Thanksgiving, célébrer la reconnaissance comme une fête

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Transcript of Thanksgiving, célébrer la reconnaissance comme une fête

par l’équipe de catéchèse du projet « Son et Lumière »

pour la célébration des 500 ans du Protestantisme en France.

Thanksgiving

CÉLÉBRER LA RECONNAISSANCE

COMME UNE FÊTE

NB: Chaque diapo apparait d’abord sans le texte correspondant à l’illustration, puis le texte et l’illustration sont associés sur la diapo suivante.

Pour ceux qui souhaitent présenter le contexte historique à l’aide d‘un kamishibaï, il vous faudra imprimer ces illustrations « sans texte » au format du kamishibaï. pour être montrées aux enfants.

Quant aux pages « avec textes » elles seront imprimées pour les besoins de l’animateur pour l’aider à raconter les faits liés au contexte historique.

Soulèvements religieux en Angleterre

Moins d’un siècle avant que les pèlerins traversent l’Atlantique, l’Angleterre est catholique. Le roi Henri VIII détient le titre papal de Défenseur de la foi. Mais la situation commence à changer à partir du moment où le pape Clément VII lui refuse l’annulation de son mariage avec Catherine d’Aragon, la première de ses six femmes.Henri VIII cherche donc une solution pour démêler ses problèmes matrimoniaux.

Pendant ce temps, la Réforme protestante secoue l’Église catholique dans presque toute l’Europe. Au début, ne voulant pas perdre le prestige que l’Église lui donne, le roi empêche l’entrée des Réformateurs en Angleterre. Puis, comme l’Église refuse d’annuler son mariage, il décide à son tour d’“annuler” l’Église. En 1534, il décide donc d’abolir l’autorité du pape sur les catholiques anglais et se proclame « chef suprême de l’Église d’Angleterre ». Dans la foulée, il ferme les monastères et vend leurs vastes terres. Quand il meurt en 1547, l’Angleterre est en train de devenir une nation protestante.

Peu à peu certains de ces protestants se singularisent sur des questions liturgiques en refusant l’agenouillement, le signe de croix, les vêtements sacerdotaux. A ce stade, les puritains ne critiquent ni le pouvoir royal ni la hiérarchie de l’Eglise : ils ont le sentiment d’être des « godly », des saints, qui réformeront l’Eglise d’Angleterre grâce à leur intense religiosité et leur appel à la conversion. Comme ils veulent « purifier » le culte de l’Église, c’est ce qui leur vaudra l’appellation de «Puritains» par Thomas Stapleton, un pamphlétaire catholique, qui est le premier à appliquer ce terme pour désigner ces protestants exigeants.

Sociologiquement, les puritains se recrutent parmi les membres du clergé, les universitaires, la noblesse rurale ou la bourgeoisie commerçante et l’artisanat urbain. Le mouvement reste minoritaire et fait l’objet de vives critiques. Certains puritains se radicalisent et demandent la fin de l’épiscopat. Théologiquement, ils restent fidèles à la définition calviniste de la prédestination tandis que l’Eglise d’Angleterre adopte l’arminianisme (version atténuée de la prédestination calviniste)

En 1572 la première admonestation au parlement marque l’apparition officielle du mouvement puritain. Mais il faut attendre 1604 avec le « millenary petition » pour voir la première synthèse des revendications puritaines : abandon de certaines pratiques (rites, tenues), des sermons plus longs, des évêques sans bénéfice et sans pouvoir d’excommunication, le respect du jour de repos…

Édouard VI, le fils d’Henri VIII, entretient le schisme / la séparation avec Rome et favorise la diffusion du protestantisme dans le royaume. À sa mort en 1553, Marie Tudor, fille catholique d’Henri VIII par Catherine d’Aragon, n’est pas sitôt intronisée qu’elle tente de réimposer le papisme à la nation.

Marie Tudor force de nombreux protestants à l’exil et en fait périr plus de 300 sur le bûcher, ce qui lui vaut le surnom de « Marie la Sanglante ». Mais elle ne réussira pas à endiguer la vague du changement. Quand elle disparaît en 1558, sa demi-sœur Élisabeth I, qui lui succède, fait en sorte que le pape n’ait désormais plus son mot à dire dans la vie religieuse anglaise.

De leur côté, certains protestants trouvent que la séparation d’avec l’Église romaine ne suffit pas : pour eux, tout vestige du catholicisme doit disparaître. Certains puritains jugent même que l’épiscopat est inutile: pour eux, chaque congrégation doit se diriger seule, séparée de l’Église nationale. C’est pourquoi on les nommera les « Séparatistes ».

Comment est né ce mouvement séparatiste? Il apparait sous le règne d’Élisabeth I pour deux raisons majeures. En effet, en 1564, irritée du relâchement dans l’habillement de certains ecclésiastiques, la reine ordonne à l’archevêque de Cantorbéry de leur imposer un code vestimentaire. Pressentant un retour aux vêtements liturgiques des prêtres catholiques, certains puritains refusent de s’y plier. Ils remettent également en cause la vieille hiérarchie des évêques et des archevêques car Élisabeth I, ayant conservé l’épiscopat, exige désormais que les évêques lui prêtent serment en tant que chef de l’Église.

De séparatistes à pèlerins

Jacques I, qui succède à Élisabeth I en 1603, est inflexible avec les séparatistes. C’est pourquoi, en 1608, une congrégation de Scrooby s’enfuit en Hollande, terre d’accueil qui offre plus de liberté. Et puis, avec le temps, les séparatistes se trouvent finalement moins à l’aise dans leur nouveau pays qu’ils ne l’étaient en Angleterre, car la Hollande est extrêmement tolérante vis-à-vis des autres religions et de leurs mœurs parfois relâchées.

Progressivement l’idée de partir pour les Amériques fait son chemin. Elle se développe parmi les puritains en Angleterre mais aussi chez ceux qui sont allés trouver refuge aux Pays-Bas comme ceux qui entourent John Robinson à Leyde en 1609. Si ce dernier, malade, ne partit pas aux Amériques, certains membres de sa communauté comme William Bradford qui devint gouverneur de la colonie de Plymouth plantation rejoignent le Mayflower en partance pour le Nouveau Monde. Ils décident donc de quitter l’Europe pour élire domicile en Amérique du Nord. Leur volonté de partir loin de chez eux pour leurs croyances leur vaudra finalement l’appellation de « Pèlerins ».

William Bradford, qui deviendra le premier gouverneur de la colonie de Plymouth

Parmi les pèlerins, 102 enfants et adultes (dont beaucoup de séparatistes) s’embarquent à bord du Mayflower depuis la ville de Southampton puis de Dartmouth et enfin Plymouth le 16 septembre 1620.

Ils embarquent en direction de la Virginie, où Sir Walter Raleigh avait fondé une colonie britannique dès 1607, permettant la mise en place de compagnies commerciales qui développent des échanges avec l’Angleterre.

La traversée de l’Atlantique dure deux mois. Les conditions de voyage sont souvent difficiles à cause d’une mer houleuse qui les oblige à accoster premièrement au Cap Cod, à des centaines de kilomètres au nord de la Virginie, et qu’ils rebaptisent Plymouth Rock.

Le 21 novembre 1620 (11 novembre selon le calendrier julien), quelques jours avant de débarquer (le 26 novembre 1620), l'ensemble des passagers au nombre d'une centaine, signent un pacte à l'instigation de 35 d'entre eux, des protestants anglais très pieux, qui ont fui les persécutions de leur roi Jacques Ier : les « Pilgrim Fathers » (Pères Pèlerins).

Ce pacte, connu sous le nom de « Mayflower Compact » (Pacte du Mayflower) édicte les règles de leur vie en commun et les principes qui régiront leur futur établissement en terre inconnue (en fait, la future colonie de Plymouth). Par ce contrat ils s’engagent à respecter des « lois justes et équitables », une stricte observance de la foi et du culte calviniste, une vie communautaire intense ainsi qu’une discipline morale et sociale sans faille. C’est en fait la constitution de la nouvelle colonie qui jette les bases d’une démocratie locale et le respect des croyances de chacun. Ce document demeure l'une des sources de la pratique démocratique américaine.

C’est le 21 décembre qu’ils atteignent finalement la baie de Plymouth où ils établiront plus tard la Colonie de Plymouth (baptisée alors « New Plymouth »), avec leur propre gouvernement.

L’arrivée des pères pèlerins à Plymouth.

La vie s’organise dans le Nouveau MondeComme prévu, la première année est très difficile. En quelques mois, la mort emporte la moitié du groupe des colons qui succombent à la faim et à la maladie. Les autres ne doivent leur survie qu'aux dindes sauvages et au maïs fourni par les Indiens.

Le printemps suivant amène un soulagement. Les survivants se construisent des maisons et apprennent l’agriculture locale auprès des indigènes. C’est grâce surtout à l’intervention d’un autochtone nommé Squanto que les survivants doivent leur salut. Issu de la tribu des Wampanoags, il avait appris à parler anglais au cours de ses nombreuses années de captivité en Angleterre entre 1605 et 1612.

Il devint ainsi naturellement le principal interlocuteur des colons puritains, parlant au nom du grand sachem Massasoit. C’est lui notamment qui leur apprend comment pêcher, chasser et cultiver le maïs.

En automne 1621, les pèlerins sont si prospères qu’ils veulent célébrer cette première récolte providentielle. William Bradford, premier gouverneur de la colonie de Plymouth, décrète ainsi 3 jours d’actions de grâces pour remercier Dieu de sa bénédiction. C’est ainsi que naît la fête de Thanksgiving (littéralement “ action de grâces ”), qui deviendra fête nationale aux États-Unis et ailleurs également.

Massasoit, grand Sachem des Wampanoag

Dans l’intervalle, des puritains d’Angleterre entreprennent d’aller eux aussi, comme les séparatistes, chercher leur “ Terre promise ” outre-Atlantique.De nouveaux immigrants arrivent ainsi peu à peu: ils sont bientôt rejoints par d’autres dissidents (« Dissenters ») qui, persécutés en Angleterre, viennent fonder leurs propres colonies dans ce qui va devenir la « Nouvelle-Angleterre ». En 1640, la Nouvelle-Angleterre compte environ 20 000 immigrants anglais.

En 1630, un groupe débarque quelque part au nord de Plymouth et fonde la colonie de la baie du Massachusetts. En moins de 15 ans Plymouth se peuple de 2 000 habitants. La colonie la plus célèbre est située sur la presqu’île de Manhattan, où la « Nouvelle-Amsterdam » des Hollandais sera bientôt rebaptisée « New-York ».

Avec l’absorption de Plymouth par la colonie de la baie du Massachusetts en 1691, les pèlerins séparatistes ne sont plus si séparés. Boston devient la “ capitale ” spirituelle de la région, car maintenant les puritains dominent la vie religieuse de la Nouvelle-Angleterre.

Anne Hutchinson

Toutes ces colonies refusent le principe traditionnel du « cujus regio, ejus religio » (à chaque territoire une religion donnée) : elles entendent se gouverner elles-mêmes, mais avec, malheureusement, le même esprit d’intolérance qu’en Europe.

Roger Williams

William Penn

Lord Baltimore

Une exception notoire est celle du Rhode Island, fondé par le baptiste Roger Williams (1603-1682) et surtout de la très prospère Pennsylvanie, gouvernée par le quaker William Penn qui, tout en étant puritaine par bien des aspects, est la seule colonie à manifester un esprit démocratique et non-violent. Autre exception : le Maryland, fondé en 1632 par Lord Baltimore, et qui, comme son nom l’indique, accueille les catholiques – bien minoritaires jusqu’en 1850 – et quelques anglicans.

Roger Williams William Penn Lord Baltimore

Vivant toutes plus ou moins dans la crainte des bêtes sauvages, de la famine, des maladies et des Indiens, les différentes dénominations protestantes finissent par se rapprocher, unies dans leur espérance fondamentale. À l’image des Hébreux, ils ont connu l’épreuve de l’Exode et sont parvenus à la Terre Promise : leur Seigneur va continuer à les accompagner, à les guider, s’ils lui sont fidèles et donc obéissants. Disciples de Jésus, ils ont donc une mission à remplir : leur lumière ne doit pas rester cachée, mais éclairer le monde, comme la « cité sur la colline » du Sermon sur la Montagne. Et ils peuvent être confiants : la toute puissance de leur Seigneur leur donnera la force d’accomplir ce qu’Il leur aura ordonné.

Parmi les puritains qui cherchent le retour à une religion authentique et épurée on distingue les baptistes, les presbytériens, indépendants et « chercheurs ». C’est parmi ces derniers groupuscules très fervents en quête de liberté d’esprit et de culte, qu’apparaissent les quakers (littéralement les « trembleurs », tremblements provoqués par leur saisissement devant Dieu). Entre eux les quakers se nomment « la société des Amis ». Le mouvement doit beaucoup à son fondateur Georges Fox (1624-1694).

Théologiquement « les Amis » affirment que tous les chrétiens seront sauvés quel que soit leurs rites, que seule compte la foi intérieure, que la prêtrise est donnée par le Saint-Esprit et pas par une institution (elle est accessible à tous, y compris aux femmes), que la présence de Dieu est partout y compris dans la nature. L’ensemble de ces convictions esquissent un mouvement pacifiste et tolérant, militant pour la liberté de conscience.

1677, Le Kent et deux cent trente quakers appareillent pour le New Jersey afin de fonder une colonie qui réaliserait les idéaux des Quakers autour de trois idées phares : souveraineté du peuple, suffrage élargi, liberté de conscience.

1680: En paiement des sommes que la couronne doit à son père, William Penn, un quaker riche et influent, obtient de Charles II le droit de fonder une colonie à l’ouest du New Jersey. Il sera propriétaire de cet immense territoire boisé mais non souverain, si bien que le Roi nomme ce territoire la Pensylvannia. Penn invite tous les quakers d’Angleterre, d’Allemagne mais aussi les huguenots français (Lettre aux protestants français, automne 1683) à venir s’installer sur cette terre promise et à participer à la Sainte Expérience (the Holy Experiment).

1683, Le Grand Traité de Schakamaxon avec « les Rois Indiens » par lesquels W. Penn et ses interlocuteurs s’engagent à vivre en bonne entente et à se prêter assistance mutuelle témoigne de la recherche permanente par Penn de relations pacifiques avec les autochtones.

25 avril 1685, rédaction du texte régissant le Gouvernement de la Pennsylvanie qui affirme cent ans avant la révolution française les principes de la représentation démocratique, de la liberté de conscience, de l’inviolabilité de la personne humaine et de sa propriété.

28 octobre 1701 Charte des droits et des privilèges dont l’article premier affirme le caractère inviolable de la liberté de conscience (« aucun peuple ne peut être véritablement heureux, même jouissant des libertés civiques s’il est privé de la liberté de conscience en ce qui concerne la profession de foi et de culte ») et annonce le Bill of right de 1789, notamment le premier amendement sur la liberté de conscience, la liberté d’expression et de presse.

1701, Traité de Pennsbury entre W. Penn et les cinq Nations Indiennes du Potomac, pour créer une alliance la plus large possible.

1709, Refus d’une requête de Sa Majesté d’un montant de deux mille livres destinées au financement d’une expédition militaire contre le Canada français au nom des convictions pacifiques des Amis.

1737, Un des héritiers de William Penn, Thomas, spolie les indiens Delaware de leurs droits héréditaires les repoussant dans le camp des français.

1755, La Pennsylvanie s’achemine progressivement vers la guerre contre les indiens et les français. La plupart des quakers quittent le gouvernement mettant un terme à la Sainte Expérience.