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La terre a tremblé dans les Alpes-Maritimes et le Var Un séisme survenu près de Gap lundi soir a été ressenti dans le Var et les Alpes-Maritimes. Selon le réseau national de surveil- lance sismique, l'épicentre du tremblement de terre survenu à 21h27 serait proche de Gap. C'est à Barcelonnette que ce séisme de magnitude 5 sur l'échelle de Richter a été res- senti avec le plus de force. L'épicentre se situerait à cinq kilo- mètres sous terre, entre Jausiers et Vars (à la frontière entre les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes). "Tout tremblait" Sur le littoral, la violence de la secousse a affolé des milliers d'azuréens. A Nice, dans le quartier de Cimiez, du Port ou à Nice-Nord, plusieurs habitants ont décidé de quitter leur appartement de crainte d'une réplique. Même situation à Auron: "J'ai vraiment cru que la chalet allait tomber. Ca a bien duré quatre secondes. Tout tremblait. De peur, on s'est réfugié sur le balcon, et beaucoup de voisins étaient déjà dehors, pour se mettre à l'abri", raconte Lucien, retraité. 600 appels en 1h chez les pompiers ! A 21h40, la préfet des Alpes-Maritimes confirmait la violence du séisme, mais assurait qu'aucune victime, et aucun dégats n'était à déplorer. Le président du conseil général Éric Ciotti, qui préside le Sdis 06, a confirmé que la secousse, bien qu'«assez impressionnante» n'avait pas entraîné de dégâts dans le départe- ment, mais que les pompiers avaient reçu 600 appels en une heure, de la part d'habitants s'inquiétant ou se demandant quelle conduite adopter. Le centre de traitement des appels du SDIS de Nice a reçu 350 appels en 45 minutes. Celui de Grasse 250. Les pompiers du Var aussi ont reçu une centaine d'appels, mais aucun dégât n'y a été signalé. Une réplique de 1,5 sur l'échelle de Richter a également été ressentie à Brian- çon à 21h39 puis une deuxième de même intensité à 22h22. Une zone connue des laboratoires de sismologies "Ce n'est pas une surprise. C'est une zone connue des laboratoires de sismolo- gies régionaux", a indiqué le Renass. La sismicité de cette zone est due aux com- pressions qui forment les Alpes, nées de la remontée de la plaque tectonique africaine sur la plaque eurasienne. "Aujourd'hui les plaques bougent conti- nuellement", confirme l'organisme. "Un séisme relativement fort mais pas étonnant" La terre a tremblé lundi à 21h27 durant une quinzaine de secondes dans le Sud-Est de la France. La secousse a été fortement ressentie à Nice et dans tous les Alpes- Maritimes. "Pas étonnant", pour Christophe Larroque , géologue au Laboratoire GéoAzur qui décrypte ce nouveau séisme. Que peut-on dire sur le tremblement de terre de lundi soir? L'épicentre se situe entre Barcelonnette et Embrun. C'est un séisme re- lativement fort, d'une magnitude de plus de 5 sur l'échelle de Richter. C'est une magnitude peu courante. Le choc maximum est normalement passé mais il n'est pas exclu qu'il y ait encore quelques répliques. On observe une secousse aussi forte tous les 15-20 ans. Sur le plan tecto- nique, ce tremblement n'est pas étonnant. La magnitude est équiva- lente au séisme de 1959 dont l'épicentre se trouvait à quelques kilo- mètres de là, à Saint-Paul d'Ubaye. D'après les témoignages que nous avons recueillis, les vibrations ont été fortement perçues chez les per- sonnes vivant en étage. La secousse a été fortement ressentie à Nice, pourquoi? Les séismes qui se produisent dans cette zone, dans cette vallée, sont régulièrement ressentis sur la Côte d'Azur et les Alpes-Maritimes. Pour- quoi le ressent-on à Nice? C'est le type de mouvement et la façon dont les ondes vont se propager dans certaines directions préferentielles. Dans le cas de Barcelonnette, la direction préférentielle, c'est vers le sud. Donc vers la Côte et Nice. Mais que les Niçois perçoivent un séisme n'est pas si rare. Le 26 février 2012, une secousse - certes mois forte - avait été ressentie de la même manière sur le littoral. (ndlr: elle avait été enregistré à 4.7 sur l'échelle de Richter) La profondeur de l'épicentre joue aussi dans ce ressenti? Oui. D'après des calculs automatiques, l'épicentre du séisme de lundi a été mesuré à 10km de profondeur. C'est une profondeur courante, sur- perficielle et faible. C'est pour cela qu'il y a un ressenti important des populations à Nice. La rupture qui produit les vibrations s'est faite à une faible profondeur. Par conséquent, l'énergie qu'elle transporte est faible- ment atténuée. Donc fortement ressentie. Traverse-t-on une crise sismique? Non. Nous ne sommes pas dans une période particulièrement sismique. La région de Barcelonnette tremble régulièrement. C'est une zone qui a connu une forte crise sismique – en nombre de secousses – dans les an- nées 2002-2003. On avait enregistré plusieurs milliers de tremblements de terre, mais des tous petits. Depuis, on a des évènements réguliers comme celui de lundi mais isolés. On devra quand même attendre en- core quelques jours pour en avoir la confirmation. Est-ce qu'un séisme dans cette zone peut faire des dégâts sur la Côte d'Azur? Pour réellement faire des dégâts, engendrer des ruptures dans des im- meubles, il faudrait qu'il soit beaucoup beaucoup plus fort. Il faudrait grimper à des magnitudes qui n'ont jamais été atteintes dans cette zone. 6,5 voire 7 sur l'échelle de Richter. Depuis qu'on enregistre les magnitudes - environ 50 ans -, nous n'avons jamais enregistré de telles secousses. Audio

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Page 1: Audio...Non. Nous ne sommes pas dans une période particulièrement sismique. La région de Barcelonnette tremble régulièrement. C'est une zone qui a connu une forte crise sismique

La terre a tremblé dans les Alpes-Maritimes et le Var

Un séisme survenu près de Gap lundi soir a été ressenti dans le Var et les Alpes-Maritimes.

Selon le réseau national de surveil-lance sismique, l'épicentre du tremblement de terre survenu à 21h27 serait proche de Gap.

C'est à Barcelonnette que ce séisme de magnitude 5 sur l'échelle de Richter a été res-senti avec le plus de force.

L'épicentre se situerait à cinq kilo-mètres sous terre, entre Jausiers et Vars (à la frontière entre les Alpes-de-Haute-Provence et les

Hautes-Alpes).

"Tout tremblait"

Sur le littoral, la violence de la secousse a affolé des milliers d'azuréens. A Nice, dans le quartier de Cimiez, du Port ou à Nice-Nord, plusieurs habitants ont décidé de quitter leur appartement de crainte d'une réplique.

Même situation à Auron: "J'ai vraiment cru que la chalet allait tomber. Ca a bien duré quatre secondes. Tout tremblait. De peur, on s'est réfugié sur le balcon, et beaucoup de voisins étaient déjà dehors, pour se mettre à l'abri", raconte Lucien, retraité.

600 appels en 1h chez les pompiers !

A 21h40, la préfet des Alpes-Maritimes confirmait la violence du séisme, mais assurait qu'aucune victime, et aucun dégats n'était à déplorer. Le président du

conseil général Éric Ciotti, qui préside le Sdis 06, a confirmé que la secousse, bien qu'«assez impressionnante» n'avait pas entraîné de dégâts dans le départe-ment, mais que les pompiers avaient reçu 600 appels en une heure, de la part d'habitants s'inquiétant ou se demandant quelle conduite adopter.

Le centre de traitement des appels du SDIS de Nice a reçu 350 appels en 45 minutes. Celui de Grasse 250. Les pompiers du Var aussi ont reçu une centaine d'appels, mais aucun dégât n'y a été signalé.

Une réplique de 1,5 sur l'échelle de Richter a également été ressentie à Brian-çon à 21h39 puis une deuxième de même intensité à 22h22.

Une zone connue des laboratoires de sismologies

"Ce n'est pas une surprise. C'est une zone connue des laboratoires de sismolo-gies régionaux", a indiqué le Renass. La sismicité de cette zone est due aux com-pressions qui forment les Alpes, nées de la remontée de la plaque tectonique africaine sur la plaque eurasienne. "Aujourd'hui les plaques bougent conti-nuellement", confirme l'organisme.

"Un séisme relativement fort mais pas étonnant"

La terre a tremblé lundi à

21h27 durant une quinzaine

de secondes dans le Sud-Est

de la France. La secousse a

été fortement ressentie à

Nice et dans tous les Alpes-

Maritimes. "Pas étonnant",

pour Christophe Larroque,

géologue au Laboratoire

GéoAzur qui décrypte ce

nouveau séisme.

Que peut-on dire sur le tremblement de terre de lundi soir?

L'épicentre se situe entre Barcelonnette et Embrun. C'est un séisme re-

lativement fort, d'une magnitude de plus de 5 sur l'échelle de Richter.

C'est une magnitude peu courante. Le choc maximum est normalement

passé mais il n'est pas exclu qu'il y ait encore quelques répliques. On

observe une secousse aussi forte tous les 15-20 ans. Sur le plan tecto-

nique, ce tremblement n'est pas étonnant. La magnitude est équiva-

lente au séisme de 1959 dont l'épicentre se trouvait à quelques kilo-

mètres de là, à Saint-Paul d'Ubaye. D'après les témoignages que nous

avons recueillis, les vibrations ont été fortement perçues chez les per-

sonnes vivant en étage.

La secousse a été fortement ressentie à Nice, pourquoi?

Les séismes qui se produisent dans cette zone, dans cette vallée, sont

régulièrement ressentis sur la Côte d'Azur et les Alpes-Maritimes. Pour-

quoi le ressent-on à Nice? C'est le type de mouvement et la façon dont

les ondes vont se propager dans certaines directions préferentielles.

Dans le cas de Barcelonnette, la direction préférentielle, c'est vers le

sud. Donc vers la Côte et Nice. Mais que les Niçois perçoivent un séisme

n'est pas si rare. Le 26 février 2012, une secousse - certes mois forte -

avait été ressentie de la même manière sur le littoral. (ndlr: elle avait

été enregistré à 4.7 sur l'échelle de Richter)

La profondeur de l'épicentre joue aussi dans ce ressenti?

Oui. D'après des calculs automatiques, l'épicentre du séisme de lundi a

été mesuré à 10km de profondeur. C'est une profondeur courante, sur-

perficielle et faible. C'est pour cela qu'il y a un ressenti important des

populations à Nice. La rupture qui produit les vibrations s'est faite à une

faible profondeur. Par conséquent, l'énergie qu'elle transporte est faible-

ment atténuée. Donc fortement ressentie.

Traverse-t-on une crise sismique?

Non. Nous ne sommes pas dans une période particulièrement sismique.

La région de Barcelonnette tremble régulièrement. C'est une zone qui a

connu une forte crise sismique – en nombre de secousses – dans les an-

nées 2002-2003. On avait enregistré plusieurs milliers de tremblements

de terre, mais des tous petits. Depuis, on a des évènements réguliers

comme celui de lundi mais isolés. On devra quand même attendre en-

core quelques jours pour en avoir la confirmation.

Est-ce qu'un séisme dans cette zone peut faire des dégâts sur la

Côte d'Azur?

Pour réellement faire des dégâts, engendrer des ruptures dans des im-

meubles, il faudrait qu'il soit beaucoup beaucoup plus fort. Il faudrait

grimper à des magnitudes qui n'ont jamais été atteintes dans cette

zone. 6,5 voire 7 sur l'échelle de Richter. Depuis qu'on enregistre les

magnitudes - environ 50 ans -, nous n'avons jamais enregistré de telles

secousses.

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Des dizaines de répliques depuis le séisme de 21h27

Des dizaines de répliques ont été enregistrées depuis le

séisme qui a secoué lundi soir à 21h27 le Sud-Est de la

France.

Le tremblement de terre dont l'épicentre a été localisé

autour de Barcelonette a été suivi par plusieurs petites ré-

pliques.

Entre lundi 21h32 et mardi 13h17, Géoazur* a enregistré

de manière automatique 32 secousses de faible intensité

allant de 1,16 à 2,42.

Après vérification par un sismologue, le Réseau National

de Surveillance Sismique (RéNaSS) a validé une vingtaine

de répliques.

Certaines d'entres elles ont été ressenties par la popula-

tion, notamment dans la vallée de la Roya, mais les ré-

pliques d'une magnitude inférieure à 2,9 sont générale-

ment seulement détectées par les machines.

Le séisme d'une magnitude de 5 sur l'échelle de Richter a

été très fortement ressenti dans les Alpes-Maritimes mais

aussi dans le Var.

Séisme: la quasi-totalité des A.-M. en zone à risque

Treize communes des A.-M. montent d’un cran dans la nouvelle carte des risques sismiques. Elle rend applicable des normes pour les bâtiments à construire

Le 23 février 1887, aux premières heures de la journée, le plus fort séisme jamais enregistré dans la région secoua le nord de l’Italie et le sud-est de la France. Il fut ressenti dans un cercle de 600 kilomètres autour de son épicentre si-tué au large d’Imperia. Il causa la mort de 635 personnes chez nos voisins transalpins et fit 8 victimes dans les Alpes-

Maritimes (à Castillon*, la Bollène-Vésubie*, Bar-sur-Loup* et Nice*). Ceci pour rappeler que notre département est, en France métropolitaine, celui qui est le plus soumis aux tremblements de terre, même s’ils sont très peu dévas-

tateurs.

Un nouveau zonage des risques

Ce 1er mai entrera en vigueur la nouvelle carte du risque sismique. Elle présente, par rapport à la précédente qui re-monte à 1989, un nouveau zonage.

Celui-ci ne sera plus cantonal et « historico-statistique » – calqué sur les séismes passés – mais communal et « proba-

biliste », c’est-à-dire basé sur les risques probables en fonction de la topographie et des failles terrestres.

Sans surprise, la quasi-totalité des Alpes-Maritimes reste en zone de sismicité « forte ».

Treize communes du haut pays grassois, déjà en secteur rouge, voient leur niveau remonter d’un cran (Sallagriffon*, Collongues*, Amirat*, Briançonnet, Aiglun, les Mujouls, Gars, Le Mas, Saint-Auban, Andon, Valderoure, Caille et Séranon). Une trentaine de communes, situées dans les secteurs d’Antibes et de Grasse, restent classées

en risque « modéré »* .

Tout en bas de l’échelle, il n’y a que Théoule-sur-Mer qui figure en risque « faible ».

Cette nouvelle carte, élaborée par les services de l’État, répond à un schéma européen dont l’objectif est d’uniformiser les normes de construction, pour limiter les consé-

quences d’un tremblement de terre.

Si une grande partie du territoire national est, comme le bassin parisien et l’Aquitaine, classée en zone 1 à risque « très faible », tel n’est pas le cas pour la région Paca.

Elle se retrouve dans les zones 2 à 4. Donc avec des normes applicables sur tous les nouveaux bâtiments à construire, et sur certains anciens, dans des conditions particu-lières.

Des contraintes plus fortes

Sans entrer dans les détails techniques, il faut retenir que plus un bâtiment a vocation à recevoir du public (salle de concert, stade, administrations, etc.), et plus il doit être adapté et renforcé. C’est le cas à Nice, par exemple pour le palais Nikaïa*, des constructions du quartier de l’Arénas, pour tous les nouveaux immeubles. Les con-

traintes européennes sont encore plus fortes pour les bâtiments devant servir aux services de secours en cas de séisme.

Pour les constructions individuelles des normes antisismiques sont également applicables. Le Centre scientifique et technique du bâtiment et le conseil général 06 ont dis-tribué aux professionnels un CD-Rom reprenant la réglementation et passant en revue les techniques les mieux adaptées.

Ce qui n’est pas un luxe puisque 90 % des constructions individuelles sont réalisées sans l’aide d’un architecte. Et, qu’au niveau national, seules 30 % des villas et maisons respectent les règlements parasismiques. Les événements du Japon viennent pourtant rappeler de façon dramatique qu’il n’est pas inutile de prendre des précautions…

1. Antibes, Auribeau-sur-Siagne, Biot, Cabris, Cannes, Caussols, Châteauneuf-Grasse, Courmes, Escragnolles, Gourdon, Grasse, La Roquette-sur-Siagne, Le Bar-sur-Loup, Le Cannet, Le Rouret, Le Tignet, Mandelieu-La Napoule, Mouans-Sartoux, Mougins, Opio, Pégomas, Peymeinade, Roquefort-les-Pins, Saint-Vallier-de-Thiey, Spéracèdes, Tour-

rettes-sur-Loup, Valbonne et Vallauris.