Post on 03-Dec-2018
La passionde l’étanchéité 100 ans d’histoire Sika
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Installée à Baar, en Suisse, Sika AG est une entreprise
active au niveau mondial, spécialisée dans l’indus-
trie des produits chimiques de spécialité. Elle fournit
des produits de mise en œuvre pour l’industrie du
bâtiment et le secteur industriel (produits et com-
posants pour véhicules, équipements industriels et
composants de construction), pour l’étanchéité, le
collage, l’insonorisation, le renforcement et la protec-
tion des structures porteuses.
En 1910, le génial bricoleur Kaspar Winkler pose la
première pierre de l’entreprise. De condition modeste,
Winkler s’est hissé seul jusqu’au statut d’entrepre -
neur prospère, et dans les années 1920, il est déjà
engagé dans le processus d’implantation de filiales
à l’étranger. Ce livre raconte comment la société
a débuté avec presque rien pour devenir un groupe
mondial, avec plus de 12000 employés et des filiales
dans 72 pays.
5Table des matières
Un homme de la montagne, mais pas un ignare 6
Sika n’est pas un cerf. Ni une figue 8
Le succès par l’expérimentation 10
A la recherche du moment idéal 12
Percée au Gothard 14
Les bonnes choses arrivent parfois … en quatre fois 16
Sika tient le fort: une retraite profitable dans la tourmente 24de la guerre
Croissance pendant la guerre 28
Amis et ennemis – tout le monde compte sur les produits Sika 30
Un nouveau départ 32
Un rappel à l’ordre au début des années 60 34
Mi-temps et pas de fin en vue: Sika a 50 ans 36
Des hauts, des bas et à nouveau des hauts 38
Un nom disparaît 44
Béton et accrocheur: Le «Sika spirit» 46
Romuald Burkard sur le thème de la gestion d’entreprise 48
Cap sur de nouveaux horizons 50
Sika en mouvement 52
La «querelle de Goetz» contre la «germanisation» 54
Le dogme des trois piliers 56
Sika, la cosmopolite 58
Une courte période glaciaire précède 62un nouveau millénaire prometteur
A l’avant-garde de la protection de l’environnement 64
Altstetten n’est plus le noyau du monde Sika 66
Tout est possible: Sika accessible aux bricoleurs 68
Sika sur tous les fronts – de la NLFA aux quatre points cardinaux 70
Sika atteint des sommets 74
Sika reste fidèle à elle-même 76
7
Kaspar Winkler a de nombreux talents,
mais pas celui de conduire une voiture.
Chaque fois que, conduit par son chauffeur
dans sa grande limousine noire, il revient
dans son petit village natal de Thüringen,
dans le Vorarlberg, une réception animée
l’attend. L’homme lui-même est cependant
d’un caractère très modeste.
Ses brèves visites au village natal sont
légendaires. Cela a toujours été comme
si Kaspar Winkler était à peine arrivé qu’il
repartait déjà. Il laissait derrière lui des
paroles aimables, un chaleureux «Grüss
Gott» et rendait systématiquement visite
à son frère, l’agriculteur Josef Anton
Winkler. On ne saura jamais de quoi les
deux frères discutaient. Mais Elisabeth
Winkler, la nièce du propriétaire de l’usine
lointaine de Zurich, se souvenait très
bien des bananes qu’il apportait parfois,
lorsqu’il venait lui rendre visite avec sa
femme. Dans les années 1920, on ne trou-
vait pas de bananes dans un petit village
Un homme de la montagne, mais pas un ignare
agricole du Vorarlberg, en Autriche. A ce
titre, elles constituaient un cadeau impres-
sionnant pour quiconque.
Kaspar Winkler n’a pourtant jamais cherché
à impressionner les gens avec des cadeaux
extravagants. Concentré sur son travail,
ses inventions et sa société, Winkler était
un inventeur, un ouvrier et un bourreau de
travail au sens noble du terme. Son refuge
était son atelier, son laboratoire. Il se sen-
tait bien plus à l’aise sur un chantier qu’il ne
le fut jamais dans un bureau ou une salle de
conférence. Il n’a jamais craint de travailler
dur, parce que c’était ce à quoi il avait été
préparé depuis son plus jeune âge. Il était
ce qu’on appelait un «Schwabengänger»,
nom donné aux enfants qui étaient envoyés
travailler à l’étranger en raison de la grande
1 Les quatre frères Winkler vers 1895. De gauche à droite: Alois (né en 1875), Josef (1864), Kaspar (1872) et Eduard (1870). La photo fut mise en scène dans un studio de photographie du quartier de Seefeld, à Zurich; les frères de Kaspar Winkler lui rendaient probablement visite.
2 La classe de Kaspar Winkler; ses propres notes sont dans la marge de la photo qui remonte à 1880.
3 Kaspar Winkler réalisant des expériences avec de nouveaux adjuvants, photo non datée.
4 Portrait non daté du jeune Kaspar Winkler.
5 Portrait de Kaspar Winkler.
6 En visite à Thüringen, le village dans le Vorarlberg où est né Kaspar Winkler, en Autriche. Fritz Burkard (arrière-petit-fils), Elisabeth Winkler (nièce) et Josefine Walter-Schäfer (petite-nièce), en novembre 2006, devant la maison dans laquelle est né le fondateur de l’entreprise.
pauvreté de leur famille. Loin de chez eux,
ils étaient obligés de travailler très dur,
généralement dans des conditions épou-
vantables. Le jeune Kaspar perdit un œil
en travaillant à l’étranger et depuis lors il
dut vivre avec un œil de verre.
Son adolescence fut stricte et très rude.
Non seulement il surmonta tout, mais il
réussit à tirer le meilleur parti de chaque
situation. Il ne cessait d’apprendre de
nouvelles choses et il était toujours dis-
posé à travailler plus dur que n’importe
qui d’autre.
Lorsque la limousine noire, avec ses
plaques d’immatriculation suisse, quittait
le petit village agricole de Thüringen, ne
laissant derrière elle qu’un nuage de pous-
sière sur la route du Vorarlberg, chacun
dans le village était conscient d’une vérité
fondamentale: Kaspar Winkler avait
toujours été et resterait toujours l’un des
leurs. Mais il avait parcouru un long che-
min et avait accompli de grandes choses.
A cette époque, personne ne soupçonnait
à quel point il était appelé à réaliser davan-
tage encore.
5 64
9
Nomen est omen*: Le nom «Sika» est dérivé
du mot italien «secco», qui signifie sec.
Cela semble presque trop beau pour être
vrai, mais ce n’est pas tout.
De nombreux chemins – et donc de nom-
breuses explications mènent au nom Sika.
Expliquer le nom par des origines chimiques
est probablement le plus aisé. Le silicate,
par exemple, contient, dans sa traduction
allemande, Silikat, les deux syllabes «Si»
et «ka». Dans les premières versions des
instructions chimiques et de leurs brevets
respectifs, il est souligné que les produits
fabriqués par Sika contiennent une solu-
tion de silicate. La définition est encore
plus précise lorsque le terme «silicate» est
combiné avec l’orthographe allemande
commune du mot calcium, qui est Kalzium.
Encore une fois, on arrive à Sika. En 1918,
Kaspar Winkler démontra explicitement
l’effet accélérateur des composés de
potassium. Par conséquent, «silicate» et
«Kalium», l’équivalent allemand de «potas-
sium», pourraient aussi correspondre.
Certains esprits pleins de ressources pen-
sent que la syllabe «ka» dans Sika, vient
de la première syllabe de Kaspar. Cepen-
dant, cette hypothèse n’explique pas le
«Si» de Sika.
* Le nom est un présage.
Sika n’est pas un cerf.Ni une figue.
Les noms de sociétés internationales et
de produits disponibles dans le monde
entier se doivent d’être faciles à prononcer
dans (presque) toutes les langues et ne
doivent avoir de connotations négatives
dans aucune de ces langues . Etant donné
que Kaspar Winkler a travaillé pendant
une période prolongée au Tessin, le canton
suisse italophone, il aurait dû savoir
que les italophones ne sont pas familiari-
sés avec la lettre «k». Ainsi, «Sica» aurait
pu être une solution plus élégante.
Mais «Sika» est d’autant plus plausible
qu’il a des significations très différentes
dans plusieurs autres langues. Les Fin-
landais appellent leurs porcs sika. Les
Grecs mangent des sikas et apprécient
beaucoup leurs figues. Les indigènes de
Sicile étaient appelés les «Sicans» et les
«Sikas» étaient un groupe ethnique d’In-
donésie. Le cerf Sika, qui a depuis long-
temps émigré hors d’Extrême-Orient, est
aujourd’hui un fier résident de chaque
parc animalier en Suisse.
Il n’existe aucun document pour expliquer
le choix du nom «Sika». Il en va de même
pour son logo, le triangle. Toutefois, l’ori-
gine et la disposition des couleurs rouge
et jaune semble évident: Sika-1 est une
pâte jaune; Sika-2, un liquide rouge. C’est
en 1973 que les couleurs du triangle
Sika, encore utilisées aujourd’hui, ont été
établies de manière définitive.
Les grandes entreprises commerciales
adoptent souvent le nom d’un de leurs
produits à succès. L’actuel logo Sika a été
conçu au début des années 1960 par
Romuald Burkard (1925–2004). Cet homme
épousa la petite-fille de Kaspar Winkler en
1953, et prit plus tard la tête de la société.
C’est lui qui fut à l’origine de la construc-
tion de la marque Sika.
D’un point de vue symbolique, le logo peut
être interprété comme suit: la pyramide se
tient sur la terre ferme. C’est à la fois une
allégorie de la longévité et des secrets bien
protégés. Elle est une garantie de qualité
et dépasse sa propre époque. Et elle est
également synonyme d’unité et de diver-
sité. Le texte jaune sur fond rouge attire
l’attention avec force. La couleur rouge
évoque à la fois présence et passion, tan-
dis que le jaune se réfère à la perspicacité
et à la tradition. Au final, le logo Sika est
en accord avec le niveau élevé d’exigence
que le management de Sika a vis-à-vis
de lui-même et de ses produits.
1 Sika a assuré l’assemblage de la structure en verre du grand magasin Peek & Cloppenburg de Cologne.
2 Le cerf Sika, qui a depuis longtemps émigré hors de l’Extrême-Orient, est aujourd’hui un fier résident de chaque parc animalier en Suisse.
3 Romuald Burkard, vers 1960.
4 Le logo Sika, des années 1910 jusqu’aux années 1960. La marque de produits «Sika» est symbolisée par un pictogramme qui semble un peu tricoté à la main: un maçon travaillant sur un bâtiment aux allures de forteresse, entourée par de l’eau stagnante sous des nuages menaçants.
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11
En tant qu’employé aux Schweizerische Granitwerke, Kaspar Winkler a d’abord com-
mencé ses expériences avec le développement de matériaux de construction. Il n’était
qu’un simple employé avec de très modestes moyens financiers et très peu de temps
libre, mais il consacrait le peu de temps qu’il avait à ses recherches. L’année 1906
s’avéra être une étape importante dans sa biographie: pour la toute première fois, il
s’engagea dans le domaine de la chimie du bâtiment.
Alors âgé de 34 ans, Kaspar Winkler avait très peu de temps pour ses expériences et
autres tâches minutieuses. Il était employé à plein temps à la succursale des Schweize-
rische Granitwerke de Zurich où les journées de travail de 12 heures – surtout pour
quelqu’un d’aussi dévoué que Winkler – étaient un phénomène normal et régulier. Par
conséquent, il devait travailler sur ses expériences le soir et la nuit.
Kaspar Winkler était un inventeur qui mettait vraiment tout son cœur et toute son âme
dans son travail. Il était beaucoup plus heureux en laboratoire et dans son atelier
qu’il ne le fut jamais derrière un bureau. Comme il n’était pas chimiste de formation,
il cherchait toujours des experts formés pour travailler à la mise en œuvre de ses idées.
Et il fut bien souvent dupé. Cependant, la qualité de son travail et de ses produits furent
toujours beaucoup plus importants pour cet inventeur né, qu’une rapide réussite finan-
cière.
Winkler déposa plusieurs brevets à la fin 1907. Ses premiers projets viables révèlent
que ses efforts avaient beaucoup plus porté sur la chimie que sur le bâtiment. Il déve-
loppa un nouveau type de panneaux de fibres qu’il considérait comme le remplaçant
du bois – en terme de résistance, ce type de panneaux était censé être en mesure
de répondre aux exigences les plus élevées. Il l’imagina utilisé dans la fabrication de
réfrigérateurs ou d’orgues, et même dans des domaines tels que le revêtement exté-
rieur des urinoirs.
Quoi qu’il fît, Kaspar Winkler le faisait avec un immense dévouement, mettant tout
son cœur dans chaque entreprise. Ses premiers travaux doivent donc être considérés
à la lumière de ce dévouement d’inventeur. Ce qu’il concevait tard dans la nuit et aux
petites heures du matin ne constituait pour lui ni un passe-temps ni une activité récréa-
tive – il s’agissait d’une intensive étude d’idées et de produits. C’était un homme d’ac-
tion avec les deux pieds toujours bien ancrés dans la réalité. Il voulait que ses produits
aient de réelles possibilités sur le marché, à terme. Mais il avait aussi une vision. Une
vision qui, au début du XXe siècle, n’était pas encore prête à être réalisée.
Le succès par l’expérimentation
1 Kaspar Winkler testant de nouveaux adjuvants, autour de 1930.
2 Auto-portrait non daté, dessiné par Kaspar Winkler. Winkler ne dessina que la moitié gauche de son visage, car il ne pouvait voir que d’un œil. Il utilise une flèche pour indiquer qu’il a un œil de verre.
3 Accord de novembre 1902 par lequel Kaspar Winkler forme une société en commandite avec l’industriel et membre du Conseil national Samuel Wanner.
13 A la recherche du moment idéal
1910 est l’année où Sika fut probablement
créée. Au début, toutefois, la compagnie ne
fut pas enregistrée au registre du commerce.
L’entreprise individuelle était au nom de son
fondateur et propriétaire, Kaspar Winkler.
Un an plus tard, en 1911, Winkler enregistra
«Kaspar Winkler & Co.» au registre du com-
merce. Le but de cette nouvelle société était
la «fabrication et la distribution d’articles de
construction chimico-techniques.»
L’enregistrement au registre du commerce en
date du 21 novembre 1911 (avec effet rétro-
actif au 1er novembre 1911 pour la société en
commandite) s’est avéré être la fondation
de la seconde société de Winkler. Entre 1902
et 1905, Kaspar Winkler était déjà indépen-
dant. La société qu’il avait fondée à cette
époque était nommée «Compagnie de granit
Kaspar Winkler» et fut reprise plus tard en
tant que société en commandite sous le nom
de «Kaspar Winkler & Cie». Son activité ne
dura que trois ans mais l’enregistrement de
la compagnie ne fut supprimé du registre du
commerce que le 2 mars 1910.
Sika est inventé en 1910Le carnet était intitulé «Concept 5». La série
d’essais s’étendant du 23 novembre au
14 décembre 1910, consignée de manière
très attentive et soignée, est numérotée de
131 à 160 et contient des dossiers docu-
mentés sur le produit qui deviendra plus tard
célèbre sous le nom de Sika. La numérotation
consécutive suggère que Winkler avait com-
mencé ses expériences bien avant cette date.
Malheureusement, les carnets de notes plus
anciens n’existent plus. Mais le carnet restant
prouve que Sika fut bien inventé en 1910.
Kaspar Winkler ne savait alors pas où cette
invention le mènerait. Il ne pouvait aucune-
ment anticiper ou prévoir le succès retentis-
sant dont Sika jouirait un jour. Au sein de
l’entreprise elle-même, Sika était en concur-
rence avec beaucoup d’autres «choses plus
importantes», comme Winkler appelait ses
autres expériences. Les «choses plus impor-
tantes», toutefois, exigeaient beaucoup d’ar-
gent pour être développées – de l’argent qui
n’était pas disponible. En 1911, Winkler était
aussi tenté par l’idée de prendre en charge
la représentation d’une carrière. «Je dois
commencer à chercher à faire des réser-
ves», écrivit-il à son employeur précédent,
Carl Blattmann.
1 Un broyeur pulvérisateur pour les deuxièmes ateliers de fabrication, à Geerenweg, où Kaspar Winkler & Co. déménage en 1919.
2 Cette photo fut prise entre 1911 et 1913. Sur la gauche se trouve la maison où Kaspar Winkler vécut, au 99 Neugasse. C’était une vieille maison qui avait été construite en 1876. La Neugasse, s’étendant jusqu’à la périphérie de la ville vers le viaduc ferroviaire, est au milieu de l’image – c’était un quartier très proche de la gare ferroviaire principale de Zurich, qui n’avait pas encore été agrandie.
3 Transport de fûts entre la gare de chemin de fer, à proximité de Altstetten, et l’usine de Geerenweg où l’entreprise a déménagé vers 1919. Autour de 1920.
4 Le premier brevet de Kaspar Winkler en 1907 protégeait une «procédure pour la fabrication d’un élément de construction substitut du bois et de matériaux similaires.»
5 Kaspar Winkler soumit une autre demande de brevet au Kaiserliches Patentamt [le bureau impérial des brevets] à Berlin. Ce brevet protégeait sa «procédure pour la fabrication de revêtements isolants sur les matériaux résistants à la chaleur».
4
5
Kaspar Winkler continua d’expérimenter.
A cette époque, il se consacrait presque exclu-
sivement à ses additifs chimiques pour le
secteur du bâtiment. Il pressentait le grand
potentiel que la gamme de produits Sika pour-
rait avoir. Le 2 septembre 1911, la première
annonce publicitaire fut publiée dans le Schwei-
zer Baublatt. En plus d’autres produits de chez
«Kaspar Winkler & Co.», la publicité vantait en
particulier les mérites de Sika.
Les produits doivent être présentés au public
Ce qui fonctionnait si bien à l’atelier et au
laboratoire de Zurich devait avoir une chance
d’être utilisé en pratique aussi largement que
possible. En plus des nombreuses publici-
tés – croyez-le ou non, le Schweizer Baublatt
confirmait en mars 1912 une commande de
52 annonces – un grand nombre de voyages
et une distribution intensive d’échantillons
furent entrepris. Toutes ces activités visaient
à assurer un succès ciblé. D’importants
clients, comme le maître d’œuvre de la ville
de Lucerne, la société du Schweizerischer
Baumeisterverband, Nestlé et Eternit, pour
n’en nommer que quelques-uns, lui firent
un retour positif et l’encouragèrent, lorsque
les temps furent durs, à continuer à mettre
tous ses œufs dans le panier nommé Sika.
C’était le tout début de quelque chose qui
de nos jours jouit d’une réputation mondiale:
Sika, dans son rôle de fournisseur, met à dis-
position de ses clients le nombre nécessaire
d’experts sur les chantiers, afin de prêter main
forte aux entrepreneurs et garantir l’utilisation
correcte de tous les produits Sika. Le principal
objectif de Sika a toujours été et restera
toujours d’aider ses clients à produire une
réelle valeur ajoutée et à garder une longueur
d’avance sur la concurrence. Dans une lettre
écrite pendant les premières années de Sika,
un client demande: «Veuillez s’il vous plaît
envoyer Sika immédiatement, parce que nous
devons l’utiliser tout de suite.»
15
L’électrification de l’une des lignes de
chemin de fer les plus célèbres d’Europe a
été rendue possible en grande partie grâce
à Sika. Bien que l’étanchéité ne représente
qu’une partie des immenses travaux de
construction nécessaires à l’édification de
tous les tunnels, elle constituait néan-
moins l’une des opérations les plus impor-
tantes.
Entre les années 1918 et 1922, les Che-
mins de fer fédéraux (CFF) firent étancher
67 tunnels – et 59000 m2 de voûtes en
pierre – à l’aide d’un mélange de coulis de
ciment de Portland et de Sika, sur la
section montagneuse entre Lucerne et
Chiasso. Ce projet fut précédé par de
nombreuses expériences menées tout au
long des 15 kilomètres du tunnel du
Gothard et dans le tunnel de Dazio, long
de seulement 353 mètres, près de Rodi-
Fiesso. Winkler & Co. devait garantir
cinq ans d’imperméabilité absolue à l’eau.
Pour ces essais, Winkler fut en mesure de
demander 2418 francs suisses. Il s’agissait
d’une commande respectable, doublée
d’un résultat gratifiant: la satisfaction des
experts des chemins de fer.
Il devait faire humide dans les tunnels du
Gothard à la fin du XIXe siècle. En fait, cela
devait être complètement trempé. Dans
de nombreux endroits, il y avait des infiltra-
tions d’eau, de véritables torrents. Cela
ne représentait pas un gros problème pour
des locomotives à vapeur. Mais il est assez
facile d’imaginer comment cela devait
siffler, chuinter et fumer quand l’eau froide
de la montagne du Saint-Gothard tombait
à verse sur les chaudières bouillantes des
Percée au Gothard
monstres qui passaient à toute vitesse.
C’était un bruit assourdissant dans un
monde très inhospitalier.
Avant que Sika ne fasse son apparition,
les fissures les plus importantes étaient
colmatées avec de la laine de plomb ou
du goudron. Dans certains endroits, on
suspendait même aux plafonds de la voûte
des nattes de protection faites de tôle
galvanisée. Tout était extrêmement provi-
soire et, dans l’ensemble, insatisfaisant.
La vapeur chaude provenant des moteurs
des trains mit rapidement un terme à
toutes ces expériences.
Il était réellement nécessaire de remédier
au problème. L’imminente électrification
exigeait que les tunnels soient complète-
ment secs. L’électricité et l’eau ne font
tout simplement pas bon ménage, et il y
avait également un risque que les câbles
rouillent. Un autre problème était que,
pendant l’hiver, les caténaires pouvaient
geler. Grâce à Sika, il y eut une réelle
amélioration.
Le berger est devenu entrepreneurDémarrer la société était une fastidieuse
entreprise qui, dans une certaine mesure,
entraînait des pertes substantielles. En
raison de l’exorbitante hausse du prix des
matières premières pendant la Première
Guerre mondiale (1914–1918), ces pertes
augmentèrent encore. Quand le permis de
construire pour un dispositif de «four de
cuisson sur la grande cheminée située
dans la Neugasse de Zurich» fut accordé,
ce fut vraiment le signe avant-coureur
de temps meilleurs – des temps qui, avec
le travail des CFF, annonçaient la percée
finale et définitive sur le marché. Plus
de 15 ans après le début des travaux de
construction du Gothard, un rapport in-
terne des CFF certifiait que l’étanchéité
réalisée avec un coulis Sika n’avait «donné
lieu à aucune plainte importante».
Avec le contrat du Gothard, Kaspar
Winkler & Co. généra un chiffre d’affaires
d’environ 450000 francs suisses. L’étan-
chéité du tunnel sur le projet de construc-
tion du siècle requérait environ 350 ton-
nes de Sika-1, Sika-3 et Sika-4. La valeur
de ces chiffres absolument énormes ne
peut guère être correctement appréciée et
comprise de nos jours. Toutefois, Kaspar
Winkler & Co. tira indirectement de ce
contrat des bénéfices bien supérieurs: ce
projet de référence permettait la percée
de sa gamme de produits chez tous les
experts.
L’entreprise avait besoin de nouveaux
locaux de production. Ceux de la Neu-
gasse à Zurich étaient devenus trop petits.
Quand la ville mit fin à son bail, Winkler
saisit l’occasion et déménagea à Altstet-
ten, dans la banlieue de Zurich, en octobre
1919. Depuis lors, Altstetten a été incor-
poré à Zurich et en est devenu le plus
grand district. A ce jour, elle est également
le siège de Sika Suisse. Actuellement,
plus de 600 personnes travaillent à Zurich-
Altstetten, mais au moment du démé-
nagement, il n’y avait que le patron, sa fille
Klara âgée de 19 ans, deux employés
de bureau, 8 ouvriers et un apprenti. Les
documents de naturalisation pour
l’homme qui était désormais «vernaculai-
rement adapté» faisaient état d’un chiffre
d’affaires annuel compris entre 280000
et 320000 francs suisses.
Kaspar Winkler avait réussi. Le petit berger
autrichien était devenu un entrepreneur
prospère.
1 Travail en galerie pour les centrales d’Oberhasli, vers 1942.
2 L’usine de Geerenweg, vers 1930. Sur la gauche, un entrepôt construit par Kaspar Winkler en 1919 et, adjacent à celui-ci, un atelier de production, plus bas, avec une cheminée. D’autres ateliers de production dans le bâtiment tout en longueur; à droite, le bâtiment résidentiel de la famille Winkler.
3 Le personnel de Geerenweg, vers 1920.
17
Pour un entrepreneur innovant, la Suisse
est un petit pays – à cette époque comme
aujourd’hui. Les grands succès de Sika
sur le projet du Gothard suscitèrent des
espérances fondées quant à la commer-
cialisation du produit au niveau interna-
tional. Quatre tentatives d’implantation à
l’étranger furent faites: commençant à
Durmersheim, l’histoire de la réussite de
Winkler à l’étranger continua à Londres,
puis Milan et Paris.
Le début de ses activités à l’international
fut marqué par sa tentative de vendre
des licences à l’aide d’un agent nommé
Heinrich Treichler, dont le travail consistait
à vendre l’ensemble des formules Sika à
l’étranger. En dehors de Sika, il y avait les
autres produits tels que Conservado,
Purigo, Igas, Igol, Plenigo, Servas et Anti-
frosto. Toute personne désirant produire
et vendre ces produits en France devait
payer au moins 150 000 francs suisses.
Le prix pour le marché britannique était
de 350000 francs suisses, pour l’Italie ou
l’Allemagne, il était de 70000 francs suis-
ses. Le prix pour la péninsule ibérique
était également de 70000 francs suisses.
Winkler, ou plutôt Treichler, offrait l’ensem-
ble complet pour 600000 francs suisses.
Première tentative: un gaspillage de temps et d’effort
Les choses se mirent en place, mais lente-
ment. Bien qu’une commission de 30%
ait été promise à Treichler, qui aurait donc
dû être très motivé, rien ne se passa.
Pas une seule licence ne fut vendue. Le
possible élargissement des droits de
fabrication à l’Amérique du Nord et l’Amé-
rique du Sud tomba aussi à l’eau. Heinrich
Treichler n’eut de chance dans aucune
de ses opérations pour la société et pas un
seul accord ne résulta de cette collabo-
ration. Le contrat entre Winkler et Treichler
expira en octobre 1920.
Les bonnes choses arrivent parfois … en quatre fois
Kaspar Winkler décida de s’occuper
personnellement de la question de la
commercialisation internationale de
ses produits. Grâce à un contrat avec la
société des frères Sulzer à Winterthour,
Winkler exportait déjà certains de ses
produits en Egypte. Les quantités étaient
négligeables et à peine digne d’être men-
tionnées. Pour des volumes plus impor-
tants, une unité de production locale était
obligatoire – plus facile à dire qu’à faire.
Tout d’abord, les produits devaient être
documentés à la perfection. Cela signifiait
que les formules étaient nécessaires – des
formules faisant état de la composition
exacte de chaque produit. Le chimiste de
32 ans Thomas A.Shann, qui rejoignit la
société en 1920, était l’homme de la situa-
tion. Grâce à lui, les produits existants
furent analysés, enregistrés et définis pour
la première fois. Il détermina les procédés
de fabrication et travailla sans relâche
pour trouver les moyens de les simplifier
et de les améliorer. Thomas A.Shann resta
dans l’entreprise jusqu’à sa retraite, en
1955.
Deuxième tentative: Montrez-moi le chemin de Durmersheim
Durmersheim est située au sud de l’Alle-
magne, à quelques 260 kilomètres de
Zurich. A l’époque, on y accédait facile-
ment en train ou en automobile, alors
de plus en plus utilisée. Il suffisait d’une
journée de voyage pour s’y rendre. Le site
était une usine vétuste – celle que Kaspar
Winkler avait achetée à l’été 1921. La
proximité géographique avec la Suisse, le
marché allemand, dix fois plus grand que
la Suisse et, enfin et surtout, la langue
commune, étaient autant de facteurs qui
tentèrent de nombreuses entreprises
suisses à s’aventurer au-delà du Rhin.
Changer d’environnement semblait être
exactement ce dont Kaspar Winkler avait
besoin à ce moment-là, particulièrement
à cause du fait qu’il venait d’accuser une
perte douloureuse, celle de son épouse
Klara qui était décedée en février 1921.
Mais, désormais, il semblait plein d’énergie
et bien conscient de l’urgence et de
l’importance d’une implantation à l’étran-
ger. Pour ses activités en Allemagne, il
fonda «Kaspar Winkler & Co. GmbH». Paul
Kremser, le chimiste allemand qui tra-
vaillait pour lui depuis 1911, se chargea de
la gestion de cette première filiale étran-
gère. Des aptitudes à la gestion étaient
nécessaires. Kremser n’en avait aucune,
ce qui rendit Winkler fort mécontent.
Comme ses notes personnelles en attes-
tent, il avait lui-même à travailler presque
nuit et jour à Durmersheim. C’en était tout
simplement trop pour lui et une solution
s’imposait. Regardant autour de lui, il opta
pour une solution tout à fait pragmatique
et – surtout pour l’époque – des plus révo-
lutionnaires: il envoya sa fille à Durmers-
heim. Elle devrait prendre en charge la ges-
tion commerciale de la filiale allemande.
Kaspar Winkler ne prêta aucune attention
aux conventions de l’époque. Il agît de
manière progressiste. Sa fille Klara quitta
Une curiosité supplémentaire: Kaspar Winkler attendit très longtemps avant de breveter Sika. Ce n’est que lorsque le produit avait déjà réussi à percer qu’il déposa le brevet. En Allemagne d’abord, en 1918, puis en Suisse en 1921. Les documents existants ne donnent aucune indication quant à ses motifs, particulièrement mystérieux compte tenu de l’expérience qu’il avait rassem-blée sur le sujet de la soumission et de la demande de brevets.
1 Dans ce dessin de 1929, Kaspar Winkler décrit le principe selon lequel les fissures et les fractures dans la maçonnerie des quais doivent être étanchées sur une profondeur allant jusqu’à dix mètres.
19
2 Etanchéité d’un tunnel à Stuttgart, en 1930. Le panneau de chantier souligne fièrement le «procédé Sika».
Troisième tentative: de Durmersheim à Londres, puis Milan et Paris
Aujourd’hui, Sika dispose de 72 filiales et
emploie plus de 12000 personnes dans
le monde. Les produits de qualité Sika
comme les adjuvants du béton, les mor-
tiers spéciaux, les matériaux d’étanchéité,
les colles, les matériaux d’isolation et de
renforcement, les systèmes pour le ren-
forcement structurel, les revêtements de
sols industriels, ainsi que les systèmes
d’étanchéité pour les toitures et les bâti-
ments, sont vendus dans le monde entier,
et il n’existe pratiquement aucun pays où
ils ne sont pas utilisés.
Qui sait, peut-être que Winkler rêvait de
ce genre d’expansion avec toutes ses pos-
sibilités? Mais pour véritablement s’im-
planter à l’étranger de manière durable, il
fallait agir. Il était convaincu d’une chose:
il avait besoin d’un manager doté d’une
expérience internationale, d’un négocia-
teur compétent mais aussi d’un stratège.
Winkler fit la connaissance de Wey: une
rencontre pas vraiment satisfaisante.
Jost Wey était un ingénieur du bâtiment de
Suisse orientale, un homme rusé qui réa-
lisa instantanément l’incroyable potentiel
de marché de tous les produits Sika. Mais
être un employé ne lui suffisait pas – il
voulait être associé. Il offrit à l’entreprise
un prêt d’un montant de 30000 francs
suisses, et à compter de ce jour il reçut
une part des bénéfices.
Après les tentatives de vente de licences
et l’histoire père-fille à Durmersheim, la
troisième tentative à l’étranger commença
finalement à fonctionner lorsque Wey
rejoignit la société. Il posa les fondations
des filiales à Londres, Milan et Paris.
L’économie florissante de la fin des années
20 apporta avec elle de nombreuses com-
mandes et, avec les commandes, l’argent
commença bientôt à affluer dans les
comptes. Wey, qui participait aux béné-
fices, avait toutes les compétences
d’un directeur général et obtint une belle
récompense, avec un salaire annuel de
20000 francs suisses.
Kaspar Winkler avait besoin de Jost Wey.
Il comptait sur lui et plaçait une grande
confiance dans son «patron international».
Sans lui, il n’aurait jamais pu établir ses
Zurich pour Durmersheim fin février 1923.
Elle avait terminé son apprentissage
commercial et accumulé une considérable
expérience pratique dans son emploi en
qualité de mandataire de Kaspar Winkler &
Co. suisse. Elle était donc confiante dans
sa capacité à honorer sa mission. Klara
Winkler négociait elle-même les contrats,
montrant un grand sens du devoir et des
responsabilités dans ses relations avec les
clients. Elle était par ailleurs fréquemment
présente sur les chantiers. Imaginez ceci:
En 1923, une jeune femme suisse portant
une jupe longue et un chapeau à larges
bords sur un chantier en Allemagne. Dans
ce monde dur, gouverné par les hommes,
elle agissait d’une manière à la fois con-
fiante et compétente. Cela causa un cer-
tain émoi.
Klara Winkler travaillait dur, et elle fit ce
qu’elle pu. Cela représentait certainement
beaucoup. Mais établir une nouvelle
société dans un pays étranger dans des
circonstances très difficiles, et positionner
cette société sur le marché requérait
des qualités que la fille de Kaspar Winkler
n’avait tout simplement pas. La société
devint dépendante d’une banque de Karls-
ruhe. La vérité, c’est que les premières
années à l’étranger furent très difficiles
pour Kaspar Winkler & Co.
5 Le chimiste Thomas A. Shann dirigea le laboratoire de Kaspar Winkler & Co. de 1921 jusqu’à sa retraite, en 1956. Photo de 1942.
6 Klara Winkler avec un groupe d’employés, en face de l’usine de Geerenweg, 1929.
5
3 En juillet 1926, Kaspar Winkler (troisième depuis la droite) s’envole de Francfort vers Londres avec une escorte, afin de négocier la création de Sika Ltd.
4 Bâtiment de l’usine de Durmersheim près de Karlsruhe, Baden-Württem-berg, achetée en 1921.
6
23
représentations dans tous ces pays. Mais
Wey empêtra Kaspar Winkler dans un con-
trat si compliqué et élaboré qu’en 1932,
la société dut être divisée par décret d’un
tribunal d’arbitrage. Il fallut 41 années pour
que, en 1973, la division puisse être révo-
quée par l’achat des droits sur la marque
en Allemagne.
Quatrième tentative: «Puis-je vous présenter mon chauffeur?»
En réalité, le chauffeur n’était pas vraiment
un chauffeur. Son nom était Fritz Schenker
et il était le futur gendre de Kaspar Winkler.
Le 1er mai 1928, Schenker rejoignit la
société et, à compter de ce jour, il a dû
conduire son patron – qui ne savait pas
conduire – sur de nombreux chantiers de
construction. Le 20 août de la même
année, Schenker épousa la fille du patron.
Après le mariage, Winkler cessa de faire
la blague du chauffeur et le présenta fière-
ment comme son gendre. Et à juste titre:
hautement qualifié, Schenker, qui avait un
diplôme de chimie de l’EPF de Zurich,
s’aperçut immédiatement que Wey trom-
pait de manière répétée et continue son
beau-père, qui n’était pas un grand adepte
du domaine commercial. Fritz Schenker
était convaincu de ce qu’il écrivit plus tard:
«Si ces contrats avaient été maintenus,
Kaspar Winkler n’aurait plus eu grand-
chose à dire dans sa propre société.»
La dichotomie des droits de la marque eut
des conséquences dramatiques pour le
groupe Sika. Elle entrava gravement son
développement. Le long procès, dans
lequel tous les coups étaient souvent per-
mis, fut finalement réglé en dehors des
tribunaux, mais il fut éprouvant et mit la
famille Winkler à rude épreuve. Au cours
de ce conflit, en 1932, Kaspar Winkler
se retira des affaires opérationnelles. La
gestion de la société était désormais
entièrement entre les mains de son gen-
dre, Fritz Schenker. Mais Winkler restait le
propriétaire de l’entreprise. Ce n’est que
17ans plus tard, 2 ans avant sa mort, que
Kaspar Winkler (alors âgé de 77ans) céda
la société à Schenker.
La fondation d’une société par actions ne
sembla jamais opportune – pas même au
cours des premières années. Mais l’idée
d’une holding pour les filiales étrangères
finit par être acceptée. Le 2 juin 1930,
la holding du groupe Winkler fut inscrite
au registre du commerce de Glaris sous
le nom de «Sika Holding AG». Le canton
7 Les ouvriers utilisent Sika et le mastic Igas pour imperméabiliser le passage d’une cage d’ascenseur dans le métro de Londres à «Monument Station». Autour de 1930.
8 Laboratoire et recherche, 1942.
suisse de Glaris fut choisi pour des raisons
purement fiscales. Le Conseil d’admi-
nistration continua à se réunir à Zurich.
Crise économique ou pas – Fritz Schenker
continuait à aller de l’avant dans son
expansion à l’étranger. Dans les années
30, il ouvrit plusieurs nouvelles branches:
un bureau de vente en Espagne, en 1931;
une filiale au Japon, en 1932; des représen-
tations en Pologne et en Tchécoslovaquie,
en 1933. Anton von Salis, un ami de Fritz
Schenker, fonda la société Montana au
Brésil et l’utilisa comme base pour la vente
des produits Sika, créant ainsi son propre
projet. L’étroite collaboration avec Mon-
tana, qui dura jusqu’au milieu des années
80, fut à la base d’une forte présence
Sika dans l’ensemble du continent sud-
américain.
L’étape suivante fut la création de Kaspar
Winkler & Co. Autriche en 1934, dans le
Vorarlberg. La compagnie avait ses pro-
pres unités de production. En 1936, une
société de production fut implantée avec
succès aux Etats-Unis. En 1938, l’entre-
prise réussit à prendre pied à Buenos
Aires. Peu de temps avant le déclenche-
ment de la Seconde Guerre mondiale,
Sika était représentée par ses propres
filiales en Europe, en Amérique du Nord,
en Amérique du Sud et même en Asie.
9 Fritz Schenker dans son bureau; sur le mur se trouve un auto-portrait dessiné par son beau-père Kaspar Winkler. Photo datant de 1942.
10 Hans Welti, le premier apprenti de Kaspar Winkler & Co., fait fonction-ner le central téléphonique à manivelle. Les commutateurs de la boîte en bois sous l’appareil permettent aux appels d’être transférés.
8 9 10
25
Le déclenchement de la guerre aux premiè-
res heures de l’aube du 1er septembre 1939
causa instantanément les plus grandes
difficultés à toutes les filiales de Sika. La
plupart d’entre elles étaient situées dans
des pays impliqués dans la guerre – qu’ils
appartiennent aux puissances de l’Axe
ou aux forces alliées. Les communications
avec la société mère cessèrent immédia-
tement. La guerre jeta son terrible sort sur
l’Europe et l’économie tomba presque au
point mort.
C’est un fait historique connu que la
Suisse, pays neutre, souffrit beaucoup
moins des horreurs de la Seconde Guerre
mondiale que les autres pays européens.
Pourtant, la mobilisation emporta de
nombreux hommes de bien et d’impor-
tance loin de leurs maisons pour garder
la frontière. Parmi eux se trouvait le capi-
taine Fritz Schenker, le patron de Sika
lui-même. Toutefois, après la tourmente
des premiers mois, Kaspar Winkler & Co.
fut en mesure de profiter d’une économie
de guerre en plein essor.
Sika tient le fort: une retraite profitable dans la tourmente de la guerre
Au cours de la guerre, la région des Alpes
suisses fut transformée en un grand fort,
surnommé «Réduit national». Dans le cas
où les régions du centre auraient été per-
dues, la neutralité aurait été farouchement
défendue dans les montagnes. Un plan
d’une telle ampleur requérait des fortifica-
tions et des places fortes pour les canons,
qui devaient permettre de résister non
seulement à l’ennemi, mais aussi aux for-
ces de la nature – en particulier à l’eau.
Les produits d’étanchéité de la gamme
Sika furent utilisés en grandes quantités
pour construire ces forts.
Beaucoup de Plastiment fut aussi utilisé,
un produit devenu de plus en plus impor-
tant – presque aussi important que Sika –
depuis son introduction en 1934. Plasti-
ment fluidifie le béton. Il le rend plus
imperméable à l’eau et plus résistant à la
fissuration. Les merveilleuses qualités
de Plastiment, tout à fait uniques, avaient
déjà fait leurs preuves dans la construc-
tion du barrage de Beni-Bahdel en Algérie.
L’armée suisse considérait ce produit de
Kaspar Winkler & Co. comme le meilleur
produit disponible.
Des barrages et des centrales hydro-
électriques étaient également nécessai-
res – beaucoup plus qu’il n’en existait à
l’époque. La Suisse était menacée par
une dramatique pénurie d’énergie, après
que les importations de charbon aient
tourné court. A ce moment-là, il était im-
portant de promouvoir l’électricité et de
devenir indépendant en termes d’appro-
visionnement.
Comme tant de fois auparavant, Fritz
Schenker – accompagné de son épouse
Klara et de sa fille Franziska – décida de
visiter personnellement les chantiers
afin de promouvoir ses produits. Les ges-
tionnaires des chantiers des centrales
d’Oberhasli dans l’Oberland bernois, par
exemple, furent tellement enthousiasmés
à la fois par le produit et la famille, que
les Schenker purent prendre le train de
retour pour Zurich avec un important
contrat en poche.
1 L’observatoire au sommet du Sphinx a une cage d’ascenseur et un système de tunnel le reliant aux autres bâtiments sur le Jungfraujoch. Il fut construit entre 1936 et 1938 avec des produits Sika permettant d’améliorer la qualité et la résistance.
2 Utilisation du processus Oberhasli pour imperméabiliser l’entrée du tunnel d’Innertkirchen en 1941–42. Les ouvriers capturaient l’eau péné-trant dans les tubes en caoutchouc, et étanchaient une vaste zone adjacente avec du plâtre Sika-4a. Enfin, ils retiraient les tubes en caout-chouc et remplissaient les cavités avec du ciment et Sika-2.
3 Le barrage en béton de Beni-Bahdel en Algérie fut un projet prestigieux pour Sika, à la fin des années 1930. Le barrage, construit dans une eau aux propriétés légèrement agressives, fut édifié avec du béton adjuvanté de Plastiment.
4 Bétonnière sur le chantier d’un bunker de mitrailleuses à Baden-Dättwil, au milieu de l’hiver 1939–40. Le travail devait s’arrêter lors de températures inférieures à moins 20 degrés.
5 Dans les bureaux chez Kaspar Winkler & Co. à Zurich-Altstetten, 1942.
6 Plastiment était le produit idéal pour de grandes structures en béton. Brochure publicitaire Plastiment des années 1930 pour la construction de barrages en béton.
4 5 6
27
Sika sous l’eau – un plongeur utilise Sika-4a au cours de rénovation de la centrale Peggau en Autriche, vers 1960.
29
Kaspar Winkler & Co. augmenta ses ventes de produits de façon spectaculaire, de
485000 francs suisses en 1939 à 1,5 million en 1942. Le prix moyen des produits
augmenta d’environ 50% (et pour Sika, le produit principal, une augmentation de 86 %
fut enregistrée), fait principalement dû à l’augmentation spectaculaire du prix des
matières premières pendant la guerre.
Outre la construction de forts et de centrales électriques en Suisse, l’augmentation
considérable du chiffre d’affaires s’explique par les commandes émanant d’entreprises
de renom telles que Georg Fischer AG, Landis & Gyr ou Migros – pour n’en nommer
que quelques-unes. Une politique financière prévoyante limita cependant de manière
délibérée la hausse des bénéfices. Des provisions furent faites en vue de pertes
possibles en cas de cessation de paiement de pays à la dérive comme la Pologne, la
Tchécoslovaquie ou l’ancienne Espagne républicaine.
Même pendant les années de guerre, Kaspar Winkler & Co. s’avéra être une entreprise
innovante. La guerre fut terrible, mais même après, la croyance en un monde meilleur
fut impertubable. En 1940, le département du feutre bitumineux «Befa» (étanchéité
bitumineuse élastique) fut créé. En 1941, un deuxième camion de type «Berna», portant
le logo de Kaspar Winkler & Co., pouvait être vu parcourant les routes suisses. 1942 fut
l’année de l’acquisition de terrains à Tüffenwies, Zurich, où Sika Suisse est aujourd’hui
encore installée.
A Tüffenwies, Zurich, se trouvait une entreprise qui avait fabriqué des parfums. Ce qui
constituait une assez bonne infrastructure pour le nouveau propriétaire. L’achat de la
propriété fut une étape importante. Avec la rénovation des locaux et le déménagement,
le cap pour une croissance supplémentaire était fixé.
Sika pétri dans un malaxeurDifficile à imaginer, mais pourtant vrai: la production était encore réalisée comme dans
une très petite entreprise. Le bitume devait être transporté à l’étage dans un ascenseur
pour être pétri dans un malaxeur – ce qui était incommode, laborieux et pas très effi-
cace. Pourtant, les résultats étaient bons, même dans les moments difficiles: les ventes
à l’Allemagne de la Seconde Guerre mondiale augmentèrent. En 1942, 92 tonnes de
Sika furent acheminées de l’autre côté du Rhin. En 1943, ce chiffre passa à 125 tonnes.
Dans la même année, 177 tonnes de Sika furent vendues en Suisse.
Le boom des années de guerre finit par ralentir. De plus, les coûts de maintenance et
de réparation augmentèrent, générant pour l’entreprise un déficit de 12000 francs
suisses en 1944. La délocalisation de la production de Plastiment de Geerenweg à
Tüffenwies eut également lieu au cours de l’exercice 1944. Tous les produits avant-
gardistes et financièrement prometteurs étaient désormais fabriqués sous le même
toit. Les employés Sika continuèrent à entrer et sortir de Geerenweg jusqu’en 2007.
En 2008 cependant, les bâtiments furent démolis par leur nouveau propriétaire.
Croissance pendant la guerre
1 Une vue aérienne de la propriété achetée à Tüffenwies en 1942.
2 La production de mastic vers 1942. Le mastic était pétri par une machine de la société Werner & Pfleiderer, utilisée par les boulangeries pour préparer la pâte. C’est ainsi que le mastic fut confec-tionné jusqu’en 1962.
3 En 1942, Kaspar Winkler & Co. acheta un camion à plateau Tempo à quatre roues motrices. La photo montre du feutre bitumineux en cours de chargement. Le bois au premier plan sert à alimenter des fours à bitume.
31
La Seconde Guerre mondiale engendra
beaucoup de chiffre d’affaires mais très peu
de bénéfices. Il était difficile de se procurer
des matières premières et le fait que les prix
soient fixés amoindrissait les résultats com-
merciaux. Les produits Sika étaient utilisés
pour la construction de bâtiments impor-
tants d’un point de vue stratégique, au pays
et à l’étranger.
Même avec une petite quantité d’additif de
ciment, Plastiment permettait de réaliser
un béton de superbe qualité et, de ce fait, il
était très demandé. L’utilisation de Plasti-
ment permettait de réaliser des économies
dans l’utilisation de ciment tout en permet-
tant la production d’un béton pompable de
grande qualité, avec l’avantage supplémen-
taire d’avoir une densité plus élevée.
En raison de la forte demande, la société
autrichienne Plastiment Ges.m.b.H créa
pendant la guerre une succursale à Malsch,
près de Karlsruhe. En 1942, Sika possédait
deux usines en territoire allemand – l’une
située à Bings, dans le Vorarlberg, l’autre
dans le village allemand de Malsch, Baden.
Pendant les années culminantes de 1942
et 1943, les deux usines ne produisaient
pas moins de 500 tonnes de Plastiment
par mois. En comparaison, seulement
293 tonnes furent produites à Zurich-Alt-
stetten durant toute l’année 1942.
Amis et ennemis – tout le monde compte sur les produits Sika
1 Un navire Liberty en cours de construction. La coque était en béton armé. La compagnie américaine Sika utilisait Plastiment comme adjuvant, contribuant ainsi à l’armement des Alliés, dans une branche toute neuve de l’activité Sika – la construction navale.
2 Kaspar Winkler avec sa seconde épouse Alice, née Sticher, près de 1945.
3 Production en plein air de feutre bitumineux – Sika Ltd., fondée au Chili en 1942.
Lorsque la demande des forces allemandes
en Plastiment ne put plus être satisfaite, la
filiale française Akis SA fut sollicitée à son
tour. Akis SA fut ainsi impliquée dans le plus
grand projet de construction de la guerre,
le Mur de l’Atlantique. Avec l’aide de Plasti-
ment, les bunkers de l’Atlantique et des
côtes de la Manche furent bétonnés et Sika
fut utilisé pour étancher des hangars
d ’avions, des réservoirs de carburant et des
tunnels de forteresses. Du côté des Alliés,
les sociétés britanniques Sika fonction-
naient à pleine puissance. A McCloskey &
Company dans la ville américaine de Tampa,
24 navires de transport en haute mer furent
fabriqués. En raison de la pénurie d’acier,
les coques furent coulées en béton préfor-
mé adjuvanté Plastiment – une nouveauté
absolue en matière de construction navale.
Ce qui ressemblait à un grand profit était
pourtant loin de l’être en réalité. Les
prix extrêmement élevés des matières pre-
mières, les difficultés à se procurer ces
matériaux, les prix de vente déterminés par
le gouvernement et la forte taxation des
profits de guerre faisaient une large entaille
dans les résultats consolidés. Fritz Schenker
déclara, dans le rapport annuel, que les
filiales étrangères étaient contrôlées par
leurs gouvernements respectifs. En 1943,
la filiale au Japon fut liquidée sous la
pression du gouvernement japonais. Son
directeur général, Markus Weidenmann,
y fut bloqué jusqu’à la fin de la guerre.
La guerre touchait à sa fin et les gestion-
naires de Sika étaient soucieux de l’avenir.
Fritz Schenker était pessimiste quant à
l’avenir des filiales européennes. Pour cette
raison, le Conseil d’administration de Sika
Holding donna à ses filiales l’ordre de
stocker des matières premières. Les actifs
physiques se dévaluaient bien moins rapi-
dement que l’argent et pourraient même –
en cas de pénurie – gagner en valeur. Avec
des entrepôts bien approvisionnés et des
usines en état de fonctionner, Sika voulait
prendre un nouveau départ après la guerre.
La reconstruction de l’Europe s’annonçait
longue. Faire des affaires de manière nor-
male n’était tout simplement pas encore
possible dans les pays ravagés par la guerre.
Le principal problème pour Sika était que
la holding n’était pas en mesure de fournir à
ses filiales des moyens financiers suffisants
pour reprendre leurs activités commer-
ciales. En 1948, cela commença à changer
et les choses s’améliorèrent. L’aide finan-
cière prévue dans le cadre du Plan Marshall
facilita la reconstruction et sortit l’industrie
du bâtiment de sa léthargie. L’Europe se
réveilla du traumatisme de la guerre.
4
4 Le navire de béton David O.Saylor. Pendant le débarquement en Normandie de 1944, la marine américaine fit accoster ce navire de béton, construit avec Plastiment, sur la plage d’Omaha. Là, il servit d’appontement pour un port artificiel afin d’approvisionner les troupes alliées après le débarquement.
5 L’intérieur du Musée allemand de la tour de Munich fut imperméabilisé avec Sika dans les années 1920.
6 Sika Autriche à Bludenz-Bings, 1945.
5 6
33 Un nouveau départ
«Ciment, Sika, clinker, zinc, laine de verre,
Eternit – c’est le vocabulaire de ma calli-
graphie.»
MAX FRISCH (1911–1991),ARCHITECTE ET AUTEUR
Ce qu’écrivait Max Frisch – alors que la
guerre faisait encore rage – ne pouvait
être conçu que comme l’annonce pleine
d’espoir d’un rapide retour à la normale.
Le fait qu’un architecte – et un critique
contemporain – mentionne Sika en même
temps que le ciment, le clinker, le zinc,
la laine de verre et l’Eternit, prouve à quel
point le nom, la marque et le produit
étaient désormais ancrés dans l’industrie
du bâtiment et parmi les experts. Le nom
Sika était devenu un terme indispensable.
La guerre était enfin terminée. De ses
débris, une nouvelle vie émergea. La
reconstruction progressa rapidement.
Le miracle économique allemand ne
tarda pas à arriver: bientôt, les usines
Sika atteignirent leurs limites en terme
de capacité de production et dûrent
s’agrandir. Le chiffre d’affaires augmenta.
Sika commença à se développer sur
tous les continents. Les filiales furent
fondées les unes après les autres. Sika
reconquit les marchés étrangers perdus
pendant la guerre. De nouveaux pays
furent ajoutés sur la carte Sika. Il devint
rapidement évident qu’une diversification
géographique réduisait considérablement
les risques pour l’ensemble du groupe.
La création des start-ups Sika suivait inva-
riablement le même schéma: les nouvelles
filiales vendaient des produits importés.
Une fois que les produits étaient établis
sur le marché local, les points de vente
évoluaient en unités de production. Mais
Sika ne s’agrandit pas seulement à l’étran-
ger – de nouvelles filiales furent également
établies à Lausanne (1944), Berne (1954) et
Saint- Gall (1957).
La reprise économique qui débuta dans
les années 40 devait durer près de deux
décennies dans de nombreux pays euro-
péens. Toute l’industrie du bâtiment
connut des taux de croissance incroyable-
ment élevés. Sika était bien représentée
dans des projets d’infrastructure euro-
péens de grande envergure. «Fro-Be» et
«Frioplast» furent utilisés dans la construc-
tion de barrages. Ils permettaient de créer
un béton résistant au gel par entraînement
d’air et se révélèrent donc idéaux pour
les conditions sévères de la montagne. En
1953, des bandes d’étanchéité élastiques
destinées aux joints de construction sur
les structures en béton furent ajoutées à la
gamme des produits. Au cours des années
50, la production de feutre bitumineux,
fabriqué à Zurich depuis la guerre, devint
profitable.
La léthargie du boom économiqueLe boom de la construction fit émerger
une concurrence nombreuse. Certains
concurrents jouissaient d’une meilleure
réputation que d’autres. Dans tous les cas,
la concurrence était agressive et attirait
les clients avec des prix particulièrement
bas. Fritz Schenker, président et délégué
du Conseil d’administration de Sika
Holding AG, reconnut que le boom écono-
mique n’était plus vraiment une bénédic-
tion. Dans le rapport annuel de 1956/57,
il écrivait: «Le boom a aussi ses incon-
vénients. […] Aujourd’hui, nous sommes
1 L’usine construite par la filiale Sika Vorarlberg pendant la Seconde Guerre mondiale à Malsch, près de Karlsruhe. Photo datant de 1950.
2 Le barrage en béton d’Aussois en France, construit avec Frioplast entre 1949 et 1950.
presque arrivés à la conclusion qu’il serait
bon pour l’économie que le boom se calme
et retrouve un niveau normal, […] ce qui
permettrait ensuite de séparer le bon grain
de l’ivraie.» Mais l’orage à l’effet purifiant
omit de se présenter. L’ivraie resterait sur
le marché pendant un certain temps.
Lorsque, au cours des années 50, un
marché unique européen fort fut constitué,
Sika, qui générait une grande partie de
son chiffre d’affaires en Europe occiden-
tale à l’époque, ne vit pas en lui une
chance, mais le considéra plutôt comme
une menace. Fritz Schenker avait peur
des grands groupes centralisés. Sika pro-
duisait principalement au niveau local et
dans de petites unités de production. Mais
Romuald Burkard voyait une force particu-
lière dans les sociétés Sika indépendantes,
dont il pensait qu’elle ne devait pas être
dilapidée ou risquée à la hâte. «Dans l’in-
dustrie du bâtiment, il existe des différen-
ces locales qui doivent être respectées.»
La production indépendante pour un mar-
ché local limité est un service à la clientèle,
disait-il, et elle est donc indispensable. Il
défendait ainsi la stratégie que Sika pour-
suivait alors.
L’entreprise se laissa porter dans le sillage
de l’essor économique, se reposant sur ses
lauriers. Aucun progrès n’était fait dans les
domaines de la recherche et du développe-
ment de produits. Le marché ne demandait
rien de nouveau. Ce qui avait été essayé et
testé auparavant marchait encore parfaite-
ment bien. Le travail dans les laboratoires
de Kaspar Winkler & Co. à Zurich-Altstet-
ten s’immobilisa. Mais c’était le lieu où tou-
tes les recherches pour l’ensemble du
groupe étaient faites, et exactement là où
elles devaient être faites. Les adaptations
et modifications mineures semblaient
suffire. Sika faillit passer à côté de la nou-
velle technologie de résine synthétique –
il s’en fallut de peu.
35
«De puissants groupes, de dix à cent fois
plus grands que Sika, sont désormais
actifs dans la chimie de la construction et
les secteurs de la chimie des additifs,
pesant lourdement sur les perspectives
d’avenir de notre société, notamment en
raison de leur plus grande marge de
manœuvre.»
DR. FRITZ SCHENKER, PRESIDENT ET DÉLÉGUÉ DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE SIKA HOLDING AG.EXTRAIT DU RAPPORT ANNUEL 1959/60
Sika était à la traîne par rapport à ses
concurrents. Cela était surtout vrai dans
le domaine de la recherche, qui avait pour-
tant toujours fait la fierté et la joie de
l’entreprise; Sika n’était tout simplement
plus à jour. Avec juste quelques tubes à
essai, des récipients de mélange, ainsi que
plusieurs becs Bunsen, comme ceux
utilisés dans les années 30 et 40, aucune
recherche digne de ce nom n’était possi-
ble. En plus de cela, il y avait des querelles
personnelles au sein de l’entreprise.
Romuald Burkard, qui portait un grand
intérêt à la chimie et qu’on pouvait souvent
trouver dans les laboratoires, écrivit de
façon abrupte et concise: «[…] le labora-
toire est l’endroit le plus troublé, abritant
le plus grand mécontentement au sein
de Kaspar Winkler & Co.» Au début des
années 60, la seule innovation majeure fut
l’adjuvant «Friolite».
Un rappel à l’ordre au début des années 60
L’analyse de Romuald Burkard frappa tout
le monde comme un éclair. Ensuite, plus
rien ne fut pareil dans le département de la
recherche. Le département fut entière-
ment rénové et restructuré. Du nouveau
personnel, plus compétent, travailla dans
les différents laboratoires. Un meilleur
équipement fut utilisé. Un nouveau labora-
toire, exclusivement dédié aux matériaux
synthétiques, fut mis en place. Dans un
court laps de temps, le département de la
recherche fut entièrement modernisé et
agrandi pour atteindre cinq fois sa taille
initiale. Il était extrêmement important de
rattraper le temps perdu dans le nouveau
domaine de la technologie des résines
synthétiques.
Au cours de son histoire, Sika avait prouvé
à maintes reprises qu’elle était capable de
faire face, même dans des situations diffi-
ciles. En seulement deux ans, Sika rattrapa
ses concurrents. Plus que cela – après
la production réussie de résines synthé-
tiques, Sika s’attaqua au domaine de la
fermentation. A l’aide de ce processus
biochimique, on peut produire des acides
organiques. Les retardateurs de prise
développés à partir de ce processus, tels
que «Plastiment RD» (RD signifie ici retar-
dateur) furent utilisés avec succès dans
la protection des joints de construction.
L’usine de fermentation, située à Tüffen-
wies, devint rapidement l’une des plus
grandes et des plus modernes d’Europe.
Le développement d’une production de
résines synthétiques en propre, ainsi que
de la fermentation, transforma Sika en
une véritable entreprise chimique. Il ne
s’agissait plus simplement de mélanger
des substances achetées – maintenant
Sika fabriquait ses propres produits inter-
médiaires. Sika devint plus indépendante
à l’égard des compagnies vraiment impor-
tantes dans l’industrie, et fut même en
mesure de faire pression sur ces dernières
pour qu’elles baissent les prix de leurs
produits. L’esprit d’innovation changea
même les méthodes de production:
jusqu’en 1963, les lots d’enduit d’étan-
chéité en pâte Sika-1 étaient mélangés
dans des bacs, tout comme le faisait
Kaspar Winkler à son époque. La produc-
tivité augmenta de façon spectaculaire
avec l’introduction de la nouvelle techno-
logie de «processus continu».
Grâce aux efforts intensifs en recherche
et en production, les puissants groupes
qui étaient «dix à cent fois plus grands que
Sika» ne représentaient plus une menace.
Sika fut à nouveau en mesure de tenir ses
plus gros concurrents à distance.
1 Laboratoire brésilien Sika à Rio de Janeiro vers 1959.
2 Fritz Schenker (troisième depuis la droite) lors d’une visite à Santiago du Chili, octobre 1959. A côté de lui (deuxième depuis la droite): Alfons Vieli, qui partit avec 20000 dollars en espèces pour fonder Sika Chili en 1942.
3 L’usine de la filiale Sika japonaise réouverte en 1953 à Totsuka près de Yokohama; image de la fin des années 1950.
4 Fritz Schenker (deuxième depuis la gauche) sur le site de construction du barrage Kyushu Electric Power Co. de Hitotsuse au Japon, en 1963.
3 4
37
Ce qui avait commencé dans un immeuble
loué à un prix avantageux (1600 francs
suisses) à Zurich en 1910, était – lorsque
vint 1960 – en meilleure forme que jamais.
27 entreprises avec 16 usines et 65 agen-
ces générales étaient réunies sous le nom
de Sika dans de nombreuses parties du
monde. 350 personnes étaient employées
au siège social de Kaspar Winkler & Co.
à Zurich-Altstetten. Les produits nets de
l’ensemble du groupe Sika s’élevaient à
environ 50 millions de francs suisses. Son
50e anniversaire eut lieu en période de
boom économique.
L’atmosphère dans les années 60 était
semblable à une ruée vers l’or. Tout sem-
blait possible. L’activité dans le secteur
du bâtiment – dans tous les pays où Sika
était représentée – était absolument floris-
sante. Il y avait une nette tendance à la
hausse.
Les choses bougeaient aussi à l’intérieur
de l’entreprise, et au plus haut niveau: Fritz
Schenker, le gendre de Kaspar Winkler,
fondateur de la société, se retira de la ges-
tion courante de l’entreprise pour laisser
cette place à son propre gendre, Romuald
Burkard. Les gendres devaient assumer
Mi-temps et pas de fin en vue: Sika a 50 ans
la responsabilité de la société. Les con-
ventions de l’époque – concernant la place
des hommes et des femmes – rendait
impossible pour les filles de Kaspar Wink-
ler et de Fritz Schenker (aucun des deux
n’eut de fils) de reprendre la société. Le
1er janvier 1962, le siège social de la com-
pagnie fut rebaptisé «Kaspar Winkler & Co.
Titulaires M.F.A. Schenker-Winkler et
M.R.Burkard-Schenker.»
Sous l’égide de Burkard, de nouvelles
usines furent construites au Mexique
(1963) et en Norvège (1968). La filiale
canadienne Sika construisit sa première
usine à Pointe-Claire en 1967 et obtint
le statut d’entreprise de production. En
1964, Kaspar Winkler & Co. transféra
son service de direction à une société en
nom propre nommée Sika Bau AG. La
nouvelle filiale connut un départ parfait et
bénéficia d’un succès inattendu.
Sika Bau AG avait deux tâches principales.
La première consistait à utiliser correc-
tement l’ensemble des produits Sika exis-
tants sur les chantiers. La deuxième était
de fonctionner comme un poste de con-
trôle au sein du groupe, un poste de con-
trôle pour les nouveaux produits et les
nouvelles technologies. Un autre rôle était
aussi de faire office de conseillère pour
toutes les sociétés Sika à l’étranger et,
enfin et surtout, de former les employés.
1 Un conteneur de Sika prêt-à-l’emploi en Suisse romande, au milieu des années 1950. Les maîtres d’œuvre se rendaient à la succursale de Lausanne pour remplir ces conteneurs de Sika-4a.
2 Grâce à l’Algérie, Sika eut sa première base sur le continent africain en 1947.
3 Le responsable des expéditions et des réceptions collant des étiquettes Sika sur un récipient en métal. Autour de 1942.
4 Karl Werner dans son laboratoire d’essai de matériaux.
2 3 4
Les cadres qui intégraient la société
étaient envoyés sur les chantiers de Sika
Bau pour apprendre sur le terrain l’utilisa-
tion correcte des adjuvants et des bandes
d’étanchéité. La devise était «apprendre
en faisant». La connaissance des produits
était absolument indispensable pour tous
les cadres.
A la suite de l’exemple suisse, de nom-
breuses entreprises de travaux virent
le jour à l’étranger: à Karlsruhe, en
Allemagne, ce fut Plastiment-Isolierbau
GmbH; à Vienne, en Autriche, Sika-Iso-
lierbau GmbH; à Milan, en Italie, Sika-
Costruzioni S.p.A.; à Apeldoorn, aux Pays-
Bas, Binda-Bouw; à Londres, au Royaume-
Uni, Sika-Contracts Ltd.; à Bruxelles, en
Belgique, Sika Contracts S.A. et à Madrid,
en Espagne, Sika-Trabajos. L’intention
était claire: Sika voulait profiter du boom
économique, non seulement en Suisse,
mais aussi au niveau international.
Toutes ces entreprises de travaux géné-
raient un chiffre d’affaires total de 42 mil-
lions de francs suisses, en 1967. La moi-
tié était réalisée à Sika Bau AG, Zurich. En
comparaison, le siège de la société avait
un chiffre d’affaires de 52 millions de
francs suisses, à cette époque. L’impor-
tance de l’activité travaux était énorme
dans les années 60.
39
Les années 60 furent des années riches en
événements. Un changement de valeurs
se profilait. Les traditions étaient remises
en question, la jeunesse agitée descendait
dans la rue. L’Europe était en plein boule-
versement. Sika atteignait ses limites.
En 1965, «Sika International» fut fondée
à Zurich. Elle était destinée à servir de
service administratif central, dans le but
d’améliorer à la fois la gestion et le con-
trôle des filiales, mais son principal objec-
tif était de rationaliser leur organisation.
Le siège social n’avait simplement pas les
infrastructures nécessaires pour faire face
avec professionnalisme et efficacité aux
différentes tâches qui ne cessaient d’aug-
menter. Les départements des ventes,
de la production et de la recherche furent
réorganisés. Mais, comme toujours, les
affaires internationales et suisses étaient
maintenues strictement séparées.
Sika devint plus internationale. Toutefois,
au milieu des années 60, des choses
importantes se produisirent également
dans le village de Düdingen, dans le canton
suisse de Fribourg. Sika acheta plus de
100000 m2 de terrain en 1965. L’objectif
était de construire une nouvelle usine
opérant sous le nom de «Sika Norm AG».
L’ancien siège de la société à Tüffenwies
– en dépit de nombreuses modifications
et agrandissements – était plein à craquer.
Sika avait besoin d’espace. De l’espace
pour la fabrication de nouveaux produits
tels que des feuilles d’étanchéité à base de
butyle, d’hypalon et de PVC, des panneaux
d’isolation en mousse faits de polyuré-
thane et de polystyrène, des panneaux en
Des hauts, des bas et à nouveau des hauts
fibre de polyester armé ondulé et des
bandes d’étanchéité composées de PVC.
Le 1er mai 1968, la production débuta
à la nouvelle usine.
La nouvelle usine de Düdingen venait à
peine d’être construite et mise en fonction
que les cadres dirigeants de la société
commençèrent à regarder plus loin. Des
critiques émergèrent, cependant, en par-
ticulier celles émises par Fritz Schenker
qui voulait consolider les réalisations anté-
rieures avant de planifier et de réaliser des
investissements supplémentaires. «Serait-
ce une bonne idée de faire une pause?»,
demandait le directeur général de Sika
Norm, Jean-Claude Reymond, s’exprimant
dans le numéro de mai de la revue interne
en 1968 pour répondre immédiatement à
sa propre question: «Non, le train de l’ave-
nir partira de toute façon, avec ou sans
nous. C’est à nous de décider si nous mon-
tons à bord de ce train à temps ou si nous
voulons courir après lui, en risquant d’être
écrasés par les roues du temps – ou plutôt,
les roues du développement technique,
dans une tentative tardive de rattraper ce
train.» Sur la suggestion de Romuald
Burkard, la direction de l’entreprise réagit
d’une manière très pragmatique à cette
déclaration imagée de Reymond et, en rai-
son du manque de capitaux propres, fonda
«Sika Finanz AG» le 14 mai 1968, avec
un capital social de 30 millions de francs
suisses. Le traditionnel monopole de la
famille fut abandonné au profit d’investis-
seurs étrangers.
1 Pendant l’inspection, un employé présente et mesure des panneaux isolants fabriqués à Düdingen. La production initiale fut cependant tout sauf aisée.
2 Le personnel était inventif non seulement lorsqu’il construisait de nouvelles machines, mais aussi quant à leur utilisation. Les fabricants de feutre bitumineux avaient découvert que, pour peu qu’il soit enve-loppé dans plusieurs couches de cire et de papier d’emballage solide-ment arrimés, un gigot pouvait être chauffé dans du bitume à 180 degrés.
Le résultat était un «gigot-bitume» succulent et merveilleusement fumé, alors souvent servi lors des fêtes de l’entreprise, ici à l’ouverture de Sika Norm à Düdingen en 1968.
3 Romuald Burkard et Fritz Schenker à l’ouverture de l’usine de Düdingen, 1968.
4 Fritz Schenker inspecte la nouvelle usine Sika Norm de Düdingen, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture le 14 juin 1968.
3
4
41
Le prix de l’expansionLe revers de la médaille se révéla bien trop tôt. Cette rapide expansion eut un prix. Sika
avait de grandes attentes à l’égard de Sika Norm. Les nouveaux produits synthétiques
étaient destinés à rajeunir la gamme des produits, tout en renforçant la position de
l’entreprise dans le segment de marché des «pièces standards pour l’industrie du bâti-
ment». Mais au lieu de générer les revenus anticipés, Sika Norm était dans le rouge.
Et ce n’était pas le seul malheur à s’abattre sur la société: après un boom économique
ayant duré de nombreuses années, l’activité de la construction diminuait désormais
de façon spectaculaire. Le groupe tout entier semblait ébranlé. Les employés perdirent
confiance dans la société. Sika Finanz AG, la société holding de toutes les filiales en
difficulté, dut affronter de grands problèmes.
Ces temps difficiles coïncidèrent avec la maladie de Fritz Schenker. Un homme doté
d’une aussi grande détermination, combinée à une énorme somme de compétences,
aurait pu intervenir dès le début pour rétablir les choses. Sa présence à la tête de
l’entreprise aurait certainement remonté le moral du personnel. Mais l’entreprise dut
faire sans lui. Lorsqu’il mourut deux ans plus tard, le 8 mai 1971, un employé écrivit:
«En perdant le Dr Schenker, j’ai perdu quelqu’un que je considérais comme un père.»
La tendance à la baisse continua. Le spectre de la faillite n’était pas loin. Kurt Furgler,
membre du Conseil d’administration et plus tard, conseiller fédéral, finit par déclarer:
«Sika doit immédiatement prendre les mesures qui s’imposent!» Le directeur général
Burkard se plaignit: «La direction n’a pas été correctement informée par les différents
services. A cause de cela, nous avons poursuivi la stratégie d’expansion trop longtemps
et avec trop d’optimisme.»
Avec la construction de Sika Norm et l’achat de CTW (Chemisch-Technische Werke AG)
à Muttenz en mai 1968 pour 8 millions de francs suisses, ils avaient eu les yeux un peu
plus gros que le ventre. Le groupe, alors encore dirigé par un seul homme, se trouva
plongé dans une profonde crise financière et structurelle.
Le fait que Sika ait trouvé un moyen de sortir de la crise, qu’elle ait été en mesure de se
positionner à nouveau sur le marché et de considérer la nouvelle décennie avec l’espoir
justifié de jours meilleurs, fut en grande partie dû aux travaux du service «recherche
et développement». Durant la folle année 1968, les chercheurs introduisirent Sikaflex
sur le marché. Sikaflex était autant une colle qu’un mastic d’étanchéité mis au point
pour l’industrie du bâtiment. Mais il apparut très vite qu’il s’agissait d’un produit très
polyvalent. Le potentiel gigantesque de ce nouveau produit révolutionnaire se dévelop-
pa lentement mais sûrement.
5 Remplissage semi-automatique de cartouches de Sikaflex-1a en Suisse, aux alentours de 1980.
45
Cela se produisit un mercredi. Le 28 juillet
1971, la famille propriétaire convertit
Kaspar Winkler & Co. en une société ano-
nyme – ce fut la naissance de «Sika AG».
L’ancien nom fut supprimé. Le groupe fut
restructuré. Dès lors, toutes les questions
relatives à l’organisation, au financement,
à la direction et à la comptabilité furent
clarifiées.
Ce fut comme un orage dans un ciel d’azur.
La crise de Sika Finanz AG et le spectre
de la faillite frappèrent la société de plein
fouet. Des mesures drastiques ainsi que
la restructuration de la société étaient iné-
vitables. Les membres du Conseil exécutif
tirèrent les leçons de la crise. Les sentiers
battus furent abandonnés. Sika se changea
en un groupe organisé de façon rationnelle
avec des structures modernes, une gestion
d’entreprise centralisée et un système
de comptabilité uniforme. Au milieu de la
grande crise – au début des années 70 –
une époque touchait à sa fin: l’ère de l’en-
treprise Sika gérée par son propriétaire.
Après la mort du président du Conseil
d’administration historique, Fritz Schen-
ker, en 1971, et sous la pression et
l’influence de la Société de Banque Suisse
(nouvellement représentée au Conseil
d’administration), le directeur général
Romuald Burkard voulut aussi prendre du
recul. Il se retira des affaires opération-
nelles, se consacrant à sa mission de pré-
sident du Conseil d’administration de Sika
Finanz AG.
Romuald Burkard nomma Hannes Goetz
à sa succession. Ce chimiste alors âgé
de 60 ans, qui avait jusqu’alors dirigé le
département de recherche et développe-
ment, fut le premier dirigeant de la société
n’appartenant pas à la famille propriétaire.
Et Goetz était bien l’homme de la situation.
Il ramena le groupe dans des eaux plus
calmes. La rentabilité s’améliora rapide-
ment et la confiance des banques revint.
Tout cela était plus que nécessaire. La
prochaine crise frappait déjà à la porte.
L’année de probationEn 1973, les pays arabes producteurs de
pétrole ralentirent leur production de
pétrole et imposèrent des restrictions sur
les exportations. Les prix du pétrole aug-
mentèrent immédiatement. La situation
fut encore aggravée par d’autres facteurs.
Les effets du boom économique des
années 60 persistaient, et l’économie
était en surchauffe. L’environnement éco-
nomique se détériora.
Un nom disparaît
1 Le nouveau centre de recherche et de développement, Tüffenwies, Zurich, 2008.
2 Après que Burkard eut quitté son poste de CEO, une personne n’étant pas membre de la famille prit pour la première fois la gestion opérationnelle du groupe en charge. Sur la photo, le couple proprié-taire Franziska Burkard-Schenker et Romuald Burkard, 1978.
3 Nouvelle usine de production de colles souples à Düdingen, Suisse, 2008.
4 Equipement Spribag de mélange et de pulvérisation de béton. Sur la photo, une «machine universelle de pulvérisation sèche et humide».
5 Division de la recherche de Sika.
6 Sikagard, revêtements de protection pour le béton.
4 5 6
L’augmentation du taux de chômage, la
diminution des revenus et la réduction
consécutive du pouvoir d’achat firent le
reste. La récession des années 1974
et 1975 frappa l’industrie du bâtiment de
plein fouet. Le volume de construction
de bâtiments en Suisse baissa d’environ
30 pourcent. Pour le CEO Goetz 1974
fut, selon ses propres termes, «l’année
de probation».
L’un des principaux objectifs de l’entre-
prise consistait à protéger les emplois.
Malheureusement une partie du personnel
dut tout de même être congédiée et les
employés qui restèrent durent accepter
une réduction de leurs salaires. Rien qu’en
Suisse, l’effectif fut réduit de 20 pourcent.
Compte tenu des défis futurs, le directeur
général adjoint, Mario Oss, était déterminé
à préserver le noyau de la société. Bien
que le département de la fabrication ait dû
réduire le volume de la production, la
société maintint fermement son service
recherche et développement. Cela s’avéra
être une décision intelligente. Les déve-
loppements prometteurs de nouveaux pro-
duits et les améliorations apportées aux
produits existants permirent à Sika de sor-
tir de la crise et donnèrent à l’entreprise
l’avantage sur ses concurrents.
47
«Les employés Sika éprouvent un grand sentiment de responsabilité personnelle,
à l’égard de leur travail et de l’entreprise dans son ensemble.» Cette déclaration d’un
jeune employé danois est facile à comprendre dans le contexte du «Sika spirit». Sika
place une grande confiance dans ses employés. Ce que tous appellent le «Sika spirit»
représente également une attitude optimiste en ce qui concerne l’avenir de l’entreprise.
Au début des années 80, l’expression «Sika spirit» fut utilisée pour la première fois lors
d’une participation à un salon. Il est vite devenu le slogan d’une culture d’entreprise
unique et très humaine. Les employés ne devaient plus se percevoir eux-mêmes comme
de simples rouages au sein d’un vaste mécanisme compliqué, mais comme un élément
essentiel de l’entreprise. En Suisse, le «Sika spirit» fut particulièrement mis en avant dans
un magazine interne intitulé «Unter uns» (en français: Entre nous), que Romuald Burkard
créa en 1963. Le journal est encore publié aujourd’hui sous le même nom.
Romuald Burkard est considéré comme le père du «Sika spirit». Avec des slogans tels que
«le plaisir du travail en équipe», le «courage d’innover» et «la volonté de persévérer», cet actif
Rotarien essaya de rassembler autour de lui les employés Sika pour former une communau-
té. Il ne faisait aucune différence qu’ils soient des travailleurs en bleu de travail, des scienti-
fiques en blouse blanche ou des managers en costume de tweed – le «Sika spirit» était et est
toujours le dénominateur commun d’une confiance mutuelle et d’une conduite équitable.
«Unter uns» est la plate-forme d’expression des opinions de tous les employés Sika. En
même temps, c’est un forum ouvert à un échange animé d’informations. Ceux qui restent
au pays en apprennent davantage sur les voyages d’affaires effectués par les ingénieurs et
les managers. Les employés étrangers Sika se présentent à la communauté locale. Per-
sonne n’est exclu. Tout le monde est pris en compte. Tout comportement élitiste est tabou.
L’esprit Sika ne crée pas seulement de la confiance, il crée aussi de la transparence.
La transparence à laquelle la société est attachée correspond bien à l’affirmation de
sa mission qui, dès 1973, répondait comme suit à la question «Qui est Sika?»: «Dans notre
déclaration de mission nous voulons décrire l’objectif de notre positionnement. […]
La façon dont nous nous percevons dans notre environnement et la façon dont notre envi-
ronnement nous perçoit. Voilà notre raison d’être ou notre image personnelle. […] Notre
mission est une déclaration d’intention libre et indépendante, avec laquelle nous essayons
de définir notre groupe.»
Conçu à l’origine comme un ensemble de lignes directrices pour les membres de l’en-
cadrement supérieur, cet énoncé de mission caractérisa rapidement l’image de toute
l’entreprise. L’énoncé de mission fut adapté en permanence aux nouveaux besoins et
défis. Très tôt, des sujets comme la protection de l’environnement, l’éthique des affaires
et de la qualité furent abordés.
Béton et accrocheur: Le «Sika spirit»
Philosophie d’entreprise: Sika favorise une atmosphère de travail qui permet aux employés de se développer selon leurs capacités professionnelles et personnelles. Un management coopératif avec la délégation des tâches vers le plus bas niveau possible favorise la coopération des employés à tous les niveaux. La discrimination n’est tolérée sous aucune forme. […]
1 Les travailleurs qualifiés de l’industrie automobile apprécient le service de Sika.
2 Le président du Conseil d’administration Rudolf Villiger lors d’une visite à l’usine Sika au Chili, en 1997.On expliqua à Villiger qu’un employé avait répété pendant plusieurs mois trois phrases en anglais et qu’il allait les utiliser pour saluer le président. Solennellement l’employé récita ce qu’il avait appris par cœur: «Je suis heureux que vous soyez ici parmi nous. Je suis heureux de travailler pour Sika. Que Dieu vous bénisse.»
3 Le couple Franziska et Romuald Burkard-Schenker avec leurs enfants, 2000. De gauche à droite: Fritz, Carmita, Gabriella, Monica et Urs.
4 Cérémonie d’inauguration d’une usine en Colombie. La photo montre le CEO Ernst Bärtschi et Doris Leuthard, membre du Conseil fédéral.
49 Romuald Burkard sur le thème de la gestion d’entreprise
1 Hommage à Romuald Burkard. Le CEO Sika Hans Peter Ming offre un cadeau à son patron à la réunion des directeurs généraux, Flims, 1987.
«Les gens doivent se voir offrir la possibilité de se développer au sein d’une entreprise. Il est fascinant de voir les gens grandir par le biais d’une mission qui leur est confiée.»
«Il est important pour un employé de savoir que ses soucis ont de l’importance pour moi.»
«Si quelqu’un est invité à m’expliquer son travail, alors c’est important parce que, ce faisant, cette personne peut démontrer qu’elle en sait plus que moi sur une question particulière.»
«Le pire scénario possible pour un employé est d’être ignoré.»
«La gestion d’une entreprise m’évoque une œuvre dynamique d’architecture.»
«Motiver les autres à avoir de bons résultats est ce qui rend pour moi le management d’une entreprise intéressant.»
«Mon sentiment de réussite est atteint lorsqu’un autre homme réussit.»
«Avant d’embaucher quelqu’un, on devrait tâcher de savoir qui est sa femme.»
«Les syndicats peuvent être de véritables partenaires. Je suis très heureux que le ton entre les partenaires sociaux ne soit pas aussi douteux ici qu’il l’est dans d’autres pays.»
«Il faut donner aux employés une grande marge de manœuvre. Même quand il est évident que quelque chose ne va pas marcher, il faut simplement leur donner libre cours. En retour, l’employé doit assumer les conséquences de son erreur.»
«Lorsque vous parlez à des employés, il est important de parler de questions privées.C’est la seule façon d’apprendre à connaître les gens.»
«Quand je parle à un employé, je dois en savoir assez sur le sujet pour ne pas comprendre oranges quand il parle de pommes.»
«Me promener dans une société où personne ne rit est pénible pour moi.»
51
Toute médaille a deux faces. Même la crise
pétrolière des années 70 eut quelques
effets positifs. Bien que le volume de cons-
truction ait diminué sur le continent, il se
produisit un grand boom dans les chantiers
navals et les eaux de la mer du Nord. Ce
boom créa une grande source de chiffre
d’affaires pour Sika.
Avec Sikaflex, et plus particulièrement
avec son champion des ventes, le mastic
polyuréthane Sikaflex-1a, ainsi qu’avec
les nouveaux mortiers SikaTop, Sika était
sur la bonne voie pour un avenir florissant.
De manière générale, après la crise du
pétrole, des produits spéciaux – moins
dépendants de «l’or noir» pour leur pro-
duction – furent promus. C’est ainsi que
l’opportunité que Sika poursuivrait quel-
ques années plus tard avec beaucoup de
ténacité et d’efforts, se présenta dès 1976:
l’accès aux marchés industriels.
Un groupe différent, mais tout aussi impor-
tant, de produits capables de résister à
la crise fut créé et appelé «rénovation et
entretien». Afin de réduire la dépendance
à l’égard des activités de construction,
la gamme de produits de rénovation et
d’entretien fut spécialement élargie, une
stratégie toujours en cours aujourd’hui.
Cap sur de nouveaux horizons
Une autre victime de la récession fut la
production de feutre bitumineux. Même
si la production fut maintenue pendant
encore quelques années, il devint vite clair
que la crise du pétrole avait achevé ce
produit. A l’avenir, il n’y aurait plus d’argent
à faire dans ce domaine.
Le passage à de nouvelles sourcesL’embargo des pays exportateurs de
pétrole contraignit les pays industrialisés
occidentaux à rechercher de nouvelles
solutions. Ces solutions furent trouvées
dans la mer du Nord. Les compagnies
pétrolières commencèrent à exploiter à
très grande échelle de nouvelles sources
en mer du Nord. Une nouvelle technologie
fut introduite – une technologie qui pour-
rait profiter à Sika. Des plates-formes de
production de béton furent construites.
Sika fut associé à cette activité dès le
début et fournit une large gamme de pro-
duits: l’adjuvant Intraplast, ainsi que les
joints et les colles Sikaflex et Sikadur.
Hors de prix, le pétrole apporta des pétro-
dollars en grande quantité au désert de
la péninsule arabique. Que pouvaient faire
les trésoriers locaux sinon construire et
continuer à construire? Ils le firent si bien
que l’expression «boom du bâtiment» n’est
même plus suffisante. En seulement quel-
ques mois, des quartiers entiers, des ins-
1 Le pont Wilson, près de Washington DC, courait le risque de s’effon-drer sous la charge du trafic. Depuis 2007, un nouveau pont, construit en partie avec la technologie Sika, mène sur le Potomac.
2 Sika conquiert de nouveaux marchés grâce à Solaroofsystem.
3 Le flot de pétrodollars laisse dans son sillage un désert fleuri. Des villes, des autoroutes et des aéroports sont apparues là où il n’y avait eu jusqu’alors que désert.
4 Grâce à Sika ViscoCrete il fut possible de pomper le béton aux derniers étages du «Turning Torso» de 190 mètres de haut à Malmö, en Suède, et de donner à la façade en béton une surface lisse comme du verre.
5 Construction d’une des plates-formes d’exploration pétrolière Ekofisk dans les années 1970. Sika a fourni des adjuvants du béton, des colles et du mastic pour ces plates-formes construites avec du béton.
3 4 5
tallations industrielles et des universités
virent le jour. Sika savait exactement com-
ment utiliser sa grande expertise et ses
excellents produits de manière payante au
Moyen-Orient.
Heja SikaLes filiales scandinaves s’avérèrent
être le réel atout de Sika. La construction
de plates-formes pétrolières devint la
deuxième source de revenu. Mais les
filiales de Sika en France et en Autriche
firent également un excellent travail.
Sika était désormais si bien organisée au
niveau international que les crises locales
ne pouvaient plus menacer la société
dans son ensemble. La diversification géo-
graphique, qui avait pris de nombreuses
années à être développée, devenait désor-
mais payante – une raison suffisante pour
maintenir cette stratégie jusqu’à ce jour.
Parce que même après 100 ans, la société
Sika poursuit toujours les mêmes objec-
tifs. Le rapport annuel 2008 précise que:
«Avec des investissements soigneusement
étudiés […], Sika continue d’assurer sa
capacité de croissance dans le monde
entier. Le groupe se concentre sur des
acquisitions dans le but d’acheter de nou-
velles technologies qui, soit compléteront
les activités de base, soit combleront les
fossés géographiques.»
53
Sika se remit en mouvement – principale-
ment dans la direction de l’industrie. La
crise économique des années 70 se révéla
être une fontaine de jouvence pour l’entre-
prise, selon le président du Conseil d’ad-
ministration, Romuald Burkard. De cette
fontaine, émergèrent de nouveaux produits
et avec eux la conquête de nouveaux
secteurs d’activité. A leur tête il y avait les
domaines «réparation et entretien» ainsi
que les «colles pour l’industrie automo-
bile».
A compter de 1977, le chiffre d’affaires du
groupe commença lentement à se relever.
Alors que le chiffre d’affaires avait été
de 243 millions de francs suisses en 1976,
il passa à 286 millions de francs suisses
en 1979. Le bénéfice après impôts aug-
menta de 5,4 millions à près de 13 millions
de francs suisses pour la même période.
La stratégie consistant à chercher à
s’implanter en dehors du bâtiment avait
contribué de manière importante au
développement.
Des négociations eurent lieu avec la
Unikeller Holding AG au sujet d’une fusion
des deux sociétés. Unikeller Holding était
principalement active dans le domaine de
Sika en mouvement
l’insonorisation dans l’industrie automobile
(75 pourcent de son activité). Il s’agissait
d’une branche d’activité qui parut très
profitable et pour laquelle Sika développa
et fabriqua avec succès des colles. La
fusion était presque parfaite lorsque des
différences inattendues déjouèrent
l’opération en mai 1980. Sika ne fut pas
découragée par l’échec: Sika Finanz AG
augmenta néanmoins modestement
son capital, de 30 à 40 millions de francs
suisses tout de même. Pour le moment,
la société avait décidé d’une politique «de
la dynamique bien dosée» visant simple-
ment à la croissance interne.
Une colle ouvre de nouvelles portesCe fut la colle Sikaflex qui ouvrit finalement
la porte de l’industrie automobile dans
les années 80. Cette fois, toute seule et
sans aide extérieure. Toutefois, le Conseil
d’administration de Sika exprima des
inquiétudes: «C’est trop risqué», disaient-
ils, «et si la série complète des voitures
devait être rappelée, en raison de colles
Sika défectueuses?» Les promoteurs
de cette nouvelle étape dans l’industrie
avaient encore beaucoup à faire pour
convaincre. Mais ils réussirent finalement.
En grande partie grâce au soutien actif de
Hans Peter Ming, alors directeur général
de Sika Suisse. Il interpréta correctement
les signes des temps. Ce nouveau domaine
1 Une BMW de la série 7, dont le pare-brise est collé avec du Sikaflex.
2 Utilisation des colles Sikaflex sur les lignes d’assemblage des constructeurs automobiles.
3 Sikaflex facilite considérablement le remplacement de pare-brise endommagés.
4 Assemblage du toit d’un bus avec Sikaflex, aux alentours de 1996.
5 De la construction de maisons à la construction de véhicules: des mastics d’étanchéité et des colles du bâtiment furent utilisés dans les voitures pour réaliser des joints ou fixer les pare-brise et la carrosserie.
3 54
d’activité fut baptisé «Sika Industry». Le
département recherche et développement
à Zurich mena la première série de tests
avec les grands constructeurs automobiles
Peugeot et Mercedes-Benz.
La direction du groupe donna sa bénédic-
tion définitive à Sika Industry en 1983,
en l’incorporant à l’énoncé de mission
Sika. Grâce aux colles industrielles, Sika
Industry devint rapidement le second
pilier de Sika Le signal de départ réel fut
donné en 1986: le fabricant allemand
BMW utilisa Sikaflex pour la première fois
dans la production de sa série 7.
Depuis sa création, Sika Industry a conti-
nuellement augmenté sa part dans le
chiffre d’affaires du groupe et fut primus
inter pares depuis le tout début. Il a fal-
lu l’essor de la construction en Chine, au
Moyen-Orient, dans certaines régions
d’Europe, d’Inde et d’Amérique du Sud
pour que la division «Chimie du bâtiment»
soit finalement en mesure de surpasser
à nouveau la division «Industry».
55 La «querelle de Goetz» contre la «germanisation»
Sika abandonna sa spécialisation uni-
que sur la chimie du bâtiment et conquit
de nouveaux territoires. En 1982, Sika
racheta Lechler Chemie GmbH à Stuttgart,
en Allemagne. La presse était ravie.
Toutefois, le Président du Conseil exécutif,
Hannes Goetz, mit en garde contre les
risques liés au regroupement et notam-
ment la «germanisation» de Sika.
Lechler n’était pas un poids plume. L’entre-
prise employait 1100 personnes et géné-
rait un chiffre d’affaires de 160 millions de
marks au début des années 80. En com-
paraison, Sika avait 3000 employés et
générait un chiffre d’affaires de 400 mil-
lions de francs suisses. (A l’époque, un
mark valait 0,84 francs suisses.)
Lechler Chemie se consacrait principale-
ment aux peintures et aux revêtements
anticorrosion, à des produits spéciaux
pour la construction de routes, à des
résines spéciales pour la fabrication
d’outillages et de moules ainsi qu’au
maquettisme, et bien d’autres choses
encore.
1 Contrôle d’un revêtement. Protection contre la corrosion dans un réservoir.
2 Les locaux de Lechler Chemie GmbH à Stuttgart-Stammheim, au début des années 1980.
3 Application de tissu de renfort SikaWrap sur des piliers.
4 Le CEO par intérim Ming (à gauche) en discussion avec son «second» successeur, Walter Grüebler. Cette fois, Sika eut plus de chance dans le choix d’un nouveau directeur général. Walter Grüebler, déjà membre
3
Le Tages-Anzeiger, quotidien de Zurich,
écrivait avec enthousiasme le 21 septem-
bre 1982, dans son édition hebdomadaire
pour les pays étrangers, que: «Sika a fait
un très grand pas, soigneusement planifié,
dans le sens d’une expansion des mar-
chés et de sa gamme de produits. Avec
l’acquisition de Lechler Chemie, Sika a
réalisé un coup planifié depuis longtemps:
celui de l’affiliation d’une grande entre-
prise ayant déjà une place significative sur
le marché […].»
Sika et les hommes fortsLe «Tagi», nom sous lequel le quotidien
était généralement connu, voyait juste,
selon Romuald Burkard. Il voulait vraiment
une croissance significative et désirait
aller de l’avant dans de nouveaux marchés.
Le président du Conseil exécutif Hannes
Goetz fut celui qui joua le trouble-fête. Il fit
une mise en garde contre la «germanisa-
tion». Un conflit qui couvait depuis long-
temps éclata ouvertement entre les hom-
mes forts de Sika. Un peu plus d’huile fut
jetée sur le feu lorsque Burkard nomma
Hans Peter Ming au comité exécutif. Goetz
et Ming ne s’entendaient pas du tout. Ils
étaient aussi différents que le sont le feu et
l’eau. Sachant qu’il ne pourrait pas empê-
cher la nomination de Ming au comité exé-
cutif, Goetz donna sa démission immédiate
lors de la réunion du Conseil d’administra-
tion du 4 mai 1982.
La démission subite de Goetz irrita à la
fois la presse et le personnel. Surtout
parce que Sika se remettait de la crise des
années 70 principalement grâce à Goetz.
C’est lui qui avait sorti la société profon-
dément endettée de la crise et qui lui avait
permis de sortir du rouge. Qui pourrait et
devrait remplacer cet homme? Burkard fut
forcé d’agir. Avec Mario Oss, un homme
de grande expérience, il nomma un ancien
combattant au siège de la présidence du
Conseil exécutif.
Après seulement 4 années à sa tête,
Oss pris sa retraite en 1986. Hans Peter
Ming contrôla le destin de l’entreprise
pendant les douze années qui suivirent.
C’est lui qui conduisit Sika au seuil du
nouveau millénaire.
du Conseil d’administration de Sika, s’est révélé être un bon choix pour le poste. Après le départ soudain de Richoz incompris de la société et du marché boursier, Grüebler apporta stabilité et continuité.
5 Mario Oss, Vice-Président du Conseil d’administration entre 1971 et 1982, et président du Conseil exécutif de 1982 à 1986, lors de son discours à l’anniversaire des 75 ans de Sika.
4 5
57
Sika voulait se mettre à l’abri de la réces-
sion et définit donc un «système immu-
nitaire contre la dépression et les réces-
sions» comme le dogme de l’entreprise.
Le management de Sika ne voulait pas
attraper un rhume à chaque fois que l’in-
dustrie du bâtiment éternuerait. Depuis
1987, l’entreprise était à nouveau en crois-
sance. Le chiffre d’affaires était en aug-
mentation constante et, en 1989, il dépas-
sa la barre du milliard de francs suisses.
Entre 1980 et 1990, le chiffre d’affaires de
l’entreprise avait triplé (passant de 362
millions à 1000 millions de francs suisses).
Il était temps de consolider ce qui avait été
réalisé, et pour cette raison de forts piliers
de soutien durent être érigés.
Pilier numéro un: une présence géogra-
phique mondiale. Pilier numéro deux:
une diversification entre le domaine de
la chimie de la construction (l’activité prin-
cipale) et le domaine des colles, des
enduits d’étanchéité et des matériaux iso-
lants pour l’industrie (comme un marché
de croissance tourné vers l’avenir). Pilier
numéro trois: une politique produits adap-
tée aux domaines de la construction et
de l’industrie afin de servir les marchés
des bâtiments nouvellement construits
et de l’équipement initial, ainsi que les mar-
chés de la réparation et de l’entretien.
A la fin des années 80, Sika générait près
des trois-quarts de son chiffre d’affaires
dans l’Ancien Monde. Les filiales d’Asie de
l’Est ainsi que celles d’Amérique du Nord
et d’Amérique du Sud progressaient de
manière substantielle. En outre, il y avait
les pays émergents. Leurs méthodes d’in-
génierie structurelle convergeaient lente-
ment avec celles du modèle occidental.
En 1990, Sika entama sa phase actuelle de
développement de nouvelles implanta-
tions. Les lettres jaunes et le triangle rouge
se mirent à briller à Singapour, en Corée,
à Taiwan et aux Philippines, et même au
Vietnam et en République populaire de
Chine. Commençant sur la côte Est des
Etats-Unis, Sika a ensuite conquis la Cali-
fornie sur la côte Ouest, puis le centre et
enfin le Sud des Etats-Unis. Avec la chute
du mur de Berlin et l’effondrement du bloc
de l’Est, même les anciens pays du Pacte
de Varsovie offraient désormais un poten-
tiel d’expansion.
Romuald Burkard se retire et cède sa place à l’ancien conseiller fédéral Kurt Furgler
En 1990, Romuald Burkard, désormais âgé
de 65 ans, était (presque) à la retraite. Il
œuvrait encore comme président émérite
du Conseil d’administration. Son vieil ami
et ancien conseiller fédéral Kurt Furgler
prit sa place.
Le dogme des trois piliers
1 Un sol Sikafloor de salle propre, antistatique et sans joints, dans un hôpital.
2 Collage de pièces d’assemblage et de panneaux de vitrage dans la construction de véhicules ferroviaires.
3 Sol Sikafloor sans joints.
4 Colle SikaBond pour parquets.
5 Facile d’entretien et robuste. Un revêtement de sol industriel en résine époxy colorée avec un additif polyuréthane, dans une usine Porsche, vers le milieu des années 1980.
6 Aujourd’hui, le collage est une technologie courante en matière de construction navale.
Trois ans avant sa retraite, Romuald
Burkard supprima les archaïsmes Sika. Le
premier à disparaître fut l’usine de feutre
bitumineux à Tüffenwies. Au milieu des
années 60, elle avait été un solide pilier de
la société. Mais, désormais, le feutre trem-
pé dans du bitume pour former une barrière
contre l’humidité sur le toit des bâtiments
avait fait son temps. En outre, le bon vieux
feutre bitumineux ne correspondait plus
à la nouvelle image de Sika, celle d’une
entreprise innovante dans le domaine de la
chimie de spécialité.
Peu de temps après, la production de
mousses dures fut arrêtée. Un peu plus
tard, la production de panneaux isolants
en mousse suivit. Toutefois, de nouveaux
secteurs d’activité rentables et promet-
teurs tels que le département «surfaces
synthétiques pour salles de sport et sols
industriels» devaient bientôt être ajoutés
au portefeuille Sika.
Dans les années 20, Sika avait déjà com-
mencé à utiliser des mortiers autonivelants
pour les revêtements de sols. Dans les
années 70, un mortier de ciment revêtu de
polyuréthane du nom de Sikafloor fut lancé
sur le marché. Et puis, à la fin des années
80, Sika est parti à la conquête du marché
pour de bon. L’avenir appartenait aux sols
de salles de sport et aux sols industriels
entièrement synthétiques – c’est-à-dire
entièrement fabriqués à partir de matières
synthétiques. En outre, l’industrie des
semiconducteurs revêtit une importance
encore plus grande. Les fabricants de
produits complexes de haute technologie
avaient besoin de sols cliniquement sains
au sein de leurs installations de production.
La forte demande en matière de ces sols
synthétiques spéciaux a ouvert pour Sika
un tout nouveau champ, en partie inexploré.
5
6
61
«La Suisse était autrefois le centre unique
et incontesté du groupe Sika, tout comme
Paris était le centre unique de la France au
temps des rois. Et nous avons bien réussi.
La prochaine décennie exigera une gouver-
nance locale plus réactive et une mise en
relation de chaque client dans le monde
avec «son» Sika. Afin de soutenir cet objec-
tif, Sika devra avoir à l’avenir encore plus
de «centres d’excellence» nationaux, dotés
chacun d’un département de recherche
bien équipé.»
PEDRO KELTERBORN,
MEMBRE DE LA DIRECTION DU GROUPE EN 1989
En 1993, le Conseil d’administration décré-
ta que, avant l’an 2000, le poids de la
société devrait être réparti entre les diffé-
rents continents, de telle sorte que la
moitié du chiffre d’affaires seulement soit
réalisé en Europe occidentale, au lieu
des trois-quarts. La mise en œuvre de cet
objectif surpassait la stratégie.
La part du chiffre d’affaires des sociétés
Sika en Asie doubla entre 1990 et 1997,
augmentant de 7 à 14 pourcent. Les filiales
Sika d’Amérique du Nord et du Sud aug-
mentèrent leur part de 15 à 25 pourcent.
Près de 40 pourcent du chiffre d’affaires
fut réalisé à l’extérieur de l’Europe, durant
cette période.
Sika était devenue résolument cosmopo-
lite: au cours des années 90, Sika a conquis
l’Asie de l’Est et la Turquie. La Hongrie, la
Sika, la cosmopolite
1 La Tour Nina à Hong Kong aurait dû devenir le plus haut bâtiment du monde. Mais, en raison de sa proximité avec l’aéroport, une hauteur de 319 mètres «seulement» fut autorisée. Photo datant de 2007.
2 Barrage, Huites, Mexique, 1994.
République tchèque, la Slovaquie et la
Pologne les ont suivies. Un peu plus tard,
le triangle Sika est devenu familier des
Irlandais, des Péruviens, des Boliviens, des
Grecs et des Slovènes. Peu de temps après,
les peuples du Liban et du Costa Rica
ont également appris à connaître le logo.
En terme de politique économique, les
années 90 ont été caractérisées par l’abais-
sement des barrières douanières et l’ouver-
ture de nouveaux grands marchés natio-
naux. Sika était contraint de relever ces
nouveaux défis. Le fait que les produits
chimiques de construction étaient à peine
connus en Europe centrale de l’Est fut un
grand avantage. Il n’y avait pas de concur-
rence locale réelle. Toutefois, avec la chute
des barrières douanières, plusieurs filiales
pouvaient s’attaquer simultanément à
un marché unique. Sika décida de limiter la
production des produits difficiles à fabri-
quer mais faciles à transporter à quelques
endroits seulement. A partir de 1994, le plan
de trois ans pour la «régionalisation de la
production européenne» fut mis en œuvre.
Alors que Sika commencait à conquérir les
dernières zones non couvertes d’Europe,
d’Asie et d’Amérique du Sud, la grande
récession des années 90 frappait déjà à la
porte. L’industrie du bâtiment fut particu-
lièrement touchée. Cependant le chiffre
d’affaires du groupe ne s’en ressentit que
peu, tandis que les flux de trésorerie et
2 43
le bénéfice du groupe augmentaient. Le
modèle des trois piliers fit ses preuves:
les filiales d’Asie de l’Est compensèrent les
périodes de ralentissement économique
en Europe et en Amérique. Sika Industry, le
deuxième pilier, soutint les résultats et
les produits de la ligne «réparation et
entretien» s’avérèrent être imperméables
à la récession économique.
Dans un article publié dans le journal
économique Finanz und Wirtschaft le
21 octobre 1992, le journaliste Peter Morf
salua le «modèle stratégique» Sika: «Tandis
que de nombreuses entreprises som-
braient dans des stratégies de diversifica-
tion immatures, Sika assurait avec succès
ses arrières contre les fluctuations de
l’activité économique, avec une stratégie
soigneusement étudiée. Avec sa gamme de
produits, Sika n’a jamais couru le risque de
pénétrer des secteurs d’activité complète-
ment inconnus sans aucune synergie avec
son cœur de métier.»
A partir de 1993, la reprise économique se
profila en Amérique, et à partir de 1995,
cela fut également le cas pour certaines
parties de l’Europe. En Amérique latine
et en Asie de l’Est, Sika réussit à générer
un chiffre d’affaires supplémentaire grâce
à des produits de volume dans le secteur
des adjuvants du béton et des mortiers. Le
marché suisse demeura toutefois atone
sur une assez longue période.
3 Avec des adjuvants du béton, des joints d’étanchéité et des accéléra-teurs pour béton projeté, Sika a contribué à la construction de cette sta-tion d’épuration de São Miguel, au Brésil. Photo datant de 1994.
4 Sika a implanté son triangle aux quatre coins du monde. La photo mon-tre l’enseigne de la toute jeune filiale Sika en Equateur, 1987.
63
En 1995, absolument rien n’indiquait que
le nouveau millénaire s’ouvrirait sur de bon-
nes choses. Au contraire. Seules des mesu-
res drastiques permirent de maintenir le
groupe sur les rails. Mais la nomination, le
1er Janvier 2000, de Walter Grüebler comme
nouveau CEO de Sika changea la donne.
Veille de millénaire difficile: le prédécesseur
de Walter Grüebler, André Richoz, dut aban-
donner son poste, après à peine sept mois.
Que s’est-il passé? D’une part, le court man-
dat de Richoz au bureau fut éclipsé par le
long règne de Hans Peter Ming, qui prit sa
retraite en tant que CEO en 1998 en raison
de son âge. Un autre problème fut probable-
ment l’incapacité de Richoz à communiquer.
La base se révoltait et le journal Facts titra:
« Période glaciaire à Flims – le président
de Sika Hans Peter Ming a dû se séparer
de son CEO». Dans la station touristique des
Grisons, la «Réunion des directeurs géné-
raux» adoptant cette résolution eut lieu
début juillet 1999, ouvrant ainsi la voie à
Grüebler. Le cours de l’action, qui avait été
très perturbé pendant une courte période,
recouvra bientôt sa force initiale.
Ce qui commençait si bien avec le nouveau
millénaire avait dû faire face à une crise,
cinq ans plus tôt. En 1995, Sika dut émettre
un avertissement sur les résultats. Pour
beaucoup, ce fut une surprise, compte tenu
en particulier du proverbial optimisme de
Sika. Le prix des actions au porteur chuta.
La Suisse subissait une nouvelle crise dans
l’industrie du bâtiment. Les secteurs de la
construction et du génie mécanique étaient
en récession.
Sous le mot d’ordre «concentration sur les
secteurs clés, l’innovation et la croissance
rentable», les secteurs non rentables et mar-
ginaux furent restructurés ou éliminés. Sika
allait devenir «plus flexible» et «plus mince».
En 1996, Sika céda le département de pro-
duction de Sika Robotics et fusionna le reste
avec l’autre enfant à problème du secteur,
les machines Aliva. De cette fusion naquit la
nouvelle filiale, Sika Equipment AG, à Widen.
A peine sept ans plus tôt, Sika s’était lancé
dans le secteur des canalisations d’égouts,
avec sa société «Robotics AG». Cela ne mar-
qua cependant pas l’heureux départ en
génie mécanique qui avait été espéré. Les
robots télécommandés ne se vendaient pas
bien. Heinz Ronner, membre du Conseil d’ad-
ministration taxa même Aliva d’ «articulation
déglinguée», trop coûteuse.
Ces réformes ne suffisaient pas au CEO
Hans Peter Ming: «La foi en la machine a été
perdue […]», déplorait-il, en 1997 devant le
Conseil d’administration. «La rentabilité ne
Une courte période glaciaire précède un nouveau millénaire prometteur
1 Avec les revêtements de sols acoustiques de Sika-Cufadan, il est possible de réduire substantiellement le bruit dans les espaces passa-gers des paquebots de croisière.
2 Etanchéité avec un mastic polyuréthane. Navire porte-conteneurs Hapag-Lloyd.
3 Collage de pièces d’assemblage et de panneaux de vitrage dans la construction de véhicules ferroviaires.
4 Sika garde le cap – que ce soit sur des dériveurs ou sur les plus grands paquebots du monde, du collage des hublots et des revêtements de sols aux murs de cabines. Photo datant de 1997.
5 A partir de 1989, Sika s’est essayé pendant un certain temps à la fabrication de robots télécommandés pour le nettoyage des zones inaccessibles des égouts. Photo prise vers 1989.
6 Dans le monde entier, les fabricants de camions font confiance aux systèmes de colle Sika.
4 5 6
serait que de courte durée. Nous devons
penser à vendre (la société).» Ce à quoi le
président émérite Romuald Burkard ajouta:
«La relation avec les machines a toujours
été douteuse. […] Le secteur des machines
est un puits sans fond.» D’autres mesures
importantes suivirent.
La stratégie de la «concentration sur les sec-
teurs clés» se révéla être une bénédiction.
Grâce à l’élimination du ballast inutile, Sika
fut en mesure d’agir rapidement. Cela donna
lieu au perfectionnement des colles et pro-
duits d’étanchéité de Sika Industry, désor-
mais aussi utilisés à toutes les étapes de la
construction de yachts et de bateaux de
croisière, ainsi que dans la construction de
camions, de trains, de conteneurs, d’ascen-
seurs, de compteurs à gaz et même de
machines à laver. Le nouveau Sika Transfloor
trouva sa place sur les zones de cargaison
des véhicules utilitaires.
Sika s’était montré assidu dans la poursuite
de sa stratégie d’amélioration de la rentabi-
lité et de concentration sur les secteurs clés.
En 1998, Sika a défini de nouveaux standards
en matière de technologie du béton, grâce
à sa nouvelle technologie ViscoCrete. Consé-
quence logique, un quart du chiffre d’affaires
du groupe fut généré par des produits encore
inexistants cinq ans auparavant.
65
Le succès impose la responsabilité: le
triangle rouge est devenu vert. Pour Sika,
la protection de l’environnement est syno-
nyme de valeur ajoutée réelle et durable
tout au long de la chaîne de valeur, asso-
ciée à un équilibre soigneux entre les
aspects économiques, environnementaux
et sociaux. Des produits acceptables
d’un point de vue environnemental, ainsi
que la sécurité des employés et des popu-
lations locales sont des priorités absolues
pour Sika.
Les aspects économiques, environne-
mentaux et sociaux sont de plus en
plus étroitement liés. Sika prend cette
dimension en compte et est attachée
aux principes du développement durable.
Il est important de satisfaire au mieux
les besoins de la génération actuelle sans
risquer que les générations futures ne
puissent plus satisfaire les leurs ou pâtis-
sent des actions de leurs aînés. Voici
quatre exemples de développement de
produits durables:
Utiliser efficacement les matières pre-
mières et l’énergie: Les agents de mouture
accélèrent le processus de production
du ciment, réduisant ainsi la consommation
d’énergie de 10 pourcent. Ces agents de
mouture permettent également d’améliorer
la qualité du ciment.
Limiter les changements climatiques: Les
colles pour les installations solaires et
éoliennes sont parfaitement adaptées aux
conditions de fonctionnement extrêmes.
Les produits Sika ont fait leurs preuves
dans le domaine de la production d’électri-
cité à partir d’énergies renouvelables.
A l’avant-garde de la protection de l’environnement
Créer des systèmes durables, pour la
mobilité et les transports: les colles
structurelles fabriquées par Sika per-
mettent aux fabricants de voitures, de
camions, d’autobus et de trains, de fab-
riquer des véhicules plus légers. Si une
voiture pèse 100 kilos de moins, elle
consomme 0,3 litres de carburant en
moins aux 100 kilomètres.
Economiser l’eau dans la production de
béton: Sika ViscoCrete réduit la con-
sommation d’eau de près de 40 pourcent.
Une formule de béton classique nécessite
environ 200 litres d’eau par mètre cube
de béton. Grâce à Sika, environ 80 l/m3
peuvent être économisés.
Un engagement dans la duréeSika était déjà impliquée en matière de
protection de l’environnement dans les
années 60. Par exemple, les produits Sika
empêchaient l’écoulement de substances
dangereuses provenant de stations d’épu-
ration. Sika insistait sur ce point: «Un
facteur important dans le contrôle de la
pollution de l’eau.» Les engagements Sika
sont de longue durée. En 1980, la bro-
chure publicitaire «Begegnungen mit Sika»
(«Rencontres avec Sika») soulignait: «Les
ingénieurs et les chercheurs Sika mettent
leurs connaissances au profit de l’en-
vironnement, […] pour, par exemple, que
demain nous ayons encore de l’eau
potable.»
En 1987, le chef du département de
recherche et de développement, Claude
Schnell, demanda que soit créé un poste
à mi-temps pour les «questions relatives
à la toxicologie, aux poisons et à l’écolo-
gie». Les substances nuisibles à l’environ-
nement furent immédiatement et radicale-
ment bannies des formules et processus de
production de produits éprouvés et fiables.
Des vernis solubles dans l’eau sans solvant
toxique furent ainsi mis au point durant
cette période. De nouveaux produits res-
pectueux de l’environnement «rendant
compte de leur impact environnemental
par rapport à leur finalité économique»
furent lancés sur le marché.
Sika est synonyme de transparence maximale
En 1989, Sika ajouta des règles environ-
nementales strictes à sa définition d’entre-
prise. La même année, le concept de
«l’écologie au sein du groupe Sika» fut fixé
par écrit. En 1990, le poste «écologie»
fut créé au sein du département central de
recherche et développement. Sika fit
preuve d’un tel soin à l’égard de ses mis-
sions de protection de l’environnement
qu’à la fin des années 90, l’action Sika était
présente dans les portefeuilles de divers
fonds d’investissements écologiques.
En 1991 Sika participa activement, avec
d’autres grandes entreprises de la chimie,
au projet Responsible Care. Il s’agissait
d’une initiative volontaire de l’industrie
chimique visant à améliorer la protection
de l’environnement. Sika joua cartes
sur table: depuis 1995, le rapport annuel
fait état des émissions annuelles de CO2
de Sika. C’est la transparence maximum.
Depuis 2005, Sika est un partenaire
actif du Global Nature Fund. La Fondation
Romuald Burkard soutient des projets
sociaux et écologiques.
Le triangle rouge est définitivement «vert».
1 Parc éolien en Inde avec la technologie des colles Sika, 2005.
67 Altstetten n’est plus le noyau du monde Sika
Il était devenu difficile de suivre le groupe
Sika. Au début de ce siècle, provoqués
par une croissance énorme et de nom-
breuses acquisitions, de nouveaux pro-
blèmes firent surface. Une information plus
concise et plus claire était devenue néces-
saire. Des adaptations de l’organisation
étaient inévitables.
A l’assemblée générale du 8 mai 2002, les
actionnaires approuvèrent le changement
de nom de Sika Finanz AG pour «Sika AG».
«Enfin!», serait-on tenté de dire. Maintes
et maintes fois, Sika Finanz AG avait été
confondue avec une institution financière.
La même année, le département recher-
che et développement fut intégré à «Sika
T echnology AG». «Sika Services AG» cou-
vrait les domaines du marketing, de la pro-
duction et de la logistique pour ses filiales.
Ces adaptations ont coupé les liens qui
avaient unis le siège social et le groupe
pendant près de 80 ans. Sika Schweiz AG
est devenue une filiale ordinaire sans
fonction particulière. Les termes de «siège»
ou d’«ancien siège» ont disparu du voca-
bulaire Sika. L’adresse à Zurich-Altstetten
a instantanément perdu le prestige dont
elle avait joui depuis les années 1920.
Que ce soit dans son rôle de siège ou
comme simple filiale, Sika a fait l’histoire
de Zurich-Altstetten et a beaucoup agi
pour faire de cette banlieue endormie le
plus grand district de la ville.
1 Dans la planification déjà, Sika est un partenaire.
2 Protection contre la corrosion dans un parc éolien.
3 Renforcement complémentaire d’un pont avec le système Sika CarboDur.
4 Application de la toile de renfort SikaWrap.
5 Fondation étanche en béton, construite avec des membranes d’étanchéité synthétiques Sikaplan soudées à l’air chaud.
Une laisse plus courte pour les filialesUne affaire de fraude chez Sika à Taiwan
en 2002 amena à décider que dorénavant,
les filiales Sika auraient à reverser les
ressources excédentaires à la holding.
Walter Grüebler, dirigeant l’entreprise entre
2000 et 2004, restreint ainsi le périmètre
d’autonomie de «ses filiales». Les énormes
flux de trésorerie interne résultant de
cette mesure conduirent à une augmenta-
tion importante des bénéfices nets de Sika
AG, qui permit à son tour le rembourse ment
de centaines de millions des emprunts con-
tractés auprès des organismes ban caires.
L’énorme croissance financière a permis
à Sika d’investir davantage dans le dévelop-
pement du personnel et les capacités de
production.
En 2006, un changement dans la structure
du management a été initialisé: il était deve-
nu important pour l’entreprise de s’opposer
structurellement à une croissance conti-
nue. Les structures ont été adaptées autour
de quatre principaux groupes de clients:
«Concrete» (fabricants de béton), «Con-
tractors» (entreprises spécialisées), «Distri-
bution» (fournisseurs de matériaux de
construction) et «Industry» (clients indus-
triels). Au niveau du groupe, quatre
« Business Units» ont été créées. Elles sont
destinées à assurer un service profes-
sionnel à la clientèle, à permettre une prise
de décision rapide et un soutien local plus
efficace.
Mais ce n’est pas tout – Sika a également
agi de manière globale. En 2002, la région
«Europe», ayant connu une très importante
croissance, a été divisée entre Europe
du Nord et Europe du Sud. IMEA regroupe
l’Inde, le Moyen-Orient et l’Afrique depuis
2007. La région IMEA a pu augmenter
son chiffre d’affaires de 35 pourcent en
2007, et de 30 pourcent en 2008.
4
5
69
En 1990, Sika – à l’exception de la Scandinavie, de la France, de l’Espagne et de
l’Amérique latine – vendait exclusivement ses produits aux professionnels. Les mana-
gers de ces régions soulignèrent l’énorme potentiel des ventes directes aux parti-
culiers par l’intermédiaire des magasins de bricolage. Au début, sans succès, mais les
bénéfices qui vinrent ensuite permirent un changement d’état d’esprit.
Les particuliers qui rénovent des maisons veulent utiliser du matériel professionnel.
C’est un fait. Toujours et partout. Si Ronaldo marque un but avec Adidas, chaque joueur
de football amateur voudra avoir les mêmes chaussures. Et c’est logique: Si vous
voyez les professionnels utiliser des produits Sika sur un chantier, vous ne voulez pas
de produits de deuxième choix pour votre maison – il faut que ce soit du Sika.
En 1996, le Conseil d’administration Sika reconnut la «distribution» comme un domaine
d’activité stratégique et commença à la développer systématiquement dans le monde
entier. A la fin de 1999, 25 produits conçus et conditionnés de manière pratique étaient
disponibles pour le marché des bricoleurs amateurs. Et ces derniers les ont achetés.
La vente au détail de matériel de construction a été utilisée comme «plate-forme pour
la croissance», afin de compenser les fluctuations cycliques de l’activité des grands
chantiers. Les ventes directes ont effectivement été en mesure d’absorber et de stabi-
liser la baisse des ventes dans d’autres domaines.
A la fin 2005, plus de 80 articles dans plus de 100 000 magasins dans le monde étaient
accessibles aux consommateurs. Sika a finalement rendu leur amour aux entrepre-
neurs amateurs. Des produits astucieux tels que la solution de mortier prêt à l’emploi
«Sika Mix&Go» ont récolté des Prix comme le Worldstar Award for Packaging Excel-
lence. En 2005, la Schweizerische Stiftung für Marketing und Unternehmensführung
(la fondation suisse pour le marketing et la gestion d’entreprise) a décerné à Sika
un prix pour le positionnement de la marque et le soin qui lui est apporté, ainsi que
pour son extraordinaire taux d’innovation.
Tout est possible: Sika accessible aux bricoleurs
1 Les conteneurs jaunes sont aussi disponibles dans les petits magasins de détail, même dans les endroits les plus reculés.
2 En Inde, le logo Sika est placé bien en évidence, même dans les plus petits magasins de matériaux de construction. Photo prise vers 2003.
3 La succursale Sika d’Afrique du Nord dans les années 1990.
4 Stand d’exposition de bricolage Sika.
5 Produits Sika pour un usage professionnel et amateur.
73
L’histoire de Sika a commencé au Gothard.
Aujourd’hui, Sika démontre sa grande
expérience et sa compétence au même
endroit. La nouvelle liaison ferroviaire
à travers les Alpes (NLFA) sera finalement
longue de 57 kilomètres – le plus long
tunnel ferroviaire du monde. Les tunnels
s’étendront sur un total de 135,5 km. Les
trains traverseront le tunnel à 250 km/h,
du nord au sud et vice versa. Sika a fait
partie du projet dès le début. Sika a égale-
ment consolidé sa présence à l’ouest
des Etats-Unis. Et en 2007, Sika a ouvert
sa sixième usine en Chine.
Si tout se passe bien – et personne n’en
doute – les premiers trains express traver-
seront les Alpes sur la nouvelle route du
Gothard en 2016. Un chef-d’œuvre d’ingé-
nierie aura été réalisé. Les systèmes Sika
ont été utilisés dès 1994, lors des premiers
travaux d’exploration.
Sika sur tous les fronts – de la NLFA aux quatre points cardinaux
Le défi est énorme: il est essentiel de
gérer correctement les hautes tempéra-
tures et l’intense humidité du sous-sol.
Dans des situations très particulières, il
doit être possible de maintenir la pompa-
bilité du béton projeté pendant plus de
8 heures, et sur de grandes distances. Le
béton doit être facile à mettre en œuvre,
mais doit aussi durcir immédiatement.
Ceci devient possible par des mélanges
spéciaux de SikaTard et d’accélérateurs
tels que Sigunit AF.
A Taïwan, il y a aussi des trains, des trains
très rapides. Sika offre un système de
béton projeté pour leur High Speed Rail,
dans lequel la technologie Sigunit est
utilisée. L’accélérateur de béton projeté
sans alcalins permet au béton de durcir
très rapidement, permettant de réaliser
des couches épaisses, sans perte signi-
ficative de résistance.
Sika a une présence locale dans l’Est:
de nouvelles entreprises nationales en
Roumanie, en Bulgarie et en Serbie ont
agrandi la famille Sika à partir de 2002.
Dans la même année, des centres logis-
tiques en Grèce et en Slovaquie ont suivi.
La succursale turque s’est dotée d’une
nouvelle usine. En 2003 et en 2005, de
nouvelles entreprises ont été créées en
Russie et en Ukraine. Elles sont une base 1 Sans les adjuvants Sika, la construction
du tunnel de base du Gothard, ici dans la section Bodio, ne serait pas possible.
2 Système d’injection du béton Sika-PM500.
3 Les personnes qui travaillent à la construc-tion du tunnel font confiance aux systèmes d’étanchéité à base de béton projeté Sika.
4 Membrane du tunnel Sikaplan.
de croissance future dans les pays de l’Est.
L’Azerbaïdjan et le Kazakhstan leur ont
emboîté le pas. Ils complètent l’Asie pour
ce qui est de la présence Sika, il n’y a
désormais plus de zone vide sur la carte.
Sur le continent eurasien, les choses évo-
luent progressivement vers l’Est. La devise
des Etats-Unis est «aller vers l’Ouest».
Sika est présente dans les régions de l’Est
depuis longtemps. Mais les adjuvants du
béton doivent être fabriqués aussi près du
client que possible. Par conséquent, Sika
installe toujours de nouvelles infrastruc-
tures de production dans les états de
l’ouest des Etats-Unis et au Canada.
En 2008, Sika a été en mesure de rem-
porter les grands projets suivants: Le New
York City Water Tunnel n° 3, la tour de la
Liberté à Manhattan, de grands projets de
construction routière en Algérie et en
Europe de l’Est, des projets de tunnels en
Grèce, en Autriche et en Italie (tunnel
de base du Brenner) et de grands projets
miniers en Suède.
2 3 4
75
«Le fait que les marchés financiers aient enfin réalisé ce que Sika faisait vraiment
a grandement contribué à l’évolution positive du cours de l’action.»
URS F. BURKARD, MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION SIKA
Pendant trois décennies, les actions de l’entreprise familiale Sika ont mené une
existence discrète. Ce n’est qu’en 2003 que l’action Sika a enfin pris son envol.
Jusqu’alors, Sika n’était pas vraiment reconnue sur le marché boursier et elle avait
toujours été négociée en dessous de sa valeur réelle. «La sous-évaluation de Sika
est évidente», assurait le CEO Hans Peter Ming à l’éditeur du journal Finanz und Wirt-
schaft. «Nous savons que nous avons à travailler sur ce sujet.» Changer le nom de
Sika Finanz AG pour «Sika AG» fut une étape décisive dans la bonne direction.
Ming résumait cela ainsi: «Au cours des 50 dernières années, notre croissance a été
d’environ 9 à 10 pourcent par an, et au cours des cinq dernières années, nous avons
doublé nos bénéfices et continuellement augmenté nos dividendes.» Ming concluait
qu’aucun investisseur ne serait jamais en mesure d’obtenir des actions Sika aussi bon
marché qu’au début du nouveau millénaire.
En 2003, le prix des actions a commencé à augmenter de manière continue. A la fin de
l’année, elles dépassaient la barre des 500 francs suisses. Sika a atteint des sommets.
Pour la première fois depuis l’introduction au SPI (Swiss Performance Index), Sika s’est
trouvée en tête du marché total et le prix unitaire des actions a atteint 2594 francs
suisses le 20 juillet 2007. Il s’agit du prix le plus élevé jamais atteint. Pas mal, compte
tenu du fait que l’action Sika s’échangeait sur le marché, une journée après son intro-
duction, à seulement 411 francs suisses.
«La principale raison de la remontée du prix de l’action», selon Walter Grüebler, «est
que les investisseurs étrangers ont découvert Sika.» Il ajoutait encore: «Les investis-
seurs américains et britanniques en particulier ont contribué à l’essor qu’ont connu nos
actions. Les investisseurs suisses ne faisaient rien à l’époque.»
Urs F. Burkard l’a résumé dans l’analyse qui suit, lors d’une conversation le 17 janvier
2008: «Le CEO Walter Grüebler a réussi à expliquer ce que fait Sika et tout ce par
quoi l’entreprise se distingue, d’une manière simple et facile à comprendre pour tous
les analystes financiers, les banquiers, les investisseurs et les journalistes.»
Le plus gros achat réalisé par Sika à ce jour a été fait au moment de l’escalade du
prix de l’action Sika. En décembre 2005, Sika a racheté Sarna Kunststoffholding AG.
Au moment de la reprise, Sarna comptait 1150 employés et avait une taille à peu
près équivalente à celle de Lechler en 1982. Aujourd’hui, Sika a dépassé pour la pre-
mière fois le seuil des 10000 employés.
Sika atteint des sommets
1 A l’Institut de Jurisprudence de l’Université de Zurich, conçu par l’éminent architecte Santiago Calatrava, le parquet a été collé avec SikaBond.
77
Sika est une marque. Mais qu’est-ce qui différencie la marque Sika des autres
marques? Qu’est-ce qui la distingue et la rend unique? D’innombrables facteurs sont
à l’œuvre. Mais un facteur se distingue clairement: la fidélité. La fidélité envers la
qualité. Et la fidélité des salariés envers l’entreprise, qui fait naître l’obligation de pren-
dre soin du nom Sika. Et cela a été le cas pendant cent ans.
En regardant l’histoire de Sika et en la comparant à celle de ses concurrents, il devient
vite évident que la plupart de ses rivaux ont tôt ou tard été la proie de l’appétit d’un
grand groupe. Après plusieurs escales, ils étaient généralement achetés par BASF ou
par le géant chimique Dow Chemical. Sika a toujours conservé son indépendance.
Elle est restée fidèle à elle-même.
Il y a eu des offres intéressantes. Elles furent nombreuses. Mais la structure du capital
a toujours empêché une prise de contrôle hostile. Même 100 ans après sa création,
Sika est toujours contrôlée par les membres de la famille fondatrice, au prorata de
leurs droits de vote. Le dévouement et la fidélité de la famille garantissent la sécurité,
la stabilité et la continuité de l’entreprise.
Avec tous ses employés, Sika a connu et traversé beaucoup, surmonté de nombreuses
difficultés et accompli de grandes choses. Dans le rapport annuel 2007, Sika enregis-
trait une fois de plus d’excellents résultats. Un an plus tard, le Conseil d’administration
est arrivé à la conclusion suivante: «L’année 2008 restera, dans l’histoire, l’année où
les conditions du marché mondial ont changé plus rapidement que jamais auparavant
dans l’histoire économique.» La division «Industry» est particulièrement touchée par
la crise dans l’industrie automobile. L’industrie du bâtiment n’est pas autant affectée.
Mais elle fonctionne néanmoins actuellement à un niveau très modeste.
A la veille de la célébration de son centenaire, Sika se considère prêt pour la reprise
à venir après la crise. Est-ce l’optimisme Sika, qui fut si souvent mentionné et tout
autant critiqué? Peut-être. Mais une chose est sûre: Sika est une entreprise solide-
ment financée, avec une large gamme d’excellents produits et une stratégie claire:
les signes d’un avenir de bon augure. En outre, il demeure que, au cours des deux
dernières années, Sika a généré près d’un tiers de son chiffre d’affaires grâce à des
produits créés à peine cinq ans auparavant. En outre, à la fin de l’année 2008, Sika
détenait 13039 enregistrements de marque dans 163 pays. Au cours de l’exercice
2008, Sika a déposé 70 nouveaux brevets. L’orientation stratégique, menée à l’aide
des quatre Business Units «Concrete», «Contractors», «Distribution» et «Industry»,
garantit la proximité avec le client. Lors de l’assemblée générale d’avril 2009, Walter
Grüebler a informé les actionnaires que, même pendant la récession, Sika avait été
en mesure de gagner des parts de marché supplémentaires un peu partout.
Sika reste fidèle à elle-même
1 Le terminal 4 de l’aéroport de Madrid-Barajas, inauguré en 2006, a été conçu par l’architecte britannique Richard Rogers et construit à l’aide des différents systèmes Sika.
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Chiffres clés
Chiffre d’affaires consolidé du groupe
Bénéfice net consolidé du groupe
Les collaborateurs du groupe
AcquisitionsÉTABLI PAR PETER LAENG
Année Entreprise Pays Domaine d’activité Chiffre d’affaires à la date d’achat
(en millions de CHF)
1968 Chemisch-Technische Werke AG (CTW) Suisse Membranes d’étanchéité en bitume et 21matériaux de construction routière
1981 Conco Corp. USA Adjuvants du béton 1
1981 ISO France Adjuvants du béton 1
1982 Lechler Chemie GmbH avec Inertol AG, Allemagne, Mortiers de réparation, revêtements de 132Sital Lda. Suisse, protection, revêtements de sols industriels,
Portugal produits d’étanchéité, agents chimiques actifs
1983 Zeecon Division de Crown Zellerbach USA Adjuvants du béton 4
1985 Guttaterna SA France Produits d’étanchéité 8
1985 Hunt Process & Co. USA Chimie de la construction 5
1987 Chemical Sealing Corporation (Chemseco) USA Mastics d’étanchéité et colles pour 24l’industrie automobile
1987 A/B Adheseal Suède Enduits d’étanchéité et colles 5
1987 Ernst Bräm AG Suisse Surfaces pour sports de plein air 4
1989 Aliva AG Suisse Machines de béton projeté 23
1989 BV Descol Kunststof Chemie avec BV Diac Pays-Bas Surfaces pour sports de plein air 11(Descol International Application Center)
1989 Karl Held GmbH Allemagne Feuilles d’étanchéité synthétiques 10(Marketing membranes Sika)
1989 Johnson Coating Sdn. Bhd. Malaisie Enduits de façade 5
1989 Underground Support Division de USA Systèmes de renforcement de tunnels 17Commercial Intertech Corp. (avec Von Moos)
1990 Bitumuls AG Suisse Produits en bitume pour la construction de routes 16
1990 Taraflex SA France Membranes d’étanchéité de toitures 8
1990 Sika (Pty) Ltd. (achat de partenaire d’intérêt) Afrique du Sud Programme Sika
1994 Sika Robotics AG (achat de partenaire d’intérêt) Suisse Robots d’assainissement des égoûts
1997 P.T. Sika Nusa Pratama (achat de partenaire d’intérêt) Indonésie Programme Sika
1997 Intesika C.A. Venezuela Chimie de la construction 3(Acquisition de la clientèle du titulaire de la licence)
1998 Sika Maroc SA (achat de partenaire d’intérêt) Maroc Programme Sika
1998 Sika Egypt S.A.E. (achat de partenaire d’intérêt) Egypte Programme Sika
1999 Holderchem Euco AG Suisse Chimie de la construction 17
1999 Sternson Canada Chimie de la construction 8
1999 KH Anticorrosion France Produits de traitement anticorrosion de l’acier 3
2000 Sika-Trocal AG (achat de partenaire d’intérêt) Suisse, Membranes d’étanchéité synthétiquesAllemagne
2000 Tivoli Klebstoffe Allemagne Colles industrielles 60
2000 Magna Exterior Systems Belgium SA Belgique Matériaux d’isolation acoustique pour 12(Magna société d’acoustique) l’industrie automobile
2000 Cufadan Danemark Revêtements de sols acoustiques pour 4la construction navale
2000 Australian Admixture Corporation (Euco Australia) Australie Adjuvants du béton 4
2000 Sika-Deteks (achat de partenaire d’intérêt) Turquie Programme Sika
2001 HT-Troplast Distribution Company Royaume-Uni Membranes d’étanchéité synthétiques 13
2001 Sider Oxydro France Mortiers de réparation 5
2002 Division Addiment de Heidelberger Bauchemie Allemagne Adjuvants du béton, adjuvants du ciment, 46
mortiers secs
2002 Actifs du groupe Armorex Royaume-Uni Colles pour revêtements de sols en résine 7 synthétique, revêtements pour sols en béton durci, mortiers autonivelants à base de ciment
83
Année Entreprise Pays Domaine d’activité Chiffre d’affaires à la date d’achat
(en millions de CHF)
2002 Sika Qualcrete Ltd. (achat de partenaire d’intérêt) Inde Programme Sika
2002 Sika Taiwan Ltd. (achat de partenaire d’intérêt) Taiwan Programme Sika
2002 Sika Mauritius (achat de partenaire d’intérêt) Île Maurice Programme Sika
2003 Addiment Italia S.r.l. (Achat d’une participation Italie Adjuvants du béton, 18hauteur de 50% dans le partenariat commercial adjuvants du cimentHeidelbergCement et Buzzi Unicem)
2003 Division d’ingénierie de silicones achetée Italie Colles à base de silicone pour les façades 17à Wacker GmbH de verre et de métal
2004 Division des adjuvants du béton achetée Norvège Adjuvants du béton 7à Scancem Chemicals A/S (HeidelbergCement)
2004 Division d’adjuvants du béton achetée Suède Adjuvants du béton 3à Cementa A/B (HeidelbergCement)
2004 Stabiment Hungaria GmbH (HeidelbergCement) Hongrie Adjuvants du béton 2
2004 Division colles de polyuréthanne de Casco A/S Danemark Colles industrielles 26
2004 Distributeur HT-Troplast Irlande Membranes d’étanchéité en plastique 6
2004 Division de colle pour joints du groupe Secaicho Japon Mélanges de colle pour joints 34
2004 Actifs de Fosroc New Zealand Nouvelle- Mélanges d’étanchéité et d’assemblage, 19Zélande enduits d’étanchéité, protection de façade
2004 Sika Bolivia SA (achat de partenaire d’intérêt) Bolivie Programme Sika
2005 Sarna Kunststoff Holding AG Suisse Membranes d’étanchéité en plastique 379(avec des filiales dans différents pays)
2005 Division Polyment KIB du groupe Maxit Allemagne Systèmes d’étanchéité pour les ponts 19
2006 Division des affaires Sucoflex de Suisse Bandes d’étanchéité, 20Huber-Suhner AG membranes d’étanchéité en plastique
2006 Haberkorn Abdichtungssysteme GmbH Autriche Membranes d’étanchéité en plastique 27(Distributeur des produits de Sarna)
2006 Performance Coatings Division de DuPont Allemagne Protection contre la corrosion de l’acier, 60protection contre l’incendie, revêtements de sol
2006 Proxan Dichtstoffe GmbH Allemagne Colles d’étanchéité pour verre isolant et 4 joints de construction
2006 Covercrete Canada Revêtements de sol industriels 7
2007 MRT Construction Products Canada Adjuvants du béton 3
2008 Actifs de Tricosal GmbH & Co. KG Allemagne, Systèmes d’étanchéité pour le génie civil 35 avec Tricosal BBZ AG Suisse
2008 Pelplast A/S Suède Revêtements de sol industriels 3
2008 Division des sols industriels de Valspar Corporation USA Revêtements de sol industriels 21
2008 Division des sols industriels de ICS Garland Inc. USA Revêtements de sol industriels 17
2008 Cappar Ltd. Canada Revêtements de sol industriels, 4revêtements de protection
2008 Sichuan Keshuai Admixture Co., Ltd. (80 %) Chine Adjuvants du béton 18
2009 Iotech Ltd. Royaume-Uni, Membranes liquides, revêtements sanitaires, 81Belgique, USA prépolymères, dispersions
2009 Jiangsu TMS Admixture Co. Ltd. Chine Adjuvants du béton 15(Participation majoritaire)
Gestion de projet: Werner Heim, Sika AG
Auteur: Heinz Haug, Aarau
Conception: S & W Werbeagentur AG, bsw leading swiss agencies, Baden
Mise en page et retouche d’image: Matthias Bernhard AG, Baden
Impression: Heer Druck AG, Sulgen
Reliure: Buchbinderei Burkhardt AG, Mönchaltorf/Zurich
Papier: Fischer Papier Profibulk, papier couché mat (production de papier respectueux de l’environnement)
Ce livre peut être commandé auprès de Sika AG. www.sika.com
© 2010, Sika AG, Baar