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Dossier de Préparation des Chefs de Chapitre 2014 « Au Commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre » 32 e Pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres $VVRFLDWLRQ 1RWUH 'DPH GH &KUpWLHQWp

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  • Dossier de Préparation des Chefs de Chapitre 2014

    « Au Commencement, Dieu créa

    le Ciel et la Terre »

    32e Pèlerinage de Pentecôte de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres

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    DOSSIER DE PREPARATION DES CHEFS DE CHAPITRE 2014

    SOMMAIRE

    REMERCIEMENTS .......................................................................... 3PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION ................. 4CANEVAS & RECOMMANDATIONS ......................................... 10MOT DE L’AUMÔNIER GÉNÉRAL ............................................ 131ERE PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES ....................... 15PLAN DES MÉDITATIONS THÉMATIQUES ------------------------------------- 15

    SAINT THOMAS D’AQUIN ................................................................................ 17

    LE MYSTERE DE DIEU .................................................................................... 22

    LA CREATION DE L’HOMME ........................................................................... 29

    POURQUOI L’HOMME DOIT-IL CONNAITRE DIEU ? ......................................... 35

    SAINT FRANÇOIS D’ASSISE ............................................................................. 41

    ORDRE DIVIN ET BEAUTE DE LA CREATION ...................................................... 46

    L’HOMME FACE À LA CRÉATION : LE RESPECT QU’IL LUI DOIT ........................ 52

    LE MAL ET LE DESORDRE OPPOSES A LA BEAUTE DE LA CREATION .................. 59

    FOI ET RAISON ................................................................................................ 65

    SAINT THOMAS MORE .................................................................................... 74

    IL Y A UNE LOI DIVINE AU-DESSUS DES LOIS CIVILES ....................................... 81

    UN SEUL DIEU TU ADORERAS ......................................................................... 90

    PRIERE ET ACTION .......................................................................................... 98

    2EME PARTIE : MÉDITATIONS GÉNÉRALES ......................... 106LISTE DES MÉDITATIONS GÉNÉRALES ---------------------------------------- 106

    LE ROSAIRE .................................................................................................. 107

    LE SACREMENT DE PENITENCE ..................................................................... 113

    LA SAINTE MESSE .......................................................................................... 117

    POURQUOI AIMER LA MESSE TRADITIONNELLE ? ........................................... 121

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    LA CONSECRATION A NOTRE-DAME .............................................................. 130

    L’ADORATION DE L’EUCHARISTIE ................................................................. 133

    LA TRADITION .............................................................................................. 137

    LA CHRETIENTE ........................................................................................... 142

    LA VOCATION .............................................................................................. 148

    CONSTRUIRE SA VIE PAR UNE REGLE DE VIE PERSONNELLE ........................... 152

    3EME PARTIE : LECTURES COMPLÉMENTAIRES ................ 156A. LE PÉLERINAGE -------------------------------------------------------------------- 156

    QU’EST-CE QU’UN PELERINAGE ? ................................................................ 156

    AUX SOURCES DU PELERINAGE DE CHRETIENTE ........................................... 159

    LES SYMBOLES AU PELERINAGE .................................................................... 166

    ENGAGEMENTS DU PELERIN ......................................................................... 169B. TRADITION - CHRÉTIENTÉ – MISSION -------------------------------------- 170

    CHARTE DE L’ASSOCIATION .......................................................................... 170

    INSTRUCTION "UNIVERSAE ECCLESIAE" DU 13 MAI 2011 .............................. 172

    SERMON DE DOM GERARD : CHRETIENTE .................................................... 179

    L’ENGAGEMENT DES CATHOLIQUES EN POLITIQUE ....................................... 183C. RÉSOLUTIONS PRATIQUES ----------------------------------------------------- 192

    LA PURETE AVANT LE MARIAGE ..................................................................... 192

    LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE ......................................................... 197

    L’AUTORITE DANS LA SAGESSE ET L’AMOUR .................................................. 202

    LE DEVOIR DE SE FORMER ............................................................................ 207

    L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL ................................................................. 208

    4EME PARTIE : INFORMATIONS DIVERSES .......................... 210ADRESSE AUX CHEFS DE CHAPITRE ............................................................... 210

    MOYENS DE FORMATION PROPOSES PAR NDC .............................................. 212

    CULTURE GENERALE .................................................................................... 215

    CHAPITRE DES « ANGES GARDIENS » ........................................................... 217

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    REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier les communautés religieuses, les organismes et les personnalités amis ci-après, qui nous ont fourni des textes à partir desquels nous avons composé des méditations sur le thème et les sous-thèmes de cette année, et sur des thèmes d’ordre général, communs à tous nos pèlerinages. Sans leur précieux concours, la réalisation de ce dossier destiné aux chefs de chapitres eut été impossible.

    Abbaye Notre-Dame de Fontgombault, Abbaye Sainte Madeleine du Barroux, Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu, Chanoinesses Régulières de la Mère de Dieu, Dominicaines du Saint-Esprit, Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, Fraternité Saint Vincent Ferrier, Institut du Christ Roi Souverain Prêtre, Missionnaires de la Miséricorde Divine, Abbé Lucien, Rémi Fontaine, A.F.S., Renaissance Catholique,

    Nous remercions également les communautés religieuses et les organismes amis ci-après, que nous n’avons pas sollicités cette année pour nous fournir un texte, mais qui nous soutiennent de leurs prières et de leur amitié et, pour certaines communautés, de leurs ministères pendant le pèlerinage.

    Abbaye Notre-Dame de l’Annonciation, Abbaye Notre-Dame de Randol, Abbaye Notre-Dame de Triors, Adoratrices du Cœur Royal de Jésus-Christ Souverain Prêtre, Bénédictins de l’Immaculée, Franciscains de l’Immaculée, Fraternité Saint Thomas Becket, Institut de la Sainte Croix de Riaumont, Institut du Bon Pasteur, Monastère Sainte Marie de la Garde, Petites sœurs de la consolation du Sacré Cœur et de la Sainte Face, Rédemptoristes écossais, Religieuses Victimes du Sacré-Cœur de Jésus, Serviteurs de Jésus et de Marie, Ichtus.

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    PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION Mode d’emploi et recommandations importantes à lire attentivement.

    Chers amis pèlerins, chefs de chapitre et adjoints, Voici votre dossier de préparation au 32e pèlerinage de chrétienté, de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres.

    Il se compose de quatre parties :

    1. Première partie : les Méditations Thématiques 13 méditations traitant chacune d’un aspect du thème du pèlerinage 2014. Elles sont suivies immédiatement par quelques citations et une bibliographie.

    2. Deuxième partie : les Méditations Générales 10 méditations sur des thèmes communs à tous nos pèlerinages. Elles sont suivies immédiatement par quelques citations et une bibliographie.

    3. Troisième partie : des lectures complémentaires Elles ont été regroupées en trois sous parties.

    Le pèlerinage : signification de cette démarche, historique et particularités de notre pèlerinage, engagements du pèlerin.

    Tradition, Chrétienté, Mission : finalité de l’Association Notre-Dame de Chrétienté enracinée dans la tradition, œuvrant pour un retour de la chrétienté de façon résolument missionnaire.

    Résolutions pratiques : quelques points sur lesquels nous pourrions porter nos efforts pour progresser en sainteté et en efficacité.

    Certains de ces textes seront lus pendant le pèlerinage. La plupart seront seulement présentés et commentés par le chef de chapitre qui invitera les pèlerins à les lire ultérieurement, à tête reposée.

    4. Quatrième partie : des informations diverses Adresse aux chefs de chapitre : vos engagements vis-à-vis de Notre-Dame de

    Chrétienté et de vos pèlerins Moyens de formation proposées par l’Association : moyens classiques

    (ouvrages de culture générale, conférences …) et outils réalisés par Xavier Hennequart (dossiers de formation doctrinale, fiches de formation et vidéoformation).

    Présentations du chapitre des Anges Gardiens qui reprend l’idée principale du chapitre des non marcheurs.

    Ce traditionnel dossier de préparation au pèlerinage a été élaboré dans le but de : - Favoriser votre travail personnel de chef de chapitre et celui de vos adjoints, en

    facilitant la compréhension et la maîtrise du thème. - Améliorer la qualité des méditations, afin de mieux frapper les intelligences et les

    cœurs. - Renforcer l’unité du pèlerinage, par la délivrance de méditations plus homogènes. - Montrer l’actualité du thème, en l’inscrivant dans le contexte politique actuel.

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    Comme à l’accoutumée, il a été demandé à quelques auteurs (prêtres, communautés religieuses, chapitres, mouvements et laïcs amis du pèlerinage) de rédiger un texte sur l’un des différents aspects des thèmes que nous aborderons au cours de nos trois jours de marche. Nous tenons à leur renouveler nos très chaleureux remerciements pour ce travail tellement vital à la bonne marche du pèlerinage. De ces textes nous avons ensuite tirées des méditations qui, sous une forme condensée, reprennent l’essentiel de l’enseignement qu’il convient de transmettre, en le présentant de façon schématique, pour être plus facilement mémorisable. Ces textes seront reproduits dans le livret, qui sera remis à chaque pèlerin, de façon à lui permettre, s’il le souhaite de s’y reporter ultérieurement pour approfondir sa réflexion. Cette démarche devra d’ailleurs être encouragée, car le thème de cette année est ardu ; en effet, il s’agit du plus grand des mystères : la Vérité sur Dieu et sur son dessein. Mais ce thème est aussi fondamental, car il s’agit du sens à donner à notre vie. Ces méditations sont finalisées en ce sens qu’elles peuvent être lues telles quelles sur la route de Chartre (solution qui peut être retenue par un chef de chapitre peu expérimenté). Cependant, il sera toujours préférable d’adapter votre propos à votre auditoire, et de tenir compte des conditions dans lesquelles votre méditation sera reçue (difficultés de l’itinéraires, conditions météorologiques, fatigue des pèlerins). Cette approche du dossier doit être bien comprise. Il ne s’agit nullement de vous contraindre à l’uniformité, ou pire, de vous inciter à la paresse, en vous contentant d’une rapide lecture du dossier ; ce serait très dommageable pour la sanctification de vos pèlerins. Il s’agit, bien au contraire, de favoriser votre travail personnel, en facilitant l’accessibilité au thème 2014. Très concrètement, il vous est donc demandé un important travail de compréhension du thème et de son découpage, et une bonne appropriation des méditations finales. Cela vous sera facilité par la lecture des citations et des notices bibliographiques. Parmi celles-ci, vous aurez soin d’étudier attentivement les textes du Magistère et quelques manuels pratiques. Vous pourrez également trouver d’intéressantes références dans les dossiers de préparations des précédents pèlerinages que vous pourrez aisément consulter sur le site de Notre-Dame de Chrétienté (voir quatrième partie de ce dossier). Vous mesurez, chers cadres du pèlerinage, combien il est essentiel de ne pas vous contenter de la simple lecture des méditations finalisées, qui ne vous permettrait pas de maîtriser le thème de cette année et de répondre aux questions des pèlerins. Votre propre communication ne sera vraiment vivante et convaincante, que dans la mesure où vous serez imprégnés de ce que vous voulez dire. Que ce travail de préparation fasse grandir en vous l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ sans lequel votre apostolat n’est qu’illusion. Ainsi, après ce temps personnel de travail, de prière, de compréhension, d’appropriation et d’approfondissement, deux possibilités s’offrent à vous : conserver in extenso les méditations proposées,

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    vous en inspirer très largement et, en reprenant tous les éléments essentiels, personnaliser et recomposer les méditations afin de mieux les adapter aux particularités des pèlerins de votre chapitre. À cet égard, des aménagements devront obligatoirement être apportés aux méditations pour les enfants.

    Particularités : 1. Les méditations des différents Mystères Joyeux, Douloureux, Glorieux et

    Lumineux des Rosaires récités tout au long du pèlerinage, ne vous sont pas fournies. Il vous appartient donc de les préparer très sérieusement, et de les faire préparer, en les personnalisant en fonction du thème du jour et de votre chapitre. (voir ci-après « comment conduire la méditation d’une dizaine de chapelet »). Nous vous demandons de bien impliquer vos adjoints et pèlerins dans la préparation de ces méditations du rosaire. Celles-ci doivent être étroitement reliées au thème général « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre », pour ainsi mieux le méditer pendant les 3 jours. En outre, les méditations du rosaire doivent être l’occasion de porter très concrètement les intentions particulières des pèlerins de vos chapitres. Il vous est demandé de faire preuve d’une délicatesse particulière dans l’expression des méditations, dont certaines pourront toucher profondément les pèlerins qui se trouvent dans une situation familiale difficile (séparation, infécondité, célibat mal vécu,…).

    2. Des religieux, des religieuses et des séminaristes nous accompagnent, au sein des chapitres, tout au long de notre pèlerinage. En accord avec leurs supérieurs, nous leur avons demandé de préparer une intervention sur chacun des cinq thèmes:

    La confession, La prière et la vie d’oraison, La vocation, La Sainte Écriture, Les fins dernières.

    À l’occasion de leur passage dans votre chapitre, il vous revient de les solliciter pour les faire intervenir sur l’un ou l’autre de ces cinq points.

    3. Lorsqu’un prêtre rejoint votre chapitre, proposez-lui de se présenter et d’indiquer qu’il se tiendra en queue de chapitre pour s’entretenir avec ceux qui le désirent et, éventuellement les confesser. Il est recommandé que le prêtre puisse très brièvement dire quelques mots sur le sacrement de pénitence et sur le secret de la confession, avant de se placer à l’arrière du chapitre. (Précisez aux pèlerins qu’on distingue les prêtres par le port d’une étole).

    4. Dans le canevas qui vous est proposé ci-après, il vous est demandé d’inviter les pèlerins à lire, immédiatement ou ultérieurement, quelques textes qui figurent dans la troisième partie du présent dossier et qu’ils trouveront également dans leur livret du pèlerin. Prenez le temps, en quelques mots, de leur indiquer l’intérêt de ces documents. Par exemple :

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    Pour la "Note Doctrinale sur l’engagement des catholiques en politique", vous insisterez sur l’actualité de ce document et sur la personnalité de l’auteur.

    Pour le document sur "La Communication dans le couple ", vous soulignerez que 83 % des couples séparés, expliquent leur échec par une « mauvaise communication », et qu’il est indispensable que pour éduquer des enfants, les parents s’accordent sur ce domaine très sensible.

    Pour "l’accompagnement spirituel", vous indiquerez qu’il complète avantageusement l’adoption d’une règle de vie.

    5. Insistez auprès de vos pèlerins pour qu’ils conservent le livret qui leur a été remis. Ils y trouveront, non seulement les prières de la messe, assorties d’explications, mais aussi des prières usuelles, des chants, des textes choisis et le résumé de toutes les méditations regroupées par centre d’intérêt. Qu’ils prennent le temps de les lire et d’en approfondir la compréhension, seuls ou avec l’aide d’un prêtre.

    Pour conclure, nous vous demandons, pendant la marche, d’être particulièrement attentifs à la charité fraternelle et au maintien du recueillement. Que votre degré d’exigence soit en rapport avec la soif des âmes dont vous avez la charge. À chaque instant, gardez bien à l’esprit que les plus beaux discours ne toucheront le cœur de vos pèlerins que dans la mesure où vous serez accueillants, humbles et charitables et que les silences de votre chapitre permettront à la grâce d’arriver jusqu’à eux. « Si je n’ai pas la Charité, je ne suis rien » nous dit Saint Paul. « Plus nous recevons dans le silence de la prière, plus nous donnerons dans la vie active » nous rappelle Mère Térésa. « Toujours prier comme si l’action était inutile, et agir comme si la prière était insuffisante ». Sainte Thérèse de Lisieux. En attendant la joie de nous retrouver, à l’occasion des différentes réunions préparatoires, messes, récollections, retrouvailles amicales ou spirituelles, et, enfin, sur la route de Chartres, que ce travail commun nous unisse profondément au Cœur de Jésus sous le regard de Notre Dame.

    Sursum corda, ad majorem Dei gloriam,

    Rémi Mancheron Directeur des pèlerins

    Christian de Certaines Responsable de la Formation

    NOTA : Le canevas et les recommandations qui suivent, constituent un guide indispensable pour la conduite des Chapitres. Il est impératif d’en suivre le déroulement. Nous appelons votre attention sur les outils de formation qui sont mis à votre disposition par Notre-Dame de Chrétienté : Consultez à ce propos, les informations en fin de dossier.

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    COMMENT CONDUIRE LA MEDITATION D'UNE DIZAINE DE CHAPELET

    Il est bien évident que chacun a sa méthode, souvent éprouvée. Il s’agit ici, simplement, de rappeler quelques principes directeurs, et de suggérer quelques pistes pédagogiques. 1. Aspect spirituel : Principe : c'est Dieu qu'on doit donner aux pèlerins, non pas nous-mêmes. Donc, laisser Dieu lui-même parler et agir avant, pendant, après, en récitant intérieurement une courte prière, par exemple : Avant : « Esprit-Saint, vous connaissez d'avance ceux qui vont m'entendre, quels sont leurs besoins, leurs blessures, ce que vous voulez leur donner par mes pauvres propos -quel honneur !- Alors, guidez mes lectures, ma réflexion et le choix de mes mots, afin que tout cela profite à ces âmes.... et à vous ! Peu importe ma gloire ou ma honte... » Pendant (juste avant de prendre le micro prendre son temps pour poser un regard sur chaque pèlerin): « Jésus, donnez-moi votre Sacré-Cœur pour les aimer. Et moi, je vous donne mes lèvres pour leur parler. » Après : « Merci Seigneur, pour cet honneur d'avoir été appelé à parler en votre Nom. Maintenant, c'est à Vous de jouer ! 'Vous pouvez laisser votre serviteur aller en paix'. Et faites que je vive ce que j'ai prêché ! » 2. Aspect doctrinal : Principe : Chaque dizaine a deux dimensions : le mystère, et son fruit. Ne pas oublier non plus cette recommandation du Bienheureux Jean-Paul II : « le centre de l’Ave Maria est le nom de Jésus ». Il faut donc mettre en valeur le nom de « Jésus », en marquant une légère pause. Le 'mystique' aura tendance à se perdre en contemplation, certes belle, mais en oubliant de rejoindre le pèlerin, et de lui proposer une conclusion pratique. C'est dommage, car un pèlerinage de Chrétienté entend incarner le spirituel dans le concret de la vie. À l'inverse, le diplomate ne cherchera qu'à amadouer son auditoire, quitte à édulcorer l'exigence de l’Évangile. Quant au moraliste, il se contentera de développer le fruit (par exemple en faisant un véritable sermon sur l'humilité). Tout cela est regrettable, car on perd de vue l'essentiel : Dieu et le Ciel ! En pratique donc, pour introduire une dizaine de chapelets, prenons le pèlerin par une petite accroche là où il en est, et, ce qui est essentiel, introduisons le en plein mystère, où il sera illuminé, réchauffé et fortifié. Et fort de tout cela, il pourra recevoir en conclusion, une brève exhortation pratique, et une intention concrète de prière. Exemple pour le 1er mystère Joyeux : l’Annonciation Présentation du mystère : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant Marie ! Qu'il est noble, l'archange fait humble messager ! Qu'elle est belle, la Mère de Dieu se

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    proclamant 'servante du Seigneur' ! Qu'il est adorable celui qui gît tout petit dans son sein !... » Exhortation pratique : « Alors, mes amis, n'ayons pas peur de nous faire petit quand c'est pour la gloire de Dieu ; et si tout à l'heure au bivouac nous rendons un service, cherchons à le cacher aux yeux des hommes pour que notre action soit grande devant Dieu et ses anges ! » Intention de prière : « Nous prierons plus particulièrement dans cette dizaine, pour nos frères et sœurs chrétiens persécutés dans le monde, ces tout petits aux yeux de leurs bourreaux, ces géants aux yeux de Dieu. » 3. Aspect prudentiel : Principe : la prudence est l'art d'adapter l'idéal aux circonstances, le nécessaire au possible, en fonction : Des personnes : on ne parle pas de la même manière à des étudiants qu'à des adolescents ou qu'à des enfants, à des tradis de souche qu'à un chapitre composé de nouveaux pèlerins peu ou pas pratiquant Du temps : en général, 2mn ou 3mn de méditation suffisent pour jeter un rayon de lumière et mettre le feu. Marie fait le reste. Dépasser cette durée, c'est souvent s'écouter soi-même et lasser les autres. Par ailleurs, le samedi ou le dimanche matin, on peut être doctrinal ou mystique. Mais, le dimanche après-midi, soyons hyper simple et concret voire... comique ! Alors, le lundi, nous pourrons être enflammés !! Des lieux : pas de grand discours quand la colonne s'étire (côtes) ou s'étale (sous-bois). Mais une belle histoire peut à l'inverse rassembler le troupeau... À l'arrivée (pause ou bivouac), plutôt chanter sa dizaine de chapelet que le dire (pour la fierté) ! Et comme Jésus, se servir des merveilleux paysages traversés pour illustrer le propos. Du thème : les mêmes mystères reviennent chaque année, au risque de lasser. Essayer donc de les contempler en lien avec le thème ou le saint du jour. Thème et mystère s'éclaireront ainsi mutuellement et les méditations ainsi seront variées. À titre d’exemple, reprenons le 1er mystère joyeux, en fonction du thème et du moment où se récite le chapelet : nous sommes le samedi matin, un peu avant d’arriver au Parc Henri Sellier, le thème du jour a été annoncé et la méditation sur Saint Thomas vient d’être faite. Présentation du mystère : « : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant Marie, Lui le créateur, le Dieu Tout Puissant qui a fait le ciel et la terre.. » Exhortation pratique : « les méditations qui vont suivre nous feront découvrir l’insondable mystère de Dieu Un et Trine. Nous nous efforcerons de comprendre ce que Dieu attend de nous, pour qu’à notre tour nous sachions comme Marie dire un ‘Fiat’ à sa Volonté. » Intention de prière : nous prierons particulièrement pour les pèlerins qui ont le plus de difficultés à entrer humblement dans la compréhension des mystères divins. Demandons à Saint Thomas d’Aquin, de nous aider à mieux comprendre l’enseignement que l’Église nous donne sur ces mystères. Bonnes méditations ! Un converti du pèlerinage de Chartres.

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    CANEVAS & RECOMMANDATIONS SAMEDI MESSE DANS LA CATHÉDRALE DE PARIS. Sermon : Sens du pèlerinage et nécessité de notre conversion. Évocation de l’Année de la Foi. Mot d’envoi : le choix du thème et son importance actuelle.

    2h40 de ND de Paris au Parc Henri Sellier (Plessis-Robinson) Chants religieux dans Paris. « Qu’est-ce qu’un pèlerinage ? » (texte page 156) et « Aux sources du

    Pèlerinage » (texte page 159). Présentation des textes à lire dans le livret ultérieurement

    « Engagements du pèlerin » (texte page 169). Inviter les pèlerins à lire le texte du livret du pèlerin ; faire les commentaires appropriés : esprit, comportement, tenue.

    Présentation du chapitre et du saint patron du chapitre Prière au saint patron du chapitre Présentation générale succincte du thème, des sous-thèmes, et des saints patrons

    des trois jours, Simple énoncé du thème du jour : « Dieu et la création de l’homme ». Le Saint du jour : Saint Thomas d’Aquin (méditation 1) Présentation du Rosaire (méditation page 107) Récitation du Chapelet : mystères joyeux, à poursuivre tout au long de la matinée. 1h20 du Parc Henri Sellier à Amblainvilliers (IGNY)

    « Les symboles au pèlerinage» (texte page 166). Document à lire dans le livret ultérieurement ou immédiatement Chants/Chapelet (suite) La Sainte Messe (méditation page 117)

    2h50 d’Amblainvilliers à la halte de Billehou Sacrement de Pénitence : devenir un « miséricordié » (méditation page 113). Cette méditation sera confiée de préférence à un séminariste, un religieux ou une religieuse. l’examen de conscience (invitez les pèlerins à consulter, pendant quelques instants le texte du livret) Récitation du Chapelet : mystères douloureux (pendant les 40 min le long de la N118) « Le mystère de Dieu» (méditation 2) Chants/Chapelet (suite)

    1h10 de Billehou à St Rémy-les-Chevreuse « La création de l’Homme» (méditation 3) Récitation du Chapelet : mystères glorieux La Tradition (méditation page 137). Présentation de l’Instruction « Universae

    Ecclesiae » du 13 mai 2011 (texte page 172).A lire ultérieurement dans le livret 1h30 de St Rémy au bivouac de la Ferté-Choisel

    « Pourquoi et Comment l’homme peut-il connaître Dieu » (méditation 4)

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    « Chants/Chapelet (suite)

    DIMANCHE 2h00 de La Ferté-Choisel à la ferme « les Charmes »

    Prière de départ par chapitre. Rappels : l’esprit du pèlerinage (engagements du pèlerin) ; Simple énoncé du thème du jour : « La création pour adorer Dieu».

    Saint du jour : Saint François d’Assise » (méditation 5) Récitation du Chapelet : mystères lumineux, «Ordre divin et beauté de la Création» (méditation 6)

    1h15 des Charmes au Parc Fougères « L’homme face à la Création : le respect qu’il lui doit» (méditation 7) Chants/Chapelet (suite)

    1h30 du Parc Fougères aux Courlis « Le mal et le désordre opposés à la beauté de la Création» (méditation 8) Récitation du Chapelet : mystères douloureux « Pourquoi aimer la messe traditionnelle » (méditation page 121)

    MESSE AUX COURLIS : Sermon : La création pour adorer Dieu.

    1h30 des Courlis à Batonceau « Foi et raison» (méditation 9) Chants/Chapelet (suite) La Chrétienté (méditation page 142). Présentation du sermon de Dom Gérard

    (texte page 180). A lire dans le livret ultérieurement. 1h20 de Batonceau à Emancé

    Récitation du Chapelet : mystères glorieux «La pureté avant le mariage» (méditation page 192) ; « la communication dans le couple » (texte page 197) ; « l’autorité dans la sagesse et l’amour » (texte page 202) : présentation de ces trois textes (à lire ultérieurement dans le livret) commentaires éventuels. « La Consécration à Notre-Dame » (méditation page 130)

    1h25 d’Emancé au bivouac de Gas «L’Adoration de l’Eucharistie » (méditation page 133) Chants/Chapelet (suite)

    SALUT DE SAINT SACREMENT. NUIT D’ADORATION.

    LUNDI 1h30 de Gas au Bois du Séminaire

    Prière de départ par chapitre. Rappels : l’esprit du pèlerinage (engagements du pèlerin) ; Simple énoncé du thème du jour : « La société à l’image de l’ordre divin».

    Saints du jour : Saint Thomas More (Méditation 10)

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    Récitation du Chapelet : mystères joyeux ou lumineux «Il y a une loi divine au-dessus des lois civiles» (méditation 11) Chants/Chapelet (suite)

    2 h15 du Bois du Séminaire à la halte du déjeuner « Tradition-Chrétienté-Mission : les 3 piliers de NDC» (texte page 174). Inviter les pèlerins à lire la Charte dans leur livret. « Un seul Dieu tu adoreras» (méditation 12) « L’accompagnement spirituel » (texte page 208). Présenter le texte à lire dans le livret ultérieurement. «La vocation» (méditation page 148), de préférence par un séminariste, un religieux ou une religieuse. Présentation de la note doctrinale « Sur l’engagement des catholiques en politique » de 2002 (texte page 183) Chants/Chapelet (suite)

    2h00 de la halte du déjeuner à Notre-Dame de Chartres « Prière et action » (méditation 13). Présentation éventuelle de la note doctrinale « Sur l’Engagement des catholiques en politique » de 2002, à l’intention de ceux qui viendrait de rejoindre le pèlerinage. Chants/Chapelet (suite) « Le devoir de se former» (texte page 207). Présenter le texte, à lire dans le livret ultérieurement) « Une règle de Vie» (méditation page 152) Chants religieux dans Chartres.

    MESSE À CHARTRES (sermon : synthèse de l’ensemble du thème et envoi en mission).

    Nota : À traiter par un séminariste, un religieux ou une religieuse au cours des 3 jours de pèlerinage : l’Écriture Sainte, la prière et la vie d’oraison, les fins dernières.

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    MOT DE L’AUMÔNIER GÉNÉRAL Chers amis,

    Vous avez entre les mains votre dossier de préparation à notre Pèlerinage 2014. Je dis « votre », car mon plus grand désir est que ces méditations, ces textes fondateurs deviennent vraiment votre propriété personnelle. Maintenant, vous avez deux manières d'agir : la première consiste à déposer votre dossier dans un endroit bien en vue et....de le

    regarder. Vous vous dites, en effet, qu’il reste nombre de semaines avant nos trois jours de marche, et donc, que vous avez le temps de prendre connaissance de son contenu. D'ailleurs, « il vaut bien mieux que je me réserve quelques jours de travail continu. Ainsi, je prendrai le temps nécessaire pour me mettre à fond dans la rédaction de mes méditations pour mon chapitre. » Magnifique résolution ! Mais êtes-vous bien certains de la réaliser ?

    Il y a l'autre solution : elle consiste à prendre immédiatement connaissance des textes qui vous sont proposés, de façon à bien situer chaque méditation et chaque lecture dans le contexte général du pèlerinage, en suivant l’ordre des lectures et les directives qui vous sont données dans le canevas figurant en tête du dossier. Puis, chaque jour, vous relirez lentement une méditation que vous pourrez enrichir par d’autres lectures conseillées, de façon à laisser cette méditation pénétrer votre âme, et votre intelligence, de telle sorte qu'avec la grâce de Dieu, vous deveniez un « ruminant » de la doctrine. La rédaction de vos méditations en sera d'autant plus facile. Surtout, pendant les trois jours du Pèlerinage, vous n'aurez plus besoin de notes : c'est librement que vous exprimerez ce que vous aurez si bien médité.

    Car votre rôle est incontournable : les prêtres célèbrent, prêchent, confessent, conseillent. Les bénévoles qui encadrent le Pèlerinage aident les pèlerins de bien des manières, de telle sorte qu'ils prient en paix. Et vous, chefs de chapitres, vous assurez une présence permanente auprès des pèlerins qui vous sont confiés et vous font confiance. Vous êtes en première ligne : de vous dépend en grande partie la relation qui s'établira avec Dieu pendant ces trois jours. Dieu sait combien on nous parle du rôle des laïcs dans l'Église ! Pour une fois, je suis d'accord ! Seulement, ce n'est pas un rôle bien en vue, permettant d'exprimer un ego satisfait. Non, chers chefs de chapitres, vous êtes des transmetteurs, des relais. Comme Saint Jean-Baptiste, votre véritable mesure est celle qui fait de vous des instruments

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    de Dieu. En vous écoutant méditer, les pèlerins voudront comprendre ce que Dieu dit à chacun d'eux, dans le secret de son cœur. Votre méditation, votre prière, seront autant de voies préparatoires à l'action sacerdotale. Elles seront l'invitation aux sacrements. Grande responsabilité, certes, impossible à mettre en œuvre sans la grâce de Dieu. C'est pourquoi : Profitez de votre travail préparatoire pour prier et laisser la Providence vous

    baigner dans l'esprit de prière. « L'Esprit-Saint que Mon Père enverra en Mon nom vous enseignera toutes choses. » (St Jean. XIV. 26.)

    Comptez sur la prière de tous, et sur la mienne tout spécialement. Dès aujourd'hui, le « Veni, Sancte Spiritus » est sur mes lèvres à votre intention.

    Je vous donne un rendez-vous spirituel : celui de l’Angélus récité dans la Communion des Saints, matin, midi et soir.

    Bon et joyeux travail ! Avec toute ma reconnaissance, je demande à Dieu de vous bénir.

    Abbé Denis COËFFET. Aumônier Général.

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    1ERE PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE

    PLAN DES MÉDITATIONS THÉMATIQUES

    (Ce document a été remis aux rédacteurs des sermons et méditations ; il est communiqué aux Chefs de Chapitre pour leur permettre de mieux comprendre l’enchaînement des méditations.)

    « AU COMMENCEMENT, DIEU CREA LE CIEL ET LA TERRE » Dieu, notre Créateur et Notre Père

    1. SAMEDI 7 JUIN 2014 SOUS LE PATRONAGE DE SAINT THOMAS D'AQUIN « DIEU ET LA CREATION DE L'HOMME »

    Méditation 1 : le mystère de Dieu. La connaissance de l'homme est limitée au plan naturel. L'homme recherche la connaissance d'un Être qui le dépasse infiniment. L'homme connaît Dieu par la Révélation : vérité de la Révélation, énoncée

    principalement par l'enseignement et les actes du Christ. Trinité et Unité : échange de l'Amour Divin dans la Trinité des Personnes.

    Perfection de l'Unité Divine.

    Méditation 2 : la création de l'homme. Gratuité absolue de la création de l'homme par Dieu. Genèse I. 26 : « Créons l'homme à Notre image. » L'esprit humain, image proportionnelle de l'Esprit Divin. Le Vrai, le Bon et le Beau, éléments fondamentaux de l'esprit humain. La Justice originelle. L'homme après le Péché Originel : le lien rompu.

    Méditation 3 : pourquoi et comment l'homme peut connaître Dieu. Nécessité de la Grâce pour la connaissance de Dieu et l'épanouissement de la

    nature humaine. Servir Dieu est la fin véritable de l'homme : réponse à l'amour premier de

    Dieu. Aimer Dieu et L'adorer : fondamentaux de la véritable liberté humaine. L'adoration est la plénitude de l'homme.

    2. DIMANCHE 8 JUIN 2014 SOUS LE PATRONAGE DE SAINT FRANÇOIS D'ASSISE « LA CREATION POUR ADORER DIEU »

    Méditation 1 : Ordre divin et beauté de la Création. Constatation d'un ordre certain dans la Création, au milieu d'une très grande

    variété des êtres. Exemple de la création de l'homme et de la femme.

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    Ordre et beauté de la Création : la Loi Naturelle. Rappel de l'enseignement de l'Église sur la Création.

    Méditation 2 : l'homme face à la Création ; le respect qu'il lui doit. Dieu a confié la Création à l'homme : dans quel but ? Comment l'homme doit utiliser et protéger la Création. L’écologie Catholique.

    Méditation 3 : le Mal et le désordre opposés à la beauté de la Création. Pourquoi le Mal : rappel de l'enseignement de l'Église sur le péché originel. La réaction face au Mal : la violence ou l'humilité. Le véritable sens de la Croix : la réparation.

    Méditation 4 : Foi et Raison. L'enseignement de Benoît XVI : « fides et ratio ». La science qui mène à l'adoration contre la science sans Dieu : l'exemple de

    la théorie du Gender. Pour quelle science catholique ?

    3. LUNDI 9 JUIN 2014 SOUS LE PATRONAGE DE SAINT THOMAS MORE « LA SOCIETE À L'IMAGE DE L'ORDRE DIVIN »

    Méditation 1 : Il y a une loi divine au-dessus des lois civiles. Le témoignage de Notre-Seigneur devant Pilate. Le témoignage des martyrs de toutes les époques. Les limites au devoir d'obéissance. L'enseignement de Saint Pierre, source de celui de l'Église.

    Méditation 2 : Un Seul Dieu tu adoreras. Le culte public dû à Dieu. La saine laïcité. Pouvoir spirituel et pouvoir temporel : ni confusion (Islam) ni opposition

    (Libéralisme, marxisme), mais distinction. D'où la nécessité du Bien Commun.

    Méditation 3 : Prière et action. La prière d'adoration, la prière de demande, la prière d'offrande et de

    réparation. Nos différents devoirs d'état. Notre Dame de la Sainte Espérance : le triomphe de son cœur immaculé,

    signe de la victoire de Dieu.

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    SAINT THOMAS D’AQUIN

    « Le Docteur commun »

    Méditation 1

    Chers Pèlerins, « Il est meilleur de donner la lumière que de briller seulement ». Avec cette image de la lumière, saint Thomas d’Aquin exprime tout l’idéal de sa vie de frère prêcheur ; et l’histoire de son influence sur la pensée philosophique et théologique montre combien la lumière de son enseignement a éclairé l’Église. Mais, au-delà de la doctrine, qui est cet homme, ce saint du XIIIe siècle, qui a pu ainsi rayonner bien au-delà de son époque ? En vérité, ce docteur est aussi un témoin de vie spirituelle, il nous enseigne par sa parole et par sa vie.

    I. LA FORMATION 1. La jeunesse

    On peut placer sa naissance en 1224 ou 1225 dans la famille noble des comtes d’Aquin, d’origine lombarde, probablement au château de Roccasecca, dans l’Italie du sud. D’une famille nombreuse (au moins neuf enfants), Thomas, qui est le plus jeune des fils, est destinée à une carrière ecclésiastique et, dès l’âge de 5-6 ans, rejoint comme oblat l’abbaye toute proche du Mont-Cassin où, avec d’autres enfants de son âge, il est initié à la vie bénédictine et commence sa formation intellectuelle. Il gardera toujours une grande estime pour l'ordre de saint Benoît.

    2. L’arrivée à Naples et l’entrée dans l’ordre de saint Dominique Mais, en 1236, le Père Abbé conseille aux parents de Thomas d’envoyer plutôt leur fils à Naples, car des troubles ont repris dans la région.

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    C’est là qu’il fait connaissance avec les dominicains, dont l’implantation datait de 1231. Le jeune Thomas, soutenu par le frère Jean de San Giuliano, décide alors d’entrer chez les prêcheurs, et reçoit l’habit des mains du prieur au début de 1244. Ce qui le pousse vers les dominicains, c'est sans doute son aptitude pour l'étude, et aussi son attrait pour une vie de pauvreté. Craignant les réactions de sa famille devant ce changement d’orientation, les dominicains le font partir pour Rome ; à cette nouvelle, sa mère l’y poursuit et le fait intercepter par ses frères afin qu’il lui soit ramené. Il est alors enfermé dans un château de famille où on essaie de mettre à l’épreuve sa chasteté. Sa réaction est des plus énergiques, ce qui lui vaudra du Seigneur la grâce de ne plus être importuné par les tentations grossières. Il tâche de tirer le meilleur parti de sa semi réclusion : il lit toute le Bible, il étudie les « Sentences » de Pierre Lombard, le manuel de théologie utilisé alors dans toutes les écoles. Il peut aussi encourager la vocation religieuse de sa sœur aînée, Marotta. Finalement, au bout d'environ un an et demi, vaincue par sa constance, sa famille lui permet de regagner le couvent de Naples. Malgré cet épisode fâcheux, le frère Thomas restera toujours très attaché à sa famille.

    3. Les études à Paris et à Cologne Rendu à son Ordre, le frère Thomas est alors envoyé à Paris, où il passe trois ans (1245-1248), pour perfectionner, à la faculté des arts, les connaissances acquises à Naples. Il sert aussi de secrétaire bénévole à saint Albert, qui enseigne à Paris en ces années. Mais, en 1248, le chapitre général décide d'ouvrir un studium generale à Cologne, confié à Maître Albert, qui prend avec lui le frère Thomas. Durant quatre ans, celui-ci a le loisir de s'imprégner de la pensée de son maître. Ce fut très probablement le moment de son ordination sacerdotale, sur laquelle nous ne savons rien. Une collaboration fraternelle s'instaure entre le maître et le disciple, qui, d'élève, passe à la fonction d'assistant, achevant sa formation et commençant à enseigner.

    II. L’ENSEIGNEMENT 1. Les premiers cours

    Au début de 1252, le Maître général des prêcheurs demande à Maître Albert de lui désigner un frère qui pût être bachelier pour enseigner à Paris ; ce dernier propose le frère Thomas, qui, malgré son âge (il n’a que vingt-sept ans), vient assister le maître dominicain Elie Brunet de Bergerac.

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    À Paris, le frère Thomas suit le cursus qui doit le mener à la maîtrise : À ce travail universitaire intense s'ajoute un certain nombre de travaux, écrits par charité, pour répondre à des demandes de ses frères, ou à des consultations officielles. Cette charité intellectuelle est un des aspects de la sainteté du frère Thomas, et Maritain a pu parler de « sainteté de l'intelligence ». Soulignons qu’il recevait beaucoup de lumières sur les mystères qu’il étudiait, grâce à la prière et à une vie profonde d’union avec Dieu.

    2. Le maître en théologie Dans les premiers mois de 1256, le frère Thomas est appelé à se préparer pour sa leçon inaugurale, première étape de sa réception comme maître de l'université, bien qu’il n’ait pas les trente-cinq ans requis. Dès l'automne 1256, il publie un petit ouvrage pour défendre l'idéal religieux des franciscains et des dominicains. Dans plusieurs écrits, il illustre, avec fermeté et parfois ironie, la vocation des prêcheurs pour laquelle il a souffert durant sa jeunesse. Ainsi apparaît un frère Thomas polémiste. En analysant ses manuscrits autographes, on s'aperçoit vite de ce tempérament ardent ; sa plume peine à suivre l'impétuosité de sa pensé, ce qui entraîne des lapsus, des incorrections, des oublis. Ainsi doit-on reconnaître que la modération et la clarté, universellement louées chez lui, sont le fruit d'une patiente conquête, et non des dons innés : il lui a fallu discipliner son génie pour pouvoir transmettre au mieux la lumière.

    3. Naples, Orvieto, Rome La vie du frère Thomas, depuis son entrée chez les prêcheurs, a été menée par l'obéissance, et nous le voyons partir pour l'Italie, en 1260, à la demande de ses supérieurs. Après un séjour à Naples dans son couvent d'origine, où il travaille à la Somme contre les Gentils, il est nommé lecteur conventuel à Orvieto. À la demande du pape Urbain IV, il compose un office pour la fête du Saint-Sacrement, et on rapporte qu'en écoutant sa lecture, saint Bonaventure renonça au texte qu'il avait lui-même préparé. Dans ces textes, l'auteur livre un écho de son âme : le thème de la présence du Christ « qui nous joint à lui dans ce sacrement », et celui de l'espérance réconfortée par cette union si intime, révèlent « la tension de son âme vers la vision de Dieu ». Parmi les nombreux travaux de cette période se trouve la Catena aurea, commentaire des quatre évangiles à partir de citations des Pères de l'Église, entreprise à la demande d'Urbain IV. En septembre 1265, le Chapitre provincial envoie le frère Thomas à Rome pour y établir un studium, en vue de former les étudiants de la province

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    dominicaine de Rome. Désirant donner une solide assise théologique à leur formation, il commence à mettre en œuvre la Somme de Théologie, « pour instruire les commençants », avec le souci très pédagogique de bâtir une synthèse claire et ordonnée. Ce grand œuvre, commencé à Rome, sera poursuivi à Paris puis à Naples jusqu'en décembre 1273. En parallèle, il compose pour lui-même un « commentaire du traité de l'Âme » d'Aristote. Cet approfondissement de la doctrine d'Aristote lui parait nécessaire, au moment où il rédige les questions de la Première partie de la Somme consacrées à l'âme humaine (questions 75 à 89).

    4. Nouveau séjour à Paris Mais après la fin de l'année scolaire, il est rappelé brusquement à Paris, où il parvient vers la mi-septembre 1268. À Paris, le frère Thomas d’Aquin poursuit la rédaction de la Somme, continu ses commentaires personnels sur Aristote, commente l'Écriture, et donne fidèlement les « questions disputées » prévues. Son intense travail lui permet une immense production littéraire (il pouvait dicter en même temps à trois et parfois quatre secrétaires). Cela souligne sa puissance d'abstraction, et en même temps dénote une véritable rationalisation du travail, avec confection de fiches, d'index, etc.

    III. LE RETOUR EN ITALIE ET LA MORT Mais bientôt, après environ quatre ans à Paris, il lui faut à nouveau quitter cette ville, après le Carême 1272, pour rejoindre Naples où il doit fonder un studium generale de théologie. Cette dernière année d'enseignement est consacrée à un cours sur saint Paul et à la rédaction d’un commentaire sur les psaumes qui restera inachevé (seuls les psaumes 1 à 54 furent traités). C’est à cette époque que le frère Thomas eut une expérience mystique, alors qu'il célébrait la sainte messe dans la chapelle de Saint-Nicolas. Il n’en parla pas, mais il cessa d'écrire après cette messe, et se sépara de ses plumes et de ses parchemins. « Je ne peux plus écrire », répondit-il à Raynald de Piperno, son compagnon, à qui il confiera plus tard, peu avant de mourir : « Tout ce que j'ai écrit me semble de la paille en comparaison de ce que j'ai vu ». Fin février 1274, il dut s'aliter et demanda qu'on le transportât à l'abbaye cistercienne toute proche de Fossanova, où il mourut le 7 mars suivant, rejoignant enfin Celui dont il avait si bien scruté les mystères.

    Chers pèlerins, Quand saint Thomas mourut, il n’avait qu’à peine cinquante ans. C’est court pour une vie d’homme, mais quelle vie bien remplie et quelle œuvre magnifique il nous laissait !

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    Selon l’enseignement du Magistère, Saint Thomas est présenté à tous comme un maître de sagesse qui n’enseigne pas une doctrine particulière, mais expose la vérité en tant que Docteur commun. Comme l’écrivait, en 1923, le pape Pie XI, dans l’encyclique Studiorum ducem, il est « celui dont l’Église a faite sienne la doctrine ». Dans une prière silencieuse, invoquons ce grand Saint ; et, par son intercession, demandons au Saint Esprit qu’il éclaire notre intelligence pour nous aider, au cours de cette première journée de pèlerinage, à mieux comprendre ces vérités que nous allons méditer, que Dieu nous a révélées et que l’Église nous enseigne. Prière à l’Esprit Saint (que les pèlerins trouveront dans leur livret)

    « Venez Esprit Saint, remplissez le cœur de vos fidèles, et allumez en eux le feu de votre amour. Envoyez votre Esprit, Seigneur, et il se fera une création nouvelle, et vous renouvellerez la face de la terre. Prions : Ô Dieu qui avez instruit le cœur de vos fidèles, par la lumière du Saint-Esprit, donnez-nous, par ce même Esprit, de comprendre et d’aimer ce qui est bien, et de jouir sans cesse de ses divines consolations, par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi soit-il. »

    Bibliographie - « Initiation à saint Thomas d’Aquin, sa personne et son œuvre » Jean-Pierre

    Torrell, 3e édition (2008), Cerf, Paris. - « Lire saint Thomas », T. D Humbrecht, Ellipses, 2009. - « Saint Thomas du Créateur », G. K. Chesterton. - « Le Docteur angélique », Jacques Maritain - Encyclique « Aeterni Patris », Léon XIII : 1879. - Encyclique « Studiorum ducem », Pie XI : 1923. - Encyclique « Fides et ratio », Bx Jean-Paul II : 1998.

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    LE MYSTÈRE DE DIEU

    « Je Suis celui qui Suis » (Ex 3, 14)

    Méditation 2

    Chers Pèlerins, L’homme est un être religieux. Le catéchisme de l’Église catholique le rappelle : « le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme… » (CEC n° 27) et saint Augustin l’exprime par ces mots adressés à Dieu : « Tu nous as fait pour Toi et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi » (Confession I, 1,1). Mais quel est donc le mystère de Dieu ?

    I. L’HOMME PAR SES PROPRES FORCES EST CAPABLE DE CONNAITRE L’EXISTENCE DE DIEU

    L’Église nous enseigne à la fois qu’il est possible à l’homme d’arriver par ses seules forces naturelles à la certitude de l’existence de Dieu, et, en même temps que cette démonstration est difficile en raison de l’état blessé de notre nature, qui « souffre difficulté de la part des sens et de l’imagination, ainsi que des mauvais désirs nés du péché originel. De là vient qu’en de telles matières, les hommes se persuadent facilement de la fausseté ou du moins de l’incertitude des choses dont ils ne voudraient pas qu’elles soient vraies » (CEC n° 37) Il existe des preuves de l’existence de Dieu, c’est-à-dire des arguments convaincants et convergents qui permettent à notre raison d’accéder à la certitude de l’existence de Dieu. Évoquons trois voies pour s’élever du monde créé, vers le Créateur : Nous constatons dans l’univers l’existence du mouvement et que tout être est mis en mouvement par un autre. Un train n’avance jamais sur les

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    rails sans qu’il y ait une cause à ce mouvement. Ultimement, l’existence du mouvement réclame un Premier Moteur, un être qui soit la source de ce mouvement, sans lui-même avoir besoin d’être mû.

    De même, nous constatons l’existence d’un ordre ; or tout ordre tire son existence d’une intelligence ordonnatrice. L’existence d’un univers ordonné réclame un Ordonnateur, origine et fin de l’univers. Voltaire, lui-même, écrivait : « Et plus je considère et moins je peux songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger ».

    Saint Augustin, lui, nous montre la voie de la beauté qui part des splendeurs de l’univers : “ Interroge la beauté de la terre … de la mer… du ciel (...) Ces beautés, sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau, non sujet au changement ? ” (Serm. 241, 2 : PL 38, 1134).

    II. MAIS POUR CONNAITRE L’INTIMITE DE DIEU, IL FAUT QU’IL SE REVELE

    Certes, sans la Révélation, nous pouvons accéder à la certitude de l’existence de Dieu et même à l’existence de quelques-unes de ses perfections comme sa puissance, sa sagesse, sa bonté, manifestes dans la création ; mais ce n’est que d’une façon très imparfaite. C’est pourquoi l’homme a besoin de la Révélation, d’une part, nous dit Pie XII dans « Humani Generis », pour connaître « les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas accessibles à la raison, afin qu’elles puissent être, dans l’état actuel du genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d’erreur » et, d’autre part et surtout, pour connaître les vérités sur Dieu qui dépassent son entendement. Or, Dieu a parlé aux hommes, par les prophètes, par la Bible, puis en la personne de son Fils Jésus-Christ. Dieu s’est fait homme : c’est l’incroyable et « bonne nouvelle » de l’évangile de Jésus-Christ. En Jésus, nous avons la plénitude de la Révélation : Il nous a révélé les secrets de la vie de Dieu, de sa vie trinitaire, mais aussi les desseins de bienveillance de Dieu sur nous : comment l’homme est appelé à devenir fils de Dieu et à entrer dans le bonheur de Sa vie divine ! En venant nous parler, Jésus nous a donné des signes attestant qu’Il était bien l’envoyé du Père, le Fils Bien-Aimé et égal au Père. Notre adhésion par la foi au Christ n’est pas un pari absurde ou un saut dans l’irrationnel : elle est éclairée par ce qu’on appelle les signes de crédibilité qui conditionnent l’adhésion de la foi, elle-même don de Dieu. Nous avons besoin de ces signes pour rendre témoignage de notre foi et pour expliquer pourquoi nous croyons en l’Évangile plutôt qu’au Coran !

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    En plus de la beauté intrinsèque du message et de la vie de Jésus, ces signes sont constitués par la réalisation des prophéties qui figuraient dans l’Ancien testament et par les miracles que Jésus accomplit en si grand nombre, le plus important étant sa propre résurrection. Le témoignage de milliers de martyrs d’hier et d’aujourd’hui vient confirmer notre foi !

    III. DIEU EST UN ET TRINE La raison, avec ses seules forces, peut déjà affirmer que Dieu est unique, mais seule la Révélation a pu nous enseigner le mystère de Sa vie intime : Trois Personnes en un seul Dieu.

    1. « Je crois en un seul Dieu » Dieu ne peut qu’être Unique « La confession de l’Unicité de Dieu, qui a sa racine dans la Révélation Divine de l’Ancienne Alliance, est inséparable de celle de l’existence de Dieu et tout aussi fondamentale. Dieu est Unique : il n’y a qu’un seul Dieu: “ La foi chrétienne confesse qu’il y a un seul Dieu, par nature, par substance et par essence ” » (CEC n°200). La raison nous montre déjà qu’affirmer l’existence de plusieurs dieux amène une contradiction dans les termes : par définition, selon Saint thomas d’Aquin, « Dieu est la cause première et la fin ultime de tout » S’il existait plusieurs dieux, chacun d’entre eux aurait besoin de se distinguer par quelque chose que l’autre n’aurait pas et dont il ne serait pas la cause ; il ne serait donc pas la cause de tous les êtres, il ne serait donc pas parfait et ne serait donc pas Dieu ! Qui est ce Dieu Unique ? Parce qu’Il dépasse tout le monde créé, Il est infiniment transcendant et mystérieux. Aucune intelligence créée ne peut embrasser tout l’être de Dieu et le comprendre parfaitement. Dieu seul se connaît parfaitement : « Le nom Divin " Je Suis Celui qui Suis " est mystérieux comme Dieu est mystère. » (CEC n °206) Quels sont les attributs ou perfections de Dieu ? Dieu est infiniment parfait. « Dieu est la plénitude de l’Être et de toute

    perfection. Alors que toutes les créatures ont reçu de Lui tout leur être et leur avoir, Lui seul est son être même et Il est de Lui-même tout ce qu’Il est. » (CEC, 213)

    Dieu est éternel : sans commencement et sans fin, Il est hors de notre temps ; Il se possède, en sa plénitude de vie, dans un instant sans durée.

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    Dieu est le Tout-Puissant : « Si Dieu est Tout-Puissant " au ciel et sur la terre " (Ps 135, 6), c’est qu’Il les a faits. Rien ne Lui est donc impossible (Lc 1, 37) et Il dispose à son gré de son œuvre » (Jr 2, 5) « Nous croyons qu’elle [la Toute-Puissance] est universelle, car Dieu qui a tout créé (Gn 1, 1 ; Jn 1, 3), régit tout et peut tout ; aimante, car Dieu est notre Père (Mt 6, 9) ; mystérieuse, car seule la foi peut la discerner lorsqu’ " elle se déploie dans la faiblesse " (2 Co 12, 9 ; 1 Co 1, 18). » (CEC n° 268).

    Dieu est Vérité : « Dieu est la Vérité même, ses paroles ne peuvent tromper. La vérité de Dieu est sa sagesse qui commande tout l’ordre de la création et du gouvernement du monde » (Sg 13, 1-9).

    Dieu est Amour : c’est la grande révélation : « " Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique " (Jn 3, 16). L’amour de Dieu est " éternel "

    2. « Je crois en un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit » « La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des “ mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont révélés d’en haut ” (Cc. Vatican I : DS 3015). Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son œuvre de création et dans sa Révélation au cours de l’Ancien Testament. Mais l’intimité de Son Être comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d’Israël avant l’Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint-Esprit. » (CEC n° 237). Deux vérités doivent être professées : l’Égalité des Personnes : Ces trois Personnes sont égales et

    consubstantielles… : « Les personnes divines ne se partagent pas l’unique divinité mais chacune d’elles est Dieu tout entier : “ Le Père est cela même qu’est le Fils, le Fils cela même qu’est le Père, le Père et le Fils cela même qu’est le Saint-Esprit, c’est-à-dire un seul Dieu par nature ” (Cc. Tolède XI en 675 : DS 530). » (CEC n° 253). Les Trois Personnes possèdent la même et unique nature divine qui leur est donc consubstantielle. Les Trois Personnes ont donc une même et égale dignité, éternité, Sainteté, Toute-Puissance, Bonté, Sagesse, etc.

    La Distinction des Personnes : et pourtant ces personnes sont distinctes. “Dieu est unique mais non pas solitaire ” (Fides Damasi : DS 71). “ Père ”, “Fils”, “Esprit Saint” ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l’être divin, car ils sont réellement distincts entre eux. Ils sont distincts entre eux par leurs relations d’origine : “ C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le

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    Saint-Esprit qui procède ” (Cc. Latran IV en 1215 : DS 804). L’Unité divine est Trine. » (CEC n° 254)

    Au cœur de la vie divine se trouve un mystère d’amour : « Saint Jean atteste : "Dieu est Amour " (1 Jn 4, 8. 16) : l’Être même de Dieu est Amour. En envoyant dans la plénitude des temps son Fils unique et l’Esprit d’Amour, Dieu révèle son secret le plus intime (1 Co 2, 7-16 ; Ep 3, 9-12) : Il est Lui-même éternellement échange d’amour : Père, Fils et Esprit Saint, et Il nous a destinés à y avoir part. » (CEC n° 218 – 220 - 221). Le Père, par amour, engendre éternellement son Fils qui est le Verbe ; tout ce qu’Il a, tout ce qu’Il est – sa nature divine – Il le donne à son Fils, – hormis le fait d’être Père et source –, de telle manière que le Père et le Fils ne soient pas deux dieux mais un seul et même Dieu ; don total et absolu qu’un père humain ne peut jamais réaliser envers son fils : même le père le plus aimant, le plus pédagogue ne réussit pas à transmettre tout ce qu’il a, tout ce qu’il est à son fils. Dieu le Père, Lui, donne tout à son Fils. Et le Fils, par amour, exprime tout le mystère du Père car Il est le Verbe, la Parole du Père. Il est l’image parfaite qui glorifie le Père et ainsi Il « rend » tout au Père, par amour ! Et de cet amour mutuel jaillit la troisième Personne divine, le Saint-Esprit, Amour mutuel et substantiel du Père et du Fils.

    Chers amis pèlerins, Comme voici un grand mystère ! Mystère d’amour, de don, de communion ineffable : tel est le mystère de la vie surabondante des Trois Personnes divines. Et c’est à partager cette vie d’amour que Dieu appelle chacun d’entre nous ! Prenons quelques instants de silence pour y réfléchir, avant de réciter ensemble notre Acte de Foi (voir livret du pèlerin)

    Citations « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher. » (CEC 27) « De multiples manières, dans leur histoire, et jusqu’à aujourd’hui, les hommes ont donné expression à leur quête de Dieu par leurs croyances et leurs comportements religieux (prières, sacrifices, cultes, méditations, etc.). Malgré les ambiguïtés qu’elles peuvent comporter, ces formes d’expression sont si universelles que l’on peut appeler l’homme un être religieux. » (CEC 28). « Bien que la raison humaine, en effet, à parler simplement, puisse vraiment par ses forces et sa lumière naturelles arriver à une connaissance vraie et certaine

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    d’un Dieu personnel, protégeant et gouvernant le monde par sa Providence, ainsi que d’une loi naturelle mise par le Créateur dans nos âmes, il y a cependant bien des obstacles empêchant cette même raison d’user efficacement et avec fruit de son pouvoir naturel, car les vérités qui concernent Dieu et les hommes dépassent absolument l’ordre des choses sensibles, et lorsqu’elles doivent se traduire en action et informer la vie, elles demandent qu’on se donne et qu’on se renonce. » (CEC 37). « Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (...) interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur beauté est une profession (confessio). Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau (Pulcher), non sujet au changement ? » Saint Augustin (Serm. 241, 2 : PL 38, 1134). « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine » (Vatican II, Dei Verbum). « La foi est certaine, plus certaine que toute connaissance humaine, parce qu’elle se fonde sur la Parole même de Dieu, qui ne peut pas mentir. Certes, les vérités révélées peuvent paraître obscures à la raison et à l’expérience humaines, mais " la certitude que donne la lumière divine est plus grande que celle que donne la lumière de la raison naturelle "(St Thomas d’Aquin). " Dix mille difficultés ne font pas un seul doute " (Newman, apol.). » (CEC n°157). « Il est le Seigneur de l’univers dont Il a établi l’ordre qui Lui demeure entièrement soumis et disponible; Il est le Maître de l’histoire: Il gouverne les cœurs et les événements selon son gré (cf. Est 4, 17c ; Pr 21, 1). La Toute-Puissance divine n’est nullement arbitraire. » (CEC 269-271) « Dieu qui, seul, a créé le ciel et la terre (Ps 115, 15), peut seul donner la connaissance véritable de toute chose créée dans sa relation à Lui (Sg 7, 17-21). » (CEC n° 216). « La foi catholique consiste en ceci : vénérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les personnes, sans diviser la substance : car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit Saint ; mais du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint une est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté » St Athanase, (Symbolum “ Quicumque” : DS 75, CEC n° 266). « Vivre de la foi veut dire reconnaître la grandeur de Dieu et accepter notre petitesse, notre condition de créature, laissant le Seigneur la combler de son amour afin que croisse ainsi notre véritable grandeur. », Benoît XVI ; « Ainsi grandit la foi ! A travers la rencontre avec une personne, à travers la rencontre avec le Seigneur. Certains diront : « Non, moi je préfère étudier la foi dans les livres ! ». Il est important de l’étudier, mais vous savez, seulement cela ne suffit pas ! L’important est la rencontre avec Jésus, la rencontre avec Lui et cela te donne la foi, parce que c’est précisément Lui qui te la donne ! » Pape François

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    « Tout ce qui est incompréhensible n'en existe pas moins pour cela. (…) En parlant des choses humaines, on dit qu'il faut les connaître pour les aimer. En parlant des choses divines, on dit qu'il faut les aimer pour les connaître. » Blaise Pascal (1623-1662) « Si nous ne renonçons pas à connaître Dieu par nos propres moyens, jamais nous n'approcherons de lui vraiment. Non seulement il faut dépasser la connaissance sensible, mais encore la connaissance rationnelle. Tant d'âmes de prière restent en panne dans la recherche de Dieu parce qu'elles ne consentent pas à mortifier imagination et sensibilité, ou encore parce qu'elles s'en tiennent à des notions sur Dieu, ne comprenant pas que Dieu ne se laisse pas plus saisir par nos concepts que l'océan ne se laisse prendre aux filets du pêcheur. » Henri Caffarel (1903-1996) « Recevoir », voilà le maître mot, la seule voie, la plus humble et donc la plus sûre par laquelle les mystères de la vie, de la mort et de l'être-même de Dieu peuvent se dévoiler. (…) Qu'on se le dise : la connaissance de Dieu est fermée à l'orgueil humain qui se prend pour Dieu. » Michel-Marie Zanotti-Sorkine (1959-)

    Bibliographie « Catéchisme de l'Église catholique » ed. Cerf/Fleurus/Mame, 1998. « Catéchisme du Concile de Trente », éd. DMM, 582 p. « Catéchisme de saint Pie X », éd. DMM, 393 p. « Compendium ou Abrégé du Catéchisme de l'Église catholique », « Le catéchisme expliqué. Entretiens », Mgr Raymond Centène, :éd. Artège, Perpignan, 2012. « Devenez mes disciples, Manuel de catéchèse à l’égard de jeunes adultes, », Carlos Miguel Buela : éd. Téqui, 2009, « La pensée de l’Église de Rome » Claude Tresmontant, ed. DBB, 1996

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    LA CRÉATION DE L’HOMME

    « Et Dieu dit : faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance. » Gen. I. 26.

    Méditation 3

    Chers pèlerins, La présence de l'homme sur la terre est un grand mystère pour nombre de nos contemporains. Si l'homme ignore sa finalité, c'est qu'il est enfermé dans un doute absolu quant à son origine. Ne pas savoir d'où l'on vient n'aide pas vraiment pour savoir où l'on va..... Notre méditation a pour objet d'éclairer cette origine de l'homme, à la lumière de l'enseignement de l'Église, afin que, par la connaissance de sa doctrine infaillible, nous possédions les arguments principaux pour répondre aux théories « évolutionnistes » qui, directement ou indirectement conduisent à une négation de l’âme.

    I. DIEU EST L’UNIQUE CREATEUR Le livre de la Genèse, premier livre de la Bible, nous montre Dieu opérant la création. Le mot « créer » a une signification précise : c’est le fait de produire à partir de rien. C'est la raison pour laquelle l'auteur sacré nous présente le début de la création dans un univers vide, où seul Dieu existe. Noter que, par définition, Dieu n'a jamais commencé et ne finira jamais : Lui seul est éternel. Dans ce néant, dans ce vide, Dieu fait sortir l'ensemble de la création : manifestement, Il l'organise, Il lui donne une loi interne qui va présider à

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    son développement. Le fait que Dieu créée toutes choses à partir de rien est une vérité de foi, enseignée par l'Église avec constance : « Nous croyons et confessons avec simplicité qu'il y a un seul et unique vrai Dieu...... unique principe de toutes choses, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, spirituelles et corporelles, qui, par Sa force toute-puissante, a tout ensemble créé de rien, dès le commencement du temps, l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle. » 4ème. Concile du Latran (1215.). Cette création est l'expression de la toute-puissance de Dieu, ce qui établit la distinction entre Dieu créateur et nous qui sommes ses créatures et avons besoin de matériaux et d’outils pour réaliser une œuvre. Dieu, Lui, n'a besoin de rien de préexistant. Sa toute-puissance suffit à Sa volonté pour créer. Par ailleurs, la Sagesse de Dieu organise cette création. Nous sommes aujourd'hui les témoins de cette organisation, que les hommes ont toujours cherché à mieux comprendre. Tout ce qui existe est ordonné : la loi des saisons, comme celle des marées, le mouvement des planètes, comme le monde de l’infiniment petit.

    II. L'HOMME EST CREE A L’IMAGE DE DIEU « De toutes les créatures visibles, seul l'homme est capable de connaître et d'aimer son créateur. Il est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même. Lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l'amour, la vie de Dieu. Il a été créé à cette fin, et c'est là la raison fondamentale de sa dignité. » (CEC n° 356) C'est le point le plus important de la doctrine catholique sur la création de l'homme : l’homme est créé à l'image de Dieu. Dieu étant un pur esprit, être à l'image de Dieu implique que cette créature possède un esprit. Mais cette créature ne peut pas être l'égale de Dieu, ne peut pas être Dieu. Cela est manifesté par le fait que l'homme possède une âme spirituelle dans un corps matériel. La présence de ce corps pose l’homme dans le temps, alors que Dieu est hors du temps. Par ailleurs, cette créature ne possède pas la connaissance parfaite de Dieu, alors que Dieu connaît tous les êtres dans leur essence, sans aucun intermédiaire. Parce que créés à l'image de Dieu, nous sommes dans la dépendance de notre créateur ; mais cette dépendance n'est ni un esclavage, ni une perte d'autonomie : l’homme a été créé libre. Comme le dit le Catéchisme, l'homme est la seule créature que Dieu a

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    voulue pour elle-même : dans un acte totalement gratuit de pur amour, Dieu a voulu que l’homme puisse bénéficier de Sa vie divine, et cela pour l'éternité ; c’est dans ce but qu’Il l’a créé. C’est pour cette raison que l'homme est créé à l'image de son créateur : pour que son esprit lui permette de Le connaître, et que cette connaissance le porte à L'aimer et à demeurer avec Lui. Comme l'enseigne Saint Thomas d'Aquin, on ne peut aimer que ce que l'on connaît. C’est pourquoi, Dieu nous a donné la capacité, proportionné à notre état de créature, de Le recevoir, de comprendre qu'Il nous a aimés le premier, afin de nous permettre de répondre à cet amour premier, en acceptant d'être Sa créature et en reconnaissant que nous Lui devons notre être.

    III. LA JUSTICE ORIGINELLE DU PREMIER COUPLE « Dieu a fait sortir d'une souche unique toute la descendance des hommes. » CEC. N° 360. Adam et Ève sont bien nos premiers parents, le premier couple d'où est issue l'humanité entière. Le texte de la Genèse est formel sur ce point, et la doctrine de l'Église n'a jamais varié. Pour mieux le comprendre, il est nécessaire d'examiner la situation de l'homme avant et après le Péché Originel. Tout d'abord, souvenons-nous que le moindre acte de Dieu est absolument parfait. Ce qui revient à dire qu'il n'y avait nul besoin de plusieurs couples pour que l'acte divin de la création de l'homme obtienne son plein effet. Adam et Ève ont été créés dans l'état de Justice Originelle, puisque voulus directement par Dieu. Ils participent de la perfection de Dieu en possédant un esprit qui leur permet de connaître et d'aimer leur créateur. En raison de cette supériorité sur toutes les autres créatures, Dieu leur donne le soin de toute la création : elle subvient à leurs besoins, mais ils doivent la respecter comme œuvre de Dieu. La perfection de la Justice Originelle fait que tout leur être est tourné vers Dieu ; tout leur bonheur se trouve dans la connaissance qu'ils possèdent de Dieu. Ainsi, en plus de vivre au Paradis Terrestre, ils bénéficient de trois dons liés à leur état et totalement gratuits, appelés « dons praeternaturels », car ils sont en surplus de leur nature propre : - ils ne peuvent pas mourir, - ils ne souffrent d'aucune manière, - ils ont une entière maîtrise d’eux-mêmes. Ils vivent dans un ordre

    parfait, dont le but est la connaissance et l'amour de Dieu.

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    Dans cet état de Justice Originelle, Adam et Ève possèdent la véritable liberté, celle par laquelle ils parviennent à la fin pour laquelle ils ont été créés : vouloir Dieu.

    IV. LE PECHE ORIGINEL ET LA PROMESSE DU SALUT Le drame va venir de l'orgueil : Adam et Ève vont volontairement nier leur lien avec Dieu. Deux acteurs participent à ce drame : - Le premier d'entre eux, c’est Satan. Ange déchu, il s'est volontairement

    séparé de Dieu dans sa folle prétention à vouloir être son égal, refusant d'être créature. Il en a acquis un être nouveau : celui de la haine, de l'opposition absolue à Dieu et à toute Son œuvre. Il s’identifie au péché contre l'esprit, dont le Christ affirme qu'il ne peut être pardonné : Satan aime son refus de Dieu.

    Tout à sa haine, Satan ne peut accepter le bonheur d'Adam et Ève, bonheur qui lui a été donné et qu'il a refusé. Jaloux, il va tromper le premier couple pour mieux parvenir à ses fins : « vous serez comme des dieux qui connaissent le bien et le mal », c’est-à-dire qui ont le pouvoir de décider ce qui est bien et ce qui est mal. - Le deuxième acteur c’est le couple de nos premiers parents, qui

    acceptent d’entrer dans la tentation et se laissent persuader qu’ils ne seront pas libres tant qu’ils ne seront pas comme Dieu. Ils oublient que, simples créatures, ils n'ont pas les moyens de leur prétention. Dieu les en avait prévenus : ils ne devaient pas toucher au fruit de l'arbre de Vie (la loi naturelle) dont seul Dieu est le maître.

    « Dans ce péché, l'homme s'est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature, et dès lors contre son propre bien. » (CEC.n°398). Les conséquences sont doubles :

    1. Adam et Ève perdent leur état de Justice originelle, ce qui est réalisé par leur expulsion du Paradis Terrestre. De ce fait :

    - ils doivent désormais subir la mort et la souffrance ; - le lien étant rompu d'avec Dieu, le désordre s'installe dans leur être :

    l'esprit en révolte contre Dieu, le corps ne vit plus que de sa propre jouissance, recherchée pour elle-même et non plus pour la gloire et l'amour de Dieu ;

    - la nature, créée elle-même, n'est plus leur aide : ils vont devoir la travailler dans la peine pour assurer leur vie quotidienne ;

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    - ils ont surtout perdu la connaissance de Dieu. Asservis à leurs propres passions, ils n'ont plus les moyens de les combattre. La première manifestation de cet état est le meurtre d'Abel par son frère Caïn.

    2. Étant le couple originel, Adam et Ève transmettent la vie telle qu'ils la possèdent : avec le Péché Originel.

    Tout enfant venant au monde est marqué par la faute originelle, qui ne peut lui être ôtée en ce monde que par le Baptême. N’est-ce pas une faute analogue que l’on observe chaque fois que l’homme pêcheur veut s’affranchir de la loi naturelle en prétendant qu’ « il n’y a pas de loi morale au-dessus des lois civiles » ? Cela ne nous rappelle-t-il pas quelques récents débats ?

    Chers amis pèlerins, Les promesses de Dieu sont sans repentance : Il a voulu Sa créature à Son image pour qu'elle puisse vivre un jour de la vie trinitaire. C'est la raison pour laquelle Dieu promet, de manière mystérieuse, un rédempteur. S'adressant au diable, qui a pris la forme d’un serpent, Dieu assure mettre désormais une inimitié entre lui et la femme (« entre ton lignage et le sien ») : « il t’écrasera la tête, et tu l’atteindras au talon. » (Genèse. III. 15.). C'est l'annonce de la Nouvelle Ève, la Très Sainte Vierge Marie, laquelle donnera au monde son sauveur : Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu fait homme. Car l'homme n'a pas la capacité de réparer l'offense faite à Dieu. Le Péché Originel est dirigé contre Dieu : de ce fait, il est marqué par le caractère infini de Celui contre qui il est dirigé. À une faute infinie, il faut une réparation infinie. Qui d'autre que Dieu pourrait poser un tel acte ? Prenons quelques minutes de silence pour y réfléchir, avant de réciter ensemble notre Acte d’Espérance (voir livret du pèlerinage)

    Citations « Dieu a créé non pour accroître sa Gloire, mais pour communiquer cette Gloire. » Saint Bonaventure (1221-1274) - Sentences 2, 1,2,2,1 « Dans sa bonté, non pour augmenter sa béatitude, ni pour acquérir sa perfection, mais pour la manifester par les biens qu’il accorde à ses créatures, Dieu a, dans le plus libre dessein, tout ensemble, dès le commencement du temps, créé de rien l’une et l’autre créature, la spirituelle et la corporelle. » Concile Vatican I « Dieu a créé l’homme à son image et l’a constitué dans son amitié. Création spirituelle, l’homme ne peut vivre cette amitié que sur le mode de la libre

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    soumission à Dieu. C’est ce qu’exprime la défense faite à l’homme de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (…) Cet arbre évoque symboliquement la limite infranchissable que l’homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance. L’homme dépend du Créateur : il est soumis aux lois de la création et aux normes morales qui règlent l’usage de la liberté. » Catéchisme de l’Église Catholique - 396 « Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse. C’est pourquoi, de tout temps et en tout lieu, Il se fait proche de l’homme. Il l’appelle, l’aide à Le chercher, à Le connaître et à L’aimer de toutes ses forces. Il convoque tous les hommes que le péché a dispersés dans l’unité de sa famille, l’Église. Pour ce faire, Il a envoyé son Fils comme Rédempteur et Sauveur lorsque les temps furent accomplis. En Lui et par Lui, Il appelle les hommes à devenir, dans l’Esprit Saint, ses enfants d’adoption, et donc les héritiers de sa vie bienheureuse. » Catéchisme de l’Église Catholique - Prologue.

    Bibliographie Catéchisme de l’Église Catholique, 343, 355 à 390, 396 à 421.

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    POURQUOI L’HOMME DOIT-IL CONNAITRE DIEU ?

    « […] Nous renversons les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée captive pour l’amener à obéir au

    Christ » (Saint Paul, II Cor 10, 4-5).

    Méditation 4

    Chers Pèlerins,

    Au cours de notre méditation sur le thème de cette première journée de pèlerinage consacré à « Dieu et la création de l’homme », nous avons essayé de percer le mystère de Dieu, et nous nous sommes aperçus qu’il était en notre pouvoir de Le connaître, d’abord parce que le créateur nous en a rendus « capables », mais aussi parce que Dieu s’est révélé à nous. Nous le pouvons ; mais le voulons-nous ? C’est cette question qui va faire l’objet de notre méditation. Pourquoi l’homme doit-il connaitre Dieu ?

    I. L’HOMME DOIT CONNAITRE DIEU, INFINIMENT BEAU, POUR POUVOIR L’ADORER EN ESPRIT ET EN VERITE

    « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, notre Seigneur et, par ce moyen, sauver son âme. » (Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, première semaine, principe et fondement). Afin de savoir comment ainsi adorer Dieu en esprit et en vérité, nous devons d’abord reconnaître combien Il est infiniment beau. Il importe donc, au préalable, de contempler cette divine beauté, en cherchant à la connaître, car elle est fascinante : «"La foi cherche à comprendre" (S. Anselme, Proslogion, prooem.) : il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il a révélé ; une connaissance plus

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    pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour. Ainsi, selon l’adage de S. Augustin (Sermon 43,7, 9), "je crois pour comprendre et je comprends pour mieux croire" » (CEC 158). Ayant ainsi levé un côté du voile par la foi cherchant l’intelligence, nous percevons mieux combien Dieu est digne de louange et d’adoration. C’est le premier commandement de la loi de Dieu : "Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras … Vous n’irez pas à la suite d’autres dieux" (Dt 6,13-14). « Le premier appel et la juste exigence de Dieu est que l’homme l’accueille et l’adore » (CEC 2084). Mais alors, qu’est-ce qu’adorer Dieu ? « […] Adorer Dieu, c’est le reconnaître comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout ce qui existe, l’Amour infini et miséricordieux » (CEC 2096). « L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît créature devant son Créateur. (CEC 2628).

    L’adoration de Dieu se pratique intérieurement, mais aussi extérieurement, par les gestes de la liturgie. Cette attitude n’est évidemment pas réservée à l’Ancien Testament ; le Nouveau Testament la confirme : « "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte" (Lc 4,8) dit Jésus, citant le Deutéronome (Dt 6,13) » (CEC 2096). L’adoration de Dieu implique de remettre l’homme à sa place. Pourtant, l’adoration de Dieu n’est pas une dépréciation de l’homme, mais conduit au contraire à révéler à ce dernier sa réelle dignité : « L’adoration du Dieu unique libère l’homme du repliement sur soi-même, de l’esclavage du péché et de l’idolâtrie du monde » (CEC 2097).

    II. L’HOMME DOIT CONNAÎTRE DIEU POUR POUVOIR LE SERVIR, EN RÉPONSE À SON AMOUR PREMIER

    1. Faire la volonté de Dieu : Il ne suffit pas de rendre un culte de religion à Dieu par l’adoration : « Ce n’est pas en me disant: “Seigneur, Seigneur”, qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux », dit Jésus (Mt 7,21 ; cf. Lc 6,46). Adorer « Dieu en esprit et en vérité », le servir, c’est donc accomplir la volonté de Dieu, ce qui présuppose de connaître cette volonté, et donc de connaître Dieu.

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    2. Répondre à l’amour de Dieu : Dieu nous a aimés le premier : « Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier » (I Jn 4,19). « En ceci consiste l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. » (I Jn 4,10).

    3. Nous aimer les uns les autres Dieu nous a révélé sa volonté sur nous, en se révélant lui-même, et en révélant son dessein, qui est un plan d’amour sur nous, et un plan qui nous fait pratiquer l’amour envers Dieu et envers le prochain : « Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (I Jn 4,11) ; « […] suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Eph 5, 2).

    4. Aimer et adorer Dieu fondent la véritable liberté humaine On ne peut aimer ce qu’on ne connaît pas. Il faut par conséquent connaître Dieu, pour pouvoir l’aimer. « De toutes les créatures visibles, seul l’homme est "capable de connaître et d’aimer son Créateur" (GS 12) ; il est "la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même" (VATICAN II, 7 décembre 1965, Constitution pastorale Gaudium et spes, 24) ; lui seul est appelé à partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité. » (CEC 356). Et comment doit-on aimer Dieu ? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ; voilà le plus grand et le premier commandement. » (Mt 22,37-38 ; cf. Mc 12,30 et Lc 10,27). Peut-on néanmoins aimer Dieu autant qu’il est aimable ? Non : seul Dieu aime Dieu autant qu’il est aimable, c’est-à-dire infiniment. Mais nous pouvons et devons tendre à l’aimer autant qu’il est possible ici-bas. Quand aime-t-on Dieu ? « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14,15). « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » (Jn 14,21) « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14,23).

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    Pour aimer Dieu concrètement, il faut donc Le servir, et pour ce faire, il faut connaître Sa volonté. Connaître Dieu et l’aimer est l’épanouissement ultime de la liberté humaine : « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera » (Jn 8,32). « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; et Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne cesse de chercher : “L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec lui commence avec l’existence humaine. Car si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet amour et s’abandonne à son Créateur” (Gaudium et spes, 19) » (CEC 27 ; cf. CEC 355 ; 1701 ; 1718]).

    Chers amis pèlerins, Adorer Dieu, l’aimer et le servir est, pour chacun d’entre nous, notre fin véritable. C’est la raison pour laquelle, nous avons le devoir de nous efforcer de toujours mieux le connaitre. La lecture de bons livres est bien sûr indispensable et on ne saurait assez recommander celle du Catéchisme de l’Église Catholique, qui pourrait utilement figurer parmi nos livres de chevet. Néanmoins, nous avons besoin de la grâce divine pour adhérer à ce niveau de connaissances tellement au-dessus de ce que l’homme peut atteindre par ses forces naturelles, car, nous dit le catéchisme : « […] La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. "Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne "à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’" (Dei Verbum, 5) » (CEC 153). Demandons à Dieu cette grâce, en récitant notre Acte de Charité (voir livret du Pèlerin)

    Citations « Au sommet de tout est « la beauté divine, dans laquelle toute la beauté naturelle et surnaturelle, corporelle et spirituelle de tous les êtres créés ou à créer est très éminemment et très étroitement contenue, et toute cette beauté réunie, en comparaison de la beauté de Dieu, n’est qu’un pur néant. C’est pourquoi l’aspect de la beauté divine transportera et ravira incomparablement plus les habitants du ciel, que l’aspect de la gloire des saints, de toute la cour céleste et de tout l’univers, bien que c