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Impact des pressions anthropiques sur la flore de la forêt classée du Haut-

Sassandra (Centre-ouest de la Côte d’Ivoire)

A.T.M. Kouakou 1 *, A.A.Y. Assale 1 & Y.S.S. Barima1

Keywords: Armed confl ict- Degradation- Floristic diversity- Remote sensing- Haut-Sassandra- Côte d'Ivoire

1Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa , Côte d’Ivoire*Auteur correspondant: Email : tamiakouakou01@gmail .com

Résumé

La forêt classée du Haut-Sassandra située dans le

Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire est soumise à une

forte anthropisation depuis les conflits politico-

militaires de l’année 2002. Cette étude vise à

quantifier les dégradations dans les zones nord,

centre et sud de cet espace domanial dans ses

zones nord, centre et sud. Pour atteindre cet

objectif, une analyse de la dynamique spatio-

temporelle des trois zones a été faite à partir de cinq

images Landsat datant de 1990, 1997, 2002, 2006 et

2013. Elle a été complétée par un inventaire

floristique de chacune d’entre elles. Les résultats

montrent que les conversions du couvert forestier des

trois zones se sont déroulées pendant la période des

conflits avec des taux de régression de plus de 50%.

Au niveau floristique, 622 espèces végétales

reparties entre 410 genres et 104 familles ont été

recensées dans l’ensemble des trois zones. Le Nord

et le Centre différent significativement du Sud de

par la richesse spécifique moyenne. La flore

inventoriée diffère généralement d’une zone à une

autre en fonction des facteurs de dégradation, avec

une plus grande diversité dans les cacaoyères.

Cependant, cette flore, bien que diversifiée, ne

présente pas de similitude avec celle des reliques

forestières encore présentes dans la forêt classée du

Haut-Sassandra.

Summary

Impact of Anthropogenic Pressures on the

Flora of the Haut-Sassandra Classified Forest

(Central-West of Côte d'Ivoire)

The classified forest ofHaut-Sassandra located in the

center-west of Ivory Coast is subjected to a strong

anthropization since the politico-military conflicts of

the year 2002. This study aims to quantify the

degradation in the northern, central and southern

zones of this domain. To achieve this, a

spatiotemporal analysis of the dynamics of the three

zones was made based on five Landsat images from

1990, 1997, 2002, 2006 and 2013. It was

supplemented by a floristic inventory of each zone.

The results show that forest cover conversions of the

three zones occurred during the conflict period with

regression rates of more than 50 %. At the floristic

level, 622 plant species distributed among 410

genera and 104 families were recorded in all three

zones. The North and the Center differ significantly

from the South by the average specific richness. The

inventoried flora generally differs from one zone to

another depending on the degradation factors, with a

greater diversity in cocoa plantations. However, this

flora, although diversified, does not have any

similarity with that of the forest relics still present in

the classified forest ofHaut-Sassandra.

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Introduction

Un des effets environnementaux les plus importantsde la déforestation est l ’érosion de la biodiversité. Eneffet, les forêts tropicales renferment une large partde la diversité spécifique mondiale (28). La diminutiondes superficies forestières entraine la diminution de ladiversité biologique. Toute activité anthropique a unimpact plus ou moins important sur la diversitéfloristique. Dans le monde, la croissancedémographique entraine une accentuation despressions anthropiques sur les mil ieux naturels (30).Ces pressions deviennent de plus en plusimportantes dans un environnement de confl its armésdus à des crises politico-mil itaires. En effet, chaqueannée, ce sont des confl its qui se font enregistrerdepuis déjà plusieurs décennies (7, 1 7).En Afrique, Ces confl its politico-mil itaires existaientdepuis l ’année 1 990 (1 2), entrainent de lourdesconséquences sociales, économiques etenvironnementales (11 ).De cette dynamique confl ictuel le, la Côte d’Ivoire,pays situé en Afrique de l’Ouest n’a pu échapper.Dans ce pays, les confl its politico-mil itaires ontcommencé en 2002 et pris fin en 2011 (22).Ces confl its ont entrainés de lourdes conséquencesparmi lesquelles les conséquences d’ordreenvironnementales aussi bien en mil ieux urbainsqu’en mil ieux ruraux. Ces confl its n’ont pas épargnéles espaces naturels en général et les forêts classéesen particul ier, parmi lesquelles la Forêt Classée duHaut-Sassandra (FCHS).Cet espace domanial a subi au cours de la dernièredécennie une forte anthropisation conduisant à sadégradation selon les travaux de differents auteurs (4,6, 1 6, 23).Ces travaux bien qu’ayant portés sur l ’état général dedégradation de la FCHS ne renseignent pas surl ’ implication des forces mil itaires dans la gestion decet espace domanial. Pourtant, au cours de cettedécennie de crises, la FCHS était administrée danssa partie Nord par les groupes rebelles à l ’autoritégouvernementale et dans la partie Centre et Sud pardes forces impartiales. Ainsi, l ’ information surl ’ implication des forces mil itaires dans la gestion de laFCHS pourraient être importante pour la conservationdes ressources naturel les pendant les périodes desconfl its armés, en ce sens qu’el les pourraient aiderdans les prises de décisions l iées au règlement desconfl its par la communauté internationale.De la présence de ces forces mil itairesinternationales découle l ’hypothèse suivant laquelle laprésence des forces internationales au Centre et auSud de la FCHS pendant les confl its aurait réduit leniveau de dégradation dans ces zones par rapport àla zone Nord sous administration des groupementsrebelles. D’où une étude ciblée de chacune deszones Nord, Centre et Sud.L’objectif visé par cette étude est donc d’évaluer l ’état

de dégradation des zones Nord, Centre et Sud de laFCHS pendant la période des confl its dans le but dedéterminer l ’ implication des différentes forcesmil itaires dans la conservation de cette forêt.I l s’agit de façon spécifique de: (i) analyser ladynamique spatio-temporel le de chacune des zones;(i i) analyser la fréquence des types de dégradation dechacune des zones et (i i i) déterminer la compositionfloristique l iée à ces dégradations.

Méthodologie

Zone d’étude

Délimitée et classée en 1 974, la FCHS se trouvedans la région du Haut-Sassandra, au Centre-Ouestde la Côte d'Ivoire, avec pour chef-l ieu la vi l le deDaloa. Ce massif forestier a une superficie de 1 02400 ha et est localisé entre 6°51 ’ et 7°24’ de latitudeNord et 6°59’ et 7°1 0’ de longitude Ouest (25). LaFCHS appartient, dans sa majeure partie, à la zonede forêt dense humide semi-décidue à Celtis spp. etTriplochiton scleroxylon K. Schum, du secteurmésophile de la Côte d’Ivoire (1 0). La partie nord dela FCHS est une zone de transition entre la forêtdense humide semi-décidue à Celtis spp. etTriplochiton scleroxylon K. Schum et la forêt densehumide semi-décidue à Aubrevillea kerstingii (Harms)Pellegr et Khaya grandifoliola C. DC. (20), avec cinqîlots de savane arbustive et arborée à Panicum

phragmitoides Jacq. au Nord-Ouest. Sa partie Sudappartient à la zone de forêt dense humide semi-décidue à Celtis spp. et Triplochiton scleroxylon K.Schum et sa partie centrale est parsemée, d’Est enOuest, de nombreux groupements végétaux surcuirasses latéritiques dénudées. Le climat de larégion est de type subéquatorial à deux saisons dontune saison sèche qui s’étend de novembre à févrieret une saison des pluies qui part de mars à octobre.La population environnante de la FCHS comprendplusieurs groupes ethniques autochtones etal logènes (31 ). Le Sud et le Sud-Ouest de la FCHSsont peuplés par les Niaboua. Le Nord et le Nord-Estde la forêt sont habités par les Gouro et lesNiédéboua. Cette population environnante de laFCHS s’adonne à l’agriculture de subsistance ainsiqu’à la culture de cacaoyer (Theobroma cacao Linn.)et de caféier (Coffea sp.) avec une implication detoutes les classes d’âge (5).

Changement dans l’occupation du sol

Pour la détermination des changements dansl’occupation du sol des zones Nord, Centre et Sud,nous avons adopté une approche cartographique àpartir de l ’ imagerie satel l itaire. Cinq imagesmultispectrales du satel l ite Landsat ont été uti l iséesdont la première date du 28 décembre 1 990 ducapteur TM, la seconde du 20 juin 1 997 du capteurTM, la troisième et la quatrième respectivement du 1 3

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décembre 2002 et 08 décembre 2006, toutes deux ducapteur ETM+ et la cinquième du 1 9 décembre 201 3du capteur OLI TIR. Ces images présentent unerésolution spatiale de 30 m. Le traitement des imagesa été fait sous les logiciels ENVI 4.3 et ArcGIS 9.3.

Choix des sites, échantillonnage et collecte des

données

Pour cette étude, la FCHS a été subdivisée en troisparties couvrant chacune une superficie d’environ 21km x 1 9 km correspondant au Nord, au Centre et auSud (Figure 1 ). Cette division a été faite sur base deslimites de la partition de la Côte d’Ivoire pendant lapériode des confl its. En effet, pendant cette période laCôte d’Ivoire était divisée en zone nongouvernementale, zone gouvernementale et zone deconfiance sous autorité des forces mil itairesétrangères (Figure 1 ). La FCHS était située pour sapartie Nord en zone non gouvernementale et le resteen zone de confiance. La partie en zone de confiancea été divisée en deux zones de mêmes dimensionsafin de vérifier l ’hypothèse d’une possible influencedes populations de la zone gouvernementale sur lapartie Centre de la FCHS.L’inventaire des types de dégradation et de la flore aété effectué par la technique du transect l inéaire danschacune des zones suivant un échanti l lonnagesystématique (9).Dans les différentes zones, cette technique a consistéà tendre 20 fois des cordes de 25 m horizontalementde façon consécutive et recti l igne, à ras du sol, entredeux supports métal l iques. 1 8 transects de 500 m delong et 1 0 m de large, représentant 360 segments

orientés chacun du mil ieu rural vers l ’ intérieur de laFCHS dont les points de départ sont i l lustrés à lafigure 1 , ont ainsi été instal lés sur l ’ensemble de laFCHS. Pour respecter le caractère aléatoire que doitprésenter cet échanti l lonnage, le point de départ dechaque transect a été choisi au hasard. Au total, septtransects ont été instal lés dans la zone Nord de laforêt, huit dans la zone méridionale et trois dans sapartie centrale (Figure 1 ). La collecte des données aété effectuée à l’échelle du segment. I l s’agissait pourchaque transect, de noter tous les types dedégradation et les espèces végétales rencontrées.

Analyse des données

Analyse des types de dégradation et des donnéesfloristiquesL’analyse des données de dégradation a commencépar la détermination de la fréquence de chaque typeen faisant la somme des présences sur les différentssegments.Ensuite, nous avons déterminé les proportions dessegments touchés par chaque type de dégradationdans chacune des zones.Les dégradations observées ont été reparties en 6principaux groupes que sont :

- Cacaoyère;- Exploitation forestière;- Jachère;- Culture vivrière;- Feu de brousse;- Habitation.

Cette classification a été faite sur base des travauxeffectués dans la FCHS par Barima et al. (6), qui

Figure 1 : Situation de la Forêt classée du Haut- Sassandra en Côted’Ivoire, sites de relevé floristiques et des types de dégradation,l imites des zones Nord, Centre et Sud au-dessus et i l lustrationd’un transect en dessous.

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(I )

stipule que la mise en place des plantations impliqueplusieurs autres types de dégradation.Le traitement des données d’inventaires floristiques aconsisté à générer le nombre d’espèces, de genres,de famil les et les espèces à statut particul ier(endémique, rare et vulnérable). La nomenclaturesuivie est cel le de Lebrun et Stock (1 991 -201 0). Lesespèces à statut particul ier ont été déterminées selonla l iste rouge de l’Union International pour laConservation de la Nature (29), et les données de(3).Les mesures de hauteur ont été uti l isées pour classerles individus échanti l lonnés en différentes classes dehauteur (en mètre) que sont: [0 - 2[ ; [2 - 4[ ; [4 - 8[ ;[8 - 1 6[ ; [1 6 - 32[ et ≥ 32.Les principaux types biologiques des espèces ontégalement été déterminés à partir des travaux (3):chaméphyte (Ch; plante vivace de 0 m ˂ hauteur ≤0,25 m), épiphyte (Ep), géophyte (G),hémicryptophyte (H), hydrophyte (Hyd), rhéophyte(Rhé), thérophyte (Th), mégaphanérophyte (MP;hauteur ˃ 32 m), mésophanérophyte (mP; 8 m ˂hauteur ≤ 32 m), microphanérophyte (mp; 2 m ˂hauteur ≤ 8 m) et nanophanérophyte (np; 0.25 m ˂hauteur ≤ 2 m). Pour l ’estimation de la diversité dansces zones, nous avons associé à la richesse

(I I )

(I I I )

spécifique (nombre d’espèces) l ’ indice de diversité de(24) estimé par l ’équation I :Où ni est le nombre d'individus de l’espèce i et N lenombre total d'individus de toutes les espèces dans

l 'échanti l lon. Pour analyser la répartition des individusau sein des espèces, l ’ indice de diversité deShannon-Wiener a été accompagné de l’ indiced’équitabil ité de Piélou qui s’obtientsuivant l ’équation I I :Pour estimer la ressemblance entre les l istesfloristiques, nous avons calculé le coefficient de

simil itude de Sørensen à partir del ’équation I I I :Comparaison des données

Les comparaisons ont été réalisées à l’aide du

programme Statistica 7.1 (Statsoft.Link. 1 984-2005).La normalité des données a été vérifiée à l’aide dutest de Kolmogorov Smirnov.Pour déterminer les différences entre les trois zonesau niveau des types de dégradation, nous avonsdans un premier temps effectué une analyse devariance (Anova) sur les fréquences des types dedégradation au niveau de chaque zone. Dans unsecond temps, nous avons effectué une analyse devariance (Anova) entre les trois zones sur lesfréquences des types de dégradation.Toujours pour comparer les zones Nord, Centre etSud, des tests d’analyse de variance de la moyenne(Aanova) ont également été effectués sur lesrichesses spécifiques.Lorsqu’une différence significative est observée aprèsl ’analyse de variance, le test de comparaison multiplede Tukey est effectué pour déterminer les groupeshomogènes.Pour une analyse des impacts des dégradations surla flore, nous avons uti l isé une Analyse Factoriel leMultiple (AFM). Cette analyse permet d’évaluer lesrelations entre les l istes floristiques et les types dedégradation.

Résultats

Evolution de l’occupation du sol dans les zones

Nord, Centre et Sud de la Forêt classée du Haut-

Sassandra de 1 990 à 201 3

L’évolution de l’occupation du sol de 1 990 à 201 3montre de manière générale une diminution dessurfaces forestières dans chacune des zones (Figure2). En effet, la classe «forêts», constituait en 1 990 lamatrice dominante du paysage dans chacune deszones (Figure 2). Cette classe occupait sensiblementles mêmes proportions par rapport à la total ité de laFCHS dans les zones Nord, Centre et Sud avecrespectivement 36%, 33% et 29% du paysage(Figure 3). Les classes anthropiques occupaient defaibles proportions dont 0,02%; 0,07% et 0,2% pourla classe «Forêt dégradée-culture» et 0,41 %; 0,45%et 0,1 3% pour la classe «Sol nu-habitat»respectivement pour les zones Nord, Centre et Sud.De 1 990 à 1 997, chacune des classes a connu uneévolution avec une régression pour la classeforestière et une augmentation pour les classesanthropiques. La plus forte régression des superficiesforestières a été observée dans la zone Sud (Figure2) avec un taux de régression de 3,23% (Tableau 1 ).En 2002, au début des confl its la matrice dans lesdifférentes zones était encore dominée par la forêt(Figure 2) avec une plus grande proportion au Nordqui était de 35,35%. A cette période, les classesanthropiques occupaient toujours de faiblesproportions (Figure 3).La période 1 997-2002 a été marquée de façongénérale par une régression des superficies de la

Où a est le nombre d’espèces de la zone A, b lenombre d’espèces de la zone B et c le nombred’espèces communes aux deux zones.

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Figure 2: Carte d’occupation du sol de 2002, 2006 et 201 3 de la forêt classée duHaut-Sassandra et l imite des zones Nord, Centre et Sud.

Kappa: 1 990: 1 997: 0,93; 2002: 0,97; 200: 0,94; 201 3: 0,90

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Figure 3: Diagramme des proportions des classes d’occupation du sol des zonesNord, Centre et Sud de la forêt par rapport à la forêt classée du HautSassandra en 1 990, 1 997, 2002, 2006 et 201 3.

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classe «Sol nu-habitat» et une augmentation dans laclasse «Forêt dégradée-culture» (Tableau 1 ).Concernant les superficies forestières, la zone Nord aconnu une augmentation de 0,59% contrairement auxzones Centre et Sud qui ont connu des régressionsrespectivement de 2,62 % et 6,78% (Tableau 1 ). Defaçon générale, la période d’avant crise al lant de1 990 à 2002 a été marquée par une régression dessurfaces forestières un peu plus prononcée dans lazone Sud (Tableau 1 ).En 2006, Les superficies forestières connurent unelégère diminution. Au Nord, de 35,35% du paysageen 2002, les surfaces forestières occupaient en 2006,34,59% du paysage soit un taux de régression de2,42% (Tableau 1 ). Au Centre, les surfacesforestières sont passées de 32,02% à 28,69% (Figure3) du paysage indiquant un taux de régression de1 0,71% (Tableau 1 ). Au Sud, les surfaces forestièresont également connu une régression de 1 0%(Tableau 1 ). La période 2006-201 3 a enregistré laplus importante perte des surfaces forestières danschacune des zones. Le Nord qui était jusqu’en 2006bien conservé a connu la plus importante perteforestière estimée à 63,1 0% (Tableau 1 ).Contrairement à la classe «Forêt», les classes «Forêtdégradée-culture» et « Sol nu-habitat» ont connu surles mêmes périodes une nette progression. De 2002à 2006, l ’évolution de la classe «Forêt dégradée-culture» indique une augmentation de 1 56,97% auNord, 209,04% au Centre et 85,85% au Sud (Tableau1 ). Ainsi les superficies de cette classe sont 2 fois et4 fois plus importantes en 2006 qu’en 2002respectivement dans les zones Nord et Centre. Sur lamême période, la classe «Sol nu-habitat» a connuune augmentation de 4,85% au Nord, 1 0,62% auCentre et 46,07% au Sud (Tableau 1 ). Pendant lapériode 2006-201 3, la classe «Forêt dégradée-culture » a connu respectivement 698%, 74% et 22%d’augmentation au Nord, au Centre et au Sud.Quant à la classe «Sol nu-habitat», les superficies ontaugmenté de 1 974% au Nord, 21 76% au Centre et

5362% au Sud.Sur la total ité de la période des confl its, la conversiondes surfaces forestières semble être plus importantedans la zone Nord (Tableau 1 ). Ainsi la zone Sud quiétait la plus anthropisée pendant la période d’avantconfl its occupe à la fin des confl its la plus importantesuperficie forestière (Figure 3).

Les types de dégradation des zones Nord, Centre

et Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra

La réduction des surfaces forestières est le fait dedifférents types de dégradation regroupés en sixgrands groupes selon la description faite dans laméthodologie. Le pourcentage des segments touchéspar chaque type de dégradation ainsi que par la forêtest présenté sur la figure 4. Le tableau 2 présente lesfréquences moyennes de chaque dégradation danschacune des zones.Au Nord, les cacaoyères constituent les dégradationsdominantes avec une fréquence moyenne de 1 9suivis des cultures vivrières et des jachères (Tableau2). Le type le moins rencontré est l ’habitat avec unefréquence moyenne de 0,1 4 tandis que les feux debrousse n’y sont pas représentés. L’analyse devariance sur les fréquences des types de dégradationdans cette zone indique une différence significative(p˂0,01 ). Ces types de dégradations présentent troisdifférents assemblages. Le premier assemblage estconstitué des habitats, des exploitations forestières etdes jachères. Le second groupe est constitué descultures vivrières uniquement et le troisième estreprésenté par les cacaoyères (Tableau 2).Au Centre de la FCHS la total ité des types dedégradation a été observée (Tableau 2). Comme auNord, les types de dégradation dominant le paysageau Centre sont: les cacaoyères suivies des culturesvivrières et des jachères (Tableau 2).Les fréquences moyennes présentent une différencesignificative (p˂0,01 ) donnant l ieu à deux groupes

Tableau 1

Taux d’évolution (%) des superficies des classes d’occupation du sol dans les zones Nord, Centreet Sud de la Forêt classée du Haut-Sassandra.

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dont le premier est constitué des feux de brousses,des habitats, des exploitations forestières et desjachères et le second groupe est constitué descacaoyères uniquement.La troisième zone présente également uneprépondérance des cacaoyères et des culturesvivrières (Tableau 2). Comme au Nord et au Centre,les moyennes des fréquences des types dedégradation présentent une différence significative(p˂0,01 ) avec deux groupes distincts dont le premierest constitué des habitats et le second descacaoyères. A ces deux groupes, s’ajoute un groupeintermédiaire constitué des exploitations forestières,des cultures vivrières et des jachères (Tableau 2).Les proportions des segments touchés par chaquedégradation indiquent que le Nord renferme les plusfortes proportions des dégradations l iées àl’agriculture.Ainsi les cacaoyères du Nord occupent 47% dupaysage contre 36,04% et 1 6,96 % respectivement

pour le Sud et le Centre. En ce qui concerne lescultures vivrières, le Nord total ise plus de la moitiédes segments (Figure 4). Au niveau des jachères, leNord présente toujours la plus importante proportionet le Centre et le Sud présentent des proportionsavec une faible variation (Figure 4).La variation des proportions des segments touchéspar les différentes dégradations indique que le Nordest la zone la plus anthropisée conformément auxanalyses cartographique. Ce constat est confirmé parles comparaisons des moyennes des fréquences desdégradations entre les différentes zones. En effet,l ’analyse des variances indique une différencesignificative entre les dégradations des différenteszones. Les comparaisons multiples donnent l ieu àplusieurs groupes homogènes dont les cacaoyèresdu Nord constituent à el les seule un groupehomogène (Tableau 3).

Composition floristique des zones Nord, centre et

Tableau 2

Classification des différents types de dégradation danschacune des zones Nord, Centre et Sud de la

forêt classée du Haut-Sassandra par rapport à leurfréquence.

Figure 4: Diagramme des proportions par rapport à l ’entierreté de la forêtclassée du Haut-Sassandra des segments touchés par chaque typede dégradation et par la forêt.

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Tableau 3

Classification des types de dégradation de l’ensembledes zones Nord, Centre et Sud de la forêt classée du

Haut-Sassandra par rapport à leur fréquence.

Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra

Les relevés de hauteurs ont montré que les zonesNord, Centre et Sud de la FCHS presentent la mêmestructure verticale (Figure 5). Ces zones sontdominées par des individus dont la tai l le est compriseentre 0 et 2 m. Cependant ces individus sont plusabondants dans la zone Nord. Les individus de tai l lesupérieure ou égale à 32 m sont rares. Ces dernierssont absents de la zone Nord et occupent desproportions de moins de 1% dans les deux autreszones (Figure 5).La composition floristique des trois zones montre quele sud est la zone la plus diversifiée avec un indice dediversité de Shannon de 5,66 et la plus granderichesse specifique representée par 523 espècesréparties en 350 genres et 95 famil les (Tableau 4).L’ indice d’équitabil ité de Pielou indique que lesindividus sont équitablement reparties dans lesespèces dans toutes les zones. Au niveau desespèces à statut particul ier, le Sud presenteegalement la plus grande diversité. En effet, cettezone presente la total ité des epèces endemique de laCôte d’Ivoire resencées dans la FCHS, tandis que leNord et le Centre presentent respectivement 40% et20% de ces espèces. Au niveau des espècesendémiques de l’Afrique de l’Ouest, le Sud presente86,67 % contre 35,56% pour le Nord et 31 ,1 1 % pourle Sud. Les espèces rares et vulnérables presententrespectivement 87,5% et 86,96% pour le Sudpendant que ces espèces presentent des proportionsde moins de 50% dans le Nord et le Centre. Nousnotons que le Nord presente une plus grandediversité d’espèces à statut particul ier par rapport auCentre (Figure 6).La comparaison deux à deux des listes floristiquesmontre que la composition floristique du Nord estsemblable à celle du Centre à 62, 76% et à celle dusud à 61 ,72% (Tableau 5). En ce qui concerne cettesimil itude, les test statistiques ont donné unedifférence significative (p˂0,05) entre les zones selonleur richesse specifique. Ainsi le Nord ne presentepas de différence significative avec le Centre (p˃0,05)mais est différent du Sud (p˂0,05). Le Centre et le

Sud presentent une différence significative (p˂0,05)selon l ’analyse de variance pendant que le coefficientde simil itude indique une similarité de 55,84%(Tableau 5). Au niveau des types biologiques les troiszones presentent la même compositon (Figure 7). Eneffet, chacune des zones est dominée par lesphanérophytes dont les plus importants sont lesmicrophanérophytes avec un nombre d’espèces de1 60 au Nord, 1 42 au Centre et 260 au Sud. Après lesmicrophanerophytes viennet les mesophanérophytessuivis des nanophanérophytes et desmégaphanérophytes (Figure 7).

Type de Dégradation et composition floristique

dans les zones Nord, Centre et Sud de la forêt

classée du Haut Sassandra

La composition floristique des différents types dedegradation dans chacune des zones est presentéedans le tableau 6. Les indices de diversité indiquentque pour chacune des zones les cacaoyères sont lesplus diversifiées et les espèces sont équitablementreparties dans tous les types de degradation (Tableau6). Au Nord, les cacaoyères presentent un indice dediversité de 4,90 avec une richesse specifique de 31 6espèces reparties en 231 genres et 78 famil les. Bienque les plus diversifiées, les cacaoyères de la zoneNord ne presentent pas le plus grand nombre moyend’espèces par segment inventorié. A ce niveau, cesont les exploitations forestières qui viennent en têteavec un nombre moyen de 26 espèces suivi desjachères. Au niveau des espèces à statut particul ierce sont toujours les cacaoyères qui presentent lesplus grands nombre avec 2 espèces endémiques dela Côte d’Ivoive, 1 4 endémique de l’Afrique del’Ouest, 6 rares et 11 vulnérables. Les fragmentsforestiers dans le Nord presentent une diversitémoins importante que celle de la majorité desdegradation (Tableau 6). Les indices de simil itudemontrent que seuls les exploitations forestières ontune flore semblable àcelle des fragments forestiers (Tableau 7).Quant aux comparaisons entre les l istes floristiques

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Figure 5: Histogramme de distribution verticale des individus inventoriés dans leszones Nord, Centre et Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra.

Tableau 4

Richesse specifique et generique, nombre de famil les et indices de diversité de Shannon etd’équitabil ité de Piélou des zones Nord, Centre et Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra.

Tableau 5

Coefficient de simil itude de Sorensenentre les zones Nord, Centre et Sud de la

forêt classée du Haut-Sassandra.

Figure 6: Diagramme des proportions des espèces à statutparticul ier dans les zones Nord, Centre et Sud de laforêt classée du Haut-Sassandra par rapport aunombre total inventorié de ces espèces.

Les hauteurs (en metre)des individus ont été rangées en 6 interval les : I=[0 ;2[, I I=[2 ;4[ ,

I I I=[4 ; 8[, IV=[8 ;1 6[, V=[1 6 ;32[ et VI ≥ 32.

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Figure 7: Diagramme des repartitions des types biologiques dans les zonesNord, Centre et Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra.

Tableau 5

Richesse floristique des differents types de dégradation dans les zones Nord, Centre et Sud de la forêt casséedu Haut-Sassandra.

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Tableau 6

Coefficient de simil itude de Sorensen entre les flores des différents types de dégradation dans les zones Nord,Centre et Sud de la forêt classée du Haut-Sassandra.

des dégradations, nous notons une simil itude entreles cacaoyères, les jachères et les cultures vivrières(Tableau 7).Comme Au Nord, dans la zone Centre ce sont lesespaces cultivés qui presentent les plus grandsindices de diversité de Shannon. Ainsi, lescacaoyères presentent un indice de diversité deShannon de 5,11 suivi des jachère avec un indice de4,73. Les fragments forestiers semblent moinsdiversifiés que ceux de la zone Nord et presententune similarité avec les exploitations forestières et lesfeux de brousse. Les simil itudes entre les l istesfloristiques sont également notées entre lescacaoyères, les jachères et les cultures vivrièresTableau 7).Au niveau de la zone Sud, les fragments forestiers,comme dans le Nord et le Centre ne presentent pasla plus grande diversité floristique mais presententcependant un nombre important d’espèces à statutparticul ier (Tableau 6). Les tendances des simil itudesentre les fragments forestiers et les dégradationsdiffèrent de ce qui est observé dans le Nord et leCentre. En effet, la flore des fragments forestiers estsimilaire à celle des cacaoyères, des exploitationsforestières et des jachères (Tableau 7).Au niveau des dégradations, seuls les habitats ont

une flore différente de celle des autres.L’analyse factoriel le multiple indique que les deuxpremiers axes expliquent 48 % de la variabil ité entreles dégradations de l’ensemble de la FCHS. Lasuperposition des dégradations et des zones montreque le Nord et le Centre presentent une grandesimil itude floristique et les espèces expliquant cettesimil itude sont frequement rencontrées dans lescacaoyères, les jachères, les habitats et les culturevivrières. Le Sud se demarque du Nord et du Centreet presente une flore dominée par des espècesfrequemment rencontrées dans les fragmentsforestiers, les feux de brousse et les exploitationsforestières.La classification hiérachique ascendente des espècesen fonction des dégradation et des zones a donnéelieu à 4 classes. La classe 1 est constituée d’espècesessentiel lement collectées dans la zone Sud auniveau des cacaoyères et des cultures vivrières. El leest caracterisée par une espèce endémique de laCôte d’I ’voire (Hibiscus comoensis), 8 de l ’Afrique del’Ouest, 4 espèces rares et 8 espèces vulnérables. Laseconde classe est constituée d’espèces appartenantessentiel lement aux zones Nord et Centre.Cette classe contient moins d’espèces à statut

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particul ier que la première. Nous y denombrons 2espèces rares (Buxus acutata et Pisonia aculeata), 3espèces vulnérables (Entandrophragma cylindricum,Guarea thompsonii et Cryptosepalum tetraphyllum), 5espèces endémiques de l’Afrique de l’Ouest etaucune espèce endémique de la Côte d’Ivoire. Latroisième classe est constituée à majorité d’espècesforestières fréquemment collectées dans lesfragments forestiers du Sud et rarement au Nord etau Centre. Comme les deux précédentes, la classe 3présente des espèces à statut particul ier dont 6 rares,4 vulnérables, 3 endémiques de la Côte d’Ivoire(Chrysophyllum taïense, Cissus miegei et Geophilaafzelii). Cette classe se démarque des autres par uneprépondérance des espèces endémiques de l’Afriquede l’Ouest au nombre de 22. Enfin, la classe 4 estcel le des espèces ubiquistes. El les ont été recenséesdans toutes les zones au niveau de tous les types dedégradation ainsi que des fragments forestiers. Laclasse 4 dénombre 2 espèces rares (Milicia excelsaet Psilanthus mannii), 7 espèces vulnérables, uneespèce endémique de la Côte d’Ivoire (Baphiabancoensis) et 1 0 espèces endémique de l’Afrique del’Ouest. Cette dernière classe se distingue des autrespar un nombre important d’espèces cultivées dontTheobroma cacao, Manihot esculenta, Musaparadisiaca et Xanthosoma mafaffa.

Discussion

Evaluation de la méthodologie

Les analyses multi-temporel les, réal isées à partird’ images satel l itaires jusqu’à présent, ont permis demettre en évidence les processus de dégradationforestière dans le monde. Plusieurs travaux dans lemonde et particul ièrement en Afrique ont montrél ’estimation de l’état de dégradation des forêts parl ’ imagerie satel l itaire dont ceux de Kone et al. (1 5) etSoulama et al. (26). La validité des cartesd’occupation du sol par rapport à la réalité du terrainest donnée par le coefficient de Kappa qui prend desvaleurs entre 0 et 1 , plus les valeurs tendent vers 1 ,plus les cartes reflètent la réalité (1 3). Ainsi, au vu denos coefficients de Kappa qui tendent vers 1 , nouspouvons dire que les cartes produites relatent laréalité du terrain. Le constat fait sur les imagessatel l itaires suggère que les types d’occupation dusol actuel de la FCHS diffèrent de ceux qui existaientavant le déclenchement des confl its, davantagecaractérisés par des classes anthropiques audétriment de la classe «forêt». Dans cette étudeplutôt que de travail ler uniquement avec les donnéessatel l itaires, nous avons opté pour l ’ inventaire destypes de dégradations dans chacune des zones afinde déterminer les causes exactes de la réduction ducouvert forestier.En effet, plusieurs méthodes dont cel les de l’écologie

du paysage à travers l ’uti l isation d’indices permettentde déterminer le niveau de dégradation d’une forêtsans pouvoir donner avec clarté les types dedégradation mis en causes ou les espèces présentesdans ce mil ieu dégradé. Ces méthodes ont étéuti l isées dans la zone d’étude par par differentsauteurs (6, 1 6, 23) et ont montré une importantefragmentation de la FCHS.L’inventaire des types de dégradation corrélé à ladynamique spatio-temporel le, a permis de montrerque la principale cause de dégradation estl ’agriculture. Les types de dégradation montrent quela méthode de culture uti l isée par les paysans est laculture sur brul is. Cette information est donnée parles types de dégradation, brul is des pieds des arbreset les feux de brousse et montre que les causes de ladégradation de la FCHS s’apparentent à celles del’ensemble de la zone tropicale où Gil let et al. (8) ontmontré que les dégradations des forêts sontessentiel lement dues aux cultures sur brul is. Nousavons également inclus la diversité floristique, quipermet de mesurer l ’ impact de la dégradation sur labiodiversité. En effet, plusieurs études ont montré quela mise en culture des surfaces forestières en Afrique,entraine une réduction de la densité des l igneux quiconduirait à une modification de la compositionfloristique voire à la savanisation du mil ieu (21 ). Ainsi,la présente étude a montré l ’ importance de lacombinaison de méthode de télédétection etd’ inventaire dans la compréhension des pressionsexercées sur les forêts et leurs impactssur la diversité floristique.L’étude de l’ impact des pressions anthropiques sur laflore de la FCHS qui a associé la télédétection auxméthodes d’inventaire constitue une étudeindispensable à la sauvegarde de cet espace. Eneffet, l ’étude de la dynamique spatio-temporel le, sejustifie par le fait qu’el le permet d’analyser l ’état dedégradation sur toute la surface de la zone d’étude vuque les inventaires ne peuvent couvrir la total ité decette zone. Cette démarche est importante pourdéfinir un plan de réhabil itation car el le détermine enplus des zones dégradées, les facteurs dedégradation et les espèces végétales encoreprésentes.

Dégradation et composition floristique des zones

Nord, Centre et Sud de la forêt classée du Haut-

Sassandra

L’étude a permis de mettre en évidence les différentstypes de dégradation du couvert forestier dans leszones Nord, Centre et Sud de la FCHS.La composition floristique varie d’une zone à uneautre et d’un type de dégradation à un autre.L’analyse de la dynamique spatio-temporel le deszones Nord, Centre et Sud de la FCHS montre unemodification significative général isée du paysage

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dégradation qui ne découle pas des plantations.Les types de dégradation recensés varient peu d’unezone à une autre. En effet, les zones Nord et Sudprésentent les mêmes types de dégradation que sontles cacaoyères, les habitats, les jachères, les culturesvivrières et les exploitations forestières tandis que leCentre, en plus de ces dégradations, présenteégalement les feux de brousse.La FCHS est dans son ensemble soumise à diversespressions d’origine anthropique. Ces pressionsentrainent une modification du couvert forestier par laréduction de la superficie forestière mais aussi de lacomposition floristique comme nous avons pu leconstater avec la faible simil itude entre les florêts desdifférents types de dégradation et cel le des fragmentsforestiers. Malgré ces modifications, la FCHSprésente encore son statut de forêt dense humidesemi-décidue selon la répartition des typesbiologiques dans chacune de ses zones. En effet,selon (2), une forêt dense humide semi-décidue estdominée par les microphanérophytes et lesmésophanerophytes et présentent très peud’épiphytes. I l existe encore une importante diversitéfloristique dans la FCHS. La zone Sud est la plusdiversifiée avec une richesse spécifique de 523.Cette zone présente également un important nombred’espèces à statut particul ier. El le total ise à elle seule1 4 espèces rares, 20 espèces vulnérables, 5 espècesendémiques de la Côte d’Ivoire et 39 espècesendémique de l’Afrique de l’Ouest. Cette grandediversité de la zone Sud qui semble être la moinsanthropisée pourrait être due à un nouveau cortègefloristique qui s’ajoute à la flore originales du fait desdégradations (1 8). Si l ’on se limite à cette explicationtoutes les zones présenteraient les mêmes diversitésfloristiques vu qu’el les sont soumises aux mêmesdégradations. Nous pouvons expliquer la diversité dela zone Sud par une importance des jachères. Eneffet, cette zone ayant été uti l isée pour l ’agricultureavant la période des confl its a été moins uti l iséependant cette période au détriment des autres zones.Ainsi les plantations abandonnées ont contribué à lareprise de la végétation comme le soulignent Molinoet al. (1 8), qui ont montré que lorsque lesperturbations ne sont pas permanentes, el lescontribuent à maintenir une grande diversitéfloristique. La présence d’espèces à statut particul iermet en exergue le rôle de conservation que peutencore jouer la FCHS surtout sa zone Sud (1 ). Cesespèces ont été recensées aussi bien dans lesfragments forestiers que dans les zones dégradées.Ces dernières présentent une importante diversitéfloristique surtout dans les cacaoyères dans chacunedes zones contrairement aux autres dégradations.Cette importante diversité pourrait s’expliquer par lagrande superficie qu’occupent les cacaoyères carselon (1 9) la cacaoculture entraine une grandeérosion de la diversité biologique.Cette affirmation est conforme à nos résultats dans le

forestier vers les classes anthropiques. Ainsi, laprésence des forces mil itaires internationales dansles zones Centre et Sud n’a pas empêché leurdégradation. Nous notons cependant quel’anthropisation semble plus importante dans la zoneNord qui était la plus conservée pendant la périoded’avant confl its. L’anthropisation dans les trois zonesest marquée par une faible proportion d’individusadultes selon la distribution verticale. Cette tendancepourrait s’expliquer par l ’abondance des espècescultivées dans chacune des zones. En effet, ladynamique observée des différentes zones donnelieu à une conversion de ces zones vers un paysagede plus en plus agricole constitué de culturesvivrières et de cultures pérennes (cacao). Cettetendance est cel le de la plupart des mil ieux naturelsde l’Ouest de la Côte d’Ivoire où Tiebre et al. (27) ontnoté la conversion des forêts denses semi-déciduesen cultures pérennes, principalement le café et lecacao. Ces conversions des surfaces forestiers quis’étendent jusqu’aux domaines domaniaux est le faitgénéralement de migrants venant des zonesdéfavorisées de la sous-région, comme constatédans d’autres pays comme le Burkina-Faso où lespopulations des zones défavorisées se déplacentvers des zones plus propices à l’agriculture eninvestissant les réserves naturel les (26). La pressionanthropique a été importante dans la FCHS de façongénérale et en particul ier dans la zone Nord pendantla période des confl its du fait du relâchement desservices de surveil lance. Le Nord en zone souscontrôle des forces non gouvernementales et qui étaitjusqu’au début des confl its la zone la moins infi ltrée aperdu plus de la moitié de ces superficies forestières.Quant aux zones Centre et Sud sous contrôle desforces internationales, le constat est le même, plus dela moitié des superficies forestières ont disparupendant la période des confl its. Cependant le Sudsemble avoir subi moins de pression pendant lapériode des confl its. Ce qui pourrait être dû àl’épuisement des terres dans cette zone bien avant lapériode de confl its.Les populations infi ltrées dans la FCHS, pratiquentdes techniques culturales tel les que les cultures surbrul is comme dans la plupart des pays de l’Afrique del’Ouest (1 4). Ces techniques entrainent plusieursautres types de dégradation en plus des plantationselles même. Ainsi, dans la FCHS en plus descacaoyères et des cultures vivrières nous avons lesfeux de brousse. A ces dégradations s’ajoutent leshabitations et les jachères qui dérivent aussi de lamise en place des plantations. Les habitationspermettent aux populations de vivre près de leurplantation et d’assurer la surveil lance pendant que lesjachères permettent la reconstitution de la terre pourles cultures futures.Enfin, l ’exploitation forestière semble être la seule

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Nord et le Centre où les cacaoyères sont en pleinessor, nous constatons une différence entre la floredes cacaoyères et cel le des fragments forestiers.Contrairement, le Sud semble pourvoir permettre unerégénération de la flore originale car présentant unesimil itude entre la flore des cacaoyères et cel le desfragments forestiers. De façon générale danschacune des zones, ce sont les exploitationsforestières qui présentent une simil itude avec lesfragments forestiers. Cette simil itude pourrait être dueau fait que cette activité ne nécessite pasl’ introduction de nouvelles espèces dans le mil ieu.

Conclusion

La décennie de crises en Côte d’Ivoire, al lant de 2002à 201 3, a accentué les activités anthropiques au seinde la FCHS, du fait de l ’absence d’autoritégouvernementale chargée de sa protection. Différentstypes de dégradation ont été enregistrés dans toutl ’ensemble de la FCHS parmi lesquels les cacaoyèressont les plus importantes.Cependant la zone Sud sous contrôle des forcesimpartiales semble connaître des dégradations moinsimportantes que les autres zones.L’ influence de différentes forces mil itaires au cours de

la décennie de confl its n’a eu quasiment aucunimpact sur la conservation du domaine domanial del ’état ivoirien. Les forces internationales sont doncrestées passives devant la dégradation de ce massifforestier. Ces forces en plus de la protection deshommes pendant les confl its devraient prendre encompte la surveil lance environnementale. Lapréservation et la conservation de la biodiversité endépendront.La diversité floristique dans chacune des zones estimportante avec un nombre d’espèces à statutparticul ier qui justifie de l ’ importance que pourraitavoir la FCHS dans la conservation si un plan deréhabil itation est mis en place avant la destruction dela total ité de la forêt. Cependant, cette forêt classéeest soumise à plusieurs types de dégradation quesont les cacaoyères, les exploitations forestières, lescultures vivrières, les feux de brousse, les jachères etles habitations. Chacun de ces types de dégradationprésente une flore différente de celle des fragmentsforestiers et donc de la flore originale. D’où lamodification de la composition floristique par cesdifférents types de dégradation.

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A.T.M. Kouakou, Ivoirienne, Doctorante, Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa, Côte d’Ivoire.

A.A.Y. Assale, Ivoirienne, Doctorante, Université Jean Lorougnon Guédé, Daloa, Côte d’Ivoire.

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