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consom action n°50 SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE 28 « Vivre c’est vieillir, rien de plus », écrivait Simone de Beauvoir. « Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune », assure un proverbe russe. Vieillir serait alors la quête d’un nouvel état d’esprit, le signal de départ pour un nouveau mode de vie, une nouvelle alimentation. dossier réalisé par Lise DOMINGUEZ . Senior Bien dans leur as C hristophe de Jaeger, gériatre et spécialiste de la médecine « anti-âge », n’y va pas par quatre chemins quand il dit que vieillir « commence dès l’âge de 18-20 ans, en perdant peu à peu les capacités d’adaptation de l’ensemble de notre système physiologique ». Au secours ! Si jeune, vraiment ? Bien difficile à accepter et pourtant lourd de conséquences… Car « pour cette raison, les médecins ne sont pas à l’aise avec le vieillissement, non re- connu comme une pathologie, c’est pourquoi il n’y a pas d’enseignement sur ce sujet en faculté ». La médecine dite préventive, tendant à « optimiser » le fonctionnement de chacun, semble être une voie à suivre. Il serait bon de prendre soin du corps avant l’apparition des pathologies liées à l’âge « en établissant une cartographie du patient et de son état », comme le propose le docteur de Jaeger. Une sorte de contrôle des 50000 km… pour connaître l’âge de ses artères. Nous sommes aussi, paraît- il, inégaux devant le vieillissement : on peut prendre un vrai coup de vieux à 30 ans ou se sentir toujours jeune à 70. Le rôle de la génétique intervient peu dans cette aptitude à garder longtemps jeunesse : entre 20 et 30 % seulement. Le reste relève du facteur environnement, sur lequel nous n’avons hélas que peu d’influence, et de notre hygiène de vie : « Ralentir l’évolution de la vieillesse est alors possible, poursuit Christophe de Jaeger, par l’exercice physique, l’ali- mentation, le sommeil, la qualité des relations humaines, etc. » Certains seront stimulés et modifieront leurs habi- tudes, leur alimentation, leurs schémas mentaux… Ils au- ront à cœur de faire des efforts dès 30, 40 ou 50 ans afin d’espérer vivre le plus longtemps possible, en forme ! Pour cela, faut-il changer le contenu de son assiette? Serait- ce si simple ? Le professeur Joyeux en est persuadé. Ce spé- cialiste en nutrition, alimentation et cancer propose une alimentation saine, équilibrée et de préférence bio. L’ali- mentation comme médecine ? Sûrement ! Mais sans ou- blier d’être aussi bien dans son corps (activité physique), dans sa tête (projets, activités, moral…), dans son cœur (amours, amis…). Grâce à ces dispositions, le temps d’une nouvelle vie s’avancera… Ce temps « de l’intériorité et ce- lui du cœur », selon la psychologue Marie de Hennezel, ce nouveau regard sur la vie, sa propre vie, est aussi une forme de philosophie, « car devenir ridé et radieux est à la portée de tous » !

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consom’action n°50 SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE28

« Vivre c’est vieillir, rien de plus », écrivait Simone de Beauvoir. « Pour devenir centenaire, il faut commencer jeune », assure un proverbe russe.Vieillir serait alors la quête d’un nouvel état d’esprit, le signal de départpour un nouveau mode de vie, une nouvelle alimentation.

› dossier réalisé par Lise DOMINGUEZ

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SeniorBien dans leur assi

Christophe de Jaeger, gériatre et spécialiste de lamédecine « anti-âge », n’y va pas par quatrechemins quand il dit que vieillir « commencedès l’âge de 18-20 ans, en perdant peu à peu lescapacités d’adaptation de l’ensemble de notresystème physiologique ».

Au secours ! Si jeune, vraiment ? Bien difficile à accepter etpourtant lourd de conséquences… Car « pour cette raison,les médecins ne sont pas à l’aise avec le vieillissement, non re-connu comme une pathologie, c’est pourquoi il n’y a pasd’enseignement sur ce sujet en faculté ».La médecine dite préventive, tendant à « optimiser » lefonctionnement de chacun, semble être une voie à suivre.Il serait bon de prendre soin du corps avant l’apparitiondes pathologies liées à l’âge «en établissant une cartographiedu patient et de son état », comme le propose le docteur deJaeger. Une sorte de contrôle des 50 000 km… pourconnaître l’âge de ses artères. Nous sommes aussi, paraît-il, inégaux devant le vieillissement : on peut prendre unvrai coup de vieux à 30 ans ou se sentir toujours jeune à 70.Le rôle de la génétique intervient peu dans cette aptitudeà garder longtemps jeunesse : entre 20 et 30 % seulement.

Le reste relève du facteur environnement, sur lequel nousn’avons hélas que peu d’influence, et de notre hygiène devie : « Ralentir l’évolution de la vieillesse est alors possible,poursuit Christophe de Jaeger, par l’exercice physique, l’ali-mentation, le sommeil, la qualité des relations humaines,etc. » Certains seront stimulés et modifieront leurs habi-tudes, leur alimentation, leurs schémas mentaux… Ils au-ront à cœur de faire des efforts dès 30, 40 ou 50 ans afind’espérer vivre le plus longtemps possible, en forme !Pour cela, faut-il changer le contenu de son assiette ? Serait-ce si simple ? Le professeur Joyeux en est persuadé. Ce spé-cialiste en nutrition, alimentation et cancer propose unealimentation saine, équilibrée et de préférence bio. L’ali-mentation comme médecine ? Sûrement ! Mais sans ou-blier d’être aussi bien dans son corps (activité physique),dans sa tête (projets, activités, moral…), dans son cœur(amours, amis…). Grâce à ces dispositions, le temps d’unenouvelle vie s’avancera… Ce temps « de l’intériorité et ce-lui du cœur », selon la psychologue Marie de Hennezel, cenouveau regard sur la vie, sa propre vie, est aussi uneforme de philosophie, « car devenir ridé et radieux est à laportée de tous » !

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orsassiette

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HELP, MON TUBE VIEILLIT !- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -De l’intérêt de bien connaître sa flore intestinale et seséventuelles intolérances alimentaires.

N’oublions pas que le système digestif, principale interfaceactive avec le monde extérieur, vieillit aussi. La régénérationdes cellules se fait plus lentement et va perturber lephénomène et la qualité d’absorption des nutriments quivont franchir la barrière de façon passive ou active. Il y aplus de bactéries dans l’intestin que nous n’avons decellules qui composent le corps, et les bactéries de la floreintestinale jouent un rôle capital dans la métabolisation desnutriments. Une flore déséquilibrée, notamment par l’abusd’antibiothérapies et les interactions médicamenteuses quisont propices à l’émergence de germes pathogènes (on neconnaît pas les effets au-delà de trois médicaments prissimultanément), va provoquer à la longue inflammationsintestinales et intolérances alimentaires. « Si vous faites uneallergie sans le savoir, vous ingérez des aliments quienflamment votre tube digestif, lequel devient rouge etirritable comme lorsque vous faites de l’eczéma, explique legériatre Christophe de Jaeger. Cela provoque malaise,douleur, fatigue, nutriments mal absorbés qui induisent descarences. Tout cela coûte de l’énergie à l’organisme. Lanutrition passe donc aussi par des mesures de ce qui seproduit à l’intérieur de l’organisme. »

Comment l’alimentation peut-elleaccompagner au mieux les effetsphysiologiques de la vieillesse ?En vieillissant, l'organisme a tendance à sedéshydrater, se décalcifier, s'oxyder. Seulun changement des habitudes alimentairespeut aider à éviter ou prévenir ces com-plications fréquentes qui affectent tant lemoral des personnes âgées. Pour éviterla déshydratation, une solution, bien boire.Pour éviter la décalcification qui conduità l'ostéoporose et aux fractures du col dufémur ou des poignets, il faut préférer auxproduits laitiers les végétaux qui contien-nent du calcium. Celui du persil, des fruitsfrais et secs, des légumes et des légumi-neuses est absorbé par l'intestin jusqu'à75 %, celui des produits laitiers l’est aumaximum à 40 %. Le calcium des pois-sons et des fruits de mer est égalementexcellent.S'oxyder, c'est vieillir et pour éviter celail est indispensable de consommer desanti-oxydants présents dans notre ali-mentation : les polyphénols du vin rouge,les flavonoïdes du thé vert, la vitamine Cdes fruits et légumes frais, la vitamine E del'huile d'olive, la vitamine A des œufs…

Quels sont les risques pour la santéd’une alimentation insatisfaisante, mal adaptée aux besoins ?Les trois risques décrits précédemmentque courent les personnes âgées touchentleurs jambes, leurs mains et leur cerveau.Tassement vertébral, fractures, douleursarticulaires, mal au dos, aux hanches, aux

genoux… font les nuits d'insomnie et demauvais repos. La peau sèche et fineconduit à des hématomes multiples aumoindre coup et le manque d'eau a pourconséquence au niveau cérébral une netteperte de mémoire qui fait peur, car consi-dérée comme un signe précurseur de l'Alz-heimer. C'est la mémoire courte qui s'af-faisse en premier.

Quel type d’alimentation choisir alors ?Davantage de fruits, de légumes, de légu-mineuses ; associés à des poissons et desfruits de mer, des viandes blanches plusque rouges ; de nombreuses salades avecdu vert, du rouge (fruits secs et fruits fraisde saison) et du blanc (feta de brebis) ;moins de sauces, de sel, de pizzas, deyaourts, de produits laitiers que l'on nemastique pas assez… Il ne faut pas oublierque la digestion commence avec la salivedans la bouche et pas dans l'estomac.Les résultats de l'étude que je présente dansmon livre montrent que les aliments issusde l'agriculture biologique sont meilleurspour la santé. Dénués de pesticides, ils ontun plus nutritionnel sur le plan des vita-mines, des minéraux et des oligo-éléments.

Les 3 M du bien-vieillir

› HENRI JOYEUX----------------------------------------IDENTITÉ : professeur de cancérologie et de chirurgie digestive à la

faculté de médecine de Montpellier, spécialiste en nutrition,

alimentation et cancer. Il est aussi l’auteur de Changez

d'alimentation - L'atout bio, éd. François-Xavier de Guibert.

Manger, mieux et meilleur, pourvieillir en bonne santé : la méthodedes 3 M du professeur Joyeux est de plus en plus au goût du jour.

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SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE 31consom’action n°50

L’ALIMENTATION SELON SEIGNALET----------------------------------------------------------------------------------------Spécialiste de l'immunologie, ancien interne des hôpitaux de Montpellier où il dirigea pendant plus de 30 ans le laboratoire d'histocompatibilité, le docteur JeanSeignalet considère l’alimentation comme « la troisième médecine ». Il a pensé un régime alimentaire, qu’il qualifie d’hypotoxique, dans l’idée de soigner et de prévenirles pathologies lourdes ou chroniques1. Cette diététique écarte les molécules que l’organisme ne peut pas assimiler et conserve celles qui seront accessibles à l’action de nos enzymes. Pour le Dr Seignalet, lesmolécules non scindées par les enzymes stagnent dans l’intestin, l’irritent et le fragilisent. Cela rend la muqueuse déjà très fine de l’intestin perméable, laissant ainsipénétrer dans l’organisme des molécules non assimilées, point de départ, toujours selon lui, de nombreuses pathologies. Son régime repose donc sur six grandsprincipes qui feront, sans le rechercher toutefois, maigrir ceux qui le suivent strictement :

Exclure les laits animaux (vache, chèvre, brebis) et leurs dérivés (beurre, fromage, crème, yaourt, glace). L’apport de calcium se fera par des sources végétales.L’abandon des laitages n’induit pas d’aggravation de l’ostéoporose car selon le Dr Seignalet, l’ingestion massive de produits laitiers tout au long de la vie ne

l’empêche pas de survenir.

Remplacer par des céréales non mutées (riz, sarrasin, sésame) les céréales mutées (blé, maïs, seigle, orge, avoine).

Privilégier les produits crus ou cuits à l’étouffée et à la vapeur douce (inférieure à 110°C). Limiter la cuisson à la cocotte-minute, éviter le four et les fritures.

Favoriser des huiles vierges crues.

Consommer des aliments biologiques afin de limiter les ingestions d’additifs, d’hormones, d’antibiotiques, de tranquillisants, de pesticides et d’aliments irradiés.

Prévoir une supplémentation en vitamines, minéraux, oligo-élements, ferments lactiques qui peuvent être d’utiles adjuvants à prendre en accord avec lemédecin traitant.

Pour les patients du Dr Seignalet, ce régime est une voie de guérison, en complément de leur traitement médical. Pour les autres, il peut être une source d’inspirationpour adapter peu à peu son alimentation à un mode de vie plus sain. Après tout, n’est-on pas ce que l’on mange ?

1 Polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme psoriasique, arthrose, ostéoporose, diabète sucré de type 2, hypercholestérolémie, maladie de Crohn…

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32 consom’action n°50 SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE

Consommer bio, oui ! Mais il faut aussisavoir quoi manger, quand, comment…

Manger sain : le mémo !

L’agriculture biologique assure une nourriture saineexempte d’insecticides, de pesticides, de conserva-teurs, de colorants et autres additifs chimiques desynthèse. Les produits certifiés AB n’ont pas subi de

transformations industrielles de type raffinage, hydrogé-nation, irradiation, usage d’OGM… En outre, les biocoopsproposent des ingrédients bruts ou peu transformés, des ali-ments ou des présentations d’aliments rares en conven-tionnel (choucroute crue, graines à germer, grande variétéde sucres, véritables jus de fruit ou de graines…). La tra-çabilité est exemplaire. Mais pour vraiment profiter desbienfaits de l’alimentation bio, mieux vaut connaître les ver-tus des aliments et les bonnes pratiques. Récapitulatif.

Liste élaborée à partir du livre Toujours jeune au naturel, Chantal et Lionel Clergeaud, éd. Édisud.

Ail : un des plus puissants désinfectants organiques, au niveau respiratoire et intestinal.

Algues : riches en minéraux et en protéines, source d’oligo-éléments.

Aliments lacto-fermentés (choucroute, tamari) : restaurent la flore intestinale enaidant à la prédigestion des lipides, protides et glucides.

Anti-oxydants : protègent l’organisme des radicaux libres qui, en excès, peuvent engendrer vieillissement prématuré des cellules, mala-dies… Présents dans le thé vert en vrac, l’asperge, l’avocat, les noix, le poisson, le vin rouge…

Céréales : les complètes, plus riches en éléments nutritifs, remplacent les raffinées(riz blanc….).

Condiments : aident à digérer. Ils donnent du goût, permettant ainsi de réduirel’apport en sel (ail, vinaigre de cidre, citron, herbes, épices…)

Gelée royale, pollen : remarquables antibiotiques naturels, puissantsagents antisénescence.

Graines germées : riches en enzymes et éléments nutritifs.

Fruits et légumes frais : riches en fibres, apport d’énergie vitale. De préférence entre les repas, crus le plus possible.

Fruits secs et oléagineux : reminéralisants, à manger crus.

Huiles : vierges de première pression à froid. Riches en acides gras insaturés, essentiels.

Laits : privilégier les laits végétaux, plus digestes que les produits laitiers. Préférer les fromages de chèvre et de brebis, les yaourts faitsmaison, le fromage frais, la faisselle, le lait fermenté.

Légumes secs : préservent la santé des intestins et facilitent le transit. Riches en fibres.

Levure alimentaire : riche en protéines et en minéraux, propriétés rééquilibrantes et reminéralisantes. Pour la peau, les cheveux, lesongles, le système immunitaire. Antistress…

Sucre : sucre complet, miel, sirop de blé de préférence. Les sucres rapides (blanc…) déminéralisent l’orga-nisme et agissent comme des excitants.

Viande, poissons, œufs : végétarien la semaine, carnivore le week-end !

Aliments

Associations alimentaires : pour une meilleureassociation protéique, respecter les combinaisons : 2/3 céréales+ 1/3 légumineuses, céréales + œufs, céréales + viande (àéviter : légumineuses + fromage, légumineuses + viande,viande + fromage).

Cuisson : douce, à la vapeur ou à l’étouffée, pour préserver aumaximum les éléments nutritifs.

Hydratation : boire beaucoup. Le matin au lever un ou deuxgrands verres d’eau. Les Orientaux conseillent de la boire chaudecar en plus d’hydrater, cela nettoie en profondeur.

Mastication minutieuse : facilite l’assimilation desaliments, gage de longévité et de santé. Les céréales etlégumineuses se mastiquent mieux que la viande.

Principes

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SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE 33consom’action n°50

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Pas de retraite pour le bio

On a beau chercher, lesrepas bio servis auxpersonnes âgées dans lesmaisons de retraiterelèvent encore del’expérimental…

Pourquoi le bio n’est-il pas en-tré dans les maisons de re-traite ? Dominique Bénézet,délégué général du Syndicatnational de la restauration col-

lective, y voit plusieurs raisons. Il estime le« surcoût moyen de 30 % du prix de revientcomme un frein au développement du biodans la restauration collective ». La problé-matique s’expose aussi en ces termes : « Lebio n’est pas autosuffisant en France, c’estune vraie préoccupation. Comment aider lafilière et les fournisseurs à se structurer pournous approvisionner régulièrement et enquantité ? Et pour respecter la loi du Grenellede l’environnement, faut-il développer le bioimporté ou favoriser une production deproximité ? »

D’autres préoccupations

Lors d’un groupe de travail sur les besoinsalimentaires des personnes âgées en liaisonavec le Conseil national de l’alimentation

auquel Dominique Bénézet a participé en2005, « l’alimentation bio n’a pas du tout étéabordée, la question était alors de savoircomment lutter contre la perte de l’appétitdes personnes âgées et leur redonner le goûtde manger ». Le risque de la dénutritionqui touche les seniors surpasserait-il alorsl’audace de leur servir du bio ?

Premières initiatives

Pour la directrice de l’Agence bio, ElisabethMercier, « ça commence à bouger, les initia-tives sont rares et éparses mais elles sont ap-pelées à se développer. Pour faire entrer le biodans la restauration scolaire, il y a eu l’en-gagement de tout un groupe social, parents,éducateurs, élus… La restauration collec-tive bio dans les maisons de retraite relèveelle d’une autre approche. Je ne dirai paspour autant qu’elles sont laissées de côté ».Mais qui est prêt aujourd’hui alors à misersur le bio pour les futurs centenaires ?Jean-Michel Guitton, gérant d’une PME derestauration collective en Touraine, livre12 % de repas bio aux cantines scolairesdepuis 2008. Il a signé en 2009 son premiercontrat de service avec une maison de re-traite. Livrer des repas bio ? Pourquoi pas.Il y serait ouvert, comme le directeur del’établissement, soucieux de la qualité del’alimentation des personnes âgées, sousréserve de régler les problèmes d’approvi-sionnement et de négociation tarifaire.

L’exemple

Barjac, petite commune du Gard, illustrebien la problématique. Elle a commencé àintroduire le bio tous les jours à la cantinescolaire dès la rentrée 2006 et ne sert au-jourd’hui que des menus quasiment 100 %bio qui profitent à toute la population.«Nous avons souhaité étendre ce service auxpersonnes âgées de la commune en leur pro-posant un portage à domicile de repas, ex-plique Aline Guyonnaud, adjointe aux af-faires sociales et à la cuisine centralemunicipale. Outre la qualité nutritionnelle,ce service permet, grâce au livreur de repas,de garder un lien quotidien avec les per-sonnes âgées. L’approvisionnement reste tou-tefois la clé de voûte du système. Et croyez-moi, il faut une forte volonté politique pourdépasser ce frein !» L’aspect tarifaire ? Elleestime le surcoût du prix des denrées à0,18 euro par repas entre 2006 et 2008. As-similable. Leur chef travaille sur des menusmoins carnés, donc moins chers. Et pro-pose aussi des menus régionaux plus adap-tés aux adultes, comme la brandade de mo-rue, servis le temps des week-ends et desvacances. Les seniors s’habituent peu à peuaux menus alternatifs, sans viande systé-matiquement à chaque repas. En revanche,le pain complet n’a pas encore la cote au-près des aînés barjacois qui n’en finissentpas de réclamer et de manger leur painblanc !

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34 consom’action n°50 SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE

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Lo ParatgeUn mode de nid de seniorsElles ont entre 60 et 82 ans et inventent dans lePérigord ce qui peut devenir demain un nouveaumode d’habitat des seniors : un lieu de vie autogérés’appuyant sur des valeurs de solidarité et d’écologie.

Les femmes de l’association Lo Pa-ratge veulent vieillir comme ellesont toujours vécu : actives et au-tonomes, tout en évitant la soli-tude. Elles ont imaginé un projet

qui vise à construire un lieu de vie semi-collectif regroupant des appartements de50 m2 autour d’espaces communs telsqu’un jardin potager pour cultiver des lé-gumes bio, une tisanerie, une biblio-thèque-salon, un atelier pour les travauxmanuels. Le tout construit selon des cri-tères de haute qualité environnementale(HQE) et autour des quatre points de lacharte édictée : autogestion, écologie, soli-darité et citoyenneté. Car le groupe de se-niors (qui ne s’interdit pas la mixité) neveut pas se contenter de cohabiter maissouhaite proposer des services intergéné-rationnels aux habitants du village deSaint-Julien-de-Lampon (24) qui accueil-lera le projet. Aide scolaire, cours delangue, de tricot, de confiture…, à ellesquinze, elles débordent d’envies et d’idées.« S’occuper de l’association et du projet, c’estbon pour le cerveau ! », s’exclame Rose Sau-ner, 80 ans, en photo au premier plan, àgauche, avec ses compagnes. Adepte dubio depuis l’âge de 20 ans, du yoga, du Qi-

qong et de la marche quotidienne, la futurecolocataire s’impatiente de voir les travauxdémarrer, cette année. « J’ai quatre enfantset neuf petits-enfants mais je n’ai pas envied’être prise en charge sinon je vais ramol-lir ! » Aidées par un bureau d’études spé-cialisé dans les projets HQE, les pionnièresont acquis chacune une part de la coopé-rative pour un montant de 10 000 euros leticket d’entrée et s’acquitteront ensuited’un loyer mensuel d’environ 500 euros.Le projet, soutenu par l’Ademe et la Cram,en est à la phase d’appel à l’épargne soli-daire. Qu’on se le dise.

En savoir plus : www.loparatge.org

AMOUR TOUJOURS --------------------------Plus médiatisées que Lo Paratge, les Babayagasmontent à peu près le même projet à Montreuil (93).Leur « maison de retraite idéale où serait cultivél’art de bien vieillir » ouvrira en 2011 et en auto-gestion… sans les hommes qui ne sont pas admispour la vie au quotidien, sauf les copains pour les câ-lins. Ces dames mûres n’ont pas pour autant renduleur dessous et revendiquent, entre autres, unesexualité heureuse, épanouie et sans tabou.Tél. : 01 48 58 80 53 ouwww.lamaisondesbabayagas.fr

Complémentsalimentaires--------------------

C’est un marché en pleinecroissance puisque un Français

sur cinq en consomme au moins une foispar an. Soucieux de répondre au mieux àcette demande, le réseau Biocoop proposeprès de 250 produits pour la vitalité, lacirculation, les articulations, la souplesseet la beauté de la peau, la relaxation-détente (sommeil/stress), la ménopause,etc. « Nous revendiquons les mêmesexigences de qualité pour lescompléments alimentaires que pour lesproduits alimentaires, déclare HélènePerson, chef de marché non alimentaire. Àtitre d’exemple, depuis que l’UE n’accordeplus de certification bio sur les baies degoji, de remarquables anti-oxydants,Biocoop a choisi de ne pas les référencer,n’étant plus en mesure de garantir uneabsence totale de pesticides. »

Le réseau ne rentre pas dans soncatalogue :

. les produits de synthèse ; tous miné-raux et vitamines issus de synthèse ouayant subi une transformation chimiquesusceptible de porter atteinte à la qualitédes ingrédients sont exclus ; . les produits susceptibles de contenirdes OGM ; exit par exemple la lécithine desoja qui ne peut être garantie sans OGM ;. les produits présentés dans des gélulesissues de la cellulose (pourtant acceptéespar le cahier des charges de la bio) et lagélatine animale non bio. Seules les gélulesde gélatine de poisson sont admises. D’au-tre part, Biocoop ne propose aucune huilede poisson à défaut d’avoir trouvé unesource d’approvisionnement issue de lapêche durable pour garantir le respect dela biodiversité.

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SENIORS : BIEN DANS LEUR ASSIETTE 35consom’action n°50

« Pour vivre centenaire, il fautcommencer jeune » Proverbe russe. À30, 40 ou 50 ans…, l’important est decommencer à prendre soin de soi etménager sa monture pour aller le plusloin possible.

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« On est ce que l’on mange ».L’alimentation moderne encrasse etfragilise l’organisme. Les seniors biendans leur assiette adoptent denouvelles recettes, saines, équilibréeset bio.

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« On n’est pas vieux tant que l’oncherche. » E. Rostand. Vieillir dansl’autonomie, sans être seul(e), avec desprojets, des amis : l’habitat groupé,une solution pour l’avenir ?

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« Fais du bien à ton corps pour queton âme ait envie d’y rester » Proverbeindien. De l’aube au coucher, le (la)futur(e) centenaire ne s’arrête jamais…de penser à vivre mieux !

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« Ne pas honorer la vieillesse, c'estdémolir la maison où l'on doit coucherle soir » A. Karr. L’importance del’alimentation dans la bonne santé despersonnes âgées est capitale. Le bioest pourtant absent des menus desmaisons de retraite.

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--------------En résumé--------------

Prochain dossier

Le glutenà découvrir dans

consom’action n° 51

en biocoops fin avril

Pense-bête d’une journéed’un(e) futur(e) centenaire. Le matin, prendre le temps dem’étirer comme un chat et de boiremon grand verre d’eau avant de melever.. Rendre grâce au soleil, à la na-ture ou à une divinité d’être en vie.. Poser un pied à terre et fairequelques exercices d’assouplisse-ment.. Prendre un bon petit-déjeunerriche en fibres.. Faire des courses, une bonnemarche, de l’exercice. Penser à ceque je vais préparer pour midi.. Mon petit apéro, un rituel de finde matinée : jus de fruit ou vinaigre de cidre qui fait par-tie du régime des centenaires du monde entier…. Mettre de la couleur dans mon assiette avec ma palette decrudités, de légumes, de protéines végétales et varier mesboissons : vin, infusion thym-sauge-romarin, eau…. Ne pas rajouter de sel et prendre le temps de manger !. 15 h : ne pas rater mon cours de philo, d’informatique,de patchwork, de cuisine végétarienne, d’accordéon, dephyto et aromathérapie, de Qi-gong, de soutien scolaire…. Prendre les escaliers, aérer et humidifier les pièces de lamaison tous les jours.. Organiser les sorties de la semaine avec les copines et lescopains.. Boire une tasse de thé vert (la quatrième de la journée !)en lisant ou en téléphonant à mes amis.. Chéri(e) ou pas à mes côtés, continuer à m’aimer et à ai-mer la famille, les amis, la vie…. Sortie d’école : passer prendre mes petits-enfants (ouceux de ma petite voisine que je dépanne), leur téléphoner oume connecter pour les voir à l’écran avec la webcam.. Détour dans la salle de bains pour mes ablutions et pren-dre soin de moi.. Préparer la soupe du soir.. Passer une bonne soirée selonmes envies du jour, avec infusion.. Sacrée, ma minute quoti-dienne de relaxation ou de médi-tation.. Retrouver mon lit, me répareret me reposer grâce à une bonne nuit.

En savoir plus :Toujours jeune au naturel, Chantal et Lionel Clergeaud, éd. Édisud, 18 €Régime Seignalet : Guide pour lire, comprendre et pratiquer l’alimentation ou la troisième médecine, Jean Seignalet, éd. François-Xavier de Guibert, 14 €et www.seignalet.fr

Confidences d’un maître jardinier, Jacques Vallin et Catherine de Silguy, éd. Terre vivante (voir p. 48)Doit-on manger bio ? Réponse avec l’étude citée par le Pr Joyeux : www.professeur-joyeux.com/alimenta-tion_resultats_abarac.htmVivre longtemps et en santé : www.passeportsante.net rubrique Actualités puis Dossier

PS : si je n’ai pas ri aujourd’hui, j’airaté ma journée !

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