Post on 18-Feb-2021
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ A
L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A CHICOUTIMI
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAITRISE EN GESTION DES PETITES ET MOYENNES
ORGANISATIONS
PAR
YVES RICHARD
B.A.A., C.G.A
COMMENT FAIRE DE LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE DANS LA PME
Ob L'ENTREPRISE EST SOUS-CAPITALISÉE, QUE LE CONSEIL
D'ADMINISTRATION EST INOPÉRANT ET QUE LE PROPRIÉTAIRE-
DIRIGEANT N'EST PAS FORMÉ
JUILLET 1992
bibliothèquePaul-Emile-Bouletj
UIUQAC
Mise en garde/Advice
Afin de rendre accessible au plusgrand nombre le résultat destravaux de recherche menés par sesétudiants gradués et dans l'esprit desrègles qui régissent le dépôt et ladiffusion des mémoires et thèsesproduits dans cette Institution,l'Université du Québec àChicoutimi (UQAC) est fière derendre accessible une versioncomplète et gratuite de cette œuvre.
Motivated by a desire to make theresults of its graduate students'research accessible to all, and inaccordance with the rulesgoverning the acceptation anddiffusion of dissertations andtheses in this Institution, theUniversité du Québec àChicoutimi (UQAC) is proud tomake a complete version of thiswork available at no cost to thereader.
L'auteur conserve néanmoins lapropriété du droit d'auteur quiprotège ce mémoire ou cette thèse.Ni le mémoire ou la thèse ni desextraits substantiels de ceux-ci nepeuvent être imprimés ou autrementreproduits sans son autorisation.
The author retains ownership of thecopyright of this dissertation orthesis. Neither the dissertation orthesis, nor substantial extracts fromit, may be printed or otherwisereproduced without the author'spermission.
CE MÉMOIRE A ÉTÉ RÉALISÉ
A L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A CHICOUTIMI
DANS LE CADRE DU PROGRAMME
DE LA MAITRISE EN GESTION DES PETITES ET MOYENNES
ORGANISATIONS
DE L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC A CHICOUTIMI
EXTENSIONNÉ A L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC EN ABITIBI-TEMISCAMINGUE
REMERCIEMENTS
Nous désirons d'abord remercier monsieur Yvan
Charbonneau, directeur du présent mémoire, pour sa
collaboration à la réalisation de ce travail. Ses bons
conseils et sa disponibilité nous ont permis de progresser
efficacement dans l'élaboration de cette recherche.
Nos remerciements vont également à l'équipe de
professeurs à la maîtrise de l'Université du Québec en Abitibi-
Témiscamingue qui nous ont permis de progresser dans ce
cheminement de scolarité qui nous a conduits à la conclusion de
notre travail.
Nous sommes reconnaissants envers les membres de
notre famille, notre employeur ainsi que nos amis qui nous ont
encouragés et supportés tout au long de notre cheminement.
Nous tenons plus particulièrement à exprimer notre gratitude,
à mon épouse Laurette qui s'est adaptée, avec énormément de
patience et de souplesse, aux nombreuses contraintes qui lui
ont été imposées au cours de ces dernières années.
RÉSUMÉ
A partir d'une réflexion sur l'absence de
planification stratégique dans la PME, le présent mémoire a
pour objet de s'interroger sur les principales causes gui font
obstacle à un tel exercice dans l'organisation et s'il est
possible de pallier aux situations problématiques.
De nombreux auteurs en management font état de cette
absence de planification stratégique dans la PME et constatent
que cette situation constitue l'une des principales causes
d'échec.
Plusieurs auteurs mentionnent que la planification
stratégique devrait normalement être assumée par le conseil
d'administration, mais tel n'est pas le cas dans les PME
puisque dans ce type d'entreprise, le conseil d'administration,
lorsqu'il existe, est à toute fin pratique inopérant.
En plus de cette lacune au niveau du conseil
d'administration, notre revue de littérature ainsi que notre
vaste expérience d'intervenant en entreprise nous permettent de
conclure que le propriétaire-dirigeant de la PME est
généralement peu formé aux techniques managériales et
administratives. Nous avons également constaté que la plupart
des PME sont sous-capitalisées.
A notre avis, ces trois éléments constituent les
principales causes qui font obstacle à l'exercice de
planification stratégique dans la PME. Nous nous sommes
interrogés sur la façon dont on peut intervenir efficacement
dans ce type d'entreprise afin de remédier à ces déficiences et
ainsi favoriser l'exercice de planification stratégique.
Nous nous sommes engagés dans une recherche de type
exploratoire où nous nous sommes dotés d'une méthode
d'intervention rigoureuse qui s'inspire de la recherche-action.
Notre objectif était de vérifier s'il était possible de faire
de la planification stratégique dans une PME en tentant de
surmonter les trois obstacles précités. Nous avons ainsi
effectué deux interventions en entreprises en procédant à
l'élaboration de diagnostics organisationnels suivis
d'exercices de planification stratégique.
Parmi les faiblesses identifiées lors des
diagnostics, on constate justement ces trois éléments. Il a
cependant été possible aux deux organisations de solutionner
leur problème de sous-capitalisation en cours d'exercice. Quant
aux deux autres obstacles, notre intervention à titre de
consultant a permis de pallier a l'absence d'un conseil
d'administration efficace ainsi qu'au manque de formation des
propriétaires-dirigeants.
Il nous a ainsi été possible de réaliser des
exercices de planification stratégique qui ont même permis la
mise-en-oeuvre d'importants objectifs du plan.
Notre réflexion nous suggère également certaines
solutions pour pallier aux obstacles à la planification. Ainsi
le consultant externe compensera l'inefficacité du conseil
d'administration. L'engagement d'un jeune diplômé universitaire
pourrait grandement contribuer à l'amélioration des
connaissances cognitives du propriétaire-dirigeant et
accompagner ce dernier dans un exercice de planification
stratégique. Quant à la problématique de sous-capitalisation,
différentes alternatives s'offrent au propriétaire-dirigeant
dont le recours à des programmes gouvernementaux.
Certes, il ne s'agit pas pour nous, de généraliser
nos observations pour l'ensemble des PME, car notre recherche
s'est effectuée dans un contexte très restreint. Toutefois,
nous en sommes venus à la conclusion qu'a certaines conditions,
il est possible de faire de la planification stratégique dans
la PME.
A notre avis, cet exercice de planification devient
utile en autant que l'on puisse surmonter les causes qui font
obstacle à son efficacité.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
Chapitre
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
La problématique
La planification stratégique
Hypothèses sur les causesqui expliquent l'absence deplanification dans la PME
Le conseil d'administration
Les problèmes de sous-capitalisation dans la PME
La formation
Les objectifs
Méthodologie
Recherche-action
Intervention en entreprises
La planification stratégique dans
PAGES
4
13
32
35
70
79
84
86
90
108
Chapitre 12
les entreprises
La planification stratégique dansla PME, est-ce possible?
Chapitre 13 Conclusion générale
189
196
214
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
216
220
221
INTRODUCTION
Nous sommes à l'emploi d'un organisme à but non lucratif
dont la mission est de venir en aide à la PME en leur offrant
des services de gestion-conseil ainsi que du financement en
capital de risque. En ce qui concerne son rôle de bailleur de
fonds, cet organisme joue essentiellement un rôle
complémentaire aux institutions financières conventionnelles.
Nous possédons d'ailleurs au delà de quinze ans d'expérience
dans ce secteur d'activité. Au cours de ces nombreuses années,
nous sommes donc intervenus auprès de plusieurs centaines de
propriétaires-dirigeants de PME. La grande majorité de ces PME
éprouvaient de nombreuses difficultés: difficultés d'ordre
financier et/ou managerial. A titre de consultant et/ou de
bailleur de fonds, nous avons vécu avec plusieurs de ces PME
des situations variées:
Lancement
Expansion
Réorganisation
Fermeture
Faillite
Nous avons toujours été préoccupés par le fort taux
d'échec de la PME. Cette problématique suscita chez-nous
certains questionnements.
3
Ainsi, à partir de nos expériences personnelles, de cours
de perfectionnement ainsi que de lectures d'articles
spécialisées, nous avons tenté d'analyser les causes qui
expliquent ces nombreux échecs.
D'où l'intérêt d'orienter vers cette direction notre
présent mémoire de recherche, dans le cadre du programme de
Maîtrise en gestion des petites et moyennes organisations.
CHAPITRE I
LA PROBLÉMATIQUE
CHAPITRE I
LA PROBLÉMATIQUE
Sur vingt PME lancées, dix-neuf fermeront leurs portes au
cours des dix premières années de leur existence. De plus, les
analyses établissent clairement que plus de 90% de ces échecs
découlent d'une mauvaise gestion. (1)
Nos revues de littérature nous ont permis de constater que
plusieurs auteurs font une certaine équation entre l'absence de
planification stratégique et les causes d'échec dans
1'entreprise.
Dans leur étude préliminaire sur les faillites, d'Amboise,
Lalonde et De Blois (1980) apportent des éléments intéressants
concernant la position des dirigeants d'entreprises sur la
planification.
En dépit de l'importance qu'accordela littérature à la nécessité d'avoir desobjectifs précis, cette question, relativeà la formulation des objectifs, semblaitêtre la plus embarrassante et la plusdifficile à répondre.
(1) Paul Dell'Aniello et Yvon G. Perreault, L'entreprise et lescrises de gestion, Revue Gestion
De plus, aucun des répondants s'étaitastreint pour mettre ceux-ci par écrit.Ce n'est donc qu'à la suite d'uneexplication relative au sens donné à lanotion d'objectifs qu'apparurent ce quel'on retrouve au tableau 26.
Un bref examen de ce tableau montreque plus de 70% des objectifs poursuivisse situent autour du fait que ceux-cidésiraient essentiellement mettre sur piedune entreprise, posséder celle-ci, sachantqu'elle correspondait à la spécialité ouau métier qu'ils exerçaient et qu'elleleur permettrait sans doute de faire desprofits rapidement.
Quant à l'existence de plans formelssusceptibles de couvrir les principalesactivités de l'entreprise, il semble qu'unseul des quinze répondants ait crunécessaire de procéder à l'élaboration detels plans. En plus de ce répondant, deuxautres affirmèrent devoir recourir à desplans formels pour leurs activités,considérant qu'étant donné le caractèrecontractuel de ces activités, chaquecontrat constituait un plan formel en soi.Toutefois, aucune planification de séried'activités contractuelles n'était faîte,de telle sorte qu'il était impossible pourle répondant d'expliquer le cheminementdes activités de son entreprise, tout aulonq de son existence.
Par ailleurs, les raisons invoquéespour les douze répondants qui affirmèrentne pas avoir de plans formels sontparticulièrement centrées sur le fait quela plupart d'entre eux n'en voyaient pasla nécessité, compte-tenu de la taille oude la simplicité des opérations de leurentreprise, alors que d'autres n'étaienttout simplement pas certains desorientations de celle-ci.
Les résultats décrits ici etregroupés au tableau 27 ci-contre, sontcertainement révélateurs quant àl'utilisation de la planification commeoutil de gestion, puisqu'en définitive, unseul ou 6% des quinze répondants a (ont)véritablement utilisé cet élément deprocessus de management. (2)
Les tableaux suivants nous reproduisent les tableaux
26 et 27 présentés par d'Amboise & Al (1980).
(2) Claude Lalonde, Gérald d'Amboise et Ghislaine Deblois,Faillites d'entreprise; étude préliminaire, Chicoutimi, LEER,1980.
TABLEAU 1
DISTRIBUTION DES OBJECTIFS
GÉNÉRAUX POURSUIVIS PAR LES RÉPONDANTS
OBJECTIFS
• Mettre sur pied une entreprise
• Atteindre un profit rapidement
• Offrir un service de qualité
• Avoir une petite ou moyenne entreprise
avec sa spécialité
• Rien de précis
• Maintenir un niveau de vente
PROPORTIONS
20 %
20 %
6 %
33 %
12 %
6 %
TABLEAU 26; SOURCE: D'AMBOISE, LALONDE, DEBLOIS; JANVIER 1980.
N.B. - Aucun de ces objectifs n'avait été mis par écrit,
TABLEAU 2
EXISTENCE DE PLANS FORMELS COUVRANT
LES PRINCIPALES ACTIVITÉS DE L'ENTREPRISE
PLANS FORMELS
Oui : 3/15
Non : 12/15
RAISONS EN JUSTIFIANT SON
UTILISATION OU SA NON-UTILISATION
1/3 : Cela permet de voir où
l'entreprise se dirige.
2/3 : Chaque contrat constitue un
plan formel en soi.
2/12 : Pas encore certains des
orientations de l'entreprise
2/12 : Les opérations de l'entreprise
étaient trop simples.
4/12 : L'entreprise était trop petite.
1/12 : Tous les plans sont dans la
tête du répondant.
3/12 : Cela ne semblait pas nécessaire
au répondant.
TABLEAU 27; SOURCE: D'AMBOISE, LALONDE, DEBLOIS; JANVIER 1980.
10
Parmi les auteurs que nous avons consultés concernant les
causes d'insuccès et de faillites des PME, il est intéressant
de constater que ceux-ci considèrent que, dans la très grande
majorité des cas, ces causes d'échec résultent directement du
management.
Ainsi Auger (1981) mentionne qu'elles découlent surtout:
• de la quasi-indifférence vis-à-vis ladétermination d'une stratégied'entreprise bien articulée;
• du manque d'expérience et de compétencedans des domaines clés comme ceux dumarketing et de la finance;
• du peu d'attention accordé au prix derevient;
• de l'insuffisance du contrôle desinventaires;
• de décisions plus réactives auxexigences quotidiennes qu'innovatrices;
• de risques non calculés pris au hasard,faute de renseignements nécessaires.
Toutes ces causes créent desdifficultés dans les opérations del ' e n t r e p r i s e . M ê m e c h a c u n e ,ndividue11ement, peut conduirel'entreprise à la faillite, mais laprincipale cause d'échec est probablement"la quasi- indifférence" vis-à-vis ladétermination d'une stratégie d'entreprisebien articulée. Cette quasi-indifférencedécoule généralement d'un manque desensibilisation aux avantages d'une tellestratégie. (3)
(3) Louis V. Auger, Stratégie pour la PME: l'approche Rodinnovembre 1981.
11
Abondant dans le même sens, l'étude sur la réussite et les
échecs de la petite entreprise au Nouveau Brunswick, menée par
le professeur Ahmed Ben Hassine de l'Université de Moncton,
identifie le manque de planification comme l'un des facteurs
affectant la petite entreprise au Nouveau Brunskwick.
On retrouve également cette problématique en parcourant
l'étude sur les difficultés vécues par les PMO de la région du
Saguenay Lac-St-Jean, conduite par une équipe de chercheurs de
l'Université du Québec à Chicoutimi qui conclue que:
Le seul problème mentionné touchantles quatre types de PMO est lié à lagestion générale des organisations etconcerne spécifiquement le "manque decompétence en gestion des gestionnaires".Parmi les problèmes qui se retrouvent danstrois des quatre types de PMO (Coop, PME,OSBL) , on fait état du manque deplanification opérationnelle etstratégique et du peu de contrôle du prixde revient et de la production. (4)
(4) Enquête sur les problèmes des PMO, Lac St-Jean; revuePMO, 1982.
CHAPITRE II
LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE
13
CHAPITRE II
LA PLANIFICATION STRATÉGIQUE
Cette équation, suggérée par de nombreux auteurs, entre
l'absence de planification stratégique et les causes d'échec
dans l'entreprise nous invite à explorer quelques éléments
reliés à cette planification.
Notre revue de littérature nous a permis de se
familiariser avec différents modèles de planification
stratégique présentés par des auteurs en management. Pour en
citer quelques-uns, on peut penser à Porter, Dell'Aniello,
Mintzberg, Koontz et Thietart.
Cependant, la presque totalité de ces modèles se situe
dans un contexte de grandes entreprises alors que l'objet de
notre recherche s'oriente essentiellement vers un contexte de
PME.
14
2 .1 Définition de quelques concepts
Dans un premier temps, il sera intéressant de voir ce que
la littérature nous dit sur certains concepts tel que PME,
propriétaire-dirigeant et planification.
2.1.1 La PME
II n'existe pas encore de définition uniforme des PME, que
ce soit pour des fins d'application des lois, d'administration
des programmes ou de compilation des statistiques. Par contre,
plusieurs auteurs ont défini la PME en utilisant différentes
approches.
Bergeron explique comment le "Comitee for Economie
Development" des États Unis décrit la PME: II doit y avoir deux
des quatre critères suivants pour qu'une entreprise soit
classée comme PME.
1 - autonomie de gestion : les dirigeants
sont les propriétaires
2 - nombre d'investisseurs
3 - champ d'activités régional
4 - organisation qui ne détient qu'une faible pardu marché
15
Pour leurs parts, Dell'Aniello & Perreault (5) classent les
différents types de PME en ces termes: les PME signifient
petites et moyennes entreprises, un groupe gui englobe les
quasi-entreprises, les micro-entreprises, les petites
entreprises et les moyennes entreprises. Dell'Aniello &
Perreault situent ces différents types de PME en fonction du
nombre d'employés.
On retrouve également cette notion du nombre d'employés
suggérée par Dell'Aniello & Perreault dans l'étude de d'Amboise
& Gasse ainsi que celle retenue par Bergeron en rapport avec le
concept d'autonomie. Ainsi, ils mentionnent que:
Pour être considérée comme une petiteentreprise et moyenne entreprise, uneentreprise doit d'abord constituer uneentité économique autonome. Il ne peuts'agir, par exemple, d'une filiale d'unegrande entreprise, ou d'une compagnie dontle capital est détenu majoritairement parune autre entreprise. Le nombred'employés est le critère unique utilisépour assurer la taille des entreprisesparticipantes. L'intervalle dans le cadrede la présente étude, va de 5 à 200employés. (6)
(5) Paul Dell'Aniello et Yvon G. Perreault, Situation de la PMEau Québec, le Québec Industriel.
(6) Gérald d'Amboise et Yvon Gasse, Défis prioritaires pourproprié taire s-dirigeant s des PME : similarités etdifférences,Faculté des sciences de l'administration,Université Laval, 1982.
16
Les niveaux hiérarchiques constituent un autre aspect de
la définition de la PME. Ces éléments ont été étudiés par
Mintzberg et Dell'Aniello. Ces derniers sous-entendent que:
Le terme micro-entreprise soit retenupour décrire une entreprise où il n'y apas de niveau intermédiaire entre lepatron et les opérations. Le termepetite entreprise décrirait la situationoù le patron a réussi à mettre un étaged'opérateurs entre lui et le client. Leterme moyenne entreprise servirait alors àdécrire les organisations dont lastructure hiérarchique compte au moinstrois niveaux. (7)
Dans sa recherche sur les raisons d'insolvabilité de
l'entreprise, Lalonde (8) s'est également penché sur la
définition de la PME en soulignant que le concept de taille a
suffisamment fait l'objet d'observations (Blau et al., 1977;
Pugh et al., 1968; Mahoney et al., 1970) pour que le choix des
critères de classification n'ait pas à être soumis à une revue
de littérature.
(7) Paul Dell'Aniello, A l'aide, Revue commerce, novembre.
(8) Claude Lalonde, Caractéristiques et pratiques de managementdes propriétaires-dirigeants dont l'entreprise a été mis enfaillite: une étude en contexte régional au Québec, Thèse dedoctorat, 1985.
17
Cependant, Charbonneau (1988) apporte un point de vue
différent en mentionnant que déterminer le nombre de PME dans
une région ou dans un pays donné présente certaines
difficultés.
Ces difficultés résultent nonseulement en l'absence de définitioncommune de ce qu'est une PME, mais ausside l'immense variété de situationsregroupées derrière le vocable PME. Car,dans les faits, il n'y a pas de PME-type:il existe des entreprises à propriétaireunique, des entreprises familiales, dessociétés de personnes, des coopératives.
Ces entreprises se distinguent parleur forme d'organisation, leur statutjuridique, leur taille, leur activité,l'étendue de leur marché, leur secteurindustriel, etc.
Différents critères peuvent doncservir à recenser les PME et a distinguerles petites des moyennes entreprises, etcelles-ci des grandes entreprises. Il vasans dire que le choix aura un impact surle résultat du dénombrement.
A titre d'exemple, un classementselon la tranche d'actifs dans laquelle sesitue l'entreprise donne pour le Canada92.1% de petites entreprises, alors qu'unclassement selon la taille (nombred'employés) augmente ce taux à 9 7,1%.
18
Dans sa réflexion sur la situation des PME au Québec, le
MICT (10) propose deux définitions en fonction du secteur
d'activité. Ainsi pour le secteur manufacturier, la petite
entreprise compte moins de 50 employés, la moyenne de 50 à 199
et la grande plus de deux cents. Pour tous les autres secteurs
d'activité, la petite entreprise est celle qui emploie moins de
50 personnes, la moyenne de 50 à 99 et la grande plus de 100.
Nous constatons qu'il existe un nombre important de
définitions de PME au Québec et au Canada. Ces définitions ont
été développées au fil des programmes et des objectifs
poursuivis.
Pour les fins du présent mémoire de recherche, les
tableaux suivants, qui sont tirés de l'étude de Desjardins
(1977), permettent de circonscrire les principaux éléments de
la problématique relative à la classification des entreprises.
(10) Les PME au Québec, Rapport au ministre délégué aux PME,1987.
19
TABLEAU 3
SECTEUR DE FABRICATION
CLASSED'ENTREPRISES
I
II
III
IV
V
NOMBRED'EMPLOYÉS
0 - 4
5 - 4 9
50 - 199
200 - 499
500 etplus
MONTANT DES ACTIFS
Inférieurs à200 000 $
Plus de 200 000 $,inférieurs à1 500 000 $
Plus de1 500 000 $,inférieurs à6 000 000 $
Plus de6 000 000 $,inférieurs à15 000 000 $
Plus de15 000 000 $
TYPE
Artisanale
Petite
Moyenne
Grosse
Trèsgrosse
SOURCE : DESJARDINS (1977)
TABLEAU 4
SECTEUR COMMERCIAL ET SECTEUR DES SERVICES
CLASSED'ENTREPRISES
I
II
III
IV
NOMBRED'EMPLOYÉS
Moins de 3
Moins de10
Moins de30
Plus de 30
MONTANT DES ACTIFS
Moins de 200 000 $
Moins de1 000 000 $
Plus de 1 000 000 $Moins de5 000 000 $
Plus de 5 000 000 $
TYPE
Artisanale
Petite
Moyenne
Grosse
SOURCE : DESJARDINS (1977)
20
Selon les tableaux 3 et 4, une petite et moyenne
entreprise du secteur de la fabrication serait celle dont le
nombre d'employés se situe en 5 et 199 et dont le montant des
actifs oscille entre 200 000 $ et 6 000 000 $. Pour la petite
et moyenne entreprise du secteur commercial et des services, le
nombre d'employés se situerait entre 4 et 29 pour des ventes
dont le montant varie entre 200 000 $ et 5 000 000 $. Les
entreprises dont les données sont inférieures à celles-ci sont
qualifiées d'entreprises artisanales. Il s'agit donc d'une
classification pouvant s'avérer intéressante dans le contexte
du présent mémoire. Pour cette raison, le concept PME inclura
les entreprises incorporées qui se situent dans les catégories
suivantes :
SECTEUR DE LA FABRICATION
CLASSED'ENTREPRISES
I
II
NOMBRED'EMPLOYÉS
0 - 4
5 - 4 9
TYPE
Artisanale
Petite
SOURCE : DESJARDINS (1977)
SECTEUR COMMERCIAL ET SECTEUR DES SERVICES
CLASSED'ENTREPRISES
I
II
III
NOMBRED'EMPLOYÉS
Moins de 3
Moins de 10
Moins de 30
TYPE
Artisanale
Petite
Moyenne
SOURCE : DESJARDINS (1977)
21
Ce type d'entreprises occupe une place fort importante
dans l'économie québécoise. En effet, en 1989, on compte près
de 169 336 corporations au Québec: 165 765 petites entreprises,
2 532 de taille moyenne et 1 039 grandes entreprises. Le
nombre de PME représente donc 97,9% des corporations actives et
ce nombre est en progression depuis quelques années. (11)
Colder (1981) relate également cette progression constante
de PME incorporées:
The corporate form of organization isthe most common under which largebusinesses are organized. While it is theform best adapted to large scale industry,its usefulness is not restricted to bigbusiness. This is evident by the steadyincrease in the number of small businessesthat are incorporated.
En 1987, on relevait au Québec 1 066 900 emplois dans les
PME sur un total de 2 458 000, soit 43,4% de l'ensemble. Depuis
1978, le nombre d'emploi dans la PME s'est accru de 397 700
pour une diminution de 100 500 emplois dans les grandes
entreprises.
L'importance économique et sociale des PME n'est plus à
démontrer. La PME en Amérique du Nord et au Québec a créé plus
d'emplois que les grandes entreprises au cours des cinq
(11) Les PME au Québec : État de la situation, (1989).
22
dernières années. Il y a au Canada plus d'un million
d'entreprises; 75% d'entre elles sont des PME. Ces PME sont
d'ailleurs responsables d'un volume de vente de plus 450
milliards de dollars, et leurs activités représentent 39% du
P.N.B. et 45% de l'emploi. (10) Ces statistiques concernent les
PME incorporées, mais quant aux autres petites entreprises
ayant un statut juridique différent, nos nombreuses recherches
effectuées auprès de différents organismes nous permettent de
croire qu'il n'existe pas de statistique qui quantifie de façon
précise leur nombre.
Cependant, nous savons que la grande majorité des PME
décide d'incorporer leur entreprise. En effet, cette forme
juridique facilite les démarches pour obtenir du financement en
plus de procurer certains avantages fiscaux. Le nombre de PME
incorporées pourraient se situer dans une fourchette de 80% à
85% de l'ensemble des PME si nous excluons les pêcheurs, les
producteurs agricoles et l'entreprise artisanale.
Nos recherches et réflexions s'orientent essentiellement
auprès des PME où les propriétaires-dirigeants oeuvrent dans
l'entreprise et possèdent une proportion importante du capital-
action. Voici pour faire suite certaines explications sur ce
type particulier de PME.
23
2.1.2 Le propriétaire-dirigeant
Cette circonscription est en harmonie avec la définition
du propriétaire-dirigeant d'Amboise et Gasse (1982).
Le propriétaire-dirigeant estl'individu qui participe, dans uneproportion importante, au capital del'entreprise et qui prend une part activeaux décisions relatives à l'orientation del'entreprise et la résolution desproblèmes quotidiens.
Abordant un autre aspect définitionnel, Lalonde (1985)
mentionne que la littérature s'appliquant à cette dimension
inhérente à l'individu propriétaire-dirigeant d'une entreprise,
se rattache au concept d'entrepreneur et laisse planer une
certaine ambiguïté quant à la définition qui peut être donnée
de ce concept.
C'est dans cette perspective que, reprenant les
différences apportées par Glucek (1977), Gasse (1978) distingue
trois types d'individus "oeuvrant a leur compte":
l'entrepreneur, le propriétaire-dirigeant d'une petite
entreprise, l'administrateur et le directeur ou cadre supérieur
d'une entreprise familiale. Suivant cette classification,
l'entrepreneur serait celui qui dirige une entreprise qu'il
aurait lui-même créée ou fondée.
24
Quant à l'entreprise familiale, elle peut être subdivisée
en deux sous-groupes qui sont l'entreprise familiale dirigée
par les membres de la famille et l'entreprise familiale
influencée par la famille. Dans un premier cas, il s'agirait
d'une entreprise familiale où la majorité des postes de la
direction générale est remplie par les membres de la famille
alors que dans le second cas, seuls quelques postes de la
direction générale sont comblés par des membres de la famille,
détentrice d'une part importante des titres de propriétés de
1'entreprise.
Tout comme Lalonde (1985), c'est la définition de Gasse et
D'Amboise que nous adopterons pour les fins de la présente
recherche.
Toutefois, il nous faut être conscients que la définition
donnée précédemment de l'entrepreneur déroge quelque peu de
l'orthodoxie Schumpétérienne dans laquelle le terme
"entrepreneur" est essentiellement réservé à ceux qui innovent
non seulement "par de nouvelles découvertes mais également par
de nouvelles combinaisons de facteurs de production. (Harris,
1951)
25
2.1.3 La planification stratégique
Bergeron (1986) définit la planification stratégique comme
le processus qui permet d'identifier les objectifs à atteindre
et les moyens les plus avantageux pour les réaliser.
La politique générale d'uneentreprise peut se définir comme étantessentiellement l'élaboration d'uneplanification stratégique. Cetteplanification stratégique permet auxdirigeants d'entreprise de répondre à deuxquestions importantes: Quels sont nosobjectifs? C'est-à-dire la raison d'êtrede notre organisation. Et comment allons-nous les réaliser?
Les réponses à ces deux questionssont très différentes; toutefois, ellessont étroitement liées. On peut définirla planification stratégique comme étantl'encadrement des activités permettant auxdirigeants d'achever l'orientation même del'organisation. (12)
Bergeron souligne également que la planification
stratégique est le processus par lequel les dirigeants
élaborent les objectifs généraux, les politiques et les
stratégies qui faciliteront l'acquisition, l'utilisation et
l'affectation des ressources.
(12) Pierre G. Bergeron, La gestion dynamique: concepts, méthodeset applications. Chicoutimi, Gaétan Morin, 1986.
26
2.1.4 La planification stratégique dans la PME
Dans un article paru dans la Revue Gestion en février
1985, David et Annette Araar abordent en d'autres termes la
planification stratégique en la définissant comme un processus
collectif de réflexion à long terme aboutissant à un diagnostic
de situation suivi du développement de certains programmes
d'actions prioritaires qui mobilisent les ressources humaines,
matérielles et financières d'une entreprise.
Pour sa part, Serge Tremblay (13) définit la planification
comme une prise de décision anticipée.
C'est le processus par lequel uneorganisation sélectionne des stratégies,des programmes, des activités et descheminements appropriés dans une série desituations et de choix possibles, qui nesont pas encore présentées, mais qui sontenvisagées dans le futur. Ces événementssont les résultats de séries d'événementsinter-reliés qui sont arrivés dans lepassé, qui se réalisent présentement etqui se produiront dans le futur."
(13) Serge Tremblay, Guide de planification pour PME, RevuePMO.
27
Quant à Lalonde (1985), il rejoint sensiblement la
définition de Bergeron en ces termes: ... une activité par
laquelle le propriétaire-dirigeant ou l'administrateur établit
les objectifs de 1'organisation, les politiques, les
programmes, les horaires, les procédures et les méthodes
permettant d'atteindre ces objectifs.
Qu'est-il de la planification stratégique dans la PME?
Dans un article paru dans la Revue commerce, Paul Dell'Aniello
souligne le fait que "les opérations, le travail quotidien,
rongent tout le temps d'un PDG de PME. Ce PDG ne peut assumer
la tâche de planification stratégique même s'il aurait les
compétences pour le faire."
Pour Dell'Aniello, le président directeur général peut
être impliqué dans les problèmes opérationnels à un point tel
qu'il néglige les considérations stratégiques.
Charbonneau (1988), abonde dans le même sens que
Dell'Aniello en soulignant le fait que le dirigeant, trop
sollicité par le quotidien et la gestion opérationnelle,
néglige la planification stratégique.
28
Dans leur travail publié en 1980 Robidoux et Dell'Aniello
(1980) constatent également cette absence de planification dans
la PME.
Le chef d'entreprise qui analysesystématiquement les forces et lesfaiblesses de son entreprise et quianticipe les problèmes qui se présenteronten cours de route est probablementl'exception chez les dirigeants de petitesentreprises au Québec présentement. (14)
Pour sa part, Charbonneau (1986), en plus de revenir avec
les mêmes termes, apporte un élément nouveau en ce qui concerne
la difficulté pour le propriétaire-dirigeant de la PME d'avoir
une perception adéquate de son environnement externe.
Le PDG de PME est généralement unspécialiste qui fait face à des problèmesd'administration générale et à d'autresqui se présentent dans des spécialitésdifférentes de la sienne. Pris à fond parla recherche de solutions à des problèmescourants, il est sûrement amené à négligerles données à long terme de la survie deson entreprise.
Ses contacts avec le monde extérieurse situent également dans un contexte derelations courantes et de milieu immédiatet il est peu informé quant aux facteursplus lointains qui façonnent pluslentement l'avenir de l'affaire." (15)
Jean Robidoux et Dell'Aniello, les crises administrativesdans les PME en croissance, Chicoutimi, G. Morin, 1980.
(15) Roger Charbonneau, le rôle du conseil d'administration dansune entreprise d'affaires, revue Gestion, janvier 1986.
29
Auger (1981) commente cette absence de planification
stratégique en ces termes :
De nos jours, rares sont lesdirigeants qui prennent pleinementconscience de la "nécessité d'unestratégie bien articulée" dansl'exploitation de leur entreprise. Laplupart ont du mal à réaliser cette prisede conscience. Et même celui qui parvientà croire en cette nécessité éprouvesouvent beaucoup de difficultés àdéterminer clairement une stratégieappropriée aux besoins de sonorganisation. De prime abord, cette tâchelui paraît très compliquée. Il n'est pastellement habitué a faire ce travail et nesait pas trop par où commencer, ni commentprocéder. Très souvent, il n'a même pasde modèle pour se guider, ou ne peuttrouver une approche qui pourrait l'aiderà démarrer dans cette voie.
30
D'autre part, parce qu'elle est à lafois plus souple et plus vulnérable, laPME est soumise à un rythme d'opération,de croissance et de restructurationhallucinant: presque toutes les opérationscourantes requièrent une attentionparticulière de la part du patron, et toutest à développer en même temps.L'entreprise est aux prises avec unquotidien plutôt fébrile, et il estpresque impossible au patron de s'arracheraux opérations pour planifier l'avenir desa compagnie.
Étant constamment absorbé dans larecherche de solutions à des problèmescourants, il est sûrement amené à négligerles données à long terme de la survie deson entreprise. Ses contacts avec lemonde extérieur se situent également dansun contexte de relations courantes et demilieu immédiat et il est peu informéquant aux facteurs qui façonnent pluslentement l'avenir de l'affaire. (17)
Cette brève revue de littérature nous permet de constater
une certaine similarité de point de vue de nombreux auteurs en
management quant à l'absence de planification stratégique dans
la PME. Tel que nous l'avions souligné, nous constatons
également que plusieurs chercheurs font une relation entre
cette problématique et la principale cause des échecs de la
PME.
(17) Pierre Laurin, Le Management: Textes et cas, McGraw-Hill,1973.
CHAPITRE III
HYPOTHESES SUR LES CAUSES QUI EXPLIQUENT L'ABSENCE DEPLANIFICATION STRATÉGIQUE DANS LA PME
32
CHAPITRE III
HYPOTHESES SUR LES CAUSES QUI EXPLIQUENT L'ABSENCE DEPLANIFICATION STRATÉGIQUE DANS LA PME
L'ampleur et la qualité des nombreuses recherches
effectuées par d'éminents auteurs en management (d'Amboise,
Lalonde & Deblois; Auger; Gasse; Dell'Aniello & Perreault,
Lalonde, Wallot) rendent irréfutables leurs constations à
l'effet que l'absence de planification constitue la principale
cause d'échec dans la PME.
Nos nombreuses années d'expérience de travail auprès des
propriétaires-dirigeants de PME nous ont également permis de
constater cette absence de planification et ses effets néfastes
sur l'entreprise; le propriétaire-dirigeant, trop occupé par
toutes sortes de tâches quotidiennes, n'a pas le temps de
planifier l'avenir de son entreprise.
Cependant, nous ne sommes pas totalement satisfaits du
contenu des recherches, car nous nous interrogeons sur les
principales causes qui pourraient expliquer l'absence de la
planification stratégique dans la PME.
33
Ainsi, notre vécu auprès de l'entreprise en difficulté
nous suggère certaines pistes de réflexion dont découlent les
hypothèses suivantes :
Un conseil d'administration inefficace constitue unecause importante qui explique l'absence deplanification stratégique dans la PME.
La sous-capitalisation de la PME est un des motifsqui explique l'absence de planification stratégique.
Dans la PME, la problématique du manque de formationdu propriétaire-dirigeant est l'une des causes quiexplique l'absence de planification stratégique.
A partir de notre revue de littérature ainsi que notre
réflexion personnelle, nous tenterons d'explorer les
différents éléments et concepts sur lesquels reposent nos
hypothèses.
CHAPITRE IV
LE CONSEIL D'ADMINISTRATION
35
CHAPITRE IV
LE CONSEIL D'ADMINISTRATION
La formation de conseil d'administration au sein des PME
devient un sujet à la mode; des revues spécialisées traitent
fréquemment de ce sujet dans leurs articles.
Nous n'avons pas jugé opportun, dans le cadre du présent
mémoire, d'analyser l'aspect légaliste du conseil
d'administration. Nous savons que la loi impose un conseil
d'administration aux entreprises incorporées et différents
articles prévoient leur fonctionnement légal.
En plus des exigences légales, l'environnement externe
joue un rôle important dans la formation d'un conseil
d'administration. En effet, certains bailleurs de fonds
recommandent aux dirigeants l'implantation d'un conseil
d'administration dans leur entreprise. Certains prêteurs
exigeront même de pouvoir déléguer un représentant au conseil
d'administration. Par exemple, nous savons que les
gestionnaires du fonds de solidarité de la Fédération des
Travailleurs du Québec imposent fréquemment une telle avenue
36
aux dirigeants de PME lorsqu'ils décident d'intervenir
financièrement dans leur entreprise. Ils désirent ainsi
s'assurer que leurs membres pourront participer à la gestion de
l'entreprise au plus haut niveau.
Plusieurs organismes gouvernementaux et para-
gouvernementaux oeuvrant auprès des PME favorisent aussi
l'émergence d'un conseil d'administration; ils l'exigent même
dans certaines occasions. Pensons simplement à certaines
interventions de l'OPDQ dans le cadre de son programme PECEC.
Certaines situations financières difficiles, vécues par
l'entreprise, encouragent aussi l'émergence d'un conseil
d'administration où les salariés auront un rôle important à
jouer; le cas de Tembec à Témiscamingue Sud en est un bel
exemple.
A certaines occasions, le propriétaire-dirigeant,
souhaitant utiliser l'expertise de personnes oeuvrant à
l'extérieur de son entreprise, décidera de lui-même de la
formation d'un conseil d'administration.
Ainsi, comme nous pouvons le voir, les exigences légales
autant que les pressions internes et externes peuvent favoriser
la création d'un conseil d'administration. Cependant, notre
37
expérience à titre de consultant auprès des PME nous ont permis
de constater que dans la grande majorité des cas, le conseil
d'administration est à toute fin pratique inopérant.
Considérant la nature de notre mémoire, nous avons orienté
notre attention vers ce type d'entreprises.
4.1 Particularités de ce type d'entreprise
A notre avis, à l'exception des obligations légales, très
peu de conseils d'administration assument les rôles qui sont
normalement dévolus à ce type d'organisme. En effet, les
différents auteurs que nous avons consultés ainsi que notre
expérience de consultant auprès des PME nous permettent de
constater que dans presque tous les cas où les entreprises
incorporées ont dû se doter d'un conseil d'administration pour
répondre aux exigences de la loi, nous y retrouvons un conseil
d'administration n'ayant aucune substance.
38
A ce sujet, il nous apparaît évident que le type de
conseil d'administration, présenté par Me. Serge Bourque dans
le Magazine PME de mars 1987, pourrait difficilement assumer la
tâche de planification stratégique.
Toute société commerciale, ouverte oufermée, doit avoir son conseild'administration. De nos jours, ce conseilpeut être aussi d'une personne. C'estainsi qu'à l'occasion de la constitutionde son entreprise en société, l'ancienpropriétaire est élu et s'élit plusprécisément administrateur.
La plupart d'entre vous exercez vosactivités commerciales par l'entremised'une corporation et ce, pour des raisonsfiscales.
Dans un article paru 29 octobre 1988, le journal "Les
Affaires" publiait le sondage effectué par la Chambre de
commerce de Montréal auprès de 2000 propriétaires-dirigeants de
petites entreprises nous confirmant l'inefficacité du
fonctionnement du conseil d'administration dans la PME. En
effet, ce sondage nous révèle que seulement 30% d'entre eux ont
un conseil d'administration; celui-ci se réunissant cinq fois
et plus par année dans seulement la moitié de ce groupe de PME.
Il aurait sans doute été intéressant que les résultats du
sondage nous renseignent sur les activités exercées par le
conseil d'administration là où il existait, mais tel n'est pas
le cas.
39
4.2 Rôle du conseil d'administration
Certes, il est opportun de s'interroger sur le rôle dévolu
au conseil d'administration dans l'entreprise. Dans un premier
temps, nous considérerons ce rôle pour l'ensemble des
entreprises et par la suite, nous nous interrogerons sur les
particularités du rôle dans le cas de la PME.
L'approche légaliste nous offre un aperçu technique du
rôle du conseil d'administration. Cette approche touche très
peu l'aspect managerial si ce n'est quelques fonctions précises
telles que le paiement des dividendes et l'engagement des
officiers. La loi confie aux administrateurs la conduite des
affaires de la compagnie sous tous les rapports.
De nombreux auteurs ont délaissé l'aspect légaliste pour
analyser plus en profondeur l'aspect managerial. Ainsi, dans
son manuel intitulé Le management, Laurin (1973) mentionne que
la responsabilité fondamentale du conseil d'administration est
d'assurer la permanence à long terme de 1'entreprise. Laurin
citant Harold Koontz (1967) poursuit que:
Cette responsabilité globale recouvretout un champ d'activité: la déterminationdes objectifs de l'entreprise,l'approbation des principales politiques,le choix des cadres supérieurs de lacompagnie, l'approbation des décisionsmajeures, le contrôle du résultat desopérations, l'approbation des budgets, la
40
disposition des profits et des actions dela compagnie; dividendes, salaires descadres supérieurs, etc..., les fusions,acquisitions, etc..
Pour sa part, Bergeron (1986) souligne que le rôle des
membres d'un conseil d'administration diffère considérablement
d'une entreprise à l'autre. Il mentionne que les dirigeants se
livrent à un ensemble d'activités très diversifiées. Il
reprend sensiblement les termes de Koontz (1967), mais en y
ajoutant les tâches d'agents de liaison auprès de spécialistes
externes.
De plus, Bergeron insiste sur la responsabilité pour les
administrateurs de sauvegarder les intérêts des actionnaires,
c'est-à-dire voir à faire fructifier leur patrimoine. En
plus des points énumérés par Bergeron (1986) et Koontz (1987),
Charbonneau (1986) souligne la fonction de conseiller auprès
des cadres supérieurs, les rapports aux actionnaires,
l'obligation de voir à ce que l'entreprise soit exploitée selon
sa charte et ses règlements et de tenir ceux-ci à jour en
relation avec les besoins de l'entreprise.
41
De leurs côtés, deux auteurs bien connus, Dell'Aniello et
Perreault (1982) résument ainsi le rôle du conseil
d'administration: les administrateurs se réunissent pour
discuter et décider des questions concernant les opérations de
la compagnie et son développement.
Dans son travail, Yvan Charbonneau (1988) mentionne que
dans l'esprit du législateur, la responsabilité fondamentale du
conseil d'administration est d'assurer a long terme, la
permanence et la croissance de l'entreprise. Pour les autres
tâches, il reprend sensiblement les mêmes termes que Koontz
(1967), Bergeron (1986) et Laurin (1973). (18)
Pour sa part, le Groupement Québécois d'Entreprise énumère
ainsi les tâches qui devraient être assumées par un conseil
d'administration :
Sur papier, le conseil d'administration aprincipalement pour tâche de:
évaluer la performance de la directionprotéger les intérêts de l'entrepriseassurer la continuité du conseil et de sonauto évaluations'assurer que la compagnie remplit sa missionéconomique et sociale" (19)
42
Dans cette enumeration, nous avons évité de répéter les
tâches spécifiées par les précédents auteurs cités.
Un article paru en 1983 dans la revue "Vie française"
aborde un autre aspect du rôle du conseil d'administration en
terme de pouvoir décisionnel:
Un conseil d'administration estessentiellement chargé d'élaborer lesprincipes requis pour réaliser lesobjectifs ou les aspirations d'unorganisme. Ces principes concrétisent lesintentions du groupe.
Le rôle des décideurs (les membres duconseil d'administration) est d'approuverou de rejeter les principales propositionsdu personnel. " (20)
Finalement, Gingras (1980) résume ainsi le rôle du conseil
d'administration :
Agir comme organisme d'appel et derévision, soit celui auquel on fait appelpour une décision finale quant aux projetsimportants de l'entreprise et qui se gardele droit de réviser les décisions desofficiers de l'entreprise.
Demeurer un rempart contre lesgestionnaires incompétents : le conseildoit veiller à recruter les meilleursofficiers pour l'organisation, à lesévaluer et aussi à renvoyer ceux qu'iljuge incapable de remplir adéquatement lestâches.
(20) Auteur inconnu, Un conseil d'administration. Viefrançaise, 1983
43
Constituer un organisme de relationspubliques et communautaires: le conseilpar la voie de son président et de sesofficiers, constitue le véhicule parexcellence des bonnes relations que doitentretenir une organisation avec sonenvironnement.
Cette brève revue de littérature nous permet de constater
que les auteurs attribuent au conseil d'administration un rôle
beaucoup plus vaste que celui prévu par la loi. Comme on peut
le voir, l'aspect managerial y occupe dans son ensemble une
place prépondérante.
4.2.1 Caractéristiques dans la PME
Après avoir exploré le rôle dévolu au conseil
d'administration dans la grande entreprise, il est sans doute
pertinent de vérifier si certains auteurs en management
perçoivent un rôle différent pour le conseil d'administration
des petites et moyennes entreprises.
Un des premiers constats que nous offre un professeur bien
connu des HEC, Laurin (1973), est que la PME doit subir des
contraintes auxquelles échappe la grosse entreprise.
(21) André Gingras, Composition et mandat des conseilsd'administration dans les entreprises privées et lesorganisations publiques: similitude et différence, Québec, SN,présenté au 48ième de l'acfas, Université Laval.
44
Laurin s'interroge sur la façon dont la P.M.E peut utiliser cet
outil administratif qu'est le conseil d'administration.
L'auteur se demande s'il y a quelque chose de propre au conseil
d'administration dans la PME:
La PME se distingue de la grosseentreprise non pas tellement a niveau duvolume des opérations (où situer lafrontière), mais au niveau del'organisation dans la PME, le pouvoirexécutif est concentré en une seulepersonne, rarement deux. Cet homme,souvent le fondateur, est à la foisprésident, gérant des ventes, ingénieur deproduction et comptable. Il ne disposerarement de conseillers (staff) guientourent les cadres de la grosseentreprise. Ses ressources financièresrelativement faibles ne lui permettent pas
de se procurer de façon continue lesconseils d'experts ou conseillersprofessionnels. D'autre part, personne nepeut être compétent en tout: le présidentaura des faiblesses dans certains secteurset ces faiblesses peuvent détruire sonentreprise. K"'
Pour sa part, le professeur Myles L. Mace a consacré un
petit ouvrage au rôle spécifique du conseil d'administration
dans la PME. Le professeur Mace décrit le rôle du conseil
d'administration en termes d'établissement des objectifs et des
politiques, et de mise en application de ces politiques. La
mise en application des politiques est l'une des particularités
du conseil d'administration de la PME, car le conseil
(22) p i e r r e Laurin, Le Management: Textes et cas, McGraw-Hill,1973.
45
nous avons cité précédemment, l'auteur souligne que lorsque le
groupe est petit et qu'il n'y a pas de personnel, les décideurs
(les membres du conseil d'administration) doivent eux-mêmes
mettre en oeuvre le programme. Dans le cas contraire, les
décideurs ne s'occupent pas personnellement des activités ou
des programmes. Le docteur Vannebar Bush abonde dans le même
sens en suggérant que, dans le contexte de la grande
entreprise, le conseil d'administration doit juger et non pas
gérer.
Pour Dell'Aniello et Perreault (1982), le conseil
d'administration est un "comité de sages" de gestion, structuré
de façon formelle et légale. Pour y arriver, l'entreprise doit
d'abord être légalement constituée en corporation et se
soumettre à une procédure stricte; à moins d'avoir un conseil
d'administration pour la frime qui se réunit de façon fictive.
Dell'Aniello et Perreault reprennent, pour l'essentiel, les
mêmes éléments soulevés par Laurin (1973) à l'effet que les PME
ont peu de ressources humaines, financières et managériales; le
temps étant pour elles la ressource la plus rare.
46
Selon ces mêmes auteurs, c'est ce contexte qui explique
que le conseil d'administration, auquel on a dévolu un rôle
légaliste en se modelant sur la grande entreprise, continuera
à opérer sans véritable rôle de planification à long terme dans
la majeure partie des petites entreprises.
Quant à eux, Koontz et O'Donnell (1980) étudient le
conseil d'administration de la PME sous l'aspect de délégation
de pouvoir. Ainsi, ils énumèrent certains pouvoirs que se
conservent les conseils d'administration:
Embauche du nouveau personnel pourtout ce qui excède 3 000 $ par mois;
Toute augmentation qui portera lesalaire d'un employé à plus de 3 000 $ parmois;
Congés au personnel: tout ce quiexcède 90 jours;
Services de consultations : tous lescontrats d'honoraires excédant 10 000 $;
Dépenses d'investissement etengagements: tout ce qui excède 100 000 $;
Applications de brevets, licences etaccords relatifs aux brevets: lespolitiques fondamentales;
Contrats avec les représentantscommerciaux : les clauses principales;
Cette enumeration n'est pas exhaustive et les auteurs
traitent essentiellement de certaines décisions administratives
non déléguées à des palliers inférieurs de l'organisation.
47
Dans une grande entreprise, il serait presqu'impossible pour le
président-directeur-général de gérer efficacement
l'organisation si le conseil d'administration n'acceptait pas
de déléguer plus de pouvoirs. Pour ne citer qu'un exemple,
pensons à l'embauche du nouveau personnel.
Dans son ouvrage bien connu, Mintzberg (1986) traite un
autre aspect de l'organisation dans son ensemble en présentant
les cinq parties de base: le centre opérationnel, la ligne
hiérarchique, la technostructure, les fonctions de support
logistique et le sommet stratégique. Mintzberg mentionne que
dans certaines organisations, le sommet stratégique comprend le
comité directeur, tandis que dans d'autres, il comprend le
conseil d'administration. Ainsi, Minztzberg reconnaît trois
rôles au sommet stratégique dont celui du développement de la
stratégie de l'organisation. Il explique que le sommet
stratégique est, parmi les cinq parties de l'organisation,
celle qui joue d'habitude le rôle le plus important dans la
formulation de la stratégie.
Pour revenir aux cinq parties de l'organisation, puisque
dans la petite entreprise, nous retrouvons fréquemment un seul
cadre au sommet stratégique, il nous semble difficile de
pouvoir délimiter les frontières des différentes parties, car
48
tel que nous l'avons vu précédemment, le propriétaire-dirigeant
y cumule ordinairement plusieurs fonctions.
Dans leur ouvrage, Koont2 et O'Donnell (1980) constatent
que même si la petite entreprise se trouve dans l'impossibilité
de mettre sur pied des départements fonctionnels complets, elle
peut, à maints égards, tirer profit de l'assistance de
spécialistes. La petite entreprise peut faire appel à son
conseil d'administration pour obtenir conseil et assistance.
D'autre part, Charbonneau (1988) souligne que le rôle
qu'assume le conseil d'administration, défenseur des
actionnaires (les propriétaires) face aux gestionnaires, est
pensé en fonction de ce qui se passe dans la grande entreprise.
Selon cet auteur, dans la PME, la propriété est d'un genre
particulier dans le sens que le patron ou sa famille immédiate
possède la totalité ou, à tout le moins, une bonne partie des
actions.
Toujours, selon Charbonneau (1988), dans les PME qu'il a
étudiées, le pouvoir exécutif est assumé le plus souvent par
une seule personne. Cet homme est à la fois président,
responsable des ventes et principal conseiller à la production.
Il n'a pas de conseillers "staff" contrairement aux cadres
oeuvrant dans la grande entreprise.
49
Roger Charbonneau (1986) poursuit dans le même sens
qu'Yvan Charbonneau en ces termes :
Lorsque l'entreprise est dominée parun homme, ce qui est le cas de ce qu'ondésigne habituellement comme PME, le rôledu conseil d'administration prend desdimensions plus larges que celles de lagrande entreprise.
La PME est l'affaire d'un homme quien est à peu près toujours le principal,sinon le seul actionnaire, qui la dirigeavec l'aide d'un ou deux cadres, qui prendseul toutes les décisions importantes etde qui l'expérience de gestion antérieureest habituellement celle d'un spécialiste(vendeur, production, finance).
Le p.d.g. est généralement unspécialiste qui fait face à des problèmesd'administration générale et à d'autresqui se présentent dans des spécialitésdifférentes de la sienne. (23)
L'étude du MICT, que nous avons précédemment cité,
mentionne également l'importance du rôle du conseil
d'administration et reprend essentiellement les tâches
proposées par les auteurs que nous avons aussi déjà cité
auparavant. Cependant, le MICT apporte un élément nouveau en
50
suggérant gue conseil d'administration interne n'est pas un
véritable conseil d'administration, mais plutôt un comité de
direction ou un comité de gestion. Poursuivant sa réflexion, le
MICT signale :
II n'appartient pas au comité defaire de la stratégie à long terme etd'évaluer la performance du patron. Demême façon, il n'appartient pas au conseild'administration d'étudier en détail lesétats financiers de l'entreprise ou derégler les problèmes quotidiens degestion.
Et il ajoute encore :
Un conseil d'administration ne doitpas s'enfermer dans sa tour d'ivoire etrefuser de regarder certains problèmes quine sont pas de son ressort. Si le patronest préoccupé par un problème particulierqui l'empêche de bien fonctionner et quelui et ses cadres ne trouvent pas desolution il devrait en discuter avec sesadministrateurs durant une réunion duconseil d'administration ou encore entreles réunions s'il y a lieu.
Le MICT aborde ensuite l'aspect du fonctionnement du
conseil d'administration en ces termes:
Pour ne pas se faire envahir par dessujets qui appartiennent à la direction,il serait bon de planifier l'ordre du jourdes réunions du conseil d'administrationde façon a ce que 20% du temps soitconsacré à résoudre certains problèmes et80% à parler de l'avenir. Il faudraittoujours se rappeler qu'un conseild'administration efficace est un conseilqui met l'accent sur la stratégie et nonpas sur les tactiques.
51
d'administration efficace est un conseilqui met l'accent sur la stratégie et nonpas sur les tactiques.
Il est toujours important pour unconseil d'administration de passer un peude temps à analyser les performances del'entreprise dans les grandes lignes, etce, dans le but d'évaluer la gestion et derecommander les changements quis'imposent.
Il sera difficile pour desadministrateurs de parler stratégied'entreprise, s'ils n'en ont pas uneconnaissance suffisante. Si laresponsabilité de préparer et d'analyserles états financiers appartient à ladirection, il incombe au conseild'administration de les critiquer.
Si la responsabilité de préparer etde soumettre des budgets appartient à ladirection, il incombe au conseild'administration de les critiquer et deproposer des changements. Il en va demême pour le plan marketing et les autresprojets comme l'expansion de l'entrepriseet les immobilisations.
Concernant les particularités du rôle du conseil
d'administration dans la PME, cette brève revue de littérature
nous permet de constater que la majorité des auteurs cités
reprennent sensiblement les mêmes termes pour quelques-uns des
concepts présentés. Et plus particulièrement Laurin (1970),
Charbonneau (1988), Mintzberg (1986), Koontz et O'Donnell
(1980), Miller (1985) et Dell'Aniello et Perreault (1982) qui
précisent tous la concentration des pouvoirs ainsi que le cumul
des fonctions. La problématique du manque de ressources est
aussi soulignée par ces auteurs. Que ce soit pour Koontz et
52
O'Donnell lorsqu'ils présentent l'état-major de l'entreprise ou
pour Mintzberg, lorsqu'il décrit les cinq parties de
l'entreprise ainsi que la structure simple.
En terminant notre survol du rôle du conseil
d'administration, nous présentons le tableau 5 qui nous offre
une vision globale de ce rôle tel que perçu par les différents
auteurs que nous avons consultés. Nous sommes en mesure de
constater que certains rôles spécifiques semblent prédominants.
La détermination des objectifs, l'approbation des principales
politiques ainsi que les activités relatives à la sélection,
rémunération et renvoi des cadres supérieurs sont régulièrement
formulés.
TABLEAU 5
ROLE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
53
ROLE
• Permanence à long terme
• Détermination des objectifs
• Approbations des principalespolitiques
• Approbation de la mission
• Décision de mise en application desobjectifs
• Sélection, rémunération et renvoides cadres
• Approbation des décisions majeures
AUTEURS
• Laurin• Charbonneau• Maurer
• Bergeron• Charbonneau• Koontz• Mace• Laurin
• Charbonneau• Charbonneau• Koontz• Bergeron• Laurin
• Bergeron
• Mace
• Charbonneau• Koontz• Drucker• Laurin• Bergeron
(1973)(1988)(1950)
(1986)(1988)(1967)
(1973)
(1986)(1988)(1967)(1986)(1973)
(1986)
(1988)(1967)(1975)(1973)(1986)
• Koontz & O'Donnell
• Gingras
• Laurin• Koontz• Charbonneau
(1980)(1980)
(1973)(1967)(1988)
54
TABLEAU 5 ( SUITE
ROLE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
ROLE
• Répartition des ressources
• Approbation des budgets et desdépenses en immobilisations
• Contrôle du résultat desopérations
• Disposition des profits et actifs
• Fusions, acquisitions
• Sauvegarde des intérêts desactionnaires
• Rapport aux actionnaires
* Agent de liaison auprès del'externe
AUTEURS
• Bergeron (1986)
• Laurin (1973)• Baker (1945)• Koontz & O'Donnell
(1980)• Charbonneau (1988)
• Laurin (1973)• Charbonneau (1986)• Koontz (1967)• Charbonneau (1988)
• Charbonneau (1986)• Koontz (1967)• Charbonneau (1988)
• Charbonneau (1986)• Koontz (1967)• Charbonneau (1988)
• Charbonneau (1988)• Bergeron (1986)
• Charbonneau (1986)
• Bergeron (1986)• Gingras (1980)• Charbonneau (198 6)• Mintzberg (1986)
55
4.3 ASSUMATION DU ROLE DANS LA PME
Après avoir passé en revue le rôle dévolu au conseil
d'administration de la PME, il serait intéressant de
s'interroger sur l'assumation de ce rôle pour ce type
d'entreprise. A ce sujet, Charbonneau (1988) souligne la
mauvaise utilisation que fait la PME du conseil
d'administration, le rôle de celui-ci étant mal défini.
Également, dans une étude réalisée en 1981 pour le compte
de l'Office de Planification et de Développement du Québec,
Paul Dell'Aniello et Yvon Perreaut de l'UQAM ponctuaient cette
évidente nécessité.
L'examen des principales fonctionsd'un conseil d'administration nous révèleque si l'on avait l'intention degénéraliser l'utilisation de cet outiladministratif à la PME, il faudrait luifaire subir des modifications profondes.
Le président-directeur-général peut être impliqué dans les
problèmes opérationnels à un point tel qu'il néglige les
considérations stratégiques. Nous avons précédemment insisté
sur les constatations de Dell'Aniello à l'effet que le PDG ne
peut assumer la tâche de planification stratégique.
56
Robidoux (1980), abondant dans le même sens, indique que
le chef d'entreprise qui analyse systématiquement les forces et
les faiblesses de son entreprise et qui anticipe les problèmes
qui se présenteront en cours de route est probablement
l'exception chez les dirigeants de petites entreprises au
Québec présentement.
Mintzberg (1986), décrivant la structure simple qui est
celle de la plupart des PME, mentionne que les décisions
stratégiques, managériales et opérationnelles peuvent être
étroitement coordonnées puisqu'un seul individu les contrôle
toutes de près. Il relance aussi que la formulation de la
stratégie reste l'apanage du directeur général. Elle tend à
être intuitive, très peu analytique, nourrie par l'incertitude
et orientée vers la recherche agressive des opportunités.
Mintzberg évoque qu'il n'est donc pas surprenant de voir que la
stratégie qui en résulte est rarement exprimée de façon
explicite et qu'elle reflète la vision implicite du directeur
sur la place de l'organisation dans son environnement. En
fait, cette stratégie est la plupart du temps une extrapolation
directe de ces convictions personnelles, une extension de sa
propre personnalité.
57
Miller (1985) reprend sensiblement les mêmes termes que
Mintzberg lorsqu'il situe l'entrepreneur par rapport aux
décisions stratégiques.
Renforçant cette position, une récente étude du Ministère
d'Industrie et Commerce constate que la mise sur pied d'une
nouvelle entreprise ne permet pas toujours de penser à long
terme. Le nouveau propriétaire a trop d'affaires à régler et
n'a pas l'argent pour engager des cadres supérieurs à qui il
pourrait déléguer certaines responsabilités. Graduellement,
l'entreprise connaît des succès et le propriétaire est sûr
alors d'avoir trouvé la formule gagnante et il semble peu
s'inquiéter du long terme. Il s'est toujours fié à son
intuition d'homme d'affaires et cela réussit.
Le contenu de l'article paru dans la revue Commerce Canada
conclue également de cette absence de planification en ces
termes :
Les chefs d'entreprise ont toujoursdu pain sur la planche. Il faut résoudreles problèmes d'aujourd'hui, achever lestravaux entrepris la semaine dernière etplanifier ceux de la semaine prochaine.La majorité des gens d'affaires ne songepas à l'avenir et néglige de la planifier.En fait, pour la plupart d'entre eux,planification à long terme signifie lasemaine prochaine, et planification àcourt terme, ce soir.
58
Le propriétaire de la petiteentreprise consacre son temps à régler unemultitude de problèmes corporatifs. Iln'a pas le temps de s'asseoir et deregarder à plus long terme et d'écouterdes gens de l'extérieur. (24)
En ce qui a trait à l'assumation du rôle du conseil
d'administration, dans le document cité ci-haut, le MICT
signale que très peu de PME consacrent suffisamment de temps et
d'efforts à penser et planifier leur avenir. Au contraire, la
plupart des propriétaires de PME passent leurs journées, sinon
leurs soirées et leurs fins de semaine à régler des problèmes
courants et des urgences. Plus spécifiquement des problèmes
techniques, de finance, de ventes, de marketing ou encore des
problèmes de relations humaines.
Explorant un autre aspect du rôle du conseil
d'administration, Charbonneau (1988), que nous avons déjà
évoqué, exprime le fait que le propriétaire-dirigeant de la PME
joue le rôle de l'homme-orchestre, possédant la grande
majorité, sinon la totalité des parts. Toujours selon
Charbonneau, dans un tel contexte, le conseil d'administration
peut difficilement défendre les intérêts des actionnaires
auprès de la direction de l'entreprise, car les uns et l'autre
se confondent.
(24) Durer ou planifier; y avez-vous songé? Commerce Canada,novembre 1983; in, The Family in business, de Frank Butrick,d'Akron, Ohio.
59
La première partie de notre revue de littérature nous a
permis de se familiariser avec le rôle dévolu au conseil
d'administration par le législateur. Nous avons constaté qu'en
ce qui concerne ce rôle en management, dans son ensemble, on
s'en tient aux généralités. La littérature est plus explicite
quand il s'agit des relations avec les actionnaires et du
fonctionnement du conseil d'administration.
Cette même partie de recherche nous a de plus permis
d'établir que les auteurs en management sont peu loquaces sur
le rôle légal du conseil d'administration. Ils le présentent
cependant de façon exhaustive en insistant sur la gestion
globale, sur les objectifs, la stratégie et le contrôle.
Nous pouvons aussi voir que peu d'auteurs présentent un
contenu particulier quant au rôle du conseil d'administration
dans la PME. Ils constatent plutôt une différence par rapport
a la grande entreprise sans y ajouter, pour l'essentiel, de
nouveaux concepts. Cette différence se situe surtout au niveau
de l'assumation du rôle normalement dévolu au conseil
d'administration dans la grande entreprise. Plusieurs auteurs
soulignent que certains de ces rôles ne sont pas assumés par le
conseil d'administration de la PME. A ce sujet, Charbonneau
(1988) mentionnait que le rôle de protection des intérêts des
actionnaires minoritaires peut être difficilement assumé par le
60
conseil d'administration dans la PME. Pour sa part, Laurin
(1973) révèle que les contacts du dirigeant de la PME avec le
monde extérieur sont limités. Également, plusieurs auteurs tels
que Laurin (1973), Robidoux (1980), Dell'Aniello (1981),
Mintzberg (1986), Miller (1985), Auger (1981) et Dell'Aniello
et Perreault (1982), insistent sur le fait que le rôle de
planification à long terme ainsi que celui de l'élaboration de
stratégie ne sont pas assumés dans la PME.
Autant notre revue de littérature que notre vécu nous
permettent de conclure que la plupart des rôles normalement
dévolus ne sont pas adéquatement satisfaits par le conseil
d'administration, entre autre celui de la planification
stratégique. Nous partageons l'opinion de Dell'Aniello (1981)
à l'effet que le conseil d'administration dans la PME ne pourra
être efficace à moins qu'on lui fasse subir d'importantes
modifications. Cette constatation nous a incité à poursuivre
nos recherches ainsi que notre réflexion afin de vérifier si
certains de ces rôles n'étaient pas assumés par des personnes
ou organismes externes.
61
4.4 Le conseil d'administration et les administrateurs
externes
Lors du passage de petite à moyenne entreprise,
l'entrepreneur a besoin de compétences administratives parmi
ses employés et d'expertise externe, car souvent il n'a pas les
compétences requises pour gérer le développement.
Sans être une panacée, la formation du conseil
d'administration ou l'élargissement de ce dernier (s'il existe
déjà) peut, dans certains cas, pallier à cette lacune. Nous
savons cependant que le conseil d'administration ne s'impose
pas même si la loi exige que les PME publiques s'en constituent
un. En effet, l'imposition d'un conseil peut créer des tensions
et provoquer un ralentissement des activités de l'entreprise.
Pour éviter la formation d'un "conseil-bidon", il importe de
bien choisir ses membres. En effet, les rôles des
administrateurs doivent être définis en fonction des besoins
précis du dirigeant. Ces compétences peuvent provenir de
l'intérieur ou de l'extérieur, ou des deux. Toutefois, la
formule mixte est privilégiée par de nombreux organismes.
62
Ainsi, le conseil d'administration devient une tribune de
discussions qui donne également la parole aux gens de
l'entreprise. Cela crée alors une synergie entre la gestion
interne et la gestion stratégique. Le conseil d'administration
permet aussi de briser l'isolement que croient vivre les PME.
Le dirigeant d'entreprise doit chercher des compétences
complémentaires à celle de son équipe, des membres qui feront
profiter l'entreprise de leurs connaissances, de leur expertise
et de leur disponibilité.
A notre avis, dans le cas des PME, il est inutile de
penser aux "poids lourds" fort demandés pour siéger dans les
conseils des grandes compagnies, ils ne sont pas disponibles et
les PME n'ont pas de toute façon les moyens de se les
attacher. Il s'agit plus d'identifier les nombreuses personnes
qui veulent s'impliquer dans les affaires, qui veulent jouer un
rôle économique et social, participer à l'émergence d'une
entreprise et être associée à son succès.
C'est en ce sens que le Ministère d'Industrie et du
Commerce et de la Technologie du Gouvernement du Québec
favorise la venue de personnes-ressources extérieures à
l'entreprise. Ces personnes-ressources aideront l'entreprise
dans sa croissance et dans la recherche de solutions aux
problèmes importants. D'ailleurs, avec l'arrivée de ces
63
personnes, le MICT prévoit pour le conseil un rôle semblable à
celui de la grande entreprise en terme de planification, de
contrôle, de développement et de stratégie.
D'autres alternatives peuvent être considérées par le
propriétaire-dirigeant de la PME qui percevra normalement le
fonctionnement du conseil d'administration comme trop lourd ou
trop rigide. Ces alternatives sont un élément de réflexion
fort intéressant dans le contexte de la présente recherche.
Les prochaines sections développeront quelques-unes de ces
solutions.
4.4.1 Le comité-conseil
A ce sujet, dans un article intitulé "Le comité-conseil:
un outil pour passer de petite à moyenne entreprise", paru dans
la publication "Management", Dell'Aniello favorise la création
d'un comité-conseil, qu'il nomme le "comité de sages" de la
gestion, là où la PME ne peut avoir de conseil
d'administration. Ce comité-conseil est composé de personnes-
ressources qui partagent leur expérience avec le dirigeant
d'entreprise. Les conseillers complètent ainsi les points
faibles administratifs et fournissent des expertises
64
complémentaires. Le comité-conseil a l'avantage d'éviter la
bureaucratie et les coûts entraînés par un véritable conseil
d'administration.
4.4.2 Le Groupement Québécois d'entreprise
Nous avons également parcouru avec grand intérêt la
publication préparée par le Groupement Québécois d'Entreprises.
(25) Cet organisme regroupe plus de 550 chefs de PME au Québec.
Pourquoi un tel intérêt pour cet ouvrage publié en 1987? Parce
qu'il s'agit d'une réflexion sur la formation d'un conseil
d'administration adaptée aux besoins et aspirations actuels des
chefs de PME.
Ce travail s'inspire d'une expérience particulière de
rassemblement de dirigeants de PME (l'expérience du Groupement
Québécois d'Entreprises) et propose une vocation de conseil
d'administration qui soit attirante pour le chef. De nombreux
65
chefs d'entreprise témoignent de leur vécu quant à leur
décision d'élargir leur conseil d'administration en s'associant
des administrateurs de l'externe. Voici quelques extraits de
leur témoignage:
II fallait nous organiser,restructurer l'entreprise et planifier àlong terme. Nous avons donc pensé àformer un conseil pour la planification etune supervision que nous n'avions ni letemps, ni les connaissances ou, peut-être,même le goût de faire. Il nous fallaitcompenser nos faiblesses.
Le conseil oblige à planifier.Prendre des décisions est facile, maisquand on est débordé et qu'il faut prendreles décisions importantes qui concernentl'expansion de l'entreprise, on les prendn'importe comment.
4.4.3 Le concept du parrainage
Le système de parrainage qui permet à une jeune PME
d'utiliser les conseils des gestionnaires d'une grande
entreprise peut se substituer, avantageusement dans certains
cas, au concept de comité-conseil. Il est sans doute
intéressant de faire un bref survol de ce concept.
Constatant le taux d'échec important dans la région
métropolitaine, certains intervenants du milieu des affaires
ont implanté un système de parrainage, destiné aux PME les plus
prometteuses en leur fournissant des outils de gestion pouvant
répondre à leurs besoins. L'idée de base consiste à jumeler
66
une grande et petite entreprise afin de permettre à cette
dernière de profiter des conseils de son "tuteur" dans les
secteurs qui l'intéressent, que ce soit en marketing, en
gestion ou autres.
Il s'agit d'un service gratuit offert par certaines
grandes entreprises. Il est trop tôt pour évaluer de façon
précise les retombées d'un tel programme, mais aux dires des
participants, c'est fort prometteur. De plus en plus
d'organismes, dont la mission est de contribuer financièrement
au lancement ou expansion de la PME, favorisent cette approche.
Le sondage effectué par la Chambre de commerce de
Montréal, que nous avons précédemment indiqué, s'est intéressé
à ce concept de parrainage. Ainsi, ce sondage révèle que 20%
des entreprises sondées disent avoir un parrain, c'est à dire
une personne d'expérience qu'ils consultent lorsqu'ils en ont
besoin, 74% d'entre eux disent le faire pour éviter des
erreurs, 94% l'ont choisi pour son expertise, son expérience et
ses contacts, 94% sont très ou assez satisfaits de l'aide reçue
de leur parrain et finalement, 56% des entreprises qui n'ont
pas de parrain disent qu'elles n'en ont pas parce qu'elles n'en
connaissent pas.
67
4.4.4 Conclusion
Que ce soit au niveau de l'élargissement du conseil
d'administration, de la formation d'un comité-conseil et de
l'adhésion au système de parrainage, ces expériences n'en sont
qu'à leur début et un très faible pourcentage de PME est
intégré à l'une ou l'autre des formules.
Maintenant, revenons à la première hypothèse exposée dans
ce travail:
Un conseil d'administration inefficace constitue une
cause importante qui explique l'absence de
planification stratégique dans la PME.
Pour la grande majorité des PME, l'ensemble du rôle du
conseil d'administration n'est pas assumé. L'inefficacité de
l'assumation des fonctions managériales telles que la
planification, la politique salariale, l'embauche du personnel
cadre et les dépenses majeures d'investissement est évidente.
D'après tous les auteurs et tous les ouvrages que nous
avons consultés et cités, d'après nos réflexions et
questionnement par rapport à cette recherche et d'après nos
nombreuses années d'expérience dans ce domaine, nous pouvons
68
conclure que notre hypothèse n'est pas infirmée. Nous
enchaînons donc immédiatement avec la réflexion concernant
notre deuxième hypothèse.
CHAPITRE V
PROBLEMES DE SOUS CAPITALISATION DANS LA PME
70
CHAPITRE V
PROBLEMES DE SOUS CAPITALISATION DANS LA PME
De nombreux auteurs en management apportent la
problématique de la sous-capitalisation des PME. La mise de
fonds étant faible, l'entreprise ne possède pas de ressource
financière suffisante pour contrer les difficultés imprévues en
plus d'assumer un service de la dette souvent lourd. Le
propriétaire-dirigeant d'une PME est généralement seul à
assumer les risques financiers de l'organisation alors que ses
biens personnels sont souvent exigés en garantie des emprunts
consentis par les institutions prêteuses.
Ainsi, la restructuration des dettes peut poser un
problème sérieux lorsque les propriétaires-dirigeants ont
épuisé leurs ressources financières personnelles et toutes les
possibilités de garanties. En effet, la solution d'un
investissement provenant d'une source externe, telle que de
nouveaux associés, n'est pas toujours de nature à plaire aux
propriétaires-dirigeants puisqu'ils sont souvent soucieux de
conserver leur pouvoir et leur indépendance.
71
En effet, il n'est pas rare que le propriétaire-dirigeant
de la PME refuse toute possibilité de s'associer avec des
investisseurs privés. Cela lui permettrait pourtant d'alléger
la structure de capital de son organisation et de diminuer sa
dépendance envers les institutions prêteuses.
5.1 Quelques statistiques sur la PME
Une récente étude du ministère québécois de l'Industrie,
du Commerce et de la Technologie révèle que le capital de
démarrage de la PE se situe à 22 700 $ chez les hommes, à 11
300 $ chez les femmes et à 12 817 $ chez les jeunes. Notre
expérience auprès des propriétaires-dirigeants nous a également
permis de constater que pour plusieurs d'entre eux, il ne
s'agit pas nécessairement de capitaux sous forme de liquidité,
mais bien d'actifs immobilisés transférés à l'entreprise tel
que matériel roulant ou système informatique dont la valeur
marchande n'est pas nécessairement établie rigoureusement.
Un sondage publié récemment par la Chambre de Commerce de
Montréal dévoile des éléments fort intéressant quant au capital
de démarrage des petites entreprises. Dans un premier temps,
nous apprenons que 29% des petites entreprises ne possèdent pas
d'épargne personnelle, 40% des entrepreneurs ont recours au
financement des institutions financières et 30% bénéficient
72
d'argent provenant de parents et d'amis. Enfin, 23% des
petites entreprises sont lancées avec de l'argent des
gouvernements. Ce sondage réalisé auprès de 2000 PME révèle
également que le principal problème de 64% de celles-ci
consiste en la difficulté de trouver l'argent nécessaire à la
bonne marche de l'entreprise.
Les entreprises sondées sont de petites entreprises; près
de 80% d'entre elles avaient un chiffre d'affaires de moins de
500 000 $ au moment au moment du sondage et seulement 9%
d'entre elles avaient plus de 20 employés.
Les responsables du programme expérimental de création
d'emplois communautaires (PECEC) ont récemment publié des
chiffres concernant la structure de capital des PME
subventionnées. Ce programme gouvernemental supporte la PME
québécoise en offrant un "dernier coup de pouce" de subvention.
Il était administré par l'Office de Planification et de
développement du Québec. De novembre 1977 à février 1984, 1538
projets répartis à travers toutes les régions administratives
de la province ont été subventionnés par l'intermédiaire de ce
programme.
73
En analysant, le sommaire des projets, il est intéressant
de constater que la mise de fonds des promoteurs constitue
seulement 24% de l'ensemble du projet alors que les
institutions financières y contribuent pour 45%.
Quant aux mises de fonds des propriétaires-dirigeants, le
contenu de l'étude ne donne pas l'information sur la proportion
provenant de liquidités investies par le propriétaire-dirigeant
ou encore de transferts d'actifs immobilisés. Cet élément
présente un intérêt particulier, car une mise de fonds sous
forme d'actifs immobilisés ne contribue pas nécessairement à un
bon équilibre du fonds de roulement et, tel que souligné
précédemment, nos nombreuses constatations nous permettent de
croire que ces actifs sont fréquemment évalués de façon
arbitraire au bénéfice du promoteur... Le contenu de l'étude
est également muet quant au nombre de projets déclinés parce
que le requérant ne rencontrait pas les exigences minimales
quant à la mise de fonds.
74
5.2 Difficultés vécues par la PME sous-capitalisée
Plusieurs entrepreneurs "partent petit" soient par crainte
ou par impossibilité de s'endetter. Ils disposent de capitaux
limités, alors ils démarrent une petite affaire qu'ils