Post on 07-Jun-2021
Tours de Babel
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Espace pédagogique Côté Cour -Château de Lunéville – château des Lumières
Dossier pédagogique
Du Zhenjun
Exposition proposée par le CRI – château de Lunéville – 5/12/14 au 25/01/15
Né le 12 mars 1961 à Shanghai, en Chine
Il vit actuellement en France
1975-1978: Diplôme de l'institut des arts et métiers de Shanghai.
1984-1986: Diplôme de l'école des beaux-arts de L'Université de Shanghai. Sculpture
sur jade
1986-1991: Professeur à L'école des beaux-arts de L'Université de Shanghai.
1998-1999: Master à l’école régionale des Beaux-Arts de Rennes, « Espaces
numériques »
Il est connu pour ses installations interactives contemporaines et ses réalisations
scénographiques.
La série de photomontages de l’artiste Du Zhenjun revisite le mythe de la tour de
Babel en transposant le récit biblique à notre monde contemporain gagné par
l’urbanisation intensive, la pollution et la surmédiatisation.
Des fragments d’images hétéroclites puisés sur le web sont décontextualisés et
juxtaposés afin de révéler des tours de Babel dystopiques.
Les œuvres questionnent les idées de construction/déconstruction,
d’utopie/contre-utopie ou dystopie, d’information/désinformation….
Elles permettent d’innombrables prolongements pédagogiques sur les plans
sémantiques et/ou formels et/ou techniques.
Tours de Babel
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Espace pédagogique Côté Cour -Château de Lunéville – château des Lumières
Dossier pédagogique
1- Origine biblique de la Tour de Babel – significations symboliques
L’histoire de la tour de Babel est un épisode biblique rapporté dans la Genèse (11 : 1 – 9). Après le Déluge, les hommes s’arrêtent
dans la vallée de Shinéar pour édifier une tour, la tour de Babel (Babel signifiant « porte du ciel »), dont le sommet atteindrait les
cieux. Ils parlent alors tous la même langue. En construisant cette tour, les Hommes tentent de s’élever démesurément et de
dépasser ainsi leur condition humaine. Dieu interrompt leur prétentieux projet en détruisant la tour et en brouillant les langues. Les
hommes ne se comprennent plus et sont dispersés sur toute la surface de la Terre. La tour inachevée est alors appelée Babel. Le
récit biblique fonctionne comme un mythe en amenant une explication à la multiplicité des langues et à la dispersion des peuples sur la
terre. Il peut également être interprété comme le danger de la connaissance, vue comme un défi à Dieu, ou la nécessité d’une langue
commune pour la réalisation d’un grand projet.
La tour de Babel s’inscrit dans la thématique de l’Utopie et pointe les relations très étroites qu’entretiennent l’utopie sociale et
l’architecture.
Le nom de Babel, ou Babylone, désigne la ville où fut érigée la fameuse tour évoquée dans la genèse. La ville, ainsi qu’une tour, ont
réellement existé trois millénaires avant Jésus-Christ sur le site antique mésopotamien (Irak) de Babylone. La tour située à Babylone (à
quelques kilomètres de l’actuel Bagdad) était une ziggurat (édifice religieux mésopotamien à étages) dédiée au dieu Mardouk. A l’origine
haute de sept étages, il ne subsiste plus rien de l’édifice hormis son empreinte au sol.
« Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar
et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit
de mortier. Ils dirent : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur
toute la terre ! Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : Voici que tous font un seul peuple et parlent
une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons
leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres, Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi
la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la
terre ». (Genèse, 11, La Bible de Jérusalem)
Tours de Babel
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2- Représentation de la tour de Babel – les influences
A la Renaissance, les artistes se réfèrent à l’Antiquité et empruntent le répertoire formel de
cette période. La représentation de la tour de Babel s’inspire :
- de la ziggurat de Babylone (tour existante IIIème millénaire avant JC), décrite dans les
écrits d’Hérodote comme une tour à base carrée de sept étages autour de laquelle un
escalier s’enroule en spirale (reconstitution).
- du colisée
- mais aussi de la tour Malwiya, tour d’une mosquée du IXème siècle qui n’a pas de rapport
avec la cité antique de Babylone.
La forme de la tour de Babel s’inspire dès la Renaissance de ces sources diverses, projection
fantasmée d’une tour idéalisée.
Au XXème siècle, le mythe de la tour de Babel, perçu comme une utopie sociale, est considéré par
certains comme une utopie totalitaire (contre-utopie ou dystopie). Les liens étroits entre langue et
pouvoir développent une réflexion qui mène à interpréter l’épisode biblique de la tour de Babel comme
une chance offerte aux Hommes, celle d’échapper à une langue unique et de s’enrichir du
multilinguisme. Le mythe symbolise alors un mode de pensée totalitaire qui exclut la diversité et
l’altérité.
Tours de Babel
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3 - Représentation de la tour de Babel – exemples arts plastiques – arts appliqués
1. Construction de la tour de babel, Heures du maître du duc de Bedford, XV ème siècle : la base est carrée et la tour s’apparente donc à la ziggurat de Babylone. Le rapport
d’échelles n’est pas respectée comme sur toute représentation médiévale.
2. La tour de Babel, Bruegel l’Ancien 1563 : la forme s’inspire du Colisée de Rome. Bruegel représente les tailleurs de pierre habillés comme des flamands du XVIème siècle. Les
tailleurs de pierre se prosternent devant Nimrod (premier roi après le déluge) accompagné de l’architecte.
Seule cette attitude replace la scène (dans un cadre très occidental) dans un contexte oriental. De nombreuses interprétations ont mis en parallèle l’épisode biblique et la
situation politique des Flandres au XVIème siècle.
3. La tour de Babel, Bruegel l’Ancien 1563
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Histoire des arts
Arts visuels
Peinture
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4. La Tour de Babel, artiste flamand, fin XVIème siècle. La tour Malwiya sert de référence.
5. La Confusion des langues, Gustave Doré (1865-1868) : l’accent est mis sur une des portées symboliques du mythe.
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Histoire des arts
Arts visuels
Peinture
Le moment choisi de la
représentation est
important pour toute
interprétation.
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Bien qu’il n’ait jamais été réalisé, le monument à la Troisième –
Internationale (1919-1920) est l’œuvre la plus importante de l’artiste
constructiviste Vladimir Tatline.
Fortement inspiré par la Tour de Babel non freinée dans sa
construction et donc aboutie dans sa forme et sa fonction, le
monument annonce le triomphe de la révolution et la réconciliation de
toutes les nations unies sous la bannière du communisme. Le
monument devait se trouver à Saint-Pétersbourg (alors Petrograd)
et aurait servi de quartiers généraux du Komintern. Elle devait être
construite avec des matériaux industriels comme l’acier, le verre et
le fer, et devenait ainsi l’étendard de la modernité. A la base de la
spirale était prévu un cube rotatif destiné aux réunions.
Tatline s’empare d’un symbole biblique pour l’adapter à la volonté
hégémonique du communisme….
Hommage à Tatline, installation – néons,
Dan Flavin, 1966-1969
Sofa Tatlin, Roberto Semprini et Mario
Cananzi, 1969
Histoire des arts
Arts de l’espace
Arts visuels
Installation
Arts du quotidien
Tours de Babel
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Métropolis le film réalisé par Fritz Lang en 1926 est une œuvre d’anticipation qui décrit le
fonctionnement d’une ville marquée par le gigantisme. Le siège du pouvoir est appelée « la
nouvelle tour de Babel ». Les ouvriers qui construisent la tour vivent sous terre. Elle est alors
clairement définie comme la tour maudite.
Dans le film de Fritz Lang, le mythe de la tour de Babel fonctionne comme une contre-utopie,
symbole d’une ambition démesurée qui se construit sur la base d’inégalités sociales.
Eric de ville, la Tour de Bruxelles,
photographie, 2008
Marta Minujin, Tour de Babel aux trente
mille livres, Plaza San Martin, Argentine,
installation éphémère (mai 2011) à l'occasion
de l'élection de Buenos Aires comme capitale
mondiale du livre 2011 par l'UNESCO.
Histoire des arts
Arts visuels
Cinéma,
Photo
Installation
Tours de Babel
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Dossier pédagogique
Babel, bibliothèque double-face,
Mario Mazzer, 2010.
Babel, Adam et Harborth
Théière, Ettore Sottsass, 1972
Babel, vase modulaire, Guillaume Bardet, 2010
Babell, coupelles empilables, The Sevenhints designer, Koziol
Hormis l’exemple de la
bibliothèque, les designers n’ont
souvent retenu de la référence à
la tour de Babel (référence
clairement explicitée par le titre)
que l’aspect formel.
La tour est montrée terminée
mais l’idée de la construction est
souvent montrée par la notion de
modularité.
Histoire des arts
Arts du quotidien
Design de produit
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Histoire des arts
Arts de l’espace
Architecture
Arts visuels
Installation vidéo
Le parlement européen de Strasbourg,
conçu par l’architecte Rodo Tisnado, associé
d’AS Architecture-studio en 1999, révèle, tant
par sa structure formelle extérieure que par
certains détails à l’intérieur, une influence
marquée à la tour de Babel. La référence
symbolique d’idéal politique construit par
l’ensemble des nations européennes rejoint la
référence formelle de par la fonction du
bâtiment.
Nam June Paik, The More, the Better, 1988.
Pour les Jeux Olympiques de Séoul, Nam June Paik
érige une tour de 1 003 écrans qui questionne l'orgie
médiatique.
Considéré comme le père de l’art vidéo, Nam June Paik
mêle images et sons à travers des installations qui
interrogent le pouvoir des images.