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Stage mars 2011 1 « Les femmes dans la Grande Guerre » Exposition du 11 novembre 2010 au 31 mars 2011 Musée Bossuet Meaux Pendant la 1ère guerre mondiale la contribution des femmes à l'effort de guerre a revêtu des formes multiples : courage des femmes d'agriculteurs qui, dans une France encore à dominante rurale et agricole, ont dû assumer à partir de l'été 1914 les durs travaux des champs ; dévouement des infirmières qui ont soigné les soldats blessés dans les hôpitaux de guerre et les maisons de convalescence ; compassion des « marraines de guerre » qui écrivaient et envoyaient des colis aux soldats du front, rendaient visite aux blessés dans les hôpitaux ; courage aussi des femmes des villes qui ont dû pallier le manque de main d'œuvre dans de nombreux secteurs d'activités, distribuant le courrier, conduisant les tramways, travaillant plus de 10 heures par jour dans les usines d'armement .

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« Les femmes dans la Grande Guerre » Exposition du 11 novembre 2010 au 31 mars 2011

Musée Bossuet Meaux

Pendant la 1ère guerre mondiale la contribution des femmes à l'effort de guerre a revêtu des formes multiples : courage des femmes d'agriculteurs qui, dans une France encore à dominante rurale et agricole, ont dû assumer à partir de l'été 1914 les durs travaux des champs ; dévouement des infirmières qui ont soigné les soldats blessés dans les hôpitaux de guerre et les maisons de convalescence ; compassion des « marraines de guerre » qui écrivaient et envoyaient des colis aux soldats du front, rendaient visite aux blessés dans les hôpitaux ; courage aussi des femmes des villes qui ont dû pallier le manque de main d'œuvre dans de nombreux secteurs d'activités, distribuant le courrier, conduisant les tramways, travaillant plus de 10 heures par jour dans les usines d'armement.

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PROPOSITION D’ENTREE PEDAGOGIQUE POSSIBLE Plusieurs types de types de questions se dégagent : Les élèves savent que l’on travaille sur le thème de la Grande Guerre.

Questions qui vont être liées au document lui-même (ANDI) ; Questions liées au contenu du document ; Interrogations sur ce que je vois, Interrogations sur ce qui me semble, Interrogations sur ce qui se passe.

Pour permettre aux élèves de construire des savoirs, décortiquer des documents pour établir un corpus documentaire. Mise en situation : Consigne : à partir des documents (photos, images, textes …) proposés, construire un corpus de cinq documents qui permettent à l’élève :

De répondre aux questions essentielles D’engager une recherche D’avancer dans la construction des notions. Notions à enseigner : Mobilisation / Séparation - Différents rôles des femmes dans le conflit.

La démarche en histoire

Problématiser Proche de la démarche expérimentale Tri – argumenter Mise en commun, communiquer l’état des recherches

Repérer des mots qui reviennent afin d’élaborer progressivement la trace écrite.Travailler sur des supports documentaires permet à l’élève de construire des aptitudes autonomes, de construire une méthodologie. L’élève devient responsable d’une histoire collective, et un citoyen responsable d’un espace partagé.

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MOBILISATION

SEPARATION

2 Jacques TARDI

Le baiser Allemagne, Première Guerre mondiale Lustige Blätter n°31, 32x24 cm,

© Musée d’histoire contemporaine–BDIC

Saint Julien, village français, le 1er août 1914.

Comme tous ses habitants, la petite Lucienne prépare la fête du village. Mais voilà tout à coup que l'atmosphère change. Il se passe des choses bizarres. Le curé et le maire traversent la place à grands pas, le visage

sombre. Et soudain, le clocher de l'église se met à sonner le tocsin.

Les habitants accourent pour lire les grandes affiches que le garde-champêtre est en train de coller sur les murs : Mobilisation générale.

Charles, le frère de Lucienne, a vingt-deux ans.

Il vient de finir ses trois années de service militaire.

"Je vais devoir partir, ma Lulu. Je vais aller me battre contre les Allemands", dit-il à sa sœur. Les journaux prétendent que les Allemands

seront rapidement vaincus et que la guerre ne durera pas.

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Ma chère Thérèse bien aimée,

Il me reste quelques minutes de liberté avant le départ et j’en profite pour te dire encore une fois: bon courage et au revoir.

Ma compagnie est prête: matériellement et moralement. Nous avons eu hier, sur le terrain de manœuvres, la revue de départ et le serment au drapeau. J’aurais voulu que Louis fût là (et toi aussi ma chérie) pour voir 3000 hommes jurant, la main tendue, de défendre le drapeau jusqu’au bout et criant, à pleins poumons: «Vive la France!». Certes oui, elle vivra, elle triomphera et elle sortira de cette lessive terrible, plus belle et plus forte que jamais.

J’ai vu hier soir la mère et la sœur de Lamouroux qui m’ont donné de vos chères nouvelles et m’ont dit que vous n’avez reçu aucune de mes lettres. J’ai écrit tous les jours et vous les recevrez tôt ou tard: quand vous parviendra, à son tour, celle-ci?

Tous nous partons avec une confiance sans bornes. Il faut que nous ayons le succès, pour vous surtout.

Priez pour la France, pour la 3è et pour moi.

Toute mon âme et tout mon cœur dans un baiser.

Ton Jo.

(Ecole des Lettres p.88-89 (n°1 2001-2002)

PORTE-BONHEURS

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ou scientifique

MOBILISATION DES HOMMES

Le 2 août 1914, jour de la mobilisation générale, les clairons et les cloches des églises ont annoncé la nouvelle. Tous les hommes viennent à la mairie pour lire l’affiche et pour s’inscrire pour aller à la guerre.

MOBILISATIONS DES FEMMES

Le 7 août 1914, le Président du Conseil René Viviani, qui songe à une guerre courte, lance un appel aux femmes françaises, en fait aux paysannes, les seules dont il pense avoir un besoin urgent dans les campagnes désertées par les hommes.

Il leur parle le langage viril de la mobilisation et de la gloire :

« Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie.

Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille.

Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime.

Tout est grand qui sert le pays. Debout ! A l'action ! A l'œuvre !

Il y aura demain de la gloire pour tout le monde ».

Ces documents imprimés sont des placards affichés dans les lieux publics (moyen encore largement utilisé en raison de l'inexistence d'autres moyens de communication) Il s'agit d'un discours officiel prononcé dès la mobilisation par le président du Conseil René Viviani : Préparer un après-guerre très proche

Ce discours témoigne de l'idée dominante en août 1914 d'une guerre courte. Les autorités civiles et militaires françaises n'ont ainsi prévu aucun plan de ravitaillement ou de production de guerre. De manière très significative, Viviani s'adresse uniquement aux populations rurales. Le monde urbain et industriel est totalement éludé. Dans un pays encore très rural, la mobilisation intervient en pleine période des grands travaux agricoles.

La mobilisation des ouvrières est bien plus tardive, pas avant la fin de l'année 1915, dans un contexte bien différent.

Il faut donc que la main-d'œuvre masculine soit provisoirement remplacée par les femmes et les enfants. Mais en août 14, on pense que cette situation sera de courte durée.

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LES DIFFERENTS ROLES DES FEMMES

1 Femmes tirant la charrue

Musée de la Grande Guerre

« Si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient vingt minutes,

les Alliés perdraient la guerre » Maréchal Joffre.

LOUISE DE BETTIGNIES (1880-1918) Née près de Saint-Amand, le 15 juillet 1880, Elle dirige un réseau de renseignements dans le Nord de la France, elle fut arrêtée par les Allemands en 1915 et mourut en prison.

Albert THOMAS 1er juillet 1917, une circulaire précise les

modalités de protection des femmes au travail.

L'emploi des femmes dans les usines Renault de Billancourt

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UNE VOCATION - Que veux-tu faire quand tu seras grande, Suzette ?

- Moi, tourner des obus ... (Dessin de PALLIER)

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« A la ferme a l’église la machine à battre ronfle… on travaille dur mais sans la gaîté des années précédentes. Plus de rires, plus de bons mots. Les figures sont graves si les bras sont agiles. Sur l’aire, des vieillards des femmes, des enfants. Le travail est plus lent que les années précédentes, malgré l’activité de la fermière qui tache de remplacer le mari là bas … » Extrait de la croix des côtes du nord, août 1914 (site Internet)

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ou historique

Les femmes infirmières

Elle accompagne l’action des médecins qui opèrent sur le champ de bataille tout en consolant les blessés. La figure de l’infirmière est typiquement féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes. La plupart des infirmières travaillaient dans un hôpital. Elles devaient se situer le plus près possible du front. Elles se retrouvaient alors dans des tentes à une distance minime du front malgré le danger que cela représentait. En 1916 toutes les ambulances étaient conduites par des femmes. De plus elles devaient pouvoir intervenir en toutes situations, des blessés du front aux soldats gazés… La correspondance

Les femmes jouent aussi un rôle important dans le bon moral des troupes par leur présence à l’arrière lors des permissions ou par la correspondance entretenue avec les poilus. La correspondance entre mari et femme et mère et fils permet de nous renseigner sur les différentes visions de la guerre.

Les œuvres de charité

La mise en place de « marraines de guerre » par des associations caritatives consiste ainsi à soutenir le soldat. Elles écrivent des lettres d'encouragement, envoient des colis aux soldats, qu'elles rencontrent parfois lors de leurs permissions. Ainsi, chaque soldat a toujours à l'arrière, une « marraine de guerre ». Les marraines de guerre ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles ou qui se trouvent dans les zones occupées par les Allemands. De nombreuses femmes portées par un élan de solidarité vont dans les hôpitaux en tant qu’infirmière volontaire. La Croix-Rouge est une organisation très présente pendant la Grande Guerre. Aux champs, dans les usines, dans les hôpitaux, les femmes ont répondu massivement dès 1914 à l'effort de guerre : c’est le travail, même bénévole, le quotidien du foyer à gérer seule, le soutien moral au soldat, … et aussi une mobilisation à l’arrière.

Mobilisation des femmes à l’arrière

Pendant la guerre les femmes sont trop souvent oubliées, elles ont joué un rôle important dans la guerre de 1914 à 1918. En France elles sont appelées à travailler par le chef de régiment, René Viviani le 7 Août 1914. Les Femmes et l’industrie

Les femmes ont vraiment fabriquées en quatre ans, 300 millions d'obus et plus de six milliards de voitures. Elles travaillent aux entreprises d'armement parfois plus de 10 heures par jour. Ces femmes sont appelées les « munitionnettes ». Dès 1915 cependant, la nécessité de rouvrir certaines usines et d'intensifier l'armement détermine un renversement de la situation. On se trouve devant une pénurie de main-d’œuvre. Un Comité du Travail Féminin est créé, en avril 1916, par arrêté du Sous Secrétaire d'Etat de l'artillerie et des munitions. Il recrute les ouvrières, s'occupe de les acheminer vers les usines d'armement, et d'organiser leur hébergement. Ce sont surtout des industries travaillant pour l'armement qui appellent les femmes à occuper des emplois exigeants.

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Désormais, les femmes distribuent aussi le courrier, s'occupent de tâches administratives, conduisent les tramways ... Durant la première guerre mondiale, les femmes aux foyers doivent encore se consacrer, seules, à leur famille, patienter dans les files d’attente interminable (rationnement oblige). Elles ont à peine de quoi manger. Le manque de nourriture n’est pas la seule difficulté à laquelle doivent faire face les femmes, il est aussi difficile de se ravitailler en combustible de chauffage. Elles vivent dans l’attente des nouvelles du front et dans l’angoisse de perdre un être cher. Ce sont de véritables souffrances morales. On décompte près de 630 000 veuves après le premier conflit mondial. Ce sont de nombreuses vies qui sont brisées par le premier conflit mondial, beaucoup de femmes resteront seules avec leurs enfants et devront se reconstruire moralement, tout en assurant la subsistance pour tout le foyer. Les femmes agricultrices

Dans une France encore à dominante rurale et agricole, les femmes ont dû assumer à partir de l'été 1914 les durs travaux des champs.

Les cultures sont moins productives en l’absence des hommes, d’animaux de traits et d’engrais. Cet état de fait renforce la difficulté des travaux des femmes pendant la Première Guerre mondiale, car les corps sont de plus affaiblis par les privations. La guerre commencée au moment des vendanges et des moissons, les femmes durent s’unir pour poursuivre : « il faut finir la moisson en réunissant les femmes, les jeunes qui ne sont pas encore mobilisables, les vieux qui ne le sont plus » Le travail des moissons effectué par les femmes était très difficile. Elles durent apprendre à effectuer des travaux les plus durs et gérer leurs exploitations de la manière la plus rentable. Ainsi dans de nombreuses lettres des soldats à leurs femmes, ces derniers demandaient des nouvelles de la famille bien sur, mais également des moissons, vendanges ou autres travaux importants dans la vie des paysans. L’image de la femme incarne souvent la République et la patrie.

Conclusion

On peut donc dire qu’aux champs, dans les usines, dans les hôpitaux, les femmes ont répondu massivement dès 1914 à l'effort de guerre : c’est le travail, même bénévole, le quotidien du foyer à gérer seule, le soutien moral au soldat, avec l’aide des enfants embrigadés comme « graines de poilus »… Les femmes de la Grande Guerre, ont subi les douleurs de l'occupation et ont joué un rôle important dans la grande guerre. Les femmes n’ont pas hésité à s’engager (espionnes, résistantes) pour tenter de sauver les soldats et apporter elles aussi leur soutien à la nation. On considère souvent que la Grande Guerre a marqué un tournant dans l’émancipation féminine. Mais s’il est vrai qu’elles obtiennent un nouveau statut durant la guerre, au moment de l’Armistice, beaucoup de choses redeviennent comme avant. Pour apprécier les conséquences survenues au cours de la Guerre, il convient d’examiner, à travers le recensement de 1921, la répartition des femmes entre les différentes professions.

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Dans les professions non industrielles, les conséquences de la Guerre sont visibles dans le doublement des effectifs féminins pour les services publics et administratifs. Le travail féminin qui ne touchait que le monde agricole et le prolétariat ouvrier gagne maintenant la bourgeoisie. Les bureaux, les professions libérales s'ouvrent aux femmes qui accèdent, parfois, à des postes de responsabilité : la condition féminine s'en trouve changée, le féminisme progresse. Par contre, la situation de l’industrie est différente. En 1921, la femme allemande constitue 35 % du personnel industriel alors qu’en France, sa place dans l’industrie retourne comme en 1906. En effet, il semble qu’une partie des femmes qui avaient exercées une activité professionnelle pendant la guerre soit rentrée dans leur foyer. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs estimé dès la fin des hostilités que la plupart des femmes devaient abandonner leur travail. Il y a tout de même eut un changement de mentalité préparant une émancipation future et montrant de nouvelles possibilités sociales et politiques pour la femme.

Le droit de vote en 1919 des femmes avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922.