À FEU ET À SANG la guerre...

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Le 19, Crac Montbéliard 13 SEPT. > 23 NOV. 2014 À FEU ET À SANG la guerre revisitée Kader ATTIA David B. Myriam BUCQUOIT Jean-Marc CERINO Anne-Charlotte DEPINCÉ Eric MANIGAUD David MÖHRING & Philip RIESEBERG Maurice MULLER Les Cahiers 2014 - n°3

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Le 19, Crac Montbéliard13 SEPT. > 23 NOV. 2014

À FEU ET À SANGla guerre revisitée

Kader ATTIADavid B.Myriam BUCQUOITJean-Marc CERINOAnne-Charlotte DEPINCÉEric MANIGAUDDavid MÖHRING & Philip RIESEBERGMaurice MULLER

Les Cahiers 2014 - n°3

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• LES MATINÉES JEUNES PUBLICSVisites/ateliers pour les enfants 4-12 ansAu 19, les mercredis de 10h à 12h

> MERCREDIS 22 ET 29 OCT.- 5 ET 19 NOV.

Ces visites et ateliers sont proposés à tous les enfants qui souhaitent exercer leur regard et s’initier à une pra-tique – Entrée libre, sur réservation, un minimum de 2 personnes inscrites est nécessaire.

• LES VISITES DE GROUPES (ENFANTS ET ADULTES)Visites et ateliers MAIN-A-LA-PATE Des rencontres découvertes au plus proche des œuvres d’art. Adaptées à tous publics sur réservation.Entrée libre.

Pour toute demande de renseignements, réservations ou pour préparer une visite, n’hésitez pas à contacter l’équipe de médiation au 03 81 94 13 47 ou [email protected]

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VISITES AU 19

AUTOUR DES EXPOSITIONS• LE RDV DES PROFS ET DES ANIMATEURSSpécial enseignants, animateurs et responsables associatifs. L’équipe du service des publics est disponible dans l’exposition pen-dant l’heure du déjeuner. N’hésitez pas à venir préparer vos visites !

> Mercredi 17 septembre entre 12h et 14h, entrée libre.

• CLUB SANDWICH VIDÉOSUne séléction de vidéos d’artistes à l’heure du déjeuner, le dernier mardi du mois. Pensez à réserver vos sandwichs par mail ([email protected]) ou par tél : 03 81 94 43 58. Sandwichs : 2 euros.

> Mardi 30 septembre - 12h30-13h30, entrée libre.

• BUS TOUR TRAC À TRAVERS L’AIRE URBAINE Le TRAC, téméraire réseau d’art contemporain vous emmène visiter en bus 5 lieux d’arts visuels à Belfort, Bourogne et Montbéliard, 5 étapes de découvertes artistiques (expositions, performances) et quelques pauses gourmandes concoctées par les Musées de Belfort, les Musées de Montbéliard, le 19, Centre régional d’Art contemporain de Montbéliard, l’Espace Multimédia Gantner à Bourogne, la Galerie du Granit, Scène nationale et l’Ecole d’art Gérard Jacot à Belfort. Réservations obligatoires au 03 84 58 67 67. Tarif unique : 7 euros, gratuit pour les moins de 18 ans.

> Samedi 4 octobre à 11h à la Tour 46 à Belfort.

• ÉCLAIRAGE#1 : L’espoir de Jaurès fusillé dans les tranchées, rencontre avec Gilles ManceronEn partenariat avec l’Atelier à Audincourt.Gilles Manceron est historien et l’un des responsables nationaux de la Ligue des droits de l’homme. Spécialiste de l’Histoire colo-niale, il est aussi l’auteur (avec Madeleine Rebérioux) de Droits de l’Homme. Combats du Siècle (2003) et (avec Emmanuel Naquet) de Etre dreyfusard hier et aujourd’hui (2009).

> Mardi 7 octobre à 20h, entrée libre.

• LA NOCTURNE DU 19 : Du sang à tous les étagesA l’occasion de la nocturne étudiante du Pays de Montbéliard, le Centre d’art ouvre ses portes toute la soirée. A travers une sélection de textes d’écrivains et d’artistes choisis par l’écrivain et poète Jacques Moulin. Une saisie à vif et à sang de la Grande Guerre. Une entrée dans le vif du sujet par le comédien Sébastien Dec. De quoi mettre les nerfs et les chairs à vif ! Mise en scène à 20h30 (durée 15 minutes).

> Jeudi 16 octobre jusqu’à 23h, entrée libre.

• RECONTRE/DÉBAT À AUDINCOURTEn partenariat avec l’Atelier à Audincourt.À l’occasion de la publication Zone de production, Naissance d’une automobile, Dominique Dehais, Hubert Truxler et d’autres protagonistes du livre seront présents. Au programme : débat, projection d’un film et signature de l’artiste.

> Mercredi 22 octobre à 20h à l’Espace Gandhi à Audincourt.

• ÇA TOURNE : La guerre au cinémaUne programmation proposée par Le cinéma et rien d’autre. Pour plus d’infos : www.lecinemaetriendautre.fr

> Du 5 au 18 novembre, Cinéma Le Colisée.

• ÉCLAIRAGE#2 : La mort entre les lignes Lecture de Jacques MoulinJacques Moulin lira des extraits de son ouvrage “Journal de campagne” écrit en 2013 à l’occasion d’une résidence à l’Abri-Mémoire d’Uffholtz et “La mort entre les lignes”, écrit pour l’exposition À feu et à sang, la guerre revisitée. Cette lecture sera accompagnée d’une projection de photographies de Thierry Bernard, réalisées sur le site du Vieil Armand.

> Mardi 18 novembre à 20h, entrée libre.

DOMINIQUE DEHAISZONE DE PRODUCTION

NAISSANCE D’UNE AUTOMOBILE 14,8 x 21 CM - 134 PAGES

20 EUROSTEXTES : P. CYROULNIK,

D.DEHAIS, E. HERMANGE ET ENTRETIENS

COÉDITION : LE 19, CRAC ET VO ÉDITIONS

JEAN-MARC THOMMENA MAIN LEVÉE

17 x 24 CM - 64 PAGES 15 EUROS

ENTRETIEN : P. CYROULNIK ET JM. THOMMEN

COÉDITION : LE 19, CRACET LE VOG

A PARAÎTRE : TROIS FOIS RIEN

À FEU ET À SANG, La guerre revisitée

LES ACTIVITÉS DU SERVICE DES PUBLICS

• VISITES DES EXPOSITIONS, au 19 à 15h30, entrée libre

> SAMEDI 20 ET DIMANCHE 21 SEPT. DIMANCHE 12 OCT. ET 16 DEC.

NEZ àNEZ

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Kader ATTIADavid B.

Myriam BUCQUOITJean-Marc CERINO

Anne-Charlotte DEPINCÉEric MANIGAUD

David MÖHRING & Philip RIESEBERG

Maurice MULLER

L’exposition fera découvrir des ap-proches contemporaines de l’expé-rience de la 1ère guerre mondiale en particulier dans le domaine des arts plastiques : La peinture, le dessin, la vidéo, la photo et la bande dessinée.Elle présentera des artistes qui ont eu recours à des genres picturaux comme le portrait, le paysage, la peinture de genre et la peinture d’histoire tout en les renouvelant. Parmi ces artistes certains ont ac-quis une notoriété internationale

dans le domaine des arts visuels comme Kader Attia ou David B et Möhring et Reiseberg pour la BD et l’animation, d’autres ont une recon-naissance institutionnelle comme Jean-Marc Cerino ou Maurice Mul-ler et d’autres enfin, quelle que soit leur génération, sont des artistes émergents qui comme Myriam Buc-quoit, Anne-Charlotte Depincé, Eric Manigaud commencent à être esti-més par les professionnels de l’art.

L’exposition proposera un regard ori-ginal sur la question des perceptions et de la mémoire de la guerre, et celle des positions et antagonismes qu’elle a produits et exacerbés. Elle abordera les liens entre archaïsme et modernité, intégrant aussi les rapports entre les puissances occi-dentales et leurs colonies.Des projections d’œuvres d’artistes témoins ou victimes du conflit sur ces différents fronts complèteront cette sélection.

Les domaines littéraires, philoso-phiques et politiques seront pré-sents dans l’exposition par le biais d’affiches et d’inserts. Des environ-nements et événements sonores ainsi que des projections intégre-ront la musique et le cinéma à l’ex-position.

Projection/diaporama, Oeuvres De Max Beckmann, All - Otto Dix, All Erich Heckel, All - Georges Grosz, All - Fernand Léger, Fr - Franz Marc, All - Franz Masereel, Bel - Gino Se-verini, It - John Singer Sargent, Gb Felix Valotton, Fr - Ossip Zadkine, Ru.

Elle présentera enfin une sélection de documents historiques : films, photos, lettres et déclarations.

À FEU ET À SANGla guerre revisitée

13 SEPT. > 23 NOV. 2014

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L’oeuvre présentée de Kader Attia « constitue sans nul doute le monu-ment ultime de la dette que l’Occident a contractée auprès des pays inféodés naguère encore à son joug colonial. Le thème générique de cette œuvre hors norme, à double entrée, est ici celui du masque africain, qui inspire les

artistes « primitifs » du XXe siècle, et de la gueule cassée, celle des soldats victimes de bombardements de la Pre-mière Guerre mondiale dont le visage a été ravagé. Une curieuse proximité plastique et symbolique sourd de ces deux mises en forme de l’humain pré-sentées par Attia de façon simultanée

et spéculaire, renverraient-elles l’une et l’autre à une représentation diamétrale-ment opposée de l’humain – la dimen-sion métaphysique pour le masque afri-cain ; la pulsion de mort et la barbarie pour la gueule cassée. »Paul Ardenne

Kader ATTIANé en 1970, vit et travaille à Berlin. Représenté par la galerie Continua.

Open your eyes, 2010, 2 jeux de diapositives

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Tant d’obus en tant de temps sur une telle sur-face, tant d’hommes par mètre et à l’heure fixe en ordre. Tout cela se déclenche mécaniquement. C’est l’abstraction pure, plus pure que la Peinture Cubiste « soi-même ». Je ne te cache pas ma sympa-thie pour cette manière-là, surtout qu’au fond elle répond étonnamment aux « quantités », agissantes, comme disent ces messieurs du « 75 », Il est certain que cette guerre-là ne pouvait être faite que par les gens modernes qui la font. La résistance morale, la ténacité dam l’effort, ça c’est tout à fait moderne, on a été dressé à tout cela par notre vie antérieure. C’est aussi vache que la lutte économique des temps de paix et c’est pas peu dire ; la seule diffé-rence, c’est qu’on pousse un peu plus loin, un tout petit peu plus loin le résultat : au lieu de ruiner les bonshommes, on les tue.

Fernand Léger

Eric Manigaud, Lance flamme, 2006, mine de plomb sur papier, coll. Nicolas Sibille

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David B.Né en 1959, vit et travaille à Montreuil. Représenté par la galerie Anne Barrault.

Loin des récits réalistes et académiques sur la Première Guerre Mondiale, David B attaque le sujet par un angle insolite, en offrant une allégorie sur la violence de guerre empruntant à la fantaisie, au rêve, et bien sûr au fantastique. A mi-chemin entre le feuille-ton populaire, le récit historique et la fable onirique, la BD donne à voir un récit naviguant aux frontières du conte et de la réa-lité, sorte de réflexion métaphysique sur le caractère destructeur de la guerre. Au programme : folie et aliénation des hommes, déshumanisation puis destruction de l’humanité. Explorant avec originalité les territoires de la folie, tout en insufflant une dose de métaphysique, La Lecture des ruines s’offre au lecteur attentif, prêt à accueillir un discours différent. Car il s’agit avant tout d’une quête de sens. L’intérêt réside plutôt dans la manière de les traiter. Le visuel aux couleurs vives, souvent géométriques, fait évidemment penser à Otto Dix ou George Grosz, et s’adapte habilement à la tonalité du récit.

En haut, de gauche à droite : Les Barbelés vampires, Le troupeau de canons, Le régiment d’os, issus du cahier graphique paru dans la première édition de la lecture des ruines, 2001, éditions Dupuis. En bas : illustration issue du même ouvrage.

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Myriam BUCQUOITNée en 1952, vit et travaille à Paris.

Les oeuvres de Myriam Bucquoit qui vont être exposées sont peintes à partir d’images trou-vées de la Grande Guerre sur Verdun détruite ou des paysages dévastés par le conflit. Bombar-dements, Incendies, Séismes. Entre 2010 et 2014, Myriam Bucquoit a élaboré un programme de peinture fondé sur des figures de destructions. Des compositions sans présence humaine, sans références spécifiques à quelque événement ou lieu. Mais elles ont toutes pour motifs des pay-

sages ou des lieux marqués par la guerre. Pas de flou et pourtant une netteté atténuée, une porosité des formes aux limites fondues les unes dans les autres. Ces « alignements de façades en partie écroulées, aux tonalités « rabattues », se maintiennent fantomatiques, hors du temps dans leur fixité blafarde. Ils gardent de la carte postale une échelle contenue, à la limite de la contrainte, ramassée, presque étriquée. Quel défi s’est donc lancé l’artiste en abordant ces tableaux ? S’ils conservent de la photographie l’em-preinte de l’authenticité, ils s’en écartent dans leur matérialité. Nous avons devant les yeux une peinture patiemment développée en nappes fines et mates sans empâtements. Parmi ces rues désertes et ces sols encombrés de gravats, au travers de ces ciels pâles persiste une nature « sans vie », morte. Le choix de l’artiste n’a rien d’héroïque ni de volontariste. On sent la retenue dans la touche, le lent travail du recouvrement crayeux, une entreprise de deuil : autant de linceuls pour des lieux désertés, atemporels qui réactivent les drames d’un passé révo-lu. Myriam Bucquoit s’appuie sur un énoncé de Gerhard Richter : « Que ce soit une peinture, oui, mais ni un spec-tacle ni une illustration ». Elle se donne pour objectif, comme défi, la difficulté de rendre l’entropie sans dramatiser en confiant à la peinture la tâche de don-ner forme à ce qui a perdu sa forme ». Michèlle Waquant, De la destruction (extrait)

En haut : La tranchée, 2013, huile sur toileÀ droite : Yser, 2014, huile sur toile

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Jean-Marc CERINONé en 1956, vit et travaille à Saint-Étienne. Représenté par la galerie Bernard Ceysson.

Par la technique de la peinture sur et sous verre, il s’agit de rejouer, de convo-quer le geste de la reprise, reprise de photographies anciennes comme de des-sins d’anonymes. Reprendre afin de rac-commoder, de réparer un non vu ou un peu vu, mais également de réactiver, de refaire vivre au présent une partie de la puissance de ces documents. Images de catastrophes et d’échecs autant que de rêves et d’espoirs. Le passé étant autant

ce qui a eu lieu que ce qui a été rêvé, et qui de fait a aussi existé et appartient au présent. Jean-Marc Cerino (Notes d’atelier).

L’artiste fait remonter des images. Des ar-chives photographiques, des documents premiers avec lesquels ça travaille, sont reconvoqués en peinture. La reconduc-tion fait revenir ces images en les sortant du flux aveuglant des visibilités ou de l’ombre de l’anonymat. Jean-Marc Cerino

procède par association en connectant une mémoire photographique historique ; un appareil de repérage des avions par le son de 1918, des ruines de Guernica, Var-sovie ou Dresde peuplées d’animaux, un jardin potager sur un toit de Paris en 1939, le décollage vertical du lit volant (Flying Bedstead)… Sémantiques ou formels, les rapprochements sont multiples et ou-verts, montage, remontage, la mémoire des formes travaille. Anne Favier (extrait)

Combat aérien, Anonyme (J.D.), 2014, huile sur verre, huile et peinture synthétique à la bombe sous verre

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Anne-Charlotte DEPINCÉNée en 1981, vit et travaille à Rennes. Représentée par la galerie Marie Cini.

La peinture d’Anne-Charlotte Depincé s’entête à représen-ter quelque chose, un réel non représentable auquel on ne peut échapper. Une forme de persistance : dormeurs, autres exilés, survivants, cartes postales du passé, paysages révolus, figures rémanentes. Tous les genres reviennent alors sans hiérarchie au sein d’un même projet de per-ception : peinture d’histoire, portrait, peinture de genres, paysage, nature morte, expressionnisme, abstraction. Ses sujets privilégiés sont familiers de la perte, celle de la couleur, celle de l’origine, celle du réel, celle de la vision, celle du temps. Chacun porte sa carapace, son linceul, son spectre, son ombre, son « (g)host ». Le jeu des masses picturales déconstruit les images, comme recouvertes de cendre et de fantômes. Une structure « restante ». La pein-ture prend forme d’un monde de figures « originaires et oublis de l’origine ». Cette distance est la condition-même du deuil et du désir.Luc Jeand’heur (extrait)

L’ensemble exposé a été fait à partir de cartes postales représentant des paysages de la guerre, des portraits de groupes ou individuels de grands blessés.

En haut : Noir, 2009, acrylique & huile sur toile, coll. Luc Jeand’Heur, ci-dessus : Dixmude, 2009, acrylique & huile sur toile, coll. Alain Rannou & Elisabeth Van Egroo

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Cette lutte est la lutte pour la liberté, pour la fraternité des peuples, pour le socialisme. Il faut entreprendre cette lutte pour la paix, pour la paix sans annexions ni indemnités de guerre. Mais une telle paix n’est possible qu’à condition de condamner toute pensée de violation des droits et des libertés des peuples. Elle ne doit conduire ni à l’occupation de pays entiers, ni à des annexions partielles. Pas d’annexions, ni avouées ni masquées, pas plus qu’un assujettissement économique qui, en raison de la perte de l’autonomie politique qu’il entraîne, devient encore plus intolérable. Le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes doit être le fondement inébranlable dans l’ordre des rapports de nation à nation.

Prolétaires !

Depuis que la guerre est déchaînée, vous avez mis toutes vos forces, tout votre courage, toute votre endurance au service des classes possédantes, pour vous entretuer les uns les autres. Aujourd’hui, il faut, restant sur le terrain de la lutte de classe irréductible, agir pour votre propre cause, pour le but sacré du socialisme, pour l’émancipation des peuples opprimés et des classes asservies.

C’est le devoir et la tâche des socialistes des pays belligérants d’entreprendre cette lutte avec toute leur énergie. C’est le devoir et la tâche des socialistes des pays neutres d’aider leurs frères, par tous les moyens, dans cette lutte contre la barbarie sanguinaire.

Manifeste de Zimmerwald , 1915 (extrait).

En fond : Jean-Marc Cerino, Mutineries de Kiel (Im U-Boot-Hafen in Kiel wird auf einem Boot die rote Fahne gehisst), 2014, huile sur verre, paillettes, liant, acrylique irradiante et peinture synthétique à la bombe sous verre

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Eric MANIGAUDNé en 1971, vit et travaille à Saint-Etienne. Représenté par la galerie Charlie Smith London.

L’artiste présentera un ensemble de grands dessins constitués de scènes de guerre, de portraits et de corps de sol-dats tués. « Le travail d’Eric Manigaud se concentre sur un corpus d’images exis-tantes : des photographies d’archives exhumées par l’artiste. En l’occurrence

une série sur les différents aspects de la grande guerre: Gueules cassées, scènes de guerre, et cadavres. Tout part ainsi d’une réalité. Pourtant les contrastes et le grain de l’image agrandie sur le papier constituent la matière première de l’ins-piration, de la réalisation, et de la beauté

énigmatique d’images parfaitement iden-tifiables dans la rigueur de la dépose du graphite, et troublantes par la disparition du motif au sein de ces brillances subtiles de gris aux profondeurs instables.» Lóránd HEGYI (extrait).

Prise de Roye, 2005, 200x200 cm, mine de plomb sur papier, coll. Hervé Béal

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David MÖHRING & Philip RIESEBERGVivent et travaillent à Berlin.

Des lignes du front se caractérisent par un dessin très épuré et sans pa-thos. Il fait surgir les désastres de la guerre avec un impact très fort. Un sens subtil du rapport entre le texte et l’image. Plus que la représentation

des horreurs c’est plutôt un récit du tragique de la destinée fatale et de la désolation qui se construit et se dé-ploie de page en page. Il a suscité un grand intérêt du monde des images et de la BD pour ses auteurs qui y ont

fait une incursion d’autant plus spec-taculaire qu’ils en étaient étrangers. Leur impact fut si fort que l’émission Métropolis sur Arte leur a consacré un reportage en 2013.

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Maurice Muller proposera une sélection de photos des monuments commémoratifs de la grande Guerre, les uns pacifistes et antimilitaristes, les autres très bellicistes, permet-tant de voir comment, y compris au-delà de la guerre, le commémoratif a perpétué les oppositions qu’elle a suscitées. Cela fait de très nombreuses années qu’il photographie les monuments aux morts. Travaillant de façon très systématique en général avec une prise de vue frontale, Maurice Muller constitue une sorte d’inventaire du monument commémoratif. Il en fait ressortir la syntaxe, les répertoires de formes et de poses, il répertorie les types d’allégories et de métaphores ani-males ou mythologiques propres à cette statuaire. On pense aux photos d’August Sander ou à celles de Bernd et Hilla Becher.

Maurice MULLERNé en 1944, vit et travaille à Saint-Etienne.

Gisants (Série), 2002-2011, 3 impressions numériques sur papier Mat Bond

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En partenariat avec l’espace d’art contemporain (les halles) de Porrentruy

«Unreachable Empires » est un projet d’exposition de Sigismond de Vajay développé en coopération avec une équipe de collaborateurs invités. Ce projet se compose principalement de dessins, d’installations et d’objets de l’artiste, s’ajoutera à cela ultérieurement une publication qui réunira textes et dessins autour de la thématique des empires, au sens large. Architectes, assistants, chercheurs, penseurs, économistes, écrivains et artistes sont impliqués dans la démarche.En 2012 une première étape se présentait à la galerie Xippas de Montevideo (gravures et dessins), en 2013 une seconde à la galerie Xippas de Paris (sculptures et dessins), en 2014 le projet se montrera sous sa forme la plus étendue depuis son début, dans deux institutions d’art contemporain, respectivement l’école d’art de Belfort et les Halles de Porrentruy.Cette nouvelle étape qui réunira pour la première fois ces deux structures culturelles du Jura suisse et de la Franche-Comté est née suite à une invitation, faite conjointement par les deux institutions culturelles, à concevoir une action inédite qui puisse s’adapter spécialement aux dimensions des espaces.

Le projet inclut une double exposition qui présentera une cinquantaine de dessins, une installation, des objets (sculptures) et une photo de grand format. Un livre d’artiste est prévu pour le premier semestre 2015. Autonome aux expositions, mais complémentaire, il permettra de réunir la série complète de dessins de « Unreachable Empires » ainsi que trois à quatre textes de divers auteurs de différents pays et disciplines : économistes, glaciologues, écrivains.Cette action culturelle transfrontalière invitera le public à passer d’un pays à l’autre, à peine 40 km séparent les deux agglomérations. Il est pensé pour qu’il puisse se lire aussi bien comme un tout, que séparément, étant ainsi un événement original, accessible et dynamique.Cette nouvelle action franco-helvétique va dans le sens des démarches entreprises par l’artiste dans le passé, comme notamment avec son projet intitulé «Of Bridges & Borders». «Unreachable Empires» met en action une façon de procéder qui fait usage de collaborations permanentes avec divers acteurs culturels, en Suisse, en France ainsi que dans d’autres pays, créant ainsi un projet temporel qui offre la possibilité de consolider les recherches sur de nouveaux langages.

ECOLE D’ART GÉRARD JACOT, BELFORT2 avenue de l’espérance | 90 000 Belfort | tel. 03 84 36 62 10 Lundi-samedi : 9h-12h, 14h-18h | www.ecole-art-belfort.fr

L’ESPACE D’ART CONTEMPORAIN (LES HALLES) DE PORRENTRUYEXPOSITION DU 21 SEPTEMBRE AU 9 NOVEMBRE 20149 rue Pierre Péquignat | 2900 Porrentruy-Suisse | tel. 00 41 32 420 84 02 Jeudi : 17h-19h, samedi : 10h-12h, 13h30-17h30, dimanche : 13h30-17h30

Sigismond DE VAJAYUnreachable EmpiresÉcole d’art Gérard Jacot, Belfort20 SEPT. - 18 OCT. 2014

En haut : Transmitters and receivers, 2013, aquarelle, Ci-dessus : Five continents and us, 2013, dessin et aquarelle sur papier, photographie : Frédéric Lanternier, Galerie Xippas

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A propos du projet « Unreachable Empires »

A l’instar de son précédent travail « Nouveaux Désastres », également objet d’un ouvrage publié en 2009, de Vajay dépeint un monde grave et obscur dans lequel sont mis en évidence les systèmes qui régissent la planète, les irrégularités et les différences sociales, le pouvoir et le contrôle global, avec subtilité et poésie.La plupart des aquarelles qui composent la série sont inspirées de photographies prises par l’artiste ou d’images trouvées dans les médias ou des livres. Ainsi, des paysages ruraux vus du ciel, des gros plans de ruches d’abeilles, des bâtiments contemporains, des pipelines, ou encore des structures qui

témoignent de l’évolution technologique sont autant d’entrées en matière qui sont proposées pour aborder la thématique de l’Empire. Autant de lignes, de grilles qui révèlent des systèmes d’organisations et de communications de l’ensemble des êtres et des choses qui composent notre planète. Une sorte d’inventaire impossible qui questionne la position de chacun dans un vaste ensemble insaisissable. Les dessins s’avèrent être d’une actualité poignante. Le monde contemporain globalisé, où l’économie comme l’information sont régies au niveau mondial, dépersonnalise le système qui semble devenir une entité fictionnelle, incontrôlable, inaccessible. Dans « Unreachable Empires », - qu’il s’agisse de la quantité des figures composant certains

dessins ou qu’il s’agisse du rapport sériel avec lequel est abordée la production-, le nombre est corollaire d’une machinerie abstraite et colossale.Avec un regard désenchanté, les sujets des œuvres oscillent sans cesse entre l’humain et la machine, entre l’individu et la masse, dans un mouvement incertain et insécurisant. Artiste protéiforme, curateur et éditeur, ses productions ont en commun une esthétique de la dystopie. Dans « Unreachable Empires » la beauté provient de notre décadence, questionnant ainsi la notion même de progrès moderniste. Avec humour et dérision, la série emploie des symboliques des plus efficaces afin de décrire une société contemporaine à l’état de ruine.

The time in between, 2013, aquarelle, photographie : Frédéric Lanternier, Galerie Xippas

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19, avenue des Alliés25200 Montbéliardtél. 03 81 94 43 [email protected]

DirectionPhilippe Cyroulnik

AdministrationFrédérique Daniel

Action culturelle, programmation hors les murs,service des publicsJean-Marie Boizeau

Administration, communication, graphismeAurélie Goëtz

Accueil, médiation, régieCéline AmraniMathilde Juif

Régie, montageJoffrey Guillon

Accueil, régie, montageThomas Billon

Assistant administratifJusuf Nezic

StagiaireMarie-Pierre Baudier

Le 19, entrée librema-sa : 14h-18h, di : 15h-18hfermeture : 15 aoûtLe 19 est membre de DCA et TRAC.

Dépôt légal, 3ème trimestre 2014Issn : 1957-0856

Crédits photographiques, DR

Couverture : © David MÖHRING & Philip RIESEBERG, Front Linien (détail), 2012, extrait du livre

Stig BAUMGARTNER, Elina BROTHERUS, Terhi HEINO, Petri HYTÖNEN Pekka JYLHÄ, Marika KAARNA, Kaarina KAIKKONEN, Aino KANNISTOSandra KANTANEN, Ola KOLEHMAINEN, Antti LAITINEN, Tiina MIELONENMikko PAAKKOLA, Julia WECKMAN

LE VOL EN PROVENANCE D’HELSINKI… 6 DÉC. 2014 > 15 FÉV. 2015

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C’est à une traversée de l’art finlandais contem-porain que nous invite cette exposition traverse qui ne revendique par l’exhaustivité mais un choix qui mélange délibérément les générations asso-ciant des artistes émergents à des artistes très re-connus. Une scène extrêmement dynamique qui, de par l’histoire propre de ce pays, est profon-dément marquée par un rapport au paysage, une vision des hommes et des femmes dans un rap-port de symbiose mais aussi magique avec la na-ture. La modernité et la société post industrielle ont bien sûr marqué l’art finlandais, mais cette empreinte va de pair avec un sens du magique et du merveilleux portant les stigmates d’une tradi-tion chamanique propre à la culture Inuit ; entre l’urbanisation et la présence de la forêt, voire une certaine monotonie du paysage, entre ces nuits si longues de l’hiver nordique et les jours sans fin des courts étés, la perception des êtres et des choses change. l’exposition propose un éventail d’artistes qui décline une atmosphère contrastée et surpre-nante que l’on retrouve dans les films d’Aki Kau-rismäki, où la mélancolie est dans l’ombre du rire, où l’évanescence des choses semble tapie dans les replis du réel et où même dans l’abstraction quelque chose peut faire figure.

Les artistes ici rassemblés sont délibérément de générations différentes. Mikko Paakkola, le com-missaire de l’exposition intègre dans ses choix des artistes déjà bien connus sur la scène euro-péenne, des personnalités atypiques et singu-lières et aussi quelques jeunes artistes émergents qui sont l’avenir de l‘art finlandais et européen. C’est ce qui fera nous l’espérons l’originalité de ce travelling dans la scène de l’art finlandaise.