estimation des forces rebelles

E n décembre 2010, Ramzan Kadyrov n'excluait pas que le chef des rebelles, Dokou Oumarov, soit mort et que les rebel-les aient quitté la république. Puis, marche arrière, il annonça plus tard qu'ils étaient « au nombre de 60-80 en Tchétchénie ». Le 18 janvier, le chef du FSB en Ingouchie, Vladimir Gourba, déclarait qu'il y avait « 30 re-belles en Ingouchie » et qu'ils étaient « tous identifiés ». C'était un mois avant Domodiedovo, attentat pour lequel le suspect N°1 est un Ingouche, Magomed Evloev... Pour la Kabardino-Balkarie, le nombre de rebelle était estimé officiellement à... 52. Le commandant des troupes du Ministère de l'intérieur, N. Rogojin, estimait le nombre des insurgés à « 500-800 pour tout le Caucase du nord ». (17 février) Pour A. Khloponine, envoyé de Moscou dans la région, ils sont « un millier ». Largement suffisant pour que le gouvernement russe accroisse progressivement sa pré-sence militaire « face à la menace terroriste » dans la perspective des JO de Sotchi. Des avions, des blindés, des parachutistes pour contrer des rebelles forcés d'opérer par petits groupes pour survivre... C'est totalement inadéquat. A moins que le Kremlin ne s'at-tende à une dramatique escalade des hostilités dans le nord-ouest du Caucase… North Caucasus Weekly (Moscow Launches Military Buildup in the North Caucasia to Safe-guard Sotchi Olympics)

P our Maïrbek Vatchagaev, la visite de Dmitri Medvedev à Vladikavkaz le 22 février a vu le président russe tenter de mettre ses pas dans ceux de Poutine en 2005, empruntant les mêmes termes virils contre les rebelles: « Des animaux (...) tapis dans leurs cavernes puantes », etc.. La visite de D. Medvedev faisait suite aux attaques contre des touristes moscovites et d'autres attentats en Kabardino-Balkarie. Son départ pour Moscou sera « salué » trois jours après par une série d'attaques contre les forces de l'ordre à Nalt-chik, la capitale. Une démonstration de force plutôt qu'une opération efficace. L'effet principal aura été le gel de toute activité touristique dans une région dont c'est la principale ressource. Dans la relativement paisible république voisine, la Karatchaevo-Tcherkessie, le diri-

geant Boris Ebzeiev s'est vu congédié par Moscou: « Pas assez performant ». Son suc-cesseur, Rachid Temrezov, devra gérer une possible résurgence de la jaamat lo cale, très active au début des années 2000.

Karatchaevo-Tcherkessie: Population: 400 000, dont: 39% de Karatchaï (turcophones appa-rentés aux Balkars); 34% de Rus-ses (en baisse); 19% de Tcher-kesses; 3% de Nogaï. New caucasus weekly, Jamestown Fondation (Is Karachaevo-Cherkessia the Next Hot Spot?) (3/03/2011) 30/04 – Un monastère ortho-

doxe du X ème siècle, à Chaounine, a été superficiellement incendié. « Une tentative de déstabilisation de la situation », a réagi le président Temrezov. Six mois auparavant, deux autres monastè-res orthodoxes avaient également subi des incendies criminels. (VN)

Pertes humaines hebdomadaires Du 7 au 13 avril: 23 tués, 20 blessés Du 14 au 20 avril: …. 16 et 14 Du 21 au 27 avril: …. 16 et 14 Du 28 avril au 4 mai: 26 et 18

NOUVELLES DU CAUCASE DU NORD

12/04 – A. Khloponine (l'envoyé de Moscou dans la région): « De 50 à 100 000 travailleurs caucasiens iront remplir des emplois en Russie. Il n'y a pas de risque de réaction xéno-phobe, ils iront dans des zones peu peuplées. » (VN) Le 18 avril, le commissaire de la région de Tchéliabinsk, Nikolaï Zakharov a déclaré que l'armée russe ne prendrait pas de Caucasiens, même domiciliés hors de leur région en raison des bizu-tages sauvages, des clans régionaux... En mars, le Parlement tchétchène avait soumis un amendement permettant aux boéviki amnistiés de servir dans la milice en Tchétchénie. (Grani.ru) 15/04 – « La rumeur d'une diminution du quota d'appelés originaires du Caucase est infondée, protestent les autorités russes. » (VN)

20/04 – Ingouchie: Après le limogeage de l'équipe gouver-nementale, YB Evkourov nomme au poste de secrétaire du Conseil de sécurité Akhmed Kotiev, ex-responsable de la sécurité à Nazran et viré après l'assassinat de l'opposant Mogamed Evloev, le directeur du site Ingushetiya.ru. « Il fait revenir au pouvoir l'équipe de l'ex-président Ziazikov afin de profiter de leur riche expé-rience dans la lutte contre l'opposition. », estime l'opposant actuel Magomed Khazbiev. « L'époque où YB Evkourov nous rencontrait, nous écoutait et agissait dans l'intérêt de la société est terminée. » M. Khazbiev avait été récemment arrêté suite à une mani-festation à Nazran. Il n'a été libéré que grâce à l'interven-tion de défenseurs des droits humains au plus haut niveau. Le 1er mai, la famille de M. Khazbiev a offert une récom-pense de 1 M. de roubles en échange d'une information sur ceux qui l'ont enlevé. D'autre part, des membres de sa famille ont déclaré subir des pressions et des intimida-tions. (VN)

21/04 – Le Caucase du nord recevra 20 Md de roubles pour améliorer son sys-tème sanitaire. (VN) 2/05 - « 136 boéviki ont été liquidés en Russie depuis le début de l'année. », an-noncent les autorités fédérales. (VN)

16/04 – Le gouvernement projette d achever l'approvisionnement complet de la république en eau d'ici 2016. (VN) 12/04 – Série d'agressions dans la répu-blique contre des guérisseurs et des chiromanciennes. (VN) 13/04 – Embuscades en série contre les forces de l'ordre. Dans le district de Tsoumadine, par exemple, une colonne de la milice a subi 2 tués et 3 blessés. D'abord une bombe qui explose devant le convoi, puis mitraillage intensif. Ils revenaient d'une opération antiterroriste, avec l'intervention de l'aviation et de l'artillerie, lors de laquelle 5 de leurs collègues avaient péri. Le lendemain, 2 miliciens étaient tués en ratissant la zone. 3 boéviki ont également été abattus. (VN)

14/04 – Le parlement russe examine de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme dans cette république. (VN) Une organisation « Les Aigles noirs », par exemple? Les autorités locales ont justifié la poursuite de l'opération antiterroriste actuelle: « Trop tôt pour la suspendre. » Le président Kanokov a cherché à dédrama-tiser les effets sur le tourisme. (VN) Le 17 avril, il était annoncé que les sta-tions thermales de la région de l'Elbrouz resteraient néanmoins fermées au tou-risme en raison des opérations en ques-tion. (VN) 19/04 – Privés de téléviseurs et de réfri-gérateurs, les inculpés de Naltchik (assaut massif de 2005) ont lancé une grève de la faim. (VN) 29/04 – A la frontière entre la Kabardi-no-Balkarie et le District de Stavropol, « dix boéviki ont été éliminés, dont deux femmes ». 19/04 – Le maire de Vladikavkaz s'émeut de ce que Mac Donald ne veuille pas y construire un restaurant. (VN) L'Ossétie du nord est pourtant terre chrétienne!.. 6/06 – Déluge sur Vladikavkaz, la capi-tale: rues inondées, aéroport bloqué, piétons avançant avec de l'eau jusqu'aux genoux... (VN)

KABARDINO-BALKARIE

CAUCASE DU NORD

INGOUCHIE

DAGHESTAN

OSSETIE DU NORD

Et maintenant... la Karatchaevo-Tcherkessie?

Émeute dans une colonie pénitentiaire à Volgograd

L e 11 février dernier, 600 d&tenus ont lancé une grève de la faim en signe de solidarité avec d'autres détenus d'origine nord-caucasienne. Ce même jour, un raid « éducatif » a été effectué dans un des baraquements du camp. Un raid comme il s'en produit deux trois fois par mois de manière quasi routinière: des « Spetznaz » masqués font irruption dans la prison, tabasse tout le monde sans raison parti-culière, cassent tout et repartent. Cette fois, les « spetz » ont parachevé leur opération en piétinant les corans et autres livres religieux qu'ils ont trouvé chez les détenus. Ceux-ci se sont insurgés auprès de la direc-tion, laquelle a déclaré que c'était normal. Alors, les détenus concernés ont lancé une grève de la faim et menacé de s'ouvrir les veines en cas de récidive. En principe, ces pratiques de « dressage » sont formellement interdites et passibles de sanctions. En principe...

L e 22 mars, un synode a redessiné le paysage de l'organisation du clergé orthodoxe dans la région: Vladikav-

kaz, en Ossétie du nord, gouvernera les communautés orthodoxes du Daghestan, de l'Ingouchie, de la Tchétchénie et, bien sûr, de l'Ossétie du nord, t e r r e c h r é -tienne... Les com-munautés ortho-doxes de Karat-c h a e v o -Tcherkessie, de K a b a r d i n o -Balkarie et du district de Stavro-pol seront, quant à elles, gérées à partir de Piatigorsk par l'archevêque Feo-laktik, un proche du patriarche Kirill. Ces réa j u s tement s impor tan t s « correspondent mieux aux frontières admi-nistratives ». Par ailleurs, l'ex-archevêque de Vladikavkaz, Feofan, se voit exilé dans la région de Tchéliabinsk: il s'était opposé à la désignation de l'actuel patriarche Ki-rill, après la mort de l'ancien, Alexis II. Cette restructuration a pour but d'accroî-tre l'influence de l'église orthodoxe russe dans un Caucase du nord sous influence musulmane, estime le spécialiste Alexandr Soldatov. Selon lui, le patriarche Kirill veut renforcer l'Ossétie du nord comme pôle orthodoxe dans la région. Cheveu dans cette soupe, l'Ossétie du sud, dont la Russie a reconnu (imposé) l'indé-pendance (vis à vis de la Géorgie) en

2008, a opté pour l'Église orthodoxe... grecque. Un autre expert, Youri Mikhaïlov, note que l'Église orthodoxe russe a largement fer-mé les yeux sur les pogroms de décembre

dernier à Moscou. En fait, le patriarche Kirill avait fait une déclara-t i o n i n s t r u c t i v e (www.patriarchia.ru): tout en condamnant les agressions contre des civils pacifiques au prétexte qu'ils ne sont pas des Russes de sou-che, il avait ajouté un avertissement : « Les relations interethni-ques, il faut les voir des deux côtés. Le radica-

lisme de certains groupes ethniques en-traîne la radicalisation de la majorité (russe de souche) » Pour lui, les mêmes forces qui ont exploité la structure multiethnique de l'URSS pour la disloquer essaient d'en faire de même avec la Fédération russe. Pour le chef d'une église ayant été martyri-sée par l'empire soviétique, sa compas-sion pour ce dernier peut surprendre. Mais c'est ignorer que l'Église orthodoxe russe a toujours collé à la politique de l'État quel qui soit. Quitte à se voir un jour reprocher ses fautes… Sources: North Caucasus Weekly « Moscow Relies on Russian Orthodox Church to Retain Control over Minds in the North Caucasus » Valery Dzutsev 13/04/2011

La « grande époque stalinienne » en débat.

A la Douma, le communiste Ziouganov a interpellé Vladimir Pou-tine sur la déstalinisation envisagée par la commission d'histo-riens: « Critiquer Staline peut créer une fracture dans la société. » Le 31 mars, le groupe de travail sur la mémoire historique chargé des droits de l'homme auprès de la présidence, avait proposé d'interdire l'accès aux fonctionnaires niant les crimes commis par le régime totalitaire soviétique. « Votre commission s'est attelée à juger la grande époque stalinienne », s'insurge Ziouganov auprès de Medvedev. Le président du groupe d'historiens Mikhaïl Fedotov: « Les défenseurs des droits de l'homme exigeront d'ouvrir complètement les archives soviétiques et de faire le procès du totalita-risme. » En 2009, Medvedev avait déclaré que la justification des répressions staliniennes sous cou-vert de la réhabilitation de la justice historique n'était « pas supportable ». (Grani.ru)

12/04 – YB Evkourov: « J'espère que le récent attentat terroriste dans le métro de Minsk n'est pas lié au Caucase ». Il avait dit la même chose après l'attentat de Domodiedovo. Pas de chance, c'était (a priori) un Ingouche! (VN) 13/04 – Prix des Droits de l'homme dé-cerné au Comité russe contre la torture. « Les parlementaires européens ont le plus grand respect pour le soutien apporté aux Tchétchènes victimes des exactions du ré-gime par le Comité contre la tor-ture . » (Deutsche Welle) 13/04 – Quatre femmes « kamikaze » en provenance du Daghestan sont recher-chées à Moscou. Contrôles sévères dans les centres commerciaux et les gares. « Il ne faut pas qu'il y ait de panique », déclare le ministère de l'Intérieur. (VN) 14/04 - « Un kamikaze en route pour Mos-cou » est recherché dans le Kouban. Contrôles dans les transports de la région de Krasnodar. (VN) 17/04 – Un Russe soupçonné d'avoir orga-nisé l'attentat du métro à Minsk, en Biélo-russie. Viktor Dvorakovski, 23 ans, est un wahhabite connu de la police. Il serait un complice du désormais célèbre Vitali Raz-doboudko, kamikaze islamiste russe. (VN) 19/04 – 76% des jeunes des grandes villes de la Fédération de Russie seraient sympa-thisants des manifestants extrémistes de décembre, sur la place du Manège. (Doshdu.ru) La manifestation des supporters du Spartak avait donné lieu à des comportements vio-lents et xénophobes, débouchant sur une chasse aux « culs noirs ». 20/04 – Medvedev limoge le chef des OMON de Moscou, Viatcheslav Khaoustov. (RIA Novosti) En poste depuis 2007, il s'était signalé par sa gestion des rassemblements de l'opposi-tion: musclée au début, puis plus diplomati-que. Il s'était mis à fréquenter les médias pour justifier les interventions de ses hom-mes. 23/04 – La mairie de Moscou a autorisé la manifestation prévue ce jour à Moscou sous le slogan explicite de « Assez de nour-rir le Caucase! » Cette action est organisée par le mouvement « L'Union citoyenne russe » qui dénonce « l'actuelle politique de concessions du gouvernement. » (VN) La manifestation nationaliste a réuni 250 personnes, plus 5O journalistes et quelques centaines d'OMON... Souvent très jeunes, le visage dissimulé et scandant « Assez de nourrir le Caucase, nourrissez-nous plutôt! ». (Grani.ru) 24/04 – Sur BBC, le représentant officiel de la Russie, Konstantin Poltoranine a décla-ré: « La survie de la race blanche est en jeu et nous le ressentons en Russie: l'Occident subit l'immigration en provenance d'Afrique et du Proche-Orient. » (Doshdu.ru) Quelque jours plus tard, comme pour illus-trer ses craintes, le Blanc Poltoranine était éjecté de ses fonctions.

N O U V E L L E S D E L A S A I N T E R U S S I E

Tectonique: poussée de la plaque orthodoxe dans le Caucase du nord. Restructuration de l'Église Orthodoxe Russe dans le Caucase du nord.

KHIMKI

E vgenia Chirikova a fait le

voyage depuis Moscou pour ren-contrer les actionnaires du groupe de construction Vinci, dont l'assemblée générale se tenait, lundi 2 mai, Salle Pleyel, à Paris. Cette jeune femme de 34 ans a pris, depuis 2006, la tête d'un mouvement d'opposition au tracé des premiers kilomètres de l'autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg, devant être construite par Vinci et qui, au nord de la capitale, menace, selon elle, la forêt de Khimki.

Toutefois, les actionnaires de

Vinci n'en sauront rien : la quin-zaine de militants ont été bloqués à 150 mètres de la Salle Pleyel et n'ont même pas pu s'y rendre car, alerté, le groupe de BTP avait instauré un sévère filtrage à l'entrée et fait déplacer une compa-gnie de CRS. Mme Chirikova, sa tra-ductrice, et Karima Delli, députée eu-ropéenne d'Europe Ecologie-Les Verts, ont seulement pu obtenir vingt minutes d'entretien avec le directeur de la communication de Vinci, Pierre Duprat, dans les couloirs…

Le Monde(4/05/2011)

25/04 – L'effet « Khimki » va se reproduire à St Petersbourg, affirment les opposants écologistes: « Cette autoroute, si elle se cons-truit, sera une catastrophe locale pour la région de St Petersbourg » (Kommersant) « D'où vont-ils tirer le sable pour la construction? Il y aura des carrières sauvages.. L'autoroute traversera la forêt sur 93 km et entraînera des dégâts écologi-ques. » Coût prévu du chantier: 500 à 550 Md de roubles. (12 à 14Md d'euros) (Kasparov.ru)

Le conflit a donc pris un tour violent ?

Le mouvement a ses actions coups de poing. Outre les nombreux campements et raids écologistes organisés sur le terrain (dont la plupart se terminent soit au poste, soit par des altercations avec les gardiens du chan-tier), l’action qui a fait le plus parler d’elle et a tiré la sonnette d’alarme, c’est le soi-disant « pogrom » de la Mairie de Khimki, le 28 juillet 2010, lorsque plus de 500 jeunes s’at-taquaient à la Mairie de Khimki. Il s’agissait de jeunes militants des mouvements antifas-cistes, anarchistes et autres informels de gauche qui exprimaient ainsi leur soutien aux défenseurs de la forêt (slogans peints sur les murs de la Mairie « Sauvons les forêts de Russie ») et leur indignation face au refus des autorités locales de parlementer. Dès le lendemain étaient arrêtés deux jeunes sup-posés coupables de l’organisation du « pogrom » de Khimki, Alexeï Gaskarov (par ailleurs collaborateur d’IKD) et Maxim Solo-pov. Ces deux jeunes ont passé trois mois en prison en réclusion préventive. Libérés

fin octobre à la suite d’une importante cam-pagne de solidarité (pour la libération des « otages de Khimki »), leur procès se dé-roule en ce moment. Action choc inédite en Russie, l’attaque de la Mairie a conquis la sympathie des journalistes libéraux. L’opi-nion publique, à en croire les sondages d’Ekho Moskvy (la radio d’information la plus écoutée à Moscou) soutient plutôt les émeutiers. Internet aussi. Des dizaines de groupes – d’habitants de quartiers, d’orga-nisations écologistes, de groupements de gauche ou d’opposition libérale, antifascis-tes, anarchistes – auxquels s’ajoutent des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et certains hommes politiques de l’establishment – tentent d’initier une cam-pagne commune pour obtenir la libération de Gaskarov et Solopov, la sauvegarde de la forêt de Khimki et l’arrêt des répressions arbitraires des militants écologistes.

(Entretien avec Carine Clément, sociologue et directrice de l’Institut de l’Action Collective (IKD)

5/05/2011

Des défenseurs d'une forêt russe, dont un Français, tabassés près de Moscou MOSCOU - Des défenseurs d'une forêt dans la banlieue de Moscou, parmi lesquels un sympathi-sant français, ont été roués de coups en essayant d'empêcher l'abattage d'arbres pour construire un tronçon d'autoroute controversé, a indiqué ven-dredi à l'AFP l'un des militants. Dans la nuit de jeudi à vendredi, cinq personnes ont été passées à tabac et trois d'entre elles souf-frent de lésions sérieuses, a déclaré Sergueï Agueev, membre du Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki. Le militant a affirmé que les attaques à répétition contre des écologistes et défenseurs de cette forêt étaient commises par des hommes de main enga-gés par des sociétés privées. Le Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki, une association de riverains qui se bat depuis plus de trois ans pour empêcher l'abattage d'une partie de la forêt de Khimki, dénonce des intérêts financiers privés, sur fond de corruption, et propose deux autres itinéraires contournant le bois. Plusieurs détracteurs de l'autoroute et des journa-listes couvrant cette affaire ont été victimes d'agressions sauvages ces deux dernières années. Le rédacteur en chef d'un journal local, Mikhaïl Beketov, a ainsi été laissé pour mort après une agression par des inconnus en novembre 2008. Amputé d'une jambe, il a passé des mois dans le coma et ne peut toujours pas parler.

16/04 – Le Japon solidaire du Pankis-si! Le Pays du Soleil levant aidera les habitants de la vallée de Pankissi (Géorgie): routes, canalisations d'eau, renforcement des berges. Cette vallée est peuplée depuis le XIXè siècle par des Tchétchènes, les Kistins. Fin 1999 début 2000, des combattants tchétchè-nes et des civils fuyant l'avancée des troupes russes sont venus s'y réfugier. Depuis, Moscou accuse Tbilissi de pro-téger les boéviki de cette val-lée,prétendant qu'ils mènent des opéra-tions de l'autre côté de la frontière, en Tchétchénie. Ce n'est pas la première fois que le Japon soutient la Géorgie, économique-ment, culturellement et politiquement, suite à l'occupation d'une partie du territoire géorgien en 2008. Pourquoi? Tout simplement à cause du litige avec la Russie au sujet des Iles Kouriles, prises par Staline en 1945. Dernière-ment, le président Medvedev s'y est rendu, ce qui a fortement mécontenté le gouvernement japonais. (VN) 21/04 – Strasbourg. La maison de Moussa Taïpov, journaliste indépen-dantiste, a été perquisitionnée par la police, son ordinateur personnel em-porté et son fils arrêté. Sans explica-tion. Taïpov lui-même était absent de chez lui. Pour le site indépendantiste Ichkeria info, pas de doute, « cela est lié à son activité journalistique et sociale »: il est le rédacteur principal de ce site. Auparavant, Moussa Taïpov avait reçu des menaces physiques émanant du FSB russe. Les autorités françaises se-raient-elles désormais aux ordres de Moscou? La rédaction du site a adressé une lettre ouverte au gouvernement français. (Ichkeria info) Tchétchénie: il disparaît au parquet (AFP 19/04/2011) La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a une nouvelle fois condamné aujourd'hui la Russie pour des exactions en Tchétchénie, cette fois pour la « disparition » inexpliquée d'un homme dans l'enceinte même du par-quet de Grozny, où il avait été convo-qué. L'affaire concerne la disparition de Khamzat Touchaïev, qui a été vu vivant pour la dernière fois le 8 juin 2006. (...) Pour expliquer cette disparition, Mos-cou avance l'hypothèse selon laquelle l'intéressé a été « enlevé par des indi-vidus non identifiés », dans l'enceinte gouvernementale. Une thèse jugée « pas convaincante » par les juges euro-péens, qui présume que M. Touchaïev est probablement mort. Selon la Cour de Strasbourg, « La Rus-sie est donc responsable de sa mort ». Les « Nachi » français. La « Section française des Jeunesses Poutiniennes » a récemment repris du service après une éclipse due à « quelques problèmes financiers ». Cela fait déjà plusieurs années que l' « Empire » contre-attaque (journaux et clubs de foot achetés par des oligar-ques russes, OPA sur les terrains de l'Eglise orthodoxe à l'étranger...), mais des « Nachi » (Les Nôtres ) français, cela surprend un peu quand même... Pour marquer leur retour sur le Net, une photo de leur gourou déclarant: « Le sexe, la violence et le terrorisme devraient être interdits ».

N O U V E L L E S D ’ E U R O P E E T D U M O N D E

KHIM

KI Veni, vidi, Vinci...