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R A PP O r T

www.planete-enfants.org

nA U e ln

2 O 11

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I. RAPPORT MORAL 3

II. Introduction : 2011, une année conforme à nos objectifs en matière de résultats et de programmation 4

Objectifs et programmation 4

Moyens 5

III. L’action au Népal 6

Politique, économie, droits de l’Homme, un contexte fragile 6

L’équipe au Népal 6 Une équipe stable 6 Les volontaires sur nos projets au Népal 7

Les projets 2011 7 Apprendre, comprendre, agir (ACA) : le renforcement des femmes et de la communauté dans la lutte contre la traite 7 « Pas à vendre » : assistance et réhabilitation des victimes d'exploitation ou de violence sexuelle 12 « Enfance en danger" : prévention à l'enfance de la rue dans les bidonvilles Manohara et Paurakhi Basti a Katmandou 18 Passeports contre l'enfer 21 Autres activités : consultations et plaidoyer 22

IV. Actions de mobilisation et de sensibilisation en France 24

Les DDPE 24

La journée de la femme à la FNAC 24

Le Festival du Népal 24

Festiforum 10/10 25

Colloque à l’occasion de la Journée Européenne contre la traite. 25

20 novembre : droitS à l'essentiel 25

Prix de la solidarité Internationale, organisé par “Reader’s digest” 25

V. Communication, collecte et partenariats 26

Communication 26 Une nouvelle marraine pour l’association : Sophie Forte ! 26 Gloriamundi 26 Un peu de publicité… 26 Des visiteurs de plus en plus nombreux sur le site de Planète Enfants 26

Collecte de fonds et fidélisation des donateurs 27 Un mailing envoyé à 9000 personnes 27 La course des Héros : un succès pour Planète Enfants 27 La petite boutique népalaise 27 Des initiatives généreuses et efficaces 27

Partenariats 28

VI. Perspectives 2012 29

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I. RAPPORT MORAL

L’activité de Planète Enfants a pu continuer à se développer en 2011, bien que la conjoncture économique difficile en France et en Europe commence à se faire sentir. Si la générosité des particuliers à notre égard est en augmentation, l’obtention des fonds extérieurs, publics comme privés est devenue extrêmement aléatoire. Or, le phénomène du trafic des êtres humains ne recule pas, loin s’en faut et les besoins des pays victimes de ce fléau, comme le Népal, restent criants. Dans ce contexte de vaches maigres, nous avions décidé de puiser cette année dans nos réserves pour assurer sur fonds propres la continuité de nos programmes. Nous avons aussi réduit la taille des équipes en France et au Népal. Je suis confiant dans le fait que chaque euro dépensé a été bien dépensé. Et qu’il l’a été dans l’objectif de faire une différence pour plus de bénéficiaires et d’accroitre notre impact. En parallèle, et pour assurer la pérennité et le développement de nos projets, nous avons commencé à examiner la faisabilité d’un rapprochement de Planète Enfants avec d’autres organisations, rapprochement qui pourrait avoir lieu dans les prochaines années si nous y trouvons les conditions nécessaires au maintien de nos actions au Népal. En France, une perception plus aigüe des conséquences dramatiques des violences faites aux femmes a sans doute aidé le courant « Abolition 2012 », qui milite pour l’abolition de la prostitution, à se faire entendre. Ce fut pour moi un rayon de soleil dans le ciel gris de l’exploitation. Je voudrais saluer les actions de la directrice Stéphanie Selle, de la responsable du bureau du Népal Cecilia Conilleau, de leurs équipes en France et au Népal et des bénévoles français de plus en plus nombreux. Nos ONG partenaires au Népal se développent en compétence et nous permettent de passer la main sur des opérations pour en monter d’autres. Leurs efforts à tous, alliés à la générosité de nos donateurs, a permis de nouveau en 2011 à des milliers d’enfants et de jeunes filles d’échapper au commerce intolérable que constitue la traite des êtres humains. Des centaines de victimes de la traite ont pu être secourues, une main leur a été tendue pour qu’elles se réinsèrent dans leur famille, dans leur village. Enfin, je remercie sincèrement nos marraines, nos parrains, nos donateurs, nos adhérents, nos partenaires et nos bénévoles de nous avoir permis d’accomplir tout cet indispensable travail !

Christopher Peterson, Président

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II. INTRODUCTION : 2011, UNE ANNÉE CONFORME À NOS OBJECTIFS EN

MATIÈRE DE RÉSULTATS ET DE PROGRAMMATION

Objectifs et programmation A la veille de fêter ses 20 ans, Planète Enfants a poursuivi la mission qu'elle s'était fixée en 2010 dans son projet associatif et qui a été approuvée par l’Assemblée Générale de juin 2011:

Mandat

Protéger les enfants contre la traite, l’exploitation sexuelle et les autres formes de violence

Mission

=> Agir pour la prévention des violences et pour la protection des enfants dans des pays d’origine de la traite, => Développer des mécanismes standards de réintégration pour les femmes et enfants victimes et en formant et en appuyant les équipes qui les mettent en place, => Dénoncer la prostitution des enfants et des adultes, fléau archaïque et discriminant, exploitation sexuelle qui crée la demande sur laquelle repose la traite des enfants ; et en demandant son abolition.

Objectifs

1. Le grand public connait et comprend les phénomènes de traite et d’exploitation sexuelle ; ses causes structurelles : prostitution et discrimination de genre ; ses causes conjoncturelles : violence do-mestique, migrations à risques, absence de protection familiale ; 2. Les droits de l’enfant sont connus et appliqués, notamment droit à l'identité (état civil), à l’éducation et aux soins ; droit à la protection contre toute forme de violence et d’exploitation ; 3. Les capacités des communautés vulnérables et, au sein de celles-ci, celles des femmes en parti-culier, sont renforcées pour les rendre mieux aptes à protéger les enfants ; 4. Les conditions de vie des familles et des individus les plus vulnérables à la violence, à la traite et à l’exploitation sexuelle, sont améliorées ; 5. Des mécanismes et des lieux de réinsertion de victimes, basés d’une part sur des minimum stan-dard garantissant efficacité et respect des droits de l’Homme et, d’autre part, sur des équipes parfaite-ment formées existent ; 6. Les instruments juridiques garantissant la protection des enfants et l’accès à la justice des vic-times existent et sont appliqués, et notamment ceux qui contribuent à l’abolition de la prostitution et à la pénalisation des violences envers les enfants et les femmes.

Programmes

« Apprendre, Comprendre, Agir », renforcement des femmes pour la

protection contre la traite

« Enfance en danger »,

prévention à l’enfance de la rue

dans les zones urbaines

vulnérables

« Passeports contre l’enfer »,

protection des migrants contre les migrations à risque,

« Pas à vendre », réinsertion des

victimes.

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Le plus récent de nos programmes (le programme de protection contre les migrations à risque et l’exploitation) date de mi-2008. Cette longévité garantit de meilleurs impacts et une durabilité de l'action au-delà des projets, ainsi que nous le décrivons dans le chapitre consacré aux actions au Népal. Parallèlement, de nombreux autres besoins ont été repérés tout au long de l'année et un travail de formalisation de projets a été mené avec plusieurs associations népalaises notamment dans les domaines suivants : - protection des mineurs népalais non accompagnés en Inde, - respect des droits de l'enfant lors des raids de Police effectués dans les lieux de prostitution à Katmandou, - violences faites aux mères qui n'accouchent que de filles. - et bien entendu, protection des droits de l'enfant aux Philippines, à travers un projet de lutte contre les violences sexuelles dans les bidonvilles de Cebu.

Moyens Les objectifs en termes de résultat financier ont été atteints, et même légèrement dépassés en 2011. Mais la conformité du résultat au prévisionnel cache une réalité moins enthousiasmante : nos ressources en 2011 ont reculé de près de 20% par rapport à 2010, un recul essentiellement du au déficit de subventions publiques comme privées : sur 25 projets déposés à différents bailleurs, 4 seulement ont été soutenus, et exclusivement par des fondations ou des entreprises privées. Nos dépenses ont heureusement diminué d’autant, sans que nous ayons eu à sacrifier aucune activité. Leur baisse s’explique en effet par un gain de change extrêmement favorable, un léger décalage d’activités pour les 3 programmes de réinsertion et, surtout, par l’absence prolongée puis la rupture du contrat de la chargée de communication au siège Nos fonds issus de la générosité du public ont quant à eux très notablement augmenté par rapport à 2010 (10%), grâce notamment et pour la première fois, à une légère hausse des parrainages. C'est un signe très positif car cette tendance, si elle se maintient, peut nous garantir une croissance durable. Les adhésions, dont le montant est passé de 20 à 30 euros, sont stables. Les dons ont augmenté de près de 26%, (de 28 à 35 K€) sans compter le don significatif de 15 000 euros accordé par un mécène, à titre privé. Au Népal, si les salariés sont moins nombreux qu'en 2010 - ce qui notamment s'explique par la fin d'un projet important avec l'Union Européenne - nous bénéficions désormais d'un partenariat avec Planète Urgence qui nous permet de profiter de compétences bénévoles sur le terrain, et particulièrement en matière de formation des équipes, des partenaires et même des bénéficiaires. D’autre part, la compétence, l’expérience et l’engagement de la chef de mission ont permis d’améliorer la qualité et l’impact des activités au Népal et la reconnaissance de Planète Enfants sur le terrain. En France, de nombreux bénévoles nous aident désormais régulièrement, tant dans les tâches du siège (communication, graphisme, administration, traduction) que pour la sensibilisation du grand public et la collecte, à travers les DDPE. Leur présence nous a permis d’assurer de nombreuses actions (décrites dans les parties « France ») Ainsi le bilan de l'année est mitigé mais les perspectives pour 2012 sont bonnes : peu de fonds extérieurs nous ont été accordés mais nos 4 programmes d'actions ont pu être conservés et les fonds de l'association restent conséquents. Nous abordons 2012 avec une structure plus légère et un objectif réaliste de résultat excédentaire pour garantir la durabilité de l'action. Nous continuons à travailler pour assurer, non pas seulement le maintien mais le développement de nos interventions dont la pertinence est malheureusement de plus en plus évidente.

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III. L’ACTION AU NÉPAL

Politique, économie, droits de l’Homme, un contexte fragile

L’année 2011 est comme les années précédentes extrêmement liée au processus de paix, à la ratification de la constitution (reportée pour mai 2012) et à l’élection du 1er ministre. M. Baburam Bhattarai (numéro 2 du parti maoïste) gouverne depuis août. Depuis, quelques avancées sur le processus de paix ont été notées et notamment, le 1er novembre, un accord de 7 points entre les 3 principaux partis a été signé concernant la finalisation de la constitution, la réintégration des militaires maoïstes dans l’armée, les négociations sur les primes de réhabilitation pour les anciens combattants maoïstes âgés mis à la retraite ou qui retourneront dans la vie civile, l’établissement de commission de justice transitoire et le rendu des terres confisquées par les maoïstes lors du conflit. La situation économique est ambivalente, on observe à la fois une augmentation des investissements chinois et indiens notamment dans des centres commerciaux et des immeubles résidentiels et de bureaux, l’émergence d’une « middle class » urbaine attachée à sa liberté de consommation et un appauvrissement des classes les plus fragiles. L’écart entre les pauvres et les riches se creuse, l’inflation est à 2 chiffres. Le pays est toujours dans l’incapacité de payer sa dette énergétique, ce qui a conduit à des rationnements de gaz et d’essence. L’électricité reste un problème majeur puisque le Népal souffre d’un déficit d’investissement dans le système hydro-électrique et doit racheter aux indiens une partie de l’électricité produite…les coupures de courant continuent à Katmandou de fluctuer de 3 heures à 12 heures par jour en saison sèche (soit au moins 5 mois par an !). Cette année, un nouveau sujet d’inquiétude pour les défenseurs des droits de l’Homme est apparu : la révision du code de nationalité. En effet, le 3 janvier 2011, 28 partis politiques ont approuvé la proposition de modification du code de nationalité pour la nouvelle constitution. La révision est extrêmement importante puisque les enfants ne pourront obtenir la nationalité népalaise que si les 2 parents sont de nationalité népalaise. La loi actuelle, en vigueur, depuis 2006, permet aux enfants d’obtenir la nationalité népalaise par leur père ou par leur mère. Cette nouvelle provision risque de créer un nombre important d’enfants apatrides. Tous les enfants de couples mixtes et tous les enfants dont la mère (le plus souvent) ou le père n’est pas en mesure de prouver sa nationalité népalaise (ce qui est souvent le cas dans les villages, les districts qui bordent la frontière indo-népalaise) ne pourront obtenir la nationalité népalaise. Cette nouvelle provision témoigne d’une tendance nationaliste grandissante. Plusieurs ONG, ainsi que l’Office International pour les Migrations, mène un plaidoyer pour la supprimer.

L’équipe au Népal

Une équipe stable En 2011, l’équipe népalaise a légèrement été modifiée. Gita Lama, responsable financière qui était à Planète Enfants depuis 2005 a rejoint une ONG américaine, Dibakar Joshi la remplace depuis le 18 novembre. En mai, Rajendra Raout en charge du projet « Passeports contre l’enfer » et du développent des activités de Planète Enfants a lui rejoint Handicap Internationa. Il a été il fut remplacé 3 mois et demi par Nibha Shreshta qui fut ensuite remplacée par Hari Joshi. Hari Joshi est donc revenu à Planète Enfants après un court séjour à World Education.

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Les volontaires sur nos projets au Népal En janvier/février, 2 volontaires, Chloé Guillevic et Clara Zerbib ont effectué un stage au sein de Planète Enfants. Elles ont notamment travaillé sur un document préparatoire de plaidoyer demandant la non règlementation de la prostitution. Elles ont interviewé des membres d’ONG, du gouvernement, du Social Welfare Council sur leurs positions concernant les différents cadres légaux qui peuvent être mis en place pour la prostitution. Elles ont également aidé le directeur de Planète Enfants dans l’écriture des rapports annuels 2010. Anne Holmes, professeure de Taïchi, est intervenue tout le mois d’août au centre de réinsertion des jeunes filles, victimes d’exploitation sexuelle. 2 autres volontaires, Laurent Fuzellier et Fréderic Dinh sont venus dans le cadre de l’accord passé avec Planète Urgence. Ils ont mené une formation bureautique de 2 semaines pour l’équipe de Planète Enfants et pour 5 jeunes issus du bidonville de Paurakhi Basti dans le cadre du projet « Enfance en danger ».

Les projets 2011

Apprendre, comprendre, agir (ACA) : le renforcement des femmes et de la

communauté dans la lutte contre la traite Ouvert en 2008 à Nuwakot, ce programme a été ensuite reconduit dans le sud-ouest du Népal. Depuis novembre 2010, il est en place dans les districts de Bara et Makwanpur. Il couvre 7 hameaux dans les villages de Basamadi (Bara), et de Pathlaya (Makwanppur). Ces 2 districts sont particulièrement touchés par la traite des enfants à destination des cirques en Inde. Résultat 1 : Renforcer les capacités d’action des femmes Les 7 classes d'alphabétisation : premiers tests réussis pour 147 femmes !

La première session de 7 mois, niveau basique, s’est achevée en juillet 2011.

Au début du projet, 195 femmes étaient reparties dans les 7 classes de Bara et Makwampur, dont 169 femmes très régulières. L’objectif dans le projet était d’offrir des classes d’alphabétisation à 140 femmes. Ainsi, malgré les quelques abandons, l’objectif est largement atteint. A la fin du niveau 1, toutes les femmes sont capables de lire l’alphabet népalais, d’écrire leur nom et ceux de leur famille,

de signer, de lire des mots simples et d’effectuer des calculs d’addition et de soustraction

La répartition caste du plus élevé au plus bas est la suivante: Brahmin, Chettri…. Et Dalit (les intouchables).

Les sont des ethnies présentes dans les 2 districts d’intervention. La répartition ethnique / caste dans les classes correspond bien à leur répartition dans les villages. Le village de Hadikhol-4 est 100% Tamang.

La répartition des femmes par ethnie et par caste est conforme à la diversité de la population des villages : il faut en effet, pour assurer une cohésion communautaire, ethnique s’assurer non seulement que les plus défavorisés aient accès au projet mais aussi que toutes les ethnies/castes soient représentées en proportion de leur présence dans leur village ;

on retrouve donc dans les classes des femmes des castes élevées (Brahmin, Chettri), des ethnies classées dans les castes inférieures (Tharu, Tamang, Rai, Magar, Newar, Gurung) et des Dalits (intouchables).

Pour valider cette première session, les enseignantes ont évalué les élèves : 93,5% des participantes testées (158) ont réussi l’examen. L’objectif des examens, mis en place de façon formelle et officielle pour que les femmes se sentent concernées et fières, n’est pas de sanctionner les participantes mais d’évaluer leur progrès à mi-parcours du projet et d’officialiser au sein de la communauté l’importance des classes d’alphabétisation.

Toutes les femmes suivent depuis août 2011 le niveau 2. Malgré les 93,5% de réussite aux tests, le niveau global a été jugé assez faible par les enseignantes. Les femmes ont tout juste atteint la moyenne. Le faible niveau s’explique par le très faible niveau initial des femmes et les difficultés

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qu’elles ont à mémoriser et à se concentrer. Les cours d’alphabétisation à proprement parler ne durent pas plus d’une heure. L’heure suivante, elles font des exercices sous forme de jeux de calcul ou de jeux de mots.

En août 2011, les 7 enseignantes ont participé à une deuxième formation de renforcement de l’alphabétisation des adultes. Encadrée par Bir, le coordinateur de Planète Enfants, la formation est dispensée par un consultant de l’éducation nationale, spécialisée dans l’éducation non formelle.

Témoignage : Depuis que Nima sait lire « Je m’appelle Nima Bohara, et j’ai 29 ans. J’habite dans le village de Balwang, à Rolpa (Népal) avec mon fils et ma fille, qui ont respectivement 10 et 7 ans. Nous sommes 14 membres de la famille à vivre dans la même maison. Mon mari, lui, travaille en Malaisie depuis cinq ans. » C’est avec les larmes aux yeux que Nima raconte que sa fille souffre d’une maladie, que les médecins ne parviennent pas à identifier, ni à soigner. « C’est quand ma vie est devenu un combat que j’ai réalisé l’importance de l’éducation. J’ai rencontré de nombreuses difficultés pendant le traitement de ma fille : je restais souvent à l’écart, muette, parce que je ne savais ni lire, ni écrire. J’étais trop timide et me refusais à parler à des inconnus et même à des personnes de mon village. Dès que j’ai entendu parler du lancement du programme de Planète Enfants dans mon village, j’ai immédiatement manifesté mon intérêt et j’étais la première femme inscrite! Savoir lire et écrire m’aide à comprendre pleins de choses. Ma relation avec mes enfants a changé : je les aide désormais à faire leurs devoirs et les encourage à aller à l’école. Les autres membres de ma famille manifestent également plus de considération à mon égard et nous avons des relations plus cordiales. Je me sens également moins dépendante des autres : je sais maintenant quel bus prendre sans avoir à demander et j’arrive à lire les panneaux et des courriers simples. Je parle plus facilement aux autres et me sens moins vulnérable. J’ai envie d’apprendre beaucoup plus, j’aimerai notamment connaître quelques mots d’anglais. » « Pendant les cours d’alphabétisation nous abordons pleins de sujets : sida/VIH, nutrition, hygiène, relations hommes/femmes, ou encore respect de l’environnement. Nous avons aussi beaucoup parlé de la façon de protéger ses droits et d’aider d’autres femmes à protéger les leurs. Enfin, nous avons eu un cours sur la gestion d’une activité génératrice de revenu. Suite à une recommandation des femmes de mon groupe, on m’a offert deux chèvres pour m’aider à commencer un commerce d’élevage. A mon tour, j’ai offert les premiers chevreaux à une autre femme du groupe, afin qu’elle développe elle aussi son petit commerce. Dès qu’elle aura elle aussi des chevreaux, elle les offrira à une autre femme dans le besoin. J’adore ce concept, car il nous offre à toutes l’opportunité de bénéficier d’une activité rémunératrice, ce qui nous permet vraiment d’être moins vulnérables et dépendantes de nos maris ».

Les classes de sensibilisation : un engouement encourageant

Les classes de sensibilisation se déroulent 2 heures par semaine dans le cadre des classes d’alphabétisation.

Les sujets abordés sont : les droits des femmes et des enfants, la violence domestique, l’alcoolisme, l’éducation des enfants, la santé reproductive, la traite et le mariage des enfants. Il ne s’agit pas de sessions formelles et magistrales, l’enseignant choisit un exemple de la vie quotidienne et les discussions s’élaborent autour de ce point de départ.

Les classes de sensibilisation sont particulièrement appréciées par les femmes, elles sont l’occasion pour elles de s’exprimer et de partager leur quotidien.

Environ une fois par mois, les classes invitent la communauté à participer aux classes et à prendre part aux

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discussions. Les femmes préparent ces réunions avec une attention particulière, c’est l’occasion pour elles de partager en public un sujet qui leur tient à cœur.

Les enseignantes s’appuient sur le manuel développé par Planète Enfants au cours du projet de renforcement des femmes à Nuwakot. Résultat 2 : Développer une culture des Droits Humains et lutter contre la discrimination de genre La sensibilisation au programme pour les chefs communautaires

L’équipe du projet a organisé 3 sessions d’information pour les chefs communautaires, incluant leaders politiques, religieux et fonctionnaires des administrations de district. Les membres d’associations locales ont également participé à ces sessions d’information.

L’objectif est de faire connaitre les membres des comités de protection aux différentes personnes clés, susceptibles de les aider dans leurs démarches administratives, de santé, de protection et d’accès à la justice, et d’élaborer un système de référencement pour les comités de protection dans les villages. La sensibilisation communautaire par les bénéficiaires du projet

Les participantes des classes de sensibilisation, d’alphabétisation et les membres des comités de protection ont organisé elles-mêmes des événements dans les villages pour sensibiliser leurs proches aux droits de l’Homme et à la violence domestique ; 81 femmes ont notamment participé à des concours de rhétorique. Le public a sélectionné les gagnantes sur la qualité du discours, la logique et la capacité à convaincre l’assemblée.

Au cours des fêtes religieuses de Dashain et de Teej1, une pièce de théâtre sur la violence domestique et ses conséquences a été jouée en extérieur par 5 groupes de 6-7 femmes dans les 7 villages. Ces 5 troupes étaient encadrées par 11 femmes des comités de protection, elles-mêmes formées par notre partenaire en théâtre de rue.

A Makwampur, 45 femmes ont mené, pour les fêtes de Dashain et de Tihar, des actions de sensibilisation en chantant et dansant devant les temples et sur les places des villages. Elles ont abordé la question du mariage des enfants et de ses es conséquences sur la santé.

Engagement des hommes de la communauté, ils en redemandent !

Engager les hommes dans la lutte contre la violence domestique et le respect des droits des femmes et des enfants est désormais une activité transversale à l’ensemble des projets de Planète Enfants.

Pendant 2 jours dans les 7 villages, Planète Enfants a organisé une session de sensibilisation-discussion sur le rôle et l’engagement des hommes pour stopper la violence faite aux femmes et aux enfants. Les normes de genre, la façon dont la société crée des attentes, les responsabilités attribuées aux hommes et aux femmes. Le but était de faire comprendre que les hommes peuvent aussi avoir des faiblesses, avoir besoin d’aide dans le partage des responsabilités quotidiennes ; que le renforcement des femmes ne diminue en rien l’importance ou le rôle des hommes dans la famille. Au contraire les membres de la famille se comprennent mieux, les responsabilités sont mieux assumées. Faciliter le dialogue homme-femme contribue effectivement à diminuer les violences au sein du couple et de la famille.

Les hommes de la communauté ont énormément apprécié ces sessions. Ils nous ont demandé d’organiser d’autres sessions et ont proposé de payer le matériel nécessaire et les repas. Certains, le deuxième jour de la session, sont venus accompagnés de leur frère, de leur cousin ou de leur père.

1 Teej est une fête Hindoue, c’est la fête annuelle des femmes

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Résultat 3 : Créer des mécanismes communautaires de protection et favoriser l'accès à la justice et la réhabilitation pour les victimes Le comité de protection et d'appui psycho social

Trois comités de protection communautaire, destinés à combattre les violences domestiques et la traite ont été constitués en février 2011, (2 à Makwampur et 1 à Bara). Pour chaque groupe, dix femmes faisant preuve d’une motivation et d’un leadership particuliers ont été identifiées pour agir au niveau communautaire contre la traite et les violences domestiques subies par leurs pairs. Au cours des derniers 6 mois, les comités se sont légèrement agrandis et comptent désormais 38 membres.

Les membres ont reçu des formations : approche psychosociale et communication, droits des femmes et des enfants, droits à l’éducation. Au total 45 femmes (27 de Makwanpur et 18 de Bara) ont participé à ces formations. Par la méthode du jeu de rôle, les femmes ont pu se mettre dans la peau des victimes et dans la peau du conseiller et réfléchir à la façon d’améliorer leur façon de communiquer.

Les membres se réunissent chaque mois. Elles discutent des nouveaux cas de violence identifiés et des solutions apportées avec le soutien de la conseillère psychosociale, salariée du projet. La conseillère leur apprend à documenter les cas, à écrire les procès verbaux des réunions et à développer un système de référencement avec la Police, la Cour de justice du district, les ONG locales et le bureau

de développement pour les femmes.

A Makwampur, les 2 comités de protection ont traité 27 cas de violence domestique, d’exploitation sexuelle et de traite. Les cas sont dans un premier temps identifiés par les membres du comité de protection qui, soutenus par la conseillère, vont, soit résoudre le problème par la médiation, soit proposer une assistance légale, soit référer à des organisations locales.

A Bara, le comité de protection a pris en charge 11 cas de violence domestique et d’abus sexuel. 4 cas ont été référés à la police, 1 à un centre de réhabilitation pour femmes. Deux victimes soutenues par la communauté ont osé porter plainte et deux hommes sont aujourd’hui en prison en attente de leur

procès.

Les membres du comité conseillent aussi de manière informelle au sein de leur famille et dans leur entourage proche. Seuls les cas les plus graves sont rapportés et discutés au sein des comités de protection.

Chaque comité de protection a constitué un fonds d’urgence d’environ 2500 NPRS, à partir d’une cotisation mensuelle et volontaire. Ce fonds est utilisé pour aider des femmes ou enfants qui ont notamment besoin d’une prise en charge médicale d’urgence suite à un fait de violence.

Les comités de protection ont commencé les démarches administratives pour obtenir le statut d’association communautaire. Chaque comité a identifié un lieu de rencontre/bureau. Dans le cadre de l’autonomisation et la pérennisation des comités, Planète Enfants aide à meubler le local.

Les conseillères font également du soutien psychologique et social de façon individuelle et directe, notamment pour des victimes revenues de la traite en Inde. 34 personnes sont suivies dans les 2 districts. Ces cas ne sont pas discutés avec les membres des comités de protection, les patientes ont demandé que leur anonymat soit respecté.

Résultat 4 : Diminuer la vulnérabilité économique des femmes Les groupes d'épargne et le microcrédit

Sept groupes d’épargne correspondant à chacune des classes et incluant des amies d’élèves ont vu le jour officiellement en mars 2011. Au total, 181 femmes sont inscrites dans ces groupes. Les enseignantes des classes et les 2 conseillères (une dans chaque district) soutiennent les femmes dans l’organisation, la gestion des fonds et des livrets de prêts. Chaque groupe est constitué d’un bureau avec une présidente, une secrétaire, une trésorière, une vice-présidente et une vice-secrétaire. Elles se regroupent tous les mois pour le suivi et la distribution des prêts. Les contributions mensuelles varient de 20 à 50 NPRs par mois selon les groupes.

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Au début du projet, Planète Enfants a participé à hauteur de 100 NRPs par femme bénéficiaire du projet pour amorcer le mouvement et augmenter le nombre de prêts concédés.

Une formation en microcrédit et épargne solidaire a été organisée pour 37 femmes parmi les 7 groupes. Cette formation a été dispensée par notre partenaire Shakti Shamua qui les a initiées au suivi des livrets de prêts et au calcul des intérêts. Les prêts accordés servent principalement pour l’ouverture ou l’agrandissement de petites échoppes, pour faire face aux coûts de santé, à la scolarisation ou encore à l’élevage. Chaque groupe possède en moyenne 30 000 NPRs.

A Makwampur, 74 prêts ont été distribués et 43 à Bara. Leur valeur varie entre 2000 et 4000 NRPs. Les activités génératrices de revenu

Dans la cadre du projet, des Activités Génératrices de Revenus (AGR) sont également mises en place. La sélection des bénéficiaires se fait principalement via les membres des comités qui sélectionnent les cas les plus vulnérables.

11 femmes ont été sélectionnées pour bénéficier d’une AGR : ouvrir une petite échoppe ou débuter un élevage de chèvres ou de cochons. A Bara, un groupe de 10 femmes actives, recommandées par le comité de protection s’est constitué pour une demande de soutien d’une activité de maraichage. Notre partenaire les a aidées à louer une parcelle en se portant garant. Elles vont également bénéficier d’outils et d’une formation par un agriculteur local.

Un guide de sélection des bénéficiaires a été développé.

Résultat 5 : mieux comprendre les facteurs de violence et de traite dans les 2 zones d’intervention

Une étude pour comprendre les facteurs qui poussent les familles à envoyer leurs enfants dans les cirques en Inde a été faite en juin 2011. Le coordinateur de PE et l’équipe de Shakti Samuha ont mené 140 entretiens pour dégager des explications de la prévalence de la traite dans ces 2 districts.

L’étude a montré que 90% des parents qui ont des enfants en Inde affirment qu’ils n’ont pas touché d’argent et que les offres sont des bonnes opportunités pour leurs enfants. Les enfants envoient très rarement de l’argent à leur famille, moins de 5% des réponses. Mais 90% des parents ont des attentes de retombées financières dans l’avenir…77% des familles ont une perception positive du travail des enfants en Inde, notamment dans les cirques. La plupart ne réalise donc pas quels types de tâches sont demandées aux enfants et les imaginent artistes, acrobates…

Aucun des parents ne parle de la maltraitance ou de l’exploitation de son propre enfant en Inde. Ils disent qu’ils en ont déjà entendu parler mais que cela ne s’est pas produit dans leur famille et qu’ils ne connaissent pas de familles où cela s’est produit. Pourtant 23 % pensent que les enfants courent un risque de maltraitance ou de violence sexuelle et 5% un risque d’être victime de la traite. 53,8 % des personnes interrogées pensent que lorsque cela se produit, les familles n’en parlent pas car elles craignent la stigmatisation et la discrimination sociale.

La quasi-totalité des femmes qui sont de retour dans leur village et pour lesquelles la communauté sait qu’elles ont été victimes en Inde (quelque soit le type d’exploitation), sont en plus victimes de discrimination et de stigmatisation dans leur village d’origine. Elles ont des difficultés pour se marier et trouver un travail. Les gens les évitent, les soupçonnent de porter des maladies, de se livrer à la prostitution dans le village et les traitent d’impures. Ces différents résultats montrent qu’il y a de la part des adultes, un déni plutôt qu’une ignorance du risque d’exploitation des enfants envoyés en Inde. Déni qui leur permet de se déculpabiliser d’une part et d’éviter la stigmatisation de la part des autres villageois, d’autre part. Il apparait aussi que la notion d’exploitation n’est pas précise, ce qui permet sans doute de prendre de la distance par rapport au risque éventuellement encouru par les enfants. Finalement, considérer que le travail dans un cirque est une opportunité pour sa fille – et pas seulement pour les revenus de la famille…- est plus confortable psychologiquement. Connaitre ou même nommer une victime force les adultes à reconnaitre le phénomène et c’est pour cela que ces victimes sont niées et rejetées. Dans les sessions de sensibilisation, l’accent a été mis sur une description plus précise des risques et le récit des histoires de vie des victimes, de façon individuelle pour passer du déni à l’identification, et du

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risque à la protection. Les histoires sont racontées par une tierce personne car les victimes elles-mêmes n’ont pas encore la force et le courage de témoigner. Perspectives 2012 Le projet était initialement prévu pour 18 mois, et devait s’arrêter mi 2012 mais Planète Enfants et Shakti Samuha étudient la pertinence d’allonger le projet de 8 mois. Ces 8 mois permettront notamment de proposer une troisième session d’alphabétisation, la première ayant montré un niveau très bas. Ils permettraient surtout de renforcer le travail avec les comités de protection sur la réalité des victimes de la traite et sur le déni des communautés à reconnaitre leur statut de victimes, et les souffrances qu’elles ont vécues. Il s’agit d’un long et difficile travail de patience, d’empathie et de dialogue que nous jugeons nécessaire pour que les communautés acceptent et prennent en charge tous leurs problèmes de violences.

« Pas à vendre » : assistance et réhabilitation des victimes d'exploitation ou de violence sexuelle

La convention CEDAW (convention on elimination of all forms of discrimination against women), et la UN CRC (Child Right Convention) reconnaissent l’exploitation sexuelle, la violence faite aux femmes et aux enfants comme un crime. 5 ans après le fin de 10 années de conflit, le Népal est en pleine période de reconstruction, de mise en

place des traités de paix ; en situation de post conflit. Les femmes, les jeunes filles dans ce contexte d’instabilité politique et économique et de défis sociaux sont à haut risque de violence et d’exploitation. Depuis la fin des conflits et dans l’espoir d’une vie meilleure, la migration des jeunes femmes de la campagne vers Katmandou s’est intensifiée. A la recherche d’un travail, elles sont de plus en plus nombreuses à travailler dans des restaurants, des « dance » bar, des centres de massages dont le nombre de nouveaux établissements ne cesse d’augmenter. Peu éduquées, seules, à la recherche de gain rapide, elles sont extrêmement vulnérables et

à haut risque d’exploitation sexuelle. Il est estimé que 40000 femmes travaillent dans le secteur des « loisirs », un tiers est mineur et la grande majorité est recrutée avant ses 18 ans. Ces jeunes femmes sont également particulièrement à risque d’être victimes de la traite. Pour répondre à cette situation d’exploitation, Center for Awareness Promotion in NEPAL (CAP Nepal) et Planète Enfants ont ouvert en janvier 2011, un deuxième centre d’accueil pour les victimes d’exploitation sexuelle et de violence sur leur lieu de travail. L’objectif de ce centre est d’offrir une protection physique, un toit et un encadrement psycho-social, médical, légal et éducatif qui permettra à la victime de se reconstruire et d’envisager une nouvelle vie. Les jeunes filles sont officiellement accueillies à partir de 14 ans, mais en cas de manque de place dans des structures pour enfants ou pour des enfants qui ont subi des violences sexuelles graves, le centre peut accueillir des enfants dès l’âge de 10 ans. L’identification des futures résidentes se fait grâce au travail de terrain des travailleuses sociales, au travail en réseau avec des ONG partenaires et au système de référencement mis en place ; les bénéficiaires sont aussi venues par le biais d’autres services : police, associations locales, département de la femme et de l’enfant. La capacité du centre est de 15 bénéficiaires plus leur(s) enfant(s).

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Résultat 1: Des soins basés sur les droits fondamentaux pour la protection, le rétablissement et la reinsertion

Profil des résidentes

Durée du séjour : en 2011, 31 résidentes sont venues au centre. L’une d’entre elles a accouché d’un petit garçon durant son séjour. La durée « théorique » de séjour des femmes est de 6 mois mais elle est adaptée au cas par cas, selon les besoins de chacune. 29% des résidentes sont restées moins d’un mois, 39% sont restées entre un mois et 6 mois, et 32% sont restées plus de 6 mois. Les résidentes qui sont restées moins de 1 mois, ont soit quitté le centre sans donner d’explication (elles ont fui) soit sont venues car elles avaient besoin d’un abri pour une nuit. Les résidentes qui sont restées entre 1 et 6 mois, sont pour la plupart des résidentes qui ont été référées dans d’autres centres car elles n’étaient pas des victimes d’exploitation sexuelle mais elles ont eu besoin de protection dans l’attente d’une place dans un centre qui soit plus approprié (par exemple un centre pour enfants, ou un centre pour les victimes de violence domestique). Certaines ont pu être réintégrées aussi dans ce laps de temps, la famille ayant facilité le retour, ou les traumatismes étant moins sévères. Les résidentes qui restent plus de 6 mois sont celles qui sont en procédure de suivi plus important au centre. Ce sont souvent des cas de traumatisme lourd. Information démographique sur les victimes

Age Ce graphique montre les différents groupes d’âge des femmes venues au centre. La majorité a entre 13 et 17 ans et entre 18-20 ans. La moyenne d’âge des femmes vivant au centre est de 23 ans mais l’âge médian est de 16,5 ans seulement. La plus âgée a 55 ans. 2 résidentes ont 11 et 12 ans et travaillaient comme petites « bonnes à tout faire » dans un restaurant, elles ont été violées par des clients et par le propriétaire du lieu. Même si l’échantillon est petit, ce graphique met bien en évidence l’âge très bas des jeunes filles exploitées dans l’industrie du loisir et leur grande vulnérabilité.

Statut Le graphique ci-dessous montre que 84% des résidentes venues dans le centre sont célibataires. 16% seulement sont mariées, mais très peu vivent avec leur mari et 13% sont complètement séparées et n’ont aucun contact avec lui. Les raisons de séparation les plus courantes sont : l'abandon par le mari, la polygamie, l'alcoolisme, et la violence domestique. Une fois que la femme est abandonnée par son mari, elle est expulsée de la maison par sa belle-famille et le retour dans sa propre famille est souvent très délicat.

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Castes La moitié des femmes (48%) venue dans le centre sont janajati. Les janajati sont un groupe ethnique qui regroupe les sous groupes : Lama Gurung, Thapa, Magar, Tamang, Tharu. Un pourcentage élevé de femmes provient des castes élevées : Brahmanes (25%) et Chettri (18%) ; 7% sont Dalit (intouchables). La plupart des femmes sont originaires de régions à l'extérieur de la vallée de Katmandu comme Sindupalchowk, Kavre, Dolkha, Nuwakot, Dhading, Rasuwa, Ramechhap, Makwanpur

Profession des femmes avant leur arrivée au centre

Le graphique montre qu’un nombre important de femmes travaillaient dans des restaurants comme femmes de ménages, serveuses ou aide à la cuisine et étaient principalement abusées par le propriétaire ou les clients. 10% travaillaient comme aide domestique, abusées la plupart du temps par le chef de la famille ou par ses frères et amis. 10% étaient étudiantes et se sont retrouvées à pratiquer des actes de prostitution. 6% reviennent d’un séjour à l’étranger (Inde ou pays du Golfe) où elles ont vécu des situations d’exploitation sexuelle ou de violence sexuelle. 23% se sont déclarées sans profession, soit parce qu’elles ont honte de dire qu’elles effectuaient des actes de prostitution soit parce qu’elles sont des amies des résidentes, qui vaquaient avec elles dans les restaurants et donc à très haut risque de violence ou d’exploitation sexuelle. Sur cet échantillon, seulement 3% de résidentes travaillaient

dans des guesthouses2 avant leur arrivée au centre.

Soutien et soins au centre

Education Le niveau d’éducation des résidentes n’est pas faible, une seule était complètement illettrée. 30% d’entre elles sont allées jusqu’au CM2, et 12% jusqu’à l’équivalent du brevet des collèges. Au cours de l’année, 18% ont pu rejoindre un cours d’éducation formelle, près du centre, 53% participent au cours d’éducation non formelle dispensée au centre avec un accent sur les mathématiques et l’anglais. 10% suivent des cours de rattrapage à l’extérieur du centre et 18% ont quitté le centre sans avoir suivi de programme d’éducation, en raison de la trop courte durée de leur séjour. CAP Népal se coordonne avec d’autres associations spécialisées dans l’éducation pour permettre aux jeunes filles d’intégrer des cours de rattrapage ou l’école publique. Certaines écoles publiques sont soutenues par des associations locales pour l’accueil d’élèves en difficulté.

Formations professionnelles

2 Hôtels bon marché où les clients amènent des jeunes filles des cabin restaurants, dohori ou dance bar pour avoir des

relations sexuelles, ils sont souvent à proximité des cabin restaurants.

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Pour que la réinsertion dans la société soit réussie, les femmes suivent des formations professionnelles. Lors du choix de la formation, l’intérêt et le niveau d'étude de la femme ainsi que la demande du marché local sont pris en compte. Parmi les femmes du centre, 10 ont choisi une formation professionnelle. La majorité des femmes ont choisi une formation de couture. Deux femmes ont suivi une formation de cuisinière et aide ménagère, deux en formation jardinage /maraichage, une de gardiennage et une en coiffeuse/esthéticienne. Parmi celles qui ont suivi une formation couture, une a bénéficié dans sa communauté d’une formation

avancée, ce qui lui a permis par la suite d’ouvrir une petite boutique. 2 autres ont été embauchées dans des petites boutiques/couture dans leur village d’origine. Une des résidentes, qui a reçu une formation cuisine travaille désormais au centre pour l’aide à l’encadrement des résidentes et à l’organisation de la vie quotidienne dans le centre.

Sessions de développement personnel et de sensibilisation En plus de l’éducation et des formations professionnelles, des activités de développement personnel sont organisées au centre, tel que la danse-thérapie, le Tai Chi, le Yoga, les massages Shiatsu, la thérapie par le dessin et la fabrication de bougies. Cette dernière activité devrait permettre d’occuper les résidentes à une activité génératrice de revenus. Les activités au centre sont souvent mises en place par des volontaires extérieures venant de différents pays : France, Hollande, Etats- Unis ou par des organisations locales partenaires de notre projet. Des sessions de sensibilisation et d’information pour les résidentes sont également organisées. Les sujets abordés sont la traite des êtres humains, les formes d’exploitation et d’abus, l’importance de l’éducation, les droits des femmes et des enfants, les risques liés à la migration. Sous forme de jeux, des sessions de travail pour améliorer la mémoire et acquérir des connaissances de culture générale sont organisées. Regarder des documentaires et des téléfilms népalais sont l’occasion ensuite de discuter de la société népalaise.

Soin psychologique Le secteur des « loisirs » a un impact psychologique et social à long terme sur la vie des femmes. Les problèmes psychologiques sont d’ampleur et de profondeur différente selon le vécu des victimes. Elles souffrent de symptômes de stress post-traumatique (SSPT) qui peuvent prendre la forme de stress, d’angoisse, de flash-back, d’insomnie, de dépression et aller jusqu’au comportement suicidaire. Chaque pensionnaire reçoit une évaluation psychologique dès son arrivée au centre. La psychologue utilise essentiellement la thérapie par la parole, l'écoute, l'empathie, et l'approche comportementale lors des séances.

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Soins médicaux Les femmes du secteur du loisir sont exposées à des risques sanitaires ; VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles. Beaucoup de femmes ont des problèmes gynécologiques comme des pertes, des douleurs dans le bas-ventre et des infections urinaires. Elles sont suivies par l’infirmière et accompagnées à l’hôpital en cas de besoin de soins plus spécifiques Le test HIV est proposé aux femmes à leur arrivée. Elles ont toutes consenti à le faire et étaient toutes négatives. Une femme enceinte a accouché lors de son séjour. Elle et l’enfant sont toujours au centre à l’écriture du rapport. Une jeune fille handicapée du bras et de la hanche sera opérée en 2012 grâce au soutien de Handicap International. Une femme a bénéficié d’une prise en charge psychiatrique et médicamenteuse.

Assistance légale L’avocate à temps partiel continue de visiter le centre trois fois par semaine. Elle enquête sur les affaires juridiques des résidentes et la possibilité de poursuivre l’auteur des crimes dont elles ont été victimes. Mais aucune résidente n’a souhaité porter plainte contre son agresseur. Le système népalais ne garantit pas la protection des victimes car la police, la honte, la crainte de la stigmatisation sont des obstacles bien difficiles à surmonter pour les victimes. Deux jeunes filles sont en procédure pour une demande de carte d’identité/nationalité. La procédure au Népal est longue et compliquée quand les parents n’ont pas eux-mêmes de papier et que l’enfant n’a pas de certificat de naissance. Un cas de pension alimentaire pour une résidente qui est séparée de son mari a été traité. L’avocate mène également des sessions de sensibilisation au droit à l’équipe. Elle aborde des sujets tels que le droit à la propriété pour les femmes ou les directives de la Cour suprême sur les respects des travailleuses dans le secteur des loisirs.

Soutien aux enfants des bénéficiaires Une bénéficiaire est venue avec sa fille de 10 ans. La maman étant très instable psychologiquement et ayant souvent des comportements agressifs envers elle, il fut recommandé que l’enfant soit séparé de sa maman. Elle fut placée dans une école internat (soutenue par une association locale). Elle vient 2 jours par mois rendre visite à sa maman. Elles peuvent également très facilement communiquer par téléphone. Deux autres enfants (âgées de 10 et 6 ans) sont les sœurs d’une bénéficiaire. L’équipe cherche un centre pour enfants pouvant les accueillir, elles ne sont pas victimes d’exploitation ou d’abus sexuel mais très vulnérables. L’équipe est entrée en contact avec la famille, mais la réinsertion prendra

certainement du temps. Il y a enfin un bébé de 3 mois, la maman est arrivée enceinte au centre.

Réinsertion et suivi La réinsertion est planifiée en fonction des besoins et des envies des femmes. Sur 32 femmes, six ont été réintégrées dans leur propre communauté d’origine, 2 résidentes ont décidé de s’investir dans le centre et travaillent pour assister l’équipe dans l’organisation journalière et le suivi des résidentes. Un suivi téléphonique et des visites à domicile sont effectués pendant 2 ans pour s’assurer de leur bien être et leur proposer un soutien si besoin.

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Trois femmes travaillent dans un petit atelier de couture dans leur communauté ; trois autres, très jeunes sont retournées dans leur famille et vont reprendre le chemin de l’école, grâce au soutien d’une association qui aide les jeunes femmes en difficulté à retourner à l’école, notamment en soutenant les parents. 23% ont été référées à des centres plus adaptés, centres pour enfants ou centre pour victime de violence domestique, 35% sont toujours au centre. Résultat 2 : Renforcement des capacités du personnel de soins de CAP Népal Le renforcement des capacités est l’autre priorité du projet. L’ensemble des formations organisées permet d’assurer une prise en charge holistique, multidisciplinaire, dans le respect des bénéficiaires et basé sur les droits fondamentaux de la personne. La plupart du temps, tout le personnel y est convié, de la directrice du centre à l’intendante en passant par la psychologue car il est important que les références soient communes notamment en ce qui concerne le respect des droits et le non-jugement envers les résidentes. Les formations suivies par le personnel au cours des 12 mois du projet sont les suivantes

Formation sur le standard minimum de prise en charge interdisciplinaire : les lignes directrices, les procédures et la marche à suivre pour la mise en place du standard minimum de prise en charge. Comment gérer les problèmes, rôles et responsabilités du personnel. (2 jours, et suivi régulier par le coordinateur de Planète Enfants)

Conseil, soutien psychologique et communication: Compétences de base en communication et conseil. (un jour, et suivi régulier par la psychologue française de Planète Enfants)

Formation sur la prise en charge d’enfants atteints du sida

L’art pour soigner : avec pour thème la santé reproductive, l’hygiène, anatomie féminine

Prévention VIH-SIDA: Qu’est ce que le VIH-SIDA, politique du gouvernement à l’égard du VIH, services disponibles pour le VIH, comment utiliser un préservatif, attitudes envers les personnes atteintes du VIH-SIDA, précautions universelles (4 jours)

Formation aux premiers secours psychologiques : Techniques de communication de base, reconnaissance des besoins humains de base, résilience, réactions psychologiques et comportementales courantes (3 jours)

Orientation sur la Tuberculose et le VIH: améliorer ses connaissances sur la tuberculose et le VIH (un jour et suivi régulier par notre infirmière)

Danse thérapie : Formation donnée par une volontaire aux membres de l’équipe tout en menant des sessions pour les résidentes. (un mois)

Formation médiation communautaire (4 jours)

Perspectives 2012

Après 12 mois de collaboration avec notre partenaire CAP Nepal, l’équipe multidisciplinaire est en place, efficace et compétente. Afin d’envisager l’autonomisation financière de CAP Nepal, nous travaillons au développement d’une activité génératrice de revenus qui pourrait être mise en place par et pour les résidentes. Une étude de marché, à la date d’écriture du rapport (mars 2012) est en cours pour la fabrication de sacs de course. Ces sacs répondent à un triple objectif de générer un revenu pour le centre, de former les résidentes et de respect de l’environnement. Nous espérons développer un partenariat avec la plus grande chaine de supermarchés du Népal (5 grandes surfaces) afin de limiter les sacs en plastique et de promouvoir un achat écologique, pérenne et responsable. Avec Cap Népal, Planète Enfants travaille en étroite collaboration avec les ONGs népalaise impliquées dans cette lutte et avec les ONGs internationales, notamment avec World Education, Asia Foundation et Terre des hommes pour créer des synergies, renforcer l’impact de notre action. Planète Enfants continuera son soutien technique et financier à CAP Népal en 2012 ; un phase-out est envisagé à partir de 2013.

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« Enfance en danger" : prévention à l'enfance de la rue dans les bidonvilles

Manohara et Paurakhi Basti a Katmandou

Au Népal, le nombre d’enfants des rues augmente chaque année et particulièrement à Katmandou. Après

avoir mené des projets auprès de ces enfants, Planète Enfants cherche à promouvoir des mécanismes de

prévention, en agissant directement dans les quartiers et zones sensibles, dont beaucoup d’enfants des

rues sont issus. Le projet pilote a démarré dans le bidonville de Manohara et a été répliqué dans le bi-

donville de Paurakhi Basti. Ce programme a pour objectif de

rendre les habitants de ces communautés plus responsables

de leurs enfants. Il s’adresse aussi bien aux mères, qu’aux

adolescents et aux tout petits.

A Manohara, une passation du projet réussie Terminées dans ses grandes lignes en septembre 2010, les activités de la maternelle, du club pour enfants, de l’autonomisation du comité de protection ont continué jusqu’en août 2011. Dix mois supplémentaires ont permis de finir l’année scolaire népalaise (en avril 2012) et de travailler avec une association chinoise, « Compassion for Migrant Children » (CMC) créée par un américain, Jonathan Hursh sur la passation des nos activités et le suivi de nos bénéficiaires.

L’excellente coopération entre Planète Enfants et CMC a permis une passation pertinente, avec notamment le suivi de nos bénéficiaires et l’embauche des 3 assistantes maternelles formées dans le cadre de notre projet et issues de la communauté.

A Paurakhi Basti, une fin d’année sous la menace de l’expulsion Le projet a commencé en janvier 2010, les activités principales se sont terminées en décembre 2011, excepté pour la maternelle qui elle se terminera en avril 2012 afin de couvrir l’année scolaire népalaise. Le terrain, qui appartenait aux Nations Unies, a été donné à la ville en 2011 pour transformer les rives de la Bagmati en lieu de promenade et assainir la rivière qui malheureusement est une véritable poubelle à ciel ouvert. Ce projet, évidemment essentiel pour la ville en terme écologique et d’assainissement, implique l’expulsion de ses habitants. Les habitants de ces bidonvilles sont des migrants venant de différents districts du Népal. Ils sont pour certains, sans terre, sans domicile fixe, une poignée d’entre eux a délaissé le travail de leur terre (trop incertain) à la recherche d’un travail plus rémunérateur en ville. Ils étaient tous au courant qu’ils s’installaient dans une zone interdite. Ils ont toujours été menacés d’expulsion mais fin 2011, les menaces de la ville se sont intensifiées, la réalité de l’expulsion a pris forme. Planète Enfants plaide auprès des autorités de la ville pour que l’expulsion se fasse dans le respect de la personne et en accord du protocole d’expulsion des Nations Unies, qui inclut le relogement des habitants par le gouvernement. Résultat 1 : la mise en place d’un environnement sûr pour les enfants La maternelle L’ouverture de la maternelle a assuré pour 40 enfants un environnement propice à leur développement physique et intellectuel. Sur les 40 enfants, 15 vont rejoindre l’école primaire du quartier, les 25 autres continueront dans notre maternelle jusqu’en avril 2012. La maternelle sera de plus reprise par CMC, l’association qui avait repris notre projet « Enfance en danger » de Manohara. Les 3 assistantes

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maternelles formées dans le cadre du projet et issues de la communauté seront également embauchées par CMC. La participation aux réunions mensuelles a été très satisfaisante, 85% des parents (père ou mère ou grands-parents) étaient présents. Cette bonne participation a permis de mettre en place des activités régulières d’éducation parentale. Le club pour les jeunes 60 jeunes âgés de 12 à 17 ans ont activement participé aux activités proposées par le club. 22 journaux mensuels ont été écrits par les jeunes. Ces journaux permettent aux jeunes de sensibiliser la communauté sur les droits de l’enfant, de s’exprimer par le biais de poèmes, de textes personnels. 10 jeunes très actifs dans le club ont reçu une formation en journalisme afin d’encadrer la rédaction du journal. Les jeunes ont également participé à des activités de chants, danse, football. Les membres du club ont sélectionné 10 jeunes, en difficulté sociale, pour recevoir une formation professionnelle dans le cadre du projet. 2 jeunes ont été formés en réparation et maintenance des téléphones portables, 2 ont passé leur permis de conduire pour pouvoir ensuite conduire des véhicules de transport public, 2 en cuisine pour aider leurs parents dans leur « petits » restaurants de quartier et 4 jeunes filles en coiffure/esthétique ; celles-ci elles ont ensuite grâce à une aide financière ouvert des centres de soins (à l’extérieur du bidonville pour des questions d’hygiène). Grâce à ce club, les jeunes ont ainsi acquis les outils pour s’exprimer, se défendre, ont appris à porter un autre regard sur la violence dans le bidonville, à ne plus l’accepter comme une fatalité. Ils ont appris l’existence d’associations capables de les aider, ils ont développé l’entraide communautaire. Ils connaissent les risques de la vie dans les rues et l’importance de l’école

Témoignage : Nirjala, une jeune fille pleine de vie…et d’envies ! « Namaste ! Je m’appelle Nirjala, j’ai 13 ans et je vis à Paurakhi Basti avec ma maman depuis 4 ans. Avant, j’habitais à Dharan à l’Est du Népal. Je suis en classe 8 (ndlr, équivalent de la 4ème) au collège Gujeswori à Katmandou et j’aime beaucoup danser et lire des livres. Quand je serai plus grande, je voudrais être travailleuse sociale, comme ceux qui s’occupent du Club des jeunes et de la communauté. Ma maman, elle, est femme de ménage. Mon souhait le plus cher serait de gagner assez d’argent pour l’aider financièrement. Généralement, je me réveille tôt le matin. Avant de partir à l’école, je prépare le thé pour ma maman et moi. Ensuite, je vais en cours de 6h à 11h du matin. Je rentre chez moi pour déjeuner puis je vais au club des jeunes lire ou retrouver des amis. On discute et on s’amuse ensemble. Ma maman a une amie qui tient un salon de beauté, alors parfois, je vais là-bas pour regarder comment elle travaille et apprendre un petit peu le métier d’esthéticienne. En fin de journée, je retourne chez moi pour préparer le dîner et me couche tôt. Au sein du club des jeunes, je participe à beaucoup d’activités. Par exemple, j’ai suivi des formations qui m’ont appris à gérer la colère, à avoir confiance en moi, à voir les choses de manière positive où à choisir mes fréquentations. J’ai aussi participé à la publication du journal des jeunes de la communauté et au quiz organisé par le club. »

Le comité de protection Le comité de protection regroupe 20 femmes dont l’objectif est d’identifier et de gérer des problèmes concernant des femmes et des enfants. Les types de cas sont des violences domestiques, de maltraitance d’enfants, d’affaires extraconjugales, de droit à la propriété, de partenaires multiples. Le comité de protection a mis en place son propre système de surveillance et de punitions envers les personnes perpétrant des actes de violence. Toute personne, principalement les maris, pris d’actes de

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violence doit payer une amende au comité de protection. Cette amende varie de 200 à 1000 NPRS et augmente si les faits sont répétés. Les fonds récoltés complètent le fonds de soutien communautaire initié par Planète Enfants. Ce fonds a servi pour des frais de soins médicaux et à la construction d’une école communautaire primaire au cœur du bidonville. Le comité participe ainsi à un long travail de médiation auprès des époux, des parents, discute du rôle de chacun, désamorce des situations familiales tendues ; tout ceci contribuant à construire un environnement protecteur pour les enfants et plus sain pour les familles. A la fin de l’année, le comité de protection aura référé 30 cas à des organisations, institutions ou personnes compétentes. Le signalement se fait avec l’aide de la conseillère psychosociale ou grâce au manuel qu’elle a développé sur les procédures de signalement. Résultat 2 : la réduction de la dépendance socio-économique des femmes Les classes d'alphabétisation et de sensibilisation Les classes d’alphabétisation ont permis à plus de 45 femmes de bénéficier des classes de sensibilisation. L’apprentissage de la lecture et des règles de calcul est une activité simple à organiser et dont les bénéfices pour les femmes sont immenses dans leur autonomisation au quotidien. Les classes d’alphabétisation n’ont pas connu le même succès qu’à Manohara. Le bidonville étant plus récent, la plupart des femmes sont en âge de travailler, leur travail est de plus extrêmement irrégulier avec des horaires qui changent quotidiennement. Malgré l’enthousiasme en début de projet, plus de 100 inscrites, moins de la moitié a pu suivre les cours dans leur totalité. Nous avons proposé des changements d’horaire, revu le curriculum mais le manque de participation régulière a persisté. Afin de répondre à l’objectif « éducation » des femmes du projet, nous avons pendant 2 mois, ouvert des sessions de sensibilisation sur les questions de genre, droits des femmes et des enfants, hygiène, éducation parentale. Ces sessions étaient ouvertes à l’ensemble de la communauté. Ces sessions ont rencontré un vif succès, plus de 25 personnes 4 fois par semaine y ont participé, notamment des femmes et des adolescents (garçons et filles). Une formation couture de 2 mois fut également mise en place pour 7 femmes du bidonville. Le groupe d'épargne et de crédit 38 femmes sont membres du groupe d’épargne et crédit. A la fin de l’année, 34 personnes ont bénéficié d’un prêt. Les prêts sont accordés pour une durée de 3 à 6 mois et le taux d’intérêt est de 2% par mois, en 2 ans, le groupe a collecté 52 763 NPRS. Les prêts servent essentiellement pour des dépenses de travaux ou d’entretiens de leur maison (toilettes, réparations, peintures…), pour payer les frais de scolarité et pour

le développement d’activité génératrice de revenu. Ces activités de renforcement économique procurent aux femmes une marge de liberté financière et contribuent ainsi à une plus grande reconnaissance au sein de leur famille. Etant désormais capables de participer financièrement aux dépenses du foyer, elles sont mieux considérées. Un fonds pour les activités génératrices de revenus Grâce à ce fonds, 20 familles en extrême difficulté ont été soutenues financièrement pour mettre en place des activités génératrices de revenu. 4 femmes ont reçu une machine à coudre, après avoir suivi une formation en couture, 6 familles ont reçu une aide pour développer un élevage de canards ou de poules, une femme pour ouvrir un petit restaurant à l’entrée du bidonville, 3 pour un petit centre de

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soins/beauté, 2 pour une petite épicerie (gâteaux secs, boissons, produits d’hygiènes et d’entretien). Une femme vend des habits chez elle, et 3 ont été aidées pour un système de vente ambulante d’aliments secs. Toutes les activités ne sont pas mises en place dans le bidonville. Ces activités de renforcement économique sont évidemment une étape essentielle dans l’autonomisation des femmes et la reconnaissance de leurs droits et de leur autorité. Ayant un revenu, elles peuvent décider des choix économiques du foyer. Les femmes privilégient à 95% des dépenses pour leurs enfants, et notamment pour leur scolarité.

Perspectives 2012

De janvier à avril 2012, la maternelle, le club pour enfants et l’autonomisation du comité de protection seront poursuivis afin d’une part d’assurer une année scolaire complète aux enfants et d’envisager en toute sérénité la passation du projet. En effet, l’ONG CMC qui a repris notre projet à Manohara reprendra également notre projet de Paurakhi à partir de mai 2012. Ils reprendront le suivi de nos bénéficiaires via la continuité de la maternelle, et des activités communautaires dédiées principalement aux femmes. De son côté, Planète enfants poursuivra le travail de protection des jeunes enfants avec l’ouverture d’une maternelle destiné aux enfants de jeunes filles et jeunes femmes travaillant dans le secteur du loisir à Katmandou.

Passeports contre l'enfer

Grâce au financement de 60 000 dollars d’AGFUND obtenu en janvier 2011, une deuxième phase du projet de « Passeports contre l’enfer » a pu être mise en place. Ce projet «Renforcement des pratiques de migration sûre dans la lutte contre la traite» a officiellement commencé le 1er mars 2011. D’une durée de 18 mois, il prendra fin en août 2012. Cette deuxième phase reprend les activités régulières de la phase 1 qui sont : - L’accueil et le conseil des migrants potentiels dans le centre d’information - Les sensibilisations à la frontière et dans les lieux publics et la formation d’officiers de mairie - Le soutien à 50 femmes victimes de trafic ou de femmes souhaitant émigrer et identifiées comme à haut risque d’être victimes de la traite. Les nouvelles activités permettront de promouvoir les règles de « migration sûre » dans des villages plus reculés : - 3 conseillers dans les centres de délivrance des passeports, un dans chaque district d’intervention, Bardya, Banke et Surkhet - La création d’un réseau au niveau des villages de 54 conseillers sur la migration sûre qui formeront eux-mêmes 162 facilitateurs communautaires - Des pièces de théâtres de rue sur le thème de l’ émigration

Résultat 1 : maintien et extension d’un service de conseil en migration Le conseil est mis en place à 3 niveaux :

A Banke, le centre d’information sur la migration ouvert en 2009 sera parfaitement autonome en 2012. Le centre en 2011 a en effet été transféré à quelques mètres de son ancien emplacement dans un bâtiment qui appartient à notre partenaire et notre partenaire a de plus levé des fonds qui permettront l’embauche d’une personne dès septembre 2012.

1 conseiller par district a été recruté et formé pour délivrer des informations à la préfecture, où sont délivrés les passeports.

Un réseau de conseillers mobiles a été créé. Il regroupe au total 54 conseillers, repartis dans les 3 districts. Ce réseau s’appuie sur un réseau existant qui lutte contre la traite mis en place par le

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gouvernement. L’équipe a formé pendant 5 jours les membres de ce réseau à la migration sûre pour renforcer l’accès à l’information dans les villages. Les conseillers mobiles sont supervisés mensuellement par les conseillers de district Au total 5449 personnes ont été conseillées soit dans le centre soit par les conseillers mobiles. Résultat 2 : Renforcement des capacités des communautés et des autorités locales sur la question de la migration

Les conseillers mobiles ont formé 162 facilitateurs en migration dans les villages les plus reculés.

Des saynètes sur la migration sûre ont été développées avec les groupes de jeunes (qui avaient déjà suivi des sessions de sensibilisation sur la migration) et jouées dans les 18 villages dans lesquels le projet est mis en place. Plus de 4200 personnes, élèves, jeunes, moins jeunes ont assisté à ces représentations

2000 kits d’information, remis à jour, ont été distribués

Un radio jingle qui informe sur les différents lieux et modalités de délivrance d’information sur la migration est diffusé dans 3 radios locales 2 fois par jour (matin et soir, juste avant les informations)

Résultat 3 : Alternative économique pour les plus vulnérables

12 femmes vulnérables à la traite ou victimes de violence ont bénéficié d’une activité génératrice de revenu.

10 femmes de retour (après migration ou en cours de voyage) au Népal ont pu bénéficier du centre d’accueil et d’hébergement de notre partenaire, Saathi. Ce centre leur permet de préparer leur réintégration dans leur village. Victimes de violence, d’exploitation, elles ont besoin d’un soutien multidisciplinaire pour envisager leur retour dans leur famille. Perspectives 2012 Cette phase de projet se terminera en août 2012 lorsque les communautés bénéficiaires seront autonomes dans la recherche et la circulation d’informations sur les migrations. A l’écriture du rapport, nous étudions l’orientation de notre projet « Passeports contre l’enfer » à destination des enfants non accompagnés qui migrent chaque année du Népal vers l’Inde. Migration à haut risques pour les enfants népalais qui voyagent sans papier d’identité et seuls. Les népalais n’ayant pas besoin de visa pour travailler en Inde, ne sont soumis à aucune réglementation et donc à aucune protection. Ils deviennent invisibles et disparaissent en Inde.

Autres activités : consultations et plaidoyer Sur plusieurs sujets liés à la violence et la traite, Planète Enfants travaille étroitement avec d’autres acteurs internationaux pour améliorer le cadre règlementaire et les interventions au Népal. Un décret pour la mise en place de procédures de prise en charge des victimes dans les centres d’état Depuis 2007, Planète Enfants plaide pour la mise en place de guides de prise en charge dans les centres d’accueil. Or grâce au soutien financier de Aisa Foundation et de Plan international qui ont recruté une personne pour soutenir l’écriture des guides au ministère de la femme et de l’enfant et grâce au soutien technique des membres de IACG, le cabinet ministériel, le 5 mars 2012, a signé et approuvé les guides de prise en charge à mettre en place dans les centres financés par l’Etat.

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Un nouveau plan national de lutte contre la traite Depuis juin 2011, Planète Enfants co-préside avec Asia Foundation, le groupe de coordination d’acteurs internationaux de lutte contre la traite (IACG). Ce groupe compte 22 membres dont les plus actifs sont UNICEF, Terre des hommes, World vision, World Education, Plan International, UNODC, ILO , IOM, ECPAT, Oxfam, USAID, UNDP et les ambassades allemandes et américaines. Ce groupe de coordination qui se rencontre tous les 3 mois a, notamment, apporté un soutien technique à l’écriture du nouveau plan national de lutte contre la traite et au développement des guides de prise en charge des personnes victimes de la traite dans des centres spécialisés. Une table ronde sur les prises en charges alternatives d’enfants privés de parents Depuis 2010, Planète Enfants est membre du groupe de coordination régionale contre la violence faite aux femmes et aux enfants (SACG). En novembre, Planète Enfants a soutenu l’organisation d’une table ronde ministérielle de 3 jours sur les types de prises en charge alternatives pour les enfants qui sont privés de prise en charge parentale. Cette table ronde regroupait les ministres de 8 pays ; Népal, Bangladesh, Pakistan, Afghanistan, Sri Lanka, Maldives, Bhoutan et Inde. Cette table ronde initiée par UNICEF-Régional office et Plan international a pour objectif de faire avancer les cadres législatifs et les modes de prise en charge des enfants vers des solutions qui respectent le bien-être supérieur de l’enfant. En parallèle de cette table ronde ministérielle, une consultation d’enfants (une quinzaine) venant des 8 pays fut organisée. Planète Enfants fut particulièrement active dans cette consultation en animant 2 sessions : une sur les différents types de prise en charge et une sur la notion de bien-être supérieur de l’enfant. La participation à l’alliance « MenEngage » Planète Enfants est désormais membre de l’alliance « MenEngage » qui regroupe, au niveau national, les organisations d’hommes qui luttent contre la violence faites aux femmes et aux enfants. Cette alliance, dont Save the Children in Nepal accueille le secrétariat national, regroupe 25 acteurs népalais, qui travaillent sur l’implication des hommes et garçons dans la lutte contre la violence perpétrée sur la base du genre et nourrie par les structures sociales de pouvoir en place, en proposant la remise en question des normes sociales de genre et des formes hégémoniques que prend la masculinité dans une société patriarcale à forte domination masculine. L’approche est celle de ne pas stigmatiser les hommes dans leurs comportements mais bien plutôt de comprendre les origines sociales, économiques et institutionnelles qui enracinent ces comportements de discrimination et de violence sur la base du genre, depuis le plus jeune âge et tout au long du cycle de vie. Les hommes, les garçons deviennent des acteurs ou alliés du changement en leur proposant, dès l’enfance, une réflexion personnelle et collective (avec les filles) sur le rôle des hommes, garçons, femmes et filles dans la société et une remise en question du rôle que la société donne aux individus, rôle souvent générateur de frustration, d’abus de pouvoir et de violence de la part des hommes comme des femmes. Ceci permet de favoriser, au sein de la communauté, des relations hommes, femmes, garçons et filles plus harmonieux et pacifiques dans un dialogue équilibré et de construire des individus en paix avec eux-mêmes, et dès lors, en paix avec les autres.

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IV. ACTIONS DE MOBILISATION ET DE SENSIBILISATION EN FRANCE Malgré la taille très réduite de l’équipe, nous nous efforçons, en France, de fêter « nos » grandes dates (journée de la femme, anniversaire des droits de l’Enfant, journée européenne contre la traite…) et de participer à l’effort de mobilisation contre la traite et à la sensibilisation du grand public; ceci notamment grâce au dévouement des bénévoles.

Les DDPE Créées pour rassembler nos donateurs et amis qui souhaitent faire plus que de nous soutenir financièrement, les DDPE (Délégations Bénévoles de Planète Enfants), lancées fin 2009, prennent doucement leur place au sein de l’association.

En 2011, elles ont organisé ou ont participé à plusieurs opérations de collectes et de sensibilisation : - Concert, - Exposition artisanale, - Interpellation du grand public sur les marchés, - Vente de cartes de vœux et d’objet népalais, - Festival du Népal, - Festival des associations du 10ème arrondissement, Elles nous ont également aidé à recruter de nouveaux parrains et donateurs. En 2011, Planète Enfants compte une délégation supplémentaire, celle du Rhône. Menée par une bénévole très engagée et enthousiaste, gageons que cette délégation saura collecter des fonds et informer le grand public sur notre cause. Au total, les DDPE sont donc désormais 5 : Dordogne, Morbihan, Nord, Paris-Ile de France et Rhône.

La journée de la femme à la FNAC La FNAC, filiale du groupe PPR qui est un des partenaires de Planète Enfants, nous a sollicité pour sensibiliser ses salariés à notre cause, à l’occasion de la Journée de la femme, le 8 mars 2011. Rappelons en effet que pour remplir son mandat de protection des enfants contre la traite et l’exploitation sexuelle, Planète Enfants intervient pour renforcer les capacités des mères et lutter contre les violences faites aux femmes. Cette journée nous a donc permis de présenter aux salariés du siège de la FNAC nos programmes et leurs objectifs ainsi que le phénomène de la traite.

Le Festival du Népal Incontournable rendez-vous du printemps, le Festival du Népal nous permet de nous adresser à une cible acquise à l’amitié franco-népalaise ! Fréquentées par quelques milliers de visiteurs, ces journées sont l’occasion de nouvelles rencontres avec des bénévoles, de potentiels partenaires…et parfois même de nouveaux parrains. En 2011, c’est la DDPE de paris Ile de France qui a entièrement assumé l’organisation de cet évènement.

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Festiforum 10/10 En septembre, la DDPE d’Ile de France nous a de nouveau représenté, cette fois au « Festiforum 10/10 ». Cet évènement organisé par la Mairie du 10ème arrondissement de Paris, et dont l’objectif est de faire découvrir aux habitants du quartier et aux parisiens la richesse et la diversité du milieu associatif de l’arrondissement, nous permet de faire connaitre Planète Enfants aux potentiels bénévoles du quartier. Il a aussi été l’occasion de vendre des objets au profit de nos projets.

Colloque à l’occasion de la Journée Européenne contre la traite. Le 7 novembre 2011, le Collectif « Ensemble Contre la traite » a organisé un colloque intitulé «L’impact des politiques migratoires sur la traite des êtres humains.» Organisée à la Maison du Barreau de Paris, cette journée a été un succès, tant du point de vue de la fréquentation que du niveau des débats.

Elle a été l’occasion pour le collectif de formaliser un plaidoyer sur le sujet, à destination des pouvoirs publics. Ce plaidoyer, assorti des explications nécessaires à sa compréhension a fait l’objet d’une brochure grand public sur ce thème, qui rappelle des fondamentaux des Droits Humains, et notamment celui-ci : « Dans un contexte de durcissement des politiques d’asiles et d’immigration en France et en Europe, et notamment de répression de l’immigration irrégulière, il est nécessaire de rappeler que la protection des étrangers contre la traite des êtres humains et l’exploitation fait l’objet de droits consacrés par les Nations Unies, le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne. » Ce plaidoyer sera adressé aux candidats à la présidentielle en 2012 afin qu’ils prennent position sur le sujet.

20 novembre : droitS à l'essentiel Le 20 novembre, à l’occasion de l’anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la mairie de Sénart nous a invité à présenter Planète Enfants lors d’une journée à destination du grand public, intitulée « droitS à l’essentiel ». Sous la magnifique coupole du carré Sénart où les stands des associations étaient installés, les petits et les grands ont pu aussi assister à des spectacles de danses africaines et orientales, de clowns, de musique… pour faire aussi de ce jour de mobilisation un moment festif !

Prix de la solidarité Internationale, organisé par “Reader’s digest” En 2011, Planète Enfants, et sa directrice, ont bénéficié d’un article dans la rubrique « Solidarité Internationale » du magazine « Sélection du Reader’s Digest ». A l’instar des 9 autres associations interviewées cette année, Planète Enfants a été conviée à assister à la soirée de remise des prix, le 5 décembre au Théâtre du Vieux Colombiers à Paris. Nous avons, à cette occasion, présenté le mandat et les actions de Planète Enfants et reçu un don de la Fondation Crédit Mutuel.

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V. COMMUNICATION, COLLECTE ET PARTENARIATS De nombreuses actions de communication et de collecte de fonds ont été menées en 2011, certaines pour la première fois. Mais l’année 2011 a surtout été marquée par la signature de nouveaux partenariats significatifs pour Planète Enfants.

Communication

Une nouvelle marraine pour l’association : Sophie Forte ! Sophie Forte, humoriste, comédienne, scénariste et chanteuse, que vous avez certainement déjà vue ou entendue à la télévision, à la radio ou sur scène, nous fait le plaisir de devenir marraine de Planète Enfants ! Très sensible à la cause de l’enfance maltraitée, elle a ainsi souhaité parler de Planète Enfants lors de ses spectacles et mettre des brochures Planète Enfants à disposition de son public. Nous la remercions chaleureusement pour son engagement à nos côtés ! Sophie rejoint notre petite mais très chaleureuse équipe d’ambassadeurs aux côtés de Gérard Klein, acteur et de Bernard Stamm, navigateur.

Gloriamundi La fondation suisse Gloriamundi a retenu le projet présenté par Planète Enfants : la réalisation d’un film court de promotion de notre association. Elle va donc rechercher des réalisateurs professionnels, bénévoles pour l’occasion et assurer les frais occasionnés par le tournage (voyage, hébergement etc…), le montage et la production. Destiné au grand public comme aux bailleurs, ce court-métrage sera publié sur notre site internet mi-2012, pourra accompagner nos propositions de projet etc… C’est une belle opportunité pour nous de renouveler les outils de sensibilisation, indispensables à notre communication mais un peu chers pour notre budget…

Un peu de publicité… Il est clair que l’achat d’espace dans la presse ou sur internet n’est pas dans nos moyens mais nous avons obtenu cette année plusieurs espaces gratuits qui nous ont permis de toucher de nouveaux publics. Nous remercions donc le journal « l’humanité » qui nous a offert la deuxième page de couverture de son hebdo « l’humanité dimanche » à la fin du mois de juillet, ainsi que le nouvelobs.com et le figaro.fr qui nous ont offert une bannière sur leur site internet pendant plusieurs semaines l’été dernier.

Des visiteurs de plus en plus nombreux sur le site de Planète Enfants

Notre site internet est de plus en plus visité : le nombre de visiteurs est ainsi passé de 2000 à 3000 entre janvier et décembre 2011, soit une augmentation de 50%. Et le trend se poursuit, puisque à fin mars 2012, la moyenne de l’année 2012 est de plus de 4000 visiteurs ! Une meilleure fréquentation qui s’explique entre autres par l’obtention d’un « grant » auprès de Google pour utiliser gratuitement leur service Google adwords. Ce service permet, lorsque un internaute fait une recherche par mots clés d’afficher sur la page de recherche, des publicités contenant les mots clefs tapés ; ainsi par exemple, on peut voir afficher :

La traite dans le monde: - 2,5 millions de victimes par an, - 80% sont des femmes et des enfants - www.planete-enfants.org

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Collecte de fonds et fidélisation des donateurs Nos ressources étant majoritairement composées des dons des personnes privées, il est indispensable de fidéliser nos donateurs mais aussi d’en « recruter » de nouveaux pour assurer notre développement.

Un mailing envoyé à 9000 personnes

Nous avons pour la première fois envoyé un mailing sur un fichier de 9000 personnes pour les inciter à faire un don pour protéger les enfants de la traite. Grâce à nos bénévoles, la conception et le graphisme du mailing ont été réalisés entièrement gratuitement. Malgré cela, les dons récoltés n’ont pas été à la hauteur de nos espérances et le retour sur investissement n’est pas probant. Outre la très mauvaise période à laquelle notre mailing a été reçu, il apparait également que notre manque de notoriété a nuit au taux de retour. L’opération ne sera donc pas renouvelée en 2012 et les prochains mailings seront ciblés sur des personnes déjà intéressés par Planète Enfants.

La course des Héros : un succès pour Planète Enfants

Planète Enfants a participé pour la première fois à la course des héros en juin 2011. 13 coureurs se sont inscrits pour Planète Enfants, 10 ont pris le départ et près de 7000 euros ont été récoltés ! Une belle opération qui nous a permis de mobiliser de nouveaux donateurs et de passer une belle journée ensoleillée, gaie et solidaire.

La petite boutique népalaise

La petite boutique népalaise continue de participer efficacement à générer des fonds pour nos projets ! Grâce à la mobilisation de la DDPE de Paris, plusieurs ventes privées et en festival (Népal, 10/10…) ont été assurées pour proposer au grand public des produits népalais à petits prix et issus du commerce équitable. Des cartes de vœux ont également été proposées à la vente à la fin de l’année : une jolie façon de sensibiliser ses proches au message de Planète Enfants

Des initiatives généreuses et efficaces

Comme chaque année, 2 grands donateurs de Planète Enfants se sont fait remarqués par leur action au service de Planète Enfants. Paul Patte, qui, indéfectible soutien, vend calendriers, thés et café dans son école et reverse intégralement la somme récoltée à Planète Enfants. Et Paul Farque, qui organise chaque année, avec son association Lomont’s cars, une journée de rassemblement autour de vieilles voitures et nous offre le chiffre d’affaires de la buvette ! Une nouvelle venue notable cette année est Miss Pixel, une jeune photographe de Mulhouse, qui a pris des enfants en photos à Noël dans le cadre d’une exposition au musée de l’automobile et qui nous a reversé une partie de l’argent de leur vente. Enfin, nous remercions également très chaleureusement Emmanuel Henrion et sa contribution personnelle de 15 000 euros au service de nos projets.

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Partenariats Comme chaque année, Planète Enfants a noué de nouvelles relations et étendu son réseau de partenaires. Le fonds de Dotation Delsol nous a attribué son 1er prix annuel pour soutenir le programme « Entrepreneuses du Népal », programme d’aide à la mise en place d’activités génératrices de revenus pour les femmes les plus vulnérables et qui est intégré dans la plupart de nos projets. L’entreprise de peinture Zolpan et la Fondation Legallais nous ont soutenus pour « les maternelles de l’espoir» un projet qui démarrera en 2012. La Fondation Vacances bleues, la Fondation Crédit Mutuel et Top Rural (agence de tourisme sur internet) ont apporté une contribution à l’association dans son ensemble. Enfin deux partenariats significatifs ont été signés en 2011 : - Le premier, avec « Voyager Autrement » nous a permis de proposer à nos parrains et marraines un voyage exceptionnel à un prix tout à fait compétitif. Créé en 2000, Voyager Autrement est spécialisé dans le « voyage solidaire ». Son ambition est de promouvoir une façon de voyager différente, qui marie découverte touristique et ouverture au monde du développement et de la solidarité internationale. Notre partenariat a donc pris la forme d’un circuit de 14 jours alliant la découverte des beautés naturelles et culturelles de ce pays fascinant à la visite de projets Planète Enfants et à la rencontre avec notre équipe sur place. Ce voyage a été une occasion unique pour apprécier ce pays merveilleux et ses habitants mais aussi pour se rendre compte des actions que nous menons, grâce au soutien fidèle et généreux de nos donateurs ! Ces derniers en sont tous revenus enchantés et impressionnés par la qualité du travail réalisé par Planète Enfants et ses partenaires, ainsi qu’en témoigne une de nos voyageuses et donatrices, Cathy Berry :

« Je tiens à remercier chaleureusement Planète-Enfants pour ce merveilleux voyage qui m'a permis de découvrir le Népal et, bien entendu, de voir concrètement ce que vous faites sur place. J'avoue que vos projets et réalisations m'ont très agréablement surprise. Même en lisant le compte-rendu annuel, il est difficile de se rendre-compte de l'impact de votre travail dans le quotidien des femmes et des enfants que vous aidez. La rencontre des femmes dans le village et dans le bidonville est inoubliable. Leur regard, leur sourire et leur courage pour se battre, s'en sortir est une belle leçon pour nous également. Bravo à tous pour votre engagement et votre volonté pour réaliser ce que nous avons pu constater. »

- Le second a été signé avec Planète Urgence, association qui met en contact des volontaires souhaitant partir dans le cadre d’un congé solidaire et associations exprimant des besoins de formations ou d’études sur le terrain. Un certain nombre de missions nécessaires à Planète Enfants sont accessibles sur le site internet de Planète Urgence : il s’agit notamment de formations en informatique pour le staff, les partenaires ou les bénéficiaires ; d’intervention dans le centre de réinsertion pour des activités récréatives ou la formation de l’équipe en technique d’animation ; ou encore d’études de marché ou de faisabilité pour la mise en place d’activités génératrices de revenus. Ces missions courtes (2 ou 3 semaines) et gratuites pour Planète Enfants remplissent des fonctions que nous n’avons pas le temps d’exercer et sont très appréciées des équipes comme des bénéficiaires. Une première mission de 2 volontaires a eu lieu au mois de novembre dernier. L’équipe de Planète Enfants a reçu une formation avancée en logiciels de bureautique et de jeunes adolescents des bidonvilles une initiation à l’informatique. A noter également le support renouvelé des Fondations PPR, Raja, La Ferthé, Agfund et de l’entreprise Cheminées Poujoulat.

Merci à tous pour leur confiance !

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VI. PERSPECTIVES 2012 En 2012, Planète Enfants aura 20 ans ! 20 ans de combat pour protéger les enfants contre les violences ; en 20 ans, Planète Enfants a prémuni des millions de personnes contre la traite, a protégé des milliers d’enfants, assisté et réinséré des centaines de victimes, a formé des dizaines d’organisation. Si la traite des êtres humains n’est pas une fatalité, elle continue malheureusement de se développer et il faut beaucoup de ténacité pour agir contre elles à tous les niveaux, de la prévention à la réinsertion en passant par l’assistance aux personnes les plus vulnérables. Nous avons en 2012 la volonté de prolonger nos quatre programmes d’actions au Népal. Nous en avons aussi les moyens, essentiellement grâce à nos fonds propres et donc à la fidélité de nos donateurs. Nous sommes entourés de bénévoles et de partenaires efficaces, tant au Népal qu’en France, qui nous donnent les moyens de développer et de mettre en place nos projets. Toujours plus nombreux, ils sont pour nous une grande source d’espoir et nous devrons étendre encore ce réseau pour accroitre notre impact et notre visibilité. Notre structure en France est désormais plus légère mais nous devrons aussi réaliser des économies par rapport à 2011, notamment en matière de communication, pour atteindre un résultat légèrement excédentaire. Mais le principal défi de 2012 sera de trouver des fonds extérieurs significatifs pour prolonger nos programmes dans l’avenir et pour répondre aux nombreux besoins identifiés en 2011 et/ou de sélectionner avec soins des opportunités de partenariat décisives pour nous soutenir dans le développement de notre activité.